L`économie résidentielle et le développement local : conséquence

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PREFECTURE
PYRENEES
DE
REGION
MIDI-
L’économie résidentielle et le
développement
local :
conséquence ou levier ?
Rapport
Octobre 2007
Philippe Estèbe
Yves Janvier
Sophie Tievant
Laurent Davezies
SOMMAIRE
1. Synthèse de l’étude .......................................................................................... 3
2. Objet et méthode de l’étude ............................................................................. 12
3. Les principales composantes de la base économique des pays de MidiPyrénées
........................................................................................ 17
Quatre types de pays en Midi-Pyrénées ............................................................... 17
Quel impact de la base économique sur les fondamentaux des pays ? ........... 23
4. La prise en compte des enjeux de l’économie résidentielle par les pays.... 40
Pays Albigeois Bastides ........................................................................................ 43
Pays d’Armagnac
........................................................................................ 47
Pays Bourian
........................................................................................ 51
Pays Lauragais
........................................................................................ 55
Pays Midi-Quercy
........................................................................................ 60
Pays Pyrénées Cathares 64
Pays Ruthénois
........................................................................................ 67
Pays Vallée des Gaves ........................................................................................ 72
5. Entretiens conduits avec des “entrepreneurs résidentiels” ......................... 76
6. Annexe : données sur les unités urbaines des pays de Midi Pyrénées..... 107
2
1. Synthèse de l’étude
L’économie résidentielle est entrée dans le vocabulaire courant depuis plusieurs
années, grâce notamment aux travaux pionniers de Laurent Davezies. Elle fait
l’objet, notamment dans les territoires ruraux, de jugements extrêmement tranchés.
Pour les uns, il s’agit de l’avenir du monde rural, dès lors que l’agriculture est
résiduelle, du moins en termes de population occupée. Pour les autres, il s’agit d’une
« fausse économie », qui entretient l’illusion de l’activité, alors qu’elle n’est alimentée
que par des revenus venant de l’extérieur, et donc renforce la dépendance du
territoire.
Dans ce travail, avec le service étude du SGAR de Midi-Pyrénées, nous n’avons pas
pris parti ; nous ne sommes ni pour, ni contre l’économie résidentielle (bien au
contraire). L’économie résidentielle, autrement dit, la présence, dans un territoire, de
personnes porteuses de revenus qui proviennent d’activités menées ailleurs que
dans ledit territoire, est un phénomène réel. Notre propos n’est ni d’en faire
l’apologie, ni le procès, mais de le comprendre, ou du moins de participer à sa
compréhension et à celle des conséquences qu’il entraîne.
Cette étude a cherché à identifier le poids de l’économie résidentielle dans les pays
de Midi-Pyrénées, à comprendre la manière dont les acteurs du développement local
en tiennent compte et, éventuellement, l’utilisent comme un levier pour le
développement.
L’étude a enfin permis de rencontrer différents « entrepreneurs résidentiels » qui
permettent de cerner le nouveau visage de l’économie rurale, autant, sinon mieux
que l’approche statistique.
Définitions
La richesse d’un territoire infra national (ce que l’on appelle la « base économique »)
provient de deux sources :
- les revenus de la production de biens et de services que les agents économiques
localisés dans le territoire « vendent » à l’extérieur ; on parle alors de base
« productive ».
- les revenus liés à la résidence dans le territoire de personne qui n’y travaillent pas,
mais qui sont susceptibles de dépenser : il s’agit principalement des retraités, des
résidants actifs dans d’autres territoires et des touristes.
L’ensemble de ces revenus (productifs+résidentiels) détermine un niveau de
demande potentielle, qui, à son tour alimente des activités domestiques, tournées
vers la satisfaction des besoins de la population résidante, qu’elle travaille, ou non,
dans le territoire considéré.
3
1. Le poids de l’économie résidentielle dans les Pays de Midi-Pyrénées
Composition du revenu basique des ménages dans les
pays de Midi-Pyrénées (2000)
19%
17%
Basique productif privé
Salaires publics
9%
28%
15%
Salaires résidentiels
importés
Revenu des retraites
Dépenses touristes
Dans leur ensemble, les pays de Midi-Pyrénées sont fortement alimentés par les
revenus d’origine résidentielle : pour l’ensemble des pays (le calcul est fait hors unité
urbaine, pour saisir la réalité de l’espace rural), les deux premières sources de
revenu sont les retraites (28 % du revenu) et les dépenses touristiques (19% du
revenu). Cependant, cette donnée d’ensemble recouvre d’importants contrastes.
Un premier résultat de l’étude réside dans la permanence de pays ruraux dont
l’économie, en Midi-Pyrénées, est essentiellement productive. La grande périphérie
régionale, celle qui est faiblement sous influence métropolitaine, continue d’être un
territoire de production, soit industriel, soit agricole, soit les deux. Cela n’est pas
totalement surprenant et correspond à une géographie nationale : les emplois
industriels (du moins dans une définition restrictive de l’emploi industriel 1 ) sont
proportionnellement plus nombreux en milieu rural qu’en milieu urbain. Grâce à une
industrie agroalimentaire très importante (1er employeur industriel en Midi-Pyrénées)
mais aussi grâce à une activité industrielle qui s’est maintenue, voire développée
dans les espaces ruraux (par exemple dans le pays de la vallée de la Dordogne
lotoise), tous les pays de Midi-Pyrénées ne sont pas uniquement voués aux revenus
résidentiels. 7 pays sur 32 présentent ce profil productif. Parmi ceux-ci, l’Armagnac
présente la composante productive la plus élevée des bases de Midi-Pyrénées.
1
Les emplois strictement industriels de pure « production » sont, on le sait, désormais minoritaires
dans le procès de fabrication. Ainsi, la proportion d’emplois industriels dans la population active estelle à Colomiers, inférieure à Lacaune par exemple.
4
Armagnac
17%
25%
Basique productif privé
Salaires publics
Salaires résidentiels
importés
Revenu des retraites
9%
29%
Dépenses touristes
7%
Les autres pays se partagent en trois grandes catégories :
−
Les pays périurbains, dont les ménages disposent d’un revenu caractérisé,
par rapport à la moyenne des pays, par une proportion supérieure de salaires
importés, touchés dans les pôles d’emplois (villes centre notamment) et
« ramenés » au domicile, du fait de la dissociation entre domicile et travail.
Parmi ceux-ci, le pays du Girou-Tarn, aux portes de Toulouse, présente la
plus forte composante de salaires importés.
Girou-Tarn-Frontonnais
5%
14%
Basique productif privé
7%
27%
Salaires publics
Salaires résidentiels
importés
Revenu des retraites
Dépenses touristes
32%
−
Les pays de retraités, dont les ménages disposent d’un revenu caractérisé,
par rapport à la moyenne des pays, par une proportion dominante (supérieure
à 30 %) de pensions de retraites. C’est le pays des Coteaux, sur le plateau
de Lannemezan, qui illustre le mieux cette catégorie.
5
Coteaux
11%
15%
Basique productif privé
8%
Salaires publics
Salaires résidentiels
importés
Revenu des retraites
36%
−
Dépenses touristes
17%
Les pays touristiques, dont les ménages disposent d’un revenu alimenté,
dans une proportion très importante, par les dépenses touristiques (nuits
d’hôtel, rémunération d’emplois touristiques, dépenses liées aux résidences
secondaires, etc.) Le pays « Vallée des Gaves », au Sud de Lourdes, cumule
les retombées de l’activité de pèlerinage et du tourisme pyrénéen.
Vallées des Gaves
11%
Basique productif privé
7%
Salaires publics
10%
48%
Salaires résidentiels
importés
Revenu des retraites
Dépenses touristes
17%
Cette typologie est fondée sur la composante principale des revenus des ménages,
relativement à l’ensemble des pays.
L’économie résidentielle joue donc un rôle fondamental dans l’alimentation des pays
en revenus, même pour ceux qui présentent une composante productive importante.
Cependant, ce poids de l’économie résidentielle ne constitue pas nécessairement
une garantie de « bonne santé » d’ensemble pour les pays.
6
2. Conséquences et usages de l’économie résidentielle
Les revenus résidentiels ne pénalisent pas le dynamisme économique des
pays
Vaut-il mieux être « productif » ou « résidentiel », et, si l’on est « résidentiel », vaut-il
mieux être alimenté par des « salaires importés », des « retraites » ou des
« dépenses touristiques » ?
L’étude ne permet pas de répondre à ces questions : les indicateurs varient
considérablement et ne montrent pas clairement de corrélation entre une source
d’alimentation de revenu et les « fondamentaux » du développement local —
population, emploi, revenu.
On a ci-dessous, classé selon ces trois registres les 10 premiers pays, et les 10
derniers, en termes de performance : on verra qu’il est bien délicat de trouver un
schéma récurrent à cette échelle.
Pays productifs
Pays périurbains
Pays de retraités
Pays touristiques
Dynamisme démographique
Les 10 premiers
Girou-TarnFrontonnais
Lauragais
Montalbanais
Sud Toulousain
Bourian
Cocagne
Foix Haute-Ariège
Portes d'AriègePyrénées
Cahors et sud du Lot
Midi-Quercy
Ensemble des pays
Variation
Variation
de
de
population population
1975-99
1990-99
74%
26%
32%
33%
12%
16%
11%
19%
11%
9%
9%
7%
6%
5%
10%
13%
13%
6%
5%
4%
3%
2%
Les 10 derniers
Comminges
Est Quercy
Haut Rouergue en
Aveyron
Pyrénées Cathares
Albigeois et Bastides
Nestes
Rouergue Occidental
Armagnac
Couserans
Sidobre Monts de
Lacaune
Variation
Variation
de
de
population population
1975-99
1990-99
-6%
-3%
-6%
-3%
-6%
-7%
-9%
-9%
-10%
-3%
-6%
-4%
-2%
-3%
-10%
-10%
-3%
2%
-14%
-5%
7
Création d’emplois
Les 10 premiers
Val d'Adour
Cahors et sud du Lot
Girou-Tarn-Frontonnais
Auch
Bourian
Portes de Gascogne
Variation
de
l'emploi
salarié
privé
19932003
47%
40%
39%
38%
38%
37%
Cocagne
36%
Vallée de la Dordogne lotoise
34%
Lauragais
33%
Montalbanais
32%
Ensemble des pays
Les 10 derniers
Coteaux
Garonne-Quercy-Gascogne
Comminges
Est Quercy
Foix Haute-Ariège
Albigeois et Bastides
Vign. Gaillac. Bastides et
Val Dadou
Pyrénées Cathares
Sidobre Monts de Lacaune
Autan
22%
Variation
de
l'emploi
salarié
privé
19932003
17%
16%
14%
14%
10%
9%
4%
3%
-4%
-16%
Revenu des habitants
Les 10 premiers
Est Quercy
Coteaux
Ruthenois
Monts et Lacs du
Levezou
Rouergue Occidental
Couserans
Haut Rouergue en
Aveyron
Auch
Portes de Gascogne
Cocagne
Ensemble des pays
Variation
du
revenu
par
habitant
19902000
Les 10 derniers
Variation
du
revenu
par
habitant
19902000
43% Sidobre Monts de Lacaune
36% Foix Haute-Ariège
35% Tarbes et Haute Bigorre
Vallée de la Dordogne
34% lotoise
33% Garonne-Quercy-Gascogne
33% Midi-Quercy
20%
19%
19%
31%
29%
28%
27%
24%
18%
18%
16%
14%
Armagnac
Pyrénées Cathares
Autan
Bourian
19%
19%
19%
Une seule récurrence est perceptible : dans l’ensemble, les pays « productifs » font
moins bien que les autres. Ils sont moins dynamiques du point de vue de la
8
démographie, du point de vue de la création d’emploi et de celui de la croissance du
revenu par habitant. Pour autant, il ne suffit pas d’être alimenté par des salaires
importés, des retraites ou des dépenses touristiques pour bien se porter.
Inversement, cela signifie aussi que les pays « résidentiels » (pris globalement) ne
sont pas dans des situations moins bonnes que les pays « productifs ». Autrement
dit, être alimenté par des retraites, des salaires importés ou du tourisme n’empêche
pas de créer des emplois et de voir le revenu moyen croître.
La présence de revenus d’origine résidentielle constitue un potentiel que les acteurs
territoriaux, publics ou privés, peuvent ou non choisir de développer.
La « réception » de l’économie résidentielle par les acteurs du développement
territorial
Dans le cadre de cette étude, nous avons rencontré deux types d’acteurs du
développement territorial : les entrepreneurs et les responsables politiques.
Les hésitations des acteurs institutionnels
Pour la plupart des acteurs institutionnels rencontrés, l’apport de revenus résidentiels
ne constitue pas une économie « réelle ».
Pour deux raisons principales : d’une part parce que, en matière de développement
local, on ne raisonne pas, ou très peu « marché », c’est-à-dire confrontation de l’offre
et de la demande.
−
La demande est réputée extérieure, et le seul développement économique qui
vaille se fonde d’abord sur une économie de l’offre : le développement du
territoire passe par la capacité de son tissu économique à produire des biens
(agricoles ou industriels) et des services (touristiques le plus souvent) qui
seront « vendus » à l’extérieur. Le tourisme est la seule activité fondée sur la
captation de revenus résidentiels reconnue comme « économique » par la
plupart des acteurs institutionnels
−
La deuxième raison est que, pour la plupart d’entre elles, les activités
domestiques qui satisfont la demande intérieure d’un territoire rapportent peu
de taxe professionnelle aux collectivités territoriales, et, du coup, sont moins
visibles et moins valorisées que les activités réputées industrielles (ou
artisanales) dont les élus appréhendent plus facilement l’impact dans la
fiscalité territoriale.
Du coup, l’hypothèse de développer des activités économiques « endogènes »,
susceptibles de capter le revenu présent dans le pays, n’est pas vraiment entrée
dans les stratégies de développement territorial. Pour la plupart des acteurs
institutionnels, un résidant (périurbain ou retraité), c’est d’abord un coût en termes de
services collectifs, ça n’est pas un acteur économique (même si les résidants eux
aussi « rapportent » aux collectivités en impôts ménages et en dotations globales).
9
Cette prise de distance par rapport à l’idée de fonder des stratégies locales de
développement, pour tout ou partie, sur la captation de revenus trouve une autre
justification dans la mobilité des personnes et les habitudes de consommation. Les
pays périurbains par exemple, souffrent d’une évasion considérable du potentiel de
consommation, du fait de la localisation des grandes zones commerciales dans la
première couronne des villes centres. Ils ont le sentiment d’une impasse financière :
ils accueillent des habitants qui rapportent certes des taxes, mais qui coûtent très
cher en équipements et en services, sans pour autant sécuriser les retombées sur
les commerces et l’artisanat local. On peut penser d’ailleurs que cette tension à
l’égard du développement résidentiel s’est accrue localement avec le développement
des intercommunalités à taxe professionnelle unique. Les communautés de
communes ou d’agglomération financent des équipements collectifs dont le coût est
proportionnel à la population avec des ressources fiscales (la taxe professionnelle)
bien moins élastiques et répondant souvent à d’autres logiques. Dans certains cas,
la tension entre communes et intercommunalités peut être forte : les premières ont
intérêt à accueillir des habitants parce qu’elles continuent de percevoir les impôts
ménage, alors qu’une part des équipements est financée par les intercommunalités ;
inversement, les secondes ont plutôt intérêt à une certaine prudence
démographique, de façon à ne pas grever des budgets déjà tendus. Les acteurs des
pays se font souvent l’écho des intercommunalités, d’où leur méfiance par rapport à
ce qui n’apparaît pas comme une économie « réelle ».
Cependant, dans certains pays, les acteurs ont commencé d’intégrer cette idée que
la captation des revenus peut-être une bonne stratégie de développement local, à
condition de s’en donner les moyens. On verra plus loin le détail des stratégies de
développement local fondée sur les revenus résidentiel ; bornons-nous ici à dire
qu’elles se fondent toutes sur une mobilisation de la demande potentielle à partir
d’une analyse des revenus présents sur le territoire, avec une question permanente :
comment faire en sorte que les revenus se transforment en demande et rencontrent
une offre. Différentes solutions sont possible dont ou trouvera les éléments en
deuxième partie de ce rapport.
Les Pays entament donc une évolution : il ne s’agit pas de se « convertir » à
l’économie résidentielle, il s’agit plus simplement d’en reconnaître les risques, les
limites et d’en exploiter les potentialités.
La mutation de l’économie rurale
Simultanément, il se passe autre chose, que nous avons essayé de décrire dans la
troisième partie de ce rapport, grâce à des entretiens individuels. Le repeuplement
des espaces ruraux, auquel on assiste depuis une quinzaine d’année (au-delà du
phénomène des « néo ruraux » valorisé et stigmatisé dans les années 1970) fini par
produire des effets sui generis. On assiste à l’émergence d’entrepreneurs
résidentiels, qui font de leur lieu de résidence non seulement un lieu d’activité, mais
encore un facteur de production. En ce sens, il ne s’agit ni d’une évolution de
l’économie agricole, ni du fameux « télétravail », mais bien d’une catégorie d’activité
qui utilise le lieu, et le valorise, dans des productions d’une extrême diversité. C’est
10
un Anglais qui organise des classe de découverte de la nature pour des élèves
d’école privées anglophones ; c’est un consultant qui conjugue art, conseil et gîte
rural ; c’est un maire rural qui a compris tout le parti qu’il pouvait tirer de
l’héliotropisme des retraités du nord de l’Europe ; c’est un groupe de copain qui
monte un projet culturel et satisfait un public de rurbains loin de la métropole
toulousaine, etc.
Tous ces récits n’aboutissent pas à des succès ; les « galères » sont souvent plus
nombreuses que les réussites. Mais ils témoignent tous d’un mouvement de fond :
l’économie rurale se transforme profondément. Certes, en termes d’occupation du
sol, l’agriculture demeure dominante ; en termes de population active occupée, les
ouvriers forment la catégorie la plus nombreuse dans les espaces ruraux. Mais entre
les champs et l’usine, des activités émergent, qui valorisent autrement le paysage, et
le « vendent » , en l’accompagnant de services sophistiqués à une clientèle urbaine,
voire aux urbains « desserrés » installés en milieu rural. Double économie
résidentielle donc : des personnes qui entreprennent là où elles résident, et qui
drainent une clientèle de résidants au-delà de l’offre traditionnelle d’artisanat et de
commerce, en offrant des services complexes (loisirs, éducation, sport, découverte
de la nature, …).
Ces activités demeurent à la marge, mais elles ne sont pas marginales : elles portent
une nouvelle économie rurale, ni régressive, comme on pouvait l’espérer (ou le
craindre) dans les années 1970, ni banalisante (lorsque l’on imagine une
« urbanisation progressive des campagnes). Il s’agit d’une fonction spécifique de
l’espace rural dans la France contemporaine, pour laquelle on n’a pas encore de
mot, mais qui est sans doute promise à un bel avenir.
11
2. Objet et méthode de l’étude
Objet de l’étude
La préfecture de région Midi-Pyrénées a souhaité disposer d’un état des lieux et
d’une réflexion prospective sur l’économie résidentielle dans les pays de la région
(au sens de la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du
territoire).
L’expression « économie résidentielle » est devenue, en quelques années, un des
maîtres mots du développement local. Quelques travaux pionniers ont en effet mis
en évidence que, pour un territoire donné 2 , l’écart est permanent entre la richesse
produite (qui se mesure au moyen du PIB) et le revenu des habitants. Autrement dit,
si, en gros, à l’échelle d’une nation, le produit intérieur brut et le revenu intérieur
coïncident (avec quelques nuances liées notamment à la rémunération des facteurs
non résidents, par exemple les dividendes versés hors du territoire national), plus
l’échelle est grande (autrement dit, plus le territoire est petit), moins ces deux
grandeurs s’ajustent. Déjà, à l’échelle des régions, on a pu constater un phénomène
de divergence contre intuitive : les PIB régionaux par habitant s’écartent, alors que
les revenus moyens régionaux convergent. Ainsi, la production et la consommation
ne s’ajustent-elles pas à l’échelon local ; plus précisément, le revenu disponible par
habitant à l’échelle locale ne correspond que de façon très lointaine à la richesse
produite par le territoire concerné (mesurée en termes de valeur ajoutée). C’est que,
pour un territoire infra national donné, les sources d’alimentation du revenu individuel
sont multiples et que celles qui proviennent de la production de biens et de services
vendus hors du territoire, et correspondant donc à un gain sur « le reste du monde »,
apparaissent minoritaires par rapport à d’autres sources. Celles-ci sont d’ordre
variable et correspondent au profil de ceux qui résident dans le territoire —d’où
l’expression « économie résidentielle ». Ces revenus, liés à la résidence, sont de
cinq types.
Il s’agit d’une part des revenus perçus en un lieu et « rapatriés » au lieu de domicile :
une grande partie des espaces périurbains voire ruraux sont dans cette situation de
voir le revenu des ménages alimenté par des salaires « importés » ; c’est en quelque
sorte la « face cachée » des territoires trop vite qualifiés de « dortoirs » : ils
bénéficient d’un apport de revenus qui ne correspond pas à une production faite sur
place.
Il s’agit d’autre part des revenus des retraites, dépendant évidemment du nombre de
retraités vivant sur le territoire. Ceux-ci correspondent à une économie
« résidentielle » dans la mesure où il s’agit de revenus qui « entrent » dans le
territoire en provenance du reste du monde (ils sont financés par la solidarité
2
On entend ici par « territoire » un espace délimité par une administration ou une collectivité
territoriale, doté d’institutions en charge de son développement et de sa cohésion sociale.
12
nationale ou des fonds privés nationaux ou internationaux) sans correspondre à une
production « vendue » à l’extérieur du territoire.
Il s’agit ensuite des revenus provenant du tourisme : on peut dire qu’il s’agit de la
contrepartie d’une « production » du territoire (la qualité des paysages, de l’accueil,
des produits touristiques, etc.) ; mais cette production consiste dans la qualité
résidentielle et donc l’attractivité du territoire concerné.
Au nombre des revenus qui entrent dans le territoire, il faut aussi compter l’ensemble
des traitements des fonctionnaires publics. Ceux-ci correspondent bien à des
revenus tirés sur l’extérieur (les traitements sont financés par le budget de l’Etat) et
sont liés à la « résidence » plus ou moins volontaire des agents de l’Etat.
Enfin, dernier revenu de type « résidentiel » : l’ensemble des transferts sociaux hors
retraite (minima sociaux, remboursements de sécurité sociale, allocations chômage,
allocations familiales). Même si ces revenus de transferts peuvent correspondre à
des situations individuelles de pauvreté ou de précarité, ils n’en représentent pas
moins une richesse qui alimente un territoire donné.
Au total, les revenus perçus sur un territoire sont liés à la fois à ce que ce territoire
est capable de produire et de vendre à l’extérieur, mais aussi à ce qu’il est capable
de « capter » en raison de son attractivité propre (ménages périurbains, retraités,
touristes, etc.).
Cette approche n’est pas seulement analytique ; elle permet de comprendre la
formation de l’un des concepts de base, trop souvent oublié en économie territoriale :
la demande. En effet, la demande locale n’est pas seulement liée aux salaires versés
par les entreprises productives et exportatrices, industrielles ou de services—dans
une aire urbaine moyenne, ceux-ci représentent environ le quart des revenus perçus
par les ménages. Le revenu de type « résidentiel » alimente près de 70 % en
moyenne du revenu des habitants d’un territoire donné. Comment expliquer ce
paradoxe apparent ? Autrement dit, il faut bien que certains produisent, pendant que
d’autres « profitent » de la richesse ainsi produite, sous la forme de redistribution.
L’explication tient à deux grands mécanismes. L’existence de grandes machines
nationales à redistribuer d’une part (les retraites, la sécurité sociale, la fonction
publique) et la grande mobilité des personnes d’autre part qui fait que de l’argent
gagné dans un pôle productif peut être dépensé dans un espace plus résidentiel (par
exemple, du fait de la dissociation entre domicile et travail, à cause du tourisme ou
encore grâce à la mobilité des retraités). La conjonction de mécanismes de
redistribution et de phénomènes de mobilité permet à de nombreux territoires ruraux,
naguère condamnés par la science économique et qui faisaient le désespoir des
aménageurs du territoire, se trouvent aujourd’hui en situation plutôt favorable, parfois
meilleure que celle des pôles productifs, autrefois accusés de « vider les territoires
de leur substance ».
13
Schéma 1 : le circuit territorial des revenus
Consommations de loisir
(tourisme, rés. 2re)
Fonction
/territoire
résidentiels
Fonction
/territoire
récréatifs
Exportation de
revenus
(migrations
domicile -
Fonction/territoi
re productifs
Salaires publics,
pensions, transferts
sociaux
Reste du monde
Consommation
s quotidiennes
Salaires publics,
pensions, transferts
sociaux
Vente de biens et
services
Ce mécanisme de redistribution territoriale invisible est vérifié à toutes les échelles :
à l’échelle nationale, entre les régions productives (Île-de-France, Rhône-Alpes,
Alsace, Nord Pas de Calais, Alsace, Pays de Loire…) et le reste du territoire ; à
l’échelle régionale entre les métropoles et leur environnement périurbain ou rural,
bénéficiant du desserrement urbain et des dépenses de loisir des métropolitains ; à
l’échelle locale même, entre les villes moyennes et leur territoires environnant, de fait
de l’étalement des ménages, même à cette échelle.
Il est cependant évident que l’existence d’un revenu dans un territoire donné ne
constitue, pour ledit territoire, qu’une potentialité. Autrement dit, une des questions
du développeur local est bien celle-ci : comment transformer du revenu en demande,
comment lui faire rencontrer une offre et comment celle- ci peut-elle se traduire en
emplois domestiques (tournés vers la satisfaction de la demande interne au
territoire), permettant d’alimenter l’économie locale par « captation » du revenu
existant ? A ce jeu de captation, tous les territoires ne sont pas logés à la même
enseigne, autrement dit, tous ne bénéficient pas à la même hauteur des bienfaits
potentiels de l’économie résidentielle. L’existence d’un tissu préexistant de services,
par exemple dans les chefs-lieux de canton, constitue un atout, à partir duquel
peuvent se développer de nouvelles activités pour desservir la demande locale.
Cependant, on constate aussi la croissance diffuse d’un emploi de service, parfois
très sophistiqué (on pense aux médecins et aux infirmières pour ne citer que ces
exemples) dans des tissus périurbains ou ruraux ; l’emploi répondant à l’économie
résidentielle ne se résume d’ailleurs pas à des emplois de services au sens
classique du terme : le bâtiment, l’artisanat, le commerce peuvent aussi, comme on
le vérifie souvent, bénéficier de cet apport de revenus.
Il est donc intéressant de s’interroger sur la place que l’économie résidentielle
occupe dans le développement des territoires ruraux en Midi-Pyrénées, d’autant plus
que cette région, comme d’autres, est depuis longtemps réputée souffrir d’une
14
hypertrophie de la métropole régionale au détriment des autres composantes du
territoire régional.
Méthode de l’étude
L’analyse des pays de Midi-Pyrénées a été conduite à partir des sources de revenu.
Cette approche consiste à combiner les données fiscales sur le revenu des ménages
dont on dispose à l’échelle départementale aux données du recensement à l’échelle
du périmètre étudié.
Les revenus considérés comme productifs sont liés à des activités qui se localisent
dans le territoire pour produire et pour « exporter ». Ils sont calculés à partir de
diverses conventions. Certaines activités sont intégralement considérées comme
« basique » : il s’agit des activités industrielle et agricole, dans la mesure où on fait
l’hypothèse que leur produit n’est pas consommé sur place ; d’autres activités sont
considérées comme basique en fonction de leur « coefficient de localisation » : si le
taux d’emploi dans un secteur (par exemple médical) apparaît anormalement élevé
par rapport au taux départemental ou régional, alors on fait l’hypothèse qu’une partie
de ce secteur peut être considéré comme basique, dès lors qu’il « exporte » une
partie de son activité ; le surplus est donc considéré comme du revenu net qui
« entre » dans le territoire considéré.
Le revenus considérés comme résidentiels sont liés à la « présence » de titulaires de
revenus dans le territoire : les revenus des migrants alternants, calculés à partir du
fichier MIRABELLE ou du fichier (lorsque l’on en dispose, ce qui n’est pas le cas
dans cette étude) déclaration annuelle de salaires (DADS) ; le revenus des retraités,
donnés directement par la direction générale des impôts (DGI) ; le revenu du
tourisme, calculé à partir des emplois touristiques et d’un prorata lié au nombre de
résidences secondaires dans le territoire considéré.
Pour ces raisons, le calcul de la base n’est possible qu’en 1999, dans la mesure où
l’on ne dispose pas de données détaillées au-delà. Cependant, les analyses en
termes de revenu et d’emploi sont prolongées jusqu’à une date plus récente, en
fonction des informations disponibles auprès des fournisseurs de données.
Une fois que l’on a calculé la « base » des pays, on a étudié les effets de ce potentiel
de consommation sur l’emploi. Autrement dit, on s’est demandé si telle composition
de la base était plus ou moins amicale avec le développement d’activités
« domestiques », c’est-à-dire des activités qui desservent la demande locale. C’est
toute la question de l’étude : existe-t-il des configurations basiques plus ou moins
favorables au développement local ?
L’analyse à l’échelle des pays s’est faite en deux temps :
Un premier temps où l’on a exclu du périmètre les unités urbaines d’une aire
urbaine lorsqu’il y en avait une. On s’intéresse en effet plutôt à l’espace rural
(ou ce qu’il est convenu d’appeler ainsi).
Dans un deuxième temps, les unités urbaines ont fait l’objet d’un traitement
spécifique que l’on trouvera en annexe.
15
Carte 1 : les pays étudiés et leur dynamiques démographiques
16
3. Les principales composantes de la base économique des pays
de Midi-Pyrénées
Quatre types de pays en Midi-Pyrénées
Une typologie
Le premier résultat de l’approche par les revenus basique constitue met à jour une
diversité relative de « modèles » territoriaux. Lorsque l’on classe rapidement les
territoires en fonction de la composante principale de leur base, on voit nettement se
détacher quatre types de configuration basique.
Un premier type peut être qualifié de « productif » dans la mesure où sa base
productive privée atteint ou dépasse 20 % du total du revenu entrant dans le
territoire.
Un deuxième type peut être qualifié de « périurbain » : le revenus « importés » par
les migrants alternants dépasse 16 % du total des revenus entrants et atteint dans
certains cas 30 %.
Un troisième type est dominé par les retraités : les revenus de pension dépassent 30
% du revenu entrant.
Un quatrième type se signale par la domination des revenus touristiques, qui peuvent
atteindre 50 % du revenu entrant dans le territoire.
17
Tableau 1 : classement des pays en fonction de la composition de leur base
économique
Pays productifs
Revenus de
la production
Pyrénées Cathares
Haut Rouergue en Aveyron
Garonne-Quercy-Gascogne
Vallée de la Dordogne lotoise
Sidobre Monts de Lacaune
Portes de Gascogne
Armagnac
20,0%
20,5%
20,5%
21,0%
21,4%
24,4%
24,8%
Pays périurbains
Ruthenois
Coteaux
Portes d'Ariège-Pyrénées
Auch
Cocagne
Lauragais
Sud Toulousain
Tarbes et Haute Bigorre
Autan
Montalbanais
Girou-Tarn-Frontonnais
Pays de retraités
Val d'Adour
Comminges
Est Quercy
Midi-Quercy
Cahors et sud du Lot
Rouergue Occidental
Vign. Gaillac. Bastides et Val Dadou
Albigeois et Bastides
Pays touristiques
Monts et Lacs du Levezou
Bourian
Foix Haute-Ariège
Nestes
Couserans
Vallées des Gaves
Revenus de
la production
19,9%
14,8%
14,0%
19,4%
17,4%
14,7%
12,8%
12,6%
15,6%
16,6%
13,6%
Revenus de
la production
Salaires
publics
10,4%
7,4%
11,6%
8,6%
6,7%
9,8%
9,2%
Salaires
publics
7,6%
8,2%
7,9%
10,9%
8,6%
9,4%
9,0%
8,8%
5,7%
7,3%
6,8%
Salaires
publics
19,5%
11,2%
14,8%
9,8%
9,4%
6,1%
17,8%
14,2%
19,4%
9,2%
8,6%
6,6%
19,2%
15,8%
9,1%
8,8%
Revenus de
la production
19,6%
15,0%
9,8%
12,5%
7,1%
11,0%
Salaires
publics
6,8%
8,7%
8,3%
9,7%
5,4%
6,8%
Salaires
résidentiels
importés
8,1%
6,5%
10,0%
7,1%
7,1%
13,2%
7,1%
Revenu
Dépenses
basique des
touristes 2001
retraites
30,3%
15,9%
26,0%
29,2%
30,6%
10,9%
27,5%
24,7%
24,5%
30,5%
27,2%
12,0%
28,7%
17,4%
Salaires
résidentiels
importés
16,8%
17,4%
18,0%
18,9%
20,0%
20,4%
23,6%
23,7%
24,6%
27,5%
32,3%
Revenu
Dépenses
basique des
touristes 2001
retraites
26,6%
17,1%
35,9%
10,9%
31,2%
13,3%
27,4%
9,3%
28,9%
10,0%
30,3%
10,8%
31,2%
8,1%
23,3%
21,2%
30,0%
9,8%
26,6%
6,0%
26,7%
5,3%
Salaires
résidentiels
importés
12,9%
11,9%
14,9%
14,1%
14,5%
11,9%
14,2%
15,7%
Revenu
Dépenses
basique des
touristes 2001
retraites
35,0%
9,6%
30,3%
26,7%
30,4%
22,4%
29,4%
14,8%
30,2%
19,4%
29,9%
20,4%
31,5%
9,8%
32,2%
13,7%
Salaires
résidentiels
importés
9,3%
10,4%
14,5%
7,3%
9,2%
10,3%
Revenu
Dépenses
basique des
touristes 2001
retraites
22,8%
30,9%
29,1%
25,2%
19,1%
38,4%
20,0%
42,6%
22,1%
46,8%
16,7%
47,9%
Transferts
sociaux
15,3%
10,3%
16,4%
11,3%
9,8%
13,4%
12,8%
Transferts
sociaux
12,1%
13,0%
15,7%
14,0%
15,1%
14,3%
15,3%
10,5%
14,3%
16,0%
15,3%
Transferts
sociaux
13,1%
10,5%
11,4%
14,7%
13,2%
11,7%
16,2%
13,8%
Transferts
sociaux
10,6%
11,7%
9,9%
7,8%
9,5%
7,3%
18
Carte 2
Les pays « productifs » sont des territoires que l’on pourrait autrement qualifier de
« ruraux ». Ils sont situés à la périphérie de la région : Pyrénées Cathares, Haut
Rouergue, Vallée de la Dordogne lotoise, Sidobre monts de la Lacaune, Portes de
Gascogne et Armagnac. Autrement dit, ce sont des pays qui se trouvent faiblement
dépendants de pôles d’emplois urbains et qui dont la population, pour une large part
travaille sur place. Certains pays peuvent apparaître comme composites ; par
exemple, le pays des Portes de Gascogne est partagé entre une partie rurale et
productive et une partie qui se trouve sous influence toulousaine croissante, ce qui
se marque notamment par l’importance des salaires importés dans le revenu entrant,
le plus élevé de ce groupes.
D’autres pays de ce type combinent une forte base productive (relativement à
l’ensemble de l’échantillon) avec d’autres sources de revenus qui « équilibrent » la
base du territoire. C’est par exemple le cas du Haut Rouergue, de la Vallée de la
Dordogne lotoise, et du Sidobre qui, à une base productive honorable ajoutent
d’importants revenus du tourisme (entre 24% et 30% du revenu entrant dans le
territoire). Les Pyrénées Cathares, le Pays de Garonne Quercy Gascogne et celui de
l’Armagnac ajoutent à leur base productive des retraites dont le poids est important
(autour de 30% du revenu entrant).
19
On peut donc distinguer, au sein de ce type, trois sous-groupes :
Productif et périurbanisation en marche (portes de Gascogne)
Productif et tourisme (Haut Rouergue, Dordogne lotoise, Sidobre)
Productif et retraites (Pyrénées Cathares, Garonne Quercy Gascogne,
Armagnac).
La décomposition du revenu productif fait aussi apparaître des spécificités. Haut
Rouergue, Garonne Quercy Gascogne, Portes de Gascogne et Armagnac ont une
forte (relativement à l’échantillon) base agricole, qui peut dépasser 5% du revenu
total (alors que la moyenne des pays est à 1,4%). Les Pyrénées cathares, la Vallée
de la Dordogne lotoise et Le Sidobre ont une base agricole faible mais des revenus
basiques productifs privés important : il s’agit là, on le sait, de territoires dans
lesquels il existe encore des activités industrielle en milieu rural et une population
ouvrière importante.
On trouve donc une géographie humaine et économique ancienne qui distingue des
pays ruraux agricoles de pays ruraux industriels, rejointe par trois phénomènes
contemporains : la périurbanisation, le vieillissement et le tourisme.
Les pays périurbains regroupent les territoires situés à la périphérie des principales
aires urbaines de la région. Dans ce type, sans surprise, se classent les territoires
qui environnent la capitale régionale : Girou Tarn Frontonnais, Lauragais, Cocagne,
Sud Toulousain. Autour des autres villes régionales, on trouve le pays d’Auch, le
Ruthénois, le pays de Tarbes Haute-Bigorre et le pays des coteaux qui
manifestement subit l’influence tarbaise, le pays d’Autan autour de Castres et
Mazamet. Deux pays subissent sans doute une double influence : il s’agit des portes
d’Ariège où se font vraisemblablement sentir les influences superposées de la
métropole toulousaine et de l’aire urbaine de Pamiers ; et du Montalbanais où le
même phénomène se produit entre une périurbanisation sous influence
métropolitaine et une périurbanisation de proximité provenant du chef lieu du Tarnet-Garonne.
Ici aussi, on trouve des sous-types, mais de façon moins marquée que dans le
groupe précédent, comme si la vague de périurbanisation tendait à écraser les
autres sources de revenu.
Certains territoires disposent d’une petite base productive, mais plus faible que celle
du groupe précédent, il s’agit du Ruthénois, du Pays d’Auch et du pays de Cocagne.
Dans deux cas sur trois (Ruthénois et pays d’Auch), la composante agricole
demeure relativement forte (autour de 5% du revenu entrant dans le territoire), alors
que pour le pays de Cocagne, en dépit de son nom, c’est une (très petite) base
productive privée qui subsiste, derniers vestige d’un tissu industriel diffus.
Le deuxième sous-type est composé de pays qui disposent d’une forte base de
retraites : il s’agit des pays des coteaux, de la porte d’Ariège, du Lauragais, du sud
toulousain et de l’Autan. La décomposition des bases productives montre que
pratiquement dans tous les cas, l’activité agricole est résiduelle (en termes de
revenu, sinon en termes d’occupation de l’espace) et que les revenus productifs
20
privés sont très bas. On est donc dans le cas inverse du précédent, celui de la
disparition du système rural antérieur, qu’il ait été agricole ou industriel, nourrissant
de forts bataillons de retraités. Pour partie aussi, il peut s’agir de retraités
« importés » retournant dans leur territoire d’origine ou transformant, au moment du
passage à la retraite, leur résidence secondaire en résidence principale.
Les pays de retraités se caractérisent par un poids des retraites important dans la
base économique. Celles-ci pèsent plus de 30 % des revenus entrant sur le territoire
et sont de loin les revenus dominants. Dans cette catégorie se rangent Le Val
d’Adour, le Comminges, l’Est Quercy, le pays du vignoble gaillacois, le pays de
l’Albigeois.
Dans ce groupe, on trouve des territoires périphériques (Est Quercy et Val d’Adour)
et des territoires « péricentraux », aux marges du cœur métropolitain de la région
(Vignoble gaillacois, Albigeois, Comminges. Ces territoires présentent des soldes
migratoires positifs mais peu élevés : ils sont donc plutôt marqué par le vieillissement
sur place de la population, même s’il ne faut pas exclure une petite attractivité
périurbaine au moment du passage à la retraite.
On trouve trois sous-types dans cette catégorie :
Des pays dont la base combine des pensions de retraites avec des revenus
touristiques honorables : le Comminges et l’Est Quercy (il faut savoir que le
pays du Comminges comprend plusieurs stations pyrénéennes sur son
territoire et qu’il s’agit donc d’un pays très composite unissant un piémont
vieillissant à une montagne fortement marquée par l’activité touristique).
Des pays qui disposent d’une base productive relativement élevée, Val
d’Adour et Vignoble gaillacois, dans les deux cas, liés à une activité agricole
maintenue.
Un pays, l’Albigeois, qui combine les retraites avec des salaires résidentiels
importés, liés au desserrement de l’aire urbaine d’Albi.
Les pays touristiques enfin sont pratiquement en totalité situés dans les Pyrénées :
Foix haute Ariège, Nestes, Couserans, Vallée des Gaves ; à quoi s’ajoutent le pays
Bourian dans le Lot et les monts et lac du Levezou, en Aveyron. On ne peut pas
parler véritablement de sous-type, même si dans les monts et lac du Levezou on
trouve une base productive relativement importante (de l’ordre de 20% du revenu
entrant) et dans le pays Bourian un poids relatif fort des pensions de retraites (près
de 30%). Cependant tout se passe comme si l’activité touristique dominait tellement
(pour certains pays pyrénéens, elle atteint 50 % du revenu entrant) qu’elle écrasait
les autres sources de revenus.
21
Tableau 2 : typologie détaillée des pays de Midi-Pyrénées
Composante
basique dominante
Sous-types
Productif périurbanisé
Productif touristique
Productif
Productif et retraités
Périurbain pur
Périurbain touristique
Périurbain productif
Périurbain
Périurbain et retraités
Retraités et périurbanisation
Retraites
Retraités et productif
Retraités et tourisme
Tourisme pur
Touristique
Tourisme et retraités
Tourisme et productif
Pays
Portes de Gascogne
Haut Rouergue
Dordogne lotoise
Sidobre
Pyrénées Cathares
Garonne Quercy Gascogne
Armagnac
Girou Tarn Frontonnais
Montalbanais
Tarbes Haute Bigorre
Ruthénois
Pays d’Auch
Coteaux
Porte d’Ariège Pyrénées
Cocagne
Lauragais
Sud Toulousain
Autan
Albigeois et bastides
Midi-Quercy
Rouergue occidental
Val d’Adour
Vignoble Gallacois, Bastides et Val Dadou
Comminges
Est Quercy
Foix Haute Ariège
Nestes
Couserans
Vallée des gaves
Bourian
Monts et lacs du Levezou
Une lecture historique et géographique
Cette typologie correspond à une lecture géographique et peut-être historique.
Le type périurbain est le plus nombreux. Le type dominé par les retraités est le plus
souvent combiné avec un autre pilier économique : salaires importés, tourisme ou
permanence d’une base productive. Globalement, le type périurbain et le type
productif s’excluent mutuellement : on ne rencontre pratiquement pas de pays
productif qui dispose d’un volume important de salaires importés (hormis portes de
Gascogne) ; seuls deux pays périurbains sur onze disposent d’une activité
productive (Ruthénois et pays d’Auch).
Le type touristique est celui qui se rencontre le plus souvent à l’état pur : l’économie
de la montagne est totalement dépendante du tourisme ; la base productive a
22
disparu et elle n’est pas sous influence urbaine, du moins pour ce qui concerne les
navettes domicile-travail.
Au plan géographique, les quatre catégories forment, dans l’espace régional, un
système en couronnes : la grande périphérie régionale est soit productive, soit
touristique ; le cœur du système régional est composé, sans surprise, de pays
périurbains ; entre les deux, se glissent des pays plutôt spécialisés dans l’accueil de
retraités.
Evidemment, ce schéma est… schématique, en ce sens qu’il souffre de nombreuses
exceptions et notamment celle-ci que la géographie des catégories de pays n’est pas
si nette et continue qu’il l’indique. Mais il décrit une tendance, qui correspond peutêtre à un processus historique :
Les espaces sous influence urbaine, liés au formidable desserrement des
ménages et à l’étalement résidentiel des années 1980 à 2000.
Les espaces relativement autonomes, au moins au plan résidentiel qui
fondent leur développement sur leurs propres forces (productives ou
touristiques).
Les espaces interstitiels, pas encore gagnés par la périurbanisation mais ne
disposant plus de base autonome (ou d’atouts spécifiques) qui forment une
sorte de ceinture grise autour du cœur métropolitain.
Une des questions, que l’on ne sait pas résoudre pour l’instant, est de savoir si cette
structure est stable ou si elle correspond à des phases de transition vers un modèle
unique. On ne peut pas s’empêcher de penser à un processus d’incorporation
métropolitaine qui agit dans trois dimensions : l’étalement des actifs, le retour des
retraités dans les espaces ruraux en limite de périurbanisation, la spécialisation de
certains territoires périphériques dans la consommation touristique. Les pays
productifs sont ceux qui n’ont pas (encore ?) été transformés par ces trois
phénomènes : étalement résidentiel, mobilité des retraités, développement du
tourisme et des loisirs.
Quel impact de la base économique sur les fondamentaux des pays ?
Dans cette partie, on s’interroge sur l’effet de la base économique sur les indicateurs
de « bonne santé » des territoires étudiés. Autrement dit, existe-t-il des pays dont la
composition basique est plus ou moins amicale avec la croissance du revenu et celle
de l’emploi ? Existe-t-il une formule « magique » du développement local qui
permettrait de transformer le revenu en demande, et la demande en emploi.
La démographie
Tableau 3 : démographie et solde migratoire des cadres et des retraités
23
Variation de
population
1975-99
Armagnac
Garonne-Quercy-Gascogne
Haut Rouergue en Aveyron
Portes de Gascogne
Pyrénées Cathares
Sidobre Monts de Lacaune
Vallée de la Dordogne lotoise
Auch
Autan
Cocagne
Coteaux
Girou-Tarn-Frontonnais
Lauragais
Montalbanais
Portes d'Ariège-Pyrénées
Ruthenois
Sud Toulousain
Tarbes et Haute Bigorre
Albigeois et Bastides
Cahors et sud du Lot
Comminges
Est Quercy
Midi-Quercy
Rouergue Occidental
Val d'Adour
Vign. Gaillac. Bastides et Val Da
Bourian
Couserans
Foix Haute-Ariège
Monts et Lacs du Levezou
Nestes
Vallées des Gaves
Ensemble des pays
-10%
7%
-6%
3%
-7%
-14%
4%
8%
8%
16%
-3%
74%
26%
32%
10%
3%
33%
11%
-9%
13%
-6%
-6%
13%
-10%
-1%
5%
12%
-10%
11%
-4%
-9%
2%
6%
Variation de
population % solde cadres
1990-99
-3%
1%
-3%
2%
-6%
-5%
3%
2%
1%
6%
-2%
19%
11%
9%
5%
1%
9%
2%
-4%
4%
-3%
-3%
3%
-3%
-2%
3%
7%
2%
5%
-2%
-2%
1%
2%
-5%
-4%
4%
13%
0%
-19%
20%
13%
-5%
38%
8%
42%
35%
22%
20%
5%
15%
13%
12%
22%
13%
8%
16%
3%
-3%
8%
17%
10%
1%
-5%
-11%
9%
13%
% solde
retraités
3%
4%
11%
4%
2%
2%
12%
3%
1%
6%
4%
6%
9%
6%
6%
6%
6%
4%
3%
13%
6%
6%
7%
6%
5%
3%
16%
10%
9%
2%
6%
6%
6%
L’étude de la démographie 3 (tableau 3) fait apparaître une relative régularité de
comportement par type de pays. De nombreux pays accusent une baisse de
population entre 1975 et 1999. C’est dans la catégorie « périurbain » qu’apparaît le
plus grand dynamisme démographique, ce que confirme la carte des soldes
migratoires (carte 3). Celle-ci fait en outre apparaître une sorte d’axe central régional
d’attractivité résidentielle, lié sans doute en partie à l’accessibilité, routière
notamment. Parmi les pays périurbains, celui des coteaux fait exception, dans la
mesure où il accuse un recul : il se comporte vraisemblablement comme Tarbes,
dont il dépend largement pour les emplois de ses actifs résidants.
3
L’étude de la démographie est malheureusement limitée au dernier recensement, les informations
dont on dispose étant pour l’instant trop fragmentaires.
24
Carte 3
Les autres pays accusent soit une baisse, soit un dynamisme moindre que la
moyenne des pays. C’est particulièrement net pour les pays productifs qui
pratiquement tous perdent de la population entre 1975 et 1999. Les tendances ne
changent pas vraiment lorsque l’on regarde une période plus courte (1990-1999).
Certains pays connaissent un regain d’attractivité (c’est le cas par exemple du pays
Vignoble gaillacois, bastide et val Dadou, sans doute du fait de a poussée
toulousaine. Inversement, des pays résidentiels sont à leur tour touchés par
l’évolution des aires urbaines proches : par exemple le pays d’Autan qui subit sans
doute les contrecoups de l’essoufflement de Castres et de Mazamet et du pays
Tarbes et Haute-Bigorre qui subit le ralentissement tarbais.
La décomposition du solde migratoire en grandes catégories confirme la spécificité
des territoires. Les pays productifs perdent des cadres, si l’on excepte les très
remarquables performances des portes de Gascogne (où l’on retrouve le caractère
composite du pays) et surtout de la Vallée de la Dordogne lotoise, dont on verra
qu’elle est le seul véritable pôle d’emplois de la région, en dehors des pôles urbains.
Ces pays perdent aussi des retraités, ou du moins se révèlent notoirement moins
attractifs que d’autres. Ces deux phénomènes confirment les caractéristiques rurales
de ces territoires, hors de l’influence métropolitaine, qu’il s’agisse du logement des
cadres ou de celui des retraités.
Inversement, les pays périurbains, s’ils n’attirent pas plus de retraités que la
moyenne (avec néanmoins l’exception du Lauragais) sont très attractifs pour les
cadres. Ce sont les pays jouxtant la métropole régionale qui obtiennent les scores
25
les plus élevés : Cocagne, Lauragais, Girou-Tarn-Frontonnais, Montalbanais et
Portes d’Ariège-Pyrénées.
Les pays de retraités se spécialisent dans… l’accueil de retraités : ce sont eux qui,
presque systématiquement, obtiennent les scores supérieurs à la moyenne des
pays, même si certains territoires dans d’autres catégories apparaissent attractifs
eux aussi (Bourian, Vallée de la Dordogne lotoise, etc.)
Enfin, les pays touristiques présentent un profil d’attractivité similaire à celui des pays
productifs : ce n’est pas parce que leur économie dépend de la consommation
urbaine que, pour autant, ils en attirent fortement la population.
L’étude des soldes migratoires fait ainsi apparaître une attractivité différenciée. Lors
de la dernière période intercensitaire, les cadres ont crû plus vite que les retraités, ce
que l’on retrouve pour tous les pays. Mais, tendanciellement, ces deux catégories
semblent s’exclure, ou du moins privilégier des territoires d’accueil différents.
Les revenus 4 et la cohésion sociale
L’ensemble des pays est pauvre, relativement à la moyenne de province : en prenant
100 comme indice de base pour la province en 2000, l’ensemble des pays atteint 93.
Cependant, l’écart s’est resserré entre 1990 et 2000, témoignant d’un rattrapage que
l’on constate dans l’ensemble des territoires ruraux.
Graphique 1
4
On étudie les revenus jusqu’en 2000, alors même que l’on dispose de séries plus récentes, pour les raisons
exposées précédemment. Le ratio pertinent pour les comparaisons est le revenu moyen par habitant ; pour le
calculer, il faut connaître un chiffre de population, ce dont on ne dispose pas pour la totalité du territoire au
moment où l’on écrit ces lignes.
26
Revenu par habitant 2000 et variation du taux de
pauvreté 1996-2000
10,0%
5,0%
Perte de
cohésion
Décrochage
0,0%
Pays productifs
Pays périurbains
-5,0%
Pays de retraités
Pays touristiques
-10,0%
-15,0%
Enrichissement
Gains de cohésion
-20,0%
80
85
90
95
100
105
110
Revenu par habitant (base 100 = province 2000)
Le graphique 1 compare la variation du taux de pauvreté entre 1996 et 2000 au
niveau de revenu par habitant en 2000 (en indice 100 par rapport à la moyenne de
province). Il fait apparaître quatre types :
−
Les pays en décrochage, dont le revenu moyen est inférieur à celui de
l’ensemble des pays et où le taux de pauvreté augmente, ou diminue moins
vite que la moyenne des pays, entre 1996 et 2000.
−
Les pays qui tout en montrant un revenu moyen inférieur à l’ensemble des
pays, connaissent un « gain » de cohésion (le taux de pauvreté diminue entre
1996 et 2000).
−
Les pays en perte de cohésion : le revenu augmente, mais la pauvreté
diminue moins vite que pour l’ensemble des pays.
−
Les pays qui s’enrichissent globalement ; le revenu par habitant augmente, et
le taux de pauvreté recule fortement.
Les pays sont assez également répartis entre les catégories, et l’on trouve tous les
types de pays dans chacune. Autrement dit, le profil (productif ou résidentiel) ou la
composante résidentielle dominante ne suffit pas à expliquer la situation économique
et sociale.
27
Classement des pays selon les indicateurs de revenu et de cohésion
Décrochage
Perte de cohésion
Gains de cohésion
Couserans
Rouergue Occidental
Sidobre Monts de
Lacaune
Lauragais
Cahors et sud du Lot
Vign. Gaillac. Bastides et
Val Dadou
Coteaux
Val d’Adour
Pyrénées Cathares
Garonne-QuercyGascogne
Montalbanais
Portes d’AriègePyrénées
Monts et Lacs du
Levezou
Midi-Quercy
Sud Toulousain
Comminges
Haut Rouergue en
Aveyron
Cocagne
Ruthenois
Auch
Bourian
Foix Haute-Ariège
Armagnac
Vallées des Gaves
Albigeois et Bastides
Enrichissement
Tarbes et Haute
Bigorre
Nestes
Girou-TarnFrontonnais
Est Quercy
Vallée de la
Dordogne lotoise
Portes de Gascogne
−
Dans les pays en « décrochage », on trouve manifestement les pays
industriels en grande difficulté de reconversion : Sidobre et Monts de
Lacaune, Pyrénées Cathares et Garonne-Quercy-Gascogne. On trouve aussi
des pays « touristiques » comme le Couserans et les Monts et Lacs du
Levezou, dont on peut penser que l’économie touristique ne garantit pas un
apport significatif de revenus. On trouve encore deux pays de retraités voisins,
Midi-Quercy et Rouergue occidental.
−
Les pays en « perte de cohésion » connaissent un apport de revenus externes
(salaires importés, retraites, ou tourisme) dont l’apport ne permet pas,
manifestement, de réduire les écarts sociaux. On peut se demander même s’il
ne contribue pas à les accroître. Une figure plausible serait la dualisation du
territoire entre des « nouveaux » disposant d’un revenu supérieur, et des
« anciens » dont le revenu est plus bas, sans que la présence des premiers
ne bénéficie aux seconds. Il est frappant de constater qu’aucun pays
productif ne figure dans cette catégorie de perte cohésion. En revanche,
quatre pays « périurbains » sur 10 figurent dans cette catégorie, notamment
les pays du pourtour toulousain, ce qui peut correspondre au phénomène
esquissé ci-dessus.
−
Les pays en gains de cohésion sont ceux dans lesquels l’apport de revenus
extérieurs, qu’ils soient d’ordre productif ou résidentiel contribue à réduire les
écarts sociaux. Il est évident que la seule analyse par la nature des revenus
ne suffit pas à rendre compte des raisons pour lesquelles les écarts sociaux
se réduisent.
28
−
Les pays qui s’enrichissent sont à la fois des pays touristiques bien dotés
(Nestes, mais aussi Tarbes et Haute-Bigorre qui bénéficie de l’apport de
revenus « importés » de Tarbes et d’importants revenus du tourisme
pyrénéen) ; un pays périurbain (Tarn et Girou), un pays de retraités (Est
Quercy), mais surtout deux pays productifs (Dodogne lotoise et portes de
Gascogne) ? Dans ces deux derniers pays, le revenu productif est important,
mais il s’appuie aussi sur un autre pilier (salaires importés pour les Portes de
Gascogne et tourisme pour la vallée de la Dordogne lotoise). Il est
vraisemblable que « l’enrichissement » correspond à deux mécanismes
différents : l’apport de ménages à fort revenu (comme dans le cas de Tarn et
Girou), le développement économique (comme dans le cas de la Dordogne
lotoise).
Tableau 4
Revenu par
Variation du
Variation
habitant par
taux de
revenu par
rapport à la
habitant 1990- pauvreté 1996province (base
2000
2000
100 en 2000)
Armagnac
Garonne-Quercy-Gascogne
Haut Rouergue en Aveyron
Portes de Gascogne
Pyrénées Cathares
Sidobre Monts de Lacaune
Vallée de la Dordogne lotoise
Auch
Autan
Cocagne
Coteaux
Girou-Tarn-Frontonnais
Lauragais
Montalbanais
Portes d'Ariège-Pyrénées
Ruthenois
Sud Toulousain
Tarbes et Haute Bigorre
Albigeois et Bastides
Cahors et sud du Lot
Comminges
Est Quercy
Midi-Quercy
Rouergue Occidental
Val d'Adour
Vign. Gaillac. Bastides et Val Da
Bourian
Couserans
Foix Haute-Ariège
Monts et Lacs du Levezou
Nestes
Vallées des Gaves
Ensemble des pays
18%
19%
31%
28%
18%
20%
19%
29%
16%
27%
36%
21%
23%
22%
24%
35%
22%
19%
25%
27%
27%
43%
19%
33%
26%
21%
14%
33%
19%
34%
21%
20%
24%
-7,6%
-2,3%
-9,6%
-8,9%
-2,5%
-4,6%
-9,1%
-9,4%
8,1%
-4,9%
-12,1%
-13,0%
-6,3%
-1,9%
-1,1%
-4,6%
-5,2%
-15,2%
-6,8%
-6,3%
-10,1%
-10,6%
2,1%
-4,7%
-11,8%
-5,8%
-8,7%
-5,3%
-4,5%
-0,4%
-13,6%
-3,3%
-6,4%
90
88
91
94
91
88
95
91
93
98
91
107
95
92
86
95
97
101
90
96
93
94
88
89
89
94
92
83
95
86
94
98
93
29
Carte 4
Carte 5
30
Carte 6
Il faut cependant nuancer ce jugement : tout dépend qui vient peupler les pays
périurbains. Ce n’est pas l’arrivée de populations riches qui provoque des écarts de
revenus, mais d’autres causes (peut-être l’arrivée de populations pauvres), comme le
montre le graphique 2. L’arrivée de cadres est plutôt bien corrélée avec le recul du
taux de pauvreté dans les pays périurbains.
Graphique 2
Gentrification et cohésion
Variation du taux de pauvreté (19962000)
10,0%
5,0%
Productif
0,0%
Périurbain
Retraités
-5,0%
Touristique
-10,0%
Linéaire (Périurbain)
-15,0%
-20,0%
-40%
-20%
0%
20%
40%
60%
Solde m igratoire des cadres (1990-1999)
31
Un seul pays périurbain a connu une augmentation du taux de pauvres, en même
temps qu’une diminution très importante des cadres : il s’agit du pays d’Autan, situé
autour de Mazamet et qui subit les contrecoups des difficultés de l’aire urbaine.
Au total, les gains ou les pertes en termes de revenu et de cohésion apparaissent
relativement contrastés. On peut néanmoins conclure ceci que :
Les pays « périurbains » est la catégorie où l’on trouve des situations sociales
potentiellement tendues, qui se traduisent notamment par une perte en
cohésion (moindre diminution du taux de pauvreté et variation positive du
revenu).
Les pays de retraités sont ceux où l’on trouve à l’inverse le plus de territoires
qui connaissent des gains de cohésion (variation positive du revenu et recul
de la pauvreté par rapport à la moyenne des pays).
Les pays périurbains connaissent certainement des situations contrastées, qu’il
faudrait étudier plus finement, où se juxtaposent des ménages aisés (cf. l’attractivité
de ces territoires pour les cadres) et des ménages pauvres, dont on ne sait s’il s’agit,
pour ces derniers de pauvres « de souche » ou de pauvres « importés ». Les pays
spécialisés dans les retraités paraissent eux plus homogènes, peut-être du fait de
leur moindre attractivité ; c’est dans cette catégorie que l’on trouve la plupart des
pays qui connaissent simultanément une baisse du taux de pauvreté et un
accroissement du revenu : Albigeois et Bastides, Comminges, Est Quercy, Val
d’Adour.
32
L’emploi
Tableau 5
Variation de
l'emploi
salarié privé Emplois sur
actifs 1990
1993-2003
(base 100 en
1993)
Armagnac
19%
96%
Garonne-Quercy-Gascogne
16%
92%
Haut Rouergue en Aveyron
20%
92%
Portes de Gascogne
37%
87%
Pyrénées Cathares
3%
99%
Sidobre Monts de Lacaune
-4%
98%
Vallée de la Dordogne lotoise
34%
102%
Auch
38%
74%
Autan
-16%
84%
Cocagne
36%
79%
Coteaux
17%
63%
Girou-Tarn-Frontonnais
39%
52%
Lauragais
33%
68%
Montalbanais
32%
68%
Portes d'Ariège-Pyrénées
22%
70%
Ruthenois
31%
72%
Sud Toulousain
20%
67%
Tarbes et Haute Bigorre
27%
81%
Albigeois et Bastides
9%
75%
Cahors et sud du Lot
40%
70%
Comminges
14%
76%
Est Quercy
14%
82%
Midi-Quercy
20%
79%
Rouergue Occidental
26%
80%
Val d'Adour
47%
79%
4%
88%
Vign. Gaillac. Bastides et Val Da
Bourian
38%
82%
Couserans
19%
68%
Foix Haute-Ariège
10%
72%
Monts et Lacs du Levezou
28%
81%
Nestes
24%
100%
Vallées des Gaves
26%
77%
Ensemble des pays
22%
80%
Emplois sur
actifs 1999
94%
88%
90%
83%
97%
100%
103%
67%
71%
74%
58%
48%
66%
63%
68%
70%
60%
80%
71%
68%
76%
73%
78%
78%
79%
81%
79%
62%
68%
73%
102%
75%
76%
Variation
population
Variation de la
Part des
Part des
active
population
femmes
femmes
occupée
active occupée dans pop
dans pop
1990-1999
act occ 1990 act occ 1999 féminine
1990-99
-2%
40%
44%
8%
-3%
39%
42%
5%
3%
39%
42%
11%
2%
40%
43%
10%
-7%
40%
43%
-1%
-8%
37%
40%
-1%
6%
41%
45%
16%
2%
40%
44%
12%
3%
41%
42%
5%
5%
41%
44%
12%
-2%
42%
43%
2%
20%
40%
44%
32%
16%
40%
43%
27%
11%
40%
43%
20%
6%
39%
43%
16%
7%
39%
43%
19%
13%
40%
43%
22%
2%
42%
45%
11%
2%
41%
44%
10%
4%
42%
45%
11%
-4%
40%
43%
3%
-1%
40%
43%
5%
3%
41%
43%
10%
2%
39%
43%
14%
0%
39%
43%
9%
-2%
42%
43%
1%
2%
42%
44%
7%
5%
40%
43%
12%
14%
40%
43%
23%
7%
36%
41%
20%
-3%
41%
46%
7%
5%
41%
44%
14%
3%
42%
44%
12%
Variation de l’emploi total
Entre 1993 et 2003, les emplois salariés privés 5 augmentent dans tous les pays, sauf
dans le Sidobre et, de façon dramatique (-16%), dans le pays d’Autan. Certains pays
affichent des performances remarquables, comme la vallée de la Dordogne lotoise
(+34%), le pays d’Auch, le pays de Cocagne, Cahors et sud Lot (+40%), le Val
d’Adour (+40%) et le pays Bourian (+ 38%). La lecture du tableau 5 fait apparaître
une certaine régularité, au moins s’agissant des pays périurbains : c’est là que
l’emploi salarié progresse le plus vite ; du moins, sur 17 pays qui connaissent une
croissance de l’emploi privé plus rapide que l’ensemble, 8 font partie de la catégorie
périurbain. On a là une confirmation des effets d’entraînement des revenus
résidentiels, d’autant que cette croissance de l’emploi s’accompagne d’une variation
5
On utilise les données de l’UNEDIC, qui recense l’emploi salarié privé, de façon à disposer
d’informations plus récentes que celles données par le recensement de 1999.
33
positive de la population active occupée (entre 1990 et 1999). Quatre pays
touristiques sur 6 connaissent aussi une croissance de l’emploi salarié privé au cours
de la même période, ce qui n’est le cas que de 3 pays de retraités sur 8 et deux pays
productifs sur 7.
Carte 7
Variation de la population active
L’étude des variations de la population active fait apparaître de nets contrastes : elle
est en recul absolu ou relatif dans la plupart des pays productifs de retraités, alors
qu’elle progresse dans presque tous les pays résidentiels et les pays touristiques. Le
recul de la population active dans les pays de retraités n’est pas une surprise, dans
la mesure où ils se spécialisent, on l’a vu, dans l’accueil d’inactifs. Elle est
évidemment plus préoccupante dans les pays productifs, où elle doit être mise en
relation avec la baisse globale de population et un solde migratoire plutôt plat : les
pays productifs continuent de perdre de la population et une partie de leur substance
(ce qui correspond, notamment dans le secteur agricole, à une concentration des
exploitations). La population active occupée féminine augmente dans pratiquement
tous les pays résidentiels et dans la plupart des pays touristique.
L’un des principaux facteurs discriminants, comme le montre la carte 8 réside dans la
mobilisation de la population active féminine : elle décrit le même axe central que
celui du solde migratoire et paraît la plus forte dans les pays limitrophes de l’aire
urbaine centrale. Elle contraste nettement avec la carte 9 qui montre que l’on trouve
les plus fort taux de population active féminine plutôt en périphérie, et dans les pays
« productifs ».
34
Carte 8
Carte 9
35
La transformation de la population active ne semble pas, pour l’instant remettre en
cause la géographie des pôles d’emplois. Globalement, les pays sont déficitaires en
emplois : le nombre total d’emplois en 1999 ne représentait que 80 % de celui des
actifs occupés. Au-delà, on distingue nettement deux types : les pays productifs
apparaissent plutôt comme des pôles d’emploi, avec des taux d’emplois supérieurs à
la moyenne des pays (mais tous, hormis la Dordogne lotoise et le Sidobre, inférieurs
à 100 %) ; les pays résidentiels ont des taux d’emploi très bas, parmi les plus bas de
l’ensemble. Il est à noter, qu’entre 1990 et 1999, la quasi-totalité des pays voit son
taux d’emploi se dégrader, il passe pour l’ensemble de 80% à 76%, alors que la
population active progresse de 3 points. Ce phénomène est significatif du processus
de dissociation entre les actifs et les emplois, ces derniers se concentrant dans les
aires urbaines, alors que la population continue d’occuper l’espace.
Graphique 3
Polarités et variation de l'emploi
Variation de l'emploi salarié privé 19932003
50%
40%
30%
Productif
20%
Résidentiel
10%
Retraités
Tourisme
0%
-10%
-20%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
Taux d'em ploi en 1999
Le graphique 3 décrit bien ce phénomène : dans l’ensemble, les territoires productifs
ont des taux d’emplois largement supérieurs à la moyenne des pays ; mais dans
l’ensemble aussi, c’est dans la catégorie « productif » que l’on trouve le plus de pays
dont le rythme de création d’emplois est largement au-dessous de la moyenne des
pays. Ils perdent leur position relative.
Inversement, ce sont les territoires périurbains qui ont les taux d’emplois parmi les
plus faibles qui connaissent la progression la plus forte. Les territoires touristiques
sont dans une situation plutôt favorable vis-à-vis de l’emploi, alors qu’ils ne sont pas
pôles d’emploi, tandis que les territoires de personnes âgées ne présentent pas de
comportement spécifique : ils sont à la moyenne des pays pour le taux d’emploi et se
dispersent sur l’axe s’agissant de la croissance de l’emploi.
36
L’une des explications de ce processus peut se trouver dans le rapport entre taux
d’emploi et population active, illustrée par le graphique 4.
Graphique 4
Polarisation de l'emploi et évolution de la population active
Variation population active 1990-1999
25%
20%
15%
Productif
10%
Résidentiel
Retraités
5%
Tourisme
0%
-5%
-10%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
Taux d'em ploi en 1999
C’est dans la catégorie des pays productifs, dont le taux d’emploi est le plus élevé
par rapport à la moyenne de l’échantillon, que l’on trouve le plus grand nombre de
pays qui connaissent un recul de leur population active (ce qui, au fond, n’a rien de
surprenant et confirme les données démographiques générales). La catégorie des
pays périurbains se comporte exactement à l’inverse : son taux d’emploi ne
progresse pas, il régresse même entre 1990 et 1999, mais c’est là que la population
active augmente le plus. Les pays touristiques semblent claquer leur comportement
sur celui des pays périurbains, alors que les pays de retraités se regroupent au
centre de l’échantillon.
37
Les trajectoires résidentielles des pays en Midi-Pyrénées
L’analyse des pays de Midi-Pyrénées à travers l’approche des revenus montre que
leur économie est plus diverse qu’on ne pourrait le croire. Certes, partout, les
revenus résidentiels dominent. Mais, d’une part, la composition de ces revenus est
plus diverse et montre des pays qui sont plutôt alimentés par des salaires de
migrants alternants (périurbains), d’autres par des pensions (retraités), d’autres
encore par les revenus du tourisme (tourisme). D’autre part, il existe un nombre
important de pays qui conservent une base productive honorable, essentiellement
situés aux marges de la région.
Certaines tendances d’évolutions sont communes à l’ensemble des pays : la plupart
connaissent une croissance du revenu qui leur permet de combler l’écart avec la
moyenne de province ; la plupart connaissent une variation positive de l’emploi
salarié privé ; la quasi-totalité voit se dégrader son taux d’emploi, témoignant du
processus généralisé de dissociation des emplois et des actifs.
Au-delà de ces grandes tendances, les évolutions des pays divergent, largement en
fonction des types.. A cet égard, deux catégories s’opposent clairement : la catégorie
productif et la catégorie périurbain. Le type productif a un taux d’emploi supérieur à
la moyenne de l’échantillon, mais perd des points, relativement à l’ensemble des
pays, en matière d’emplois, de revenu et surtout de population active. Au sein de ce
type, un seul pays paraît tirer ô combien, son épingle du jeu : il s’agit de la Vallée de
la Dordogne lotoise (la fameuse « mechanic valley ») qui semble connaître un
enchaînement vertueux : recul de la pauvreté, maintien du revenu à un indice
supérieur à la majorité des pays, progression de l’emploi et de la population active,
amélioration du taux d’emploi, etc.
Le type périurbain connaît à la fois une croissance de la population, de l’emploi et de
la population active (très largement tirée par la croissance de la population active
féminine), une dégradation du taux d’emploi et pourtant, dans 7 pays sur 11, une
diminution du taux de pauvreté moindre que l’ensemble de l’échantillon. C’est dans
ces pays que le processus de « gentrification » est le plus manifeste, mesuré au
solde migratoire très positif des cadres. Cette diversité d’indicateurs témoigne d’une
situation sans doute mouvante, qui invite à analyser de plus près.
Le type « retraités » se manifeste par une spécialisation croissante dans cette
catégorie, ce qui se traduit par des variations très faibles, voire négatives de la
population active occupée ; dans 5 pays de ce type sur 8, l’évolution de l’emploi
salarié privé suit un rythme inférieur à l’ensemble des pays, alors que la situation du
revenu s’améliore presque partout plus vite que pour l’ensemble des pays. Il s’agit
bien de territoires dans lesquels l’argent des retraites améliore la condition des
habitants, mais n’a que peu d’effet, contrairement à ce qui se passe dans la plupart
des pays périurbains, sur l’emploi : il est possible que les retraités, et
particulièrement les nouveaux ne consomment pas systématiquement dans leur lieu
de résidence, à la différence des actifs du périurbain.
Le type « touristique » regroupe des pays dont la plupart connaît une croissance
démographique faible, voire négative, qui sont très peu attractifs pour les cadres et
38
un peu plus pour les retraités (4 pays sur 6). Il s’agit là d’une autre forme d’économie
résidentielle, qui pour l’instant n’attire pas de résidents permanents, mais dont les
performances en termes d’emplois sont, hormis pour les pays ariégeois (Couserans
et Foix Haute Ariège), plutôt bonnes : le tourisme ne permet pas d’attirer de la
population, en revanche, il permet de « fixer » la population active (voire dans
certains cas, de participer de son augmentation par mobilisation de la main d’œuvre
féminine).
39
4. La prise en compte des enjeux de l’économie résidentielle par
les pays
Les pages qui suivent rendent compte d'une enquête rapide réalisée auprès de
techniciens responsables des structures de Pays. L'objectif était de compléter les
analyses à caractère statistique conduites au cours de la première partie de l'étude
par une appréciation :
de la manière dont l'enjeu de l'économie résidentielle est perçu et évalué dans les
diagnostics des Pays sur leur territoire,
et comment ils déterminent concrètement, le cas échéant, le contenu de la stratégie
et des actions de développement territorial.
Ces enquêtes ne visaient pas à dresser une vision d'ensemble des politiques de
développement conduites par les Pays, ni à les comparer entre elles. On s'est
attaché à situer la notion et les mécanismes de l'économie résidentielle dans les
démarches de réflexion des Pays et dans leurs programmes d'action ; ce faisant, de
nombreux volets de l'action locale n'ont pas été abordés et sont exclus de cette
présentation.
En accord avec le SGAR, 8 Pays ont été sélectionnés, répartis entre plusieurs
catégories de la typologie établie en première partie de l'étude :
Albigeois – Bastides
Armagnac
Bourian
Lauragais
Midi Quercy
Pyrénées cathares
Ruthénois
Vallées des Gaves
On indique d'abord rapidement quelques remarques générales qui ressortent
directement de l'enquête.
Chaque Pays fait ensuite l'objet d'un compte-rendu qui comprend :
40
Un rappel de la structure de la base économique (calculée, rappelons-le, sur la partie
du territoire hors agglomération urbaine, lorsqu'il en existe une) et de la position du
Pays dans la typologie établie dans la première phase de l'étude,
Une brève description du territoire destinée à situer le contexte pour éclairer les
résultats de l'enquête : par facilité, on a purement et simplement reproduit ici le
"portrait" du Pays disponible dans l'Atlas des Territoires (site Web de la Préfecture
de Région) 6 ,
Le compte rendu proprement dit de l'enquête auprès des responsables techniques
des Pays.
Les éléments les plus marquants que l'enquête met en évidence sont les suivants :
La connaissance de la notion d'économie résidentielle et de son intérêt pour
l'analyse et la construction stratégique est très inégale. Une partie des interlocuteurs
est peu familiarisée avec cette notion dont la compréhension n'est pas évidente, non
plus que l'application opérationnelle. Il faut signaler que le qualificatif de "résidentiel"
se prête à des interprétations restrictives, tendant à réduire le champ de l'économie
résidentielle au domaine des services résidentiels de proximité (le "gisement
d'emplois" des services domestiques).
Les interlocuteurs les plus avertis ont été "branchés" sur l'économie résidentielle par
des opportunités : les réflexions conduites pour la préparation de l'inter SCOT de
Toulouse, un séminaire de formation d'agents de développement... Mais la
découverte de cette notion est toujours récente et postérieure à l'établissement des
Chartes de Pays : lorsqu'elle est explicitement prise en compte, c'est pour l'instant au
niveau de la réflexion, les actions qui pourraient en découler étant encore en
recherche. C'est pourquoi on verra qu'au niveau opérationnel, les projets et actions
des Pays procèdent le plus souvent d'une valorisation "implicite" d'une économie
résidentielle installée par les faits plus que par intention.
La prise en compte de l'économie résidentielle dans les stratégies peut s'analyser,
de façon générale, comme s'organisant autour de deux objectifs non réductibles l'un
à l'autre : d'une part, ce qui poursuit l'objectif d'augmenter le volume des revenus
6
Il convient de rappeler que les textes de ces "portraits" (insérés plus loin dans les encadrés), sont
protégés par le copyright : ©2005 Cirus-CIEU et que leur reproduction est interdite. S'agissant ici d'un
document d'étude à l'usage de la Préfecture de Région, on a pris, par facilité, la liberté d'emprunter
ces textes plutôt que de renvoyer les lecteurs à la consultation du site Web de la Préfecture de Région
; la question devrait être, par contre, posée si ce document était diffusé ou édité.
41
installés sur le territoire, autrement dit le volume du pouvoir d'achat local venant de
l'extérieur ; d'autre part, la redistribution de ces revenus dans le territoire, ce qui
implique le développement d'une offre de services marchands adaptée à chaque
sous marché. La plupart des stratégies de Pays ne se préoccupent que du premier
volet – schématiquement, faire venir des gens – négligeant ainsi le second qui est
indispensable pour concrétiser les flux économiques à partir du potentiel créé par le
premier.
Sur le terrain, l'économie résidentielle est loin d'apparaître comme la panacée. Car,
si la présence de porteurs de revenus crée une opportunité pour de l'activité
économique, encore faut-il que cette présence ne coûte pas plus qu'elle ne rapporte.
Or, les distorsions de temporalité entre les coûts induits et les recettes induites,
certains contextes économiques ou territoriaux qui créent une évasion de la
consommation, ou encore une attractivité qui fait venir des populations à revenus
faibles pour un coût d'accueil analogue à celui des riches… autant de situations où le
bilan de l'économie résidentielle peut s'avérer négatif.
Cette remarque montre que les territoires auraient besoin, au delà d'un
apprentissage du concept lui-même, d'outils d'analyse (prévisionnelle ?) permettant
de mettre en balance les plus et les moins, ainsi que de données d'observation sur
l'évolution locale des bases.
Enfin, l'enquête montre à l'évidence que le concept de l'économie résidentielle ne se
cantonne pas aux flux et échanges financiers. Le concept, en devenant opératoire,
doit être "généralisé" pour intégrer les diverses composantes de la réalité et des
stratégies locales. Il s'avère en effet que les bases des "apports" induits par la
présence résidentielle prend des formes multiples, différentes des revenus, et qui
peuvent être recherchées pour elles-mêmes : du capital, du réseau, de la
compétence, par exemple.
42
Pays Albigeois Bastides
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
ALBIGEOIS - BASTIDES
TYPE
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
+
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
Actifs migrants
15,8
8,8
15,7
32,2
13,7
13,8
Moyenne des
Pays
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
Retraités
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays Albigeois Bastides recouvre la moitié nord du département du Tarn. Il
s’étend sur 117 communes, offrant des entités paysagères variées : les Causses de
Penne et Vaour au nord-ouest du Tarn, en passant par le pays Cordais, la forêtde la
Grésigne ou les bocages du Ségala au nord et à l’est. Dans sa partie sud, au contact
du Sidobre, il jouxte le Parc Naturel du Haut Languedoc qui englobe la commune de
Montredon-Labessonnie.
En 1999, le Pays Albigeois Bastides regroupait 125 772 habitants, dont plus de 100
000 dans l’espace urbain Albi-Carmaux. C’est donc un territoire dominé par la
43
problématique urbaine qui connaît des évolutions complexes et contrastées, tant sur
le plan économique que démographique.
Le pôle albigeois concentre l’essentiel de l’activité économique. Il s’inscrit dans une
dynamique de croissance et de mutation réussie (pôle d’enseignement et de
formations universitaires grandissant), tandis que le pôle carmausin doit encore
assumer les séquelles de la disparition de l’activité minière et assurer une
reconversion économique difficile.
Un des atouts du territoire réside dans l’importance du secteur de l’artisanat et des
métiers qui emploie dans le seul Pays Albigeois Bastides plus de 5 300 salariés, soit
un tiers des effectifs de l’ensemble du département.
L’aire urbaine de l’Albigeois et du Carmausin concentre l’essentiel de la population et
la densité urbaine la plus forte. A l’inverse, les espaces ruraux connaissent à la fois
une baisse démographique et un vieillissement de la population, avec toutefois des
situations très diverses et des contrastes territoriaux. Si les communes rurales
situées sur les franges du territoire, comme celle du Ségala par exemple,
connaissent une baisse de population, le « pays cordais », plus proche de
l’agglomération toulousaine et bénéficiant d’une image touristique forte, bénéficie
d’un certain regain démographique.
Hormis le pôle urbain Albi-Carmaux et certaines communes du Villefranchois, les
emplois du secteur agricole représentent 25 à 56 % des emplois totaux. Ces chiffres
témoignent d’une agriculture performante, pilier de l’économie rurale.
Si Albi et Cordes, avec leur grande richesse architecturale et paysagère, sont les
références majeures pour le tourisme, le Pays possède un réseau de sites d’une
grande richesse patrimoniale (villages remarquables dont ceux de Penne ou Vaour,
édifices religieux, patrimoine rural…) qui, dans leur grande variété, participent à la
qualité et à la diversité des paysages, et constituent de fortes potentialités pour le
développement touristique.
Le territoire est organisé en 10 intercommunalités à fiscalité propre (1 communauté d’agglomération et
9 communautés de communes) soit un taux d’intercommunalité de 95 %.
44
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
Du point de vue du Pays, l'économie résidentielle est perçue comme porteuse d'enjeux potentiels,
mais aussi de risques. Cette notion n'alimente pas, cependant, les analyses du Pays qui met en avant
l'absence totale de mesures et d'indicateurs relatifs aux phénomènes qui règlent l'économie
résidentielle : d'où viennent les personnes âgées ? que consomment-elles ? quel est le flux de
Toulousains qui se logent sur le territoire ? comment évolue le nombre d'actifs migrants ? Faute
d'observation de ces phénomènes, il est difficile de tenir un raisonnement économique sur la manière
de les prendre en compte.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
L'économie du Pays est perçue principalement comme productive ; l'économie résidentielle n'est pas
un enjeu majeur. De façon caricaturale, on pourrait dire que la posture du Pays par rapport aux
"porteurs de revenus" provenant de l'extérieur est : "ils sont là,il faut bien leur donner les services dont
ils ont besoin". Il ne s'agit donc, en quelque sorte, ni de chercher à en accroître le nombre, ni de
considérer leur potentiel de consommation pour renforcer l'économie locale.
Cette position est expliquée en partie par le fait qu'actuellement, le territoire est encore largement à
l'écart des pressions extérieures : le trafic avec Toulouse n'a beaucoup augmenté que jusqu'à Gaillac
(en 1999, la grande majorité des salariés travaillaient encore à Albi et Carmaux), le tourisme est diffus
et peu développé… et les préoccupations majeures étaient liées aux difficultés de l'économie
productive. Néanmoins, les prix fonciers augmentent rapidement, par effet domino : la pression des
Toulousains sur la zone de Gaillac se propage sur Albi, puis sur Carmaux, puis sur les zones rurales.
Cette évolution tend à transformer, pour des motifs financiers, le parc ancien des résidences
secondaires en résidences principales, par vente ou mise en location.
Alors que la problématique du Pays est pour le moment plutôt interne, endogène, les signes d'une
transformation par l'arrivée prochaine de la vague de la métropolisation sont perçus. Le Pays, pour le
moment n'anticipe pas ; mais il estime avoir besoin de mieux connaître les composantes fines de
l'évolution pour pouvoir la prendre en compte.
45
3. Des exemples d'actions rattachées à la problématique
Aussi, les actions en relation directe avec l'économie résidentielle sont-elles peu présentes et limitées
à la mise en place des services résidentiels nécessaires.
Une action particulière est dirigée vers la population des retraités. Elle est projetée en collaboration
avec le pays Midi Quercy, dans le cadre d'un programme Leader. Son but est d'inciter les TPE et
artisans du milieu rural à s'adapter pour tirer parti des nouveaux marchés liés au vieillissement de la
population (sans distinguer ceux qui ont vieilli sur place et ceux qui viennent de l'extérieur prendre leur
retraite).
Par ailleurs, un projet de grand centre commercial à côté d'Albi est motivé par l'objectif d'empêcher
l'évasion de la consommation du bassin Albi – Gaillac vers Toulouse
46
Pays d’Armagnac
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
ARMAGNAC
TYPE
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
+
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
Retraités
24,8
9,2
7,1
28,7
17,4
12,8
Moyenne des
Pays
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
Productif
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays d’Armagnac est situé au nord-ouest du département du Gers, en limite des
Landes et du Lot et Garonne. Il s’étend sur 105 communes réparties sur 7 cantons. A
la croisée des influences océanique et méditerranéenne, le Pays d’Armagnac
présente un territoire relativement homogène où vallons et collines, rivières et étangs
alternent dans le paysage. Ce territoire, presque entièrement voué à l’agriculture, est
marqué par l’empreinte des vignobles d’Armagnac. De forte notoriété, la viticulture
est son secteur phare.
Depuis une trentaine d’années, ce territoire a connu une forte baisse démographique
(perte de 15 % de sa population) pour s’établir en 1999 à 43 658 habitants.
L’éloignement des axes importants (RN 124 notamment) et la concurrence des
préfectures voisines (Agen, Auch et Mont-de-Marsan) expliquent en partie la faible
attractivité d’un territoire peu structuré par son tissu urbain. Pour autant, il est à noter
l’arrivée de nouveaux résidents choisissant d’habiter un « lieu préservé », tout en
travaillant sur des pôles d’emploi extérieurs (Agen, Mont-de-Marsan).
L’agriculture domine l’économie locale (le secteur primaire approche les 30 % de la
population active). Les céréales et la vigne sont très présentes sur un territoire
agricole très structuré par l’industrie agroalimentaire et marqué par la filière viticole à
travers l’Armagnac, les Côtes du Condomois ou le Floc de Gascogne. D’importantes
coopératives céréalières, caves viticoles et entreprises d’abattages et de
transformation de palmipèdes maillent le territoire. La forte présence du bois est
47
également à l’origine de la création d’une filière industrielle pourvoyeuse d’emplois,
principalement dans les villes d’Eauze et de Condom.
Un des grands atouts de ce Pays réside dans la richesse de son patrimoine
architectural et historique dont les éléments bâtis (châteaux, villages pittoresques,
édifices religieux…) parsèment le territoire. Un autre atout est celui de la qualité des
paysages et de cet « art de vivre gascon » fondé sur l’attachement aux valeurs
rurales et identitaires. Dans ce contexte, le tourisme est un atout essentiel pour le
développement du Pays, dont l’offre touristique locale en termes de sites, bases de
loisirs, circuits pédestres, festivités et hébergement est la plus riche et la plus
diversifiée du Gers. Quelques exemples de sites ou festivals de forte renommée : la
station thermale de Barbotan, le pôle culturel de l’abbaye de Flaran et les animations
sportives et festives (sports mécaniques à Nogaro, festival de « Bandas » à Condom,
féria de la Pentecôte et « Tempo Latino » à Vic–Fezensac…).
Le territoire est en partie organisé autour de 4 communautés de communes à
fiscalité propre, soit un taux d’intercommunalité de 61
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
Jusqu'à récemment, l'action locale était principalement orientée vers le maintien de la
démographie et le rétablissement d'une dynamique résidentielle positive. Maintenant,
la baisse démographique est arrêtée et d'autres enjeux apparaissent. L'économie
résidentielle n'est pas appréhendée en tant que référence explicite pour construire
les analyses et structurer la stratégie. Mais les principales composantes
économiques de celles-ci sont déterminantes sur le territoire, et leur prise en compte
alimente évidemment la politique territoriale. Dans le diagnostic, elles apparaissent
de façon ambiguë, comme un enjeu positif par certains côtés, comme une source de
difficultés par certains autres.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
Compte tenu de ce qui précède, la prise en compte de l'économie résidentielle est
thématique, voire sectorielle, sans référence à une stratégie globale. Selon les
thèmes, le Pays réagit de façon différente.
48
Au niveau de l'analyse, le potentiel représenté par les arrivées de revenus extérieurs
est perçu comme perturbateur des équilibres locaux. Jusqu'à présent, l'Armagnac
s'estimait, par exemple, à l'écart de l'arrivée massive d'étrangers (retraités ou
résidants secondaires) ; ce phénomène est en cours de développement : agents
immobiliers spécialisés sur les clientèles étrangères, arrivée de personnes ayant un
pouvoir d'achat disproportionné à celui des locaux, montée des prix fonciers et
immobiliers, pénurie de logements pour les jeunes locaux…
Le Pays constate ces phénomènes, mais n'a pas de stratégie structurée par rapport
à cela : les encourager? les freiner ? comment ?
De façon assez analogue, le Pays a une posture passive par rapport au
développement des migrations alternantes vers les villes. C'est encore peu important
quantitativement (pas de grandes villes à proximité), mais de plus en plus les
opportunités immobilières locales font l'objet de parutions dans des journaux
immobiliers des départements voisins : l'intérêt porté au territoire par des urbains qui
cherchent une résidence est en émergence.
3. Des exemples d'actions rattachées à la problématique
Il ne faut donc pas s'étonner que les enjeux de l'économie résidentielle fassent aussi
bien l'objet de projets de développement que de mouvements de résistance :
quant aux retraites en général, leur apport économique n'est pas jugé très positif. En
effet, le Pays est historiquement un territoire agricole et, bien que la population,
vieillie, soit à la retraite dans une forte proportion, la richesse qui en résulte est très
faible en raison du bas niveau des retraites agricoles. L'enjeu économique des
retraites résulterait donc plutôt de l'arrivée de retraités étrangers en provenance
d'Europe du Nord (surtout Pays Bas). Mais l'économie résultante fonctionne en
circuit fermé et échappe largement aux circuits locaux, sauf pour les dépenses
courantes : par exemple, les Hollandais font venir les artisans du bâtiment de chez
eux (les Anglais, par contre, sont perçus comme faisant travailler les locaux). Un
projet immobilier à Castelnau d'Auzan - opération de 320 logements, avec
commerces et services intégrés, pour des retraités hollandais - suscite ainsi de forte
oppositions locales, en dépit de son intérêt du point de l'emploi (150 emplois induits).
par contre, le Pays voit depuis peu arriver en petit nombre des étrangers actifs, qui
s'installent notamment sur des activités NTIC (le territoire est bien couvert par
l'ADSL). Cette dynamique a été soutenue localement par l'opération "Solo",
49
consistant à mobiliser les communes pour remettre en état le patrimoine communal
et pour encourager les propriétaires locaux à réhabiliter des logements, qui sont mis
à la disposition de ces immigrants. L'intérêt des Hollandais pour le territoire touche
aussi la population active : un guide touristique – "Découvertes" - édité par le Pays a
été acheté en 2 000 exemplaires par un organisme économique hollandais, pour
alimenter sa promotion d'installations d'actifs en France !
en ce qui concerne le tourisme, le Pays mène une action forte de mise en valeur d'un
potentiel important : sites d'intérêt national ou régional, paysages, culture locale… En
dehors de la station thermale de Barbotan les Thermes (200 à 300 lits hôteliers, 500
meublés, 16 000 curistes) la mise en valeur s'appuie sur une offre importante de
gîtes et chambres d'hôtes. L'effort porte essentiellement sur la promotion (guide
"Découverte", topoguide, mise en ligne d'un SIG des ressources touristiques), le
développement des réseaux de sentiers (saint Jacques de Compostelle) et
l'accompagnement de projets privés ou publics. Cependant, les actions restent
ciblées sur l'accueil et l'offre "occupationnelle", sans actions conçues directement
pour capter les revenus des touristes au moyen d'activités marchandes, en dehors
de l'hébergement.
La place des enjeux de l'économie résidentielle, dans ce Pays dont l'économie
traditionnelle relève principalement de la production, reste ainsi seconde par rapport
à des axes orienté vers le productif. En témoignent, par exemple, les actions de
valorisation des produits locaux, et surtout le projet, particulièrement structurant, du
"Mécanopôle" de Nogaro (350 emplois envisagés à 5 ans), appuyé sur le circuit
automobile, l'aérodrome, un lycée technique et la présence historique de PME
spécialisées dans la sous-traitance de mécanique de précision
50
Pays Bourian
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
BOURIAN
TYPE
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
+
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
Tourisme
15,0
8,7
10,4
29,1
25,2
11,7
Moyenne des
Pays
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
Retraités
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays Bourian regroupe 59 communes situées dans la partie ouest du
département du Lot. Son territoire, desservi par la l’A20 Paris-Toulouse, s’inscrit
entre la vallée de la Dordogne au nord, et la vallée du Lot au sud. Il est mitoyen à
l’est du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy. Une mosaïque
compartimentée de micro-paysages (vallons, plateaux, forêts) en fait sa particularité.
Elle donne à la Bouriane une forte identité géographique et paysagère, subissant à la
fois les influences des Causses du Quercy (ambiance méditerranéenne) et du
Périgord (châtaigneraie).
Au plan démographique, le Pays Bourian se distingue par une évolution positive de
sa population (+ 7,9 % entre 1990 et 1999) bien supérieure à celle du Lot ou de MidiPyrénées. Le solde migratoire positif confirme l’attractivité de ce territoire. La densité
de population la plus forte concerne l’axe Gourdon-Payrac au nord, et la zone
périurbaine au sud, au contact de la vallée du Lot (canton de Catus). En dehors de la
51
ville de Gourdon qui comptait 4 882 habitants en 1999, le reste du territoire est maillé
de petits villages dont la moitié possède moins de 200 habitants.
Avec 45 % des établissements, l’agriculture est la dominante forte dans l’économie
du Pays. Elle est suivie par les commerces et services (27 %). La majeure partie
d’entre eux est regroupée dans le canton de Gourdon, la capitale de la Bouriane
jouant son rôle de ville-centre. Le secteur industriel (7 %) est dominé par les
industries agroalimentaires et du bois, en liens étroits avec le milieu rural. L’artisanat
est également très présent sur le territoire.
Le secteur agricole repose principalement sur une polyculture variée et sur l’élevage.
Les productions animales (bovin viande en tête) représentent plus de 80 % de la
production totale. Toutefois cette production reste modeste au regard de la région
(1% de la production animale de Midi Pyrénées). Le Pays, avec ses spécificités,
n’échappe pas à la tendance générale d’une diminution du nombre des exploitations
et d’une régression de la Surface Agricole Utilisée. Avec un taux de boisement de 52
% par rapport à la surface totale du Pays, la forêt tient une place très importante en
Bouriane, tant sur le plan économique que paysager. Il s’agit d’une forêt
essentiellement privée où pin maritime, chêne et châtaignier sont les principales
essences productives.
Le Pays Bourian dispose d’un riche patrimoine architectural et culturel. De nombreux
monuments anciens et sites remarquables, bénéficiant de protections patrimoniales
et paysagères, sont répartis sur l’ensemble du territoire. Mais c’est sur la qualité des
paysages et de son environnement, propices à développer un cadre de vie agréable,
que repose l’attractivité du Pays Bourian. A cela, il répond par une très bonne
capacité d’accueil sur l’ensemble du territoire (gîtes, chambres d’hôtes, campings,
centre de vacances…).
Le territoire est couvert en quasi totalité (98,3 %) par des structures intercommunales à fiscalité
propre (5 communautés de communes).
52
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
La notion d'économie résidentielle, peu connue du responsable technique du Pays, est absente de
l'analyse et des choix stratégiques du Pays.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
Les bases de l'économie résidentielle n'en sont pas moins présentes sur le territoire et elles sont
prises en compte dans la stratégie du Pays. Mais il est caractéristique que le positionnement du Pays
soit explicitement ciblé sur l'accueil (faire venir, faire rester un peu plus longtemps…). L'esprit général
de la politique du Pays est ainsi de faire en sorte que les gens "soient bien" plutôt que de chercher à
leur offrir des opportunités de dépenser sur place. C'est donc, schématiquement, le premier volet du
mécanisme de l'économie résidentielle (capter des revenus extérieurs) qui oriente principalement la
stratégie du Pays.
3. Des exemples d'actions rattachées à la problématique
En liaison avec l'économie résidentielle, trois axes sont présents dans la stratégie du Pays :
par rapport à l'activité touristique, le pays se positionne comme lieu de séjour. Sans disposer en
son sein d'éléments puissants d'attraction, le territoire est à proximité de grands sites
(Rocamadour, le Lot, la Dordogne…) et la stratégie est de faire résider dans le Pays les touristes
qui "consomment" ces sites extérieurs au territoire. Ce sont donc les dépenses liées à
l'hébergement qui sont principalement visées, avec le support de structures d'accueil de tourisme
rural : gîtes, chambres d'hôte et aussi des résidences secondaires (Hollandais, Anglais). Les
actions sont cohérentes avec cet enjeu et visent à attirer et faire rester quelques jours de plus en
améliorant l'offre "nature" et "patrimoine" : sentiers, pêche, rando, routes thématiques, circuits
découverte, animations d'été, loisirs de proximité…
vis-à-vis des résidants permanents, le Pays conduit une politique d'attraction et de maintien : offre
de logements, notamment locatifs (construction neuve, lotissements) et services résidentiels à la
53
population (équipements et commerces de Gourdon, en particulier). Les actifs étrangers (Anglais
notamment) alimentent de façon significative les flux d'immigration (double résidence ou
résidence permanente).
les retraités sont nombreux (33% de 60 ans et plus), dont beaucoup arrivent de l'extérieur ou
reviennent au pays, directement ou par "consolidation" d'une résidence secondaire à la prise de
retraite. Vis-à-vis de cette population, la Pays développe des services de santé et des prestations
à caractère social (services publics et privés) visant à répondre aux "besoins" spécifiques des
personnes âgées.
Mis à part les recettes marchandes liées à l'hébergement (location, construction et maintenance
immobilière, vie quotidienne), l'économie résidentielle s'analyse pour le Pays plutôt comme une
source de dépenses collectives que comme une présence rémunératrice.
54
Pays Lauragais
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
LAURAGAIS
TYPE
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
+
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
Actifs migrants
14,7
9,4
20,4
30,3
10,8
14,3
Moyenne des
Pays
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
Retraités
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays Lauragais concerne un territoire de 153 communes, à cheval sur deux
régions (Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon) et trois départements : la partie
garonnaise située dans l’aire d’influence de l’agglomération toulousaine, la partie
audoise qui se structure autour de Castelnaudary et se tourne vers Carcassonne et
la partie tarnaise orientée vers la ville de Revel. Au nord-est de son territoire s’inscrit
le Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc qui inclut deux communes du Tarn.
D’est en ouest, il est traversé par l’autoroute A61 qui relie l’Océan à la Mer
Méditerranée, via la vallée de la Garonne et le Canal du Midi. Bien que très étendu,
le Pays Lauragais présente une cohésion et une identité territoriale forte. Son
périmètre retrouve à peu de choses près l’unité territoriale du Lauragais « historique
».
55
En 20 ans, le Pays Lauragais a connu une forte croissance démographique. Ce sont
les communes situées dans la sphère de l’agglomération toulousaine qui gagnent le
plus d’habitants, tout en étant confrontées aux problèmes de la périurbanisation. En
revanche certaines communes rurales du Tarn et de l’Aude, situées sur les franges
du territoire, à l’écart des grands axes de communications, ont connu un déclin
démographique et un vieillissement de leur population.
L’ensemble du territoire est composé essentiellement de noyaux villageois. C’est au
centre de son périmètre, dans le Sillon Lauragais, et dans sa partie nord-est que se
concentre l’urbanisation qui se structure autour des 3 pôles de Castelnaudary,
Villefranche-de-Lauragais et Revel. C’est dans ce réseau de villes que se concentre
l’essentiel des industries agroalimentaires, de l’artisanat et des services.
Le Pays Lauragais est un territoire à forte vocation agricole basée sur une production
traditionnelle de céréales et protéagineux dans des domaines de grande taille. Cette
concentration des terres s’accélère sous l’effet du vieillissement des actifs agricoles.
L’économie du territoire est dominée par l’agroalimentaire qui concentre la plupart
des établissements de plus de 50 salariés. L’industrie de transformation du bois à
Revel et Sorèze participe au développement du patrimoine local et influe sur le
tourisme de proximité (artisanat de Durfort).
Le Pays Lauragais possède un riche patrimoine architectural. Villages anciens,
bastides, édifices religieux jalonnent son territoire (bastide de Bram, beffroi de Revel,
cloître de Saint Papoul…). A cela s’ajoute d’autres éléments d’un patrimoine
architectural dispersé (pigeonniers, moulins, maisons de maître…) qui participe à la
qualité des paysages des collines et coteaux du Lauragais. Le canal du Midi
constitue à lui seul un patrimoine exceptionnel. Classé au patrimoine mondial de
l’Humanité par l’UNESCO, il est un repère fort au sein du Pays Lauragais. Cet
ensemble constitue un gisement de développement important mais dont les
potentialités sont encore à ce jour trop méconnues.
Le territoire est en partie organisé autour de 9 communautés de communes à fiscalité propre soit un
taux d’intercommunalité de 79 %
56
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
Jusqu'à récemment, l'économie résidentielle ne faisait pas partie, en tant que telle, des références
utilisées pour la réflexion sur le développement du Pays. Bien entendu, le vieillissement de la
population ou le fort solde migratoire de Toulousains faisaient partie des analyses, mais ces
phénomènes étaient seulement considérés comme inducteurs de besoins d'équipements et de
services pour la population. Dans la Charte, le raisonnement est ainsi conduit en référence aux
différents types de sous populations.
Les élus du Pays ont découvert la notion d'économie résidentielle dans le cadre du travail sur l'interSCOT de la région de Toulouse, qui associe le SCOT de Toulouse et 3 SCOT de la périphérie, dont
celui qui couvre la partie Haut Garonnaise du Pays du Lauragais.
Dans le cadre de cette réflexion, les territoires périphériques, dont le Lauragais, ont pris conscience
que le pôle urbain toulousain concentrait l'économie productive et que leur économie s'appuyait
principalement sur le résidentiel, avec un peu de productif. La distinction entre économie productive et
économie résidentielle est maintenant placée au cœur de la réflexion.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
La réflexion conduite par le Pays s'efforce de considérer l'ensemble de son territoire, en dépit de sa
géographie compliquée (à cheval sur 3 départements, avec un SCOT côté Toulouse, un SCOT sur
Revel et pas de SCOT vers Castelnaudary) ; sur le plan institutionnel, la revendication porte sur
l'engagement d'un seul SCOT sur l'ensemble du Pays.
C'est la partie Haut Garonnaise du territoire qui est la plus directement soumise à la pression
résidentielle de Toulouse : 41 % des actifs travaillent dans le pôle toulousain ; en 8 ans, toutes les
capacités d'accueil ont été saturées, les prix fonciers s'envolent, les promoteurs forcent la main des
collectivités, les populations arrivent… et, bien entendu, demandent les services résidentiels
élémentaires : écoles, crèches…
Ainsi, le mécanisme à l'œuvre – et sa vitesse – fait que l'installation de l'économie résidentielle sur le
territoire impose d'abord d'investir pour l'accueil avant de pouvoir bénéficier des retombées positives :
57
avant de rapporter, l'économie résidentielle coûte. Or, dans le Lauragais, les collectivités locales n'ont
pas de ressources financières suffisantes pour prendre en charge les investissements, faute de base
économique productive. Ainsi, l'économie résidentielle, lorsqu'elle est, comme ici, subie et non
régulée, peut s'avérer être un piège économique.
Dans le cas du Lauragais – comme sans doute de tous les territoires en périphérie de l'agglomération
de Toulouse – le piège se referme complètement sous l'effet d'un autre mécanisme. En effet, on
estime que 70 % de la consommation des résidants est captée par les offres de l'agglomération
centrale, hors du périmètre du Pays, notamment par les concentrations commerciales de Labège et
de Portet. Ainsi, de l'économie résidentielle, le Lauragais ne "bénéficie" que des coûts induits par
l'accueil - les retombées économiques du potentiel de consommation lui échappant - sans disposer de
recettes productives (par le biais de la TP notamment) pour y faire face.
3. Des exemples d'actions rattachées à la problématique
Aujourd'hui, la problématique qui vient d'être exposée est à la base des réflexions de l'inter SCOT car
elle met à l'évidence en cause l'étendue et le fonctionnement des périmètres de solidarité. Ces
réflexions étant en cours, les actions opérationnelles – correctives des dysfonctionnements territoriaux
structurels ou permettant de reprendre localement l'initiative – ne sont pas encore définies. Par contre,
plusieurs thèmes majeurs de préoccupations auxquels elles devraient apporter des solutions sont bien
identifiés :
des projets sont annoncés pour créer, toujours en périphérie immédiate de la ville centre, donc
hors du Pays, des centres commerciaux conformes au nouveau concept "ludo-commercial",
constituant des "macro offres" intégrant loisirs et commerces. Naturellement, si aucune régulation
n'intervient, la réalisation de tels projets concourrait à accentuer encore les dysfonctionnements
constatés.
comment les collectivités locales du Pays peuvent-elles financer (en investissement et en
fonctionnement) les équipements et les services de base répondant aux besoins induits par les
nouveaux arrivants ? Sur un plan théorique, on pourrait se féliciter de ce que le mécanisme de
l'immigration provoque la croissance du secteur "salaires publics" de l'économie résidentielle ;
mais, pour que ce mécanisme soit localement "vertueux", il faudrait que ces salaires soient bien
tous alimentés par la redistribution (la part restant à la charge des collectivités du Pays restant
marginale), ainsi que les investissements en équipements nécessaires au fonctionnement de ces
services publics.
compte tenu du différentiel d'attractivité entre l'agglomération centrale et les Pays périphériques
vis-à-vis des entreprises, comment rééquilibrer les composantes productive et résidentielle de
l'économie locale pour restaurer un système ayant la capacité de s'auto entretenir ?
58
que faut-il négocier, parallèlement, pour faire jouer la solidarité territoriale et pour instaurer un
dispositif régulateur ? comment maîtriser, au sein du Pays lui-même, la dynamique des flux
d'arrivées et calibrer les rythmes de consommation foncière ?
comment, dans les petites communes du Pays, intégrer les nouvelles populations alors qu'elles
ont des pratiques et des valeurs urbaines, qu'elles sont absentes dans la journée… ? Au delà de
la fourniture des services élémentaires, comment faire se rejoindre les deux populations pour
assurer la cohésion sociale ? La vie associative locale n'est pas préparée à ce rôle, et les moyens
manquent aux collectivités pour développer des activités et opportunités de rencontres.
La situation du Pays Lauragais montre bien que le développement de l'économie résidentielle, dès
lors que les vitesses et l'ampleur des phénomènes ne permettent plus d'en absorber les impacts en
restant à la marge du fonctionnement établi, induit les mêmes types de difficultés et les mêmes
besoins de gestion que l'économe productive : il faut être capable d'investir avant d'en tirer les
bénéfices.
59
Pays Midi-Quercy
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
MIDI QUERCY
TYPE
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
+
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
Retraités
17,8
9,2
14,1
29,4
14,8
14,7
Moyenne des
Pays
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
Productif
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays Midi Quercy regroupe 48 communes situées dans la partie orientale du
département du Tarn-et-Garonne. Il bénéficie du passage de l’A 20 Toulouse-Paris
et d’une bonne desserte routière reliant les villes voisines de Montauban et
Villefranche-de-Rouergue. Situé entre le Parc Naturel Régional des Grands Causses
au nord et la forêt de la Grésigne au sud, s’étendant des portes de Montauban aux
frontières du Lot, de l’Aveyron et du Tarn, il offre une grande diversité de paysages
et une richesse des milieux naturels exceptionnelle. En témoigne la notoriété de
certains sites naturels (gorges de l’Aveyron, causses du Quercy) et les très
nombreuses protections environnementales (une quarantaine de Zones Naturelles
d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique sont recensées sur le territoire). Le
Pays Midi Quercy a formé le projet de se constituer en Parc Naturel Régional dont
l’enjeu sera la préservation et la valorisation de ce patrimoine exceptionnel.
60
Hormis le pôle constitué autour de Caussade et les communes situées à l’ouest dans
l’aire urbaine de Montauban, ce Pays se présente comme un territoire intermédiaire
à dominante rurale. Avec 39 241 habitants en 1999, il bénéficie d’un accroissement
démographique dû à des soldes migratoires positifs, l’arrivée de nouveaux habitants
venant compenser le vieillissement de la population. Alors que les communes
proches de Montauban et de l’A 20 bénéficient de forts taux de croissance
démographique (28% en 20 ans), que le pôle Caussadais progresse modérément, la
partie est du pays souffre de dépeuplement. En contrepartie, c’est sur les cantons
est de Saint-Antonin-de-Noble-Val et de Caylus (partie très touristique du Pays) que
se concentrent les résidences secondaires (42% du parc du département).
Pour un territoire à dominante rurale, ce Pays présente un tissu industriel
relativement important (19,6 % d’emplois salariés dans le secteur industriel). Les
établissements se concentrent dans la partie ouest du territoire, sur la commune de
Caussade et les communes proches de Montauban et de l’A20.
Alors que le secteur tertiaire, véritable potentiel de croissance, concentre plus de 25
% de la population active, l’emploi agricole connaît une forte baisse de ses effectifs
(13 % de la population active). Cependant ce territoire est encore très agricole. Il
bénéficie d’une variété de sols et de petites régions à l’origine d’une diversification
des productions et d’une qualité de produits : grandes cultures, vignobles sur les
coteaux du Bas Quercy, vergers irrigués dans les plaines alluviales de l’Aveyron et
de la Lère, élevage bovin et ovin sur les Causses du Quercy.
Ce territoire dispose d’un patrimoine naturel, paysager et culturel de grande qualité.
(gorges de l’Aveyron, causses du Quercy, village de Saint-Antonin-de-Noble-Val,
château de Bruniquel, abbaye de Baulieu…). La forte notoriété de nombreux sites
draine chaque année des milliers de touristes. Bénéficiant d‘atouts considérables
(proximité des bassins de clientèle, capacité d’accueil importante, hébergement et
activités variées…), le tourisme est pour ce Pays un secteur à fort potentiel de
développement.
Le territoire est couvert à 97,9 % par des structures intercommunales à fiscalité propre (4
communautés de communes).
61
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
A la création du Pays, en 2003, non seulement on ne parlait pas d'économie résidentielle, mais le
développement économique ne faisait pas partie des enjeux stratégiques. La stratégie était
entièrement tournée vers la préservation patrimoniale et le Pays se posait en coordinateur, porteur de
cohérence, plus qu'en initiateur et promoteur de projets. Les axes de travail étaient : charte
paysagère, plan énergie, charte environnement, charte habitat.
Depuis quelques mois, le Pays s'oriente vers le développement, mais dans l'optique précise du
"développement durable". La notion d'économie résidentielle n'est pas présente en tant que telle, ni
dans les analyses, ni dans les réflexions stratégiques du Pays.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
Néanmoins, certains axes de travail, notamment dans le cadre de la préparation d'une candidature
Leader, traitent de mécanismes apparentés à l'économie résidentielle. Il s'agit, pour l'essentiel, de la
recherche d'une meilleure valorisation des ressources locales (au sens large) en s'appuyant sur les
marchés représentés par les touristes et les résidants travaillant à Montauban ou Toulouse.
Néanmoins, il s'agit plus alors, semble-t-il, de tirer parti d'opportunités de marché repérées que de
mener une stratégie systématique qui, par exemple, chercherait aussi, en amont , à accroître celles-ci
; le potentiel représenté par la présence de revenus extérieurs est analysé plutôt en référence à des
besoins à satisfaire qu'en référence à un pouvoir d'achat disponible.
En particulier, le Pays ne se positionne pas pour le moment par rapport à l'immigration externe et ses
effets induits. Vis-à-vis du développement des lotissements résidentiels, l'effort porte sur leur qualité,
plutôt que sur la régulation de leur multiplication par des promoteurs toulousains : expérience d'un
"éco hameau", guide de bonne conduite pour les municipalités démarchées par des promoteurs,
accompagnement des communes qui le souhaitent dans des démarches de type HQE…
62
3. Des exemples d'actions rattachées à la problématique
Les projets du Pays ayant un rapport direct avec le développement se placent plutôt dans l'objectif de
croissance de l'économie productive ; c'est surtout cette entrée qui est, semble-t-il, à l'origine des
projets. Mais si certaines actions relèvent essentiellement de cette logique (participation à la "foire à
l'installation" de Limoges pour recruter des actifs immigrants, création d'un télécentre pour des
télétravailleurs d'entreprises toulousaines 7 , par exemple), d'autres émargent aussi à l'économie
résidentielle, car ils visent à exploiter concrètement des marchés induits par la présence de revenus
"importés" :
dans le cadre du programme Leader, une opération (portée conjointement par les Pays Midi
Quercy et Albigeois – Bastides) vise à faire prendre en compte par les TPE (artisans,
commerçants, services…) les évolutions de marché induites, d'une part, par le vieillissement de la
population, d'autre part par les nouvelles populations, ces deux dynamiques créant de nouveaux
besoins. L'opération associe un diagnostic des nouveaux "besoins" et une action sur les
entreprises et sur les reprises d'entreprises
une étude action s'engage, ayant pour but de développer une filière courte "bio" : analyse du
système productif actuel, analyse des débouchés potentiels sur le territoire (supposés liés
directement à la présence de personnes de culture "urbaine"), accompagnement des entreprises
dans la saisie du marché.
vis-à-vis des touristes, un "plan de tourisme durable" prévoit de développer des offres à haute
valeur ajoutée, en valorisant par du service et de la prestation humaine les activités fondées sur
les ressources patrimoniales : interprétation du paysage et du patrimoine rural, accompagnement
d'activités nature (spéléo, rando…). Autrement dit, le projet est de faire passer le tourisme d'une
consommation de "produits secs" à une consommation de produits intégrant du service.
un centre commercial comprenant une grande surface va ouvrir dans un bourg rural ; l'objectif du
maire est de réduire ainsi l'évasion vers Montauban de la consommation des résidants.
Cependant, c'est un projet isolé, qui n'entre pas dans une politique délibérée à l'échelle du Pays.
L'esprit général de tels projets est cohérent avec l'un des enjeux de l'économie résidentielle : mettre
des offres marchandes à disposition de la demande potentielle constituée des revenus importés.
7
Les insuffisances actuelles de l'accès à l'ADSL sont considérées comme un obstacle majeur au développement
économique du Pays
63
Pays Pyrénées Cathares
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
PYRENEES CATHARES
TYPE
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
+
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
Retraités
20,0
10,4
8,1
30,3
15,9
15,3
Moyenne des
Pays
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
Productif
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays des Pyrénées Cathares (Mirepoix-Pays d’Olmes) fédère 56 communes
s’inscrivant dans les limites des cantons de Mirepoix et Lavelanet. Mitoyen de l’Aude,
il est situé à la frange sud-est du département de l’Ariège, entre le Lauragais au nord
et les Pyrénées au sud.
Territoire de contacts entre plaine et haute montagne, ce Pays bénéficie de
paysages et de sites naturels remarquables (chaîne du Plantaurel, massif de Tabe,
forêt de Bélesta, gorges de la Frau, vallée de l’Hers…). En raison de la grande
richesse de ses milieux naturels, il dispose de nombreuses protections (Zone
d’Importance Communautaire pour les Oiseaux, Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique,
64
Faunistique et Floristique, site Natura 2000). Haut lieu symbolique du Catharisme, le
site classé du château de Montségur, de renommée internationale, est l’élément
phare et identitaire du Pays.
Le Pays comptait 25 828 habitants en 1999, soit 18,6% de la population du
département de l’Ariège. Une situation démographique à la baisse affecte plus
particulièrement le canton de Lavelanet, conséquence directe de la crise du textile
(vieillissement de la population, départ des jeunes). Ce canton qui regroupe 43% de
la population du Pays est celui qui a connu la plus forte baisse démographique entre
1990 et 1999. En contrepartie, les variations de population à la hausse sur le canton
de Mirepoix témoignent d’un certain dynamisme, faisant de Mirepoix un nouveau
bassin d’habitat aux soldes migratoires positifs. L’armature urbaine du Pays repose
sur les trois bourgs centres de Lavelanet, Laroque d’Olmes et Mirepoix, véritables
bassins de vie regroupant l’essentiel des commerces, équipements et services.
En dépit de la crise du textile et les pertes d’emploi induites, ce territoire, après
d’importantes restructurations, concentre 30 % de l’emploi industriel du département
de l’Ariège. L’économie locale est dominée par l’industrie, le secteur textile restant le
premier employeur du pays (77 % des effectifs). Malgré les difficultés
conjoncturelles, cette industrie textile constitue une véritable filière, objet d’initiatives
de développement industriel (Système Productif Localisé Pays d’Olmes-Montagne
Noire). Bien qu’en perte de vitesse, l’artisanat reste également un secteur dynamique
à l’échelle du Pays.
Malgré la déprise agricole et la baisse du nombre des agriculteurs, l’agriculture
demeure un élément essentiel de l’économie et un pilier de l’identité culturelle.
Caractérisé par une agriculture traditionnelle (élevage et polyculture), le secteur
agricole se tourne aujourd’hui vers une démarche de qualité (AOC, Label Rouge) et
reste le garant de la protection des paysages.
Haut lieu du catharisme, ce Pays bénéficie de sites majeurs très fréquentés
(Mirepoix, châteaux de Roquefixade et Montségur) et d’un potentiel touristique très
riche (bastide, église romane, cascade et lac…). Devenu une réalité économique, le
tourisme se diversifie tant au niveau des structures d’accueil que des activités
culturelles et de plein air. Toutefois les potentialités en terme d’accueil, de
valorisation et d’identification des sites sont encore à ce jour trop méconnues et pas
assez développées.
65
Le territoire est couvert à 87,5% par des structures intercommunales à fiscalité
propre (3 communautés de communes).
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
Le cas du Pays Pyrénées Cathares est un cas particulier. En tant que structure, le Pays n'intervient
pas dans le domaine économique ; ce sont les communautés de communes qui montent,
individuellement, les projets inscrits au Contrat de Pays. Au niveau du Pays, il n'y a donc pas de
réflexion économique, a fortiori pas de réflexion sur l'économie résidentielle.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
La structure de Pays est en charge du secteur culturel. L'activité culturelle est considérée comme un
facteur d'attractivité pour faire venir des immigrants et inciter les résidants à rester sur place. Elle
contribue ainsi à la politique économique générale orienté vers la compensation des pertes d'emplois
productifs.
L'objectif à court terme est d'obtenir le label "Pays d'Art et d'Histoire" qui pourra servir d'appui pour le
maintien du paysage et du cadre de vie.
66
Pays Ruthénois
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
RUTHENOIS
TYPE
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
+
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
Actifs migrants
19,9
7,6
16,8
26,6
17,1
12,1
Moyenne des
Pays
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
Productif
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays Ruthénois regroupe 57 communes situées au cœur de l’Aveyron. Le territoire s’organise
autour de l’agglomération centrale et attractive de Rodez. Il est desservi par deux grands axes
structurants, la RN 140 et la RN 88. Ces deux routes relient le Pays Ruthénois aux territoires voisins
et à l’agglomération toulousaine ainsi qu’aux autres métropoles régionales via le réseau autoroutier de
l’A20 et de l’A 75. Trois grandes entités paysagères composent le territoire : au centre le Causse
Comtal, au nord les collines du Rougier de Marcillac, au sud les bocages et pâturages du Ségala.
L’extrême partie sud-est du territoire jouxte le Parc Naturel Régional des Grands Causses.
Le Pays ruthénois s’articule autour de la Communauté d’agglomération des huit
communes du Grand Rodez (seule entité du département à dépasser 50 000
67
habitants) et d’un réseau de bourgs-centres (entre 1000 et 2000 habitants), éléments
structurants de l’espace rural et de la vie sociale. Ce territoire est dominé par la
problématique urbaine et connaît des évolutions complexes et contrastées. Sur le
plan démographique, l’évolution de la population est différente entre les communes
de l’agglomération qui bénéficient de gains de population, et les franges rurales plus
éloignées qui se dépeuplent.
Avec l’arrivée grandissante de nouveaux résidents, les bourgs-centres les plus
attractifs et certaines communes situées bien au delà de l’aire urbaine de Rodez sont
confrontés aux difficultés que peut entraîner la périurbanisation : pression foncière,
étalement de l’habitat, besoins accrus en services et équipements, allongement des
distances de déplacement entre le bassin d’emplois de Rodez et les lieux de
résidence.
A côté des fonctions administratives et des services que lui confère le statut de
Préfecture, l’agglomération de Rodez est le premier bassin d’emploi du département
(40 % des établissements aveyronnais sont implantés sur le Pays). Ce bassin
s’inscrit dans une dynamique de croissance et de mutation réussie (poids croissant
des filières agroalimentaire, mécanique, bois et ameublement, BTP, informatique).
Le tissu économique repose sur un réseau de PME-PMI (90 % des entreprises ont
moins de 10 salariés). Pour autant, il existe une dizaine d’entreprises dépassant la
centaine de salariés dont la Société Bosch qui joue un rôle déterminant dans
l’économie locale (1850 salariés).
Malgré les difficultés du monde agricole, l’agriculture demeure un secteur performant
et une composante essentielle de l’identité locale. Elle se caractérise par une
adaptation des exploitations et une diversité des productions en fonction des
spécificités territoriales : vin de Marcillac, élevages bovins et ovins. L’image du Pays
est renforcée par la valorisation des labels de qualité : vin AOC Marcillac, Label
rouge Veau d’Aveyron et du Ségala, Agneau fermier de l’Aveyron, Bœuf Fermier
d’Aubrac…
Ce Pays bénéficie de nombreux sites remarquables, tant d’un point de vue paysager
qu’en raison de la richesse de ses milieux naturels (Causse Comtal) et de son
patrimoine bâti (châteaux, églises, villages dont ceux de Salles-la-Source et de
Conques…). Cet ensemble de ressources, accompagné d’un réseau de structures
d’accueil sur l’ensemble du territoire, confirme les fortes potentialités de
développement touristique du Pays Ruthénois.
68
Le territoire est organisé en 6 intercommunalités à fiscalité propre (1 communauté
d’agglomération et 5 communautés de communes) soit un taux d’intercommunalité
de 89,5 %.
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
Pour le Pays ruthénois, la référence aux enjeux de l'économie résidentielle n'était pas explicite au
moment de la préparation de la Charte de Pays : les actions concernant les principales catégories
concernées (actifs migrants, retraités, etc) avaient essentiellement une finalité sociale ou visaient à
"maintenir" sur place les résidants en améliorant leurs conditions de vie. C'est avec la préparation
d'une candidature Leader que la logique de l'économie résidentielle s'introduit dans la réflexion du
Pays, avec la formulation d'enjeux concernant la "capture" de revenus extérieurs et le développement
d'offres débouchant sur la création d'emplois induits par le tourisme. Dans la présentation des
constats amorçant la préparation de la candidature Leader, figure en bonne place un schéma illustrant
concrètement la logique de l'économie résidentielle.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
Dans la partie rurale du Pays ruthénois (qui inclut Rodez), les bases d'une économie résidentielle sont
déjà en place et font naturellement partie du fonctionnement du Pays : actifs migrants travaillant à
Rodez, tourisme assez développé. L'enjeu identifié est donc plutôt de tirer parti de cette "présence" en
développant des offres qui lui soient adressées.
La particularité de la stratégie de la candidature Leader est de mobiliser des moyens qui poursuivent
simultanément, de façon intégrée, un objectif économique (capter des revenus extérieurs) et un
objectif de cohésion sociale (intégration des anciens résidants, des "touristes" et des nouveaux
arrivants). Pour cela, le parti général retenu est de mobiliser les personnes physiques pour les rendre
directement acteurs et contributifs de cette synergie. Cette problématique conduit en fait à élargir le
raisonnement de l'économie résidentielle à d'autres dimensions que celle des revenus, et à l'appliquer
au domaine culturel, aux mouvements de capitaux ou à l'organisation des transports.
69
Compte tenu de l'organisation spatiale du Pays, environ 40% des résidants actifs de la zone rurale
travaillent "en ville" (agglomération de Rodez) : à l'échelle locale, le rapatriement des revenus est
donc perçu comme une composante importante du fonctionnement de l'économie territoriale.
Néanmoins, la question de l'évasion de leur consommation sur les centres commerciaux de la ville
centre ne se pose pas dans les mêmes termes que dans le Lauragais ; le Pays est étiré en longueur
et les habitudes d'achat en Aveyron font que les bourgs centres (Naucelle, Marcillac, Requista…) sont
encore bien équipés en services et commerces. Par ailleurs, le Schéma de structure commerciale de
l'agglomération de Rodez a été préparé par une commission mixte ville-centre/espace rural et a tenu
compte d'un objectif de maintien d'une offre dans les bourgs ruraux.
3. Des exemples d'actions rattachées à la problématique
Plusieurs projets illustrent la démarche du Pays :
pour maintenir l'attractivité du Pays (attirer, mais aussi éviter les départs), le Pays lance un
programme de rénovation de logements, mais sur la cible spécifique des propriétaires non
résidants localement. Le but est de les faire réinvestir et remettre les logements sur le marché ; le
mécanisme joue donc sur des flux de capitaux en provenance de l'extérieur. Ce projet est jugé
très cohérent avec l'histoire et la culture aveyronnaise : il y a beaucoup d'Aveyronnais à Paris, par
exemple, qui ont gardé des liens étroits avec leur pays d'origine, qui y reviennent à la retraite et
qui, depuis Paris, sont promoteurs et prescripteurs des productions et des offres touristiques
locales (des "apports en nature", en quelque sorte).
dans le cadre d'une meilleure utilisation des ressources locales pour accroître le bénéfice tiré de
la présence des touristes, un projet a pour but de transmettre à ceux-ci la culture locale en
utilisant la population elle-même comme vecteur de transmission ; d'où l'intention de développer
des actions intergénérationnelles et provoquant des interrelations entre diverses sous-populations
: les anciens, les professionnels et les touristes. Il s'agit là, d'une part, d'échanges qui ne sont pas
forcément monétarisés, d'autre part, de la recherche d'un bénéfice de nature sociale, considéré
par le Pays comme relevant de l'économie résidentielle au sens large.
un troisième exemple de la démarche du Pays est un projet de développement du covoiturage,
s'adressant notamment aux actifs migrants. Le dispositif prévoit un site Internet sur lequel chacun
peut rentrer les caractéristiques de son trajet quotidien ; un logiciel comparera ces données et
indiquera à chacun par e mail les personnes effectuant des trajets proches. Dans ce cas,
l'intention est de développer une sorte d'auto gestion collective, créatrice d'économies et de lien
social.
Plus généralement, l'effort porte sur la mise au point de projets qui, pour une part, captent des
revenus ou des capitaux à l'extérieur (avec ou sans "présence" physique sur place) et qui, pour une
autre part, développent, en utilisant mieux les ressources locales, des offres pour que ces masses
financières soient concrètement dépensées et introduites dans les circuits économiques locaux. Pour
70
ces derniers, il paraît difficile de distinguer les offres "d'économie résidentielle" et les autres, les
services s'adressant aux gens présents, quelle que soit l'origine de leurs revenus.
71
Pays Vallée des Gaves
RAPPEL DE LA STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
VALLEES DES GAVES
TYPE
Résidentiel
touristique
Moyenne des
Pays
STRUCTURE DE LA BASE ECONOMIQUE
Revenus
de la
Production
Salaires
Public
Salaires
Importés
Revenu
des
Retraites
Dépenses
Touristes
(2001)
Transferts
Sociaux
11,0
6,8
10,3
16,7
47,9
7,3
16,5
8,6
14,9
28,0
19,1
12,8
LE TERRITOIRE A GRANDS TRAITS
Le Pays Vallées des Gaves est situé dans le département des Hautes-Pyrénées. Il
s’étend sur 89 communes et correspond approximativement au bassin versant de la
haute vallée du Gave de Pau. Il bénéficie d’un positionnement favorable en raison de
ses liens inter-régionaux avec les villes de Pau et Tarbes et de la bonne desserte de
son territoire (A 64, aéroport). Il est marqué par la présence de la ville de Lourdes,
lieu de pèlerinage mondialement connu, et par la richesse de ses sites naturels de
haute renommée dont le cirque de Gavarnie. Sa partie sud s’inscrit dans le Parc
National des Pyrénées.
72
Ce Pays est un espace faiblement peuplé (moins de 40 000 habitants) avec une
évolution démographique légèrement à la baisse, liée à un vieillissement de la
population. La répartition démographique montre une dichotomie de son territoire
entre le pôle urbain de Lourdes (15 203 habitants) au nord et un espace rural au sud.
Entre les deux, s’inscrit l’aire urbaine d’Argelès-Gazost. Malgré leur attractivité, les
communes de montagne connaissent une baisse de population (solde migratoire
positif non compensé par le déficit des naissances), à l’exception de certaines
d’entre elles comme Cauterets ou Barèges qui bénéficient d’une hausse
démographique.
L’économie de ce Pays qui a longtemps reposé sur l’industrie et l’agriculture est
aujourd’hui portée par les activités touristiques (pèlerinage, thermalisme, sports
d’hiver…). Le secteur tertiaire regroupe aujourd’hui les 2/3 des actifs du territoire.
Toutefois le Pays a su maintenir un taux d’emplois industriels relativement important
(13 %). La commune de Lourdes concentre à elle seule 56 % des emplois du
territoire.
Face aux difficultés importantes que connaît l’agriculture de montagne (baisse du
nombre des exploitants), l’on assiste à une évolution vers une professionnalisation
du milieu agricole (agrotourisme, activités découverte, hébergement…). Notons la
présence, sur un territoire spécialisé dans l’élevage, de cheptels bien représentés : la
race ovine Mouton de Barèges classée en AOC ou la production des brebis laitières
du Val d’Azun classée sous l’appellation Tome des Pyrénées.
Sur le plan touristique, ce Pays bénéficie de pôles touristiques majeurs. Outre la
présence de Lourdes (deuxième ville hôtelière de France) et des stations du ski dont
celle de Barèges, ce territoire se distingue par la très grande richesse de ses
paysages et de ses milieux naturels. En témoignent les nombreuses protections
environnementales (Parc National des Pyrénées, Zone Importante pour la
Conservation des Oiseaux, Réseau Natura 2000…). Il concentre également un
patrimoine bâti très riche comme en attestent les nombreux monuments historiques
classés ou inscrits qui jalonnent son territoire. Ces atouts en font un territoire doté
d’équipements touristiques, d’activités et de sites très fréquentés.
Le territoire est couvert à près de 70% par des structures intercommunales à fiscalité
propre (8 communautés de communes).
73
L'ECONOMIE RESIDENTIELLE DANS LA STRATEGIE DU PAYS
1. La notion d'économie résidentielle en tant que référence pour la stratégie
Comme dans d'autres Pays, la stratégie de développement territorial n'explicite pas de référence à
l'économie résidentielle en tant que concept économique. Par contre, l'économie du territoire est
dominée par les mécanismes résidentiels, et principalement par la présence touristique. C'est en fait
dans les diverses déclinaisons de la politique générale d'accueil que l'économie résidentielle se
concrétise.
2. La problématique générale de prise en compte de l'économie résidentielle
L'économie du Pays est très fortement marquée par des pôles touristiques importants : Lourdes,
stations thermales, stations de ski. Il faut remarquer que la clientèle d'été est plus importante que la
clientèle d'hiver. Naturellement, ce gisement d'activités relève directement de l'économie résidentielle,
tant pour son volet "faire venir des revenus" que pour le volet "faire des offres pour induire localement
des dépenses". Sur ce deuxième volet, au delà des services touristiques marchands stricto sensu
(remontées mécaniques, soins thermaux…), la densité très importante du territoire en commerces et
services représente une forte capacité de "captation" du pouvoir d'achat des touristes…
Cette composante de l'économie résidentielle a une particularité : à part Lourdes, les grands
équipements (ski, thermalisme, thermoludisme) relèvent du secteur public et on est donc clairement
dans une sorte "d'économie résidentielle mixte". En dépit de cela, les stations et grands
établissements fonctionnent dans un contexte concurrentiel les uns par rapport aux autres, ce qui
pourrait évoluer sous la pression de difficultés qui se font jour dans le ski et qui pèsent sur les budgets
publics.
L'importance des enjeux portés par ce "grand tourisme" concentre les efforts du Pays sur la promotion
du territoire pour en accroître la fréquentation ; d'une certaine manière, il semble que, ce faisant, elle
détourne le Pays de s'attacher à la valorisation d'enjeux moins importants de l'économie résidentielle
dont les retombées potentielles peuvent apparaître mineures.
74
3. Des exemples d'actions rattachées à la problématique
En complément de l'axe majeur qui vient d'être évoqué, il existe en effet peu d'actions visant
explicitement le développement de l'économie résidentielle :
la population retraitée est importante. La population autochtone vieillit, mais on observe aussi des
arrivées de retraités du Sud Ouest, de Bordeaux et des Charentes. Le Pays n'a pas, vis-à-vis de
ces flux, de politique très structurée ; au delà de la volonté d'offrir des logements (résidences
d'accueil pour personnes âgées), il s'agit essentiellement d'une politique sociale, sans action
organisée visant à créer des opportunités spécifiques de dépenses adaptées à cette clientèle.
Les retraités immigrants ont un pouvoir d'achat élevé, mais le potentiel qu'il représente est
exploité "naturellement", du fait de l'importance du tissu commercial ; par ailleurs, ils arrivent avec
un capital important, ce qui fait rentrer de l'argent, mais aussi produit des effets perturbateurs : la
revente d'une maison à Bordeaux permet de payer l'immobilier plus cher que les locaux.
les étrangers sont présents sur le territoire à plusieurs titres. On commence à voir s'installer (Val
d'Azun) des Anglais qui, arrivant avec du capital, ouvrent des chambres d'hôte. En pays Toy, les
Espagnols ont d'abord investi en résidences secondaires ; progressivement, des actifs s'installent.
Les Espagnols sont assez nombreux et s'intègrent mal : beaucoup sont basques, qui parlent
basque et restent entre eux, ce qui est mal vécu par les locaux. Il n'y a pas de politique
particulière au niveau du Pays par rapport à l'immigration étrangère. Ce sont des gens qui ont de
l'argent, mais ils font monter les prix fonciers et leur immigration est assez mal vue. Par contre, en
tant que touristes, ils contribuent fortement au chiffre d'affaires des stations : les Espagnols , en
particulier, sont dépensiers (achètent du matériel).
le cas de Lourdes est particulier. Le site reçoit 6 millions de nuitées, mais il diffuse peu sur les
environs. Des circuits de cars – de plus en plus courts – déposent les touristes dans un petit
nombre de sites majeurs (Cirque de Gavarnie, par exemple), pour un repas au restaurant et les
cartes postales… Les tentatives de brancher sur cette présence touristique des ventes de produits
du territoire n'ont pas produit beaucoup d'effet : c'est une fréquentation très cadrée, laissant au
touriste peu de possibilité d'autonomie.
il y en a encore peu d'immigrants qui, travaillant à Tarbes, viennent habiter sur le territoire ; un
léger flux s'est amorcé depuis que la 2x2 voies est commencée. Mais ce n'est pas perçu comme
stratégique par le Pays, car le bassin d'emploi de Tarbes n'est pas très important.
L'essentiel de l'action du Pays dans le champ de l'économie résidentielle porte sur le développement
du tourisme autour de grands pôles.
75
5. Entretiens conduits avec des “entrepreneurs résidentiels”
76
6. Entretiens conduits avec des “entrepreneurs résidentiels”
1. ADRIAN
Pays de Couserans
62 ans, anglais, installé en Ariège depuis une trentaine d'années, antérieurement
prof de biologie à la British School of Paris. Vit seul dans une ancienne ferme isolée.
Production / Sources de revenus
Activités à Toulouse
Activité de formation / enseignement (anglais) dans différents établissements
d'enseignement supérieur (Ecole Supérieure de Commerce) ou entreprises (Météo
France) à Toulouse
Activité d'interprétariat français / anglais dans différentes entreprises à Toulouse
Activités sur le territoire
Activité de traduction français / anglais pour différentes entreprises ou professionnels
situés à Toulouse ou ailleurs
Pendant deux ans (entrée en relation par la Chambre de Commerce),
accompagnement linguistique de l'activité d'une entreprise locale de fabrication de
textile technique (recyclage kevlar) : formation en anglais pour les deux
responsables, puis établissement de premiers contacts clients en anglais, puis
interprétariat lors de voyages de prospection de marchés en GB, en Allemagne et
aux USA, puis établissements de contrats en anglais.
Organisation et réalisation de stages de biologie sur le terrain en Ariège pour les
élèves de différents lycées britanniques privés en GB ou eu Europe (Ecole
Britanniques de Paris, de Bruxelles, des Pays-Bas…), sachant que ces "biology field
courses" sont une dimension obligatoire du cursus scolaire en biologie. Ces stages,
d'une durée de 8 à 12 jours, concernent une centaine d'élèves par saison (juin à
septembre) et quatre à cinq établissements scolaires (groupe de 12 à 20 personnes).
Les activités pédagogiques se déroulent pour partie en pleine nature (sites en
77
France ou en Espagne), pour partie à la Maison du Haut-Salat à Seix où les élèves
sont par ailleurs hébergés pendant tout le séjour. "Centre International de Séjours",
la Maison du Haut Salat (83 lits) est située dans le Haut-Couserans et accueille
congrès, stages, séminaires, formations… Propriété de la commune, elle est gérée
par l'association Ethic Etapes. Les retombées de cette activité pédagogique sur le
territoire :
- plus de mille personnes/jour par an pour la Maison du Haut Salat qui emploie du
personnel local
-
consommation des jeunes, qui sont de milieux aisés et ont beaucoup d'argent de
poche, dans les boutiques de Seix (650 habitants) : "razzia" chez Casino, en
particulier, pour ramener des souvenirs
-
utilisation de caristes pour les trajets aéroport de Toulouse / Seix ainsi que pour
les transports sur tous les sites de travail
-
parfois guides de montagne
Production / Autres activités non sources de revenus
-
Membre du conseil d'administration de l'Association Naturaliste de l'Ariège (ANA).
L'ANA, aujourd'hui un CPIE (Centre Permanent d'Initiatives pour
l'Environnement), organise des formations, des initiations à l'environnement pour
les écoles primaires, des sorties…
-
Réalisation, avec une autre résidante, d'un livre sur la biologie à destination des
enfants
-
Retape sa maison tout seul si ce n'est un artisan pour la fosse sceptique
-
Potager et poules pour consommation personnelle
-
Membre d'un orchestre de jazz New Orleans : animation de fêtes, de mariages,
du festival de Saint-Lizier…
Consommation
-
Matériaux maison, machines, outils… entièrement en Ariège
-
Alimentation et courant en Ariège
-
Services médecin, dentiste… à Toulouse
Relations institutions
78
-
Un contact Datar initial pour une aide éventuelle sur le projet "field course" lors de
son installation : pas de suite si ce n'est une orientation sur la Maison du Haut
Salat (alors en manque de clients) pour l'hébergement des étudiants.
-
Un tentative auprès du maire de Sainte Croix Volvestre dans le but de trouver un
local pour accueillir les étudiants : pas de suite
-
Le maire de Seix et son adjoint : bon contact avec eux, mise en relation avec des
locaux, calment le jeu avec ceux qui sont hostiles à l'activité (plaintes lorsque les
groupes d'étudiants traversent des prés, par exemple), mais rien de plus. De
façon générale, pas de soutien ni de reconnaissance de la part des locaux
(Casino, par exemple, qui fait une bonne partie de son chiffre d'affaires avec des
jeunes anglais, mais les jugent par ailleurs dérangeants).
-
Pas d'ADSL sur la zone où Adrian habite, ce qui le pénalise beaucoup
évidemment pour les relations avec ses clients traduction ou classes de biologie.
Plusieurs tentatives infructueuses auprès de France Télécom. Une pétition
groupée avec d'autres professionnels du coin également pénalisés pour obtenir le
soutien du maire de Camarade : sans succès non plus.
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Hybridation des revenus
Comme un certain nombre de gens sur les territoires ruraux, il vit sur des logiques
diverses, composites. Impossible, donc, de le faire entrer dans une catégorie.
2. Ecosystème spécifique qui constitue une ressource pour des scolaires : c'est donc
l'exploitation du milieu naturel qui rapporte de l'argent. Un mode d'exploitation
intelligent, spécifique et rémunérateur de la ressource verte.
3. Des étrangers sur le territoire : on peut les faire dépenser, mais aussi exploiter leur
savoir-faire, leurs ressources. L'étranger, ce n'est pas que de l'argent sur le territoire.
4. Problème des équipements communication : zéro investissement du territoire.
79
80
2. PIERRE
Pays de Couserans
La quarantaine, vit seul avec sa mère sur l'exploitation familiale, une ferme isolée.
Agriculteur depuis 1987, a créé en 2000 son entreprise en travaux agricoles et
forestiers.
Production / Sources de revenus
J'ai une entreprise en travaux agricole et forestier. Je fais de la prestation de broyage
– déchiquetage de bois à l'extérieur et j'ai aussi sur place une activité de
production/vente de bois énergie en plaquettes forestières. Les plaquettes
forestières, c'est pour alimenter les chaufferies (chaudières de collectivités ou de
particuliers) ; quand c'est de la réduction de volume, c'est de la déchetterie qui peut
être mélangée à du compost. Je travaille donc soit en prestation à l'extérieur, soit sur
place :
- prestation à l'extérieur : je loue ma prestation en Haute-Garonne, dans l'Aude, les
Hautes-Pyrénées, les Pyrénées Atlantiques, les Pyrénées Orientales ou, même,
en Espagne. Ce sont des missions qui vont de un jour à vingt jours,
-
production sur place : je produis mes propres plaquettes sur mes propres bois :
pour des chaudières locales et pour ma consommation personnelle.
Je vis depuis toujours sur l'exploitation familiale. On se chauffait au fuel et, avec la
flambée du pétrole, on est passé au bois parce qu'on a une propriété avec des bois.
Mais, du coup, il y a eu cette corvée énorme de le ramasser et de le sécher etc. pour
approvisionner la chaufferie ; et aussi, en tant qu'agriculteur, en nettoyant les bords
des parcelles, je me trouvais avec ces encombrants et ces résidus… Et un jour, j'ai
repéré sur une foire agricole ce système de broyage et de réduction des branches.
Et j'ai découvert que ce système fonctionnait en Aveyron. Et comme, sur une
commune, ils avaient monté un gros projet de chaufferie bois pour une maison de
retraite, je me suis lancé… Mais il y a eu un gros bug parce qu'il y a eu une dispute
entre les maires, ce qui fait que je me suis retrouvé avec la machine que j'avais
achetée et plus de contrat… A l'époque, c'était un complément d'activité parce que
j'ai gardé pendant deux ans l'activité agricole et mes revenus industriels, c'était en
complémentaire, en BIC.
Je suis agriculteur depuis 1987. J'avais une centaine de vaches laitières et, en tant
qu'agriculteur, j'avais beaucoup de mal par rapport à la production parce que je n'ai
pas eu la possibilité d'avoir un quota laitier suffisant. Quand j'ai arrêté l'exploitation,
ma mère avait la retraite agricole et, moi, je travaillais sur des terres en indivision et
je payais des amendes de pénalité de dépassement des quotas. C'était un travail
81
hyper contraignant, beaucoup de travail, quasiment tous les jours un pépin dans le
troupeau… et tout ça pour ouvrir le tank à lait pour le mettre à l'égout. Alors j'ai
changé d'activité, déjà parce que j'avais du bois en propriété et, ensuite, parce que
j'étais libre de le faire… J'ai encore sur mes terres une production de fourrages sur
les prairies. Mais la vente de fourrage, ce n'est pas vraiment un revenu : ça me
permet juste de couvrir … ? et de garder mon statut d'agriculteur.
Aujourd'hui, avec mon entreprise, j'ai moins de pression. Mais, au niveau revenus,
c'était en plein boum il y a deux ou trois ans et, là, ça baisse ; c'est pour ça que je
loue ma prestation jusqu'en Espagne… En paroles, on parle énormément de ce
produit et du bois énergie – c'est même un peu fatigant – mais, en pratique, il y a un
ralentissement sur tous les projets. Il y a les idées, mais la mise en place ne se fait
pas. En plus, il y a maintenant la concurrence des plaquettes industrielles, et le
développement des petites chaudières échappe à la plaquette forestière. Et il y a en
plus les lobbies EDF et pétrolier…
J'ai acheté mes deux machines pour une valeur de 500.000 F ; et j'ai eu une aide
Etat / Europe / région pour l'une des deux, une subvention de 50.000 à 60.000 F, soit
25 à 30% de son prix. Les autres machines dont j'ai besoin – tracteurs, remorques…je les ai conservées de mon activité agricole. Pour le stockage, j'ai aménagé les
bâtiments de l'exploitation.
La retraite de ma mère ? Non, ça ne rentre pas dans les revenus. C'est séparé (deux
foyers fiscaux). Et on habite dans deux parties séparées de la maison.
Si mon activité génère des emplois ? Oui, parce qu'il faut bien stocker le produit
ensuite.
Consommation
Mes dépenses pour ma production locale – le carburant pour mes machines etc. –
c'est en local, à part pour les pièces détachées. Quand je travaille en prestation
extérieure – par exemple pour des chantiers en Espagne – je consomme à
l'extérieur. Sinon, pour ma consommation personnelle, c'est tout en local au
département.
Relations avec les institutions
82
Des aides financières ? Non, je n'ai rien eu. Des conseils ? Non plus. C'est l'inverse :
c'est moi qui ait apporté beaucoup d'informations à tout le monde sur ce produit. On
me téléphone souvent pour me demander des informations sur mon activité. Les
chambres consulaires ? Non, il y a une dizaine d'années, j'étais le marginal… Des
agents de développement, on en voit depuis deux ans seulement ici ; avant, non.
Il y a une grosse différence pour les plaquettes forestières entre le Nord et le Sud de
la France. Dans le Nord, ils ont commencé plus tôt et ça marche beaucoup mieux. Et
puis, dans le Sud, c'est terrible : la philosophie n'aide pas au redéveloppement. Et
l'Ariège est pire que tout. Si j'ai l'opportunité de me domicilier en Haute-Garonne, je
le ferai. On est plus écouté, plus soutenu, on a des gens plus compétents en face de
soi (pour la comptabilité, par exemple) ; je le sais parce que j'ai des copains en
Haute-Garonne. En plus, ici, les moyens de communication sont catastrophiques : le
mobile ne passe pas et on n'a pas l'ADLS. Il me faut toute la soirée pour ouvrir mes
e-mails. Et dès qu'il pleut fort, on n'a plus d'électricité, plus d'Internet et plus de
téléphone… C'est un gros, gros handicap. On a fait une pétition à 15 qu'on a
déposée en mairie : pas un élu n'a soutenu notre demande, et on n'a eu qu'une seule
réponse de France Télécom... qui nous parle de 2009 ! Il n'y a aucun soutien des
entreprises ici.
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Passage d'un système de production classique à un système hybride où, à la fois,
il vend, mais il rapatrie aussi sur le territoire des revenus tirés à l'extérieur
2. Echec car reconversion fondée uniquement sur le système local.
3. Problème des équipements communication. Zéro investissement du territoire.
83
3. MARTIN
Pays de Couserans
Un couple d'anglais, la cinquantaine, installé depuis cinq ans dans une grande ferme
isolée avec deux enfants de 20 et 17 ans. C'est l'homme qui parle, dans un français
assez difficile à comprendre.
Production / sources de revenus (du couple)
Nous avons six gîtes de vacances d'une capacités de 30 à 40 personnes au total.
Pendant l'année, quatre sont loués avec un contrat de dix mois à des
"professionnels", et deux sont réservés pour le tourisme de week-end. Pendant l'été
(juillet – août), tous les gîtes sont loués pour le tourisme à des clients : 90 % de
français et un peu des belges, 10% d'anglais. La différence pour l'argent est énorme
: un mois en juillet / août correspond à dix mois de location sur l'année.
Pour la location à l'année, les professionnels qui sont chez nous en ce moment sont,
par exemple : deux parisiens qui cherchent pour une nouvelle vie, une personne
consultante pour l'écologie, un berger qui commence la transhumance aujourd'hui et
sa femme aide-soignante, un jeune espagnol qui veut construire une maison
écologique, un professeur des écoles qui a une mutation ici pour l'année… C'est
assez rare d'avoir des professionnels parce qu'il y a beaucoup de personnes ici qui
vivent ici avec la CAF ; mais je ne veux plus de hippies parce que j'ai eu beaucoup
de problèmes avec eux… Oui, nous avons aussi des touristes pour le week-end,
même en dehors de l'été : par exemple, nous avons beaucoup de stagiaires de
danse car il y a un studio de dans au Mas d'Azil qui organise un stage par mois.
Nous sommes arrivés ici en mai 2002. Nous étions avant en G-B, près de
Cambridge, où j'avais une entreprise de consultant en marketing et vente ; ma
femme était prof. Mon business était international et concernait principalement le
textile, qui s'est effondré en Europe. Nous avions une grosse maison en G-B que
nous avons vendue pour une grosse somme d'argent, et nous avons cherché une
maison sur Internet en France. Nous voulions une propriété qui puisse convenir pour
une entreprise touristique et aussi pour une activité équestre. Le cheval était notre
hobby en Angleterre et nous avons amené ici nos quatre chevaux.
Pourquoi une propriété en France ? Pour avoir une qualité de vie sans le stress de
mon business international. Par la biais de mon activité, j'avais beaucoup de contacts
: j'ai exploré les possibilités en France, en Espagne, et même en Floride. Finalement,
j'ai trouvé en France. Il s'agissait de trouver un équilibre entre des revenus et un style
de vie. La première piste, c'était dans le Nord de la Dordogne, mais c'était trop cher
84
et il n'y avait pas de potentiel pour une entreprise. La deuxième piste, en Dordogne
aussi, mais il n'y avait que des anglais et nous n'avions pas envie de vivre avec des
anglais. La troisième piste, c'était ici, en Ariège : une très grande propriété avec des
écuries, un manège et 41 hectares, et le tout très peu cher il y a cinq ans. Le
problème, pour les français, c'est le prix des bâtiments. Pour les français, c'était cher
mais, pour les anglais, c'était un très bon prix. Et nous étions arrivés ici avec une
grosse somme d'argent. Dans notre zone, les locaux ne peuvent pas investir de
l'argent parce qu'ils n'ont pas d'argent.
Nous avons fait beaucoup beaucoup de travaux dans le bâtiment : pendant cinq ans.
Qui a fait le travail ? Moi et mon voisin, un artisan maçon, mais au noir (il ne faut pas
le dire). Maintenant c'est fini. Quand je suis arrivé, j'avais beaucoup d'argent à la
banque et j'ai investi beaucoup ; maintenant tout est dans les bâtiments. Toutes nos
économies sont dans la propriété : environ un million d'euros au total.
Pour les revenus, nous sommes maintenant autonomes avec notre activité de gîtes.
Ma femme a aussi une pension britannique pour longue maladie : ce n'est pas
énorme mais c'est régulier, donc ça nous a aidés.
Mes enfants ont maintenant 20 et 17 ans. Ils ont passé le BEPC ici et parlent le
français sans problème. Mon fils ira l'an prochain à l'Université de Manchester pour
un diplôme de français. Ma fille est au lycée agricole de Castelnaudary et prépare un
diplôme hippique : elle pourra créer ensuite une école d'équitation ici.
Au bout du compte, on est très heureux : c'est une vie complètement différente. Je
n'ai jamais travaillé autant de ma vie, mais ce n'est pas le même stress. Les soins
médicaux pour ma femme sont superbes. Et les gens en Ariège - les amis qu'on s'est
faits ici - sont très sympathiques.
Consommation / contribution à la vie locale
-
Les travaux sur les bâtiments de la propriété pendant cinq ans avec un artisan
maçon (au noir)
-
La maladie de ma femme : jusqu'à il y a quinze jours, dialyses trois fois par
semaine à St Girons + taxis trois fois par semaine (là, elle vient d'avoir une greffe
de rein à Rangueil).
-
En juillet et août, nous avons beaucoup de touristes et ils vont dans les
supermarchés et les restaurants
85
-
Accueil des stagiaires de l'école de danse du mas d'Azil
-
Organisation tous les ans en novembre d'une course orientation VTT de deux
jours (Challenge Polaris, cf. site sur Internet), événement apparemment important
dans le monde VTT
Relations avec les institutions
-
Nous louons les gites sur Ariège.com
-
Les contacts avec la mairie et la préfecture sont nécessaire pour les attestations
pour les chèques vacances.
-
A part ça, je n'ai pas eu de contacts avec les pouvoirs publics français parce que
je n'ai pas vraiment cherché et ça n'est pas arrivé non plus. Quand nous sommes
arrivés ici, notre gros problème, ça a été la langue. Personne ne parlait anglais en
Ariège et c'était très difficile d'expliquer notre situation (pareil pour ma femme à
l'hôpital). Comment on a appris ? Avec nos voisins et beaucoup de bouteilles de
vin !
-
Des subventions ? Non, on n'a rien demandé parce qu'on avait de l'argent. Et, de
toute façon, les démarches auraient été trop difficiles pour nous à cause du
problème de langue par rapport à ce qu'on aurait obtenu à la fin.
-
Ce qu'on pourrait souhaiter aujourd'hui ? Comme l'Ariège a un parc régional,
nous avons été invité à plusieurs réunions par l'office du tourisme qui veut investir
de l'argent dans la zone. Mais ils ne nous demandent pas comment faire. Par
exemple, ils installent plein des panneaux indicateurs pour des chemins qui
n'existent plus, juste parce qu'ils sont sur la carte… Mais il n'y a plus de chemin !
Quand j'organise le challenge VTT avec mon correspondant anglais qui vient
pour le préparer avec moi, c'est très compliqué pour les itinéraires.
-
Autre chose : il est nécessaire pour une entreprise ici d'avoir Internet, et nous
n'avons pas l'ADSL ; à 3 kilomètres, ça marche, mais pas ici…
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Un produit logement transitoire
2. … qui répond à une demande comme le montre la diversité de la population
hébergée (ce qui montre aussi que les territoires ruraux peuvent être des lieux de
passage)
86
3. Attractivité des systèmes français de santé et d'éducation pour des étrangers
4. L'apport qualitatif au territoire : événements culturels et sportifs
5. Hybridation des revenus
6. Problème des équipements communication. Zéro investissement du territoire.
7. Dans l'économie résidentielle, il n'y a pas que l'apport revenus tirés de l'extérieur :
il y a aussi l'apport en capital et les valeurs qualitatives compétences et énergie (le
capital et l'énergie : deux matières premières)
87
4. CLAUDE
Alpes de Haute-Provence (à 30 kms de Sisteron)
70 ans, en couple avec une compagne plus jeune (un foyer fiscal)
Production / sources de revenus (du couple)
-
20 à 30% revenus d'une activité de chambres(4) et table d'hôtes créée par la
compagne de Claude : environ 110 nuitées par chambre par an ; public de
l'extérieur mi-français, mi-étranger
-
20 à 30% de revenus de la peinture (activité d'artiste peintre) : produite sur place
et vendue hors du territoire à 90% à une clientèle en partie française, en partie
étrangère
-
20 à 30% de retraite (à la fois salarié et profession libérale)
-
20 à 30% de revenus immobiliers : propriétaires d'une maison et de deux
appartements sur le territoire (du côté de Sisteron) loués en habitat permanent à
des gens qui travaillent dans la Durance.
-
des "petites poussières" d'honoraires de conseil (activité antérieure de consultant
en libéral)
Chronologie de ces revenus / activités
Je fais du conseil et de la peinture depuis toujours ; mais, pour le peinture, pendant
tout un temps, je peignais mais je ne vendais pas. J'ai acheté et j'habite ici depuis 35
ans. Avant, j'habitais déjà à la campagne dans un vieux bâtiment au sud de Paris en
exerçant mon métier de consultant. Les propriétaires ont mis en vente : trop cher
pour moi. Et j'ai trouvé un truc ici par des copains. J'ai tout de suite été très intégré à
la vie locale parce qu'une jeune femme d'ici qui me trouvait très bien m'a enlevé et
qu'elle était la fille d'un gros acteur de la vie locale : un entrepreneur de Sisteron.
Il y a 20 ans, j'ai rencontré ma compagne actuelle qui avait une activité de
restauration, quatre mois en Corse l'été notamment. Il y a dix ans, elle en a eu marre
et a eu envie de se rapatrier ici ; elle a créé l'activité de chambre d'hôtes. Nos
activités sont à la fois séparées et communes : je lui fournis le cadre pour les
chambres d'hôtes et elle contribue à la vente de ma peinture. Tout ça, c'est donc lié
à mon histoire personnelle.
88
Consommation
-
Consommation quotidienne, y compris pour l'activité table d'hôte : sur place
-
Consommation loisirs à l'extérieur : voyages, week-ends, culturel
-
Consommation vêtements à l'extérieur
-
Matériaux peinture : livrés par une grosse entreprise allemande
Contribution à l'économie et à la vie locales
Les chambres d'hôtes font travailler des gens : équivalent d'un deux tiers temps
annuel pour l'entretien de la maison.
De façon générale, on pompe de l'énergie ou du fric ailleurs qu'on réinjecte ici. En
été, on doit contribuer au quart du chiffre d'affaires du bistrot du village puisqu'on lui
envoie nos hôtes. Quand je vais travailler à Lyon ou à Paris, je suis payé par la
Région Rhônes-Alpes ou par d'autres, et on dépense l'agent ici. Il y a pas mal de
gens ici dans le coin qui vivent sur des activités mixtes. On a failli avoir des
acheteurs belges pour acheter notre maison. A part ça, il y a un certain nombre de
gens qui viennent chez nous et qui cherchent.
Je produis aussi du lien social : par exemple quand je fais une exposition ici et qu'il y
a entre 150 et 200 visiteurs - des résidants - qui viennent la voir.
Je suis aussi élu depuis deux mandatures : maire de la commune d'Omergues (100
habitants), puis premier adjoint maintenant ; et Vice-président de la communauté de
communes. Je me suis même présenté une fois au Conseil Général, mais sans
succès.
Relations aux institutions
Les collectivités locales (le Département) soutiennent mon activité de création : en
soutenant des manifestations type expositions ou en achetant ma production.
Pour les chambre d'hôtes, ma compagne est liée à l'association départementale des
Gites de France
On a aussi bénéficié de subventions pour aménager les lieux.
89
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Hybridation des revenus à nouveau, dans le cadre d'une économie du couple
2. Utilisation des institutions à partir de son savoir faire de consultant
90
5. ESSENCIAGE
Pays Midi-Quercy
Essenciage est une entreprise de distillation de plantes aromatiques et production
d'eaux florales et produits dérivés. L'entretien est conduit avec son créateur, G., une
quarantaine d'années, en couple avec une compagne plus jeune.
J'ai travaillé pendant 12 ans chez Elf-Total : au siège, sur des fonctions
commerciales et de coordination d'activités. Mon changement de trajectoire et mon
projet, ça s'est fait à partir de réflexions personnelles, et d'idées aussi. J'ai préféré ça
plutôt que de continuer, d'acheter une maison ou un appartement etc. J'ai bénéficié
d'un plan social et d'un accompagnement léger.
Mon projet est né en Equateur. J'ai fait des études comparées d'implantation sur
différentes zones à partir de deux critères : disponibilité en matières premières et
potentiel touristique. J'ai envisagé une implantation dans une zone du Portugal, puis
en Andalousie. Pour des raisons pratiques et commerciales, il n'y avait pas l'idée de
la France au tout départ ; mais j'ai regardé du côté des Technopôles de Nantes et
Angers.
En fait, il y a eu un travail de préparation de cinq ans avant de mettre le projet en
route : cinq ans, ce n'est pas trop compte tenu des volets technique et commercial de
l'activité. J'ai bénéficié d'un accompagnement à la création d'entreprise à HEC
pendant l'été.
Il y a trois ans, j'ai contacté la filière plantes aromatiques au niveau national, et ils
m'ont parlé d'un groupe de travail à Laguépie dans le cadre du SIVAM (une structure
de valorisation en milieu agricole). Le maire avait déjà une réflexion sur le sujet, et ils
ont trouvé mon projet suffisamment mûr. La municipalité a ensuite fait emboîter le
pas à la Région et au Département sur un projet qui est assez lourd puisque j'ai fait
un gros investissement : 500.000 €. Ce qui fait qu'il y a trois ans, j'ai finalement
abouti tout de suite dans un site définitif ; je suis passé directement à l'étape 2 plutôt
que par une première phase en agropôle. C'est un projet de production de dérivés
agricoles avec des aspects innovants (l'ANVAR soutient aussi le projet aujourd'hui).
L'entreprise a été créé en septembre 05, après un an de développement de mise en
place de l'outil. Il y a aujourd'hui deux salariés. C'est une petite structure très jeune et
très fragile mais avec un développement commercial qui fonctionne : les produits
sont distribués, pour 90% à l'extérieur, dans 25 magasins à Paris et dans l'Ouest ; les
10% restants, c'est de la vente sur place. Les produits : des eaux florales et des
produits dérivés qui touchent aux cosmétiques sur une thématique produits locaux et
de terroir. C'est un métier qui existait dans le canton il y a 25 ans et que j'ai réactivé :
91
à l'époque, ils se distillait de la lavande qui partait en vrac vers Grasse. Une activité
régionale qui avait presque été oubliée.
Je travaille avec sept ou huit agriculteurs qui sont tous en bio et me fournissent en
plantes. Certains étaient déjà sur le créneau, mais d'autres s'y sont mis ; pour le
moment, pour eux, c'est un complément de revenus. Pour moi, la logique de la filière
projet, c'est : d'abord un commercial solide avant de se lancer dans la production (et
j'avais déjà une expérience commerciale). Pourquoi le critère "potentiel touristique"
pour l'implantation ? Pour pouvoir expliquer l'activité et la production. Pour faire la
vitrine de l'entreprise. Ce n'est que 10% du chiffre d'affaires, mais c'est important
parce que c'est l'outil de promotion. La semaine dernière, j'ai eu des gens qui sont
venus de Paris juste pour voir la distillerie.
Ce que j'ai importé sur le territoire ? Outre le capital – 500.000 € - j'ai importé
différents savoir faire, à la fois commerciaux, mais aussi techniques : j'avais appris la
distillation de plantes aromatiques dans un travail de compagnonnage auprès de
gens du métier et c'est ça qui m'a permis de concevoir le projet et l'outil (j'avais aussi,
avant de ma lancer dans la chimie, une formation en biologie). J'ai aussi importé des
modes d'approcher les problèmes un peu plus structurés : quand vous avez bossé
dans une grosse entreprise, vous avez acquis une méthodologie, une organisation…
un aspect culture d'entreprise et pragmatisme. Et puis je fais aussi travailler les
artisans locaux pour la restauration du lieu où je travaille (une ancienne gare).
C'est très difficile, aujourd'hui, de faire émerger des activités de production : il y a une
toute autre inertie que dans le cas du lancement d'une simple activité commerciale
ou que dans le cas d'activités de service, et je pense que ça nécessiterait donc plus
d'aide. Personnellement, j'ai été aidé de manière assez soutenue, mais c'est je
considère que c'est un minimum : des aides structurelles sur le matériel, un crédit
bail de la commune (appuyé par la Région et le Département) pour un atelier relais
(ancienne gare) + les ASSEDIC…
Des activités connexes ? Je travaille avec un centre de vacances et c'est intégré
comme une dimension complémentaire de l'offre offre touristique. Je suis aussi
trésorier de l'Office du Tourisme. Je suis assez proche de la municipalité. J'ai de
bonnes relations avec le maire : il me demande mon avis, me pose des questions…
C'est un projet très ambitieux, une grosse aventure. Là, l'entreprise va atteindre son
point d'équilibre dans la deuxième année, ce qui est pas mal pour une entreprise de
production ! C'est possible parce qu'il y a eu un énorme travail de préparation. Sinon,
il y a des obstacles énormes. Quoi par exemple ? Des inerties, notamment, comme
le fait d'attendre huit mois pour un permis de construire…
92
Ce qui pourrait être amélioré ? Il y a un problème de redondance des collectivités.
On m'a dit : il y a beaucoup de gens de bonne volonté autour de la table pour vous
aider ; et c'était vrai. Mais, moi, j'ai eu sept ou huit interlocuteurs à gérer : à
convaincre, à qui j'ai du fournir des documents, des dossiers etc. Les collectivités ne
s'appuient pas forcément assez sur les "sites de proximité", comme sur celui de
Saint-Antonin-Noble-Val, par exemple. Dans une des premières réunions, j'ai dit :
"c'est possible d'avoir un interlocuteur unique ?" ; et on m'a répondu : "mais
regardez, tous ces gens autour de la table qui veulent vous aider…". Ça, c'était le
bon côté. Mais pour mon approche entreprise, c'était différent comme je l'ai dit tout à
l'heure : ça se traduit par des coûts supplémentaires directs pour l'entreprise.
Autre chose. Moi, je suis aidé de manière assez soutenue par les collectivités mais,
à côté de ça, l'outil de travail transport (la ligne SNCF Carmaux – Paris) a été
supprimée. Il y a des contradictions en matière de développement local. La liaison de
communication passe par une connexion aisée vers les pôles d'activités à l'extérieur
: et il ne s'agit pas du niveau régional seulement avec le TER. La valorisation de
l'outil ferroviaire est ubuesque : il y a un an, je pouvais prendre le train à Carmaux
(un train tous les jours à 22h30) et être le lendemain matin à 10h à Paris (ou en
Allemagne, bientôt) ; aujourd'hui, avec la suppression de la ligne Carmaux – Paris
(sauf pour les périodes estivales, une fois par jour sur des horaires pratiques pour les
parisiens qui viennent en vacances, mais pas pour les locaux !), il me faut une
journée pour le transport dans un sens, idem pour le retour et, donc, je perds deux
jours sur les trois... Et, commercialement, quand je vais vendre sur mes salons, l'idée
de venir à Laguépie… (environ 800 habitants à peu près sur la commune ; villes les
plus proches : Villefranche-de-Rouergue ou Albi, à une demi-heure de route ;
supermarché le plus proche à trente minutes).
Si j'ai l'ADSL ? Oui, heureusement, c'est fondamental ! C'est le moteur privilégié du
développement. Je ne serais pas là si je ne l'avais pas.
Une autre difficulté. Je suis venue m'installer ici avec ma compagne. Elle est plus
jeune que moi, a une formation en histoire de l'art... et vient juste d'être embauchée
en tant que salariée sur l'entreprise. Il y a eu une demande du Pays pour le
recensement du patrimoine, mais elle n'a même pas été reçue pour un examen de
sa candidature. Ce n'est pas notre choix de travailler ensemble mais, là, il n'y a pas
d'autres possibilités : en tout cas pour le moment… Dans un salon à Limoges sur
l'installation en milieu rural, j'avais dit qu'un des principaux problèmes, c'était : que va
faire le conjoint ? S'il faut un accompagnement des collectivités, c'est un
accompagnement du conjoint dans l'implantation.
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Ma consommation ? Tout a lieu dans la commune et les environs. Pour les loisirs
culture ou les vacances ? C'est un peu tôt encore ! Pour le moment, je travaille 16
heures par jour…
Après 15 ans de vie active, je suis locataire… d'anglais ! dans la commune d'à côté
parce que, personnellement, j'ai fait le choix d'investir dans un projet. Les anglais
apportent une dynamisme économique dans la région : si les commerces et les
services tiennent, c'est grâce à eux.
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Cinq ans de préparation pour le projet, et encore avec des savoir faire pré-requis
(techniques et commerciaux) déjà acquis : il y a un rythme pour les choses, un temps
de maturation nécessaire…
2. Multiplicité des interlocuteurs territoriaux qui travaillent sur un même dossier pour
l'aide au lancement de l'activité ; ça a un coût pour l'entrepreneur !
3. Le problème de l'emploi du conjoint (qui peut pourtant apporter une aide en
fonctionnement dans la situation de lancement d'une activité)
4. Un choix du lieu d'implantation sur une rationalité d'entreprise (plutôt que "nature"
ou "tranquillité"…) à partir de deux critères : capacités de production et potentiel
touristique
5. L'importance du lieu (ancienne gare) et de l'accueil (le maire, groupe de travail)
6. Notion de "système" pour le projet : des réseaux commerciaux sur place et à
l'extérieur, des agriculteurs qui vont produire la matière première…
7. Pas d'installation si pas d'ADSL
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6. L'USINE - AUTRESENS
Pays de Comminges Pyrénées
L'entretien est conduit avec S., une femme d'environ 35 ans, salariée de la structure
(une friche artistique et culturelle) Son conjoint est le fondateur, ils ont un petit
enfant.
L'association (Un Des Sens) et le lieu (L'Usine d'Art et d'Essai – Autre Sens) existent
depuis cinq ans. C'est une "friche culturelle" installée dans une ancienne usine de
papier à cigarettes Riz La Croix qui propose de l'art sous toutes ses formes :
spectacles, expositions, musique, danse théâtre, expositions photos… On a aussi
quelques mini-résidences d'artistes dont le principe est l'échange : résidence contre
un spectacle. Au début de l'ouverture du lieu, on ne fonctionnait que l'été au début ;
maintenant, on est ouvert tous les week-ends. Il y a un restaurant associatif qui
fonctionne avant les spectacles : on peut dîner, parler, échanger… avant le
spectacle. On a aussi un petit espace libraire associative.
Le public est très diversifié et variable. On peut avoir de 5 personnes à 50 personnes
ou plus le week-end, tout dépend de la programmation… Sauf quand il y a des
spectacles pour enfants, on peut dire que les gens qui viennent ont à partir de 30 ans
et jusqu'à indéfini ; on ne touche pas les jeunes. A part ça, on a un public mélangé, à
l'image des gens d'ici : beaucoup de familles toulousaines de cadres qui sont venus
s'installer dans le coin, des néo-ruraux installés depuis plus longtemps, des retraités,
pas mal d'anglais et d'allemands, mais aussi des gens d'origine locale (on a un public
traditionnel qui a travaillé dans l'usine, puisqu'elle n'a fermé qu'en 83). Ce public très
diversifié est aussi lié à notre programmation : on essaye d'offrir des spectacles très
variés, pour tous. Mais c'est sûr aussi que s'il n'y avait pas tous les nouveaux
arrivants, ça n'aurait pas pu marcher…
Des touristes ? On en a quelques uns l'été parce qu'on est proche d'une aire de
camping-cars, mais on marche mieux l'hiver que l'été où il y a une offre importante
de festivals. Notre clientèle est une clientèle locale de gens qui vivent dans le coin au
sens large, disons dans un rayon de 30 kilomètres, y compris des petites villes du
coin : on a des gens qui viennent de Saint-Gaudens ou de Saint-Girons (vingt
minutes, une demi-heure en voiture) parce qu'on a une offre différente qui n'existe
pas là-bas.
L'association a été fondée par trois personnes : le Président (qui est mon conjoint, en
fait) et deux bénévoles. Le Président était (est) un artiste plasticien qui cherchait un
lieu ; il a rencontré une autre personne qui vient du théâtre et qui voulait faire une
librairie ; et puis il y a eu la rencontre d'une troisième personne qui venait de la
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recherche et voulait faire de la vulgarisation scientifique (cette idée a été mise de
côté, il ne participe plus pour le moment).
Ces trois personnes fondatrices de l'association ne sont pas originaires de MidiPyrénées, même s'ils y vivent depuis une dizaine d'années : deux viennent des Pays
de Loire, et une de Paris. Mon conjoint (Président de l'association) a 36 ans : il est
infographiste et travaille en télétravail sur un CDD pour une entreprise en Pays de
Loire. C'est une entreprise de création de logiciels et lui s'occupe de la mise en page
d'applications des logiciels. La deuxième personne de l'équipe des fondateurs a 65
ans et est maintenant à la retraite. La troisième a 36 ans et est au chômage
actuellement.
L'association emploie (employait) deux salariés : moi, qui suis la gestionnaire
administrative (je suis sur un emploi mutualisé de la Région Midi-Pyrénées), et
quelqu'un était là pour l'accueil du public en contrat d'accompagnement (on attend
une réponse à une demande de CAE - Contrat d'Accompagnement dans l'Emploi pour réembaucher). Personnellement, je suis d'origine américaine et je viens de
Marseille. Je suis ici parce que j'ai suivi mon conjoint. J'ai fait des études d'économie
et d'urbanisme. J'ai passé le concours de fonctionnaire territorial mais je n'ai pas
trouvé d'emploi : avant d'être salariée de l'association, j'étais vendeuse à Toulouse.
Nous avons maintenant un enfant qui est à l'école ici. Toute notre consommation se
fait localement, à part pour les vacances qui ont lieu en dehors du territoire.
Le budget de l'association, c'est en partie des subventions (commune, Conseil
Général et DRAC) et en partie les recettes du restaurant associatif qui fonctionne
avant les spectacles et nous permet de nous financer. La cuisine est faite par des
bénévoles.
Dès le début de l'association, il y a eu une vingtaine de bénévoles autour des
fondateurs (dont moi) : parce qu'il y avait besoin, ici, d'un lieu de culture, de
rencontres et d'échanges qui soit plus proche que Toulouse qui est à 45 minutes. La
commune de Mazères-sur-Salat (600 habitants) a soutenu l'association depuis
toujours : parce que le plus compliqué, au départ, ça a été que les gens nous fassent
confiance… Le bâtiment est un bâtiment privé que nous louons à une SCI.
***
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LES POINTS REMARQUABLES
1. Transposition en milieu rural d'une activité urbaine ("friche") : il ne s'agit plus
d'urbains résidant en milieu rural, mais d'une "activité" urbaine résidante en milieu
rural.
2. Une offre innovante pour la consommation des urbains qui vivent en zone rural
3. A nouveau, importance du lieu (ancienne usine) et de l'accueil (le maire soutient le
projet)
4. Le projet mobilise les ressources très diverses d'un collectif (salaire extérieur,
chômage, bénévolat…) et les transforme en un produit culturel
5. Problème de l'emploi du conjoint
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7. Les AMAP
Pays Lauragais
L'entretien est conduit avec un agent de développement local à l'origine de la
création de la première AMAP dans le département.
AMAP = Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne. Une AMAP, c'est
un groupe de consommateurs qui se regroupent parce qu'ils ont la même façon de
consommer et qu'ils veulent soutenir une agriculture paysanne respectueuse de
l'environnement (et donc souvent biologique). Les AMAP sont montés à l'initiative
des consommateurs. Il y a un aspect économique, éthique et citoyen. On veut
manger sain, maintenir une agriculture paysanne respectueuse de l'environnement,
et maintenir des revenus d'agriculteurs : au lieu d'engraisser les transporteurs et les
grandes surfaces, le travail des producteurs est rémunéré à sa juste valeur. C'est du
commerce équitable Nord – Nord.
Le travail du producteur – livraison d'un panier de fruits et légumes par semaine à
chaque membre de l'association - est payé à l'avance sur la base d'un contrat de six
mois à un an passé entre l'association et le producteur. Le consommateur fait une
douzaine de chèques libellés au nom du producteur (par exemple, si le panier de la
semaine est à 15€, il va faire des chèques de 60€) et c'est le trésorier de
l'association qui lui remet. Les gens sont toujours liés par un contrat, mais les
chèques ne sont pas débités tous en même temps. Pour le producteur, c'est un volet
très intéressant au niveau débouchés : une AMAP qui regroupe, mettons, une
vingtaine de consommateurs, c'est un mode de commercialisation qui peut lui
assurer la vente d'une partie de sa production.
Il y a à peu près 80 AMAP sur le grand Toulouse. C'est énorme. Les agriculteurs ne
sont plus sur place parce que la ceinture maraîchère de Toulouse, c'est maintenant
du béton et on est alimenté par les producteurs espagnols. Les producteurs sont
dans le Tarn, l'Ariège, le Gers… tous les départements autour ; il faut aller les
chercher de plus en plus loin. Il y a de plus en plus de producteurs des départements
limitrophes qui vont livrer leurs paniers à Toulouse. Quand les producteurs ne sont
pas loin des groupes de consommateurs, il peut y avoir livraison à la ferme. Mais,
sinon, ce ne serait pas écologique que tout le monde se déplace. Donc les
consommateurs viennent sur un point de distribution : un local AMAP (à Toulouse, il
y en a plusieurs : vous pouvez voir la liste sur le site Internet).
Une AMAP correspond en général à un seul producteur ; mais il peut y en avoir
plusieurs avec un contrat par producteur (en général, c'est des maraîchers, mais il y
a aussi des AMAP "viande"). A l'inverse, un producteur peut être lié à deux ou trois
AMAP, et ça peut représenter tous les revenus d'un producteur. Il y a même des
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producteurs qui s'installent paysans en AMAP – c'est à dire qu'ils ont une partie de
leur CA professionnel en contrats AMAP. Aujourd'hui, le Crédit Agricole pose la
question et en tient compte.
Les AMAP sont nées en 97, 98 vers Aubagne, à l'initiative d'un couple de
maraîchers. Le modèle est inspiré du Japon où l'expérience a commencé après
Hiroshima. Il s'est surtout répandu dans les villes bétonisées où il y a une forte
pression sur le foncier et où l'approvisionnement en produits frais est difficile. C'est
un rapport privilégié entre producteurs et consommateurs. On a son médecin de
famille et son "fermier de famille". Ce mode là, c'est un circuit court de
commercialisation à partir d'une demande organisée en groupe de consommateurs
solvables.
Si on raisonne par rapport à l'économie résidentielle en Midi-Pyrénées, il faut parler
de l'afflux de populations venues du Nord : les cadres supérieurs, les CSP+ et les
enseignants sont largement majoritaires dans le profil des groupes de
consommateurs AMAP. Donc cette demande solvable de la place du Capitole et de
l'agglomération toulousaine contribue à maintenir les activités de production des
départements limitrophes. Les producteurs qui ont contractualisé avec des
associations comme ça sont plutôt des petits mais, avec le succès de ce mode de
commercialisation, même des producteurs installés dans le syndicalisme majoritaire
(ceux qui ont bouffé les petits) s'y mettent…
J'ai aidé au montage de la première AMAP du département : "l'AMAP Monde", à
Castelnaudary. Ça a marché parce que j'ai ciblé des bobos qui habitent Castel mais
travaillent à Toulouse (on est la quatrième couronne de Toulouse, à Castel). Avec
des "pièces rapportées", j'étais sûr que ça allait marcher parce qu'ils n'ont pas de
réseaux, ni de liens familiaux, ni de jardins qui pourraient leur fournir des produits
mais, par contre, ils ont du pouvoir d'achat ; à l'inverse, aucun des consommateurs
du groupe ne sont du coin, aucun, aucun… Dans le groupe, il y a une océanographe,
une véto, quelqu'un qui travaille dans les satellites à Toulouse, des profs, des
artistes… des gens qui n'ont pas de jardin et pas de famille sur place. Pour monter
une AMAP, il faut déjà avoir un groupe, alors je me suis appuyé sur le noyau
d'ATTAC et je leur ai expliqué. Je suis agent de développement local et j'étais sûr
que ça marcherait même si tout le monde autour de moi était sceptique…
Les consommateurs de "l'AMAP Monde" sont tous du Lauragais. Mais j'ai un copain
maraîcher qui a un groupe de consommateurs à Balma et va toutes les semaines
leur apporter un panier ; il y a des consommateurs qui ne sont pas très localisés. Par
contre, toutes les AMAP sont appuyées au départ sur des militants (ATTAC, surtout)
; c'est ça qui amorce la pompe même si, ensuite, ça glisse et ça s'élargit.
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Quel rôle possible de l'Etat ? Déjà, l'Etat a un rôle à jouer au niveau du foncier.
Ensuite, plus directement par rapport aux AMAP, ce serait bien si on ne mettait pas
des bâtons dans les roues en prenant au sérieux, dans les CDOA (Commissions
Départementales d'Orientation de l'Agriculture), les dossiers d'installation de
maraîchers qui s'appuient sur des contrats AMAP : quand l'installation progressive
marche, il n'y a pas besoin de vingt milliards d'investissement pour s'installer (à titre
personnel, je travaille sur l'installation progressive à l'ADEAR, une association pour le
développement de l'emploi agricole et rural). C'est un enjeu de société d'avoir une
production locale. Il faut que l'Etat prenne conscience que son rôle régalien
comprend aussi l'alimentation : il faut une agriculture nourricière plutôt que de créer
des territoires qui dépendent complètement de l'extérieur.
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Comme la friche artistique, les AMAP représentent une offre adaptée aux
résidants urbains, qui induit une dépense de leur pouvoir d'achat. Mais, à la
différence de la friche, l'offre correspond à une production des ruraux, "mise en
scène" cependant : c'est un produit idéologique, militant.
2. Le succès du produit fait glisser un projet initié sur l'économie résidentielle vers
l'économie productive : des producteurs vendent aussi maintenant à des urbains qui
vivent en ville. (on aurait le même chose pour la friche L'Usine s'ils avaient des
clients qui venaient de Toulouse…). Autrement dit, une offre initiée à partir du
pouvoir d'achat résidentiel peut passer dans le système productif si elle correspond
aux valeurs des urbains…
100
8. LE PROJET CASTEL
Pays d'Armagnac
L'entretien est conduit avec Monsieur B., maire de Castelnau d'Auzan.
Le projet Castel est un programme de 320 logements pour retraités : 250 logements
individuels et 70 appartements (si on arrive à développer le projet puisque c'est
actuellement en Cassation !)
Pourquoi ce projet ? En tant que maire, je me suis penché sur les sources de
revenus de la commune. Et j'ai vu que beaucoup des gens du Nord qui ont acheté
dans le Sud-Ouest il y a 25 ans, à l'âge de la cinquantaine, ont aujourd'hui soixantequinze ans et ont un peu peur : "que va-t-il se passer dans ma grande maison isolée
si mon conjoint décède ?". Par ailleurs, ces gens n'ont pas forcément envie non plus
de rentrer en G-B ou en Hollande : ils n'y ont plus forcément de parents très proches,
leur vie est maintenant ici, ils ne veulent pas perdre le soleil… Donc je me suis dit : et
si on leur proposait quelque chose où ils seraient regroupés près d'un village, avec
une offre médicalisée ? Je suis entré en contact avec un copain agriculteur
hollandais qui est ici et qui a du réseau et il m'a dit : "fabuleux !", et on a cherché
quelqu'un… Et on a trouvé un développeur de projet hollandais qui a déjà plusieurs
expériences à son actif (il a régénéré un secteur de vignoble en Italie, il a fait un gros
projet de 100 chambres avec du médical dans un château en Allemagne, etc.).
Le promoteur : la société PROCAPITAL. Une société hollandaise, ORBIS,
s'attachera à tout le côté médical ; Actuellement, on travaille avec la DDASS, les
services sociaux, l'ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural) sur l'aspect médical du
projet. On a travaillé avec la Préfecture, la DDE, etc. On a monté un PAE (Plan
d'Aménagement d'Ensemble). Tous les terrains sont actuellement retenus. Tout est
public à l'intérieur : routes, trottoirs, réseau etc. L'ensemble sera à 600 mètres du
village : les premières maisons à 400 mètres, les autres à 1,5 km. Dans le cadre du
PAE, une liaison au village a été imposée par la DDE au promoteur, ce qui est très
bien, avec route, piste cyclable, trottoirs etc. Notre projet est unique de ce point de
vue.
Il y aura cinq types de maison et trois types d'appartements. L'achat moyen est de
550.000 € ; donc vous voyez qu'il s'agira d'une population aisée. Il y aura 45% des
résidants de britanniques, 15 à 20% de hollandais, 20% de scandinaves… Les gens
qui auront revendu une grande maison ? Ils ne représenteront que 15% seulement
de l'ensemble parce qu'on a rebondi sur une autre clientèle. Vous savez, on travaille
avec un chercheur du CNRS et on sait que dans les vingt à trente ans, il y aura dix
millions d'Européens du Nord qui seront ici.
101
Les logements individuels ont un terrain entre 500 et 900 m2. Les maisons sont
chères à cause de tous les services sur place :
-
domotique : en moins de douze minutes, le médecin sera chez les personnes si
nécessaire. Il y aura un opérateur central dans le bâtiment principal de Castel et
c'est lui qui appellera les pompiers pour pallier aux problèmes de langue ou
d'affolement…,
-
dans un bâtiment de 12 millions d'Euros, il y aura une piscine d'été, une piscine
d'hiver ouverte à tout le monde, idem pour le self, et une surface commerciale de
290 m2 à louer comme on veut. Les boutiques ne seront pas en concurrence
avec les commerces du village : pas de boulanger ni de boucher puisqu'on en a
au village, mais une banque (qu'on n'a plus), une parfumerie, etc. Les
producteurs locaux auront un local de 70 m2 dans cet espace commercial.
Les retombées du projet pour le territoire ?
-
48 emplois dans le bâtiment principal pour la piscine, le restaurant etc.,
-
mais on sait que le projet générera aussi 150 emplois. Des emplois de femme de
ménage, par exemple : à deux demi-journées par semaine de ménage pour un
logement (c'est une demande que l'on connaît), ça fait l'équivalent d'un emploi à
plein temps pour cinq maisons. Mais ORBIS a listé aussi 25 catégories d'emploi
qui seront nécessaires : une infirmière en permanence pour cinq maisons, des
aides à domicile (ADMR) etc.,
-
de façon plus générale, ces gens ont un potentiel de dépenses de 50.000 € par
an (on le sait à partir de l'expérience de PROCAPITAL) et ils veulent profiter
d'une certaine qualité de vie ici : donc ça peut être le théâtre à Toulouse, mais
aussi des dépenses plus locales à Auch (60 kms), à Condom (20 kms) ou Eauze
(10 kms)… 60% de leur pouvoir d'achat sera dépensé dans un rayon de 20 kms,
-
il y aura aussi bien sûr les retombées financières pour la commune et le
département : les impôts fonciers et la taxe d'habitation,
-
en ce qui concerne l'aspect médical du projet, le généraliste doit être le médecin
du village – qui devra s'attacher des associés : du coup, on ne perdra pas le
généraliste comme dans beaucoup de zones rurales. Il faudra aussi cinq
spécialistes et, là, ce sont eux qui se déplaceront ici : du coup, les généralistes
pourront aussi leur adresser des locaux qui n'auront plus à se déplacer à
l'extérieur,
-
la piscine d'hiver qui sera ouverte à tout le monde…
102
En fait, ce projet a plusieurs retombées indirectes pour les locaux : le maintien des
services et la créations de services nouveaux, les taxes, la mise en place de services
sociaux qui serviront les locaux (quand on a des finances, on peut faire du social), la
construction de logements sociaux pour les nouveaux emplois (c'est inclus dans le
PAE)… Et puis ces gens qui vont venir s'installer ici vont recevoir beaucoup de
familles qu'il va falloir héberger : même s'il y a une offre de quatorze studios sur
place dans le projet, cela ne suffira pas et il y aura une demande d'hébergement
temporaire. Tout cela favorisera encore davantage le développement du tourisme et
de l'économie, vu que ces gens sont friands de culture : ce sont de gros
consommateurs… tout en étant, parallèlement, des gens plus sensibles à
l'environnement que d'autres.
On a des associations qui sont contre le projet ; mais, à 90%, ce sont des gens qui
étaient contre moi. J'ai été élu en 2001 et je me bats depuis deux ans. Les opposants
au projet parlent de camp retranché alors que ce sera ouvert à tous : tous les
équipements sont publics et toutes les voies aussi ; il n'y a aucune clôture. Par
contre, c'est sûr, il y aura un problème de greffe à gérer : parce qu'il y a 1100
habitants à Castlenau d'Auzan et que, là, il va y en avoir 650 de plus…
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Le maire a joué doublement l'économie résidentielle : 1) il a joué sur la présence
des étrangers implantés sur place 2) il a joué sur le fait que, devenant vieux, ils
avaient besoin d'une offre nouvelle
2. Le projet est à l'inverse des phénomènes habituels en zone rurale : au lieu que la
communauté locale perde son capital en le vendant à des étrangers, c'est un
étranger qui investit et les nouveaux arrivants achètent un produit nouveau fabriqué
avec de l'argent étranger. Autrement dit, le maire a réussi à faire investir un
promoteur étranger pour créer de l'économie résidentielle dans sa commune.
3. Le projet repose sur un mécanisme hyper classique de promotion immobilière :
toute l'originalité est dans la clientèle (une classe d'âge, des étrangers) et l'ampleur
du projet.
4. On peut parler, pour ce projet, d'une industrialisation de l'économie résidentielle
5. A partir d'une certaine échelle d'économie résidentielle, il faut négocier
sociologiquement…
103
9. JEAN-FRANCOIS ET CLERMONDE
Pays des Portes d'Ariège - Pyrénées
Artistes à Carla-Bayle (elle, artiste peintre, a une certaine côte dans le milieu art
contemporain)
Une cinquantaine d'années, habitent à 3kms à Artignac. L'entretien est conduit avec
Jean-François.
Je suis potier à la base et, petit à petit, je me suis orienté vers la sculpture céramique
et la peinture. Ma compagne est artiste peintre depuis une trentaine d'années. Dans
un cas comme dans l'autre, il s'agit d'art contemporain. Nous sommes arrivés dans la
région en 88 et nous nous sommes installés au Carla, chacun avec nos conjoints
respectifs de l'époque, en 96. Pourquoi à Carla-Bayle ? Parce que, depuis dix ans, il
y a une volonté du maire d'en faire un village d'artisans ; de fait, c'est devenu un
village d'artistes. Le maire louait donc à l'époque, sur le rocher du Carla, des ateliers
à des prix modestes (ça n'était pas exactement des ateliers relais, mais ça revenait à
peu près au même) assortis de logements à loyers très modérés. Ce qui fait que
beaucoup de néos sont arrivés. Certains sont partis, beaucoup sont restés comme
ma compagne et moi. Et il y a maintenant un gros noyau de néos qui a débordé le
Carla et est installé dans la Vallée de la Lèze : des artistes (musiciens, théâtre etc.),
mais aussi des agriculteurs bio, par exemple.
Nous venions tous les deux du Var, elle avec son ami peintre, et moi avec ma
femme. Pourquoi avoir quitté le Var ? Parce qu'au bout d'un moment, on en a ras le
bol de la mentalité là-bas : tout est basé sur le financier, et le culturel est finalement
assez nul… Et nous avions un ami commun qui s'était installé six mois avant au
Carla.
Avec le frère de ma compagne, qui est sculpteur sur bois, nous avons racheté et
retapé une maison dans laquelle nous avons ouvert une galerie d'art : "La galerie de
l'hirondelle". Nous sommes aussi à la base d'une association, "Rue des Arts", qui
gère trois galeries municipales et organise une manifestation d'art sur juillet et août
au Carla, également appelée rue des Arts : parce qu'il y a maintenant onze galeries
d'art au total au Carla (tout cela se trouve sur le rocher, qui regroupe 360 habitants
sur les 900 de la commune ; le reste, c'est de l'habitat très dispersé). La
manifestation, qui s'appelle aussi "Rue des Arts", accueille plusieurs centaine de
personnes par jour ; nous sommes juste derrière la grotte du Mas d'Azil en
fréquentation.
Nous exposons et vendons tous les deux nos créations pour partie au Carla, pour
partie à l'extérieur : disons que nous faisons la moitié de nos ventes sur place, et la
moitié à l'extérieur. La clientèle artistique locale, c'est du tout venant. Il y a des gens
104
de la Région Midi-Pyrénées (mais pas beaucoup les toulousains qui ne représentent
que 10 à 15% de nos ventes locales) et aussi des touristes français ou étrangers : il
faut dire que Carla-Bayle est le seul village touristique de toute l'Ariège, et donc il
attire aussi bien des lyonnais que des hollandais… Mais on a aussi des clients
hollandais installés en Ariège, comme par exemple ceux de Chateau Cazalère à
Daumazan (une quarantaine de maisons). En fait, ceux à qui nous vendons le moins
sont les toulousains et les locaux d'origine. Pourquoi ? Parce que nos produits sont
difficile d'accès : c'est de l'art contemporain…
Il y a dix ans, mon activité de potier ne suffisait pas à nourrir ma famille. Donc,
pendant tout un temps, j'ai aussi travaillé sur des chantiers de réhabilitation rénovation avec ma couverture sociale de céramiste (j'avais eu l'accord des services
concernés là-dessus). Pour des néos, toujours ; mais aussi quelquefois pour des
clients d'origine locale. J'ai même travaillé pendant un an avec des artisans du coin :
pour la réfection d'un toit de maison, d'une salle de bains, par exemple. Ce n'est pas
le même type de chantier. Du côté des néos, il y a une demande de plus de savoir
faire parce qu'il y a une volonté de respect de la matière, de la noblesse du matériau
: le bois, la chaux etc. La boutique "Secrets d'Atelier" de Toulouse, qui ne vend que
des pigments naturels, donne d'ailleurs souvent notre adresse à des clients qui
recherchent un travail de rénovation fine, y compris à des toulousains.
Nous avons quitté le Carla un an (pour des raisons de divorce), mais nous habitons
juste à côte, à Artignac, à trois kms du Carla. Nous y avons nos ateliers, et nous
allons construire un petit centre de stages de céramique et peinture : ce seront des
stages d'une semaine environ et, donc, nous installons aussi une partie hébergement
au dessus avec cuisine, couchage etc. Ce lieu sera aussi prêté à d'autres artistes ou
personnes qui veulent organiser d'autres types de stages : médecine douce, yoga ou
judo, par exemple…
Nous avons, à nous deux, ma compagne et moi, quatre grands enfants étudiants.
Tous sont à l'extérieur de la Région Midi-Pyrénées. Notre consommation quotidienne
? Tout en local (Pamiers est à vingt minutes, Foix à une demi-heure d'ici). Pour la
culture, plutôt la Région. Pour les vacances, plutôt à l'extérieur mais nous n'en
prenons pas beaucoup car nous avons beaucoup de choses à faire ici.
S'il y a des retombées de toute cette activité artistique sur le village ?
Ah, oui, complètement : déjà, il n'y a plus de maisons en ruine. Dès qu'une maison
se vend, elle est tout de suite retapée. (Fabius a acheté ici et ça a aussi contribué à
faire monter les prix !).
Il y a aussi pas mal de choses qui sont venues se greffer : par exemple, des amis
suisses qui sont venus s'installer et font maintenant un vin excellent (Domaine de
Montgirard ?).
105
Il y a aussi au Carla un centre de demandeurs d'asile, qui existe depuis 96 (c'est
toujours lié à la volonté du maire) ; et on a aussi un centre d'handicapés (APAJH).
Des difficultés à l'installation ? Non, juste les procédures classiques parce que tout a
été extrêmement facilité par la commune et la volonté du maire.
***
LES POINTS REMARQUABLES
1. Installation d'une offre urbaine (art contemporain) en milieu rural
2. Le couple joue sur plusieurs registres : la production artistique vendue a) sur place
b) à l'extérieur ; le salaire tiré des chantiers de rénovation ; l'organisation de stages
3. Pas de problème d'emploi du conjoint puisque les deux sont artistes
4. Importance à nouveau du contexte d'accueil : mais ici, à la différence de
l'entreprise de distillation de plantes aromatiques (Essenciage), c'est en quelque
sorte l'occasion qui fait le larron (comme pour la friche L'usine – Autre Sens).
5. Le maire de Carla-Bayle a joué sur la production artistique comme moteur du
développement : un créneau rare…
106
7. Annexe : données sur les unités urbaines des pays de Midi
Pyrénées
107
Emploi salarié privé (source UNEDIC)
Variation de l'emploi salarié privé 1993=100
160
150
Villefranche de R.
140
Albi
Auch
130
Castres
Decazeville
Figeac
120
Foix
Lourdes
110
Mazamet
Millau
Montauban
100
Pamiers
Rodez
90
St Gaudens
St Girons
Tarbes
80
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Toulouse
2. Pauvreté (CNAF)
Nombre de
pauvres dans
la population
de moins de
65 ans 1996
Taux de
pauvres
dans pop 65 ans
1996
Pauvres
CNAF 2000
Taux de
pauvres dans
pop -65 ans
2000
∆ pauvres
1996-2000
∆ pauvres
1996-2000
Villefranche de R.
1 649
15,7%
1 464
15,2%
-185
-11%
Albi
8 125
15,2%
7 509
14,4%
-616
-8%
Auch
3 089
14,5%
2 466
12,6%
-623
-20%
Castres
6 732
15,1%
6 269
14,8%
-463
-7%
Decazeville
1 988
14,0%
1 648
14,1%
-340
-17%
Figeac
4 768
17,7%
4 194
15,9%
-574
-12%
Foix
1 349
15,2%
1 233
15,1%
-116
-9%
Lourdes
2 261
17,2%
1 864
16,0%
-397
-18%
Mazamet
2 581
11,5%
2 561
13,1%
-20
-1%
Millau
2 591
14,1%
2 529
14,5%
-62
-2%
Montauban
8 271
17,9%
7 552
16,3%
-719
-9%
Pamiers
2 892
21,6%
2 668
19,6%
-224
-8%
Rodez
4 336
13,0%
4 152
13,0%
-184
-4%
St Gaudens
1 945
18,3%
1 810
18,8%
-135
-7%
St Girons
1 275
17,3%
1 177
17,5%
-98
-8%
Tarbes
11 805
18,3%
10 234
16,6%
-1 571
-13%
Toulouse
99 294
17,0%
91 113
13,8%
-8 181
-8%
109
Vi
ll
Taux de pauvreté (1996)
R
.
Lo
ur
de
s
M
az
am
et
Fo
ix
Fi
ge
ac
ec
az
ev
il le
as
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Au
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Al
bi
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R
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ou
se
St
G
Pa
m
M
i ll
au
M
on
ta
ub
an
D
C
ef
ra
nc
he
Variation du taux de pauvreté 1996-2000 (CNAF)
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
Taux de pauvreté (2000)
110
3. Revenu (DGI)
Rev/hab
Revenu/habitant
1995 (Euros
1990 (Euros
constants
constants 2000)
2000)
Rev/hab
1998 (Euros
constants
2000)
Rev/hab
2000 (Euros
constants
2000)
Variation
1990-1999
Villefranche de R.
6 457
6 731
7 720
7 586
17%
Albi
7 204
7 495
7 804
8 190
14%
Auch
7 269
7 788
8 478
8 453
16%
Castres
6 445
6 901
7 138
7 259
13%
Decazeville
5 880
6 226
6 502
6 786
15%
Figeac
7 351
7 756
8 030
8 349
14%
Foix
6 915
7 464
7 760
8 178
18%
Lourdes
7 764
7 333
7 605
7 885
2%
Mazamet
6 668
6 528
6 725
7 263
9%
Millau
6 852
7 176
7 501
7 633
11%
Montauban
7 103
7 193
7 353
7 720
9%
Pamiers
6 450
6 553
6 797
7 201
12%
Rodez
7 544
8 047
8 450
8 880
18%
St Gaudens
7 319
7 659
7 782
8 208
12%
St Girons
7 303
7 560
7 720
8 010
10%
Tarbes
6 943
7 167
7 394
7 598
9%
Toulouse
7 746
7 813
8 164
8 696
12%
111
Variation revenu par habitant 1993=100
Villefranche de R.
Albi
125
Auch
Castres
120
Decazeville
Figeac
115
Foix
Lourdes
110
Mazamet
105
Millau
Montauban
100
Pamiers
Rodez
95
90
1990
St Gaudens
St Girons
1995
1998
2000
Tarbes
Toulouse
112
Variation du revenu/hab 1999-2000
Réduction des inégalités de revenu
20%
16%
Auch
Decazeville
14%
Albi
Castres
12%
Pamiers
10%
Rodez
Foix
Villefranche de R.
18%
8%
Figeac
St Gaudens
Millau
Tarbes
St Girons
Mazamet
6%
Toulouse
Montauban
4%
2%
0%
5 000
Lourdes
5 500
6 000
6 500
7 000
7 500
8 000
Revenu/habitant (1990)
113
4. Démographie (INSEE)
population
1975
population
1982
population
1990
population
1999
∆ 75-82
∆ 82-90
∆ 90-99
∆ 75-99
Villefranche de R.
12 726
13 224
12 959
12 561
3,9%
-2,0%
-3,1%
-1,3%
Albi
60 664
62 714
65 181
66 231
3,4%
3,9%
1,6%
9,2%
Auch
25 174
25 472
25 982
24 725
1,2%
2,0%
-4,8%
-1,8%
Castres
52 298
53 178
53 692
53 082
1,7%
1,0%
-1,1%
1,5%
Decazeville
24 408
21 925
19 170
17 044
-10,2%
-12,6%
-11,1%
-30,2%
Figeac
31 682
31 956
32 564
33 119
0,9%
1,9%
1,7%
4,5%
Foix
10 430
10 274
11 087
10 378
-1,5%
7,9%
-6,4%
-0,5%
Lourdes
18 067
17 727
16 649
15 554
-1,9%
-6,1%
-6,6%
-13,9%
Mazamet
29 222
28 428
27 512
25 849
-2,7%
-3,2%
-6,0%
-11,5%
Millau
23 198
23 021
23 189
22 840
-0,8%
0,7%
-1,5%
-1,5%
Montauban
51 278
54 381
55 634
56 734
6,1%
2,3%
2,0%
10,6%
Pamiers
17 638
17 038
17 064
17 715
-3,4%
0,2%
3,8%
0,4%
Rodez
35 704
37 953
39 017
38 458
6,3%
2,8%
-1,4%
7,7%
St Gaudens
14 707
14 119
13 604
13 053
-4,0%
-3,6%
-4,1%
-11,2%
St Girons
11 302
10 613
9 877
9 484
-6,1%
-6,9%
-4,0%
-16,1%
Tarbes
81 490
81 227
78 389
77 414
-0,3%
-3,5%
-1,2%
-5,0%
560 165
588 224
666 941
761 090
5,0%
13,4%
14,1%
35,9%
Toulouse
114
Population et ménages
Variation des ménages (1990-1999)
70,0%
60,0%
Toulouse
50,0%
40,0%
30,0%
Foix
Rodez
Villefranche Castres
Montauban
Millau
Auch
St Gaudens Albi
Pamiers
Tarbes Figeac
Mazamet
St Girons
Decazeville
Lourdes
20,0%
10,0%
0,0%
-10,0%
-15,0%
-10,0%
-5,0%
0,0%
5,0%
10,0%
15,0%
20,0%
Variation de la population (1990-1999)
Solde migratoire
10,0%
Toulouse
8,0%
1990-1999
6,0%
4,0%
Pamiers
2,0%
St Girons
Figeac
Millau
0,0%
St Gaudens
-2,0%
Tarbes
-4,0%
-6,0%
Lourdes
Montauban
Viilefranche de R.
Castres
Auch
Rodez
Foix
Mazamet
Decazeville
-8,0%
-10,0%
Albi
-5,0%
0,0%
5,0%
10,0%
1982-1999
115
Vi
ll
de
R
.
Al
bi
Au
c
C h
as
D
ec tres
az
ev
il le
Fi
ge
ac
F
Lo oix
ur
d
M es
az
am
et
M Mi ll
on au
ta
ub
a
Pa n
m
ie
r
R s
od
St
e
G
au z
de
St
n
G s
iro
n
Ta s
rb
To es
ul
ou
se
ef
ra
nc
he
5. Emploi domestique (UNEDIC)
Emplois domestiques pour 100 habitants
14,0
12,0
10,0
8,0
6,0
4,0
2,0
0,0
1993
2002
116
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