Actualités 22/06/04 16:19 Page 17 Pra tique Soins 17 Éducation thérapeutique Comment motiver nos patients Qu’e ntend-on par éduca tion théra p e u tique ? Qu’est- ce que le diagnostic thérapeutique ? Le Pôle de prévention des maladies cardio-vasculaires et d’éducation du patient d’Abbeville (Somme) témoigne de son expérience. L e concept d’éducation thérapeutique initié dans le monde de la diabétologie et de l’asthme, s’étend progr e s s ivement aux autres spécialités, et la notion de diagnostic éducatif (qu’est-ce qu’il a, qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il sait...) s’impose dans les pratiques. Cela a amené à la création de structures spécialisées dans l’éducation, avec des équipes multidisciplinaires pouvant recevoir un patient et son entourage afin d’amorcer une démarche éducative et éventuellement de faire évoluer certains comportements. Toutefois, il ne faut pas penser que l’éducation thérapeutique doit se limiter à de telles structures, et chaque soignant, médecin ou paramédical, peut au quotidien essayer de la mettre en pratique. En effet, nous sommes tous quotidiennement confrontés à des patients conscients ou non de la nécessité de modifier leur mode de vie, mais qui ne sont pas prêts, en fait, à changer leurs habitudes quotidiennes. Bien sûr, le monde de la diabétologie réfléchit depuis longtemps à ce problème, et certains points ont été longuement détaillés : importance de l’enthousiasme du soignant pour faire passer le message ; nécessité de hiérarchiser les priorités pour ne pas tout imposer d ’ e m b l é e ; insister sur l’aspect positif que l’on peut trouver, par exemple à l’arrêt du tabac (notion de plaisir), mais d’autres points paraissent fondamentaux. Estime de soi Essentiellement dans les populations défavorisées, dont le man- que de formation limite l’accès à l’emploi et qui vivent des difficultés personnelles et des situations familiales instables, il est important de travailler sur la notion d’estime de soi. En effet, ce n’est que lorsque le patient a confiance en lui qu’il peut se sentir capable d’accepter et de prendre en main sa pathologie (surveillance, traitement...). Quels que soit notre fonction et notre mode d’exercice, il faut essayer de trouver le soignant (médecin, infirmier, diététicien, psychologue, kinésithérapeute) ou le membre de la famille qui peut trouver le mot juste pour redynamiser le patient. Pas de fatalité Un autre obstacle à la réalisation d’efforts personnels est la notion de fatalité. Pour bon nombre de nos patients, cette maladie est familiale, ce qui équivaut à “je n’y peux rien”. Nombre d’entre eux expliquent qu’ils sont conscients que les médecins font tout leur possible pour leur éviter la maladie et que, grâce aux progrès, en part iculier techniques (pontages...), ils vivront peut-être plus longtemps que leurs parents, mais vivent en fait les conséquences de la maladie (néphropathie, infarctus...) comme une fatalité. Les convaincre « que l’accident peut être prévenu, la récidive doit être évitée » est déjà une première étape pour la motivation. Une autre piste est de surveiller très attentivement les mots que nous utilisons. Lorsque nous essayons de féliciter un patient en raison d’un bilan biologique excellent ou lorsque nous l’informons qu’une intervention de type pon- tage s’est bien passée, le patient peut être faussement rassuré et ne pas comprendre l’intérêt de poursuivre ses efforts au long cours. À l’inverse, si le soignant dit : « En arrêtant de fumer, tout devrait aller mieux », c e rtains de nos patients n’en sont pas convaincus et pensent que l’arrêt du tabac ne changera pas le cours des choses. Évitons cert a i n e s phrases comme : « Si j’étais à votre p l a c e . . . » , car nous ne sommes pas à leur place et admettons que le fait d’avoir logiquement ou médicalement raison n’aboutit pas obligatoirement à ce que les patients adhèrent à nos recommandations. Il faut donc prendre le temps de réfléchir à notre propre comportement, et il faut insister sur l’une des règles de l’éducation thérap e u t i q u e : l’écoute du patient pour qu’il comprenne l’intérêt que lui porte l’équipe soignante dans le but de faire de lui un acteur de sa santé. Isabelle Grosset, infirmière Sophie Jagieniak, psychologue Claudine Trochet, diététicienne Pôle de prévention cardiovasculaire, CH d’Abbeville (Somme) Qu’est- ce que l’éduca ti o n th é r a p e u tique du pati e nt ? L’ é ducation th é rapeu tique est un ensem ble de pratiques visa nt à perme tt r e au patient l’acqu i s ition de compéten ces, afin de pou voir pr endre en cha rge de manière ac ti ve sa ma lad ie, ses soins et sa su rvei l la n ce, en partena r iat avec ses soig na nts. Elle s’ ad r esse aux patients attei nts essentiel lement de ma lad ies ch ron iques mais aussi de ma lad ies de durée limit é e. Les patholog ies en cause sont sou vent asy mptomatiques en dehors de leurs ma n i f es tations initia les, mais el les nécess itent au quo tid ien de la pa rt des patients une ad h é s ion é t roite aux diverses moda l ités du tra itement et de la su rvei l la n ce afin d’éviter la su rvenue de compl ications. Source : ministère de la Santé Professions Santé Infirmier Infirmière N° 55 • mai 2004