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techniques et recherche
E
de la société. Les choix d’organi-
sation institutionnelle procèdent de
décisions prises par les sociétés
indépendamment des tiers. Pour
la rédaction et la mise à jour, le
recours à une délégation technique
est très minoritaire24. L’implication
d’une émanation du conseil d’admi-
nistration ou de surveillance, nette-
ment plus répandue25, traduit une
recherche d’adéquation avec les
orientations fondamentales. L’incor-
poration dans les procédures de la
société s’inscrit dans un rapport aux
tiers. L’incorporation dans les rela-
tions contractuelles est minoritaire
et concerne plutôt les contrats avec
les employés26, caractérisés par le
poids inégal des co-contractants,
que ceux avec les fournisseurs ou
les clients27. Dans le cadre de la
relation de la société avec le mar-
ché, la convergence entre les codes
et la gestion des risques est répan-
due28, mais se limite aux principes29,
sans grande incidence concrète30.
L’existence de mécanismes de
signalement et de sanction condi-
tionne également l’effectivité. L’ins-
titution d’un signalement obligatoire
prévaut par rapport à un dispositif
optionnel31. Ce choix incitatif néces-
site l’instauration d’un filtre. La pro-
cédure de signalement répond à cet
objectif : interne32, elle comporte
deux échelons. L’un est la déclara-
tion à la hiérarchie, l’autre la saisine
d’un référent éthique central. L’exis-
tence d’un filtre est d’autant plus
utile que le champ du signalement
porte de préférence sur les com-
portements illégaux ou contraires
à l’éthique présentant un risque
AVRIL MAI JUIN 2013 anaLyse financière n° 47
(1) Saint-Gobain et STMicroelectronics.
(2) Celui de Publicis.
(3) Celui de Technip.
(4) Alstom, Bouygues, Cap Gemini, Cré-
dit Agricole, EADS (dans ce dernier cas le
sous-titre du document est intitulé Intégrité
et Transparence, le Code Éthique d’EADS),
EDF, Gemalto, Sanofi et Unibail-Rodamco.
(5) Chez Air Liquide, Arcelor-Mittal, Axa,
BNP Paribas, Lafarge, LVMH, PPR, Publicis,
Renault, Société Générale, Solvay et Total.
(6) Dans les dix cas suivants : Carrefour,
GDF Suez, L’Oréal, Legrand, Michelin,
Orange, Pernod-Ricard, Safran, Vallourec et
Véolia Environnement.
(7) Chez Danone et Essilor.
(8) Chez Carrefour, EDF, GDF Suez, L’Oréal,
Safran, Sanofi, Technip, Vallourec, Véolia
Environnement et Vinci.
(9) Chez Air Liquide, BNP Paribas, LVMH,
Publicis, Société Générale, Solvay, Total.
(10) Chez Arcelor-Mittal, Danone, Lafarge,
PPR.
(11) Chez Axa et Orange.
(12) Dont sont révélateurs le Programme
de Vigilance de Vivendi, Nos principes de
responsabilité de Schneider Electric ou la
Charte Pernod-Ricard, significative de la
recherche d’une relation symbiotique avec
la société.
(13) Danone.
(14) Le cas de Bouygues est significatif :
une Charte sociale européenne du groupe
et une Charte des ressources humaines du
groupe préexistaient au Code d’éthique du
groupe, qui a été publié en 2006 et ne les
a pas évincées.
(15) Tel était le cas de LVMH avec la Charte
LVMH.
(16) Dans au moins 60 % des cas.
(17) Au plus 40 % des sociétés les in-
voquent.
(18) 88,4 % contre 100 % pour la référence
aux valeurs.
(19) Le pourcentage ne dépasse pas 50 %.
(20) Moins d’un cinquième des codes l’il-
lustrent.
(21) D’évidence, l’absence de mention
publique n’emporte pas ipso facto l’inexis-
tence de règles éthiques extérieures aux
codes, mais celles-ci demeurent confiden-
tielles.
(22) 42,3 % des sociétés adoptent ce parti.
(23) 69,2 % des sociétés révèlent l’ins-
tance en charge de l’élaboration du code
et 23 % des sociétés indiquent l’existence
d’un mécanisme de sanction.
(24) Il ne concerne que 19,2 % des socié-
tés.
(25) Avec une prédominance du comité de
l’éthique.
(26) Si l’incorporation de l’intégralité du
code au contrat de travail ne concerne que
11,5 % des sociétés, 46,1 % d’entre elles
conditionnent la poursuite du contrat de
travail au respect du code.
(27) Seules 19,2 % des sociétés incor-
porent le code aux contrats avec les four-
nisseurs et les clients.
(28) Cette superposition se rencontre dans
76,9 % des cas.
(29) La violation des normes éthiques est
un risque dans 42,3 % des cas.
(30) 34,6 % des sociétés font du code un
instrument de gestion des risques.
(31) 50 % des sociétés optent pour la pre-
mière solution, 34,6 % pour la seconde.
(32) Aucune société ne recourt à un dispo-
sitif externe de prise en compte des signa-
lements.
(33) Dans 69,2 % des cas.
auteur
Les codes d’éthique des sociétés du cac 40 : vers un ordre juridique gLobaL ?
GeorGes Gaède
Malgré des éléments d’une unité au moins
relative, les codes apparaissent comme un objet
ambivalent. D’un côté, ils s’inscrivent dans une
politique de communication. D’un autre côté, ils
participent de l’émergence d’un ordre juridique
global qui placerait les sociétés multinationales
sur un pied d’égalité avec les États comme
producteurs de normes.
pour les intérêts de l’entreprise33
et nécessite d’évaluer une violation
des règles et un facteur de risque.
Par-delà le signalement, l’effecti-
vité ne trouve une garantie véritable
que dans l’institution de sanctions.
Or l’information lacunaire sur ce
point est révélatrice de l’absence
soit d’une effectivité véritable pour
les codes, soit de garanties contre
l’arbitraire pour leurs destinataires.
pour ConClure
Malgré des éléments d’une unité
au moins relative, les codes appa-
raissent comme un objet ambiva-
lent. D’un côté, ils s’inscrivent dans
une politique de communication.
D’un autre côté, ils participent de
l’émergence d’un ordre juridique
global qui placerait les sociétés mul-
tinationales sur un pied d’égalité
avec les États comme producteurs
de normes. Dans ce cadre, les codes
pourraient offrir un socle normatif,
une sorte de “codification éthique”
à l’échelle mondiale, qui définirait
des orientations fondamentales que
d’autres textes préciseraient, mais
qui n’en demeurera pas moins ina-
chevée tant que son effectivité ne
sera pas mieux assurée. M