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Raymond  Jean  Marie  De  Kremer  (1887-1964)  est  un  écrivain 
belge qui  écrivit  en français  sous  le  pseudonyme de Jean  Ray  et  en 
néerlandais sous celui de John Flanders. Ses contes fantastiques, sont 
à  mon  goût  des  merveilles  de  vocabulaire  et  de  style.  Un  de  ses 
contes, « La Storchaus » met en scène une maison lugubre dans une 
rue  lugubre. Or  cette  maison  est  un  estomac  qui,  en  se  convulsant, 
digère ceux qui ont l’imprudence de franchir son seuil …  
 
L’estomac  occupe  le  côté  gauche  de  l’abdomen.  Quand  il  est 
vide,  il  a  l’aspect  et  la  taille  d’une  grosse  saucisse,  dont  le  bord 
interne  est  concave,  le  bord  externe  convexe.  Il  est  capable  de  se 
dilater pour accueillir un grand approvisionnement de nourriture. Son 
entrée à la base de l’œsophage est le cardia, sa sortie est le pylore, 
qui  donne  sur  l’intestin  grêle.  Ces  deux  orifices  s’ouvrent  ou  se 
ferment sous l’effet d’un sphincter, un anneau musculaire involontaire 
qui se contracte et se relâche selon les besoins. 
 
La structure histologique de l’estomac  est très classique, quatre 
assises  tissulaires  se  superposent :  un  épithélium  simple,  un  lit  de 
tissu  conjonctif,  une  tunique  musculaire  et  une  séreuse.  Quelques 
originalités seulement méritent que notre grain de pollen s’y attarde.   
 
L’épithélium  compte  une  seule  assise  de  hautes  cellules 
cylindriques.  Il  dessine  des  puits  profonds,  étroits  et  serrés,  les 
glandes  gastriques,  qui  détiennent  trois  types  de  cellules 
glandulaires. 
 
Les  cellules  muqueuses,  qui  sécrètent  le  mucus,  revêtent  la 
margelle  et  le  col  du  puits.  Plus  profondes,  les  cellules  principales 
libèrent  le  pepsinogène,  qui  se  convertira  en  pepsine,  l’enzyme 
gastrique.  Les  cellules  pariétales  produisent  l’acide  chlorhydrique, 
elles ont une figure inoubliable : leur sommet est creusé d’un orifice 
où  débouchent  des  canalicules  ramifiés  dont  la  paroi  porte  une 
pelouse de microvillosités.    
 
Particulièrement  puissante,  la  tunique  musculaire  est  faite  de 
fibres  lisses  longitudinales,  obliques  et  transversales.  Celles-ci  se 
contractent  après  la  réplétion  de  l’estomac,  elles  sont  commandées 
par  le  système  nerveux  autonomique,  qui  tantôt  augmente  leur 
mobilité, tantôt la relâche. 
 
Dans  l’estomac,  les  aliments  sont  malaxés  et  réduits  en  une 
bouillie,  le  chyme.  Dans  ce  milieu  très  acide,  sous  l’effet  de  la 
pepsine, les protéines sont  morcelées en acides aminés. Les cellules