Dossier diplomatique. La diplomatie environnementale. Où en sommes-nous ?
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qui s’élaborent entre les deux pays. Ainsi, il est stipulé dans le Programme Indicatif de
Coopération 2010-2013 signé par les deux partis, « qu’il s’agit d’une priorité pour la RDC en
ce moment de lutte contre le réchauffement climatique ». Le texte ajoute que « la coopération
belgo-congolaise veillera pro-activement à ce que la mise en œuvre du PIC soit respectueuse
de l’environnement et n’hypothétique pas l’intégrité du patrimoine forestier ». Ces
déclarations d’intention se traduisent alors par une mise en œuvre la plus durable possible des
infrastructures liéés à l’éducation, aux soins de santé, ou à l’agriculture.
Au niveau européen, le Commissaire à l’environnement, qui est actuellement Janez
Potočnik, a pour but de régler les questions touchant à la préservation de la faune, de la flore,
de l’écosystème, les problèmes de pollution, du tri des déchets, de la qualité de l’air etc. Outre
la coopération entre les états-membres par l’intermédiaire des ministres de tutelle, l’Union
Européenne s’est également doté de l’Agence européenne de l’environnement (AEE). En
fonction depuis 1994, l’agence a pour objectif de soutenir le développement durable à
l’intérieur de l’Union en fournissant aux décideurs politiques des rapports d’évaluation ciblés
et précis.
Au niveau international, divers cas contemporains peuvent être mis en exergue comme
des parfaites illustrations de la diplomatie environnementale. Notre premier exemple, est la
construction pharaonique du barrage Nam Theun 2, au Laos. Ce dernier est actuellement en
pourparler avec la Thaïlande qui devrait bénéficier de l’essentiel de l’électricité produite par
le barrage. Il s’agira du plus grand ouvrage hydraulique de l’Asie du Sud Est.
Par ailleurs, ce projet engage toute une série d’acteurs internationaux avec qui le
gouvernement laotien a également discuté. L’entreprise de fourniture d’électricité française
EDF, chapeaute les travaux. La Banque Mondiale finance une grande partie du projet dont le
but est de développer l’immense région et de doubler le PIB du Laos. Par ailleurs, la Chine et
le Vietnam se sont déjà montrés intéressés par la construction d’autres barrages laotiens dont
ils pourraient bénéficier. Enfin, de nombreuses ONG dénoncent l’impact écologique
désastreux de l’édification du barrage. Cet exemple est un cas d’école de diplomatie
environnementale engagé à différents niveaux, avec toute une série d’acteurs internationaux.
La question du partage des eaux du Nil est un autre exemple où nous observons un
imposant déploiement d’une diplomatie tournée vers une problématique environnementale.
Historiquement, l’Egypte bénéficie de la plus grande partie du débit du fleuve de par la taille
de sa population et vu sa dépendance énorme envers les eaux du Nil. L’Egypte est donc
particulièrement intransigeante quant aux revendications des pays situés en aval du fleuve
voulant remettre en cause le partage des eaux réglé principalement par le traité de 1959 avec
le Soudan. Le texte, écrit dans le cadre de la construction du barrage d’Assouan, attribuait
55,6 milliards de mètres cubes à l’Égypte et 18,5 milliards au Soudan. Pour l’Egypte, les
enjeux sont bien sûr économiques mais également symboliques puisque les autorités
égyptiennes ont toujours présenté leur pays comme étant « un don du Nil ».
Aujourd’hui, la démographie égyptienne ne cesse de croître et ses besoins augmentent. Si
bien que certains scientifiques estiment que le pays a besoin de 73 milliards de mètres cubes
d’eau par an c'est-à-dire 20 milliards de plus que prévus initialement. Or, dans le même temps
des projets situés dans les pays en aval se multiplient. L’Ethiopie et le Soudan souhaitent
construire des barrages pour irriguer certaines régions. L’Ouganda veut construire des
centrales électriques le long du fleuve. Enfin, la Tanzanie et le Kenya cherchent à avoir accès
à l’eau pour faire face aux sécheresses. En mai 2010, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda, la
Tanzanie et le Kenya ont signé un accord séparé en vue de redéfinir une exploitation des eaux
du Nil qui leur serait plus favorable. L’événement provoqua un véritable séisme en Egypte qui