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Génétique bactérienne
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pour le généticien qui étudie la transmission des caractères et des gènes
au cours des générations successives, constitue un avantage considérable.
Pour toutes ces raisons et d’autres qui seront abordées au fil de ce
chapitre, la génétique des micro-organismes a contribué de façon déci-
sive à fonder les concepts majeurs de la génétique. Elle a su réaliser
avant toute autre, la synthèse entre l’approche phénoménologique (les
phénotypes) et l’approche moléculaire (les gènes et l’ADN).
4.1 GÉNÉTIQUE BACTÉRIENNE
Les bactéries appartiennent à une classe d’organismes appelés pro-
caryotes qui inclut également les algues bleues ou cyanobactéries.
Les procaryotes ne possèdent pas de noyau. Leurs gènes, constitués
d’ADN, sont regroupés essentiellement sur un seul chromosome circu-
laire. Des structures de plus petite taille, les plasmides, portent des gènes,
tels les gènes de résistance à des agents chimiques, qui fournissent à la
cellule la possibilité de vivre et se multiplier dans un environnement
défavorable.
Organismes modèles dont le plus connu est la bactérie Escherichia
coli (E. coli), ils se divisent rapidement et se cultivent sur des milieux
liquides ou solides contenant les éléments nutritifs de base (milieu
minimal : sels inorganiques et une source de carbone). Cultivées sur
milieu solide en boîte de Pétri, les bactéries sont immobilisées et
restent regroupées. À partir de 107 cellules, la masse de cellules cons-
titue une colonie, visible à l’œil nu. Toutes les cellules d’une colonie
isolée sur une boîte sont issues d’une seule cellule, elles ont donc
toutes le même matériel génétique et constituent un clone.
Mutants bactériens
En traitant les bactéries avec des agents mutagènes, on peut obtenir de
très nombreuses mutations qui empêchent la cellule de se multiplier
dans un milieu minimal. Elle ne pourra croître que si l’on ajoute à ce
milieu tel ou tel métabolite dont la synthèse n’est plus assurée dans la
cellule mutante. Ainsi, un grand nombre de mutations touchant la
synthèse des métabolites essentiels pour la croissance bactérienne ont
été identifiées, chacune d’entre elles correspondant à l’une des enzymes
mises en jeu dans les étapes de biosynthèse des diverses molécules
biologiques.
Pour une espèce bactérienne donnée, la souche qui a perdu la capacité
de synthétiser un métabolite essentiel (un acide aminé par exemple)
est dite auxotrophe (pour cet acide aminé). À l’inverse, la souche de
type sauvage qui ne présente pas cette exigence nutritionnelle sera
dite prototrophe. Certains mutants ne sont plus capables d’utiliser
par exemple un ose particulier comme source de carbone, on parle alors
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