Date: 04.03.2017
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1786 Une future pianiste et compositrice naît à Genève
Caroline Butini
a composé
des oeuvres pour
pianoforte encore
jouées aujourd'hui
est parfois surnommée la
Clara Schumann genevoise,
par allusion à cette artiste al-
lemande qui fut l'une des ra-
res pianistes et compositri-
ces ayant accédé à la noto-
riété au XIXe siècle.
A la différence de la femme du grand
Robert Schumann, Caroline Butini n'était
pas issue d'un milieu entièrement tourné
vers la musique. Son père à elle était
médecin et ne jouait d'aucun instrument.
En outre, Caroline Butini n'appartenait
pas à la même génération que Clara Schu-
mann. Elle était la contemporaine du
père de celle-ci, le professeur de piano
Friedrich Wieck. Son enfance et sa jeu-
nesse s'étaient déroulées au XVIIIe siècle
à Genève, dans le foyer de Pierre Butini et
de sa femme, Jeanne-Pernette Bardin.
La musique gagne Genève
Dans les dernières années du siècle qui
vit naître la pianiste, la république calvi-
niste faisait enfin bon accueil à la musi-
que. L'organiste Marc-Théodore Bourrit
recensait en 1791 à Genève «vingt et un
maîtres de musique - clavecin, violon,
guitare, harpe, basse, contrebasse, cor de
chasse et chant -, quatre maîtres de danse
et six professeurs de dessin»*.
Cette prolifération de maîtres de musi-
que exerçant chacun dans son coin, et
avec des compétences variées, devait
plus tard donner l'idée aux mélomanes
de la place de créer une institution qui
sera le Conservatoire. Celui-ci ne com-
mencera d'exister qu'en 1835, un an
avant le décès de Caroline Boissier-Bu-
tini.Le seul professeur qu'on lui connaisse
- car elle n'en cite pas d'autre dans ses
écrits - est François-Charles Mansui, son
contemporain. Celui-ci avait vécu à Ge-
nève de 1807 à 1812. Ce maître français du
clavier figure sur une gravure avec le titre
de pianiste et compositeur de Monsei-
gneur le duc d'Angoulême, qui n'était
autre que le gendre de feu le roi
Louis XVI.
Une artiste chez les aristocrates
Le père de Caroline Butini encourageait
les activités musicales de sa fille. Il réunis-
sait volontiers chez lui un public admira-
tif du talent de la jeune pianiste. Elle
jouait donc dans un cadre privé, comme
il seyait à une demoiselle de la haute
société. Dans ce milieu aristocratique,
Caroline Butini se montrait rétive aux
mondanités et se plaisait moins dans les
bals que devant son pianoforte ou en la
compagnie de son bien-aimé grand-père
Butini, médecin comme son fils.
Mais elle était fort jolie et les jeunes
gens lui tournaient autour. Ce fut Auguste
Boissier qui la conquit en 1807. Ils parta-
geaient l'amour de la musique, le jeune
homme étant un bon violoniste et un
collectionneur de cet instrument. Ce fut
lui qui fit donner pour la première fois à
Genève, non sans peine, l'ouverture de
Tannhiiuser de Richard Wagner. Quand
Franz Liszt vint ici en 1835, les Boissier-
Butini lui demandèrent des leçons pour
leur fille Valérie.
La production musicale de Caroline
Boissier-Butini serait oubliée des Gene-
vois si le CD d'Edoardo Torbianelli, maî-
tre italien du pianoforte, n'était venu en
rappeler la qualité. Il contient deux sona-
tes, deux caprices et une sonatine, cel-
le-ci dédiée à la fille de l'auteure, Valérie
Boissier, future comtesse de Gasparin.
Pregny-Chambésy compte Caroline
Butini parmi ses résidents de marque, car
elle vécut et mourut dans cette com-
mune, où son mari Auguste Boissier avait
acquis en 1817 la propriété du Rivage.
Benjamin Chaix
*Cité par Corinne Walker dans «Le
pinceau et l'archet: les arts à Genève au
XVIIIe siècle», Editions Slatkine, 2012.
Caroline Boissier-But
loi
La pochette du premier CD de Caroline
Boissier-Butini, édité par VDE GALLO en
2014. Edoardo Torbianelli interprète au
pianoforte les oeuvres de la
compositrice genevoise. DR
Caroline Boissier- But i
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