Biodiversité et biotypologie des eaux continentales de

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ORDRE DES MEGALOPTERES
Jean-Marc ELOUARD
Les Mégaloptères sont des Insectes holométaboles, comprenant donc un stade nymphal. CEufs, nymphes et
adultes sont aériens, seules les larves sont aquatiques, colonisant aussi bien les milieux lentiques que lotiques.
Cet Ordre est reparti de par le monde, aussi bien en zone tempérée qu’en zone tropicale. Il est constitué de
moins de 300 espèces appartenant à deux familles : les Sialidae et les Corydalidae.
1. MORPHOLOGIE
1.l. MORPHOLOGIE DES LARVES
La larve est très caractéristique en raison de la présence de sept paires de branchies, abdominales effilées,
articulées et frangées de soies, et d’tm prolongement anal impair également frangé de soies. Ce prolongement
pennet de séparer facilement les larves de cet Ordre de celle des Coléoptères Gyrinidae qui portent également
des branchies latérales abdominales. Chez les Sialidae, les branchies latkrales sont port& par les segments IVII et sont segmentées en quatre ou cinq articles. Chez les Corydalidae, les branchies latkales sont portées
par les segments I-VIII et ne se composent que de deux articles. Les Corydalidae portent en sus une paire de
propattes sur le dixiéme segment abdominal, chacune munie d’une paire de crochets. La tête porte des
antennes de quatre articles et des stemmates. L’appareil buccal est de type broyeur. Le tarse n’a qu’un seul
article terminé par deux griffes. Les larves de Sialidae sont petites atteignant environ 25 mm tandis que celles
des Corydalidae sont plus grandes, variant de 35 à 60 mm.
1.2. MORPHOLOGIE DES NYMPHES
Les nymphes sont très rarement rkoltées et dans l’ensemble très peu tommes. D’une manière gkrkrale, elles
ressemblent aux imagos emmaillotés dans une gaine. Elles sont terrestres. Aucune n’a été rkcoltée dans notre
programme.
1.3. MORPHOLOGIE
DES IMAGOS
L’adulte possède deux paires d’ailes membraneuses aux nervures saillantes et disposées en toit au repos. La
tête est prognathe ; la bouche a un labre relativement grand qui recouvre les autres pièces sauf les mandibules
bien développées, des maxilles avec galea, lacinia et un palpe de cinq articles ; une I&re inférieure a palpes
de trois articles, avec un hypopharynx court et une languette réduite ou même atmphik Les antennes,
insérées près de la bouche, sont généralement sétiformes et comprennent de nombreux articles (jusqu’à 40). Il
y a deux yeux et trois ocelles chez les Corydalidae ; il n’y a pas d’ocelle chez les Sialidae. Les Sialidae sont
génkalement colorés de brun, jaune ou ocre, les Corydalidae sont toujours d’un gris terne. Les mandibules
des mâles peuvent être extrêmement développées, mais ne servent pas à mordre. Les tarses sont composes de
cinq articles simples.
À l’instar de leurs larves, les adultes des deux familles se distinguent par la taille ; les Sialidae n’atteignant que
1O-12 mm tandis que les Corydalidae varient entre 30 et 75 mm de longueur.
2. BIOLOGIE ET ECOLOGIE
Les Sialidae ont un cycle biologique qui s’étale sur deux à trois ans et comporte environ dix stades larvaires.
Le cycle de développement des espéces connues, essentiellement en zone temperee, dure une à deux années.
Les larves sont prédatrices attrapant leurs proies (Insectes, Têtards, Vers) au moyen de leurs fortes
mandibules. À la fm de la vie larvaire, la larve quitte le milieu aquatique pour aller se nymphoser à faible
profondeur (1-I 0 cm) dans une logette située dans le sol ; elle ne tisse pas de cocon.
J.-M. Elouard
Les larves de Corydalidae ont un cycle de développement plus long variant de deux à cinq am&s et subissent
10 à 11 mues. La nymphose est terrestre et semblable à celle des Sialidae.
Nous ne connaissons pas la durée de développement des Mégaloptères malgaches.
Les larves, prédatrices, vivent parfois en grande quantite dans les zones rhithriques sous les cailloux et divers
substrats. Les adultes volent en début de nuits aux mois d’octobre novembre ou mars.
3. SYSTEMATIQUE
Madagascar comprend deux genres de Mégaloptères : le genre Huplosiulis appartenant à la famille des
Sialidae (alderfly) et le genre A4uuIxhauliode.s appartenant à la famille des Corydalidae (dobsonfly, fisMy).
3.1. FAMILLEDESSIALIDAE,GENRE
HAPLOSZALZS
En Afrique, les Sialidae ne comprennent que deux genres : Huplosiulis Navàs, 1927, genre malgache et
Leptosiulis Esben-Petersen, 1920 présent en Afrique du Sud.
Le genre Huplosiulis est strictement endémique de Madagascar. Jusqu’à très r&cemment, ils ne comprenaient
que deux petites espèces (8,2 à 11 mm) : Huplosiulis uj-u Navas, 1936 et H. mudegussu (Navas, 1927). Elles
ne se diffemncient que par la couleur. Avant 1990, ces deux espèces n’ont été r&oltées que de la région
d’Andasibe (ex-Perinet). Depuis quelques spécimens ont été récoltés toujours à Andasibe mais Cgalement
dans la partie forestière de la haute Betsiboka. En revanche, une troisiéme espèce, non encore décrite, fut
récoltée sur la montagne d’Ambre (Fig. 3). La I-écolte des Huplosiulis est un événement tres exceptionnel
puisque seuls quatre pièges lumineux sur 628 en contenaient. Apparemment, il en va de même pour le genre
Protosiulis largement répandu de par le monde.
Le genre Huplosiulis, endernique de Madagascar, est voisin du genre Protosiulis, absent de la Grande he mais
colonisant l’Australie, le Mexique, Cuba et le Chili. Il est absent de l’Afrique continentale. Le genre
Huplosiulis se distingue du pr&dent,
par la bifurcation distale de la nervure antecubitale. En Afrique
continentale, les Sialidae ne sont signalés que d’Afrique du Sud avec le genre monospécifique Leptosiulis
ujkicanu Esben-Petersen, 1920.
Aucune larve de Huplosiulis n’a jamais été récoltée. Il est donc difficile de préciser leur biologie et leur
écologie. Toutefois, les adultes ont eté récoltés aux bords de rivikes foresti&res, au courant lent et fonds
sablonneux ou limoneux. Les adultes volent a la tombée de la nuit et ont éte récoltés en ddcembre et mars
avril.
La capture de spkimens du geme Huplosiulis par nos méthodes d’échantillonnage, etant un événement tres
rare, il est possible qu’il existe d’autres espèces dans les massifs forestiers tel 1’Andringitm, le Tsaratanana,
1’Andohahela ou 1’Ankaratra ou encore que l’aire de distribution des espèces recensées soit plus large que
celle actuellement comme (Fig. 3). Il est également probable, que la période d’activité preférentielle se situe
en dehors des mois d’échantillonnage du programme biodtversité et biotypologie des eaux continentales
malgaches.
3.2. FAMILLEDESCORYDALIDAE,GENRE
MADACHAULIODES
Le genre Madzchauliodes est endémique de Madagascar. Il appartient à la famille des Corydalidae, SOUSfamille des Corydalinae et tribu des Chauliodini. Il s’apparente au groupe sud-africain compose par les genres
Chlorionellu Esben-Petersen, 1924, Plutychauliodes Esben-Petersen, 1924 et Tueniochuuliodes EsbenPetersen, 1924 ainsi qu’au genre australien Archichuuliodes. En revanche aucun Chauliodini n’a ete trouvé CII
Afrique tropicale, ce qui renforce les affinités faunistiques entre la faune malgache et celle d’Afrique du Sud.
Le genre Muduchauliodes se distingue des genres tims africains par des caractères de la nervation alaire, la
forme du labre et les genitalia. Il est bispecifique avec les espèces M. torrentulis Paulian, 1951 et
A4. runomufunu Penny, 1999. Ces Insectes sont d’assez grandes tailles, atteignant 30 à 35 mm. Contrairement
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Systématique - Mégaloptères
aux Haplosialis, les Madachauliodes ne sont pas rares dans nos captures et présentent une large répartition
dans les petites rivières fraîches des forêts d’altitude. M. torrentalis a été capture à la Montagne d’Ambre, à
Marojejy, sur le Tsaratanana, l’Ankaratra, 1’Andringitra et 1’Andohahela ainsi que dans la Mand&a.
L’espke M. ranomafana n’a pour le moment été capturée que dans le parc de Ranomafana. Il est possible que
d’autres espèces existent et aient été mélangées à M. torrentalis. Une étude complète du genre est à faire.
La richesse spécifique en Corydalidae de la faune malgache est sans doute supérieure à deux espèces.
Toutefois, elle reste pour le moment monogtkrérique alors que l’Afrique du Sud possède trois genres et six
espèces.
4.
CONCLUSION
Les Mégaloptères constituent à Madagascar un groupe relique colonisant les eaux fraîches de moyenne et
haute altitude. L’extrême rarete des Sialidae Haplosialis n’est sans doute pas si évidente que cela et peut être
due à un biais dans l’effort d’échantillonnage. Les Madachauliodes sont plus abondants dans les rkoltes et ce,
tant pour les larves que pour les adultes. Une étude systématique est à faire pour préciser le nombre d’espkes
présentes à Madagascar. Ces deux familles affiliées aux eaux fraîches des forêts pluviales de l’Est de
Madagascar sont appelées à disparaître avec la déforestation de l’île.
5. LISTE DES MEGALOPTERES MALGACHES
F. SIALIDAE
Genre Hapbsiakïs Navais
Haplosialis ajka Navas, 1936
Haplosialis madegassa Navas, 1927
F. CORYDALIDAE
WF. CORYDALINAE
Tribu Chauliodini
Gem-e Maduchaulb&s
Paul&
1951
Madachauliodes torrentialis Paulian, 195 1
Madachauliodes namorona Penny, 1999
6. CARTE DE DISTRIBUTION DES MEGALOPTERES MALGACHES
StatiOllS
éChZUlti~OMéeS
G. Madachauliodès
G. Protosialir
Fig. 1 : stationséchantillonnées;Fig. 2 : distribution du genreMadachauliodes ;
Fig. 3 : disttibution du genre Haplosialis.
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J.-M. Elouard
7. PRINCIPALES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
NAVAS L., 1927 - Insectes del Museo de Paris, qàne ser. Broteria, ZOO~.,24 : 5-33.
NAVAS L., 1936 - Comunicaciones entomologicas. 19. Insectes de Madagascar (3ème serie). Revta Acad.
Ci. Zaragoza, 19 : 100-110.
PAULIAN R., 1951 - Faunes des eaux douces de Madagascar. 1. Plécoptères et Mégaloptères. Mém. Z.R.S.M.,
6 (1) : 53-62.
PENNY N.D., 1999 - Maahchauliodes ranomafana, a new Madagascan species of Chauliodinae
(Megaloptera : Coxydalidae), with a key for the world genera of Chauliodinae. Entomol. News, 11 : 193-200.
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