La mère du Fils de l’homme et Fils de Dieu
Un grand nombre ne peut admettre, ou ne veut pas admettre, que Dieu ait pu envoyer son Fils sur la terre...
Le Fils de Dieu devient Fils de l'homme ! Ne croiront que ceux qui sont convaincus de l'infinie bonté de
Dieu !
« En dehors de Daniel, l'expression "fils d'homme" ne se lit ailleurs que dans Ezéchiel où elle est
fréquente et traduit les idées d'humilité et de faiblesse. »[1]
Par l'expression « Fils de l'homme » Jésus commence en fait simplement par rappeler qu'il a une mère. Et
c'est en ce sens que l'on lit :
Saint Aristide d'Athènes (†140) :
« [...] il descendit du ciel et prit chair d'une vierge juive ; et lui le Fils de Dieu, il habita dans
une fille de l'homme. »[2]
Jean Paul II :
« Grâce à cette maternité, Jésus - le Fils du Très-Haut (cf. Lc 1, 32) - est un véritable fils de
l'homme. »[3]
« Fils de l'homme » est une appellation que Jésus s'est donné lui-même dans un contexte où il veut
affirmer sa divinité. Par exemple quand il dit « Le fils de l'homme est maître du Shabbat » (Mc 2, 27-28 ;
Mt 12, 8 ; Lc 6, 5). Ou par exemple quand avec ce titre il se présente comme le Juge eschatologique (Lc 12,
8-9). Les Juifs ont bien compris la prétention divine associée au titre « Fils de l'homme », et c'est pourquoi
le procès contre Jésus va se condenser sur ce titre (Mt 26, 63-65). [4]
Et Jésus annonce sa Passion avec cette appellation « Fils de l'homme », on lit par exemple :
« Et il commença de leur enseigner: "Le Fils de l'homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens,
les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter » (Mc 8, 31)
Expliquons quelques exemples :
Après une controverse sur les miracles et l'enseignement du Christ (Jn 5), Jésus se dit plus grand que le
Shaliah Moïse, ce Moïse qui avait donné du pain au désert mais vos pères sont morts (Jn 6, 49-51), et invite
à reconnaître qu'il « descend du ciel. » (Jn 6, 51)
« Alors Jésus leur dit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et
ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. » (Jn 6, 53)
Jésus semble suggérer qu'il est volontairement fils de l'homme, il est volontairement homme, il n'est pas un
concept ; il dépasse les règles de discernement qui finalement sont toujours limitées et faites d'abstractions
intellectuelles.
L'usage du titre Fils de l'homme semble indiquer que Jésus veut orienter l'intelligence sur des considérations
plus concrètes que des critères de scribes et de rabbins discernant les miracles et les prétentions de ce
nouveau Moïse.
Voici une autre occasion où Jésus se présente comme le Fils de l'homme.
Les disciples pouvaient croire que Jésus étaient Elie qui doit venir, à la fin du dialogue, les disciples sont
invités à croire que Jésus est un envoyé plus grand qu'Elie.
« Et les disciples lui posèrent cette question: "Que disent donc les scribes, qu'Elie doit venir d'abord?" 11 Il
répondit: "Oui, Elie doit venir et tout remettre en ordre; 12 or, je vous le dis, Elie est déjà venu, et ils ne l'ont
pas reconnu, mais l'ont traité à leur guise. De même le Fils de l'homme aura lui aussi à souffrir d'eux." 13
Alors les disciples comprirent que ses paroles visaient Jean-Baptiste. » (Mt 17, 10-13)
Posons-nous la question : pourquoi Jésus utilise le titre « Fils de l'homme » ? Après tout, la finale du verset
12 aurait pu être « De même, [« moi aussi » ou « le messie »] j'aurai à souffrir d'eux » sans que rien ne soit
modifié de la foi en Jésus comme envoyé plus grand qu'Elie, et sans supprimer l'annonce de la passion.
La réponse que je propose est celle-ci :
Par l'expression « Fils de l'homme » Jésus rappelle simplement qu'il a une mère.
L'adoration de Jésus fils de l'homme ne pourra plus dévier en abstraction : Jésus appelle à regarder en
lui toute la richesse qu'à une personne humaine par rapport à un simple concept (par exemple « le
charisme d'Elie »).
L'adoration de Jésus fils de l'homme ne pourra pas davantage évoluer dans le sens d'une exaltation de
sa divinité qui viderait son humanité.
Mère du fils de l'homme, Marie, garde de l'abstraction, elle protège la révélation, elle protège
l'adoration.
[1]André FEUILLET, L'accomplissement des prophéties, Desclée, Paris 1991, p. 84.
[2]Saint Aristide d'Athène, Apologie 2,6
[3]Jean Paul II, Encyclique Redemptoris mater § 20
[4]Cf. JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p.357-358
Françoise Breynaert
Chapitre : Appelée mère de Dieu car Jésus s'est révélé Dieu (doctrine)
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St Paul (Ga 4, 4-6) et la maternité divine
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