Prédication pour le 3èmr dimanche de l’Avent : Romains 15-4-13 Chers amis, j'ai envie de vous poser une question un peu provocante ce matin. J'ai envie de vous demander à quoi sert la Bible. Pour les chrétiens que nous sommes cela parait tellement évident, la Bible. Tellement évident qu'on ne se demande même pas à quoi elle sert. Il suffit de voir combien de gens vivent aujourd'hui dans le monde, sans jamais ouvrir une Bible. Sont-ils plus ou moins malheureux que ceux qui, comme vous je l'espère, la lisent tous les jours, voire même plusieurs fois par jour. Alors, à quoi sert la Bible ? À quoi cela peut-il bien servir que des hommes aient pris le stylet ou la plume pour coucher sur le papier leur foi et leurs convictions ? En fin de compte, la Bible, qui n'a pas évolué d'un iota depuis le 4ème siècle, date de fixation des livres du Nouveau Testament, cette Bible n'est-elle pas un vieux livre d'histoires dépassées, démodées ? L'apôtre Paul a du argumenter avec ses nouveaux convertis, ces hommes et ces femmes qui venaient du Judaïsme pour leur expliquer l'intérêt de la Bible, ou du moins de l'Ancien Testament, puisqu'il n'y avait que cela à l'époque de Paul. Pour preuve, un passage de la lettre qu'il écrit aux chrétiens de Rome, une communauté constituée de Juifs convertis et d'esclaves païens, venus au christianisme. Voilà ce qu'il leur écrit. Nous sommes dans la lettre aux Romains, au chapitre 15 : En effet, tous les Livres Saints écrits autrefois ont été écrits pour nous instruire. Ils doivent nous donner patience et courage, pour que nous possédions l’espérance. La patience et le courage viennent de Dieu. Que Dieu vous rende donc capables d’être bien d’accord entre vous, en suivant l’exemple du Christ Jésus ! Alors, d’un même cœur et d’une même bouche, vous pourrez rendre gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus–Christ. Accueillez–vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Je vous le dis, Dieu est fidèle. C’est pourquoi le Christ est devenu le serviteur des Juifs, pour accomplir les promesses faites par Dieu aux ancêtres. Et les non–Juifs rendent gloire à Dieu à cause de sa bonté. En effet, les Livres Saints disent : "Pour cela, je te fêterai parmi tous les peuples et je chanterai en l’honneur de ton nom." Les Livres Saints disent encore : "Peuples, réjouissez–vous avec le peuple que Dieu a choisi." "Pays du monde entier, chantez la louange du Seigneur ! Tous les peuples, chantez la grandeur de Dieu !" Ésaïe dit aussi : "Un homme de la famille de Jessé va venir. Il se lèvera pour gouverner les autres peuples, et ces peuples mettront leur espoir en lui." Que Dieu, qui donne l’espérance, vous remplisse de paix et de joie à cause de votre foi ! Alors vous serez pleins d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. Pour Paul, la réponse à la question de l'utilité de la Bible est, on ne peut plus claire. Tous les Livres Saints écrits autrefois ont été écrits pour nous instruire. Paul va d'ailleurs poursuivre son raisonnement en argumentant et en détaillant, ce qui va même l'amener jusqu'à l'événement de Noël. Il faut s'appeler Paul pour réussir cela. Et on va essayer, tous ensemble ce matin, essayer de le suivre dans son raisonnement. Au-delà de l'affirmation que tous les Livres Saints écrits autrefois ont été écrits pour nous instruire, Paul les justifie par le fait qu'ils doivent nous donner patience et courage, pour que nous possédions l’espérance. N'oublions pas que les communautés chrétiennes de l'époque de Paul étaient soumises à la persécution. Paul même sera emprisonné à Rome à cause de sa foi. On suppose même qu'il sera mis à mort à cause de son témoignage. Nous ne sommes pas loin de l'époque où un fou sanguinaire régnait sur Rome, un fou qui n'avait pas hésité à incendier sa capitale pour pouvoir composer un poème sur le feu. Ce même fou, Néron pour ne pas le nommer, avait installé un éclairage public peu commun. Il faisait clouer les chrétiens sur des pieux pour les brûler une fois la nuit tombée, le long de la Via Appia. C'est dans ce contexte pour le moins difficile que Paul écrit à ses correspondants romains que le but des Écritures Saintes est de donner courage dans la tribulation et la patience pour endurer les maux. Je suis convaincu pour l'avoir expérimenter, et aussi pour avoir entendu des témoignages poignants à ce sujet, je suis convaincu que les Livres Saints, comme les appelle Paul, jouent toujours ce rôle aujourd'hui. Je pense d'ailleurs qu'il n'est pas nécessaire que faire allusion à tous les chrétiens persécutés dans le monde, au Soudan, au Nigéria, en Corée du Nord, en Chine, en Irak et en Iran. Je pense que dans notre ville, dans notre paroisse, des hommes et des femmes puisent leur courage et leur patience dans la Parole de Dieu. Tel malade endure son cancer grâce à la Parole de Dieu. Telle autre vit son handicap dans la patience grâce à l'Écriture Sainte. Je suis convaincu que vous saurez trouver autour de vous d'autres exemples de l'utilité de la Bible. Tout cela dans un seul but, un seul : Alors, d’un même cœur et d’une même bouche, vous pourrez rendre gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus–Christ. Paul va un pas plus loin dans sa démonstration. Accueillez–vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. C'était un sujet controversé dans la communauté chrétienne romaine de l'époque, la cohabitation entre les chrétiens d'origine juive et les chrétiennes d'origine païenne, une espèce de guerre de religion avant l'heure. À tous, cette exhortation : Accueillez–vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Cela ne devait pas être facile à l'époque, les uns se référant sans autre forme de problème à l'Ancien Testament, à la Loi et aux prophètes, des lectures dans lesquelles ils ont baignés depuis leur plus tendre enfance. Les autres n'ayant rien à se mettre sous la dent comme écrit. Souvenons-nous que, à l'époque où Paul écrit cette lettre, dans les années 58 ou 59, soit à peine une vingtaine d'années après les événements de la croix et de la Résurrection. Toutes les transmissions ne sont qu'orale. D'une certaine manière, Paul renvoie les juifs d'origine païenne vers l'Ancien Testament, puisque ces livres ont été écrits pour instruire, pour donner courage et patience, en vue de la glorification de Dieu. Donc, accueillez–vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Et ne vous référez pas à vos origines, ni à vos traditions pour créer des clivages et des tensions dans la communauté, qui a d'autres chats à fouetter, que ces conflits internes. Le meilleur exemple de l'accueil est le Christ lui-même. Il n'a pas fait de différence entre le responsable de la synagogue et le centurion romain. La Cananéenne et la Samaritaine ont été accueillies comme les autres femmes juives, comme les prostituées et les adultères. L'argument de Paul est un vieil argument qui traverse tout l'Ancien Testament. Il est donc connu des chrétiens d'origine juive. Je vous le dis, Dieu est fidèle. Les chrétiens d'origine païenne sont certainement invités à prendre connaissance de ce Dieu fidèle qui se manifeste tant et tant de fois à travers l'Ancien Testament. Invités à prendre connaissance de la Loi et des prophètes. Vous saisissez certainement pleinement ce que cela peut avoir comme portée aujourd'hui, se savoir accueilli. Croyant de longue date, ou nouveau converti, connaisseur averti de l'Écriture Sainte, ou simple débutant novice. Chacun a sa place, la même pour tout le monde, dans la communauté chrétienne. Paul en arrive à la fin de son argumentation. Pour cela, il va puiser dans les fameux Livres Saints, des exemples à même de convaincre les juifs d'origine païenne à se plonger dans l'étude de la Loi et de la Torah. Ne perdons pas de vue qu'il n'y avait rien d'autre à se mettre sous la dent pour connaître Dieu. Et je ne dis pas d'une manière péjorative. D'abord, il leur dit que tous les peuples font partie de cette communauté, en faisant référence à Samuel et aux psaumes : Et les non–Juifs rendent gloire à Dieu à cause de sa bonté. En effet, les Livres Saints disent : "Pour cela, je te fêterai parmi tous les peuples et je chanterai en l’honneur de ton nom." Les Livres Saints disent encore : "Peuples, réjouissez–vous avec le peuple que Dieu a choisi." "Pays du monde entier, chantez la louange du Seigneur ! Tous les peuples, chantez la grandeur de Dieu !" Au-delà de la certitude de faire partie du plan de salut de Dieu, Paul rapproche cette notion de la prophétie d'Ésaïe qui annonce la naissance du Christ : Ésaïe dit aussi : "Un homme de la famille de Jessé va venir. Il se lèvera pour gouverner les autres peuples, et ces peuples mettront leur espoir en lui." Pour être un peu clair encore, Paul écrit aux chrétiens de Rome qu'ils ont tous part, de quelque origine qu'ils soient, ils ont tous part au salut initié par Dieu en Jésus-Christ, un salut qui s'incarne dans l'événement de Noël. La portée de cette affirmation est extraordinairement actuelle aujourd'hui. Qui que nous soyons, nous avons part au plan de salut que Dieu a préparé pour nous en JésusChrist. La portée de l'événement de l'incarnation, Dieu qui devient homme, la portée est universelle. Petit ou grand, riche ou pauvre, sage ou insensé, intelligent ou fou, chacun est partie prenante du plan de salut de Dieu. Le salut de Dieu en Jésus Christ est pour tous, sans distinction. L'argumentation de Paul se conclut d'une manière brillante. Elle prend la forme d'une bénédiction : Que Dieu, qui donne l’espérance, vous remplisse de paix et de joie à cause de votre foi ! Alors vous serez pleins d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint. En ce temps de l'Avent, où tant de choses se bousculent, se télescopent, s'entrechoquent, en ce temps de l'Avent, temps d'intériorité et de méditation, c'est simplement ce que je vous souhaite : l'espérance, la paix et la joie. Amen !