Note au lecteur
Pour cette bibliographie, un peu raccourcie
dans ce numéro, quelques nouvelles de sujets
polémiques, à partir d’études contradictoires
que la communauté néphrologique aime bien..
1-Hémodiafiltration : le débat
continue !
a.Grooteman MPC, van den Dorpel MA, Bots
ML, et al.
Effect of Online Hemodiafiltration on
All-Cause Mortality and Cardiovascular
Outcomes.
Journal of the American Society of Nephrology
2012; 23: 1087–96.
b. Kuhlmann MK.
On-Line Hemodiafiltration: Not a Self-
Fulfilling Prophecy.
Journal of the American Society of Nephrology
2012; 23: 974–5.
c. Locatelli F, Canaud B.
Dialysis adequacy today: a European
perspective.
Nephrology Dialysis Transplantation 2012; 27:
3043–8.
d.Locatelli F, Altieri P, Andrulli S, et al.
Predictors of haemoglobin levels and
resistance to erythropoiesis-stimulating
agents in patients treated with low-
flux haemodialysis, haemofiltration and
haemodiafiltration: results of a multicentre
randomized and controlled trial.
Nephrology Dialysis Transplantation 2012.
doi:10.1093/ndt/gfs117.
Dans le numéro de Juin du JASN, un essai
randomisé HDF versus low-flux HD, 3 ans de
suivi, ne montre pas de différence en terme de
mortalité ou d’événements cardio-vasculaires.
Il semblerait qu’il existe un effet bénéfique
lorsque de grands volumes sont utilisés.
Dans un éditorial associé, M. Kulhman rappelle
les bénéfices attendus en termes d’épuration
des toxines urémiques. La question posée est
celle d’un consensus autour d’une prescription
adéquate de l’HDF, en volume mais aussi en
temps de dialyse, pour les patients chez qui le
débit sang espéré n’est pas atteint ou chez les
patients de grand volume.
Dans NDT, un éditorial-review de F. Locatelli et
B. Canaud sur la dialyse adéquate aujourd’hui,
revient sur ces questions. La dialyse adéquate en
hémodialyse serait plutôt haute perméabilité,
temps de dialyse minimum 4h30 et taux d’UF
horaire inférieur à 10 ml/h/kg. Pour l’HDF
les conclusions sont proches de l’éditorial de
Kulhman quant à l’importance du volume de
substitution.
HDF et résistance à l’EPO : confirmera-t-on les
effets bénéfiques attendus ? Non, dans l’essai
multicentrique italien publié par Locatelli. 27
centres, randomisation HD, HF (online pré-
dilution ou HDF). La variable la plus importante
est l’effet centre… à méditer.
2 - Chélateurs des phosphates
en IRC
a. Block GA, Wheeler DC, Persky MS, et al.
Effects of Phosphate Binders in Moderate
CKD.
Journal of the American Society of Nephrology
2012; 23: 1407–15.
b. Drueke TB, Massy ZA.
Phosphate Binders in CKD: Bad News or
Good News?
Journal of the American Society of Nephrology
2012; 23: 1277–80.
La sécurité et l’efficacité des chélateurs chez
le patient IRC non dialysé seraient finalement
peu connues selon G. Block. Il publie un essai
randomisé dans le JASN, 148 patients, DFG de
20 à 45 ml/min, acétate de calcium, sevelamer,
carbonate de lanthane contre placebo. La
phosphorémie et l’excrétion de phosphate
diminuent, pourtant les calcifications artérielles
progressent et la conclusion est que sécurité et
efficacité demeurent incertaines !
T. Drüeke et Z. Massy ne sont pas tout à fait
d’accord dans un éditorial associé. Ils apportent
une critique méthodologique de l’essai et
rappellent les autres avantages attendus pour
certains chélateurs sur le long terme. Bref, le
débat continue.
3 - Le coût de la dialyse et le
rapport coût/bénéfice
Vanholder R, Davenport A, Hannedouche T,
et al.
Reimbursement of Dialysis: A Comparison
of Seven Countries.
Journal of the American Society of Nephrology
2012; 23: 1291–8.
Dans le JASN, R. Vanholder et col. comparent le
coût de la dialyse dans 7 pays, USA, Canada et 5
pays européens. Selon le type de traitement, HD
en centre ou hors-centre ou DP, les différences
varient selon un rapport de 3. L’étude pointe
les grandes différences qui existent entre pays
selon les mesures incitatives pour le hors-centre
ou pour une meilleure qualité supposée. Il
existe aussi des différences selon les pays en
fonction des traitements et/ou du coût médecin
pris ou non en charge dans le forfait. Bref à lire
pour éclairer le débat et nos pratiques, puisque
comme le rappelle la conclusion, il n’est pas
démontré si ces différences entre coûts de
traitement sont associées à une amélioration de
la qualité des soins.
rites limitées au rein, peuvent entraîner des glomérulonéphrites rapi-
dement progressives et l’addition des plasmaphérèses au traitement
immunosuppresseur standard reste controversée quant à son intérêt
sur la fonction rénale et sur la mortalité.
Walsh et coll ont réalisé une méta-analyse des études randomisées
contrôlées sur le sujet : 9 études ont été identifiées portant sur un
total de 387 patients, montrant que : 1) il n’y a pas de preuve que les
échanges plasmatiques diminuent la mortalité (RR 1.01), 2) il y a une
diminution du critère combiné décès ou insuffisance rénale chronique
(RR 0.8) , 3) les plasmaphérèses diminuent le risque d’insuffisance
rénale (RR 0.64).
Malheureusement, le nombre de patients compris dans cette méta-
analyse est insuffisant pour conclure définitivement au bénéfice des
échanges plasmatiques et rares sont les études documentées au plan
histologique. La question demeure donc de savoir s’il faut adjoindre
les échanges plasmatiques au traitement des vascularites associées aux
ANCA sévères. Il va maintenant nous falloir attendre les résultats de
l’essai PLEXIVAS conduit par le groupe EUVAS et le Vasculitis Clinical
Research Consortium (500 patients, 84 mois, 1er patient inclus au 8
juin 2010), en espérant que, lorsque l’essai sera fini, la méta-analyse
pourra être répétée pour donner une réponse sur l’efficacité des
échanges plasmatiques chez les patients avec maladie rénale sévère
associée aux ANCA et peut-être permettre une analyse du pronostic en
fonction de l’histologie initiale, et du niveau de filtration glomérulaire
de départ. Patience… c’est juste pour la prochaine décennie…
4,5 et 6- Indications des plasmaphérèses en 2012
De nombreuses pathologies peuvent aujourd’hui relever de plas-
maphérèses, qu’il s’agisse de pathologies rénales, à auto-anticorps
(glomérulonéphrites à anticorps anti membrane basale glomérulaire,
glomérulonéphrites à ANCA, purpura thrombotique thrombocyto-
pénique, syndrome catastrophique des anti-phospholipides….), ou
liées à des allo-anticorps (rejet humoral, désensibilisation anticorps
anti-HLA, transplantation ABO incompatible…), à des immuns com-
plexes (cryoglobulinémie, lupus érythémateux systémique…), ou des
désordres neurologiques ou hépatiques.
Trois publications en 2012 font une précieuse synthèse de ces indica-
tions et donnent des recommandations. Il s’agit de :
The role of plasmapheresis in critical illness
Nguyen TC, Kiss JE, Goldman JR, Carcillo JA.Crit Care Clin. 2012
Jul;28(3):453-68, vii.
Therapeutic apheresis for renal disorders
Amber P. Sanchez, David M. Ward. Seminars in dialysis vol 25, N°2
(march-april) 2012, pp 119-131.
Plasmapheresis in immunologic renal disease
Pusey, C.D., Levy, J.B. Blood Purification 2012;33:190-198.
A lire et à relire….
Dr Catherine LASSEUR - AURAD Aquitaine