Le cathétérisme

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Médecine et sciences
Médecine et sciences
Le cathétérisme
avec l’âge
Une vessie, pour fonctionner parfaitement, a besoin
d’un système de régulation intact. Des centres situés
au niveau du télencéphale, du tronc cérébral, de la
moelle épinière et les nerfs dans le petit bassin sont
reliés entre eux afin de coordonner les fonctions de
la vessie et du sphincter (muscle fermant la base de
la vessie). Lors d’une lésion médullaire, les liens
entre chacun de ces centres de contrôle sont rompus
complètement ou partiellement. Des centres réflexes
prennent alors le contrôle au-dessous de la lésion
ayant pour conséquence une activité non dirigée de
la vessie et du sphincter. Des troubles rénaux peuvent survenir tels l’impossibilité pour l’urine de
s’écouler des reins ou le reflux de l’urine de la vessie dans les reins.
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Thérapie
Le cas idéal serait d’effectuer une restauration complète
de la vessie ce qui, jusqu’à présent, n’est malheureusement pas encore possible. Le traitement urologique se
limite donc à protéger les reins en maintenant dans la vessie un bas niveau de pression. Pour empêcher la spasticité
de la vessie, on utilise des anticholinergiques tels que
Detrusitol®, Ditropan®, Emselex®, Kentera®, Lyrinel Uno®,
Spasmo-Urgenin Neo® et Vesicare®), qui sont considérés
de nos jours comme traitement standard.
Au cas où ces médicaments ne suffiraient pas ou ne seraient pas bien supportés, il est possible d’injecter du
toxine botulique A (par ex. Botox®) dans la musculature
vésicale. Une intervention chirurgicale ne se fait que dans
des cas exceptionnels, comme pour une entérocystoplastie (agrandissement de la vessie) avec parties de l’intestin.
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Cathétérisme
Le fait d’immobiliser la vessie permet certes de protéger
les reins et souvent aussi de traiter l’incontinence, il n’est
cependant plus possible d’évacuer soi-même l’urine. D’où
la nécessité de cathéters. On distingue deux types de cathéters: à demeure et à usage unique.
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Cathéter à demeure
Le cathéter à demeure peut être posé via l’urètre ou par
une ponction à travers la paroi abdominale. Pour le cathéter posé via l’urètre, le risque d’infection de la vessie, mais
aussi des testicules, des épididymes (organes près des testicules) et de la prostate est cinq fois plus élevé. De plus,
des lésions de l’urètre peuvent survenir aussi bien chez les
hommes que chez les femmes. Le cathéter suprapubien
(paroi abdominale) ne présente pas ce risque, mais il provoque à la longue des cystites chroniques. La combinaison d’infection chronique et d’irritation constante de la
vessie par le cathéter entraîne un risque élevé de développer un cancer de la vessie. Comme ce risque augmente
6 à 10 ans après la pose d’un cathéter à demeure, cette
forme de dérivation devrait être évitée en particulier chez
les jeunes patients.
Cathétérisme intermittent
Le cathétérisme intermittent se présente comme solution
alternative. Le cathéter à usage unique permet aux patients de vider leur vessie eux-mêmes (ou par les proches/
soins) 4 à 6 fois par jour. Comme le cathéter ne reste que
peu de temps dans la vessie, le risque d’infection est moindre. Une désinfection suffisante, une technique correcte
et une prophylaxie (p. ex. jus de canneberge) permettent
d’éviter chez la plupart des patients des infections récurrentes.
Un frottement chronique dans l’urètre peut provoquer à
long terme un rétrécissement du canal. Afin de réduire au
minimum les frottements, des cathéters spécialement
lubrifiés (autolubrifiés ou avec un gel lubrifiant) et pas
trop épais sont utilisés.
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peu plus de temps, il n’y a aucune raison pour qu’une personne par ailleurs très mobile ne puisse apprendre cette
technique. S’il s’agit certes ici de mes propres expériences
hospitalières, des études réalisées sur ce thème abondent
également dans ce sens. L’âge en soi ne constitue donc pas
un obstacle – voici quelques années, une dame de 85 ans
a appris le cathétérisme et l’exécute encore aujourd’hui
sans problème.
Diabète sucré
Le diabète peut perturber la fonction vésicale. Il s’ensuit
la plupart du temps un dommage des nerfs situés près de
la vessie, entraînant une paralysie flasque. De plus, la sensation de plénitude vésicale s’affaiblit. Dès lors, les diabétiques doivent particulièrement éviter une distension
chronique de leur vessie. En outre, la maladie affaiblit le
mécanisme de défense, d’où le risque plus élevé d’infections des voies urinaires.
Hypertrophie prostatique
Chez les hommes, un agrandissement de la prostate peut
rendre le cathétérisme difficile, car le diamètre et l’angle
de l’urètre se modifient au niveau de la prostate. Une autre
pointe de cathéter (Thiemann ou pointe à ballonnet) peut
remédier à ce problème.
Autres maladies
Nul doute que des maladies neurologiques telles qu’attaque cérébrale, maladie de Parkinson, mais aussi des
troubles de la vue ou une immobilité croissante peuvent
perturber le cathétérisme ou même le rendre impossible.
Dans ces cas, un entretien approfondi avec le patient
contribue souvent à trouver des moyens auxiliaires facilitant le cathétérisme (aide à la pose d’un cathéter, vêtements spéciaux).
Avec l’âge
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Apprendre le cathétérisme
Avec l’âge, l’obstacle le plus fréquent pour apprendre la
technique du cathétérisme est d’ordre psychique. Une
bonne instruction accompagnée d’empathie permet également d’initier sans problème les personnes d’un certain
âge à cette technique. Il importe de discuter activement
des arguments qui les font souvent douter: «cela ne vaut
plus la peine pour moi», «je ne pourrai jamais l’apprendre»,
etc. Il convient donc de leur transmettre une pensée positive, le fait par exemple que «ne pas avoir de cathéter à
demeure augmente la qualité de vie et chaque jour que
je vis mieux en vaut la peine» ou «je peux et veux l’apprendre», etc. Même si l’instruction peut parfois demander un
20 · Paracontact 4/2008
21 · Paracontact 4/2008
Conclusion
Le cathétérisme intermittent est de nos jours la solution
qui ménage le plus la vessie. L’âge n’est pas un facteur
pour ne pas cathétériser. Même si des problèmes de santé
viennent à compliquer le cathétérisme, un recours à une
autre technique, par ex. à un cathéter à demeure, n’est
que très rarement nécessaire.
Prof. Dr méd. Jürgen Pannek,
médecin chef en neuro-urologie, CSP Nottwil
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