Communiqué de presse – 4 janvier 2016
Les Publications scientifiques du Muséum présentent
dans deux numéros spéciaux des découvertes étonnantes
Les derniers numéros des Publications scientifiques du Muséum viennent de sortir. Le numéro spécial
de Geodiversitas est constitué d’un article unique qui présente les résultats de 10 ans de recherche au
Muséum. Où l’on découvre que des crânes et un squelette complet extrêmement bien conservés
éclairent l’évolution des mammifères en Amérique du Sud juste après la disparition des dinosaures.
Zoosystema présente un premier bilan de l’inventaire de la biodiversité réalisé dans le Parc National du
Mercantour et le Parco Naturale Alpi Marittime : un genre et 12 espèces nouveaux pour la science ont
été découverts… dans les Alpes ! Ils sont décrits dans la revue, parmi près de 1000 espèces
inventoriées au total.
Avancée dans la compréhension de la biologie et de l’évolution des premiers mammifères qui
peuplèrent l’Amérique du Sud il y a 65 MA.
Reconstitution de A. inopinata dans son habitat
naturel © MNHN - Justine Jacquot-Haméon
Les Pantodontes constituent un groupe de mammifères
placentaires1 du début du Tertiaire2, disparu il y a 35 MA, qui
peupla essentiellement les continents du Nord (Chine, Amérique
du Nord, Europe). Ils pouvaient être de la taille d’un cochon d’Inde
jusqu’à celle d’une vache et étaient omnivores. Le Pantodonte
appelé Alcidedorbignya inopinata en hommage à Alcide d’Orbigny,
grand voyageur naturaliste du Muséum au XIXe siècle, est le seul
Pantodonte austral. A. inopinata fait partie des premiers
mammifères placentaires du tertiaire ; c’est le plus ancien
Pantodonte (il date de 65 MA) et le plus petit connu.
Les restes d'A. inopinata ont été découverts par une équipe de
chercheurs du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les
paléoenvironnements (Muséum national d’Histoire naturelle/
CNRS/UPMC), avec le soutien de National Geographic Society,
lors de plusieurs campagnes de fouilles en Bolivie (dont la
dernière a eu lieu en octobre 2015). Les scientifiques ont pu ainsi
étudier plusieurs crânes et un squelette complet, d’une qualité de
conservation exceptionnelle pour des spécimens aussi anciens.
À l’aide du scanner tomographique du Muséum, les auteurs ont
reconstitué les trajets artériels et veineux de la base du crâne permettant
ainsi d’approcher un modèle ancestral de la circulation sanguine des
premiers mammifères placentaires. L’analyse tomographique du
squelette complet d’A. inopinata a également été réalisée, permettant
une reconstitution virtuelle de plusieurs positions de vie. Les
scientifiques ont ainsi pu déterminer qu’A. inopinata était un mammifère
terrestre, capable de se dresser sur ses pattes arrière et de grimper aux
arbres à l’instar des écureuils actuels, ce qui lui permettait d’échapper aux Reconstitution numérique 3D du squelette
de A. inopinata © MNHN – AST-RX
nombreux crocodiles qui cohabitaient avec lui dans une grande plaine alluviale de type amazonien.
Ces résultats ont pu être obtenus grâce à la complétude sans précédent des spécimens compte tenu
de leur âge géologique dans lequel on ne trouve le plus souvent que des dents isolées.
1 Les placentaires (Placentalia) forment une division importante des mammifères caractérisés par la présence d'un placenta
développé. Ils se distinguent ainsi des marsupiaux (opossums, kangourous, koalas...), qui possèdent une poche abdominale appelée
marsupium et des monotrèmes (ornithorynque, échidnés), qui pondent des œufs mais allaitent leurs petits.
2 Tertiaire : ère géologique s'étendant de -66 à -2,6 millions d'années.