Situé à la base d’une colline crayeuse, au bord du Créanton, Venizy est un ancien village fortifié dont
le tracé et la toponymie ont gardé le souvenir : « les fossés, la tour, le retranchement, le château, le
donjon, la motte bicorne, la motte de Vigny (ancienne maison forte avec pont-levis). »
A proximité du confluent des 2 vallées (Créanton et Brumance), du chemin de Troyes, de la Forêt
d’Othe et des grandes abbayes, à la limite de la Champagne, de la Bourgogne et du domaine royal,
Venizy a joué au Moyen Age et au début des Temps Modernes un rôle historique non négligeable. De
grandes familles se sont succédées, en tant que Seigneurs de Venizy, telles celles d’Erard de Brenne
aux XIIème et XIIIème siècle, de Saarbrück au XIVème siècle, du Prince de Conti au XVIIème siècle, du
Prince de Condé et de la Rochefoucauld à la veille de la Révolution.
L’occupation humaine est attestée dès la préhistoire :
Chasseurs nomades du paléolithique sur les pentes de la cuesta de la Forêt d’Othe (le
Montelard, les Fourneaux).
Agriculteurs sédentaires sur les versants les mieux exposés et dans les fonds des vallées du
Créanton et de la Brumance.
Nécropoles de l’âge de bronze le long du chemin de Troyes.
Villae et bâtiments gallo-romains : au bourg dans la vallée du Créanton proche d’Avrolles, et à
Sévy, à proximité de la forêt où l’on travaillait dès l’époque gauloise, le minerai de fer (on a
d’ailleurs retrouvé dans les ferriers nombre de monnaies et des fragments de poterie ainsi
qu’une houe déposée au musée de Sens).
Après les invasions barbares, le territoire a été occupé au VIIème siècle par les Mérovingiens comme
l’atteste la présence d’un vaste cimetière dont les quelques sépultures fouillées dans les années 1980
ont livré un matériel fort intéressant déposé au musée d’Auxerre (Plaque-boucles, scramasaxes, …).
Au Moyen Age, les grandes abbayes toutes proches, en particulier Pontigny et Coulours, ont possédé
terres et moulins. Au Moyen Age, Venizy possédait 2 établissements hospitaliers : Intra muros, un
hôpital (appelé aussi Hôtel-Dieu, Maison Dieu) et Hors murs, une maladrerie, créée fin XIIème, début
XIIIème siècle aux lieux-dits, de nos jours « la Maladrerie et les Terres de St Fiacre » par Erard de
Brenne à son retour de croisade, avec une léproserie. Il y fut érigé plus tard une chapelle.
Le territoire de Venizy fut dévasté pendant la guerre de Cent ans et un certain nombre d’écarts furent
détruits par « les gens de guerre » : une maison seigneuriale aux Chaillots, une métairie à la Garenne
de Douais (appelée les Devoys) ainsi que le Foulon du Boutoir près des sources du Créanton.
Certaines mottes ont subsisté jusqu’au XVIIème siècle et ont été reconstruites plusieurs fois comme
celle de Vigny.
Venizy, comme bon nombre de villages des environs, a brûlé plusieurs fois. Un des derniers grands
incendies fut celui de 1725 ; il fut si violent qu’il atteignit même l’église qui avait déjà été détruite avec
le presbytère le 16 mars 1607.
Le château actuel date du XIXème siècle et a été restauré dans les années 1960. Il remplace l’ancien
château féodal détruit à la Révolution après avoir été vendu comme bien National. On y voit encore une
partie des anciens fossés. La grille monumentale en fer forgé provient du château d’Avrolles et la
fontaine, de Saint Florentin.
A la veille de la Révolution, Venizy appartenait au baillage de Sens et dépendait du doyenné et du
grenier à sel de Saint Florentin.