DOSSIER
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La Lettre du Sénologue - n° 5 - septembre 1999
a maladie de Cowden, ou syndrome des hamartomes
multiples, tire sa dénomination du nom de la pre-
mière patiente décrite : Rachel Cowden (4). Il s’agit
d’une affection héréditaire, de transmission autosomique
dominante, dont le phénotype associe des lésions dystro-
phiques, hamartomateuses et/ou tumorales, du revêtement
cutané, de la muqueuse buccale, du tractus intestinal, de la
glande thyroïde, de la glande mammaire, de l’appareil génito-
urinaire, du squelette et du système nerveux central. L’expres-
sivité est très variable d’un patient à l’autre, tant à l’intérieur
d’une même lignée que selon les familles. La pénétrance, en
revanche, est à peu près complète à partir de l’âge adulte (10).
Cette grande variabilité de l’expression et le caractère souvent
peu spécifique des lésions observées rendent le diagnostic rela-
tivement difficile. Celui-ci est le plus souvent porté devant les
signes cutanéo-muqueux de l’affection (9), qui associent :
– des lésions papuleuses faciales multiples, généralement ras-
semblées au pourtour des lèvres et le long des ailes du nez.
L’histologie ne met souvent en évidence que des lésions
hyperplasiques non spécifiques, mais peut affirmer le diagnos-
tic en cas d’aspect de trichilemnomes multiples ;
– des lésions kératosiques des extrémités représentées par des
papules périunguéales et de petites lésions palmoplantaires
d’aspect bombé et translucide avec une dépression centrale ;
– des lésions de la muqueuse buccale réalisant par leur
confluence un aspect “pavé” des gencives, mais également une
authentique papillomatose de la langue et du palais.
L’atteinte mammaire est fréquente mais s’accompagne d’une
variabilité intrafamiliale marquée. Une hyperplasie virginale
est parfois observée. Le plus souvent, des lésions dystro-
phiques évocatrices de mastose fibrokystique, des lésions
hyperplasiques de type polyadénosique et des lésions plus
individualisées telles que papillome intragalactophorique, adé-
nofibrome ou adénofibrome juvénile géant se constituent au
cours des deuxième et troisième décennies (5). Le cancer du
sein touche environ 30 % des femmes atteintes de maladie de
Cowden (1) et quelques cas masculins ont été publiés. Les
âges de survenue sont variables, des extrêmes de 14 à 74 ans
ayant été rapportés. L’âge moyen semble se situer autour de
45 ans, soit plus tôt que dans la population générale. La bilaté-
ralité s’observe dans un tiers des cas. Différents types histolo-
giques ont été observés, avec une prédominance de carcinome
canalaire infiltrant (5).
Les autres atteintes concernent la glande thyroïde, au niveau
de laquelle s’observent des goitres adénomateux multino-
dulaires avec un risque important (15 % environ) de trans-
formation maligne. Le tractus intestinal est fréquemment
le siège de polypes multiples, de types histologiques très
divers mais souvent hamartomateux. Une macrocéphalie,
des lipomes multiples, des anomalies ostéoarticulaires et uro-
génitales sont parfois présents (2). Le syndrome de Lhermitte-
La maladie de Cowden
●Michel Longy*
* Institut Bergonié, unité de génétique oncologique, Bordeaux.
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