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8.
Reportage
Mardi 12 août 2008 Le Télégramme
Evénement. Plouray attend le dalaï-lama
Drupön Nawang est le supérieur de la congrégation et maître de retraite du centre bouddhiste de Plouray.
Photos Claude Prigent
Sa tournée en
France a débuté
hier. Dès jeudi, Le
dalaï-lama sera
en Bretagne pour
honorer le centre
bouddhiste de
Plouray. Plus de
3.000 personnes
sont attendues
dans le Morbihan
pour l’écouter. À
deux jours de
cette visite
exceptionnelle,
reportage dans
un océan de
sérénité.
Plouray
Lorient
Le programme de jeudi
Le centre sera ouvert au public, à partir de
9 h 30.
Le dalaï-lama arrivera vers 14 h 30 et sera
accueilli par les personnalités civiles et
religieuses. Il fera ensuite une allocution
publique en extérieur.
À 19 h, le centre sera fermé au public.
Depuis dimanche, tous les jours, à partir de
14 h, le centre propose plusieurs
animations dont des visites guidées et une
exposition photo intitulée « Bouddhisme,
culture et tradition, la lignée Drukpa ».
Renseignements au 02.97.34.82.65.
Internet : www.drukpa.eu.
Mail : [email protected]
Casque rose sur la tête, la petite blondinette
apprend à faire du vélo avec sa maman dans les
allées du centre, entre la salle de méditation et le
superbe moulin à prières inauguré récemment et qui
surplombe le site. La fillette est venue avec sa
famille pour une retraite dans l’écrin verdoyant et
reposant du centre bouddhiste tibétain Drukpa, de
Plouray. La famille allemande est installée dans l’un
des six pavillons construits à cet effet dans le jardin
de méditation.
Une douce effervescence
Autour d’elle règne une douce effervescence presque silencieuse. Des barrières sont installées à l’entrée du centre, les chaises sont disposées sur la
pelouse en face de la salle de méditation pour écouter l’allocution du dalaï-lama, un drapeau tibétain a
été hissé pour l’occasion. Sur le superbe Stupa, un
monument en forme de dôme abritant des reliques,
six bénévoles s’affairent pour lui redonner des couleurs flamboyantes. Cela fait dix jours que Catherine, Berrichonne et peintre, participe à la tâche avec
un plaisir évident. « Ce n’est pas un travail de peintre que je fais ici, mais un travail sur moi. Pouvoir
contribuer à ce moment exceptionnel, c’est un vrai
cadeau». À l’intérieur du Stupa, les pots de peinture
côtoient les offrandes de bouquets de fleurs et les
cierges allumés.
Bonheur et sérénité
L’émulation est perceptible. Le bonheur et la sérénité également à quelques jours de la venue du dalaïlama. Ce sera sa première visite depuis la création
de ce centre bouddhiste de l’école Drukpa en plein
cœur des Montagnes noires. C’était en 1985.
Un couple du coin, qui avait une ferme sur un terrain de 10 hectares ici à Plouray, souhaita en faire
don à un grand maître bouddhiste aujourd’hui décédé qu’ils avaient rencontré. La lignée Drukpa, l’une
des écoles du bouddhisme, s’établit alors ici. Et dès
1989, Gyalwang Drukpa, une des figures de la nouvelle génération de maîtres tibétains qui dirige
actuellement la lignée, a envoyé un enseignant permanent ici à la demande des bouddhistes du centre.
C’est à Drupön Nawang, originaire du Bouthan, que
cette mission a été confiée. La carrure imposante, le
sourire facile, le Supérieur de ce qui est depuis 2004
une congrégation religieuse est aussi le maître de
retraite de méditation. S’il reconnaît quelques difficultés d’adaptation lorsqu’il est arrivé de Darjeeling,
« liés à la langue, la culture, l’alimentation», tout
est oublié désormais. Et la venue du dalaï-lama le
comble. Oublié le rendez-vous manqué de 2006
pour raisons de santé. Il pense à « tous ces pratiquants qui pourront entendre son message de paix.
Pour nous, le dalaï-lama c’est Bouddha. C’est donc
très important et pas seulement à l’échelle d’une vie
humaine. Sur plusieurs milliers d’années, ce signe
ne peut se produire qu’une fois ».
Quelques pratiquants
et beaucoup de sympathisants attendus
Jeudi, le centre de Plouray s’attend à recevoir avant
tout « quelques pratiquants bretons mais surtout
beaucoup de sympathisants, ainsi que des gens du
coin », explique le moine Phuntsog, l’un des dix résidants du centre avec un second moine, quelques
laïcs et cinq nonnes. « La majorité des pratiquants
bouddhistes ira à Nantes pour les journées d’enseignement».
Dans la boutique, qui déménagera du corps de ferme où dormira le dalaï-lama, vers un chapiteau,
Sabine, une bénévole prépare les nombreux cartons
pour transporter les souvenirs en tout genre mais
surtout les nombreux livres.
« Nous avons considérablement augmenté nos
stocks, surtout les ouvrages de sa Sainteté. Nous
aurons beaucoup de novices dans la foule, ils voudront certainement en savoir davantage ensuite ».
Parmi eux, beaucoup de Plouraysiens. Depuis
23 ans, ils ont totalement adopté le centre et sont
les premiers à venir seul ou en famille s’y balader le
dimanche après-midi.
Gaël Le Saout
Entre 1.000 et 1.500 personnes au centre chaque année
Les accents chantent, se mélangent dans une certaine harmonie. Au centre bouddhiste Drukpa de
Plouray l’on y vient de toute l’Europe. C’est ici la
maison mère de la lignée Drukpa pour l’ensemble
du Vieux continent. Drupön Nawang, le téléphone
portable caché sous son habit, est le responsable
européen de cette école. « Les différences sont
vraiment très subtiles entre les différentes écoles
de bouddhisme tibétain » explique Phuntsog, l’un
des moines. « Certaines auront peut-être plus de
sensibilité vers la philosophie, d’autres vers la
méditation. Ici, à Plouray, la méditation a une
grande place ».
Pas de profil type
Chaque année, ils sont entre 1.000 et 1.500 à y
venir pour quelques heures, quelques jours ou
quelques semaines. Pas de profil type. « Il y a vrai-
ment des gens de toutes les catégories sociales.
Cela va du médecin, au journaliste comme moi,
aux cadres, aux employés » explique Thierry, l’un
des pratiquants du centre depuis dix-huit ans
maintenant. « La fréquentation augmente de
manière continue depuis l’installation. J’ai commencé à m’y rendre en 1990. A l’époque, nous
étions peut-être une soixantaine lorsqu’il y avait
des enseignements. Aujourd’hui, nous sommes
plus de 400 à chaque fois ».
Pas de stratégie de conquête
Une tendance que confirme Drupön Nawang, installé dans la salle de méditation. « Le lien s’est
créé au fil des années. Le bouddhisme s’est développé ici mais de manière très naturelle, en harmonie, sans objectif et surtout sans stratégie de
conquête. Les choses se font si elles doivent se fai-
re ».
Dans la salle attenante, le téléphone ne cesse de
sonner. « C’est ici que nous prenons les réservations pour la semaine d’enseignement à Nantes
du Dalaï-lama du 15 au 20 août. Il ne reste presque plus de places disponibles » explique Phuntsog. Des places qui sont payantes (entre 10¤ pour
la conférence publique à 175¤ pour les enseignements et méditation) ce qui a surpris certains sympathisants. « Dans la charte du Dalaï-lama, il est
écrit que ses voyages ne doivent donner lieu à
aucun bénéfice », précise Thierry Lamouroux,
bouddhiste parlant le tibétain et responsable des
traducteurs à Nantes. « Cette participation financière servira simplement à couvrir les frais d’organisation. Il y aura zéro centime de bénéfice ».
G.L.S.
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