REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE D’ORAN ES-SENIA FACULTE DES SCIENCES DEPARTEMENT DE PHYSIQUE LABORATOIRE d'Etudes des Sciences des Matériaux & de l'Environnement Mémoire Présenté par Melle AOUMEUR Houria Pour l’obtention du diplôme de MAGISTER Spécialité : Sciences de l’Environnement et Climatologie Intitulé L’effet stressant du plomb sur la croissance du radis « Raphanus sativus L. » Réponses physiologiques, biochimiques et efficacité potentielle de phytoremédiation Soutenu en 2012 devant le jury : Prof. HAMOU A. Président Université d’Oran Prof. AOUES A. Examinateur Université d’Oran Prof. BOUZIANI M. Examinateur Université d’Oran Dr. AIT HAMMADOUCHE N. Rapporteur Université d’Oran Année universitaire : 2011-2012 Dédicace A mes parents. A ma famille Nulle dédicace n’est susceptible de vous exprimer ma profonde reconnaissance et mon immense gratitude pour tous les sacrifices que vous avez consentis pour mon éducation et mes études. Puisse Dieu vous prêter bonne santé et longue vie afin que je puisse à mon tour, vous combler. A mes enseignants Veuillez trouver ici l’expression de mes profonds sentiments de respect pour le soutien que vous n’avez cessé de me porter. A tout (es) mes ami(e) s Trouvez ici le témoignage d’une fidélité et amitié infinie Pour vous tous Je dédie cet humble travail Remerciements En premier lieu, je tiens à remercier Dieu, pour le courage, la patience et la bonne santé qu’il ma donné afin de mener ce projet à terme. J’adresse avec tout mon respect mes sincères remerciements à Professeur HAMOU A. Directeur du Laboratoire d'Etudes des Sciences des Matériaux & de l'Environnement de l’Université d’Oran de m’avoir donné la chance d’être parmi ses étudiants de post graduation. Ce travail a été réalisé au laboratoire de Biotoxicologie Expérimentale, Bioremédiation et phytoremédiation de l’Université d’Oran dirigé par professeur SLIMANI M. et professeur AOUES A. je tiens à leurs exprimer mes sincères remerciements pour m’avoir accueilli au sein de leur laboratoire et pour avoir mis à ma disposition tous les moyens dont ils disposent. J’adresse mes plus vifs remerciements et ma reconnaissance à Dr AIT HAMADOUCHE N. Maître de Conférences à l’Université d’Oran pour avoir accepté de diriger cette étude, pour sa confiance, ses conseils et ses orientations tout au long de ce travail. Je remercie pour une deuxième fois Professeur HAMOU A. pour avoir accepté de faire partie de mon jury et d’en être le président. Je tiens également à lui exprimer toute ma reconnaissance pour l’attention qu’il a porté à ce travail. Je remercie très chaleureusement Professeur AOUES A. et Professeur BOUZIANI M. Professeur à l’INESM –Université d’Oran pour m’avoir fait l’honneur d’accepter d’être les examinateurs et de juger ce travail. J’exprime mes remerciements aux Dr KHAROUBI O et Dr BITEUR N pour leurs aides scientifique et leurs conseils pertinents. Je remercie Professeur BELKHOUDJA M. pour m’avoir donnée l’accès à la serre de physiologie végétale. L’occasion m’est offerte de témoigner chaleureusement, ma vive gratitude à mes amis les plus proches, les personnes qui m’ont apporté leur aide pour mener à bien ce travail, Je pense notamment à : *Mes deux étoiles scintillantes Hafida et Akila, Merci de m’avoir aidé, soutenu et supportée pendant les moments difficiles, mais aussi pour tous les bons moments partagés. *Je salue ici, du fond du cœur Hakim Hamida, pour m’avoir soutenu, motivé, et encouragée pendant la rédaction de mon mémoire. *Merci a Dr.Sofiane B et Halima M pour leur disponibilité, leur aide et leur soutien. *Je tien à remercier toutes mes amies du laboratoire, doctorantes : Nawal, Sihem, Amel, Samia, Fatima, Touria, Naima, Oumelkhir, yamina, Nesrine et Hayet, Pour leur soutien et encouragement. LIST DES ABREVIATIONS ABA Acide abscissique AP Acide Phosphatidique APX Ascorbate peroxydase APX Ascorbate Peroxydase AS Acide Salicyclique ASC Ascorbate ou Acide L Ascorbique ATP Adénosine Tri Phosphate CAT Catalase ERO Espèces Réactives de l’Oxygène ETM Eléments Trace Métallique GSH Glutathion MF Matière fraiche Pb Plomb PC Phytochélatine synthase PVC Polychlorure de Vinyle ROS Reactive oxygen species RWC Relative water content, contenu relatif en eau SOD Superoxide dismutase LISTE DES TABLEAUX Tableau 1. Principales propriétés physico-chimiques du plomb............................. 6 Tableau 2. Voie d’exposition au plomb chez l’homme........................................... 11 Tableau 3. Composition chimique de la solution.................................................... 53 Tableau 4. Différentes concentrations des solutions filles de la SAB…………….......... 125 LISTE DES FIGURES Figure 1. Cycle biogéochimique des éléments.......................................................... 7 Figure 2. Coupe longitudinale de racine.................................................................... 18 Figure 3. Trajet des éléments métalliques de la surface des racines jusqu’ au cylindre central par voie apoplastique et voie symplastique...................... Figure 4. Représentation schématique d’une cellule végétale, avec représentation des zones impliquées dans la séquestration du plomb............................... Figure 5. 20 22 La génération du stress oxydant sous l’influence des contraintes environnementales...................................................................................... 25 Figure 6. Cascade de production des principales EOR.............................................. 26 Figure 7. Les principales techniques de phytoremédiation................................... 42 Figure 8. Effets de l’implantation d’un couvert végétal sur un sol contaminé.......... 45 Figure 9. Plante de radis (Raphanus sativus L.), aspect des feuilles, des tiges, des fleurs et des gousses................................................................................... 47 Figure 10. Plante et graines de radis (Raphanus sativus L.)........................................ 50 Figure 11. Site d’expérimentation............................................................................... 51 Figure 12. Dispositif expérimental.............................................................................. 52 Figure 13. Démontage des plantes............................................................................... 54 Figure 14. Taches jaunes sur les feuilles des plantes intoxiquées............................... 62 Figure 15. Jaunissement et taches brunes sur les feuilles des plantes stressées.......... 63 Figure 16. Taches brunes sur les tubercules des plantes stressées.............................. 63 Figure 17. Effet du plomb sur le taux de germination des graines de radis (Raphanus Sativus L.).................................................................................................... 64 Figure 18. Effet du plomb sur l’évolution de nombre des feuilles du radis (Raphanus Sativus L.)................................................................................ 64 Figure 19. Effet du plomb sur l’évolution de la hauteur des parties aériennes des plantes de radis (Raphanus Sativus L.)....................................................................... 65 Figure 20. Effet du plomb sur le poids frais (biomasse) (g) des plantes de radis (Raphanus Sativus L.)................................................................................ Figure 21. Effet du plomb sur la taille des plantes du radis (Raphanus Sativus L.).... 66 66 Figure 22. Effet du plomb sur la variation de la teneur relatif en eau (RWC) des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 67 Figure 23. Effet du plomb sur la teneur en chlorophylle a des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................................................................ 68 Figure 24. Effet du plomb sur la teneur en chlorophylle b des plantes du radis (Raphanus Sativus L.).................................................................................................... 68 Figure 25. Effet du plomb sur la teneur en chlorophylle totale des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................................................................ 69 Figure 26. Effet du plomb sur la teneur en Caroténoïdes des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................................................................ 70 Figure 27. Effet du plomb sur le taux des protéines totales dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 71 Figure 28. Effet du plomb sur le taux des protéines totales dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................................................... 71 Figure 29. Effet du plomb sur le taux des protéines totales dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 72 Figure 30. Effet du plomb sur le taux des protéines totales dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 73 Figure 31. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................... 73 Figure 32. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................................ 74 Figure 33. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)............................... 75 Figure 34. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................................ 75 Figure 35. Effet du plomb sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)................................... 76 Figure 36. Effet du plomb sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)....................................... 77 Figure 37. Effet du plomb sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)............................... 78 Figure 38. Effet du plomb sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.).................................... 78 Figure 39. Effet du plomb sur le taux de la catalase (CAT) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)........................................................................... 79 Figure 40. Effet du plomb sur le taux de la catalase (CAT) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 80 Figure 41. Effet du plomb sur le taux de la catalase (CAT) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 80 Figure 42. Effet du plomb sur le taux de la catalase (CAT) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 81 Figure 43. Effet du plomb sur le taux de la peroxydase (POD) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 82 Figure 44. Effet du plomb sur le taux de la peroxydase (POD) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 82 Figure 45. Effet du plomb sur le taux de la peroxydase dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 83 Figure 46. Effet du plomb sur le taux de la peroxydase (POD) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.)...................................................... 84 Figure 47. Coupes histologiques des feuilles des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb............................................. 85 Figure 48. Coupes des tiges des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb.......................................................... 86 Figure 49. Coupes des tubercules des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb.......................................................... 87 Figure 50. Coupes des racines des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb.......................................................... Figure 51. Courbe d’étalonnage des protéines……………………………………………... 50 125 SOMMAIRE Introduction................................................................................................................................ 1 Chapitre I : Synthèse bibliographique....................................................................................... 4 1. Généralités sur le plomb......................................................................................................... 4 1.1. Histoire de l’utilisation du plomb.......................................................................... 4 1.2. Propriétés physico-chimiques du plomb............................................................... 5 1.3. Cycle biogéochimique du plomb.......................................................................... 6 1.4. Origines de la pollution par le plomb.................................................................... 7 1.5. Différentes utilisations du plomb.......................................................................... 8 1.6. Toxicité du plomb pour l’homme.......................................................................... 10 1.6.1. Voies d’exposition................................................................................................ 10 1.6.2. Effets toxiques chez l’homme............................................................................... 11 2. Le plomb dans le compartiment sol-plante............................................................................. 13 2.1. Le plomb dans le sol............................................................................................ 13 2.1.1. Origines et comportement du plomb dans le sol.................................................. 13 2.1.2. Mobilité du plomb dans le sol.............................................................................. 14 2.2. Le plomb dans la plante....................................................................................... 15 2.2.1. La phytodisponobilité........................................................................................... 15 2.2.2. Absorption du plomb par la plante....................................................................... 16 2.2.2.1. L’absorption foliaire............................................................................................. 16 2.2.2.2. Mécanismes d’adsorption sur les racines............................................................. 17 2.2.2.3. Structure des racines............................................................................................. 17 2.2.2.4. Mécanismes d’absorption racinaire...................................................................... 18 2.2.2.4.1. Les voies d’absorption racinaire du plomb.......................................................... 19 2.2.2.4.1.1. La Voie apoplastique............................................................................................ 20 2.2.2.4.1.2. La Voie symplastique........................................................................................... 21 2.2.2.4.2. Mobilité et séquestration du plomb dans la plante............................................... 21 2.2.2.4.3. Transfert du plomb des racines vers les parties aériennes................................... 23 2.2.3. Impact du plomb sur les végétaux........................................................................ 24 2.2.3.1. Génération de stresse oxydant (oxydatif)............................................................. 24 2.2.3.1.1. Les espèces réactives d’oxygène (ERO).............................................................. 25 2.2.3.1.2. Formation des espèces réactives d’oxygène (ERO)............................................. 28 2.2.3.1.3. Conséquences du stress oxydant.......................................................................... 28 2.2.3.2. Effets généraux du plomb sur les plantes............................................................. 29 2.2.3.2.1. Effets sur la germination et la croissance............................................................. 29 2.2.3.2.2. Effet sur le statut hydrique................................................................................... 30 2.2.3.2.3. Effet sur la nutrition minérale.............................................................................. 30 2.2.3.2.4. Effets sur les protéines......................................................................................... 30 2.2.3.2.5. Effet sur la Photosynthèse.................................................................................... 31 2.2.3.2.6. Action sur les activités enzymatiques.................................................................. 32 2.2.3.2.7. Altération des membranes cellulaires et peroxydation des lipides...................... 32 2.2.3.2.8. Altération de l’ADN............................................................................................. 33 2.3. Stratégies développées par les végétaux pour la défense au stress métallique.... 34 2.3.1. Détoxication des espèces réactives d’oxygène (ERO.......................................... 34 2.3.1.1. Système antioxydant............................................................................................ 34 2.3.1.1.1. Antioxydants enzymatiques................................................................................. 34 2.3.1.1.2. Antioxydants non enzymatiques.......................................................................... 35 2.4. Mécanismes de tolérance au stress métallique..................................................... 37 2.4.1. Détoxication et chélation du plomb.................................................................... 37 2.4.1.1. Stratégie d’évitement et de séquestration............................................................. 38 2.4.1.2. Chélation et transport du plomb........................................................................... 39 2.4.2. Autres systèmes de défense au stress métallique................................................. 39 3. La phytoremédiation............................................................................................................... 41 3.1. Nécessité de la dépollution.................................................................................... 41 3.2. Concept de La phytoremédiation........................................................................... 41 3.3. Définition et techniques de phytoremédiation....................................................... 42 3.3.1. La Phytostabilisation.............................................................................................. 43 3.3.2. La phytodégradation ou rhizodégradation............................................................. 43 3.3.3. La rhizofiltration.................................................................................................... 43 3.3.4. La Phytoextraction................................................................................................. 43 3.3.5. La Phytovolatilisation............................................................................................ 44 3.4. Avantages et limites de la technique de phytoremédiation.................................... 44 3.5. Implantation d’espèces tolérantes (Pourquoi restaurer le couvert végétal ?)......... 44 4. Généralités sur l’espèce expérimentée le radis (Raphanus sativus L.)................................... 46 Présentation de la plante........................................................................................ 46 4.1. 4.2. Description............................................................................................................. 46 4.3. Classification systématique.................................................................................... 47 4.4. Origines................................................................................................................... 48 4.5. Techniques culturales et entretiens du radis........................................................... 48 4.6. Composition du radis « Raphanus sativus L. »....................................................... 49 4.6.1. Valeur nutritive....................................................................................................... 49 4.6.2. Principes actifs et antioxydants.............................................................................. 49 Chapitre II : Matériels et méthodes........................................................................................... 50 1. Matériels.................................................................................................................................. 50 1.1. Matériel végétal...................................................................................................... 50 1.1.1. Préparation du matériel végétal.............................................................................. 50 1.2. Les pots................................................................................................................... 50 1.3. Le plomb................................................................................................................. 51 2. Mise en place des expérimentations........................................................................................ 51 2.1. Site expérimental.................................................................................................... 51 2.2. Le semis................................................................................................................. 52 2.3. Plan de l’expérience................................................................................................ 52 3. Récolte et Préparation pour les analyses ultérieures............................................................... 54 3.1. La récolte des plantes.............................................................................................. 54 3.2. Paramètres étudiés.................................................................................................. 54 3.2.1. Paramètres morphologiques.................................................................................... 55 3.2.2. Paramètres biométriques......................................................................................... 55 3.2.2.1. Le taux de germination des graines de radis.......................................................... 55 3.2.2.2. Hauteur de la partie aérienne.................................................................................. 55 3.2.2.3. Détermination du nombre de feuilles..................................................................... 55 3.2.2.4. Mesure du poids frais.............................................................................................. 55 3.2.2.5. Mesure de la hauteur des plants.............................................................................. 55 3.2.3. Paramètres physiologiques..................................................................................... 56 3.2.3.1. La teneur relative en eau (RWC)............................................................................ 56 3.2.3.2. Extraction et dosage de la chlorophylle et les caroténoïdes................................... 56 3.2.4. Paramètres biochimiques........................................................................................ 57 3.2.4.1. Extraction et dosage des protéines solubles........................................................... 57 3.2.4.2. Evaluation de la peroxydation lipidique................................................................. 58 3.2.4.2.1. Extraction................................................................................................................ 58 3.2.4.2.2. Dosage des substances réagissant avec l’acide thiobarbiturique (TBARS)........... 58 3.2.4.2.3. Dosage du peroxyde d’hydrogène (H2O2)............................................................. 59 3.2.4.3. Extraction et dosage des enzymes anti-oxydantes [catalase (CAT) et peroxydase 59 (POD)].................................................................................................................... 3.2.4.3.1. Extraction des enzymes......................................................................................... 59 3.2.4.3.2. Dosage de la catalase (CAT).................................................................................. 59 3.2.4.3.3. Dosage de la peroxydase (POD)............................................................................ 60 3.2.5. L’étude histologique.............................................................................................. 60 4. Analyse statistiques des résultats............................................................................................ 61 Chapitre III : Résultats.............................................................................................................. 62 1. Effet du plomb sur les paramètres morphologiques............................................................... 62 2. Effet du plomb sur les paramètres biométriques.................................................................... 63 2.1. Effet du plomb sur le taux de germination des graines.......................................... 63 2.2. Effet du plomb sur le nombre de feuilles............................................................... 64 2.3. Effet du plomb sur l’évolution de la hauteur de la partie aérienne........................ 65 2.4. Effet du plomb sur le poids frais (la biomasse)..................................................... 65 2.5. Effet du plomb sur la taille (longueur) des plantes................................................ 66 3. Effet du plomb au niveau des paramètres physiologiques...................................................... 67 3.1. Effet du plomb sur la teneur relative en eau (RWC).............................................. 67 3.2. Effet du plomb sur la teneur en pigments chlorophylliens foliaires...................... 67 3.2.1. Teneur en chlorophylle a (CHa)............................................................................. 67 3.2.2. Teneur en chlorophylle b (CHb)............................................................................ 68 3.2.3. Teneur en chlorophylle totale (CHt)...................................................................... 69 3.3. Effet du plomb sur la teneur en caroténoïdes......................................................... 69 4. Effet du plomb au niveau des paramètres biochimiques........................................................ 70 4.1. Effet du plomb sur le taux des protéines totales.................................................... 70 4.2. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS)...................................... 73 4.3. Effet du plomb sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2)............................. 76 4.4. Effet du Plomb sur les enzymes antioxydants....................................................... 79 4.4.1. Effet du Plomb sur le taux de la catalase (CAT).................................................... 79 4.4.2. Effet du Plomb sur le taux de la peroxydase (POD).............................................. 81 5. L’étude histologique............................................................................................................... 84 Chapitre IV : Discussion............................................................................................................ 89 1. L’effet du plomb sur les paramètres macroscopiques (paramètres morphologiques et 89 biométriques)............................................................................................................................... 2. L’effet du plomb sur les paramètres physiologiques.............................................................. 90 2.1. L’effet du plomb sur la teneur relative en eau (RWC)........................................... 90 2.2. Effet du plomb sur la teneur en pigments chlorophylliens foliaires....................... 91 3. L’effet du plomb sur les paramètres physiologiques.............................................................. 92 3.1. Effet du plomb sur le taux des protéines totales..................................................... 92 3.2. L’effet du plomb sur la teneur en Peroxyde d’hydrogène (H2O2).......................... 94 3.3. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS)...................................... 95 3.4. Effet sur les enzymes antioxydants........................................................................ 96 4. L’étude histologique................................................................................................................ 97 Conclusion.................................................................................................................................. 101 Références bibliographiques...................................................................................................... 104 Annexe........................................................................................................................................ 125 INTRODUCTION Introduction Ces dernières années, le développement des activités industrielles a provoqué un accroissement considérable de la teneur en métaux lourds dans l’environnement où ils peuvent parvenir de différentes manières. Sous forme gazeuse, dissoute ou de particules liées, les polluants peuvent pénétrer dans le sol par voie aérienne (déposition sèche), en utilisant l’eau comme vecteur de transport (précipitation, eau de surface, déposition humide) ou encore via des solides organiques tels les boues d’assainissement, le compost, les fertilisants et les pesticides…(Aoun, 2009). Un des problèmes majeurs en environnement est la contamination de l’atmosphère, des eaux et des sols par de nombreux éléments et composés toxiques comme le plomb. Ces contaminations découlent, dans leur immense majorité, des activités humaines. L’exploitation de divers types de gisements en sous sol aboutit à l’accumulation de plomb en surface. A ceci s’ajoute la pollution due aux rejets industriels atmosphériques ou solides contenant du plomb. Ainsi les sols, l’air et les eaux sont concernés. Chez l’homme, l’intoxication par le plomb provoque le saturnisme, une maladie aux conséquences graves (Brunet, 2008). Ces trente dernières années, de nombreux chercheurs se sont intéressés à l’impact du plomb sur les végétaux, les zones proches d’industries métallurgiques, d’usines de recyclage ou de mines de plomb où les retombées atmosphériques de plomb peuvent être importantes. Le plomb étant un élément relativement peu mobile dans le sol, seule une faible proportion contenue dans la solution du sol est disponible pour les plantes (Jopony et Young, 1994). En fonction des conditions du milieu, les plantes peuvent absorber une partie du plomb présent dans le sol. Les ions Pb2+ diffusent dans la racine, mais sont bloqués par la barrière physique que représente l’endoderme, ce qui limite fortement leur translocation vers les parties aériennes. Bien que les plantes possèdent de nombreux systèmes de détoxication pour limiter l’interaction de ces ions avec les molécules biologiques, ces derniers induisent tout un éventail d’effets délétères pour les organismes. 1 Introduction La présence de plomb dans les plantes induit la production d’Espèces Réactives de l’Oxygène (ERO) perturbant le statut redox des cellules, ce qui occasionne un stress oxydatif (Seregin et Ivanov, 2001; Sharma et Dubey, 2005). Cette caractéristique est connue pour être une des causes principales de la toxicité des métaux lourds. Le plomb perturbe ainsi les structures membranaires et pariétales, modifie le statut hydrique, perturbe l’absorption et/ou la translocation des éléments minéraux essentiels (calcium, manganèse, zinc, fer…) ou encore réduit la photosynthèse (Seregin et Ivanov, 2001; Sharma et Dubey, 2005). A l’échelle macroscopique, l’exposition des plantes au plomb induit une réduction de la croissance, de la biomasse produite, des rendements et lorsque le stress est trop sévère, conduit à l’apparition de signes racinaires et foliaires visibles tel que les nécroses et les chloroses, voire à la mort de la plante (Seregin et Ivanov, 2001; Sharma et Dubey, 2005). Les sols sont des ressources limitées et considérées comme non renouvelables à l’échelle humaine. Aujourd’hui, ce patrimoine est menacé à la fois par l’héritage du passé et par l’extension des surfaces consacrées au développement industriel et urbain. Les sols ne sont pas isolés, ils font partie de l’écosystème (Jenny, 1980). L’accumulation dans les sols des métaux lourds, qui sont par nature non dégradables et potentiellement toxiques, augmente le risque d’exposition des êtres vivants : microorganismes, plantes, animaux, et l’homme, qui se situe en fin de la chaîne alimentaire. Il est donc primordial non seulement de mieux connaître les facteurs essentiels contrôlant la mobilité et la biodisponibilité des métaux dans les sols, mais aussi de développer des solutions de réhabilitation efficaces et durables visant à limiter les risques liés à la pollution métallique, et à restaurer et à préserver les ressources en sols, la capacité de certaines plantes à tolérer ou même à accumuler des métaux a permis d’ouvrir de nouvelles voies de recherches depuis longtemps sur le traitement des sols, la phytoremédiation (Salt et al., 1995 ; Kirpichtchikova, 2009). 2 Introduction Au cours de ce travail, nous avons choisi d’étudier les effets d’une pollution au plomb sur la plante du radis (Raphanus sativus L.), une plante qui tolère le plomb (Liu et al., 2000) et qui est considéré comme une plante model en éco-toxicologie (Sun et al., 2010), et les relations qui existent entre le stress oxydatif et les effets observés. nous nous sommes attachés à étudier d’une part les effets de ce métal sur de longue durée d’exposition, en considérant plus particulièrement à l’évolution de trois marqueurs de stress (teneur en pigments photosynthétiques, peroxydation lipidique et activités des enzymes antioxydantes (qui sont des marqueurs indirects du stress oxydatif), et d’autre part de déterminer si elle présente le potentiel suffisant pour être inclue dans des systèmes phytoremédiateurs. Quatre parties composent ce mémoire. La première partie présente une synthèse bibliographique qui retrace des connaissances sur la pollution par le plomb, son impact sur les êtres vivants et son Transfer dans le système sol-plante, du stress oxydatif dans les plantes et les effets du plomb sur ces dernières et renferme aussi des notions sur la phytoremédiation et des données générales sur l’espèce étudiée. Une deuxième partie matériel et méthode où sont décrits le matériel biologique utilisé, le protocole expérimental et les différentes techniques d’analyse. La troisième partie présente les résultats obtenus. La quatrième partie du manuscrit, est une discussion de l'ensemble de ces résultats et nous concluons ce travail par une conclusion et perspectives. 3 SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE GENERALITES SUR LE PLOMB (Pb) Chapitre I Synthèse bibliographique Actuellement, dans l’environnement une importante gamme de contaminants existe, tels que les métaux lourds, les substances combustibles, les déchets dangereux, les explosifs et les produits pétroliers. Ils se divisent en deux catégories : les composés organiques et inorganiques (Brunet, 2008). Les contaminants inorganiques majeurs sont les métaux lourds. Ils représentent un problème différent des contaminants organiques : contrairement à ces derniers, ils ne peuvent pas être dégradés par les microorganismes, ils doivent être « immobilisés » ou extraits. Il existe plusieurs définitions du terme « métal lourd », ou élément trace métallique (ETM) : il s’agit en général d’éléments métalliques naturels, caractérisés par une masse volumique élevée, supérieure à 5 g/cm3 (Morlot, 1996). Quarante et un métaux correspondent à cette définition générale. D’autres définitions existent, les métaux lourds peuvent concerner les éléments métalliques compris entre le cuivre et le plomb dans la classification périodique des éléments (excluant alors le fer, le chrome) ; il peut aussi s’agir de tous les éléments métalliques à partir de la quatrième période de la classification des éléments. les métaux lourds les plus fréquents sont le cadmium (Cd), le chrome (Cr), le cuivre (Cu), le plomb (Pb), l’arsenic (As), le nickel (Ni) et le zinc (Zn). Ils contaminent de nombreux sites à travers le monde. Ils proviennent de la combustion des charbons, pétroles, ordures ménagères, de l’épandage de boues sur les sols agricoles et de certains procédés industriels (métallurgie des métaux non ferreux notamment) (Chaney et al., 1997). 1. Généralités sur le plomb 1.1. Histoire de l’utilisation du plomb Le plomb a été l’un des premiers métaux utilisés par l’homme dès l’âge du bronze, il y a plus de 7 000 ans. Du fait de sa relative disponibilité et de ses propriétés physico-chimiques (malléabilité, ductilité, bas point de fusion, propriété anticorrosion), le plomb a été largement utilisé par les Grecs et les Romains comme pigments (oxyde de plomb) ou pour réaliser des canalisations, de la vaisselle, des pièces de monnaie, des toitures… (Pourrut, 2008). 4 Chapitre I Synthèse bibliographique L’utilisation du plomb a ensuite explosé au cours de la Révolution industrielle. Pendant la première moitié du XXème siècle, le plomb a été utilisé dans l’industrie, l’imprimerie et les peintures. Dans la seconde moitié du siècle, l’utilisation dominante était liée aux carburants automobiles (le plomb était ajouté dans l’essence comme antidétonant) puis aux accumulateurs de voitures et industriels. Depuis les années 1970, le développement de nouvelles technologies, la prise en compte des problèmes environnementaux et de santé publique, ont conduit à la diminution ou à l’arrêt de certaines utilisations du plomb (canalisations, soudure, peinture, pesticides, antidétonnant dans l’essence…). Dans les pays industrialisés, la production secondaire (à partir de la valorisation des déchets) ne cesse de progresser par rapport à la production primaire (à partir de minerai). (Ademe, 2006) 1.2. Propriétés physico-chimiques du plomb Le plomb, du latin plombum est un métal mou, gris, habituellement trouvé en petite quantité dans la croûte terrestre (0,002%). Il n’a ni goût ni odeur caractéristique. Il appartient au group IV A de la classification périodique des éléments. Ses principales propriétés physico-chimiques sont présentées dans le tableau (1). De configuration électronique [Xe] 4f145d10 6s2 6p2, il possède 2 électrons non appariés sur la dernière couche. Cette configuration électronique autorise les degrés d’oxydation (+2) et (+4), en plus de la forme métal (0) (Cecchi, 2008). Sept isotopes du Pb (202Pb, 204 Pb, 205 Pb, seulement quatre se retrouvent à l’état naturel : 208 204 206 Pb, 207 Pb, Pb (1,4%), 208 206 Pb, 210 Pb) existent mais Pb (26,1%), 207 Pb (22,1%), Pb (52,4%) (Brunet, 2008). Le plomb est un métal difficile à détruire, et non dégradable (Morlot, 1996). 5 Chapitre I Synthèse bibliographique Tableau (1) : Principales propriétés physico-chimiques du plomb (Cecchi, 2008). Symbole Numéro Atomique Masse Atomique Point de fusion Point d’ébullition Densité Configuration électronique Valence Rayons ioniques Pb2+ Pb4+ Pb 82 207,2 g. mol-1 327 °C 1740°C 11,35 [Xe] 4f145d106s26p2 0, +2, +4 0,94 à 1,49 A 0,78 à 0.94 A 1.3. Cycle biogéochimique du plomb Le plomb contenu dans les roches peut se retrouver dans les sols, par altération de ces dernières, à des teneurs variables selon la composition initiale de la roche mère. De même, il est présent dans tous les autres compartiments de l’environnement (eaux, air et même les êtres vivants). Le plomb est un élément réputé peu mobile par rapport à d’autres métaux en traces tel que le cadmium (Bourrelier et Berthelin, 1998)., à l’interface entre la lithosphère et la biosphère, le cycle biogéochimique du plomb dépend des caractéristiques physico-chimiques du sol. Le plomb tend à former des complexes particulièrement stables. En conséquence, il va être stocké en grande partie dans le sol. Toutefois, une fraction mobile peut être absorbée par les organismes vivants (micro- et méso-organismes du sol, végétaux…) et rentrer ainsi dans la chaîne alimentaire. Une petite partie de ce plomb peut également être entraînée dans les rivières et les lacs, lors du processus d’érosion qui arrachent les particules de sol liées au plomb et les entraînent par ruissellement vers les hydrosystèmes de surface. (Ariès, 2001) a mis en évidence un flux de plomb des eaux interstitielles vers le sédiment, démontrant ainsi que le plomb reste majoritairement piégé dans le sédiment. (Figure 1). 6 Chapitre I Synthèse bibliographique Figure (1) : Cycle biogéochimique des éléments (Lamand et al., 1991). 1.4. Origines de la pollution par le plomb Le plomb retrouvé dans l’environnement provient à la fois de sources naturelles et anthropiques. Le métal est présent dans le sol, mais également dans tous les autres compartiments de l’environnement : eau, air et même les êtres vivants. Le plomb est naturellement présent en moyenne à 0,002% dans la croûte terrestre (36eme élément de la croûte terrestre), généralement sous forme peu soluble. Des dérivés inorganiques sont présents dans les eaux, les sédiments, les sols, l’atmosphère et éventuellement en micro-traces chez les organismes vivants. Les sols non contaminés contiendraient de 10 à 30 mg.kg-1(Nriagu, 1978 ; Baize, 2002). A l’état naturel, le Pb se retrouve dans l’environnement sous forme de galène (sulfure de Pb), de cérusite (carbonate de Pb), et d’anglésite (sulfate de Pb). La forme la plus abondante est la galène, la cérusite et l’anglésite apparaissent lors de l’oxydation de la galène (Brunet, 2008). 7 Chapitre I Synthèse bibliographique Dans l’air, les émissions de plomb provenant de poussières volcaniques véhiculées par le vent sont reconnues d’importance mineure (Pichard, 2003), la majorité du plomb contenue dans l’air ambiante provient de la combustion de l’essence plombée, en milieu urbain environ 90% du plomb est émis dans l’atmosphère par le gaz d’échappement mais la pollution de l’air par le Pb a considérablement diminué depuis l’arrêt des essences plombées, (Source CITEPA traitement OPECST). A ce jour, les principales sources de contaminations en Pb sont les rejets anthropiques. Ils proviennent principalement des industries qui extraient et purifient le Pb naturel et qui recyclent les composants contenant du Pb comme les batteries et leurs retombées atmosphériques contaminent les sols. A ceci s’ajoute les déchets industriels et la détérioration des peintures extérieures à base de Pb. Des rejets provenant des industries sidérurgiques ainsi que les réseaux de canalisations de distribution d’eau anciennes, contenant du Pb, contaminent les eaux (Viraraghavan et al ; 1999). 1.5. Différentes utilisations du plomb La présence généralisée du plomb dans l’environnement est essentiellement due aux activités humaines. Cette origine anthropique est multiple car les utilisations passées ou présentes du plomb sont très nombreuses. Activités métallurgiques : Elles comprennent la métallurgie de première fusion lors de laquelle le minerai de plomb subit différents traitements afin d’extraire le plomb et les autres métaux. Il existe aussi la métallurgie de 2ème fusion ou recyclage, qui consiste à obtenir du métal par la récupération de déchets contenant du plomb. Production d’essence au plomb. Le tétra-éthyle de plomb (Pb(C2H5)4) était le principal constituant des agents antidétonants ajoutés à l’essence, pour augmenter le taux d’octanes. Cette utilisation est interdite depuis le 1er janvier 1996. Avant son interdiction, le plomb utilisé dans l’essence représentait la majeure partie du plomb disséminé, à cause des émissions de fumées. 8 Chapitre I Synthèse bibliographique Protection contre les radiations. Du fait de sa densité importante, le plomb est utilisé pour la protection contre le rayonnement γ. Accumulateurs. Les batteries au plomb sont constituées de 2 électrodes, une positive (PbO2/PbSO4) et une négative (Pb/PbSO4) immergées dans une solution d’acide sulfurique (H2SO4). Une batterie contient environ 8,6 kg de plomb. Les batteries restent la principale utilisation du plomb actuellement. Munitions (cartouches et grenailles de plomb) et lest de pêche. Des études (Baron, 2001) ont montré que cette utilisation était responsable du saturnisme des oiseaux. De plus, cela entraîne la dispersion d’environ 8000 t.an-1, dont les ¾ sont dus à la chasse (BRGM, 2004). Peintures, pigments, apprêts. La cérusite ou blanc de plomb ont été utilisés dans les peintures pendant près de 2000 ans. Le plomb a également été utilisé comme composante de nombreux pigments en peinture. Le minium Pb3O4 est appliqué sous forme d’une couche anti-rouille sur de l’acier (interdit désormais comme peinture pour la coque des navires : submarine). Le stéarate de plomb (Pb(C17H35COO) 2) et l’acétate de plomb (Pb (CH3CO-O) 2) sont ajoutés à la peinture ou aux vernis comme dessiccateurs. L’utilisation dans les peintures est arrêtée depuis 2002. Verre et cristal. Le plomb est utilisé pour abaisser la température de fusion et pour assurer une meilleure transparence. Une fois que le plomb est relâché dans l’atmosphère, il peut traverser des milliers de kilomètres, surtout si les particules sont submicroniques ou s’il est sous forme de composés organiques volatils. L’alimentation ; le plomb provient des procédés de stockage et de fabrication (conserverie) et des boissons. et les canalisations d’eau potable. (Czernichow, 2006). Le plomb trouvé dans les sols urbains vient des habitats anciens (peintures, chauffage au fuel...) ainsi que des émissions de fumées automobiles. Celui trouvé dans les sols ruraux vient plutôt des activités industrielles (production de batteries,...), des munitions pour la chasse, des manufactures et des mines. 9 Chapitre I Synthèse bibliographique Il faut aussi considérer le plomb qui vient de l’atmosphère et qui se dépose, le lessivage des peintures, ainsi que les pluies acides, le fonctionnement des décharges et des stations d’épurations. (Cecchi, 2008). De fortes concentrations en plomb sont mesurées à proximité des routes. Elles proviennent d’abord des anciennes émissions de gaz d’échappement des automobiles. Le plomb s’est alors solidement fixé aux particules de sol. Une petite partie de ce plomb peut être entraîné dans les rivières et les lacs, lors du processus d’érosion qui arrachent les particules de sol liées au plomb et les entraînent par ruissellement vers les hydrosystèmes de surface. Le mouvement du plomb associé aux particules du sol dépend du type de plomb (sels ou composés) et des caractères physico-chimiques du sol. Le niveau de plomb peut augmenter dans les plantes, les animaux, l’air, l’eau ou les sols. En effet, la consommation de produits contaminés entraîne le passage de plomb dans les organismes. 1.6. Toxicité du plomb pour l’homme De nombreuses utilisations historiques du plomb ou de ses composés sont désormais proscrites en raison de la toxicité du plomb. Mais il reste largement présent dans les sols, les logements anciens et insalubres ainsi que dans certains produits domestiques (peintures, vernis, canalisations…). Les métaux lourds ont des effets toxiques sur tous les organismes vivants (humains, animaux, végétaux, microorganismes). Les métaux qui contaminent les sols et les aliments peuvent s’accumuler dans ces organismes, tout au long de la chaîne alimentaire (Brunet, 2008). 1.6.1. Voies d’exposition Les différentes voies de pénétration du plomb sont résumées dans le tableau (2). Chez l’adulte, la voie de pénétration majoritaire est l’inhalation de particules, alors que chez l’enfant, c’est plutôt l’ingestion par voie orale. La consommation d’eau passant par des canalisations en plomb peut également être responsable de l’ingestion de plomb. Plus rarement, le plomb peut pénétrer par voie cutanée, notamment par contact avec des crèmes contenant du plomb. 10 Chapitre I Synthèse bibliographique Tableau (2) : Voie d’exposition au plomb chez l’homme (BRGM, 2004). Alimentation Ingestion Poussières Inhalation Peintures Ingestion Inhalation Activité professionnelle/ Loisirs inhalation Plantes contaminées par des retombées atmosphériques et/ou accumulation depuis le sol Gibier Stockage des aliments Poussières fines Fumées de cigarettes Emissions automobiles Ecailles de peintures anciennes Poussières de peinture lors des travaux de rénovation Ingestion de sol par les jeunes enfants (pica) Métallurgie du plomb Fabrication d’accumulateurs et de batteries Récupération des métaux Soudure Décapage des vieilles peintures Manipulation de pigments Poussières Activité de poteries, imprimerie artisanale… 1.6.2. Effets toxiques chez l’homme Le plomb se diffuse rapidement vers les différents organes comme le cerveau, les dents, les os, par la circulation sanguine. La demi-vie du plomb dans les tissus mous et dans le sang est de 30 jours environ, mais elle passe de 1 à 10 ans dans les os. L’élimination du plomb se fait majoritairement par les urines, puis par les fèces, la salive et la sueur, et enfin par les ongles et les cheveux (Pichard, 2002). 11 Chapitre I Synthèse bibliographique Le plomb a de nombreux effets toxiques sur la santé, qui sont basés sur les niveaux de plomb dans le sang ou plombémie sanguine. En effet, il est responsable du saturnisme en cas d’exposition chronique. Il peut provoquer une grande fatigue, des troubles du comportement, de la mémoire, du sommeil, des systèmes immunitaires et reproducteurs, mais ses principaux organes cibles sont le système nerveux, les reins et le sang. En bloquant plusieurs enzymes nécessaires à la synthèse de l’hémoglobine, il entraîne une diminution du nombre de globules rouges et une anémie. De plus, le plomb passe facilement la barrière placentaire par diffusion, d’où un risque d’exposition prénatale. Le métabolisme du plomb est important à connaitre pour comprendre certains aspects de l’intoxication et plus particulièrement les différences existant entre enfant et adulte, ou encore chez la femme enceinte et le fœtus. Il importe d’évaluer les différentes phases de ce métabolisme de l’absorption à l’élimination en passant par les mécanismes de transfert dans les différents tissus et le stockage dans certains organes, pour en tirer des réponses quant à l’évaluation des risques et la surveillance biologique des personnes exposées. (cecchi, 2008). 12 LE PLOMB DANS LE COMPARTIMENT SOL-PLANTE Chapitre I Synthèse bibliographique 2. Le plomb dans le compartiment sol-plante 2.1. Le plomb dans le sol 2.1.1. Origines et comportement du plomb dans le sol Le plomb est un élément minéral naturellement présent dans la croûte terrestre, en général à de faibles teneurs, son origine dans les sols étant liée à sa présence dans la roche mère. Ceci peut cependant conduire parfois à des teneurs sensiblement plus élevées dans certains gisements. Mais, ce sont surtout les dépôts continus de métaux et métalloïdes par les activités humaines qui ont conduit à leur accumulation dans les différents compartiments de l’environnement. Ceci surtout au voisinage des centres urbains et industriels, mais également dans des zones plus reculées. Dans le sol, le Pb peut se retrouver sous forme ionique, dissout, ou lié plus ou moins fortement aux particules (Raskin et Ensley, 2000). L’accumulation de Pb, provenant des retombées atmosphériques, ou de déchets contaminés déposés sur le sol, se fait principalement dans les horizons de surface (Sterckeman et al., 2000) et plus précisément dans les horizons riches en matières organiques. Les teneurs en Pb diminuent, ensuite, plus en profondeur ( Abreu et al., 1998). Ceci s’explique par le fait que le Pb est peu mobile. Etant principalement associé aux argiles, aux oxydes, aux hydroxydes de fer et d’aluminium et à la matière organique, il n’est mobile que lorsqu’il forme des complexes organiques solubles et/ou que le sol a dépassé sa capacité de sorption pour le Pb (Morlot, 1996; Raskin et Ensley, 2000). Le comportement du plomb dans un sol dépend de différents facteurs comme sa dynamique propre mais également des caractéristiques pédologiques et physico-chimiques du sol (Baize, 1997). Il peut être soit sous forme liée aux particules de terre soit dans la phase aqueuse. Dans les sols contaminés, la forme chimique initiale et la teneur en polluant apportée ont également une influence. (Hinsinger, 1996, Dumat et al., 2001 ; Ferrand et al., 2006). Il est donc fondamental de déterminer la genèse, la répartition, la localisation la configuration des associations du plomb avec les différents constituants du sol. 13 Chapitre I Synthèse bibliographique 2.1.2. Mobilité du plomb dans le sol Le plomb étant en général considéré comme un élément peu mobile dans les milieux naturels, il a donc tendance à s’accumuler dans les horizons superficiels des sols. Les travaux de (Sterckeman, 2000), démontrent que dans des profils de sol au voisinage des fonderies, le plomb est essentiellement concentré dans les 30 premiers centimètres. La mobilité du plomb est principalement contrôlée par sa spéciation (forme chimique) en phase aqueuse et par des processus d’adsorption/désorption ainsi que de dissolution/précipitation. Et par le rôle de certains paramètres tels que le pH, le potentiel redox (Le potentiel d’oxydoréduction), la composition minéralogique (matière organique, argile, oxydes…) du sol ou du sédiment. Influence du pH C’est le facteur qui influence le plus la mobilité et la biodisponibilité du plomb (Swaine, 1986). Les risques de mobilité sont plus grands dans les milieux acides, alors que la solubilité diminue avec l’élévation du pH. A pH 5, le plomb semble majoritairement adsorbé aux oxydes et aux matières organiques (Alloway, 1995), et une augmentation du pH a pour effet de rendre le plomb moins biodisponible. Influence du potentiel redox Le potentiel d’oxydoréduction (Eh) exprime le flux d’électrons des agents réducteurs vers les agents oxydants. Il est contrôlé par l’activité des électrons en solution (Sposito, 1983). Bien que le plomb garde globalement le même état d’oxydation dans les milieux naturels, sa mobilité va néanmoins être affectée par des variations de potentiels redox du milieu. Ces variations sont susceptibles de modifier la chimie de la phase aqueuse, pouvant entraîner des phénomènes de précipitation de minéraux contenant du plomb. A l’inverse, ces variations de potentiel redox peuvent entraîner la dissolution de phases porteuses de plomb. (Chuang et al., 1996) observent une augmentation de la solubilité du plomb et du zinc lorsque le potentiel redox diminue. 14 Chapitre I Synthèse bibliographique Influence de la composition minéralogique du sol Dans la mesure où la mobilité du plomb est majoritairement contrôlée par des phénomènes d’adsorption ou de précipitation/dissolution, elle va être dépendante de la composition minéralogique du sol, notamment de la teneur en phases adsorbante (matière organique, argile, oxydes…). La teneur en carbonates va également affecter la mobilité du plomb. En effet, dans les sols riches en carbonates, le plomb va pouvoir être piégé par simple adsorption à la surface de la calcite ou par précipitation minérale due aux pH élevés de ce type de sol. (Veeresh et al., 2003) ont étudié l’adsorption de métaux lourds dont le plomb sur 3 types de sol : acides, neutres et alcalins. Les résultats obtenus montrent que les caractéristiques minéralogiques et chimiques des sols neutres et alcalins sont plutôt favorables à un piégeage du plomb par précipitation ou Co-précipitation minérale (carbonates, oxydes..) à l’inverse dans les sols acides, le plomb semble lié à la fraction échangeable et a donc une plus grande mobilité potentielle. Les microorganismes peuvent aussi limiter la mobilité des métaux, par des phénomènes d’adsorption à l’interface solide/liquide, les bactéries jouant un rôle de transport des métaux dans la phase liquide. Elles peuvent aussi augmenter le lessivage et la dissolution des métaux en sécrétant des molécules organiques, qui entraînent une acidification du sol (Ernet, 1996). 2.2. Le plomb dans la plante 2.2.1. La phytodisponobilité La notion de phytodisponobilité découle directement de la notion de biodisponibilité définie comme « l’aptitude d’un élément à être transféré d’un compartiment du sol vers un organisme vivant (bactérie, végétal, animal, homme) » (Baize, 1997). Ainsi, selon (Hinsinge et al., 2005), est biodisponible pour une plante (phytodisponible), la fraction d’un élément susceptible d’être absorbée par les racines. 15 Chapitre I Synthèse bibliographique La phytodisponobilité des ETM est fortement corrélée à la concentration d’espèces ioniques dans la solution du sol (Kabata-Pendias et Pendias, 1992). Elle est également largement dépendante des propriétés du sol, de l’espèce végétale considérée et de l’élément en question. La phytodisponobilité va donc dépendre des différents paramètres permettant le transfert de la phase solide du sol vers le végétal (Hinsinger et al., 2005) : • La disponibilité ou mobilité chimique • L’accessibilité ou mobilité physique • L’assimilation ou mobilité biologique 2. 2. 2. Absorption du plomb par la plante Les plantes peuvent absorber du plomb à partir des racines, mais également à partir des organes aériens, ou bien par l’intermédiaire des deux. Les quantités de métal absorbées par les racines dépendent de la concentration et de la solubilité du métal dans la solution du sol, mais également de ses capacités de migration du sol vers la surface des racines, et de sa translocation des racines vers les feuilles. (Patra et al., 2004 ; Zheng et al., 2011). 2. 2. 2.1. L’absorption foliaire Bien qu’elle ait été peu étudiée par rapport à l’absorption racinaire, l’assimilation du plomb par les feuilles peut représenter une part importante dans le taux de contamination de la plante. Le plomb peut être apporté sur les feuilles par des retombées atmosphériques, mais également dans les champs par des apports en engrais et pesticides (plomb sous forme d’impuretés). La majorité de ce plomb est lessivée, mais une partie va s’adsorber aux lipides épicuticulaires et être absorbée par les feuilles (Prasad et Hagemeyer, 1999; Hovmand et al ; 2009). La capacité des plantes à absorber le plomb disponible via leurs feuilles dépend à la fois de l’âge de celles-ci, mais également de leurs morphologies. Dans le cas de « légumefeuilles », comme l’épinard, ou de céréales, comme le blé, exposés à de fortes retombées atmosphériques, la quantité de métal absorbée par les parties aériennes peut atteindre jusqu’à 95 % de la quantité totale absorbée (Dalenberg et Van Driel, 1990). 16 Chapitre I Synthèse bibliographique 2. 2. 2. 2. Mécanismes d’adsorption sur les racines En dehors de certaines zones où la teneur atmosphérique en plomb est importante, ce dernier pénètre majoritairement dans la plante via les racines. Les couches supérieures du cortex racinaire (rhizoderme et collenchyme/parenchyme) constituent une barrière physique contre la pénétration du plomb dans la racine. Le mécanisme, ou plus vraisemblablement les mécanismes par lesquels ce métal arrive à pénétrer dans les racines ne sont pas encore élucidés. Toujours est-il que dans un premier temps le plomb présent dans la solution du sol s’adsorbe à la surface de cet organe. Il peut se lier aux groupements carboxyles des acides uroniques composant le mucilage racinaire (Glinski et Lipiec, 1990) ou directement aux polysaccharides présents à la surface des cellules rhizodermiques. Cette fixation en surface permet de restreindre le passage du plomb à l’intérieur de la racine. La formation de plaques d’oxydes et d’hydroxydes de fer à la surface racinaire est assez courante. Du fait de leur capacité à adsorber de grandes quantités de métaux, ces plaques limitent la pénétration des métaux dans la racine (Otte et al., 1987). Cependant, dans le cas du plomb, ces plaques semblent jouer un rôle de barrière physique moins important que pour d’autres métaux (Ye et al., 1998). Les mycorhizes peuvent également constituer une barrière supplémentaire protégeant le système racinaire du plomb, en modifiant l’adsorption des métaux à la surface des racines (Hall, 2002). 2. 2. 2. 3. Structure des racines La structure des racines (figure 2) (Gobat et al., 1998) , longitudinalement, de l’apex (pointe) vers la base est constituée de: La coiffe, composée de cellules subérisées se renouvelant constamment. Cette coiffe joue un rôle de lubrifiant améliorant la pénétration de la racine dans le sol, grâce à la sécrétion d’un mucilage (polyosides). Le méristème apical, qui est une zone de multiplication cellulaire, où se fait la croissance primaire des racines. La zone d’élongation principale des cellules, et de différenciation des tissus racinaires. 17 Chapitre I Synthèse bibliographique Le rhizoderme (ou épiderme racinaire), qui est une zone contenant les poils absorbants permettant d’augmenter la surface d’absorption de l’eau et des éléments minéraux. L’exoderme, qui est la zone de lyse des cellules du rhizoderme. Figure (2) : Coupe longitudinale de racine (Gobat et al., 1998). Transversalement, de l’extérieur vers l’intérieur les racines sont constituées de plusieurs couches successives : L’exoderme Le cortex L’endoderme Le cylindre central ou stèle, qui contient les vaisseaux. 2. 2. 2. 4. Mécanismes d’absorption racinaire Du fait des risques de contamination de la chaîne alimentaire par le plomb, L’absorption racinaire a fait l’objet de nombreuses recherches sur diverses espèces végétales. De ce fait, ces études ont porté essentiellement sur les céréales, comme l’orge et le blé (Tanton et Crowdy, 1971), le maïs (Tung et Temple, 1996), ou les légumes, comme la laitue (Glater et Hernandez, 1972), le radis (Lane et Martin, 1977) et l’oignon (Wierzbicka, 1987). 18 Chapitre I Synthèse bibliographique Ces travaux ont révélé que le plomb, après s’être fixé au rhizoderme, pénétrait dans le système racinaire de façon passive et suivait le système de conduction de l’eau. Cette absorption n’est pas uniforme le long de la racine, puisqu’il existe un gradient de concentration en plomb dans les tissus à partir de l’apex, qui est la zone la plus concentrée (Tung et Temple, 1996; Seregin et al., 2004). Les tissus jeunes, et en particulier la zone apicale (en dehors de la coiffe) où les cellules possèdent des parois encore fines, sont les zones absorbant le plus de plomb (Wierzbicka, 1987 ; Seregin et al., 2004). Cette région apicale correspond également à la zone où le pH rhizosphérique est le plus bas. Ce pH bas favorise la solubilité du métal et conduit à une élévation locale de la concentration en plomb dans la solution du sol. Au niveau moléculaire, le mécanisme de pénétration du plomb dans les cellules du rhizoderme n’est toujours pas encore connu. Il semblerait que le plomb puisse rentrer par plusieurs voies d’accès, notamment des canaux ioniques et/ou des transporteurs ioniques. Le plomb profiterait de la non-spécificité de certains de ces canaux/transporteurs et de la très forte différence de potentiel membranaire dans les cellules du rhizoderme (Hirsch et al., 1998), pour diffuser à l’intérieur de la racine. L’absorption du plomb est donc une absorption passive, mais nécessite une dépense énergétique de la cellule pour maintenir ce potentiel très négatif. Le maintien de ce potentiel s’effectue notamment par l’excrétion de protons dans le milieu extérieur, via des pompes H+/ATPase. Dans des blés traités au plomb, l’utilisation de vanadate, un inhibiteur de ces pompes, a permis de limiter fortement l’absorption de ce métal (Wang et al., 2007). 2. 2 .2. 4 .1. Les voies d’absorption racinaire du plomb Cette absorption peut se faire de plusieurs manières. Soit la pénétration grâce à un transport actif interne par le symplaste (cytoplasmes des cellules reliés entre eux par les plasmodesmes), ou bien par voie passive ou apoplastique, c'est-à-dire par un transport dans les espaces intercellulaires (ou espaces libres apparents) (figure 3). 19 Chapitre I Synthèse bibliographique 2. 2. 2. 4. 1. 1. La Voie apoplastique De nombreuses études histologiques ont permis de montrer que le plomb était transporté essentiellement dans l’apoplaste, (figure 3) et qu’il suivait les mouvements d’eau à l’intérieur de la plante (Tanton et Crowdy, 1971; Lane et Martin, 1977). Ce phénomène s’arrête le plus souvent au niveau de l’endoderme, du fait de la présence de cadres de subérines, ou bandes de Caspary, qui bloquent le passage des molécules et des ions. A ce moment là, l’eau et les molécules sont obligées de traverser les membranes plasmiques des cellules de l’endoderme, afin de pouvoir parvenir dans le cylindre central contenant les vaisseaux du xylème. Après avoir traversé la membrane plasmique de la face interne de l’endoderme, les ions peuvent à nouveau reprendre le chemin apoplastique. Il reste néanmoins possible qu’une faible partie de l’absorption des ions se fasse par l’apoplasme complètement Par les cellules de transferts (Cellules non subérifiées de l’endoderme)(Cecchi, 2008)., le plomb peut migrer relativement vite (Wierzbicka,1987). Figure (3) : Trajet des éléments métalliques de la surface des racines jusqu’ au cylindre central par voie apoplastique (en bleu) et voie symplastique (en rouge) (Kirpichtchikova, 2009). 20 Chapitre I Synthèse bibliographique 2. 2. 2. 4. 1. 2. La Voie symplastique La pénétration du plomb dans les racines par cette voie se fait grâce à un transport actif interne par le symplaste (cytoplasmes des cellules reliés entre eux par les plasmodesmes). Après avoir traversé la paroi cellulaire, les ions métalliques atteignent la surface de la membrane plasmique, puis pénètrent dans le symplaste. Ensuite, ces ions métalliques peuvent passer d’une cellule à l’autre en empruntant les plasmodesmes, qui relient les cellules (figure 3). La quantité de ce métal passant par cette voie est marginale par rapport à la voie apoplastique, et peu d’études en ont fait état. Cependant, elle a une importance capitale dans la toxicité du plomb car c’est cette fraction, passant par le symplaste, qui cause la majorité des effets délétères observés. Les mécanismes de pénétration dans le symplaste ne sont pas clairement identifiés. Pourtant, à des doses non létales, le plomb pénètre uniquement dans le symplaste dans les zones de divisions cellulaires actives, comme la zone apicale (Tung et Temple, 1996) ou le protoderme (Wierzbicka, 1998). En effet, les cellules jeunes ne possèdent pas encore de paroi secondaire et leur paroi primaire est très fine. 2.2.2.4.2. Mobilité et séquestration du plomb dans la plante Bien qu’il arrive à diffuser dans la racine, et même à être transféré vers les parties aériennes, seule une faible fraction du plomb présent dans la racine est mobile. Plus de 90 % se retrouve sous forme insoluble (Ernst, 1998; Wierzbicka et al., 2007) et est fortement lié aux enveloppes cellulaires externes (figure 4). Le plomb est principalement lié aux parois (Tung et Temple, 1996; Wierzbicka, 1998), mais peut se trouver associé à la lamelle moyenne (Jarvis and Leung, 2001, 2002) ou à la membrane plasmique (Seregin et al., 2004). Il peut également être précipité dans l’espace intercellulaire (Jarvis et Leung, 2001). Cette répartition, très spécifique au plomb, s’explique par son affinité particulière pour les groupements carboxyles présents sur les molécules de surfaces des parois. Ces sites chargés négativement sont généralement liés à des cations comme le calcium. Les ions Pb2+ rentrent donc en compétition avec les ions Ca2+ pour l’accès à ces sites (Lane et al., 1978). 21 Chapitre I Synthèse bibliographique Figure (4): Représentation schématique d’une cellule végétale, avec représentation des zones impliquées dans la séquestration du plomb (1 à 4) (Pourrut, 2008). Les études faisant état de la présence de plomb dans le symplaste n’ont pas pu révéler la présence de plomb à l’état libre dans le cytoplasme. Le plomb symplastique peut se retrouver confiné dans certains compartiments cellulaires, comme les vacuoles (figure 4.1) (Małecka et al., 2008; Meyers et al., 2008), les vésicules dictyosomales ( figure 4.2) les vésicules du réticulum endoplasmique ( figure 4.3) (Wierzbicka et al., 2007) ou les évaginations tubulaires de la membrane plasmique, les plasmatubules (figure 4.4) (Wierzbicka, 1998). Cette séquestration intervient très rapidement, et permettrait ainsi de limiter l’accès du plomb à certains sites sensibles (Wierzbicka et al., 2007). De plus, le plomb séquestré dans les plasmatubules est excrété rapidement au niveau des parois, dans l’espace intercellulaire (Wierzbicka, 1998). 22 Chapitre I Synthèse bibliographique A des doses létales, le plomb pénètre dans tous les tissus racinaires, et les membranes plasmiques ne semblent plus jouer leur rôle de barrière physique (Seregin et al., 2004). A ces concentrations, le plomb induit une désorganisation de ces dernières. Il peut alors pénétrer massivement dans le cytoplasme, le noyau et les différents organites, y compris ceux possédant des doubles membranes, comme les mitochondries (Małecka et al., 2008). 2.2.2.4.3. Transfert du plomb des racines vers les parties aériennes Après l’absorption par les racines, la translocation correspond au transfert des éléments traces métalliques vers les parties aériennes. Elle peut varier considérablement en fonction du métal, mais également de l’espèce végétale. Pour être conduits vers les parties aériennes, les éléments prélevés dans le sol par les racines doivent être transportés dans le cortex puis déversés dans les vaisseaux du xylème (par circulation de la sève brute). Ce flux d’ions métalliques dans le xylème nécessite leur chélation à des acides organiques (tels que le citrate) ou à des acides aminés (comme l’histidine) (Briat et Lebrun, 1999). Pour la plupart des espèces, la majorité du plomb absorbé par les plantes réside dans les racines, et seulement une faible proportion est transloquée vers les parties aériennes. Ce transport limité des racines vers les feuilles peut être expliqué par la barrière formée par l’endoderme des racines. Les bandes de Caspary peuvent en effet être un facteur majeur limitant le franchissement de l’endoderme jusqu’au cylindre central (Seregin et al, 2004 ; Sharma et Dubey, 2005). Pour illustrer ce propos, différents auteurs ont défini un facteur de translocation, qui est calculé comme suit (Mattina et al., 2003 ; Tanhan et al., 2007): [Pb] parties aériennes / [Pb] racines Cette restriction du transport vers les parties aériennes représente un facteur de tolérance des plantes à la présence de contaminants dans leur milieu de culture. En effet, il est important que le moins de plomb possible soit transféré vers les feuilles, car c’est un élément toxique, notamment pour l’activité photosynthétique, pour la synthèse de chlorophylle ou encore pour la synthèse d’enzymes anti-oxydantes (Kim et al, 2003). 23 Chapitre I Synthèse bibliographique Ceci n’est cependant pas vrai pour les espèces hyperaccumulatrices, qui ont la capacité de transloquer une grande quantité du plomb vers les parties aériennes (Seregin et Ivanov, 2001), et qui présentent donc des facteurs de translocation supérieurs à 1 (Baker, 1981). 2. 2. 3. Impact du plomb sur les végétaux La toxicité du plomb dépend de sa concentration dans le milieu, de sa spéciation, des propriétés du sol, et enfin de l’espèce végétale concernée. Les plantes mettent en place diverses barrières physiques pour se protéger, quand le plomb a réussi à passer à travers ces barrières de protection, il peut affecter de nombreux processus physiologiques de la plante. Les premiers effets ne provoquent pas de symptômes visibles, ceux-ci ne se manifestant qu’en cas de toxicité avancée (Cecchi, 2008). Le premier effet des métaux lourds observable chez les végétaux est une inhibition de la croissance. Celle-ci s’accompagne très souvent de nombreux autres indices de dysfonctionnement : chlorose foliaire, importantes lésions nécrotiques, jaunissement progressif, repliement ou dessèchement du feuillage, les bases moléculaires de ces perturbations sont encore mal connues, mais on admet généralement qu’elles résultent d’un stress oxydatif, dû à la production d’espèces réactives de l’oxygène (ERO) ou « Réactive Oxygen Species » (ROS). Qui altèrent toute une série de substrats biologiques importants, et modifient les domaines fonctionnels des biomolécules pouvant conduire à la mort cellulaire (Devi et Prasad, 1999; Cheng, 2003). 2. 2. 3.1. Génération de stresse oxydant (oxydatif) Un des effets très importants provoqué par le plomb dans les cellules est la génération de stress oxydant (ou oxydatif) qui a été défini par (Sies, 1997) comme une perturbation de la balance entre les prooxydants et les antioxydants, en faveur des premiers, conduisant à des dommages potentiels. Le stress oxydatif est la conséquence de la diminution du niveau des antioxydants et/ou l’augmentation de la production d’ERO souvent associées aux radicaux libres. 24 Chapitre I Synthèse bibliographique Le stress oxydatif est aussi induit par plusieurs facteurs environnementaux (figure 5) comme les hautes et basses températures, les ultraviolets, l'excès de lumière, les pathogènes, les oxydants atmosphériques, les herbicides, le manque d'oxygène et la sécheresse. En fait, la caractéristique commune de l'imposition d'un stress environnemental sur les tissus végétaux est l'augmentation du niveau de production de ERO potentiellement dommageables (Chen et al, 1993 ; Asada, 1999). Figure (5) : La génération du stress oxydant sous l’influence des contraintes environnementales (Parent et al, 2008). 2. 2. 3.1.1. Les espèces réactives d’oxygène (ERO) Les espèces réactives d’oxygène ou les radicaux libres sont des espèces chimiques qui possèdent un électron célibataire qui, parce qu’il n’est pas apparié à un autre électron de spin opposé, confère à la molécule une grande instabilité, ce qui signifie qu'elles ont la possibilité de réagir avec de nombreux composés. Si l'instabilité est importante, l’électron libre est rapidement transféré sur une autre molécule (Halliwell, 2006). 25 Chapitre I Synthèse bibliographique En biologie, le terme de radical libre est utilisé pour désigner les dérivés réactifs de l'oxygène, ou espèce réactive oxygénée, ou radicaux oxygénés libres. Il s'agit d'une classe spécifique de radicaux. Toutes ces espèces réactives partagent la même propriété : elles sont relativement instables et ont de fait une durée de vie généralement très courte : leur demi-vie est de 10-9 à 10-6 sec pour les plus instables (Tessier et Marconnet 1995), jusqu’à quelques dizaines de secondes pour O2°- et H2O2. Leur courte durée de vie ne devrait pas permettre aux ERO d’avoir une action majeure sur la cellule. Or cela est contrecarré par leur forte réactivité et leur capacité à produire des réactions en chaîne. En effet chaque espèce pourra générer à son tour une nouvelle espèce (figure 6). Figure (6) : Cascade de production des principales ERO : en orange ERO non radicalaires ; en jaune EOR radicalaires. D’après (Favier, 1997). Les principales ERO que nous pouvons retrouver dans la cellule sont les espèces radicalaires et non radicalaires. ERO radicalaires L’anion superoxyde (O2°-) Le radical hydroxyl HO° L’oxyde nitrique NO° Les radicaux peroxyl ROO° 26 Chapitre I Synthèse bibliographique ERO non radicalaires L’oxygène singulet 1O2 Le peroxyde d’hydrogène H2O2 Le peroxynitrite NO3 - L’acide hypochloreux HClO .- En effet, l’anion superoxyde (O2 ) et le peroxyde d’hydrogène (H2O2) sont très sélectifs dans leurs réactions avec les molécules biologiques et ne vont, par exemple, . interagir qu’avec quelques enzymes. Au contraire, le radical hydroxyle ( OH) réagit avec toutes les molécules présentes à proximité ( Halliwel, 2006). Il est possible d’estimer indirectement le niveau de production d’ERO et du stress oxydant généré, en mesurant l’activité des enzymes antioxydantes, ou le taux de peroxydation lipidique, qui sont des biomarqueurs du stress oxydatif (Seregin and Ivanov, 2001; Sharma and Dubey, 2005). En règle générale, les enzymes du cycle AsadaHalliwell-Foyer, les superoxyde-dismutases (SOD) et les peroxydases POD sont activées, quelle que soit l’intensité du stress plombique et sa durée. L’idée d’une flambée oxydative induite par le plomb est renforcée par l’étude de la peroxydation lipidique qui se révèle corrélée à l’augmentation des activités antioxydantes. Ces éléments sont produits pendant la réduction de l’oxygène par les cytochromes de la chaîne respiratoire. Le chloroplaste constitue le compartiment de la photosynthèse associé à une forte énergie de transport d’électrons, et donc une réserve d’oxygène, qui peut être à l’origine de la formation des ROS (Asada, 1999). En cas d’excès, l’augmentation de radicaux libres de l'oxygène dans les cellules provoque des dommages cellulaires irréversibles, tels que la peroxydation des lipides ainsi que la dénaturation oxydative des acides aminés et des bases azotées. 27 Chapitre I Synthèse bibliographique 2. 2. 3.1.2. Formation des espèces réactives d’oxygène (ERO) Le rôle des métaux lourds dans la formation des ERO est lié à leur capacité à exister sous différents états d’oxydation. En effet, les cations d’éléments comme Fe, Cu, Cr ou Mn sont capables de céder un ou plusieurs électrons susceptibles de réduire l’oxygène et ses dérivés. Le Plomb va induire la production d’espèces réactives de l’oxygène (ERO) et de radicaux libres (Hall, 2002) car il stimule des réactions qui en produisent, la plus connue de ces réactions est la réaction de Fenton qui se produit en présence de fer ferreux et qui conduit à la réduction du peroxyde d’hydrogène (H2O2) en radical hydroxyl (•OH) et en anion - hydroxyl (OH ). Fe2+ + H2O2 → Fe3+ + OH- + .OH D’autres réactions de ce type ont également été décrites, telle que la réaction d’Haber-Weiss au cours de laquelle le peroxyde d’hydrogène réagit avec un radical superoxyde, comme l’anion superoxyde •O2-, aboutissant, là encore, à la production du radical hydroxyle (•OH) qui est un puissant agent oxydant (Kehrer, 2000 ; Remon, 2006 ; Seol et Javandel, 2008). . O2- + H2O2 → .OH + OH- + O2 2. 2. 3.1.3. Conséquences du stress oxydant Lorsque la quantité d’ERO générée dépasse les capacités antioxydantes de l’organisme, la toxicité des ERO s’exprime par de nombreux aspects, et en particulier par la perturbation de nombreux processus physiologiques comme la photosynthèse et la respiration (Sies, 1997; Dat et al., 2000; Inze et Montagu, 2001; Arora et al., 2002). Cette toxicité s’explique par la réactivité des ERO, en particulier celle de l’OH, envers les macromolécules biologiques. Les ERO ont divers effets néfastes pour les cellules. Elles entraînent un ralentissement de la croissance végétale par une perturbation du métabolisme. 28 Chapitre I Synthèse bibliographique Lorsque le stress oxydant est trop important, la capacité des enzymes antioxydantes est dépassée, provoquant un excès de radicaux. Cet excès va entrainer des lésions sur les molécules telles que l’ADN, les protéines ou les lipides. A ce moment là, l’apparition des symptômes visibles a lieu, notamment un brunissement des racines, ainsi que des chloroses et des nécroses sur les feuilles, entrainant une perturbation de la croissance pouvant aller jusqu’à la mort de l’organisme. (Cecchi, 2008). 2. 2. 3. 2. Effets généraux du plomb sur les plantes 2. 2. 3. 2. 1. Effets sur la germination et la croissance A l’échelle macroscopique, le plomb entraîne des effets néfastes sur les plantes. En premier lieu, la germination est fortement inhibée par les ions Pb2+ à de très faibles concentrations (Mishra et al., 1998 ; Tomulescu et al., 2004). De plus fortes doses conduisent à une inhibition totale de la germination chez les espèces végétales, comme le haricot (Wierzbicka et al., 1998). Le plomb réduit également fortement le développement de la plantule et des radicelles (Mishra et Choudhuri, 1998). Un traitement à de faibles concentrations en plomb inhibe la croissance des racines et des parties aériennes (Makowski et al., 2002; An, 2006). Cette inhibition est plus importante pour la racine, ce qui peut être corrélé à la plus forte teneur en plomb de cette dernière. (Obroucheva et al., 1998). L’accroissement de biomasse végétale est diminué par de fortes doses de plomb (Xiong et al., 2006). Sur de longues durées, les traitements au plomb, même à des doses nonlétales, peuvent conduire à l’apparition de nécroses au niveau des apex racinaires et des feuilles, ainsi que des chloroses foliaires (Liu et al., 2000). L’ensemble des perturbations macroscopiques observées est la résultante : De l’interaction du plomb avec les différents composants cellulaires et les macromolécules (protéines, ADN…). De la perturbation de nombreux processus physiologiques comme la régulation du statut hydrique, la nutrition minérale, la respiration ou la photosynthèse. 29 Chapitre I Synthèse bibliographique 2. 2. 3. 2. 2. Effet sur le statut hydrique Le plomb peut également affecter l’état hydrique de la plante, en provoquant un stress hydrique, notamment par la fermeture des stomates. Cette fermeture des stomates a un impact sur divers processus dans la cellule tel que la photosynthèse, en induisant une déficience en CO2 (Parys et al., 1998). Le stress hydrique s’exprime également par une réduction de la surface foliaire, ainsi que globalement de tous les organes sièges de la transpiration, afin de limiter les pertes en eau. On observe ensuite un flux transpiratoire diminué, une pression osmotique plus faible ou un potentiel hydrique réduit dans le xylème. Le plomb provoque une perte globale de turgescence et de plasticité, et enfin une réduction globale du contenu en eau de la plante (Weryszko-Chmielewska et Chwil, 2005). 2. 2. 3. 2. 3. Effet sur la nutrition minérale Le plomb affecte également la nutrition minérale, en perturbant le prélèvement et le transport des nutriments par la plante, tels que Ca, Fe, Mg, Mn, P et Zn en bloquant leur entrée ou en se liant à eux, les rendant indisponibles pour les plantes (Xiong, 1997). Burzynski (1987) a montré que la présence de plomb entraînait une diminution du contenu en potassium dans tous les tissus du concombre, ainsi qu’une diminution du calcium dans les cotylédons et l’hypocotyle, mais aussi du fer dans les racines. Le plomb affecte aussi le métabolisme azoté en diminuant le prélèvement de nitrate et en perturbant le fonctionnement de la nitrate reductase (Seregin et Ivanov, 2001). La présence de plomb dans le milieu extérieur induit une compétition avec les ions minéraux au niveau des transporteurs cellulaires altérant la perméabilité membranaire et induisant une carence en éléments nutritifs dans les plantes (Haussling et al., 1988; Marschner, 1995). 2. 2. 3. 2. 4. Effets sur les protéines L’action du plomb sur la concentration totale en protéine n’est pas claire, bien que de fortes concentrations puissent diminuer le pool protéique (Saxena et al., 2003; Mishra et al., 2006). Cette diminution quantitative de la teneur en protéines totales apparaît comme la résultante de plusieurs conséquences de l’action du plomb : 30 Chapitre I Synthèse bibliographique Modification de l’expression génique (Kovalchuk et al., 2005) et augmentation de l’activité ribonucléasique (Jana et al., 1982; Gopal et al., 2008). Stimulation de l’activité protéasique (Jana et al., 1982). Diminution de la teneur en acides aminés libres (Xiong et al., 2006). Particulièrement sensibles à l’action des ERO, Les protéines les plus touchées sont celles comportant un groupement sulphydryle (-SH), comme c’est le cas pour de nombreuses enzymes et protéines de transport (Stadtman et Levine, 2000). 2. 2. 3. 2. 5. Effet sur la Photosynthèse Chez les plantes, l’exposition au Pb conduit à une forte inhibition de la photosynthèse, du rendement photosynthétique, et à une limitation du taux d’assimilation de CO2. Le rendement photosynthétique, très sensible, peut chuter de plus de 50 % (Bazzaz et al., 1975; Poskuta et al.,1987). Cette inhibition s’explique par la diminution des teneurs en chlorophylles et en caroténoïdes généralement constatée (Chen et al., 2007; Gopal et al., 2008). La chlorophylle b semble plus sensible que la chlorophylle a (Wozny et al.,1995; Vodnik et al., 1999). Toutefois, ces effets varient en fonction des espèces végétales. Les mécanismes de réduction de la teneur pigmentaire sont, en partie, élucidés. Le plomb induit l’activité chlorophyllase dans les feuilles (Drazkiewicz, 1994), mais le mécanisme principal semble être l’inactivation de la synthèse de ces pigments. Le plomb interagit à ce niveau de deux façons : (i) d’une façon directe, en se substituant aux ions divalents liés aux métalloenzymes. C’est notamment le cas avec l’δ-aminolevulinate déshydratase ou ALAD qui est à la base de la synthèse des chlorophylles et dont l’ion Zn2+ est remplacé par Pb2+ ; (ii) d’une façon indirecte, en induisant une carence en ces ions divalents. Il est, par exemple, admis que les chloroses foliaires sont généralement le signe d’une carence en fer indispensable à la synthèse des chlorophylles (Foy et al., 1978). le plomb induit des déformations dans les structures des chloroplastes, plus sensibles que les mitochondries (Weryszko-Chmielewska et al., 2005; Islam et a.l, 2007). 31 Chapitre I Synthèse bibliographique Il provoque également un changement dans la composition des lipides de la membrane chloroplastique (Stefanov et al., 1995), Le plomb, en induisant une fermeture des stomates, limite considérablement les flux gazeux entre les feuilles et le milieu extérieur. Cette limitation du flux de CO2 entrant est considérée comme la cause principale de la forte réduction de la fixation du CO2 observée (Bazzaz et al., 1975; Parys et al., 1998). 2. 2. 3.2.6. Action sur les activités enzymatiques Le plomb peut inhiber l’action de certaines enzymes, notamment celles qui possèdent un groupement –SH, ce dernier présentant une forte affinité pour le plomb. Dans la plupart des cas, l’inhibition se fait par interaction du plomb avec ce groupement qui est indispensable pour l’activité et le bon fonctionnement des enzymes, ou en remplaçant un autre élément comme le Fe dans leur site actif mais aussi en modifiant leur structure (Hall, 2002). Le plomb affecte donc la conformation de nombreuses enzymes et les empêchant de fonctionner convenablement (Seregin et Ivanov, 2001). Parmi les enzymes fondamentales qui peuvent être inhibées par le plomb, se trouvent des enzymes impliquées dans la biosynthèse de la chlorophylle ou bien la RUBISCO qui permet la fixation du CO2 (Seregin et Ivanov, 2001 ; Patra et al., 2004). L’inhibition de ce type d’enzyme entraîne une forte perturbation de la photosynthèse. 2. 2. 3. 2.7. Altération des membranes cellulaires et peroxydation des lipides Comme précédemment évoqué, le plomb peut se fixer, en grandes quantités, sur les composants des parois ou des membranes. Cette fixation conduit notamment à une minéralisation de la paroi (Wierzbicka, 1998). Ce phénomène de minéralisation, défini comme un dépôt d'éléments minéraux au niveau de la paroi (Nultsch et al., 1998) entraîne un changement dans les propriétés physiques et chimiques de la paroi, et en particulier dans sa plasticité. Cette diminution de plasticité affecte de nombreux mécanismes cellulaires comme la division ou l’élongation (Pourrut, 2008). 32 Chapitre I Synthèse bibliographique Les membranes lipidiques subissent également les effets néfastes du plomb. Bien que les mécanismes d’action ne soient pas connus, le plomb induit de fortes modifications dans les compositions lipidiques des différentes membranes cellulaires (Stefanov et al., 1995). Par ailleurs, le plomb induit indirectement, via la production d’ERO, une peroxydation lipidique (Reddy et al., 2005; Wang et al., 2007). Ces modifications des lipides membranaires conduisent à l’apparition de structures cellulaires anormales, avec notamment des altérations au niveau de la membrane cellulaire (Islam et al., 2008). 2. 2. 3. 2. 8. Altération de l’ADN L’ADN, structure moléculaire dépositaire du patrimoine génétique est une macromolécule possédant une structure complexe (formée de paires de bases reliées entre elles). Elle est très sensible à l’attaque des radicaux libres. Ceci revêt un caractère particulièrement critique compte-tenu du rôle clé de cette molécule dans l’expression et la transmission de l’information génétique. L’atteinte de l’ADN implique le franchissement préalable de toutes les barrières de défense mises en place par les végétaux, la potentialité de détoxication des cellules ou de l’organisme et enfin du potentiel des systèmes de réparation de l’ADN de l’organisme. Divers effets peuvent alors être observés: (Cecchi, 2008). Une formation de bases oxydées. Rupture des liaisons des bases. Des cassures au niveau des brins d’ADN, qui peuvent être double ou simple brin. Les agents capables de générer des dommages sur l’ADN sont dits génotoxiques. Le caractère génotoxique des micropolluants pourrait constituer la composante majeure de la toxicité à long terme, c'est-à-dire des perturbations lentes mais irrémédiables, dues à une exposition prolongée des populations à des contaminations, même à de très faibles niveaux. Ces micropolluants affectent les individus ou leur descendance en modifiant le patrimoine génétique des espèces. Ce qui pourrait avoir un impact sur la reproduction, le développement des populations ainsi que sur leur biodiversité en affectant des gènes essentiels (Chenon, 2001). 33 Chapitre I Synthèse bibliographique 2. 3. Stratégies développées par les végétaux pour la défense au stress métallique 2. 3. 1. Détoxication des espèces réactives d’oxygène (ERO) La lutte contre les effets délétères des ERO est assurée par des systèmes de défense variés, chargés de les capter et de les neutraliser, mais aussi d’éliminer et remplacer les molécules endommagées. Ces systèmes de défense sont présents dans le cytosol, mais également dans les différents organites, tels que les chloroplastes (Asada, 2006), les mitochondries (Moller et al., 2007) et les peroxysomes (Del Rio et al., 2006). 2. 3. 1. 1. Système antioxydant Les antioxydants ralentissent ou inhibent l'oxydation d'un substrat, tout en étant présents à faible concentration par rapport à ce substrat oxydable. Même si ces stratégies antioxydantes sont essentielles à la survie de l’organisme, elles sont néanmoins coûteuses en énergie, le potentiel antioxydant global peut être enzymatique ou non enzymatiques. 2. 3. 1. 1. 1. Antioxydants enzymatiques Trois activités enzymatiques clefs occupent une place centrale dans les mécanismes de détoxication des ERO : il s’agit des catalases (CAT), des peroxydases (POD) et des superoxyde-dismutases (SOD).Ces enzymes ont une action complémentaire • - sur la cascade radicalaire au niveau de l’anion superoxyde O2 et du peroxyde d’hydrogène H2O2 conduisant finalement à la formation d’eau et d’oxygène moléculaire. Les catalases (CAT) sont contenues dans les peroxysomes et dans le cytosol. Elles agissent en synergie avec les SOD puisque leur rôle est de catalyser la réduction du peroxyde d’hydrogène en eau et en oxygène moléculaire selon la réaction suivante (Noctor et Foyer, 1998) : 2H2O2 2H2O + O2 Les peroxydases (POD), permettent, comme les catalases, la réduction de H2O2 en eau et en oxygène moléculaire. Cependant, à la différence des catalases, les POX nécessitent la présence d’un substrat particulier pour réaliser leurs activités. Deux types principaux de « molécules anti-oxydantes » sont utilisés comme substrat par les peroxydases : 34 Chapitre I Synthèse bibliographique l’acide ascorbique (Asc) et le glutathion (GSH). Ces deux molécules participent au cycle « ascorbate/glutathion » (Noctor et Foyer, 1998 ; Foyer et Noctor, 2000). Les superoxyde-dismutases, SOD, sont responsables de la dismutation de l’anion superoxyde en peroxyde d’hydrogène (H2O2), selon la réaction : . 2 O2- + 2H+ H2O2+O2 Le mécanisme réactionnel est catalysé par un métal divalent situé au cœur de l’enzyme. Selon la nature de ce métal on distingue les superoxyde-dismutases à manganèse (Mn-SOD) localisées dans les mitochondries, les superoxyde-dismutases à cuivre-zinc (Cu/Zn-SOD), cytosoliques et enfin, les superoxyde-dismutases à fer ferreux (Fe-SOD) (Remon, 2006). Lors d’un stress oxydant provoqué par le Pb l’activité de toutes ces enzymes va être modifiée. L’activité des POD va augmenter dans les racines et les feuilles de la plante. Les SPOD (POD membranaires) seraient impliquées dans la biosynthèse de la lignine, la lignification des racines permettrait à la plante de diminuer l’absorption du Pb (Cuypers et al. 2002) mais cela peut aussi conduire à une inhibition de la croissance des racines. D’autres enzymes sont impliqués dans la réponse au stress oxydant dans les cellules et permettrait l’augmentation de l’activité des enzymes impliquées dans la défense contre les ROS en activant leurs gènes (Gupta et al. 1999, Cuypers et al. 2000). 2. 3. 1. 1. 2. Antioxydants non enzymatiques L’ascorbate ou vitamine C L’acide L ascorbique (ASC) est un des principaux acides faibles de la cellule végétale. Aux pH physiologiques, et est essentiellement utilisé au niveau cellulaire comme un donneur d’électrons (Pourrut, 2008). L’ascorbate est toutefois beaucoup plus connu pour ses propriétés antioxydantes (Navas et al., 1994; Foyer and Noctor, 2005). 35 Chapitre I Synthèse bibliographique En effet, il réagit rapidement avec l’anion superoxyde et l’oxygène singulet, ou encore avec le peroxyde d’hydrogène, mais cette dernière réaction est catalysée par l’ascorbate peroxydase (APX). L’ascorbate est indispensable par sa capacité à réduire d’autres antioxydants oxydés comme la vitamine E ou les caroténoïdes (Asada, 1994). Le glutathion Le glutathion est un thiol très abondant se retrouvant de façon ubiquitaire chez les plantes, donneur d’électrons adéquat dans les réactions physiologiques, le glutathion joue de nombreux rôles physiologiques chez les végétaux (May et al., 1998),c’est un précurseur des phytochélatines (PC) jouant un rôle prédominant dans la séquestration des métaux chez les végétaux. Il est aussi impliqué dans la régulation redox du cycle cellulaire (Gyuris et al., 1993; Noctor et al., 1998). La synthèse de GSH est stimulée lors des différentes situations de stress et son accumulation est souvent concomitante avec celle des ERO (Noctor et al, 1998; Potters et al, 2002). Le GSH peut directement réduire l’H2O2 mais également d’autres ERO, des hydroperoxydes organiques et des peroxydes lipidiques : H2O2 + 2 GSH → GSSG + 2 H2O ROOH + 2 GSH → ROH + GSSG + H2O La vitamine E C’est un antioxydant clé dans la protection de l’intégrité des membranes, en particulier celles des chloroplastes. Il protège également les pigments photosynthétiques, participant ainsi à la protection de l’appareil photosynthétique (Fryer, 1992). La vitamine E désigne un groupe de composés lipophiles possédant l’activité biologique de l’α-tocophérol qui est un piégeur d’oxygène singulet et de radical hydroxyle (Krieger-Liszkay et Trebst, 2006). Sa localisation, au niveau des membranes, en fait l’antioxydant le plus important dans la prévention de la peroxydation des lipides membranaires (Fryer, 1992). Par ailleurs, il peut réduire les peroxydes lipidiques et bloquer la réaction en chaîne de peroxydation lipidique s’initiant après la peroxydation d’acides gras polyinsaturés (Collin et al., 2008 ). 36 Chapitre I Synthèse bibliographique Les caroténoïdes Les caroténoïdes sont des pigments végétaux lipophiles, ils jouent le rôle de pigments accessoires de l’antenne collectrice des photosystèmes. En dehors de cette implication dans le processus photosynthétique, les caroténoïdes participent à la protection de l’appareil photosynthétique contre les ERO (Asada, 1994; Miller et al., 1996). En effet, ces pigments possèdent la capacité de capter l’énergie de la chlorophylle triplet ou de l’oxygène singulet (Telfer et al., 1994; Mozzo et al., 2008). La capacité de transfert d’énergie des caroténoïdes vers le dioxygène étant faible, ces pigments retrouvent leurs états initiaux en perdant leurs énergies sous forme de chaleur. Le mécanisme captage d’énergie/perte d’énergie par chaleur peut également directement s’effectuer à partir de la chlorophylle singulet (Demmig-Adams et Adams, 1996). 2. 4. Mécanismes de tolérance au stress métallique 2. 4. 1. Détoxication et chélation du plomb Seules les plantes qui ont développé des mécanismes de tolérance peuvent survivre à un environnement contaminé. Elles développent en général deux grands types de stratégies, le mécanisme le plus répandu est l’évitement du stress métallique par exclusion, qui se fait par fixation du métal sur la paroi cellulaire et la séquésrtation ou bien par sécrétion de chélates. Ceci a pour but de limiter au maximum le prélèvement par les racines, mais également de limiter un éventuel transport des racines vers les parties aériennes. De nombreux auteurs suggèrent que cette restriction a lieu grâce à l’endoderme, qui fonctionne comme une barrière au transport radial du plomb dans la racine, et de ce fait restreint son mouvement vers les organes supérieurs (Seregin et Ivanov, 2001). Pour (Kopittke et al., 2007). Une deuxième stratégie est donc mise en place par détoxiquer les plantes, qui consiste à le plomb qui a pénétré dans le symplast. La tolérance au stress métallique dépendra donc de l’efficacité des mécanismes internes qu’elles mettent en place. Ces mécanismes peuvent être (Patra et al., 2004 ; Do Nascimento et Xing, 2006): 37 Chapitre I Synthèse bibliographique - la séquestration des métaux grâce à des composés organiques spécialement synthétisés la compartimentation dans certains compartiments cellulaires (tels que les vacuoles) la détoxication grâce à aux systèmes antioxydants et la sécrétion des chélates. - 2. 4. 1. 1. Stratégie d’évitement et de séquestration Afin de contrer les effets délétères induits par la présence de plomb dans leur milieu de culture les plantes ont mis en place deux types de stratégie. La première est l’évitement qui consiste : 1) à accumuler le plomb dans l’apoplasme et/ou 2) à le séquestrer rapidement dans les vacuoles. (Yang et al., 2005; Clemens, 2006). Dans la deuxième stratégie, les structures intracellulaires sont exposées au polluant mais sont peu affectées du fait de caractéristiques particulières qui leur permettent de tolérer des teneurs élevées en Pb. Ces mécanismes peuvent correspondre à une tolérance constitutive (Brunet, 2008). A la surface des racines, les ions Pb2+se lient aux groupements carboxyles des acides uroniques du mucilage sécrété par les cellules racinaires. Ainsi, celui-ci forme une barrière protectrice du système racinaire (Morel et al., 1986). Dans les parois cellulaires, le Pb peut se lier aux groupements carboxyles tels que l’acide galacturonique et l’acide glucuronique . Ces différentes liaisons immobilisent efficacement le Pb dans l’apoplasme. Si les sites apoplastiques de fixation du Pb ne sont pas suffisamment nombreux, l’élément peut intégrer le symplasme. Les cellules des tissus concernés le séquestre dans des vacuoles (Antosiewicz et Wierzbicka, 1999) et le rendre ainsi inactif. Le plomb entrant dans les cellules sous forme ionique est rapidement lié à des chélateurs internes tels que le glutathion ou les phytochélatines. Du Pb est retrouvé sous forme de dépôts et d’agrégats dans les vacuoles (Wierzbicka et Antosiewicz, 1993; Meyers et al., 2008). La vacuole est en effet considérée comme le lieu principal de stockage du plomb (Tong et al., 2004). Selon Wierzbicka et Antosiewicz (1993), ces vacuoles peuvent en effet contenir plus de 96% du métal. Ceci permet de diminuer considérablement la quantité de métal dans le cytoplasme, compartiment cellulaire à forte activité métabolique. 38 Chapitre I Synthèse bibliographique 2. 4. 1. 2. Chélation et transport du plomb Des ligands spécialement sythétisés en cas de stress métalliques sont capables de se lier au plomb une fois dans le cytoplasme, pour former des complexes stables, qui peuvent ensuite être séquestrés dans les vacuoles. Les plus connus sont des protéines telles que les métallothionéines ou les phytochélatines, ainsi que des acides organiques de faible poids moléculaires. (Yang et al., 2005) Il existe de nombreux transporteurs intervenant dans le déplacement des éléments métalliques dans les cellules végétales. Certains permettent aux ions métalliques de traverser la membrane plasmique, tels que les CNGC, ZIP, NRAMP et les pompes ATPases de type P. Une fois entrés dans la cellule, ces éléments peuvent être chélatés ou non à des molécules comme le GSH ou les PCs et sont pris en charge dans le symplasme ou stockés dans des vacuoles grâce à d’autres transporteurs, tels que des CDF, des antiports cation/H+ et des transporteurs ABC (Cecchi, 2008). Certains éléments métalliques pourront ressortir des vacuoles grâce aux transporteurs NRAMP et ainsi être remis en circulation dans le symplasme ou bien être exportés à l’extérieur de la cellule via certains transporteurs ABC et CDF. La localisation des ions métalliques est dépendante de leur nature, spécifique de l’espèce végétale et varie donc suivant la teneur en chacun des transporteurs dans les cellules. Ceci se traduit par différents mécanismes de tolérance mis en place par les plantes (Cecchi, 2008). 2. 4. 2. Autres systèmes de défense au stress métallique D’autres mécanismes agissant contre les effets néfastes des métaux lourds peuvent être mis en œuvre chez les plantes : • Des transporteurs membranaires, de type pompe ATPasique, spécifiques sont présents pour réaliseraient un efflux actif des ions métalliques à l’extérieur des cellules (Briat et Lebrun, 1999). 39 Chapitre I Synthèse bibliographique • L’accumulation des métaux dans les feuilles âgées, juste avant leur abscission diminuerait ainsi les concentrations métalliques dans la plante. En général, la concentration dans les feuilles augmente avec l’âge. Chez Armeria maritima , dans les feuilles marron (les plus âgées), les concentrations en Cu, Cd, Zn et Pb sont 3 à 8 fois plus de celles des jeunes feuilles (Dahmani-Muller, 1999). Cette observation suggère un transport interne depuis des feuilles vertes, encore actives d’un point de vue photosynthétique, vers les feuilles qui sont sur le point de tomber, préservant ainsi la photosynthèse tout en détoxiquant la plante. (Salt et al., 1995). • Les protéines de choc thermique (Hsp), déjà réputées pour leur implication dans le stress lié à un choc thermique, seraient également responsables de la tolérance aux métaux toxiques. En effet, des stress très variés, ayant en commun de dénaturer les protéines (stress protéotoxique), sont capables d'induire cette réponse de type « choc thermique ». L'induction des HSP par le stress protéotoxique permet à la cellule de réparer les dommages protéiques ainsi occasionnés par resolubilisation des agrégats, renaturation des polypeptides ou, si cela est impossible, par l'engagement des protéines dénaturées vers les voies de dégradation. Ainsi, les résultats obtenus sur des cellules de tomate ont établi que l'action d'H2O2 induisait la synthèse de protéines de choc thermique (Banzet et al., 1998). • La biosynthèse d’éthylène dans les racines et les feuilles est provoquée par certains métaux, comme le cadmium. L’éthylène serait alors un messager stimulant la lignification capable de limiter les flux de métaux dans les systèmes vasculaires et accélérant la réponse anti-oxydante par induction de l’activité ascorbate peroxydase, ainsi que la synthèse des métallothionéines (Sanita di Toppi et Gabbrielli, 1999). 40 LA PHYTOREMEDIATION Chapitre I Synthèse bibliographique 3. La phytoremédiation 3.1. Nécessité de la dépollution Les risques écotoxicologiques de la contamination par les métaux lourds dans les sols, les ruisseaux et les eaux souterraines sont un grand problème de l’environnement et la santé humaine (Martin, 1998). Recourir à des techniques industrielles peut être utilisé efficacement pour nettoyer des sols contaminés mais la plupart de ces techniques exigent une technologie performante et sont par conséquent seulement chères et convenables pour des petites régions pollués (Moffat, 1995). Ces dernières années, le développement de techniques efficaces pour décontaminer les sites pollués est devenu indispensable. L’une d’elles la phytoremédiation, exploite les propriétés de certaines plantes à accumuler de grandes quantités de métaux lourds (Prabha et al., 2007). 3.2. Concept de La phytoremédiation La phytoremédiation est une technique de réhabilitation environnementale qui utilise les capacités des plantes pour éliminer, contenir, ou rendre moins toxiques les polluants. L’idée d’utiliser les plantes pour la réhabilitation environnementale est ancienne, puisqu’il y a 300 ans les hommes utilisaient déjà les plantes pour le traitement de l’eau. Cependant, ce n’est que récemment que l’utilisation des plantes pour la réhabilitation des sols a pris son essor (Baker et Brooks, 1989; Salt et al., 1995). La plante est en effet un système biologique de pompage et de filtration, actionné par le soleil, qui a des capacités inhérentes de chargement, dégradation et engorgement. Les racines peuvent trouver, altérer et « transloquer » ou déplacer des éléments et des composés contre des gradients chimiques importants. Les surfaces des racines supportent des bio-films bactériens actifs et des extensions fongiques qui augmentent significativement la surface de contact avec le sol et les capacités métaboliques de la plante. Au cours de l’évolution, les plantes ont développé des mécanismes pour s'adapter et se multiplier dans des conditions hostiles (Kirpichtchikova, 2009). 41 Chapitre I Synthèse bibliographique Certaines plantes ont adopté des mécanismes racinaires qui permettent d’immobiliser les métaux au niveau des racines et de diminuer leur transfert vers les feuilles où les métaux seraient toxiques. D'autres plantes ont développé des mécanismes complexes pour tolérer, absorber et accumuler dans leurs tissus des quantités significatives de métaux. Les techniques de phytoremédiation apparaissent alors comme des méthodes alternatives ou des méthodes complémentaires aux méthodes conventionnelles, moins coûteuses, plus extensives et plus respectueuses de l’environnement. (Kirpichtchikova, 2009). 3. 3. Définition et techniques de phytoremédiation Connue sous le nom de phytoremédiation « phyto » = plante et « remedium » = rétablissement de l’équilibre, remédiation, la phytoremédiation est définie comme l’utilisation de plantes pour extraire ou transformer les polluants organiques et aussi inorganiques (plus particulièrement les métaux lourds) (Salt et al., 1998). Les aspects technologiques d’efficacité, de coût du traitement et les aspects économiques sont abordés. Les types de stratégies de phytoremédiation, particulièrement utilisés dans la dépollution des métaux lourds sont décrits ci-dessous et illustrés dans la (Figure 7). Figure (7) : Les principales techniques de phytoremédiation (Pilon-Smits, 2005). 42 Chapitre I Synthèse bibliographique 3. 3.1. La Phytostabilisation C’est l’utilisation des plantes pour réduire la biodisponibilité des polluants par les écoulements (latéraux ou en profondeur) ou immobiliser les composés polluants en les liants chimiquement par précipitation, stabilisation, absorption ou piégeage de ceux-ci par la plante. Par un stockage dans le système racinaire ou l’insolubilisassion dans la rhizosphère, Cette technique permet d’éviter la dispersion des polluants dans les eaux de surface et souterraines (Cunningham et al., 1995). Et de limite l’érosion et le lessivage du sol. (Pilon-Smits, 2005; Remon, 2006). 3. 3. 2. La phytodégradation ou rhizodégradation Elle correspond à la dégradation des polluants organiques dans la plante elle-même ou grâce aux microbes associés aux plantes dans leur rhizosphère ou dans leurs racines (mycorhizes, endophytes bactériens). Les plantes peuvent dégrader elles-mêmes des composés organiques grâce à leurs enzymes. (déhalogénases, oxygénases, nitroréductases…) Elles les catabolisent en composés inorganiques ou les dégradent en des formes plus stables qu’elles pourront stocker. La dégradation peut avoir lieu dans les parties aériennes et les racines (Pilon et Smits, 2005 ; Remon, 2006). 3. 3. 3. La rhizofiltration est l’utilisation des racines des plantes pour extraire les contaminants des eaux. Elle est basée sur la capacité des systèmes racinaires de certains végétaux à prélever et/ou dégrader les polluants dans un milieu liquide. Cette méthode s’applique dans les zones humides, construites ou naturelles, et pour des plantes dont les racines supportent la vie en milieu aquatique et anaérobie (Chaney et al., 1997 ; Wong., 2003 ; Remon, 2006). Et pour les composés dangereux, en particulier des métaux lourd ou les radionucléides (Prasad, 2003). 3. 3. 4. La Phytoextraction C’est l’utilisation de végétaux (hyper) accumulateurs qui vont absorber les métaux ou métalloïdes du sol par les racines et les accumuler dans les organes récoltables (feuilles, tiges et racines) (Mc Grath, 1998). Les métaux lourds vont se complexer avec des acides organiques ou des acides aminés synthétisés par la plante. Les métaux lourds sont ensuite récupérés en incinérant ou compostant la biomasse de plante (Remon, 2006). 43 Chapitre I Synthèse bibliographique 3. 3. 5. La Phytovolatilisation : Utilisation de plantes qui absorbent des contaminants organiques et autres produits toxiques, transformant ceux-ci en éléments volatiles peu ou pas toxiques et les relâchant dans l’atmosphère via leurs feuilles (Mc Grath, 1998).pour les composés organiques volatils, le Trichloréthylène (TCE), et des inorganiques comme Se ou Hg (Pilon et Smits, 2005 ; Remon, 2006). 3. 4. Avantages et limites de la technique de phytoremédiation La technique de phytoextraction présente de nombreux intérêts, d’ordre environnemental et économique. En effet, l’activité biologique et la structure des sols sont maintenues après le traitement. En plus, le coût de la technique est bien moindre que celui de procédés traditionnels in situ et ex situ et varie selon les contaminants. D’autre part, les plantes permettent de conserver un paysage agréable (reverdissement et floraison), et aussi d’installer une communauté de microflore et de microfaune métallo-résistantes pouvant agir en synergie avec ces plantes afin d’accélérer le processus de décontamination. Les plantes peuvent être facilement surveillées et récoltées à des fins de traitement et la biomasse végétale réutilisée (Kumar et al., 1995; Blaylock et Huang, 2000; Garbisu et Alkorta, 2001). D’autre part, les métaux lourds peuvent aussi être récupérés et réutilisés. Enfin, cette technique biologique est facilement acceptée par le public dans le contexte de la préservation de l’environnement, du développement durable, et dans l’aspect esthétiquement plaisant de son application. 3. 5. Implantation d’espèces tolérantes (Pourquoi restaurer le couvert végétal ?) L’implantation d’un couvert végétal de plantes tolérantes permet de diminuer la dispersion de contaminants par érosion éolienne et par lessivage. Les plantes tolérantes vont aussi absorber dans une certaine mesure les contaminants créant ainsi une zone d’exposition plus faible pour les autres. L’implantation de végétaux agit aussi de façon indirecte car leur canopée fournit un abri contre le vent et l’ensoleillement souvent élevés dans ces sites et leur litière est source de matière organique (Mench et al., 2005 ; Eranen et Kozlov, 2007). 44 Chapitre I Synthèse bibliographique Dans le cas de la phytostabilisation, un cortège assemblant des espèces ligneuses et herbacées est conseillé. Les arbres permettent de maintenir un flux d’eau vers la surface limitant le lessivage et les herbacées limitent l’érosion éolienne et la dispersion vers les écosystèmes adjacents grâce à leur système racinaire très dense (Pilon et Smits, 2005). Cet assemblage permet d’améliorer des propriétés du sol comme la fertilité ou la capacité d’échange cationique, d’augmenter la quantité de microorganismes et de diminuer l’érosion. L’implantation de légumineuses capables de fixer l’azote atmosphérique est bénéfique pour l’écosystème (Guo et al., 2004). En effet, elles permettent d’enrichir le sol en nutriments et l’utilisation combinée d’annuelles et de pérennes permet de garantir un apport continu de matière organique au sol (Freitas et al., 2004). (Figure 8). Figure (8): Effets de l’implantation d’un couvert végétal sur un sol contaminé (Bes, 2008). 45 GENERALITES SUR LA PLANTE DU RADIS « Raphanus sativus L. » Chapitre I Synthèse bibliographique 4. Généralités sur l’espèce expérimentée le radis (Raphanus sativus L.) 4. 1. Présentation de la plante Le radis, Raphanus sativus L. est une plante potagère bisannuelle, de la famille des Brassicacées, cultivée depuis très longtemps pour son hypocotyle charnu, consommé cru, comme légume, la partie comestible, une racine pivot avec différentes formes (long, rond) à chair rouge, blanche, noir ou rose-blanche (espèce utilisé dans notre travaille) , est la partie gonflée, souterraine, de la tige, au-dessus de la racine. Le radis (Raphanus sativus L.) pourrait dériver de ces formes sauvages de radis ( Raphanus rostratus ou Raphanus segetum) une plante de très ancienne culture (Moquin et Tandon, 1866). Le radis fait partie, comme le navet et le chou, de la famille des crucifères. Aujourd’hui cette famille est appelée brassicacées, nom qui vient de brassica, c’est-à-dire du chou. Cela signifie que ses fleurs ont quatre pétales disposés en croix, forme typique des Brassicaceae (Schippers, 2004). 4. 2. Description Le radis (Raphanus sativus L.) est une racine, globuleuse, renflée-charnue, avec une écorce rose-blanche; Un tissu tendre ou ferme. Est directement surmontée de feuilles velues, plus ou moins grandes, pétiolées profondément lyrées, à lobes oblongs dentelés, dont le terminal est plus grand que les autres , très- rudes. le radis développe une tige haute de 4 à 8 décimètre ramifiée, porteuse de fleurs blanches assez petites, pédonculées à 4 pétales dressés, donnant naissance à des fruits (siliques) type haricot vert court et gonflé oblongues- lancéolé, renflé à la base et non articulées, spongieux à l’intérieur, contenant des graines rouges aplaties logées chacune dans une fossette particulière, arrondies ( Moquin et Tandon, 1866) (Figure 9). 46 Chapitre I Synthèse bibliographique Figure (9) : Plante de radis (Raphanus sativus L.), aspect des feuilles, des tiges, des fleurs et des gousses (Base de Données Nomenclaturale de la Flore de France, 2011). 4. 3. Classification systématique La classification de la plante du radis selon Cronquist, 1968 est la suivante : Règne Plantae Sous-règne Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Sous-classe Ordre Tracheobionta Dilleniidae Capparales Famille Brassicaceae Genre Raphanus Espèce sativus 47 Chapitre I Synthèse bibliographique 4. 4. Origines Probablement originaire de l'est de la région méditerranéenne, en Asie occidentale. Ce fut l'un des premiers légumes à être cultivés. Des écrits anciens démontrent que le radis (Raphanus sativus L.) était consommé il y a environ 4 000 ans par les Babyloniens et les Égyptiens, et était particulièrement apprécié pour ses propriétés médicinales. Il aurait été introduit en Chine environ 500 ans avant notre ère. Les Chinois ont développé de nouvelles variétés de radis, à racine plus grosse et plus longue. Le radis peut maintenant se trouver comme plante cultivée à travers le monde sous de nombreuses formes différentes, allant de petites plantes annuelles feuillues à des bisannuelles à grosses racines charnues (Schippers, 2004). 4. 5. Techniques culturales et entretiens du radis Son nom latin est dérivé du grec raphanos signifiant «qui lève facilement», et fait référence au fait que ce légume pousse sans difficulté. Le radis est une plante potagère facile à cultiver, Tous types de sol peuvent acceuillir le radis. Optez de préference pour un sol léger et bien ameubli. Un mélange de térreau sableu avec du compost est l’idéal. Il permet à la racine de bien se développer, le radis aime l’exposition plein soleil ou mi-ombre. Et nécessite un arrosage copieux et régulier. Le cycle de croissance du radis est rapide et le met à l’abri des insectes ravageurs et des maladies ce qui facilite sont entretien. Le semis du radis peut s’étaler sur plusieurs mois, et peut être répété à volonté pour obtenir des récoltes à longueur d’année. La leuvée apparait après seulement trois à quatre jours. Pour avoir des graines de radis il suffit de laisser monter les radis qui font de longues tiges puis des fleurs blanches à 4 pétales, chaque fleur fait un fruit type haricot vert court et gonflé (Schippers, 2004). 48 Chapitre I Synthèse bibliographique 4. 6. Composition du radis « Raphanus sativus L. » 4. 6. 1. Valeur nutritive Peu énergétiques, les radis roses fournissent à peine 15 Kcalories au 100 g, ce qui les place parmi les aliments les moins énergétiques, protéines et lipides (graisses) n’étant présents qu’à l’état de traces, ce sont les glucides (2,5 à 3,5 g) qui apportent l’essentiel des calories. Des glucides constitués en majorité par des sucres simples (glucose et fructose). Les radis présentent aussi une haute densité en minéraux et oligo-élément pour 100 calories, ils fournissent 1620 mg de potassium, 133mg de calcium, 47mg de magnésium, 5.3mg de fer, cela leur confère d’intéressantes propriétés reminéralisantes. Les radis constituent également une bonne source de vitamine C puisqu’ils en apportent en moyenne 23 mg aux 100 g. (Base de Données Nomenclaturale de la Flore de France, 2011). 4. 6. 2. Principes actifs et antioxydants Du fait qu’il est très riche en antioxydants (les anthocyanines, Kaempferol et les Peroxydases…), des chercheurs ont notamment étudié l’effet d’un mélange d’antioxydants du radis chez l’animal pour découvrir qu’il apportait une protection contre l’oxydation des lipides sanguins (un effet favorable à la santé cardiovasculaire), des lipides des cellules intestinales (un effet bénéfique pour la prévention du cancer du côlon) et d’autres maladies liées au vieillissement (Gendreau, 2006). Les radis renferment aussi des composés spécifiques, comme les indols, et les gluconisates, capables d’inhiber ou de freiner le développement de tumeurs cancéreuses. 49 MATERIELS ET METHODES Chapitre II Matériels et méthodes 1. Matériels 1.1. Matériel végétal Le matériel végétal utilisé dans cette étude est le radis (Raphanus Sativus L.) (figure10) de la famille des Brassicacées, La plante a été choisie en raison de son utilisation au laboratoire comme plante modèle pour des études d’éco-toxicologie de différents polluants (Sun et al., 2010), ainsi pour son meilleur taux de germination, sa croissance rapide et sa biomasse importante. Figure (10) : Plante et graines de radis (Raphanus sativus L.). 1.1.1. Préparation du matériel végétal Les graines (figure 10) sont sélectionnées et désinfectées à l’hypochlorite de sodium à 1% pendant 5 minutes, pour éliminer toute contamination fongique. Puis rincées rigoureusement et abondamment à l’eau distillée 3 à 4 fois pendant 5 minutes, séchées avant la mise en germination. 1.2. Les pots Les pots utilisés pour les expérimentations sont en PVC et ont un diamètre supérieur maximum de15 cm et 1.3. Le substrat un diamètre inférieur de 10 cm. 50 Chapitre II Matériels et méthodes Le substrat utilisé est constitué d’un mélange de sable et de terreau industriel à des proportions respectives de (1v/2v). Avant de l’utiliser, le sable subis plusieurs opérations de préparation, en premier lieu, il a été tamisé afin d’éliminer les débris végétaux et animaux, pour obtenir du sable fin. Puis rincé abondamment à l’eau de robinet, ensuite trempé dans une solution de HCl dilué dans l'eau distillé à raison de 1/5, pour éliminer les sels (chlorures, les carbonates). Le sable est ensuite rincé plusieurs fois à l'eau distillé, séché à l’air libre. 1.3. Le plomb Le plomb est utilisé sous la forme d’une poudre d’acétate de plomb [Pb (CH3COOH)2] qui est mise en solution dans de l’eau distillée. A des concentrations de 250mg/l, 500mg/l et 1000mg/l. 2. Mise en place des expérimentations 2.1. Site expérimental L’essai a été réalisé sous une serre contrôlée située à l'Université d'Oran Es-Sénia, dont les facteurs température, humidité, et vent sont bien contrôlés (Figure 11). Figure (11) : Site d’expérimentation (la serre d’Université d’Oran Es-Sénia). 51 Chapitre II Matériels et méthodes 2.2. Le semis Le semis a été effectué dans des pots de volume de 1000 ml remplis de substrat mélangé, à raison de 04 graines par pot .Les pots sont disposés selon le plan d’expérimentation présenté dans la figure (12). Figure (12) : Dispositif expérimental. 2.3. Plan de l’expérience L’expérimentation comporte 4 traitements (lots) avec 5 répétitions pour chacun : lot témoin(T) sans Pb, et 3 niveaux de pollution au Pb : 250 mg/l de Pb (Pb+), 500 mg/l de Pb (Pb++), 1000 mg/l (Pb+++), la durée d’expérimentation est 2 mois. La nutrition hydrominérale des plantes est assurée par l’arrosage fait trois fois par semaine à l’eau distillée (pour le lot témoin), avec les solutions du Pb (pour les plantes stressées) et une fois sur trois (pour toute les plantes) par une solution nutritive de type Hoagland (Hoagland et Arnon, 1938) (Tableau 3). 52 Chapitre II Matériels et méthodes Tableau (3): Composition chimique de la solution Hoagland et Arnon (1938). Solution mère Poids g/l Macro-éléments 191.90 KNO3 129.80 (NO3)Ca, 4H2O 210.00 NO3 NH4 SO4 Mg, 7H2O 61.50 PO4 H2K 54.40 PO4K2H, 3H2O 34.23 Oligo-éléments Cl2Mn, 4H2O 1.80 CuSO4, 5H2O 0.176 ZnSO4, 7H2O 0.219 2.861 BO3H3 0.285 MO7O24(NH4), 7H2O C10H12FeNaO8 0.05 53 Chapitre II Matériels et méthodes 3. Récolte et Préparation pour les analyses ultérieures 3.1. La récolte des plantes A la fin de l’expérimentation, (Après 2 mois de culture), les plantes sont amenées au laboratoire. Une fois débarrassées de leur substrat, les plantes sont rincées par trois immersions successives d’une minute dans de l'eau distillée, puis séchées sur du papier filtre. Pour chaque plante, quatre échantillons sont constitués, la collecte des feuilles, des tiges, des racines et des tubercules s’effectue séparément (figure 13). Elles sont ensuite transvasées dans du papier aluminium. Les échantillons sont alors conservés à -80°C. ça ne modifie pas la quantité de protéines présentes dans les échantillons, , ni le niveau d’activité de certaines enzymes, même après deux mois de conservation (Saint-Martin et Pourrut, 2005). Figure(13) : Démontage des plantes. 3.2. Paramètres étudiés Les mesures effectuées sur les paramètres morphologiques des plantes (nombres de feuilles, hauteur des parties aériennes) ont été réalisés chaque semaine de l’exposition au Plomb. Par ailleurs, les mesures du poids frais, la taille des plantes et l’étude des paramètres physiologiques, Biochimiques et histologique ont été réalisées à la fin de l’expérimentation. 54 Chapitre II Matériels et méthodes 3.2.1. Paramètres morphologiques Dans cette étude, nous avons signalé les changements ou les anomalies qui ont touché l’aspect extérieur de la plante. Durant toute la période de l’expérimentation, une observation visuelle (décoloration, jaunissement, pigmentation, flétrissement…) et une mesure de croissance de la partie aérienne des plantes (nombre de feuilles, longueur) sont réalisées chaque semaine. 3.2.2. Paramètres biométriques 3.2.2.1. Le taux de germination des graines de radis Apres le semis nous avons effectué le comptage des graines a germés dans chaque pot, le taux de germination est le rapport des graines a germés sur les graines a semés, nous avons effectué les calcule selon la formule suivante : Taux de germination (%) = graines a germés / les graines a semés x 100 3.2.2.2. Hauteur de la partie aérienne La hauteur de partie aérienne de chaque plante a été mesurée chaque semaine durant l’exposition au plomb. 3.2.2.3. Détermination du nombre de feuilles Le nombre de feuilles de chaque plant a été déterminé à partir de la deuxième semaine durant l’expérimentation. 3.2.2.4. Mesure du poids frais Le poids frais (g) de chaque plante a été déterminé à l’aide d’une balance de précision, juste après la récolte. 3.2.2.5. Mesure de la hauteur des plants La taille (cm) de chaque plante est mesurée à l’aide d’une règle graduée. Les analyses physiologiques et biochimiques ont été réalisées au Laboratoire de biochimie de l’Université ES-SENIA d’ORAN, les mesures et les méthodes utilisées sont détaillées ci-dessous: 55 Chapitre II Matériels et méthodes 3.2.3. Paramètres physiologiques Les paramètres physiologiques (teneur relative en eau, teneur en chlorophylle et en caroténoïde) sont effectués seulement sur les feuilles du radis. 3.2.3.1. La teneur relative en eau (RWC) La teneur relative en eau est déterminée selon la méthode de (Barrs et Weatherley, 1962) puis par (Scippa et al., 2004), la feuille est coupée à la base du limbe et immédiatement pesée pour donner le poids frais (PF), puis la feuille a été trempée dans un tube à essai contenant de l’eau distillée, l’ensemble est placé à l’obscurité et à une température de 4°C pendant 24 heures. Les feuilles récupérées sont délicatement essuyées par un papier buvard pour éliminer l’eau de la surface, repesées pour donner le poids après réhydratation maximale (poids en pleine turgescence (PPT)). Le poids sec (PS) est déterminé après passage des feuilles dans l’étuve réglée à 80°C pendant 48 heures. La teneur relative en eau RWC est calculée selon la formule suivante : RWC (%) = [(PF - PS) / (PPT - PS)] x 100 3.2.3.2. Extraction et dosage de la chlorophylle et les caroténoïdes Le dosage de la chlorophylle totale (t), la chlorophylle (a), la chlorophylle (b) et les caroténoïdes est déterminé par la méthode (Arnon, 1949). Les feuilles du radis (0.5 g) sont coupés dans un mortier contenant une pincée de sable et une pincée de carbonate de calcium (CaCo3) (pour neutraliser l’acidité du milieu).l’ensemble est broyé avec 4ml d’acétone à 95%, le broyat est centrifugé à 2500 tours/min pendant 5 min, 1ml de surnageant est prélevé, on ajoutant 4 ml d’acétone à 95%, et on agitant bien le mélange. La densité optique (DO) des extraits pigmentaires dilués au 1/2 est lue respectivement à 460, 645 et 663 nm à l’aide d’un spectrophotomètre (OPTIZEN 2120 UV). La détermination de la teneur en chlorophylle (a), chlorophylle (b), chlorophylle totale et les caroténoïdes est réalisée selon les formules (d’ARNON, 1949) : 56 Chapitre II Matériels et méthodes CHa (mg/g) = 12, 7 DO (663) – 2,59 DO (645). CHb (mg/g) = 22, 9 DO (645) – 4,68 DO (663). CHt (mg/g) = CHa + CHb. Ccar (mg/g) = [5 DO (460) (3,19.CHa) + (130,3.CHb)] / 200. CHa : concentration en chlorophylle a. CHb : concentration en chlorophylle b. CHt : concentration en chlorophylle t. Ccar : concentration en caroténoïdes. DO : densité optique. Les résultats sont exprimés en µg de pigments / g de matière fraiche. 3.2.4. Paramètres biochimiques Les paramètres biochimiques étudiés ont été effectués sur les quatre parties de la plante (feuilles, tiges, tubercules et racines). 3.2.4.1. Extraction et dosage des protéines totales Les protéines totales ont été dosés selon la méthode de (Bradford, 1976) selon (Gavrilovic et al., 1996) se basant sur le principe qu’en milieu acide les protéines forment des complexes avec certains colorants organiques. Le plus souvent les colorants azoïques à groupements acides sulfoniques qui se fixent sur les groupements protonés des chaînes latérales des acides aminées basiques (LysineArginine-Histidine) et sur le ∝-NH2 libre de la chaîne polypeptidique pour une structure primaire donnée, le colorant utilisé est le bleu de coomassie G250, en se liant à la protéine. Il est convertit de la forme rond ronce en la forme bleu. Se complexe présente un maximum d’absorption à 595 nm. La coloration très sensible, peut être effectuée très rapidement et reste stable pendant 30 mn. Le broyage des tissus se fait à froid, dans un mortier placé dans un bac contenant de la glace pilée, 1 g de tissus frais, a été broyé en présence de sable Fontainebleau, dans 10 ml de milieu d’extraction dont la composition est la suivante : tampon phosphate (0.1M, pH 7); K2HPO4 à 0.1M ; Triton x 100 à 0.1% ; EDTA. 57 Chapitre II Matériels et méthodes Le broyat est ensuite centrifugé à 3000 tours pendant 10 mn, le surnageant (extrait protéique) est récupéré pour le dosage des protéines. A un volume d’extrait protéique (100µl), on ajoute 2ml de réactif de Bradford. On laisse la coloration se développer au moins 5 min et au maximum 30 min, l’ensemble est ensuite passé au spectrophotomètre pour lire l’absorbance à une longueur d’onde =595 nm. Dans chaque aliquote la concentration des protéines, en mg /g MF (Matière Fraiche), est déterminée en se référant à la courbe d’étalonnage établit à l’aide de concentrations variées d’une solution de SAB (sérum albumine bovine) allant de 0 à 1 mg/ml. (Annexe). 3.2.4.2. Evaluation de la peroxydation lipidique Le niveau de peroxydation lipidique a été évalué par deux techniques, l’une mesurant le peroxyde d’hydrogène (H2O2), l’autre le (MDA) réagissant avec l’acide thiobarbiturique (TBA) (Thiobarbituric reactive species). Le test TBARS est le plus couramment utilisé pour déterminer indirectement la peroxydation des lipides ou la teneur en lipoperoxydes , les deux techniques ont été effectué selon la méthode de (Velikova et al., 2001). 3.2.4.2.1. L’Extraction 1g de la matière fraiche végétale (feuilles, tiges, racines et légumes) est homogénéisé dans l’acide trichloracétique (TCA) à 0.1% dans un mortier maintenu à la glace, ensuite le broyat est centrifugé à 12000 g pendant 20 min. le surnageant est récupéré pour le dosage des TBARS et H2O2. 3.2.4.2.2. Dosage des substances réagissant avec l’acide thiobarbiturique (TBARS) Le dosage des TBARS est une méthode de référence pour la mise en évidence d’un éventuel stress oxydant,le marqueur le plus utilisé pour déterminer les radicaux libres reste le MDA, la réaction de dosage du malondialdéhyde repose sur la formation en milieu acide et a chaud entre le MDA et les deux molécules d’acide thiobarbiturique (TBA), d’un pigment absorbant (complexe de condensation chromogénique) à 532 nm. 58 Chapitre II Matériels et méthodes Pour le dosage des produits de peroxydation, au surnageant est ajouté un volume égal de l’acide thiobarbiturique (TBA) 0.5% dans le TCA 20%, et le mélange est incubé à 95°C pendant 30 min. L’absorbance du surnageant obtenu après centrifugation à1500 t/min pendant 10 min est lue à 532 nm, la concentration de lipopéroxydes est calculée sur la base du coefficient d’extinction molaireΣ = 155 mM-1.cm-1. 3.2.4.2.3. Dosage du peroxyde d’hydrogène (H2O2) Pour le dosage du taux H2O2, 1 ml du surnageant de chaque échantillon est traité avec 1 ml du tampon phosphate de potassium (KH2PO4) 10 mM, pH 7 et 2 ml de l’iodure de potassium (KI) 1M. L’absorbance est mesurée à 390 nm. La quantité du H2O2 est calculée sur la base du coefficient d’extinction molaireΣ = 26.6M-1 .cm-1 3.2.4.3. Extraction et dosage des enzymes anti-oxydantes [catalase (CAT) et peroxydase (POD)] 3.2.4.3.1. Extraction des enzymes 200 mg de matière fraiche végétale est homogénéisé dans 5ml de tampon phosphate (KH2PO4, Na2HPO4) 0.1 M, pH 7 en présence de polyvinylpyrrolidone (pvp) 10% (le broyage se fait à froid) et centrifugé à 4°C pendant 30 min à 14000 tr à l’aide d’une Ultra centrifugeuse (UNIVERSAL 320 R).Le surnageant est récupéré pour le dosage des enzymes (CAT et POD). 3.2.4.3.2. Dosage de la catalase (CAT) Le dosage de l’enzyme de la CAT est effectué selon la méthode d’ (Aebi, 1984) en suivant la diminution de l’absorbance du milieu réactionnel (1.9 ml de tampon phosphate 0.05 M, pH 7 + 0.1 ml d’extrait enzymatique) à 240 nm pendant 2 mn, après addition de 1 ml de H2O2 à 3%. La quantité de la CAT est calculée sur la base du coefficient d’extinction molaire Σ = 40 mM-1 .cm-1. 59 Chapitre II Matériels et méthodes 3.2.4.3.3. Dosage de la peroxydase (POD) Le dosage de l’enzyme POD est effectué selon la méthode de (Maciel et al., 2007) en suivant l’augmentation de l’absorbance du milieu réactionnel (1 ml de tampon phosphate 50mM, pH 7 + 1.5 ml de gaïacol à 1% +0.1 ml d’extrait enzymatique) à 470 nm pendant 2 mn, après addition de 0.4 ml de H2O2 0.1M. La quantité de POD est calculée sur la base du coefficient d’extinction molaire : Σ = 11.3 mM-1 .cm-1. Les analyses sont faites à l’aide d’un spectrophotomètre (JENWAY7305). 3.2.5. L’étude histologique Cette étude permet d’indiquer les changements ou les modifications au niveau des parois cellulaires cellulosiques et lignifiées, lors d’un stress. Nous avons effectué une étude anatomique des organes végétaux par la méthode de Coloration double vert de méthyle rouge Congo pour la mise en évidence des parois cellulosiques et lignifiées. a) Fixation des échantillons Lors de la récolte les échantillons (racines, tiges, tubercules et feuilles) ont été fixés dans l’éthanol à 70% (39 ml d’eau distillée + 100 ml d’éthanol à 95%). A température ambiante. b) Coloration des échantillons Nous avons procédé aux étapes suivantes : La réalisation des coupes transversales ou longitudinales à « main levée » à l’aide d’une lame de rasoir. Trempage des coupes dans de l’eau de javel pendant 20 à30 mn (pour détruit la matière organique et vider le cytoplasme des cellules dont elle ne laisse que les parois intactes). 60 Chapitre II Matériels et méthodes Lavage avec de l’eau distillée, 3 à 5 fois. Mordançage des coupes dans de l’acide acétique pendant 5 mn, pour permettre la fixation ultérieure des colorants. Coloration des parois cellulaires lignifiées en vert avec le vert de méthyle pendant 3 à 5 mn. Lavage avec de l’eau distillée, 2 à 3 mn. Coloration des parois cellulaires cellulosiques en rouge avec le rouge Congo pendant 20 mn. Un dernier lavage a été effectué avec de l’eau distillée, 2 à 3 fois. Les échantillons ont été montés entre lame et lamelle avec une goutte d’eau puis observés à l’aide d’un microscopique optique (ZEISS, 37081). 4. Analyse statistiques des résultats Les résultats présentés correspondent aux moyennes de ces différentes mesures ± l’erreur standard. La comparaison des moyennes mesurées a été réalisée en utilisant le test T de student (Fisher et Yates). Ce test statistique paramétrique a été adapté à une analyse comparative entre deux lots témoin et intoxiqué dans notre cas (0, 250, 500, 1000 mg/l) avec scinque répétitions (n= 5). Le risque α est de 5%. Les différences statistiquement significatives sont signalées dans les figures par une étoile (*), les différences statistiquement très significatives sont signalées par deux étoiles (**) et les différences statistiquement hautement significatives sont signalées par trois étoiles (***). 61 RESULTATS Chapitre III Résultats Cette partie comporte les résultats des différents paramètres étudiés dans la partie (matériel et méthodes), les paramètres morphologiques, biométriques, physiologiques, biochimiques et histologiques. 1. Effet du plomb sur les paramètres morphologiques Durant la période de l’expérimentation l’observation macroscopique révèle quelques anomalies chez les plantes intoxiquées. Pendant la deuxième et la troisième semaine nous avons remarqué un jaunissement et Des taches brunes sur les feuilles des plantes traitées avec l’acétate de plomb (250, 500 et 1000 mg/l). Figure (14). Pendant les semaines qui Suivent (4, 5, 6, 7 et 8) Nous avons observé que les plantes intoxiquées semblent plus fragiles que les plantes témoins, et qu’il y avait des cassures au niveau des tiges des plantes soumises à différentes concentrations de Pb (250, 500 et 1000mg/l), d’autres signes sont remarquées (flétrissement, jaunissement, taches brunes). Figure (15). Même en présence de ces signes, les plantes intoxiquées, semblent poursuivre leur croissance durant toute la période de l’expérimentation. Figure (14) : Taches jaunes sur les feuilles des plantes intoxiquées (1 : témoin, 2 : Pb 250mg/l, 3 : Pb 500mg/l, 4 : Pb 1000mg/l). 62 Chapitre III Résultats Figure (15) : Jaunissement et taches brunes sur les feuilles des plantes stressées (1 et 2 : à 500mg/l, 3 : à 1000mg/l). Lors de la récolte, nous avons remarqué que les tubercules des plantes intoxiquées présentent aussi des taches brunes, dont l’intensité augmente avec l’accentuation de la dose du plomb. Figure (16). Figure (16) : taches brunes sur les tubercules des plantes stressées (1 : témoin, 2 : à 250mg/l, 3 : à 500mg/l, et 4 : à 1000mg/l). 2. Effet du plomb sur les paramètres biométriques Durant toute la période de l’expérimentation, une mesure de la croissance (taux de germination, nombres de feuilles et hauteur des parties aériennes) des plantes est réalisée chaque semaine. La mesure du poids frais et des tailles ont été effectué à la fin de l’expérimentation. 2.1. Effet du plomb sur le taux de germination des graines Selon les résultats mentionnés dans la figure (17) L’exposition des graines de radis au plomb pendant la période de germination, a montré une diminution non significative du taux de germination chez les groupes de plantes stressées, 93.75%, 93.75% et 75% à des concentrations de plomb 250, 500 et 1000 mg/l respectivement, par rapport au témoin dont le taux de germination est de 100%. 63 Résultats taux de germination (%) Chapitre III 100,00% 90,00% 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00% 0 250 500 1000 concentration du Pb (mg/l) Figure (17) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur le taux de germination des graines de radis (Raphanus Sativus L.). 2.2. Effet du plomb sur le nombre de feuilles Durant cet essai le nombre de feuilles par plante a été compté chaque semaine pendant une durée de deux mois, comme le montre la figure (18) nous remarquons que l’évolution du nombre de feuilles chez les plantes témoins est plus élevée (9 feuilles par plante à la septième semaine), par rapport aux plantes intoxiquées (8, 8, 7 feuilles à la septième semaine) pour des concentrations de plomb, 250, 500 et 1000mg/l respectivement. Mais cette différence reste non significative (P ˃ 0.05). T(Pb0) 12 Pb250 nombre de feuilles 10 Pb500 8 Pb1000 6 4 2 0 1 2 3 4 5 6 semaines Figure (18) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur l’évolution de nombre des feuilles du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). 64 Chapitre III Résultats 2.3. Effet du plomb sur l’évolution de la hauteur de la partie aérienne Selon la figure (19), nous remarquons que la hauteur des parties aériennes des plantes témoins et intoxiquées est presque la même à partir de la deuxième semaine jusqu'à la septième semaine. Tandis qu’à la huitième semaine nous remarquons que les plantes intoxiquées présentent les plus grandes valeurs (26.32±3.68, 25.38±3.75, 24.75±1.36 cm) à des concentrations du plomb (250, 500, 1000 mg/l) respectivement, par rapport au témoin (23.56±1.25 cm). Cette différence est significative (p<0.05) chez les plantes intoxiquées à1000mg/l comparativement au témoin. hauteur de la partie aérienne (cm) 35 30 * Pb0 25 Pb250 20 Pb500 15 Pb1000 10 5 0 Figure (19) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur l’évolution de la hauteur des parties aériennes des plantes de radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), différence significative (p<0.05). 2.4. Effet du plomb sur le poids frais (la biomasse) Les résultats obtenus révèlent clairement que chez les plantes du radis, le stress métallique appliqué (Pb) pendant deux mois a provoqué une régression dans le poids. Le poids frais des plantes intoxiquées a été diminué d’une façon non significative (p ˃ 0.05), 42.19±1.94 pour la concentration de Pb 250 mg/l, et d’une façon significative (p ˂ 0.05), 37.80±2.95 et 36.56±2.03 g à des concentrations du plomb 500 et 1000 mg/l respectivement, par rapport au témoin, qui est de 55.38±1.44 g. Figure (20). 65 Chapitre III Résultats Poids frais (biomasse ( g)) 60 50 * 40 * 30 20 10 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (20) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur le poids frais (biomasse) (g) des plantes de radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), différence significative (p0,05). 2.5. Effet du plomb sur la taille (longueur) des plantes A partir de la figure (21), on observe qu’il y a une diminution non significative des tailles des plantes intoxiquées à la concentration du plomb (250mg/l) (37.2±3.20 cm), mais une augmentation à la dose de Pb (500mg/l) (39.94±1.96 cm) par rapport au témoin qui est (39.04±1.01cm).Tandis qu’à la concentration de 1000mg/l du Pb, on constate qu’il y a une augmentation significative (p ˂ 0.05) des tailles des plantes (44.29±1.80cm), par rapport au Taille des plantes (cm) plantes témoins. 50 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 * T(Pb0) Pb 250 Pb 500 Pb 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (21) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur la taille des plantes du radis (Raphanus Sativus L.). Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), différence significative (p0,05). 66 Chapitre III Résultats 3. Effet du plomb au niveau des paramètres physiologiques 3.1. Effet du plomb sur la teneur relative en eau (RWC) Le figure (22) montre que les plantes du radis intoxiquées par le plomb, Présentent une diminution non significative (P ˃ 0.05) de la teneur relative en eau de leurs feuilles (86.15%±0.48, 82.18%±0.55 et 81. 29±0.48%) respectivement sous les doses de Pb (250, 500 Teneur relative en eau (%) et 1000 mg/l), comparativement au témoin qui est de 85.82%±0.61. 100,00% 90,00% 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00% 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (22) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur la variation de la teneur relatif en eau (RWC) des plantes du radis (Raphanus Sativus L.). 3.2. Effet du plomb sur la teneur en pigments chlorophylliens foliaires Les dosages de la chlorophylle a, b, totale et des caroténoïdes, ont été faites sur les feuilles des plantes (témoins et intoxiquées). 3.2.1. Teneur en chlorophylle a (CHa) Les résultats soulignées dans la figure (23) ont démontrés une régression de la teneur en chlorophylle a (CHa) au fur et à mesure que le stress métallique (concentration du Pb) s’accentuait. Cette teneur est diminuée chez les plantes intoxiquées, représenté par des valeurs de 26.72±0.9, 24.53±1.2 et 20.12±0.6µg/g MF, sous les traitements 250, 500 et 1000mg/l de Pb respectivement, Par rapport aux plantes témoins (27.62±1.1µg/g MF), Il faut noter que cette diminution est significative (p < 0.05), très significative (p < 0.01) chez les plantes stressées à 500 et à 1000mg/l respectivement. 67 Chapitre III Résultats 35 Teneur en chlorophylle a (µg/gMF) 30 * 25 ** 20 15 10 5 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (23) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur la teneur en chlorophylle a des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p < 0.05), **différence très significative (p < 0.01). 3.2.2. Teneur en chlorophylle b (CHb) Les résultats obtenus dans la figure (24) révèlent que chez les plantes du radis, le plomb a provoqué une diminution de la teneur en chlorophylle b, d’une façon non significative sous les doses de Pb : 250 et 500mg/l (12, 28±1.22 et 12.02±1.09 µg/g MF) respectivement, mais d’une façon significative à 1000mg/l (10.17±0.95 µg/g MF) par rapport au témoin qui est de Teneur en chlorophylle b (µg/g MF) 12.40±1.33 µg/g MF. 16 14 12 10 8 6 4 2 0 * 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (24) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur la teneur en chlorophylle b des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p < 0.05). 68 Chapitre III Résultats 3.2.3. Teneur en chlorophylle totale (CHt) La figure (25) montre que le stress appliqué (le plomb) provoque une nette diminution du taux de la chlorophylle totale chez les plantes du radis, comparativement aux plantes témoins. On observe qu’il ya une diminution non significative (p ˃ 0.05) de la teneur en chlorophylle totale chez les plantes stressées à 250mg/l (39±1.08 µg/g MF), significative (p < 0.05) à 500mg/l (36.55±0.80 µg/g MF) et très significative (p < 0.01) à la dose de Teneur en chlorophylle totale (CHt) (µg/g MF) 1000mg/l de Pb (30.30±0.67 µg/g MF) par apport au témoin qui est de 40.03±0.38 µg/g MF. 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 * ** 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (25) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur la teneur en chlorophylle totale des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p < 0.05), **différence très significative (p < 0.01). 3.3. Effet du plomb sur la teneur en caroténoïdes L’effet de l’acétate du plomb sur la teneur en caroténoïdes des plantes du radis (Raphanus sativus L.) est présenté dans la figure (26).La teneur en caroténoïdes en absence du plomb (témoins) est de 11.57±0.76µg/g de Matière Fraiche dans les feuilles des plantes du radis. Mais cette teneur diminue en présence du plomb, d’une façon non significative (p ˃ 0.05) à 250 mg/l (11.01±0.68µg/g MF) et à 500 mg/l (10.32±0.69µg/g MF) mais d’une façon significative (p < 0.05) à 1000mg/l (8.82±0.54µg/g MF). 69 Chapitre III Résultats teneur en Caroténoides (Car) (µg/g MF) 14 12 10 * 8 6 4 2 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (26) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur la teneur en Caroténoïdes des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p < 0.05). 4. Effet du plomb au niveau des paramètres biochimiques 4.1. Effet du plomb sur le taux des protéines totales La concentration des protéines est déterminée à partir de l’équation de régression de la courbe d’étalonnage (annexe). les feuilles L’effet de l’acétate de plomb sur la teneur en protéines des feuilles des plantes de radis (Raphanus sativus L.) est présenté dans la figure (27). La teneur en protéines en absence du plomb (témoin) est 15.01±0.77 mg/g de Matière Fraîche, mais en présence du plomb à (250mg/l), la teneur en protéines diminue d’une façon très significative (p˂0.01) (10.23±0.59) par rapport au témoin. Cette teneur augmente légèrement à nouveau, pour les doses de Pb 500 et 1000 mg/l : 12.51±0.40 et 12.29±0.51 mg/g de Matière Fraîche, respectivement. 70 Résultats Protéines totales (mg/g MF) Chapitre III 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 * * 500 1000 ** 0 250 Concentration du Pb (mg/l) Figure (27) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur le taux des protéines totales dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.). Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), Différence significative (p0,05), différence très significative (p0,01). les tiges Selon les résultats mentionnés dans la figure (28), il en résulte que la présence du plomb dans le milieu de culture induit une diminution très significative (p ˂ 0.01) de la teneur en protéines dans les tiges des plantes intoxiquées (2,346±0,45 mg/g MF) à Pb250 mg/l, et significative (p ˂ 0.05) à 500mg/l (2,981±0,60 mg/g MF) mais cette diminution n’est pas Protéines totales ( mg/g MF) significative à 1000mg/l (3,957±0,24 mg/g MF), par rapport au témoin (4,1±0,30 mg/g MF). 5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 * ** 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (28) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/l) sur le taux des protéines totales dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.). Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), différence significative (p0,05), différence très significative (p0,01). 71 Chapitre III Résultats Les tubercules Après deux mois de stress par le plomb, nous avons observé qu’il ya une augmentation de la teneur en protéines totales dans les tubercules des plantes intoxiquées, par rapport au plantes témoins, figure (29). Cette augmentation est non significative (p ˃ 0.05) à la dose 250mg/l, mais significative (p ˂ 0.05) à 1000mg/l, (3.54 ± 0.17 et 4.07 ± 0.23 mg/g MF) respectivement par rapport au témoin, (3.40± 0.07 mg/g MF), Contrairement à la dose Protéine totale mg/g MF 500mg/l, cette teneur diminue d’une façon non significative (3.25±0.05 mg/g MF). 5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 * 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (29) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux des protéines totales dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.). Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), différence significative (p0,05). Les racines La figure (30) montre que durant la période d’expérimentation, les solutions d’acétate de plomb appliquées ont entrainé une diminution non significative dans le taux des protéines totales dans les racines des plantes intoxiquées à 250 mg/l (7.72±0.64 mg/g MF), mais cette diminution est significative (p ˂ 0.05) à 500 et 1000 mg/l (6.71±0.31 et 7.23±0.53 mg/g MF) respectivement par rapport au témoin qui est (8.86±0.71 mg/g MF). 72 Chapitre III Résultats Protéines totales (mg/g MF) 12 10 8 * * 6 4 2 0 0 250 500 1000 concentration du Pb (mg) Figure (30) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux des protéines totales dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p < 0.05). 4.2. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) les feuilles L’effet de l’acétate du plomb sur la teneur des lipoperoxydes (TBARS) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus sativus L.) est présenté dans la figure (31). Les résultats obtenus révèlent clairement que la teneur en lipoperoxydes dans les feuilles augmente progressivement avec l’accentuation du stress, cette augmentation est non significative à la dose 250mg/l mais significative à 500 et à 1000mg/l par rapport au témoin (4.76 ± 0.19, 5.03 ± 0.21, 5.2 ± 0.25 et 4.11 ± 0.16 nmol/mg MF) respectivement. Teneur en lipoperoxydes (TBARS) nmolMDA / mg MF 6 5 * * 500 1000 4 3 2 1 0 0 250 Concentration du Pb (mg/l) Figure (31) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), * Différence significative (p < 0.05). 73 Chapitre III Résultats les tiges Selon les résultats mentionnés dans la figure (32), il en résulte que la présence du plomb induit une augmentation de la teneur en lipoperoxydes (TBARS) chez les plantes de radis (Raphanus Sativus L.), cette augmentation est non significative pour les plantes intoxiquées à 250 mg/l, mais significative (p < 0.05) à 500 et à 1000 mg/l par rapport au témoin, respectivement (3.98±0.24, 4.78±0.36, 4.81±0.11 et 3.84±0.37 nmol/mg MF). Taux des lipidespéroxydés(TBARS) nmolMDA / mg MF 6 5 * * 500 1000 4 3 2 1 0 0 250 Concentration du Pb (mg/l) Figure (32) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p 0,05). les tubercules La figure (33), montre qu’il y a une augmentation importante de la teneur des lipoperoxydes dans les tubercules des plantes soumises au stress par le plomb, par rapport aux plantes témoins. Cette teneur augmente avec l’accentuation de la concentration en Pb, d’une façon significative à 250mg/l et très significative à 500 et à 1000mg/l (17.24±0.46, 19.11±0.55, 20.14±0.77 nmol/mg MF). Respectivement par rapport au témoin (14.62±0.46 nmol/mg MF). 74 Résultats Taux des lipides péroxydés (TBARS) nmol MDA / mg MF Chapitre III 22,5 20 17,5 15 12,5 10 7,5 5 2,5 0 * 0 250 ** 500 ** 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (33) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p0,05), **différence très significative (p˂0.01). les racines La figure (34) montre les variations de la teneur des lipoperoxydes (TBARS) au niveau des racines, en fonction de la concentration en acétate de plomb. Les résultats montrent une augmentation visiblement importante de la peroxydation lipidique (TBARS), au niveau des racines des plantes stressées. Cette augmentation est très significative (p˂0.01) en présence du plomb à 250mg/l (13.04±0.57 nmol/mg MF), à 500 mg/l (14.23±0.83 nmol/mg MF) et hautement significative (p˂0.001) à 1000 mg/l (16.37±0.78), par rapport au témoin (8.09±0.58 nmol/mg MF). Taux des lipides péroxydés (TBARS) nmol MDA / mg MF 20 *** 15 ** ** 10 5 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (34) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). **Différence très significative (p˂0.01), ***différence hautement significative (p˂0.001). 75 Chapitre III Résultats 4.3. Effet du plomb sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) les feuilles La figure (35) représente les variations de la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) foliaires des plantes de radis (Raphanus sativus L.) en fonction de la concentration en acétate de plomb. Nous remarquons que cette teneur augmente avec l’accentuation de la dose du plomb, l’analyse statistique montre que cette augmentation est non significative (p˃0.05) lorsque la concentration du Pb est de 250mg/l (40.3±1.73 µmol/g MF), d’une façon Significative (p ˂ 0.05) à 500mg/l (45.99±1.62 µmol/g MF), et très significative (p ˂0.01) à 1000mg/l (48.49±1.59 µmol/g MF) par rapport au témoin qui est de (38.52±1.29 µmol/g MF). Teneur en peroxyde d'hydrogène µmol/g MF 60 50 * ** 40 30 20 10 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (35) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). *différence significative (p˂0.05), ** différence très significative (p˂0.01). Les tiges La figure (36) montre les variations de la teneur en peroxyde d’hydrogène au niveau des tiges, il est bien claire que la présence de plomb à différentes concentrations (250, 500 et 1000 mg/l) a provoqué une élévation du H2O2 dans les tiges des plantes intoxiquées par rapport au plantes témoins. 76 Chapitre III Résultats L’analyse statistique montre qu’au niveau des tiges, l’augmentation est très significative (p˂0.01) à 250mg/l (4.51±0.48 µmol/g MF), non significative (p˃0.05) à 500mg/l (3.25±0.43 µmol/g MF) et hautement significative (p˂0.001) à 1000mg/l (6.46±0.50µmol/g MF) par rapport au témoin (2.6±0.41µmol/g MF). Teneur en peroxyde d'hydrogène µmol /g MF 8 *** 7 6 ** 5 4 3 2 1 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (36) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). **différence très significative (p˂0.01), *** différence hautement significative (p˂0.001). Les tubercules L’effet de l’acétate du plomb sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus sativus L.) est présenté dans la figure (37).Cette teneur en absence du plomb (Témoin) est 4.98±0.47 µmol/g MF), tandis qu’à la présence du Pb à des concentrations croissantes (250, 500 et 1000mg/l), cette teneur devient supérieure (5.21±0.49, 6.79±0.55 et 6.94±0.50) respectivement par rapport au témoin. Selon l’analyse statistique, on distingue que l’augmentation du H2O2 est non significative (p˃0.05) à 250mg/l, mais significative (p˂0.05) à 500 et à 1000 mg/l, par rapport au témoin. 77 Résultats Teneur en peroxyde d'hydrogene µmol/g MF Chapitre III 8 * * 500 1000 7 6 5 4 3 2 1 0 0 250 Concentratio du Pb (mg/l) Figure (37) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). *différence significative (p˂0.05). Les racines Selon les résultats mentionnés dans la figure (38) il en résulte que la présence du plomb à différentes concentrations (250, 500 et 1000mg/l) dans le milieu de culture des plantes, induit d’une façon remarquable la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.). L’analyse statistique montre que cette augmentation est significative pour les plantes stressées à 250mg/l de Pb, très significative à 500mg/l et hautement significative à 1000mg/l (4.78±0.73, 9.29±0.47, 11.69±0.66 µmol/g MF) respectivement par rapport au témoin (3.66±0.64 µmol/g MF). Teneur en peroxyde d'hydrogène µmol/g MF 14 *** 12 ** 10 8 * 6 4 2 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (38) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur la teneur en peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). *Différence significative (p < 0.05), **Différence très significative (p< 0.01), ***différence hautement significative (p˂0.001). 78 Chapitre III Résultats 4.4. Effet du Plomb sur les enzymes antioxydants 4.4.1. Effet du Plomb sur le taux de la catalase (CAT) Les feuilles Les résultats présentés dans la figure (39), révèlent clairement que la présence d’acétate de plomb dans les solutions d’arrosage à différentes concentrations (250, 500 et 1000mg/l) a provoqué une augmentation significative (p˂0.05) dans le taux de l’enzyme de la catalase dans les feuilles des plantes stressées (11.62±1.30, 11.75±0.97 et 12.03±1.47µg/g MF), taux de la CAT ( µg/gMF ) respectivement par rapport au témoin (8.61±0.82µg/g MF). 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 0 * * 250 500 * 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (39) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la catalase (CAT) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). Différence significative (p < 0.05). Les tiges La figure (40) montre que l’addition d’acétate de plomb dans la solution d’arrosage des plantes de radis (Raphanus sativus L.) induit une augmentation dans le taux de la catalase dans les tiges des plantes intoxiquées. L’analyse statistique indique que cette augmentation est significative à 1000mg/l de Pb, mais non significative à 250 et à 500mg/l (3.05±0.42, 2.13±0.32 et 2.22±0.43 µg/g MF) respectivement par rapport au témoin (2.01±0.32 µg/g MF). 79 Chapitre III Résultats Taux de la CAT (µg/g MF ) 6 5 4 * 3 2 1 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (40) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la catalase (CAT) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5) Différence significative (p < 0.05). Les tubercules La figure (41) représente l’effet du plomb sur le taux de la catalase dans les tubercules du radis (Raphanus sativus L.).Selon cette figure, il en ressort que comparativement au témoin, le plomb influe sur le taux de l’enzyme de la catalase dans les tubercules du radis, chez les plantes intoxiquées, causant une augmentation proportionnel avec l’accentuation de la dose en plomb à 250, 500 et à 1000 mg/l (3.44±0.47, 3.52±0.58 et 3.84±0.50 µg/g MF, respectivement par rapport au témoin (2.95±0.40 µg/g MF). Taux de la CAT (µg/g MF) 7 6 5 4 3 2 1 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/g MF) Figure (41) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la catalase (CAT) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). 80 Chapitre III Résultats Les racines Les résultats mentionnés dans la figure (42) montrent qu’il y a une augmentation progressive du taux de la catalase dans les racines des plantes traitées avec l’acétate de plomb, à des concentrations de (250, 500 et 1000 mg/l) (1.24±0.17, 1.33±0.22, et 1.45±0.24 µg/g Taux de la CAT ( µg/g MF) MF), comparativement au témoin(1.23±0.11 µg/g MF). 2 1,8 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/g MF) Figure (42) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la catalase (CAT) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). 4.4.2. Effet du Plomb sur le taux de la peroxydase (POD) Les feuilles La figure (43) montre les variations du taux de l’enzyme de la peroxydase au niveau des feuilles des plantes de radis (Raphanus sativus L.), en fonction de la concentration en acétate de plomb. Les résultats montrent une augmentation du taux de cet enzyme, au niveau des feuilles des plantes stressées. Cette augmentation est non significative (p˃0.05) en présence du plomb à 250mg/l (1.58±0.24 µg/g MF), significative (p˂0.05) à 500 mg/l (1.96±0.25 µg/g MF) et très significative (p˂0.01) à 1000 mg/l (2.07±0.26 µg/g MF), par rapport au témoin (1.07±0.25 µg/g MF). 81 Chapitre III Résultats taux de la POD (µg/g MF) 2,5 * ** 500 1000 2 1,5 1 0,5 0 0 250 Concentration du Pb (mg/l) Figure (43) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la peroxydase (POD) dans les feuilles des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), Différence significative (p < 0.05), **différence très significative (p ˂ 0.01). Les tiges La figure (44), montre qu’il y a une augmentation du taux de l’enzyme de la peroxydase au niveau des tiges chez les plantes soumises au stress par le plomb, sous les doses (250, 500 et 1000mg/l) (1.19±0.08, 1.14±0.15, 1.09±0.16 µg/g MF) respectivement par rapport aux plantes témoins (1.02±0.07 µg/g MF). Taux de la POD (µg/g MF) 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb (mg/l) Figure (44) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la peroxydase (POD) dans les tiges des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5). 82 Chapitre III Résultats Les tubercules Selon les résultats (figure 45), le taux de l’enzyme de la peroxydase dans les tubercules des plantes de radis, Augmente d’une façon visiblement remarquable chez les plantes intoxiquées. L’analyse statistique indique que cette augmentation est significative (31.28±4.67 µg/g MF) à 250mg/l de Pb, très significative (45.47±3.96 µg/g MF) à 500mg/l et hautement significative (51.48±4.54 µg/g MF) à1000mg/l, Par rapport au témoin (26.5±3.43 µg/g MF). Taux de la POD ( µg/g MF) *** ** 50 40 * 30 20 10 0 0 250 500 1000 Concentration du Pb ( mg/l) Figure (45) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la peroxydase (POD) dans les tubercules des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5), Différence significative (p < 0.05), **différence très significative (p ˂ 0.01) ***différence hautement significative (p ˂ 0.001). Les racines Les résultats de la (figure 46) montrent qu’en absence du plomb (plantes témoins) le taux de l’enzyme de la peroxydase dans les racines des plantes de radis est de 0.096±0.019 µg/g MF, quant aux plantes traitées au plomb, nous avons enregistré des valeurs supérieures à celle du témoin. L’analyse statistique montre que la supériorité du taux de la peroxydase est significative à différentes doses de Pb 250, 500 et 1000 mg/l (0.154±0.016, 0.156±0.03, 0.174±0.02 µg/g MF) respectivement par rapport au témoin. 83 Chapitre III Résultats Taux de la POD ( µg/g MF ) 0,25 0,2 * * * 500 1000 0,15 0,1 0,05 0 0 250 Concentration du Pb (mg/l) Figure (46) : Effet du plomb (0, 250, 500, 1000 mg/g) sur le taux de la peroxydase (POD) dans les racines des plantes du radis (Raphanus Sativus L.), Les valeurs sont exprimées en moyenne (±SD ; n=5).*Différence significative (p < 0.05). 5. L’étude histologique L’étude histologique a été effectuée sur des coupes transversales des différentes parties de la plante du radis (Raphanus sativus L.) (Feuille, tige, tubercule et racine), les observations microscopiques des différentes coupes ont été effectuées au moyen d’un microscope optique avec deux grossissements x 100 et x 400. Des différentes modifications ont été observées chez les plantes stressées au niveau des racines, des tiges et des tubercules mais pour les feuilles nous avons remarqué qu’il n y a pas de différences entre les coupes des plantes témoins et intoxiquées. 84 Chapitre III Résultats Les feuilles Les observations réalisées à un grossissement (x100) et (x400) montrent des structures semblables pour les coupes histologiques des feuilles témoins figure (47) avec celles soumises à différentes concentrations de plomb. Figure (47) : Coupes histologiques des feuilles des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb (1 : témoin, 2 : 250, 3 : 500, 4 : 1000mg/l) (grossissement x 100). 85 Chapitre III Résultats Les tiges L’analyse histologique des tiges du radis (Raphanus sativus L.) figure (48) montre une déformation des parois cellulaires du parenchyme médullaire des plantes traitées par le plomb par rapport aux plantes témoins, ce phénomène est plus marqué chez les plantes intoxiquées à 1000 mg/l. Figure (48) : Coupes des tiges des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb (1 : témoin, 2 : 250,3 : 500 et 4 :1000 mg/l), (grossissement x100 et x 400) (modifications des cellules du parenchyme médullaire). 86 Chapitre III Résultats Les tubercules La figure (49) montre l’effet du plomb sur l’analyse histologique des tubercules du radis (Raphanus sativus L.) soumises à différentes concentrations de plomb (250, 500 et 1000mg/l) par rapport au témoin. Au niveau des tubercules, nous n’avons pas remarqué de grandes différences entre les coupes témoins et intoxiquées mais il parait qu’il y a un léger élargissement des tissus de l’écorce interne signifiant un élargissement des cellules du phloème chez les plantes stressées par le plomb par rapport aux témoins. Ce phénomène est plus remarqué à 1000mg/l de Pb. Figure (49) : Coupes des tubercules des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb (1 : témoin, 2 : 250, 3 : 500, 4 :1000 mg/l),(grossissement x100). En bas (élargissement de l’écorce interne) coupe 1 : témoin, 2 : Pb 1000mg/l. 87 Chapitre III Résultats Les racines La figure (50) montre des modifications importantes de racines intoxiquées du radis (Raphanus sativus L.) par rapport aux témoins. L’étude histologique montre une diminution ou une réduction de quantité et de taille des cellules lignifiées du xylème par rapport aux plantes témoins. Cette diminution est très significative à doses élevées (500 et 1000mg/l). Figure (50) : Coupes des racines des plantes de radis (Raphanus sativus L.) sous différentes concentrations de plomb (1 : témoin, 2 : 250, 3 : 500 et 4 :1000 mg/l), (grossissement x100) 88 DISCUSSION Chapitre IV Discussion L’objectif de notre étude est d’examiner le comportement d’une légumineuse, le radis (Raphanus sativus L.) soumise à des doses croissantes d’acétates de plomb (250, 500 et 1000 mg/l) durant une période d’expérimentation de deux mois et d’évaluer son potentiel de phytoremédiation. 1. L’effet du plomb sur les paramètres macroscopiques (paramètres morphologiques et biométriques) De nombreuses études ont démontré que le plomb à de très faibles concentrations inhibe la croissance des plantes (Mishra et Choudhuri, 1998; Wierzbicka et Obidzinska, 1998; Tomulescu et al., 2004). Par ailleurs, des études faites par (Wierzbicka et Obidzinska, 1998). (Mishra et Choudhuri, 1998; Kosobrukhov et al., 2004; Xiong et al., 2006; Zheljazkov et al., 2006).ont montré que l’inhibition de la croissance n’est pas forcément corrélée à une diminution de biomasse. Ceci pourrait s’expliquer d’aprés (Seregin et Ivanov, 2001; Sharma et Dubey, 2005). (Cecchi, 2008) par l’altération de nombreux processus physiologiques comme la régulation du statut hydrique, la nutrition minérale, la respiration ou la photosynthèse et l’interaction du plomb avec les différents composants cellulaires et les macromolécules (protéines, ADN…). Ces perturbations moléculaires s’accompagnent par des anomalies macroscopiques tels que le brunissement des racines, jaunissement des feuilles, des chloroses et des nécroses foliaires (Seregin et Ivanov, 2001; Sharma et Dubey, 2005). Nos résultats montrent que l’excès de plomb inhibe la croissance du radis (Raphanus sativus L.) qui se manifeste par une reduction du poids frais de la plante (biomasse produite), diminution de la taille et reduction du nombre de feuilles. Ces résultats obtenus sont en accord avec ceux de (Sereguine et Ivanov, 1998) qui ont également observé une inhibition de 50% de la croissance des racines du maïs traité par le nitrate de plomb, (Garg et al., 2004; Anuradha et Rao, 2007; Gopal et Rizvi, 2008; Biteur et al., 2011; Dan wang et al., 2012; Ait hamadouche et al., 2012), qui ont révélé une diminution des paramètres biométriques chez le radis stressé par les métaux lourds. 89 Chapitre IV Discussion 2. L’effet du plomb sur les paramètres physiologiques 2.1. L’effet du plomb sur la teneur relative en eau (RWC) La teneur relative en eau (RWC) des feuilles renseigne sur la turgescence relative des tissus et figure parmi les critères d’évaluation de la tolérance au stress. Elle est liée à la capacité de la plante à maintenir un niveau d’hydratation des tissus qui soit à même de garantir la continuité de l’activité métabolique. Nos résultats montrent que le stress métallique appliqué (Pb) à différentes concentrations (250, 500 et 1000 mg/l) sur le radis (Raphanus sativus L.). Provoque une diminution non significative de la teneur relative en eau (RWC) au niveau des feuilles des plantes traitées, ces dernières ont pu garder une teneur en eau relativement élevée et proche de celle de leur témoin. Ceci signifie que le radis tolère la présence de plomb en contrôlant ses pertes d’eau. Cet effet peut résulter d’une régulation stomatique efficace (Brunet, 2008 ; Cheikh M’hamed et al., 2008). Pour maintenir la turgescence de ces cellules, Les plantes déclenchent d’autres mécanismes de tolérance qui contribuent à l’adaptation au stress osmotique et ionique provoqués par les métaux, ces mécanismes permettent d’ajuster la pression osmotique interne, grâce aux électrolytes et aux solutés organiques (Driouich et al., 2001) principalement des sucres solubles et des acides aminés, comme la proline et la glycine bétaîne ( Taji et al., 2004 ; Denden et al., 2005). Des résultats similaires obtenus par (Brunet, 2008) montrent qu’ il y a peu de différences concernant la teneur relative en eau (RWC) des plantes légumineuse ( Lathyrus sativus L.) traitées par le plomb, d’autres études ont permis d’observer une diminution du taux de transpiration ainsi que du contenu en eau dans les plantes (Iqbal et Mushtaq, 1987; Sharma et Dubey, 2005). Même résultats ont été montré chez l’orge (Hordium vulgare L.) sous stress salin, Ceci pouvant être du à une fermeture des stomates induite par l’altération des flux de K+à travers la membrane et l’augmentation du contenu en acide absissique (ABA) (Cheikh M’hamed et al., 2008). 90 Chapitre IV Discussion 2. 2. Effet du plomb sur la teneur en pigments chlorophylliens foliaires La teneur en pigments chlorophylliens est souvent utilisée pour évaluer l’impact de nombreux stress environnementaux. Au niveau physiologique une exposition au plomb entraîne de nombreuses perturbations dans les parties aériennes, en particulier l’appareil photosynthétique (Seregin et Ivanov, 2001; Sharma et Dubey, 2005). Nos résultats montrent une diminution importante de la teneur en pigments chlorophyllien (CHa, CHb, CHt et Caroténoïdes) du radis (Raphanus sativus L.) exposé à différentes concentrations en Pb (250, 500 et 1000 mg/l) par rapport aux témoins. Cette diminution s’accentue avec l’augmentation de l’intensité du stress. De ce fait plusieurs travaux montrent que le plomb a une influence sur la réduction de la teneur en pigments chlorophylliens (chlorophylles et caroténoïdes). Ceci pourrait être attribué d’une part, au stress oxydatif qui provoque l’inhibition de l'acide aminolévulinique déshydratase (ALAD), une enzyme importante dans la biosynthèse de la chlorophylle (Pereira et al., 2006) et d’autre part, le plomb peut agir directement sur le transport des électrons et des enzymes du cycle de Calvin ( en particulier la Rubisco) et indirectement induit une diminution de la teneur en chlorophylle (Chatterjee et Chatterjee, 2000). Le plomb, en induisant une fermeture des stomates, limite considérablement les flux gazeux entre les feuilles et le milieu extérieur. Cette limitation du flux de CO2 entrant est considérée comme la cause principale de la forte réduction de la fixation du CO2 (Bazzaz et al., 1975 ; Parys et al., 1998). Les ions du plomb peuvent aussi être la cause principal de la détérioration de la structure et de la composition des thylakoïdes et des chloroplastes, ce qui a pour effet d’altérer les photosystèmes (Yruela et al., 1996; Yruela, 2005). L’effet des différentes concentrations de (Pb) ne semble pas identique sur les deux types de chlorophylle a et b, les résultats obtenus montrent que la chlorophylle a est plus sensible que la chlorophylle b à l’intoxication. 91 Chapitre IV Discussion L’intoxication au plomb se manifeste aussi par une diminution de la teneur en caroténoïdes d’une façon inversement proportionnelle à la concentration de plomb (500,1000mg/l). Ceci résulterait probablement du fait que lors d’un stress oxydatif par le plomb, celui ci induit un déséquilibre au niveau de la cellule entre les molécules oxydantes et antioxydantes, les caroténoïdes assurent une protection contre les dommages oxydatifs se trouvent de ce fait affectés par le plomb (Lawler, 2001). Les mêmes résultats ont été obtenus chez le radis (Raphanus sativus L.) et canola (Brassica napus) cultivés dans des sols pollués par plusieurs contaminants (Marchiol et al., 2004), le blé traité avec le nickel (Gajewska et Sktodowska, 2007), le maïs traité par le cadmium (Jain et al., 2007), chez l’orge (Hordium vulgare L.) sous stress salin (Cheikh M’hamed et al., 2008), et dans le radis traité par le plomb (Gopal et Rizvi, 2008; Biteur et al., 2011) et dans les cotylédons de concombres traités par l'aluminium (Perira et al., 2010). 3. L’effet du plomb sur les paramètres physiologiques 3.1. Effet du plomb sur le taux des protéines totales Comme les autres ETM, le plomb présent dans le cytoplasme interagit avec les protéines. Il peut diminuer le pool protéique (Saxena et al., 2003; Mishra et al., 2006). Cette diminution quantitative de la teneur en protéines totales apparaît comme la résultante de plusieurs conséquences de l’action du plomb : Modification de l’expression génique (Kovalchuk et al., 2005) et augmentation de l’activité ribonucléasique (Jana et Choudhuri, 1982; Gopal et Rizvi, 2008). Stimulation de l’activité protéasique (Jana et Choudhuri, 1982). Diminution de la teneur en acides aminés libres (Xiong et al., 2006). Cependant, l’accumulation des sels de plomb dans les plantes peut augmenter la teneur en protéines totales, ce qui fait partie de la stratégie moléculaire de la tolérance au stress (Mishra et al., 2006). Cette accumulation protéique, pourrait être la conséquence d’induction des gènes codant pour la biosynthèse, de protéines de défense contre ce stress métallique, parmi ces protéines, nous trouvons ceux qui sont riches en proline, l’acide aminé le plus important et le plus accumulé en cas de stress, avec notamment des protéines pouvant avoir un rôle de protection tel que les protéines Late Embryogenesis Abundant (LEA) chez Atriplex halimus (Mouffak., 2008). 92 Chapitre IV Discussion D’autres acides aminés comme l’ascorbate interviennent dans le maintien du statut redox de la cellule ou dans la séquestration du métal (GSH et PC) (Pourrut, 2008). Le plomb peut aussi agir sur la composition qualitative des protéines cellulaires. Il modifie le profil protéique des cellules racinaires exposées au plomb (Beltagi, 2005). Les résultats de notre travail montrent que par rapport aux témoins, le radis (Raphanus sativus L.) présente une diminution de la teneur en protéines totales à de faibles doses de Plomb, puis une augmentation de cette teneur est bien claire avec l’accentuation du stress. Au niveau des feuilles, tiges, tubercules et racines, le plomb à faibles doses (250 mg /l) induit une diminution importante de la teneur en protéines par rapport aux plantes témoins, mais il est à remarquer que cette teneur augmente à nouveau lorsque le stress est sévère (500 et 1000mg/l de Pb). La diminution du taux de protéines la plus importante est remarquée au niveau des feuilles et des tiges plus que les tubercules et les racines. L’accumulation ou la synthèse des protéines se fait dans toutes les parties de la plante, mais elle semble plus importante au niveau des feuilles, tubercules et racines. La diminution de la teneur en protéines est due à l’accumulation du plomb, ce qui conduit à la formation des radicaux libres qui vont dénaturer, oxyder ou dégrader ces protéines pour former des dérivés carbonyles ( Shacter et al., 1994), Ce phénomène d’autolyse a été montré comme un mécanisme de tolérance des plantes à la sécheresse (Cruz de Carvalho et al., 2001; Dramé et al., 2007).et l’augmentation est due à la synthèse de nouvelles protéine de défense contre ce stress métallique pour l’adaptation à la contrainte. Nos résultats sont en accord avec ceux de (Cargnelutti et al., 2006) ont démontré que le concombre traité par le mercure présente une augmentation de la teneur en protéines totales. Et ceux de (Biteur et al., 2011) chez le radis traité par le plomb pendant 1 et 7 semaines,Cette augmentation est possible grâce à la synthèse de nouvelles protéines de stress provoquée par l’exposition aux métaux (Verma et Dubey, 2003), une diminution de la teneur en protéine chez le blé exposés aux métaux lourds (Mostafa et al, 2011) est peut être due à l’effet d’ERO. 93 Chapitre IV Discussion 3.2. L’effet du plomb sur la teneur en Peroxyde d’hydrogène (H2O2) Le peroxyde d’hydrogène (H2O2) est un type d’ERO provoquant un stress oxydatif, l’augmentation d’ERO a été détecté chimiquement dans les racines des plantes terrestres Vicia faba (Pourrut, 2008) et dans les plantes aquatiques N. indica (Singh et al, 2010) en situation de stress par le Pb. Dans cette étude, nous avons en outre confirmé que le Plomb induit la production d'H2O2 dans toutes les parties du radis (Raphanus sativus L.), le peroxyde d’hydrogène peut être transformé à l'OH oxydant très réactif, ce qui provoque la peroxydation des lipides dans les cellules végétales (Apel et Hirt, 2004). Lors d’un stress important, la génération initiale d’ERO peut conduire à un cycle délétère de production de ces espèces toxiques pour l’organisme. Ce cycle de production d’ERO mitochondriales est notamment considéré comme l’une des causes principales du vieillissement cellulaire (Loeb et al., 2005). Le peroxyde d’hydrogène aussi joue un rôle important dans la signalisation d’un stress oxydatif (Neil et al., 2002). Dans cette étude la teneur en peroxyde d’hydrogène est augmentée par rapport aux témoins chez le radis (Raphanus sativus L.) en présence de plomb à différentes concentrations (250, 500 et 1000mg/l), les résultats obtenus montrent qu’il y a une augmentation importante du peroxyde d’hydrogène au niveau des feuilles, tiges, tubercules et racines. Cette augmentation est proportionnelle avec l’augmentation de la dose en Pb. Nos résultats montrent que l’accumulation du peroxyde d’hydrogène est plus notée au niveau des feuilles et des racines par rapport aux tiges et aux tubercules. Les résultats obtenus indiquent que le plomb provoque une surproduction importante de la molécule H2O2, l’inhibition de l’activité de la catalase (CAT) est peut être une autres cause, ceci pourrait être due à une interaction directe avec le plomb ce qui inhibe son rôle comme un antioxydant contre les ERO, et nous savons bien d’après la littérature que le rôle principal de la CAT est de détoxiquer le peroxyde d’hydrogène produit à proximité par la CTE chloroplastique (Arora et al., 2002; Halliwell, 2006). 94 Chapitre IV Discussion Les mêmes résultats ont été obtenus par (Tecklic et al., 2008 ; Biteur et al., 2011; Rossato et al., 2012) chez le radis traité par le plomb, et chez le concombre traité par l’aluminium (Perira et al 2010). Ces travaux ont suggéré que l’augmentation du taux du peroxyde d’hydrogène est due à l’activation ou à la stimulation du superoxyde dismutase (SOD) impliqué dans la formation du H2O2 (pourrut, 2008). 3.3. Effet du plomb sur la teneur en lipoperoxydes (TBARS) Le plomb induit de fortes modifications dans la composition lipidique des différentes membranes cellulaires (Stefanov et al., 1993; Stefanov et al., 1995). Par ailleurs, il induit indirectement, via la production d’ERO, une peroxydation lipidique (Pang et al., 2002; Wang et al., 2007). Ces modifications des lipides membranaires conduisent à l’apparition de structures cellulaires anormales, avec notamment des altérations au niveau de la membrane cellulaire (Islam et al., 2008) mais également de celle des organites comme les mitochondries, les peroxysomes (Małecka et al., 2008) Le malondialdéhyde est le produit d’oxydation des membranes lipidiques, s’accumule quand les plantes sont exposées à un stress oxydatif. La concentration des TBARS est considérée comme un indicateur des peroxydations des lipides après un stress abiotique (Ding et al., 2004). Cette élevation au niveau des malondialdéhydes (TBARS) est peut être due à l’augmentation de la concentration des acides gras polyinsaturés par rapport aux acides gras saturés, Les acides gras polyinsaturés des membranes cellulaires sont la cible principale des ERO il en résulte la formation de peroxydes lipidiques (LPO), (kramer et al., 1991). Dans notre étude la concentration des TBARS augmente chez le radis (Raphanus sativus L.) exposé à différentes doses de plomb (250,500 et 1000mg/l) par rapport aux témoins. Dans les feuilles la concentration en TBARS augmente en fonction de la dose administrée. 95 Chapitre IV Discussion Nos résultats sont en accord avec ceux de (Malecka et al., 2001 ; Verma et Dubey, 2003 ; Sun et al., 2010; Biteur et al., 2011 ; Peifang et al, 2012) qui ont signalé une peroxydation lipidique chez le pois, le riz, le radis et Vallisneria natants respectivement traités par le plomb. 3.4. Effet sur les enzymes antioxydants Le mécanisme de tolérance des plantes à la suite d’un stress oxydatif par le plomb, peut être expliqué par une activation de différentes enzymes antioxydantes comme la catalase (CAT) et la peroxydase (POD), qui jouent un rôle très important dans la détoxification du plomb, en régulant les concentrations d’ERO (Lin et al., 2000). La catalase est l’une des systèmes majeurs de dégradation enzymatique du peroxyde d’hydrogène (Velikova et al., 2000). Plusieurs travaux ont montré qu’il y a une relation proportionnel entre l’augmentation du taux et d’activité de la catalase et l’élevation de la concentration des métaux lourds comme le plomb (Pb), le cuivre (Cu) et le zinc (Zn) dans les tissus végétaux (Girotti, 1985; Mazhoudi et al., 1997). Notre étude montre qu’il y a une augmentation du taux de la catalase au niveau des différentes parties de la plante du radis (Raphanus sativus L.) en présence de plomb à différentes concentration (250, 500 et 1000mg/l) par rapport aux témoins. Cette augmentation est très significative au niveau des feuilles, tiges, tubercules et racines d’une façon proportionnelle avec l’augmentation de la concentration en Pb, provoqué par une surproduction d’ERO induite par le plomb. et par une signalisation du stress oxydatif transmit par les racines vers les feuilles (Vitoria et al., 2001) ce qui permet à la plante de mettre en place des systèmes de défenses (Pourrut, 2008). Les peroxydases sont impliquées dans la lutte contre le stress oxydant dans les cellules (Dos Santos et al, 2004). Elles agissent en transformant le peroxyde d’hydrogène formé lors du stress oxydant en eau et oxygène (Geebelen et al., 2002 ; Wu et al., 2003 ; Remon, 2006). Les résultats obtenus dans ce travail, montrent clairement que Le plomb induit une augmentation nette du taux de l’enzyme de la peroxydase au niveau des différentes parties du radis (Raphanus sativus L.) particulièrement les tubercules. 96 Chapitre IV Discussion L’augmentation de leur activité en réponse à une contamination au Cu a déjà été prouvée par (Shainberg et al., 2001; Demirevska-Kepova et al., 2004). Présentes en quantité importante dans tous les compartiments cellulaires, y compris dans le noyau, les PRX semblent être avec les APX, les enzymes les plus importantes dans la réduction de l’H2O2 (Rouhier et Jacquot, 2002; Dietz, 2005). Plusieurs travaux sont en accord avec nos résultats, ceux de (Victoria et al., 2001 ; Garg et al., 2004 ; Gopal et al., 2007; sun et al., 2010 ; Biteur et al., 2011; Ait hamadouche et al., 2012 ; Dan wang et al., 2012) chez le radis (Raphanus sativus L.) en cas de tolérance au cadmium, traité par le cuivre, le plomb et des éléments radioactifs (Cs) et (Sr) respectivement. L’augmentation de la POD dans les feuilles et les racines de l’haricot traité par le cuivre a été prouvé par (Cuypers et al. 2002), et l’augmentation de la catalase au niveau des feuilles et des racines de (Phaseolus vulgaris) stressé par le cadmium (chaoui et al., 1997). L’induction de l’enzyme de la peroxydase à été rapporté aussi par plusieurs travaux sous différentes contraintes, le stress salin (Agawal et Pandey, 2004), le stress hydrique (Elshintinawy et al., 2004). 4. L’étude histologique L’étude histologique effectuée sur des coupes transversales des différentes parties de la plante (Raphanus sativus L.) (Feuille, tige, tubercule et racine) nous a permis d’observer différentes modifications chez les plantes stressées au niveau des racines, des tiges et des tubercules par rapport aux témoins. Par ailleurs, aucune modification n’a été observée chez les feuilles. Un phénomène est observé chez les plantes supérieures, le plomb passe dans les cellules des racines pour se combiner avec les nouvelles cellules du tissu et par conséquent être déplacé du cytoplasme aux tissus cellulaires (Cecchi, 2008). De nombreux travaux signalent que différents types de stress provoque la modification du nombre et du diamètre des vaisseaux de xylème chez les halophytes (Levigneron et al., 1995). 97 Chapitre IV Discussion Le passage du plomb par les tiges peut causer des déformations au niveau des parois cellulaires du parenchyme médullaire (Dugé de Bernoville, 2009), et lors d’un stress abiotique l’élargissement des cellules du phloème est peut être dû à la recirculation des sels (Blaylok, 1997 ; Berti, 1997) comme il est noté chez d’autres plantes supérieures soumises au stress salin. Les feuilles L’étude histologique des feuilles n’a pas révélé des modifications de structure chez les plantes intoxiquées par rapport aux témoins malgré les anomalies macroscopiques remarqués chez les plantes traitées à l’acétate de plomb. Les tiges Le parenchyme médullaire est considéré comme réserve qui permet de stocker les glucides, les lipides et les protéines, le stress effectué peut détruire ou déformer les parois de ces cellules (Dugé de Bernoville, 2009). Au niveau des tiges Nous avons remarqué qu’il y a une déformation des parois cellulaires du parenchyme médullaire, donnant aux cellules une forme « festonnée », cette déformation semble plus importante chez les plantes intoxiquées à 1000mg/l. ceci pourrait s’expliquer par la peroxydation des lipides membranaires par les ERO provoqué par l’excès de plomb. D’après les données de la littérature nos résultats suggèrent que le radis tolère le plomb en le précipitant dans l’apoplaste ou en l’accumulant dans les parois (Pourrut, 2008). Les mêmes résultats ont été obtenus au niveau du cortex racinaire chez la plante Pelargonium traité par le plomb (Cecchi, 2008 ; Silvestre, 2008). Les tubercules Un léger élargissement des tissus de l’écorce interne a été remarqué au niveau des coupes des tubercules des plantes intoxiquées par rapports aux plantes témoin. Le plomb traverse une multitude de tissus du rhizoderme au xylème ou se situent les vaisseaux qui transportent la sève brute : l’eau et les sels minéraux y compris le plomb (Tanton et Crowdy, 1971; Lane et Martin, 1977) ce qui explique l’élargissement de l’écorce et l’endoderme. 98 Chapitre IV Discussion L’élargissement des cellules du phloème est peut être dû à la recirculation des sels (Blaylok, 1997 ; Berti, 1997) comme il est noté chez d’autres plantes supérieures soumises au stress salin par le NaCl. Cette recirculation par la sève élaborée a pour d’éliminer l’excès en sels (Boukraa, 2008), comme le cas pour le plomb considéré comme sel et élément toxique pour la plante. Les racines D’après les figures des coupes histologiques des racines de radis (Raphanus sativus L.) nous avons remarqué que les plantes traitées par le plomb présentent une diminution des cellules lignifiées et des vaisseaux du xylème par rapport aux plantes témoin. Cette diminution s’accentue avec l’augmentation de la concentration en plomb. L’appauvrissement des racines intoxiquées en cellules lignifiées du xylème est peut être expliqué par un phénomène d’occlusion des vaisseaux de ce dernier. Les phénomènes d’occlusion vasculaire ont déjà été décrits par le dépôt d’un matériel fibreux d’origine polysaccharidique pourrait être à l’origine de la formation de bouchons dans le xylème, empêchant l’alimentation en eau (Dugé de Bernoville, 2009), et Par conséquent le diamètre de la lumière des vaisseaux se réduit, et cette obstruction peut être expliquée comme une réaction de défense de la plante pour l’empêchement d’alimentation en eau et en plomb dans notre cas, ce phénomène s’accentue clairement avec l’augmentation de la concentration en plomb. Les plantes sont capables de mettre en œuvre plusieurs types de défenses au sein de leur système vasculaire, de manière à contrôler les facteurs de stress biotique et abiotique susceptibles d’envahir ces tissus (Pearce, 1996). L’occlusion des vaisseaux a été observé dans plusieurs travaux comme réponses des plantes telle que Vicia sativa sous contraintes biotiques où la résistance est associée à la production d’un mucilage riche en pectines et des substances polysaccharidiques d’origine végétale dans les vaisseaux du xylème (Pérez‐de‐Luque et al., 2006). 99 Chapitre IV Discussion La formation de tyloses est un processus similaire d’occlusion vasculaire, impliquant le dépôt de substances pectiques dans les vaisseaux du xylème, par les cellules du parenchyme adjacent (Benhamou et Nicole, 1999). Dans cette même interaction, les tyloses peuvent également être enrichies en produits phénoliques (Pearce, 1996). De nombreux travaux signalent que le stress salin provoque la modification du nombre et du diamètre des vaisseaux de xylème chez les halophytes (Levigneron et al., 1995). La diminution dans le diamètre des vaisseaux du xylème a été observée chez le coton et la tomate (Reinoso et al., 2005) et chez l’orge sauvage (Huang et Redmann., 1995)Sous conditions salines. Ces résultats peuvent etre expliquées aussi par l’effet inhibiteur du plomb sur le développement et la croissance du système racinaire, les travaux de (L‘huillier, 1997) ont montrés que le nickel retarde la croissance racinaire chez le maïs principalement en inhibant les divisions cellulaires au niveau de l’apex racinaire. 100 CONCLUSION Conclusion et perspectives Le plomb pose actuellement des problèmes importants en matière de contamination de l’environnement. Les plantes, du faite de leur immobilité, sont particulièrement vulnérables à l’effet délétère de ce contaminant. Ces dernières années, le développement de techniques efficaces pour décontaminer les sites pollués est devenu indispensable. L’une d’elle, la phytoremédiation qui exploite les propriétés de certaines plantes à tolérer et accumuler de grandes quantités de métaux lourds. Les capacités d’accumulation du Pb par le radis (Raphanus sativus L.) ont été étudiés par plusieurs travaux comparées avec celles des plantes de la même famille des Brassicacea Les résultats montrent que le radis présente des capacités d’accumulation dans les différentes parties, faisant de cette espèce végétale une candidate pour la mise au point de nouveaux systèmes de phytoremédiation. Ce travail portait donc sur l’étude des effets du plomb sur les paramètres physiologiques et biochimiques du radis (Raphanus sativus L.) et sur l’évaluation des capacités de tolérance et de défense de ce dernier pour être utilisé dans la dépollution des sols contaminés. Les résultats obtenus indiquent que l’exposition au plomb provoque une perturbation qui affecte les processus physiologiques et biochimiques du radis. L‘excès de plomb peut affecter la plante du radis (Raphanus sativus L.) par une inhibition de croissance, une diminution du taux de germination, une réduction de biomasse, et des tailles. L’observation macroscopique a révélée l’apparition des signes visibles au niveau des feuilles et des tubercules (jaunissement, taches brunes). L’analyse physiologique des plantes exposées à l’acétate de plomb montre une diminution non significative de la teneur relative en eau (RWC) ce qui témoigne d’un maintien d’hydratation des tissus et figure parmi les critères d’évaluation de la tolérance au stress. Dans notre travail le plomb induit aussi une diminution de la teneur en pigments chlorophylliens foliaires (CHa, CHb, CHt et Caroténoïdes) à différentes concentrations du plomb. 101 Conclusion et perspectives De plus la présence du plomb à faible concentration (250mg/l) entraine une diminution importante de la teneur en protéines dans les feuilles et les racines par rapport aux plantes témoins, mais cette teneur augmente lorsque le stress est sévère (500 et 1000 mg/l de Pb). Dans cette étude la teneur en peroxyde d’hydrogène H2O2 augmente d’une façon très importante dans les différentes parties du radis (Raphanus sativus L.) sous l’effet du plomb à différentes concentrations, cette surproduction est plus notée au niveau des feuilles et des racines, ce qui a induit une peroxydation lipidique, la concentration des TBARS (lipoperoxydes) augmente d’une façon très significative au niveau des tubercules et des racines. L’analyse des enzymes antioxydants indique que l’excès du plomb dans le milieu de culture du radis provoque une activation de l’enzyme de la catalase au niveau des feuilles et la peroxydase dans les tubercules. A l’échèle histologique la présence du plomb nous a permis d’observer des modifications au niveau des vaisseaux de xylème pour les racines, et des déformations au niveau des parois cellulaires du parenchyme médullaires pour les tiges. Ce qui suggère l’accumulation du plomb et sa précipitation dans les parois cellulaires. D’après ces résultats, nous pouvons déduire que : Les modifications des paramètres biométriques, physiologiques, biochimiques et histologiques suggèrent que le plomb induit un stress oxydatif chez le radis (Raphanus sativus L.) au cours de sa croissance par rapport au témoin, ces effets ont été confirmés par la peroxydation des lipides et la réduction des pigments chlorophylliens dus à la production d’ERO. L’activation du système enzymatique antioxydants (CAT et POD), l’ajustement osmotique par le maintien d’une teneur relative en eau peu affectée sont les stratégies les plus utilisées par le radis (Raphanus sativus L.) à fin de s’adapter au stress quand les autres mécanismes de tolérance commencent à être dépassés, et que la synthèse de protéines de stress assure le maintien du métabolisme de base et protège les cellules contre les modifications structurales. 102 Conclusion et perspectives Ce qui prouve que le radis (Raphanus sativus L.) est une plante qui tolère, accumule le plomb et résiste aux contraintes de ce métal. De ce fait cette plante est peut être proposée comme un moyen épuratif (plante phytoremédiatrice) des sols contaminés par le plomb. Notre travail laisse entrevoir de nombreuses perspectives d’expérimentations. Dans un premier temps et dans la continuité directe de cette étude, Il est nécessaire d’effectuer le dosage du plomb dans les différentes parties de la plantes, pour savoir qu’elle est ou qu’elles sont les parties responsables de l’accumulation de ce métal. Il serait intéressent d’étudier l’effet génotoxique du plomb (dommages de l’ADN). ainsi que l’établissement d’approches comparatives entre le radis et d’autres plantes tolérantes ou accumulatrices de métaux, pour comprendre les mécanismes de toxicité du plomb mais également ceux de tolérance à ce métal. Il sera important aussi de tester les capacités de tolérance du radis (Raphanus sativus L.) à d’autres métaux (Cd, Zn, Ni, Cu…), car il est rare qu’un milieu soit pollué par un seul métal. Ceci permettrait d’étudier les réponses de la plante aux autres métaux mais aussi sa réaction face à la combinaison de plusieurs d’entres eux qui pourrait induire une contrainte différente. De plus un phénomène de compétition entre les différents éléments métalliques pourra se produire permettant de déterminer les « préférences » de la plante. 103 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Références bibliographiques A Abreu CA, de Abreu MF et andrade JC (1998). Distribution of lead in the soil profile evaluated by DTPA and Mehlich-3 solutions. Bragantia 57 : 185-882. Ademe (2006). "Bilan du recyclage 1996-2005 Partie 1 Synthèse générale et analyse par filière Rapport final." Aebi H (1984). Catalase in vitro. Methods in Enzymology 105 : 121-126. Agawal S, Pandey V (2004). Antioxidant enzyme responses to NaCl stress in Cassia angustifolia. Biol Plant 48 : 555-560. Ait Hamadouche N, Aoumeur H, Djediai S, Slimani M et Aoues A (2012). "Phytoremediation potential of Raphanus sativus L. for lead contaminated soil". Acta Biologica Szegediensis 56 :43-49. Alloway B.J (1995). Heavy metals in soils. Blackie Academic & Professional, London, 2nd Edition, 368 p. An Y J (2006). 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La concentration des protéines a été calculée selon l’équation : [C] protéines (mg/g MF) = 1/ 0,5473 x Absorbance. 1 0,525 Abstract The lead pollution has become a real problem threatening our ecosystems, with detrimental effects on crop production and biodiversity. Therefore currently much research focuses on new methods such as phytoremediation. Many plants are able to fix in their cells heavy metals, radionuclides, organic compound, pollutants and other undesirable products, some plants produce enzymes that degrades these pollutants into less toxic or non-toxic. These properties have made them candidates for future soil remediation. The work undertaken registers in the context to study the physiological and biochemical comportment of radish (Raphanus sativus L.). In response to excessive intakes of lead in the growth medium and its assessment of tolerance to the pollutant, for use in phytoremediation of contaminated soils. In this context, doses of 250, 500 and 1000mg/l of Pb are applied on radish (Raphanus sativus L.) seeds compared to a control (not Pb), for a period of two months. The results show apparent changes in the different parameters studied in stressed plants compared to controls. Macroscopic (inhibition of germination, reduced biomass and size reduction), physiological (water status disturbance, decreased the content of chlorophyll and carotenoid pigments), biochemical (an accumulation of protein, lipid peroxidation and activation of enzymes antioxidants CAT and POD) in different organs of the plant of radish, particularly in leaves and roots, we also observed histological changes at the level of stems (deformation of the cell walls of the medullary parenchyma), and roots (occlusion of xylem vessels). Changes in various physiological parameters, biochemical and enzymatic suggest that lead induces oxidative stress in the growth of radish (Raphanus sativus L.) But it tolerates accumulates and resists the constraints of this metal in several developing response strategies defenses and reactions of détoxifications end to adapt to stress, and thus can be used as a phytoremédiateur soil polluted by lead. Keywords: CAT, Chlorophyll, Hydrogen Peroxide, Lead, oxidative stress, Phytoremediation, POD, Raphanus sativus L, TBARS. RESUME La pollution par le plomb est devenue un véritable problème menaçant nos écosystèmes, avec des effets préjudiciables sur la production végétale et sur la biodiversité, c’est pourquoi actuellement de nombreuses recherches sont axées sur de nouvelles méthodes plus écologiques comme la phytoremediation. De nombreuses plantes sont capables de fixer dans leurs cellules les métaux lourds, radionucléides, composés organiques polluants et autres produits indésirables; certaines plantes produisent des enzymes qui dégradent ces polluants en des produits moins toxiques ou non-toxiques. Ces propriétés en ont fait des candidates d'avenir à la dépollution des sols. Le travail entrepris s’enregistre dans la perspective d’étudier le comportement physiobiochimique de la plante du radis (Raphanus sativus L.). En réponse à des apports excessifs de Plomb dans le milieu de croissance et l’évaluation de sa tolérance à ce polluant, pour l’utiliser dans la phytoremédiation des sols contaminés. Dans ce cadre, des doses de (250, 500 et 1000 mg/l) d’acétates de plomb sont appliquées sur des graines de radis (Raphanus sativus L.) par rapport à un témoin (absence du Pb), pendant une durée de deux mois. Les résultats obtenus montrent des modifications apparentes dans les différents paramètres étudiés chez les plantes stressées par rapport aux témoins. Macroscopiques (inhibition du taux de germination, diminution de biomasse et réduction de taille), physiologiques (perturbation du statut hydrique, diminution de la teneur en pigments chlorophylliens et en caroténoïdes), biochimiques (une accumulation des protéines, peroxydation des lipides et une activation des enzymes antioxydants CAT et POD) dans les différentes organes de la plante du radis, particulièrement au niveau des feuilles et des racines, nous avons observé également des modifications histologiques, au niveau des tiges (déformation des parois des cellules du parenchyme médullaire), et des racines (occlusion des vaisseaux de xylème). Les modifications des différents paramètres physiologiques, biochimiques et enzymatiques suggèrent que le plomb induit un stress oxydatif au cours de la croissance du radis (Raphanus sativus L.) Mais ce dernier tolère, accumules et résiste aux contraintes de ce métal en développant plusieurs stratégies de réponses et de défenses par des réactions de détoxifications à fin de s’adapter au stress, et donc peut être utilisé comme agent phytoremédiateur des sols pollués par le plomb. Mots clés : CAT, Chlorophylle, Peroxyde d’hydrogène, Phytoremédiation, Plomb, POD, Raphanus sativus L., Stress oxydatif, TBARS. RESUME La pollution par le plomb est devenue un véritable problème menaçant nos écosystèmes, avec des effets préjudiciables sur la production végétale et sur la biodiversité, c’est pourquoi actuellement de nombreuses recherches sont axées sur de nouvelles méthodes plus écologiques comme la phytoremediation. De nombreuses plantes sont capables de fixer dans leurs cellules les métaux lourds, radionucléides, composés organiques polluants et autres produits indésirables; certaines plantes produisent des enzymes qui dégradent ces polluants en des produits moins toxiques ou non-toxiques. Ces propriétés en ont fait des candidates d'avenir à la dépollution des sols. Le travail entrepris s’enregistre dans la perspective d’étudier le comportement physiobiochimique de la plante du radis (Raphanus sativus L.). En réponse à des apports excessifs de Plomb dans le milieu de croissance et l’évaluation de sa tolérance à ce polluant, pour l’utiliser dans la phytoremédiation des sols contaminés. Dans ce cadre, des doses de (250, 500 et 1000 mg/l) d’acétates de plomb sont appliquées sur des graines de radis (Raphanus sativus L.) par rapport à un témoin (absence du Pb), pendant une durée de deux mois. Les résultats obtenus montrent des modifications apparentes dans les différents paramètres étudiés chez les plantes stressées par rapport aux témoins. Macroscopiques (inhibition du taux de germination, diminution de biomasse et réduction de taille), physiologiques (perturbation du statut hydrique, diminution de la teneur en pigments chlorophylliens et en caroténoïdes), biochimiques (une accumulation des protéines, peroxydation des lipides et une activation des enzymes antioxydants CAT et POD) dans les différentes organes de la plante du radis, particulièrement au niveau des feuilles et des racines, nous avons observé également des modifications histologiques, au niveau des tiges (déformation des parois des cellules du parenchyme médullaire), et des racines (occlusion des vaisseaux de xylème). Les modifications des différents paramètres physiologiques, biochimiques et enzymatiques suggèrent que le plomb induit un stress oxydatif au cours de la croissance du radis (Raphanus sativus L.) Mais ce dernier tolère, accumules et résiste aux contraintes de ce métal en développant plusieurs stratégies de réponses et de défenses par des réactions de détoxifications à fin de s’adapter au stress, et donc peut être utilisé comme agent phytoremédiateur des sols pollués par le plomb. Mots clés : CAT; Chlorophylle; Peroxyde d’hydrogène; Phytoremédiation; Plomb; POD; Raphanus sativus L.; Stress oxydatif; TBARS; Radis.