Journal Identification = IPE Article Identification = 1203 Date: May 27, 2014 Time: 2:23 pm
Santé mentale et soins de santé primaires : une perspective globale
Les soins de santé primaires traitant les troubles
mentaux favorisent l’accès aux soins
Lorsque la santé mentale est intégrée dans les soins pri-
maires, les personnes peuvent accéder à des services de
santé mentale à un coût moindre et plus proche de leur
domicile, gardant ainsi le lien avec leurs familles, et mainte-
nant leurs activités quotidiennes professionnelles, scolaires,
etc.
La prise en charge de la santé mentale en soins primaires
permet également de faciliter la prise de contact et la pro-
motion de la santé mentale dans la communauté, ainsi que la
surveillance et la prise en charge à long terme des personnes
affectées.
D’autre part, ces personnes peuvent également éviter des
coûts indirects liés à la recherche de soins spécialisés dans
des lieux plus éloignés. Un fardeau économique en moins
pour les patients et leurs familles.
Enfin, de nombreuses d’études ont démontré qu’il existe
des traitements efficaces pour certains troubles mentaux,
qui peuvent être administrés avec succès par des interve-
nants en soins primaires, et ce même dans de nombreux
pays à faible et moyen revenu [3].
Les soins de santé primaires
traitant les troubles mentaux favorisent
le respect des droits de l’homme
Fournir un traitement et des soins au niveau des soins de
santé primaires implique une diminution des hospitalisa-
tions dans les hôpitaux psychiatriques. Ces établissements
ont souvent été incriminés pour des violations flagrantes
des droits de l’homme. La pratique de l’enfermement et la
contention, la surconsommation de médicaments, la vio-
lence physique, la mauvaise hygiène et des conditions de
vie déplorables sont constatés dans de nombreux pays.
Soigner les troubles mentaux dans des services ouverts
à tous préviendraient le recours à des pratiques déshu-
manisantes envers les patients d’une part, et améliorerait
considérablement les conditions de travail des soignants.
La prise en charge de la santé mentale en soins primaires
favorise le respect des droits humains. Lorsqu’ils sont dis-
pensés en soins primaires, les services de santé mentale
minimisent la stigmatisation et la discrimination.
La pyramide OMS des soins
en santé mentale
Les raisons d’intégrer les soins des troubles mentaux
dans les soins de santé primaires, ne sont plus à démonter.
Afin d’y parvenir, de manière efficiente, il est important
de rappeler que les soins de santé primaires pour la santé
mentale ne peuvent pas opérer de manière indépendante.
La pyramide OMS des soins de la santé mentale permet de
distinguer les différents niveaux de soins au sein du système
de santé (figure 2) [7].
Les soins primaires sont considérés comme le premier
niveau de soins au sein du système de santé officiel. Cepen-
dant, pour être pleinement efficaces, les soins primaires
pour la santé mentale doivent être complétés par d’autres
niveaux de soins.
Ceux-ci comprennent des composants de soins secon-
daires, y compris les hôpitaux généraux qui peuvent fournir
des soins pour les épisodes aigus graves de troubles men-
taux, qui ne peuvent être gérés au domicile ou dans
les services primaires pour la santé mentale (centres de
jour, équipes de crise, lieux résidentiels, etc.) auxquels
les soignants en santé primaire peuvent se tourner pour la
réorientation, le soutien et la supervision.
Instaurer des liens avec les services communautaires
informels et les soins auto-administrés (self-care) sont éga-
lement nécessaires. Les services communautaires informels
comportent les groupes de soutien et des services de conseil
gérés par des associations et des organisations cultuelles.
Ces intervenants informels peuvent jouer un rôle important
dans la prévention des rechutes, l’apport de soutien et de
réinsertion sociale.
Prendre soin de soi est la base de la pyramide OMS. Un
socle sur lequel tous les autres soins reposent. En effet, cette
notion de base renvoie à l’idée que les personnes doivent
avoir des connaissances et compétences nécessaires pour
gérer leurs problèmes de santé mentale eux-mêmes, ou avec
l’aide de la famille ou d’amis.
Prendre soin de soi doit également être promu à chaque
contact avec les soignants ou les intervenants des autres
niveaux de soins. Une dimension à intégrer à tous les
niveaux de soins de santé.
Prendre soin de soi (suivi des soins informels) est le
service le plus fréquemment nécessaire et le moins coû-
teux. D’autre part, les soins dans les services psychiatriques
spécialisés sont la forme la moins fréquente en termes de
besoins, et qui représente le coût le plus élevé. Cependant,
ces types de services sont nécessaires pour une petite mino-
rité de la population, qui présente des tableaux complexes
de troubles mentaux.
Comprendre et apprécier les relations entre ces diffé-
rents niveaux de soins est crucial pour comprendre le rôle
des soins primaires en santé mentale, dans le contexte du
système de santé en général.
Les implications pratiques
de l’intégration de la santé mentale
dans les soins primaires
Il va sans dire que les intervenants en soins primaires
doivent être en mesure d’identifier et de gérer les troubles
mentaux. Ce n’est pas une tâche facile quand tant de
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 90, N◦5 - MAI 2014 335
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