Université catholique de Louvain
ECOLE DES SCIENCES POLITIQUES ET SOCIALES
Dossier diplomatique
La diplomatie environnementale. Où en sommes-nous
aujourd’hui ?
Par Jérôme VAN RUYCHEVELT
33 86 06 00
LSPRI2320.
Séminaire de relations internationales et de préparation
aux fonctions diplomatiques et internationales.
Prof. Claude ROOSENS
Session de juin 2011
Dossier diplomatique. La diplomatie environnementale. Où en sommes-nous ?
2
Sommaire
Avant-propos ........................................................................................................................................... 3
Diplomatie environnementale ................................................................................................................ 3
La question climatique ............................................................................................................................ 5
Article de presse : un accord trouvé à Cancún ....................................................................................... 7
Conclusions et mises à jours ................................................................................................................. 10
Références succinctes ........................................................................................................................... 12
Dossier diplomatique. La diplomatie environnementale. Où en sommes-nous ?
3
Avant-propos
La diplomatie environnementale peut se définir par les relations entre Etats concernant des
problématiques liées à l’environnement. La définition de la problématique environnementale
par le politique est plus ou moins floue. La frontière entre les thèmes connexes au climat et à
l’environnement est aujourd’hui brouillée. Selon nous, la problématique environnementale
prise en main par le politique se caractérise par toute une série d’actions ayants pour but de
sauvegarder ou d’améliorer l’environnement naturel sur lequel l’homme peut avoir une
quelconque influence. Autrement dit, les thèmes touchant au réchauffement climatique font
partie intégrante de la problématique environnementale. Toutefois, nous diviserons ce dossier
en deux parties : nous traiterons en premier lieu de la diplomatie environnementale qui peut
exister entre deux pays ou de manière plus large et dans un second temps nous aborderons la
diplomatie climatique qui n’existe dans les faits quasiment que de manière multilatérale.
Cependant, dans les gouvernements mondiaux les deux thèmes (climats et
environnement) n’ont pas droit au même traitement ministériel. Traditionnellement,
l’environnement est inclus dans un Ministère à côté des thématiques qui lui sont proches. En
Belgique, l’environnement est une compétence régionale et est régi en Wallonie par le
Ministère de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'environnement et du Tourisme. Cependant, le
climat est une compétence fédérale. En France, c’est le Ministère de l’Ecologie, du
développement durable, des transports et du logement qui s’occupe des deux thématiques tout
comme aux Etats-Unis, la mission est confiée à l’ « Administrator of the Environmental
Protection Agency ». La Chine a elle aussi son Ministre de l’environnement depuis 2008 qui
s’occupe également de la question du climat. Au niveau européen, la compétence est divisée :
nous retrouvons un Commissaire à l’environnement et un Commissaire au climat.
En outre, nous observons que les questions du climat et de l’énergie sont de plus en plus
considérées comme faisant partie d’une seule et même dimension. Et pour cause, la volonté
d’augmenter les énergies renouvelables et de sortir du nucléaire par exemple, fait face à une
préoccupation environnementale et climatique.
L’aspect diplomatique de la question environnementale reste traditionnellement entre les
mains du Ministère des affaires étrangères de l’Etat. Nonobstant, nous observons certaines
remises en cause de cette formule comme nous le verrons tout au long du dossier.
Diplomatie environnementale
La diplomatie environnementale peut se décliner sous diverses formes et peut dépendre de la
situation géographique de l’Etat en question. Ainsi dans les pays d’Afrique australe, les
Ministères de l’environnement ou équivalent sont particulièrement attentifs à sauvegarder leur
patrimoine naturel. La principale mission des Ministères de l’environnement des pays arabes
concernent la problématique de l’eau.
La Belgique développe certes une politique environnementale et climatique en
coopération avec les autres Etats européens, mais elle élabore également des projets
diplomatiques environnementaux qui lui sont propres. En effet, dans le programme de
coopération belgo-congolais, le développement durable est un thème transversal aux projets
Dossier diplomatique. La diplomatie environnementale. Où en sommes-nous ?
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qui s’élaborent entre les deux pays. Ainsi, il est stipulé dans le Programme Indicatif de
Coopération 2010-2013 signé par les deux partis, « qu’il s’agit d’une priorité pour la RDC en
ce moment de lutte contre le réchauffement climatique ». Le texte ajoute que « la coopération
belgo-congolaise veillera pro-activement à ce que la mise en œuvre du PIC soit respectueuse
de l’environnement et n’hypothétique pas l’intégrité du patrimoine forestier ». Ces
déclarations d’intention se traduisent alors par une mise en œuvre la plus durable possible des
infrastructures liéés à l’éducation, aux soins de santé, ou à l’agriculture.
Au niveau européen, le Commissaire à l’environnement, qui est actuellement Janez
Potočnik, a pour but de régler les questions touchant à la préservation de la faune, de la flore,
de l’écosystème, les problèmes de pollution, du tri des déchets, de la qualité de l’air etc. Outre
la coopération entre les états-membres par l’intermédiaire des ministres de tutelle, l’Union
Européenne s’est également doté de l’Agence européenne de l’environnement (AEE). En
fonction depuis 1994, l’agence a pour objectif de soutenir le développement durable à
l’intérieur de l’Union en fournissant aux décideurs politiques des rapports d’évaluation ciblés
et précis.
Au niveau international, divers cas contemporains peuvent être mis en exergue comme
des parfaites illustrations de la diplomatie environnementale. Notre premier exemple, est la
construction pharaonique du barrage Nam Theun 2, au Laos. Ce dernier est actuellement en
pourparler avec la Thaïlande qui devrait bénéficier de l’essentiel de l’électricité produite par
le barrage. Il s’agira du plus grand ouvrage hydraulique de l’Asie du Sud Est.
Par ailleurs, ce projet engage toute une série d’acteurs internationaux avec qui le
gouvernement laotien a également discuté. L’entreprise de fourniture d’électricité française
EDF, chapeaute les travaux. La Banque Mondiale finance une grande partie du projet dont le
but est de développer l’immense région et de doubler le PIB du Laos. Par ailleurs, la Chine et
le Vietnam se sont déjà montrés intéressés par la construction d’autres barrages laotiens dont
ils pourraient bénéficier. Enfin, de nombreuses ONG dénoncent l’impact écologique
désastreux de l’édification du barrage. Cet exemple est un cas d’école de diplomatie
environnementale engagé à différents niveaux, avec toute une série d’acteurs internationaux.
La question du partage des eaux du Nil est un autre exemple nous observons un
imposant déploiement d’une diplomatie tournée vers une problématique environnementale.
Historiquement, l’Egypte bénéficie de la plus grande partie du débit du fleuve de par la taille
de sa population et vu sa dépendance énorme envers les eaux du Nil. L’Egypte est donc
particulièrement intransigeante quant aux revendications des pays situés en aval du fleuve
voulant remettre en cause le partage des eaux réglé principalement par le traité de 1959 avec
le Soudan. Le texte, écrit dans le cadre de la construction du barrage d’Assouan, attribuait
55,6 milliards de mètres cubes à l’Égypte et 18,5 milliards au Soudan. Pour l’Egypte, les
enjeux sont bien sûr économiques mais également symboliques puisque les autorités
égyptiennes ont toujours présenté leur pays comme étant « un don du Nil ».
Aujourd’hui, la démographie égyptienne ne cesse de croître et ses besoins augmentent. Si
bien que certains scientifiques estiment que le pays a besoin de 73 milliards de mètres cubes
d’eau par an c'est-à-dire 20 milliards de plus que prévus initialement. Or, dans le même temps
des projets situés dans les pays en aval se multiplient. L’Ethiopie et le Soudan souhaitent
construire des barrages pour irriguer certaines régions. L’Ouganda veut construire des
centrales électriques le long du fleuve. Enfin, la Tanzanie et le Kenya cherchent à avoir accès
à l’eau pour faire face aux sécheresses. En mai 2010, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda, la
Tanzanie et le Kenya ont signé un accord séparé en vue de redéfinir une exploitation des eaux
du Nil qui leur serait plus favorable. L’événement provoqua un véritable séisme en Egypte qui
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lança une contre-offensive diplomatique sensée, en premier lieu, solidifier ses rapports avec le
Soudan. Dans les mois qui suivirent la crise, des missions diplomatiques furent envoyées en
Ouganda, en Ethiopie, mais également en Italie qui a des projets de constructions de barrage
dans son ancienne colonie. L’Egypte n’a en effet d’autre choix que de coopérer avec ses
concurrents directs.
Au niveau de la coopération internationale environnementale, l’institution de référence
est le Programme des Nations Unis pour l’environnement (PNUE). Crée en 1972, le PNUE a
également pour objectif de promouvoir le développement durable et d’assister les pays dans
leurs politiques environnementales. Aujourd’hui, ses missions se concentrent essentiellement
à organiser des sommets en vue de négocier des conventions sur les déchets dangereux, la
pollution terrestre et marine et le développement durable au sens large. Le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 par le PNUE,
néanmoins, la question très large du réchauffement climatique a été petit à petit retirée de son
agenda pour être confiée, comme nous allons le voir, à la Convention-cadre des Nations-Unis
sur le changement climatique (CCNUCC).
La question climatique
La question climatique ne peut être traitée qu’à un niveau supranational. En effet, les effets du
réchauffement climatique touchent tous les Etats quelques soient ceux qui émettent le plus de
gaz à effet de serre (GES). Les Etats se voient donc contraints de coopérer en vue d’un
consensus qui fait face à la problématique commune. On peut émettre d’emblée quatre
observations récentes sur la question. Premièrement, il y un rôle croissant de la société civile
mondiale pour cette thématique qui fait pression sur les politiques. Deuxièmement, le
Ministère des affaires étrangères n’est plus l’interlocuteur privilégié pour la question. Le
climat demande une spécialisation telle qu’il s’agit souvent de la personne directement en
charge de la compétence qui mène la diplomatie en compagnie souvent de son chef d’Etat ou
de gouvernement. Troisièmement, ce type de négociation multilatérale est très cent. Peu de
thématiques sont ainsi traitées au niveau mondial par tous les pays simultanément. Enfin, les
rapports classiques entre Etats dans ce type de négociation multilatérale sont remis en cause.
Les Etats peu développés viennent concurrencer les pays occidentaux habitués à piloter ce
genre de discussions.
Au niveau européen, nous retrouvons un Commissaire au climat, la danoise Connie
Hedegaard. Cette dernière mène une certaine action diplomatique à l’extérieur de l’UE
notamment lors de grands sommets mondiaux tel que le G8 ou le G20 l’UE tente de jouer
un rôle de leadership des pays industrialisés en ce qui concerne la diminution des émissions
de GES. Elle tente également, lors de ce type de rendez-vous, d’harmoniser le marché du
carbone. Au niveau des négociations intra-EU, un grand travail est effectpour développer
les énergies vertes ou pour faire respecter les quotas d’émission. En 2008, l’Europe adopte un
paquet climat-énergie qui suit la logique « 3 fois 20 en 2020 » : 20 % d’efficacité énergétique
additionnel, 20 % d’énergie renouvelable, 20 % de réduction d’émission par rapport à 1990.
Sur la scène internationale, depuis la création du GIEC, la question climatique est
traitée sur deux plans différents ne progressant pas au même rythme : celui des négociations
environnementales internationales et celui des avancées scientifiques. Le GIEC est
l’institution scientifique de référence mandatée pour fournir les meilleures informations
scientifiques sur le réchauffement climatique. Son premier rapport avance qu’il pourrait y
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