
 Le projet pourrait rencontrer les préoccupations des chercheurs cherchant à expliquer 
l’acceptation ou le rejet des normes sociales sur la base de la compréhension individuelle des 
propriétés de ces normes. Il peut aussi contribuer à développer des outils pour une analyse 
pluraliste des dispositifs normatifs, dans laquelle on s’interroge sur les relations entre les 
principes que peuvent accepter les individus à titre personnel (en fonction des valeurs qu’ils 
jugent importantes ou prioritaires)  ceux qu’il est possible de concrétiser par des normes 
communes à l’usage d’une pluralité d’individus. 
 Le classement ou la présentation des règles selon leurs principales propriétés oblige par ailleurs 
toujours à reconstituer un cadre analytique de référence (concernant les actes, les états du monde, 
les intentions, projets ou maximes par exemple) dans lequel une règle donnée et ses propriétés 
peuvent recevoir une formulation claire, là où l’usage courant se contente souvent de l’implicite. 
Il convient alors d’en donner une représentation aussi succincte que possible. Concrètement, cela 
se traduit par la formulation explicite de principes, par la mise en évidence de “définitions” et 
“conditions” importantes au moyen desquelles on aborde des secteurs de la réalité sociale ou 
politique, et par l’inclusion de “modèles” consistant en définitions et conditions permettant 
conjointement de parvenir à certaines conclusions (“propriétés”) ou à des solutions définies. 
L’inclusion d’exemples complètement développés est aussi appréciable à titre illustratif.  
  Par exemple, il est bien connu que les ambiguïtés des arguments sur la liberté proviennent en 
partie de la signification attribuée à des termes et expressions tels que : acte, choix, cause d’un 
état de fait, intervention, empêchement, abstention, circonstance, « droit à », « droit de », etc. Il 
est également connu que les définitions retenues ne peuvent pas être indépendantes les unes des 
autres : on rencontre plutôt un cadre d’analyse plus ou moins complet relatif à l’action et à 
l’interaction. De ce fait, il est important de mettre en évidence ce qui est nécessaire pour pouvoir 
donner une signification et/ou une concrétisation à une certaine propriété des règles éthiques (par 
exemple, dans le cas des libertés personnelles, leur compatibilité mutuelle). Nous souhaitons 
enfin rendre manifeste, autour de certaines questions, la réalité d’un progrès cumulatif dans la 
compréhension des règles éthiques. Réduire l’éthique à l’opinion personnelle ou à l’histoire des 
civilisations est réducteur: nous comprenons aujourd’hui des choses que l’on ne comprenait pas 
hier. 
 
 
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