1. La vraie vie est ailleurs… Un critique français a parlé de L’élégance du hérisson comme d’une ultime « célébration de la part invisible de l’être ». Est-ce fréquent de ressentir qu’une part de soi est invisible, ou ignorée des autres? À quel point ce « message » contribue-t-il à la popularité du livre? Pourquoi est-ce parfois difficile de montrer aux gens ce que nous sommes réellement et de se faire aimer d’eux pour ce que nous sommes? 2. Ce livre sauvera votre vie… L’élégance du hérisson a été décrit comme une « véritable boîte à outils où chacun va puiser pour régler ses problèmes », une « lecture transformatrice » et un « livre vivifiant ». Trouvezvous qu’il s’agit d’une caractérisation exacte du roman? Dans l’affirmative, qu’est-ce qui le rend ainsi : l’histoire qui y est racontée, les personnages et leurs réflexions, autre chose? Est-ce que des éléments comme le style, une belle prose ou des phrases bien tournées peuvent ajouter quelque chose à un livre vivifiant, indépendamment de l’histoire qui y est racontée? Autrement dit, par exemple dans la perspective de Renée Michel, est-ce que la rencontre d’une beauté pure peut changer nos vies? 3. — « Ce que nous appelons une rose… …sous tout autre nom sentirait aussi bon. » À la fois Renée et Paloma utilisent les stéréotypes à leur avantage, se cachant derrière les perceptions des autres à l’égard de leurs rôles. Notre compréhension des autres et nos sentiments face à eux se limitent souvent à une reconnaissance superficielle des rôles qui leur sont attribués, des noms que la société leur donne – mère célibataire, vendeur de voitures d’occasion, sportif, banquier d’affaires, personne âgée, caissier… Nous avons l’habitude de considérer les gens victimes des stéréotypes, mais serait-il possible que les stéréotypes soient parfois utiles? Quand, dans quelles circonstances et pourquoi devrions-nous accepter une interprétation de nos actions ou de ce que nous sommes reposant sur des stéréotypes? Vous est-il arrivé de créer une mise en scène qui se conforme à certains stéréotypes afin de cacher une part de vous-mêmes? 4. « Une des forces que je tire de mon milieu social est l’habitude du mépris ». (Dorothy Allison) Certaines critiques disent de ce roman qu’il porte sur les classes sociales. Mme Barbery dit ellemême de Renée Michel qu’elle est, entre autres, un véhicule de la critique sociale. Pourtant, pour de nombreux autres lecteurs et critiques, cet aspect est marginal. Selon vous, dans quelle mesure la critique sociale fait-elle partie intégrante du roman? Quel genre de critique est-il fait? De nombreux commentateurs doutaient du succès de ce livre aux États-Unis pour la simple raison qu’une critique de la société française basée sur les classes sociales, aussi séduisante soit-elle, ne peut trouver écho dans une société où de telles classes n’existent pas. Les ÉtatsUnis forment-ils vraiment une société sans classes? Les préjugés à l’égard des classes sociales et les frontières entre ces classes sont-ils moins prononcés aux États-Unis que dans d’autres pays? Les éléments servant à la critique sociale dans le livre sont-ils pertinents pour la société américaine? 5. J’espère mourir avant de devenir vieille… Paloma, la jeune protagoniste du roman, affirme qu’elle planifie se suicider le jour de ses treize ans. La jeune fille ne peut tolérer l’idée de devenir adulte car, estime-t-elle, les adultes renoncent inévitablement à leurs idéaux et subjuguent leurs passions et leurs principes pour agir avec pragmatisme. Devons-nous faire des compromis, renoncer à nos idéaux et trahir nos principes juvéniles lorsque nous devenons adultes? Si oui, pourquoi? Ces compromis et renoncements font-ils nécessairement de nous des hypocrites? À la fin du livre, Paloma a-t-elle réévalué son opinion à propos du monde des adultes ou l’a-t-elle confirmée? 6. Kigo : les 500 mots de saison… Il est de notoriété publique que la langue japonaise possède douze mots différents pour décrire les saisons de l’année et que la poésie traditionnelle japonaise comporte cinq cents mots pour caractériser les différents stades et attributs des saisons. Comme on le voit dans la littérature, l’art et le cinéma de ce pays, la culture japonaise accorde une grande attention aux détails, aux changements subtils et aux nuances. Dans quelle mesure l’origine japonaise de Kakuro est-elle essentielle pour son rôle du personnage qui révèle les affinités cachées d’autrui? Ou est-ce simplement le fait d’être un étranger qui compte? Pourrait-il être originaire de Tasmanie et avoir la même incidence sur l’histoire? 7. Les circonstances façonnent la femme… Les adolescents et les pauvres sont probablement les groupes sociaux les plus enclins à se sentir piégés dans des situations dont ils ne peuvent se sortir, qu’ils n’ont pas choisies et qui conditionnent toute leur vie. Certains lecteurs ont regimbé devant le snobisme inverse avec lequel les personnages principaux de L’élégance du hérisson semblaient considérer initialement le monde autour d’eux et les gens qui l’habitent. S’agit-il d’un véritable mépris ou d’un mécanisme de défense bien rodé, provoqué par les circonstances? Dans ce dernier cas, est-il par conséquent justifié? La vision qu’ont Renée et Paloma du monde et des gens qui les entourent change-t-elle au fil de l’histoire? Renée et Paloma pourraient-elles être davantage portées vers des sentiments fraternels si les circonstances étaient différentes? 8. « Sans avoir reçu de véritable enseignement, sans avoir acquis l’habitude de penser, sans avoir développé d’aptitudes dans l’art de la composition, j’ai pris la résolution d’écrire un livre. » (Edward Gibbon) Dans l’un des premiers chapitres du livre, Renée décrit ce que cela représente d’être autodidacte. « Il me semble un jour embrasser d’un seul regard la totalité du savoir, comme si d’invisibles ramifications naissaient soudain et tissaient entre elles toutes mes lectures éparses – puis, brutalement, le sens se dérobe, l’essentiel me fuit et j’ai beau relire les mêmes lignes, elles m’échappent chaque fois un peu plus tandis que je me fais l’effet d’une vieille folle qui croit son estomac plein d’avoir lu attentivement le menu. Il paraît que la conjonction de cette aptitude et de cette cécité est la marque réservée de l’autodidactie. » Cette description rendelle précisément les sensations communes aux autodidactes? Quels sont les avantages et les inconvénients d’apprendre par soi-même? 9. La pierre philosophale… On a beaucoup fait mention de l’aspect philosophique du livre. Certaines personnes estiment que le penchant de l’auteure pour la philosophie et sa façon d’imbriquer les réflexions philosophiques aux pensées de ses personnages, en particulier de Renée, ralentit l’intrigue. D’autres sont plutôt d’avis qu’il s’agit d’un des plus grands attraits du livre. Quel effet les éléments philosophiques de ce livre ont-ils eu sur vous et sur votre lecture? Pouvez-vous citer d’autres romans qui font référence à la philosophie de manière tout aussi manifeste? Quelles sont les similitudes et les différences entre L’élégance du hérisson et ces autres romans? 10. Un pont entre les générations… Renée a cinquante-quatre ans. Paloma, l’autre personnage principal du livre, en a douze. Et pourtant, l’histoire porte en grande partie sur ces deux personnes en apparence très différentes qui découvrent leurs affinités électives. Dans quelle mesure ce livre porte-t-il sur les possibilités de communication entre les générations? Et quelle importance le fait que Renée est juste un peu trop vieille pour être la mère de Paloma, et juste un peu trop jeune pour être sa grand-mère, a-t-il sur cette question de communication intergénérationnelle? 11. Certaines histoires sont universelles… L’élégance du hérisson a été traduit en trente-cinq langues et vendu dans plus de vingt-cinq pays. Ce roman a été un succès de librairie en France, en Espagne, en Allemagne, en Italie, en Corée du Sud et en Amérique. Dans de nombreux autres pays, même s’il n’a pas figuré sur la liste des ouvrages à succès, ce roman a tout de même connu un succès considérable. Dans la majorité de ces cas, il a été populaire malgré une commercialisation modeste, malgré la réticence de l’auteure à paraître trop souvent en public et son refus de paraître à la télévision, et malgré une réaction relativement limitée de la part de la critique. Le roman a été lu par des millions de personnes principalement grâce au bouche-à-oreille. Selon vous, qu’est-ce qui rend ce livre si populaire auprès des gens? Et pourquoi, même en comparaison à d’autres ouvrages à succès très aimés du public, ce livre est-il un ouvrage dont parlent tellement fréquemment les gens et un ouvrage que les gens recommandent à leurs amis et donnent en cadeau? Que révèle, s’il y a lieu, le succès international de ce livre à propos de l’universalité des récits fictifs actuels? 12. « …un texte est avant tout écrit pour être lu et provoquer des émotions chez le lecteur. » Dans une question connexe, L’élégance du hérisson a été décrit comme « un livre pour les lecteurs » contrairement à un livre écrit pour les critiques, les commentateurs et les professeurs. Que signifie cette affirmation, selon vous? Et, si l’on sous-entend qu’il s’agit d’un livre qui plaira aux lecteurs mais pas aux critiques, pensez-vous que cela pourrait être vrai? Dans l’affirmative, pourquoi? (Questions fournies par l’éditeur.)