Guy LAFON, En lisant l’Epître aux Romains
communication avec nous, par la parole et par l'écrit : par ses prophètes dans les saintes écritures. Il en
est ainsi aujourd'hui encore : Paul a été mis à part pour transmettre cette heureuse annonce.
Nous ne sommes pas surpris que l'histoire, entendons par là le temps des humains, soit
comparable à une immense conversation, à un entretien continu qui se poursuit par des paroles et
par des gestes, dans la violence ou dans la paix. Mais nous pouvons nous étonner que, dans cette
histoire, se propage une heureuse annonce et que celle-ci vienne de Dieu.
Certes, comme nous l'a rappelé Bergson, quelque signification qu'on donne à ce nom de Dieu, «
statique ou dynamique ....la religion tient (Dieu) avant tout pour un Être qui peut entrer en rapport
avec nous. » Mais, enfin, qu'il entre effectivement en rapport avec nous, c'est autre chose. Nous
passons du possible au réel ou, plutôt, du virtuel à l'actuel. Si nous acceptons de faire ce passage,
alors nous conviendrons sans peine que la communication entre Dieu et nous ne peut se produire
qu'humainement, selon les modes de communication que nous connaissons et, notamment, par la
parole et par l'écrit. Ainsi, en pensant que Dieu « peut entrer en rapport avec nous », admettons-
nous déjà une certaine humanisation de ce Dieu, puisque nous introduisons celui-ci à l'intérieur
d'une pratique très communément humaine, la communication.
Bien plus, nous accepterons aussi que quelqu'un soit spécialement « envoyé » et même qu'il ait été «
appelé » pour remplir cette fonction, qu'il soit donc, par exemple, Apôtre par appel, établi à part
pour l'heureuse annonce de Dieu. Et nous accorderons aussi que cet Apôtre s'efface lui-même devant
sa mission, qu'il puisse se nommer Paul, c'est-à-dire « petit », infime, et même esclave de Christ
Jésus, c'est-à-dire asservi à quelqu'un qui est lui-même marqué, « oint » et qui mérite bien, lui aussi,
le nom qu'il porte, « Sauveur » ou « IHVH - Sauveur.»
Pourquoi montrons-nous tant de facilité à accepter une telle communication entre Dieu et nous ?
Mais tout simplement parce que, une fois admis que Dieu entre effectivement en rapport avec
nous, les conditions de l'entretien qu'il engage et poursuit ne peuvent que se conformer à ce que
nous sommes tous ensemble, les uns avec les autres, dans l'histoire. Or, s'il est vrai que nous ne
cessons d'y poursuivre un entretien entre nous, celui-ci n'y est pas toujours heureux et, quand il l'est,
il ne l'est pas absolument. Rien donc de bien étonnant si cette communication de Dieu prend pour
nous l'aspect d'un « salut », si Dieu lui-même « sauve », si c'est là sa marque, exceptionnelle, dans la