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Lyon, le 7 mars 2014
Hôpital Edouard Herriot
Et si on allait au bloc opératoire à pied ?
« Monsieur, vous allez où ? ». « Me faire opérer ! ».
Non, ce n’est pas une histoire à dormir debout. Mercredi 26
février, Gilbert s’est rendu à l’hôpital pour une ablation d’une
partie du pancréas et du foie et est allé à pied au bloc
opératoire, entouré de deux professionnels de santé du
service de chirurgie digestive de l’hôpital Edouard Herriot. Il
est le premier patient à avoir expérimenté ce nouveau mode
de prise en charge et se dit ravi. Depuis, tous les patients – une
vingtaine environ – lui ont emboité le pas.
Le service de chirurgie digestive de l’hôpital Edouard Herriot
est le seul service en France à avoir adhéré à la société ERAS®
(Enhanced Recovery After Surgery – soit récupération
améliorée après chirurgie) afin de mettre en place les 20
mesures proposées par ce programme. S’appuyant sur le
concept de fast-track, ERAS en est l’évolution et la
standardisation. L’objectif n’est pas seulement de raccourcir la
durée d’hospitalisation mais d’atténuer le stress provoqué par une intervention chirurgicale dans le but de
diminuer les complications et d’améliorer la réhabilitation tout en favorisant le bien-être du patient. La
société ERAS® (construite par le regroupement de centres chirurgicaux de différents pays) propose ainsi une
approche multimodale en pré-, per- et post-opératoire. Parmi les recommandations clés :
Avant l’intervention : une information claire et des conseils donnés aux patients sur ce nouveau
mode de prise en charge avant leur admission ; pas de prémédication et une prise de boissons
carbohydratées jusqu’à 2h avant l’anesthésie.
Pendant l’intervention : une anesthésie limitée ; privilège donné à des incisions courtes et aux
techniques cœlioscopiques ; éviter la pose de drain et dans la mesure du possible, procéder à
l’ablation de la sonde nasogastrique avant la sortie du bloc opératoire.
Après l’intervention : mobilisation des patients dès le jour de la chirurgie ; stimulation de la
motricité intestinale ; ablation précoce des sondes urinaires et cathéters ; retour rapide à une
alimentation normale.
Le patient est donc ici plus que jamais acteur de sa prise en charge. Il n’a pas été prémédiqué, n’est pas à
jeun et arrive au bloc à pieds, aux côtés de l’équipe chirurgicale. Pour Gilbert, c’est une réussite : « Le fait
de marcher, de discuter voire de rire avec les soignants sur le chemin, ça nous fait penser à autre chose, on
décompresse. C’est beaucoup moins impersonnel que d’être transporté sur un brancard les yeux rivés sur le
plafond, explique-t-il. Et puis, aller au bloc debout c’est comme aller au combat. C’est une démarche
volontaire, on affronte réellement cette épreuve ». On lui avait donné 10 à 14 jours de convalescence à
l’hôpital. Finalement, Gilbert est rentré chez lui une semaine après l’intervention.
Si la technique a d’ores et déjà fait ses preuves (diminution des complications d’environ 50% pour une
chirurgie colorectale), la réussite de son implémentation dépend aussi beaucoup de l’adhésion des
professionnels, tous corps de métiers confondus (chirurgiens, anesthésistes, infirmières, aides-soignantes,
coordinatrice ERAS®…). Pour cela, l’implémentation a été faite en partenariat avec le service de chirurgie du
CHUV de Lausanne (Suisse), déjà aguerri à ce nouveau mode de prise en charge. Ce centre d’excellence a
accompagné l’équipe tout au long de la mise en place du processus par des séminaires, des formations et
des échanges. De même, une base de données est mise à la disposition de l’équipe, qui permet de procéder
à un audit des résultats pour vérifier le taux de compliance et si besoin mettre en place des actions
correctives, toujours au service du mieux-être du patient.
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