En Asie centrale, l’Ouzbékistan annonçait en avril 1999 son adhésion au GUAM, qui devenait
ainsi le GUUAM, alliance régionale formée par la Géorgie, l’Ukraine; et l’Azerbaïdjan en
1996, auxquels s’était jointe la Moldavie en 1997. Seules, apparemment, la Biélorussie et
l’Arménie résistaient aux « sirènes » occidentales, pour le moment du moins..
L’avènement de Vladimir Poutine : un tournant dans les relations russo-américaines?
Le 31 décembre1999, l’on sait que le Président Boris Eltsine, malade et vieillissant,
démissionnait et transmettait le pouvoir à son « dauphin désigné », Vladimir Poutine, élu
triomphalement à la présidence de la Fédération de Russie moins de trois mois plus tard.
Après son ascension fulgurante, le nouveau président, âgé de moins de 50 ans, sportif, et en
pleine santé, sera-t-il tenté de restaurer la puissance russe, et de devenir « Vladimir le Terrible
», ainsi que s’interroge Paul-Marie de la Gorce, en souvenir du tsar Ivan IV (1533-1584),
appelé le « Grand Rassembleur de la terre russe» par les historiens de ce pays [16] ?
Il est bien entendu trop tôt pour le dire, mais, dès sa première année à la tête du pays, son
empreinte personnelle a modifié sensiblement la politique étrangère de la Russie, notamment
vis-à-vis des Etats-Unis. Dès le 14 mars 2000, la secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères,
Madeleine Albright, lançait dans le Figaro un avertissement au nouveau maître de la Russie.
Tout en reconnaissant que la première impression était favorable (« quelqu’un de capable et
d’énergique, de franc et direct, ayant une bonne connaissance des dossiers et des choses
positives à dire sur les réformes économiques, l’état de droit et le contrôle des armements »),
elle déclarait : « Nous devons faire comprendre à la Russie que cette guerre (de Tchétchénie)
doit être réglée par voie politique et non militaire » [17] .
Mais, curieusement, lors de sa première rencontre avec Vladimir Poutine, le 2 février 2000, la
même Madeleine Albright, dans le communiqué commun publié à l’issue de l’entretien, ne
faisait aucune mention de la Tchétchénie, considérée comme une affaire interne (rappelons
que la Tchétchénie fait partie de la Fédération de Russie), mais traitait des menaces contre le
traité ABM et de l’élargissement de l’OTAN [18] .
Le Président Clinton allait dans le même sens, en déclarant « qu’il reconnaissait à la Russie le
droit de combattre le terrorisme, mais non de violer les Droits de l’Homme » [19]. Ce sont
d’autres pays occidentaux, et en premier lieu la France, qui seront partisans d’une politique
beaucoup plus interventionniste vis-à-vis de la Russie dans la campagne de Tchétchénie,
appuyés en cela par de nombreuses organisations non-gouvernementales (Human Rights
Watch, Médecins sans frontières, Médecins du monde etc.) ainsi que par les partis écologistes
des pays d’Europe occidentale. Peut-être les autorités américaines partageaient-elles le même
sentiment à propos de ce qui se passait en Tchétchénie, mais du moins restèrent-elles discrètes
sur le sujet, tant, pour elles, l’objectif primordial était d’arriver à un accord avec les Russes
sur le problème de la négociation globale de la réduction des armements - problème
planétaire, mettant en jeu peut-être l’avenir de l’espèce humaine, et non plus conflit ethnique
très localisé -.
Pourquoi « l’équilibre de la terreur», ainsi qu’on a pu l’appeler, était-il remis en cause? La
réponse tient en quelques mots : c’était le projet de système de défense anti-missiles (National
Defense Missile System) élaboré par le Pentagone, pour se protéger des nouvelles menaces
que représentent des Etats jugés imprévisibles ou agressifs, désignés du nom infâmant de «
rogue states », que l’on peut traduire par « Etats-voyous »[20], tels que la Corée du Nord, qui
dispose d’une industrie nucléaire, l’Irak, qui a réussi à enrichir l’uranium dans des