Les trous noirs

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ESPACE
n° 118
Les trous noirs
Le trou noir, considéré comme un accident ordinaire de l’espace-temps, est
un phénomène invisible qui absorbe la matière et la lumière. Aujourd’hui,
la recherche spatiale tente de les identifier et d’en étudier la structure et
le fonctionnement afin de comprendre l’Univers et ses origines. Le 25 juin
2015, un satellite de l’Agence spatiale européenne (ESA) a pu observer le
réveil cataclysmique d’un trou noir qui a provoqué une explosion de lumière
d’une intensité rarement observée. Un phénomène dont on se demande s’il
pourrait avoir des conséquences sur les satellites.
DR
Formation des trous noirs et théories
La formation des trous noirs concerne les étoiles dont la masse initiale
est supérieure à 40 masses solaires (M*), soit une étoile sur dix mille. Au vu
de leur masse, ces étoiles explosent en hypernova : leur compression gravitationnelle ne peut être compensée par les forces de répulsion des électrons
ou des neutrons, et elles s’effondrent en écrasant la matière sur elle-même
sans aucune résistance. Elles forment alors ce que l’on appelle un trou noir
« stellaire ». Cette masse critique peut aussi être atteinte lors de l’accrétion(1)
ou de la coalescence(2) de deux étoiles à neutrons. Il existe différents types de
trous noirs comme les trous noirs intermédiaires, dont le centre seulement
s’est effondré, et les trous noirs géants, dits massifs ou supermassifs.
Selon la théorie des trous noirs primordiaux, des trous noirs microscopiques
seraient apparus dans les premières secondes suivant le big bang comme des
germes gravitationnels à l’origine des galaxies. Le physicien britannique Stephen
Hawking estime que les micro trous noirs, du fait de leur petite taille, obéissent
aux lois de la physique quantique et s’évaporent en perdant de la matière et de
l’énergie – le rayonnement de Hawking. Une telle évaporation pourrait concerner à plus grande échelle l’ensemble des trous noirs. Une autre théorie, dite des
« trous de ver », s’est imposée pour expliquer l’apparition de la matière dans notre
Univers. À l’inverse des autres théories, qui envisagent le trou noir comme une
voie sans issue qui accumule ou
annihile la matière, celle-ci estime
que le trou noir forme un anneau
offrant un passage vers d’autres
Univers. Le pendant du trou noir
serait alors l’apport de matière
sous la forme de « fontaines
blanches », à l’origine de la création d’Univers en cascade.
Les trous noirs
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La détection spatiale des trous noirs
Un trou noir n’a pas de forme, de composition chimique ou de couleur.
Seuls peuvent donc être repérés, sa masse, son moment cinétique et sa charge
électrique. Lors de sa formation, un trou noir émet un rayonnement électromagnétique, aussi appelé « sursaut gamma », qui est observé depuis les
années 1970. Depuis le milieu des années 1980, les satellites détectent aussi
les flashs de rayonnement des étoiles, appelés les « crêpes stellaires », qui
correspondent à l’absorption par un trou noir d’une étoile pesant entre 5 et
100 millions de M*– au-delà de cette masse, la dislocation de l’étoile se fait à
l’intérieur de l’horizon. Lorsque ces nuées de gaz ou d’étoiles tombent vers le
trou noir en s’échauffant, absorbées par « la force des marées », elles peuvent
créer d’impressionnantes illusions d’optiques. Pour détecter les trous noirs,
les satellites embarquent des détecteurs de rayonnements de hautes énergies capables de repérer les sources X binaires. Il s’agit de systèmes d’étoiles
doubles dont une composante, optiquement invisible et très compacte émet
un flux important de rayons X, qui peuvent potentiellement correspondre à
la transformation de la masse-énergie d’un objet absorbé, en rayonnement
électromagnétique. Pour s’assurer qu’il s’agit bien d’un trou noir, celui-ci est
« pesé » par les astrologues en procédant à un certain nombre de déductions.
À la fin des années 2000, une vingtaine de trous noirs ont ainsi été détectés
tels que Cygnus X-1, A0620-00 ou V404 Cygni dans notre galaxie. En 2014,
le plus important trou noir jamais observé a été repéré par le télescope spatial Hubble au sein d’une micro-galaxie. D’une masse de 21 milliards de M*,
il correspondrait à la compression d’une galaxie auparavant plus vaste.
Le projet le plus colossal reste celui de l’Agence spatiale européenne
(ESA), prévu pour 2034 et intitulé LISA (Laser Interferometer Space Antenna), qui doit former autour du soleil un triangle de 5 millions de kilomètres
de côté grâce à 3 satellites afin de détecter le passage des ondes gravitationnelles. Quant au projet de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) mené à la fin des années 2000, à savoir la création de microtrous noirs via son grand collisionneur de hadrons (LHC), il semble pour le
moment avoir été abandonné faute de succès.
Il apparaît que seule l’unification des théories puisse un jour expliquer
le fonctionnement des trous noirs, qui, ne cessant de grossir et l’Univers de
s’étendre, devraient « finir » relégués aux fins fonds des plus lointaines galaxies.
1. Agglomération de matière donnant lieu à la création ou à l’accroissement d’un élément.
2. Phénomène où deux choses naturellement séparées s’unissent.
Sous la haute direction de monsieur Jacques Villain, membre de l’Académie de l’air et de
l’espace
Sergent-chef Fanny Boyer
Rédactrice au CESA
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