LES EVANGILES SYNOPTIQUES

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LES EVANGILES SYNOPTIQUES
1 P 3,15 « rendre compte de l’Espérance qui est en nous, avec douceur... »
(notes d’étudiant)
LES EVANGILES SYNOPTIQUES...................................................................................................................................................1
INTRODUCTION : LE MONDE OU VIVAIT JESUS…........................................................................................................................................1
CH 1. DE L’EVANGILE AUX EVANGILES ....................................................................................................................................................1
1.1 Un titre « évangile » ............................................................................................................................................................1
1.2 Des auteurs différents .........................................................................................................................................................2
1.3 Des lectures plurielles ..........................................................................................................................................................3
1.4 Des Récits.............................................................................................................................................................................3
CH 2 . LES RECITS DE PASSION ET RESURRECTION. ....................................................................................................................................3
2.1 Le scandale de la croix.........................................................................................................................................................3
2.2 Récits de la Passion et Lumière de Pâques ..........................................................................................................................4
2.3 Les récits de la Passion. .......................................................................................................................................................4
2.4 Les récits de la Résurrection. ...............................................................................................................................................4
CH 3 . LES MIRACLES ..........................................................................................................................................................................5
CH 4 . LES EVANGILES DE L’ENFANCE......................................................................................................................................................7
CH 5 . LES PARABOLES .........................................................................................................................................................................8
LES PARABOLES DANS LES SYNOPTIQUES .................................................................................................................................9
CH 6 . LES EVANGILES ET LE JESUS DE L’HISTOIRE....................................................................................................................................11
Un peu d’histoire .....................................................................................................................................................................11
Critères d’authenticité historique des évangiles......................................................................................................................11
Conclusion ...............................................................................................................................................................................12
Introduction : le monde où vivait Jésus….
• A l’époque où Jésus prèche, la Palestine fait partie de l’Empire depuis environ un siècle. Le latin est la langue parlée à l’ouest
de l’empire, le grec la langue commune qui a supplanté à l’est les autres dialectes. En palestine, on parle aussi l’hébreu et
l’araméen.
• A la mort d’Hérode le Grand, la Judée Samarie est confiée à Archélaus ( éxilé en 6, puis des procurateurs, comme Pilate de 26
à 36) et la Galilée à Hérode Antipas ( époux d’Hérodiade )
• Jérusalem : environ 50 000 hbts ( 3x + durant les fêtes )
• Rome et Alexandrie : 1 ou 2 millions ( A Alexandrie, un cinquième de la population est juive, soit entre 200 000 et 400 000 )
Antioche, Ephèse, Corinthe, Tarse : un demi million
En fait, Jérusalem est un tout petit centre. Près de 10 % de l’Empire est juif ( 7 à 8 millions ), d’où le succès des voyages
de Paul.
CH 1. De l’Evangile aux évangiles
1.1 Un titre « évangile »
Le terme « mémoire des apôtres » de Justin mémorial évangiles ( 120 : Justin ). Mais l’Evangile est unique, c’est le
Christ. (la passion, sa résurrection) Les évangiles ne sont pas seulement un mémoire ( d’abord liturgique), ni même une
biographie car les biographes concernent les morts, mais ils nous permettent d’accéder à la personne du Christ, à l’Evangile
qui est le Christ.
1
NB : Il n’est pas anodin que le Christ n’ait rien écrit, mais qu’il l’ait confié aux homme. C’est dans la nature même de notre Dieu,
son humilité devant la liberté de l’homme, dans la continuité aussi de son incarnation.. Cela nous enseigne sur la nature de
notre Dieu, et aussi sur la place fondamentale de la tradition.
Evangile = bonne nouvelle, et par extension la « récompense » que les grecs donnaient au porteur de la bonne nouvelle. Dc lié
à l’idée de victoire. Dans l’AT, le mot évangile est de la racine BSR, annoncer une bonne nouvelle. Ex : Ps 40,16 Ps 96,2 Ps 68,12
Is 40,9 Is 52,7 Is 61 et Mc 1,14 et Mt 9,35: le temps de règne de Dieu est arrivé ( les aveugles voient...). Puis peu à peu l’Ev de
Dieu devient Evangile du Christ (Rm 15,19-20). C’est l’évangile du Christ, mort et ressuscité. A la lumière de sa résurrection, les
chrétiens comprennent que le Christ est l’Evangile. Cf. 1 Cor 15 : « le Christ mort (événement historique) pour nos péchés
(interprété par les Ecritures), Il est ressuscité ( actualité du Salut) ». = les 3 dim° constitutives du discours chrétien. Ac 5, 42 Ac
8,35 Ac 11,20
1.2 Des auteurs différents
MARC :
MATTHIEU :
LUC :
- Marc est disciple de Pierre. C’est le Jean C’est un enseignant + un scribe rodé aux - Luc n’est ni palestinien, ni juif. Homme
Marc d’Ac 12,12 ( qui retourne chez sa
méthodes juives, sachant tirés du neuf
cultivé au grec raffiné, il se présente
mère en 13,5 )
de l’ancien.
comme un historien. Médecin. Disciple
de Paul, qu’il accompagne à Troas ( Col
4,14)
- Rome de 65 à 70.
- Syrie (Antioche ?) vers 80, après la
- dans les 80s. Asie mineure ?
chute de Jérusalem.
- Pour des chrétiens d’origine non juive
- Pour des chrétiens issus du Judaïsme
- Pour des chrétiens d’origine païenne de
et n’habitant pas en Palestine. ( rien sur (insiste sur l’accomplissement des
culture grecque...
1
la Loi). Marc rapporte la prédication de
Ecritures ; le Christ accomplit ; Christ //
Pierre, à des anciens païens ( il traduit les Moïse ; 5 grands discours // Torah //
2
mots araméens et explique le judaisme), Ps ;), en conflit avec le judaïsme officiel
menacés de persécutions. La foi qu’il
de Yavné. Et également ce souci de
annonce n’est pas une foi tranquille et
porter le Messie aux goyims.
oblige à prendre des risques. ( Marc a vu
Pierre martyrisé à mort en 64… ?)
Vocabulaire pauvre et lourdeur du style. Il résume et élague l’anecdotique, y La tendresse de Dieu et la grandeur de
Style direct, insistant sur la vie, le détail, compris les sentiment humains du Christ son Amour. Le temps du Christ est
le pittoresque...le Conteur du rabbi de (colère,
tendresse...) :
Christ
est inséparable aux temps de l’Eglise (
Nazareth aux traits humains accusés.
Seigneur, célébré. Le seul sentiment Actes). Couples : JB et Jésus ; Zacharie et
humain que conserve Mt est « ému de Marie ; Marthe et Marie ; les 2 fils ; Le
compassion », « remué aux entrailles » ( juge et la veuve ; Le pharisien et le
9,36 / 14,14 / 15,32 / 20,34) car publicain ; les maudits et les Bx ; le lévite
l’expression renvoie au Dieu de l’AT ( et le bon samaritain ; le pharisien et la
Osée 11,8 ) . Christ enseigne la Loi femme ; Zachée et Jérusalem ; le 2
Nouvelle. Il accomplit. Evangile ecclésial ( larrons ; ...
Pierre ; appels à la vigilance, conseils de Style clair et élégant. Bon historien mais
3
vie ecclésiale et fraternelle ...). Mt nous mauvais géographe : il ne connaît pas la
situe toujours à la fois sur les rives du lac géographie de la Palestine. Souci plus
de Galilée dans les années 30 et dans théologique. Grande délicatesse envers
l’Eglise chrétienne des années 80 les pauvres, les femmes, les pécheurs…
célébrant son Seigneur, et recevant son Dante parlait de l’évangéliste de la
enseignement.
tendresse de Dieu.
1
130 citations de l’AT dont 43 explicites. Il les tourne parfois à son avantage comme le fait la tradition juive ( Cf. 27,9 ou 21,1-19…). Il ne prononce pas le
nom divin mais parle du Royaume des Cieux, insiste sur les chiffres ( 7 demandes du Pater, 7 paraboles, 7 pains, 7 corbeilles, 3 tentations et 3 bonnes
œuvres…)
2
Les attaques très dures de Mt 23 ( Malheurs à vous…) sont peut-être plus celle de Mt des 80s que de Jésus des années 30s…
3
Centré sur le Ry des Cieux et sur son ébauche dans l’Eglise. Cet Evangile a profondément marqué le christianisme occidental.
2
La critique interne = ce que l’on apprend seulement à la lecture des évangiles (style, destinataire, enracinement culturel,
Théologie propre...)
La théorie des 2 sources =
sp 1
Mt et Luc ont en commun des
passages de Marc. Mais
également d’autres, absents
chez Marc, d’où l’hypothèse
d’une 2° source , inconnue,
nommée Q.
Enfin, chacun des 3 possède
des éléments propres (sp).
MARC
Q ?
sp 2
sp 3
Matthieu
Luc
(sp = source propre )
1.3 Des lectures plurielles
Ceux qui nient les divergences ( Celse, Julien l’apostat...)et tentent d’harmoniser ( Aug. De Consensu ). Marcion qui retranche
tout ce qui est contraire à l’esprit du Christ, ou ce qui n’est pas propre au NT. Mc 16,10
A l’inverse, Irénée et Origène insistent sur les divergences comme richesses. « visage multiforme du Christ » dit Irénée ; richesse
de l’Eglise. Mystère du Christ -l’Unique évangile - et de son Eglise.
Récap : Prêchant l’Ev. du règne de Dieu, le Christ prêche 2 attitudes fondamentales : la conversion et la foi (confiance). A la
lumière de sa mort et de sa résurrection , on découvre l’actualité des actes et paroles du Christ. Ces mémoires sont Bn Nv
permettant d’accéder à JX.
1.4 Des Récits
Les Evangiles sont des récits. Chacun se présente comme un tout, un récit ( Ds la Bible Dieu se raconte par des histoires,
racontes des histoires à ses enfants...) déploiement d’une révélation. Le récit est le langage qui convient le mieux à
l’incarnation ( contre ex de l’Ev de Thomas, recueil de sentences gnostiques pour initiés sauvés par leur savoir ). Plusieurs
actes : ( L’enfance ) - La Galilée et la prédication - La Montée à Jérusalem - La Passion résurrection.
Ex de Marc :
- 1 à 8,27 : Galilée - secret de la messianité du Christ
- profession de Foi de Pierre. JX enseigne que est sa messianité
- Elle est reconnue dans sa Passion et proclamé par le centurion en 15,39, glorifié par la résurrection.
Le récit est fait d’une série de rencontres , afin de me permettre moi aussi de rencontrer mon Sauveur. ( Dieu se dit ds
l’histoire mais ne s’y réduit pas. Sans nier l’historicité des txts, laisser cette historicité à sa juste place )
Ch 2 . Les récits de Passion et Résurrection.
Une place disproportionnée : 5/16 Ch chez Marc et 8 versets pour la Résurrection...Pq s’attarder ainsi sur la Passion pourtant
scandaleuse et humiliante ... ? ( d’abord, Marc s’adresse à la Cté romaine qui a connu le martyr de Pierre et Paul, et la
persécution...) C’est au pied de la croix que la messianité du Christ est enfin reconnu et par un païen...
2.1 Le scandale de la croix.
Il faudra attendre 4 siècles ( invention de Ste Hélène ) pour que la Croix soit accueillie et vénérée...Elle est scandale, ie piège,
pierre d’achoppement qui fait chuter...Malédiction par Dieu, pour un juif ( Dt 21,23 « si un ho a été pendu à un arbre tu
l’enterreras le jour même car c’est une malédiction de Dieu... »). Et Paul découvre qu’ainsi c’est la Loi qui est tué puisque la
croix devient bénédiction...La croix est impensable aussi pour un citoyen romain (Cf. Cicéron ). Le Christ aurait dû être lapidé
car il n’était pas un criminel ( même si Qumran relate que des religieux juifs avaient été crucifié en - 150 ). 2 Cor 5,15 / Rm 4,25
/ 8, 34 omettent la croix ( =/= Ac 2,22...)
3
2.2 Récits de la Passion et Lumière de Pâques
Ces récits y sont transfigurés. 2 txts les éclairent : les psaumes du juste souffrant et victorieux ( 22-69-31-38-41 ) et Le chant du
serviteur chez Isaïe ( 2° chant en Is 52-53 ). Exemples :
- Mt 27,46 ( Elie, Elie...) : qd on cite un passage c’est tout le Ps qui est cité, et le Ps 22,2 se termine par « je sais que je ne peux
compter que sur toi » ( nb : Qd je crie, je sais que je suis entendu )
- Mt 27,39 ( les passants l’insultaient en hochant la tête ) : ref implicite à Ps 22.8 et 109.25 / (vin mêlé de fiel ) : Ps 69.22
- Le Christ silencieux devant Pilate ( ou Hérode Antipas chez Luc ). // Is 42,2 - 53,7 - 50,5
- les outrages // Is 50,6
- l’obscurité qui gagne la Terre // Le jour du Jugement en So 1.45 Joël 2.10 et 3.3 Amos 8.9 souci eschatologique ( Cf.
Resu° des morts chez Mt et tremblement de terre, le voile du Temple...)
=> Donc pas seulement un récit historique mais avec une dimension théologique...
Cepdt, aucun txt ne laissait prévoir explicitement que le messie mourrait sur la croix. Il y a là rupture. Scandaleuse
humainement, d’où toutes les références aux Ecritures, pour montrer que c’était ds le dessein de Dieu. (id. pour la chute des
disciples...)La Passion du Christ va devenir le modèle de la Passion de ces disciples...( Etienne...)
2.3 Les récits de la Passion.
Des récits différents. Cepdt, la composition littéraire d’un passage est au service d’une visée théologique, et puiser ds l’un ou
l’autre pour synthétiser, et mélanger les txts brouille la perception de cette visée théologique (A.Vanhoye, La passion selon les
4 évangiles, lire la Bible 55) ; « La matérialité des faits a moins d’importance que leur signification religieuse. Séparer tel détail
pour le transposer, c’est l’empêcher de vouloir dire ce qu’il voulait dire . »
MARC / le choc des faits bruts ; peu d’explications. Ex : à l’arrestation , Marc ne relate pas les paroles de Jésus.
==>Tonalité kérygmatique. C’est devant le sanhédrin que pour la première fois, Jésus se reconnaît Messie (14.62 « Es-tu le
Christ, le Fils de Dieu ? - Je le suis, et vous verrez les Fils de l’homme siéger à la droite de la Puissance et venant avec les nuées
du ciel »), c’est devant Pilate qu’Il se reconnaît Roi ( 15.2), c’est le centurion qui confesse sa filiation divine. Aux Théophanie de
la 1° partie de l’Evangile (Baptême en 1.11 et Transfiguration en 9.7) s’oppose la confession du centurion à la fin. Un acte de Foi
qui n’intégrerait pas la réalité de la croix n’honorerait pas l’identité véritable de Jésus.
MATTHIEU/ A l’inverse, des paroles éclairent constamment le récit. Jésus se réfère svt à l’AT. Il donne sa vie en pleine
connaissance de cause. Maîtrise de sa destinée. Ex : il refuse la violence à l’arrestation, ainsi que les légions d’anges « car il faut
que s’accomplissent les Ecritures »(26.54).
==> une orientation doctrinale ( les 30 pièces à judas, le fiel du Ps 69,...tt est accomplissement), christologique ( dim°
eschatologique de la mort de Jésus, tremblement de terre, etc...le règne de la mort est vaincu ; répétition des « dorénavant »
(26.64 « dorénavant, vous verrez les Fils de l’homme siéger à la droite... » ) marquant un avant et un après) et ecclésiale (la
Passion est le sommet du rejet d’Israël).
LUC / historien. Fort souci de respecter une logique historique des récits. (ex : la tentative de résistance est avant l’arrestation).
De plus, Luc souligne la grandeur morale de Jésus : à l’arrestation, il guérit l’oreille du serviteur, regarde Pierre au reniement,
pardonne sur la croix...
==> la Passion comme combat spirituel eschatologique, contre les puissances du mal et Satan (nommé souvent : en 4.13 il
s’éloigne et revient en 22.31.) la Passion est l’ultime épreuve , la 4° tentation ( 22.3 :« Satan entra en judas » et 22.53 :« c’est
l’heure et le pouvoir des ténèbres » ), mais l’ange vient le réconforter comme Elie ( 22.43). Et le Christ répond à la violence par
l’Amour. De plus, chez Luc, le X prie à chaque moment important de sa vie.
Du Père au Père, la première et la dernière parole du Christ, chez Luc : 2.49 « ne saviez-vous pas que je dois être aux
affaires de mon père » et 23.46 « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Enfin, la mort de Jésus est la mort du juste,
comme tous en témoignent : Pilate (23,4.14.22), le peuple pleurant sur lui-même (23,27.35.48), le larron (23,41) et le centurion
(23,47). Jésus innocemment persécuté et condamné prend sur lui la souffrance de tous les innocents. (nb : se souvenir que le
procès de Jésus est un procès religieux : sadducéens, grands prêtres, ... jamais il n’est fait mention des pharisiens)
2.4 Les récits de la Résurrection.
C’est un choc pour les disciples. Paul, par exemple ne parle que peu de la vie de Jésus mais revient sans cesse sur
l’actualité de sa résurrection. A l’époque, la résurrection était attendue pour la fin des temps ( Cf Jn 11.24 Marthe « je sais qu’il
ressuscitera au dernier jour »)
4
Comment dire l’indicible ? Des credo ( 1 Co 15 : le christ mort ( aoriste ), enseveli (aoriste), ressuscité (parfait : action
actuelle)...le 3° jour, i.e. à la fin des temps, (Cf. Targoum d’Osée 6.2). ) et des hymnes, fréquents ds les contextes de l’époque :
les baptêmes et les tribunaux...
La prédication missionnaire : toujours 3 temps : la référence aux Ecritures, l’événement historique de la mort, l’actualité de la
résurrection .
Le terme ressusciter : le terme n’existe bien sûr pas en grec. Alors il y a deux types de mots pour le dire :
1- relever + réveiller : avantage d’une continuité de la personne du X avant et après.
2 - exalter + glorifier : avantage de faire une différence d’avec Lazare ou la fille de Jaïre...De sorte que celui qui a
retrouvé la vie a été introduit ds une vie toute autre, céleste, d’où il exerce la souveraineté de Dieu.
Les évangélistes vont reprendre cela :
1 - Dieu a ressuscité Jésus : LUC 24,36-43 . Luc privilégie la continuité, la reconnaissance de la personne ( même s’il faut
du temps, voire des médiateurs : les Ecritures, la fraction du pain...Cf. Emmaüs), la corporéité de Jésus ( on l’a vu, touché,
mangé avec Lui...)
2 - Dieu a exalté Jésus : MATTHIEU 28,16-20. En Galilée. Devant le Christ exalté, les onze se prosternent.
Le message pascal de Marc, Matthieu et Luc
- Chez Marc, toujours la dimension du secret ( les femmes se taisent après le tombeau...dans l’émerveillement et la crainte).
Accueillir sans comprendre la puissance de la parole de Dieu
- Chez Matthieu, présence des gardes, la supercherie des prêtres, les tremblements de terre comme à la mort,...un messager
vainqueur et apocalyptique... et le X qui dit « allez annoncer à mes frères... » relation nouvelle, ecclésiale, de Jésus à ses
disciples. Mt est ecclésial car la place de Pierre est centrale, et le titre de Seigneur est donné à Jésus. Le X accompagne son
Eglise
- De même, il ne disparaît pas chez Luc ( Emmanuel ) mais reste ds son Eglise...Chez Luc, il y a unité de Lieu (apparition
uniquement à Jérusalem ) et de temps ( tout le Ch 24 - tombeau vide + Emmaus + apparition aux onze - en une seule
journée...). L’évangile s’achève là où il avait commencé : au Temple.
Ch 3 . Les Miracles
Les miracles sont des événements qui nous disent le salut.
les miracles au temps de Jésus
L’univers culturel de la Bible est très différent du notre. La maladie par exemple est perçue comme l’extériorisation d’un mal
intérieur... Les rapports de l’homme à la nature, à l’histoire, à Dieu, sont profondément différents des nôtres. Et donc, la
conception du miracle. La présence et l’interaction de Dieu dans les lois de la nature sont quelque chose de classique,
d’évident, pour faire vivre sa création et son peuple Israël. Tout est miracle : les saisons, les pluies, la fécondité...
- Dans le monde grec
Parmi les intellectuel, la tendance est au scepticisme considérant le surnaturel. Flavius Josèphe préfère donner des explication
naturelle aux prodiges bibliques. Pour le peuple, c’est différent. Ne croyant plus aux dieux traditionnelles de la Cité, trop
lointains, froids et formalistes, beaucoup se tournent vers des divinités orientales nouvelles, plus proches et chaleureuses :
Asklépios, Dionysos, Isis et Sarapis... Si tout cela traduit une montée de l’individualisme, cela traduit surtout une immense
quête de Salut, mêlée à un certain syncrétisme.
- dans le judaïsme hellénistique et rabbinique
Les élites accueillent les miracles avec méfiance...Il n’a aucun rôle chez les esseniens, par exemple. Les scribes embellissent les
récits bibliques, pour montrer que Dieu seul mène l’univers...Réticence des Rabbis. Ceux-ci n’ont pour seul souci que de revenir
sans cesse au miracle essentiel qu’est la Libération d’Egypte. Les miracles n’ont de valeur que s’ils sont au service de la Torah,
s’ils l’éclairent ou la confirme (d’où le scandale de miracle du X durant le shabbat...).
Dans les milieux populaires, les exorcistes et « faux messie » sont nombreux. Cf. Mc 13.22 + Mt 12.27 + Ac 19.13 + Ac 5.36 +
Ac 21.38. De sorte que les scribes en 135, établirent des critères de discernement : les miracles vrais sont en lien avec
l’enseignement de la Torah, conformes ceux de l’Exode, désintéresses financièrement,... ce qui rejoint du reste la parole de
Jésus : Lc 16.31 « Du moment qu'ils n'écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si quelqu'un ressuscite d'entre les morts, ils
ne seront pas convaincus. ».
Les miracles de Jésus et l’Evangile.
On dénombre une trentaine de miracles. Plusieurs types :
- guérisons et réanimations
- exorcismes
- récits de sauvetages ( Tempête apaisée...)
- dons ( multiplications des pains...)
- légitimation ( du pardon par la guérison, comme à Capharnaüm...)
5
- Epiphanies ( la marche sur les eaux, comme Moïse traversant la mer...)
Ils sont inséparables de sa Parole, et plus particulièrement des paraboles
Ils sont intimement liés à l’annonce de la venue du Règne de Dieu, du Royaume.
Ils déploient donc le pouvoir libérateur de Dieu dans les impasses où l’homme se trouve jeté par ses maladies, ses peurs, son
péché, son impuissance...Le miracle dit en un geste ce que la parabole dit en un mot.
Signes de la venue du Règne de Dieu, les miracles manifestent que le salut n’est pas seulement une grandeur spirituelle, mais
qu’il concerne l’homme tout entier et l’atteint aussi dans sa dimension corporelle. C’est toute la personne que Jésus guérit,
dans sa relation à elle-même, à la société, et à Dieu. Jésus s’y fait l’instrument obéissant d’un Dieu bouleversé par le malheur
des hommes et femmes mutilés dans leur humanité : Mt 9.36 et 20.34 , Lc 7.13 , Mc 1.41...
NB : La relation de la foi au miracle est double :
a - le miracle peut conduire à la foi : Dans Marc, les miracles ne sont que dans la première partie de l’Evangile et
conduisent toujours à une question : qui est-Il ? Quand Pierre y répond , en Mc 8.29, les miracles cessent. Dieu n’écrase
pas l’homme par sa puissance : il veut une réponse libre, et les miracles ne peuvent être une preuve évidente pour la foi.
b - la reconnaissance des miracles comme miracles, c’est à dire comme action de Dieu supposent la foi, et une confiance
en la puissance miraculeuse de Jésus. Ils sont alors une réponse à une demande ; « ta foi t’a sauvé »
=> Ainsi la foi au miracle n’est donc pas une foi au prodige mais une confiance en la Toute puissance de Dieu, en sa
Providence et en sa Bonté. Son objet de foi ne porte pas sur les phénomènes extraordinaires mais sur Dieu lui-même.
Par le miracle, Dieu agit par Jésus pour le salut de l’homme et du monde. Nous en avons pour preuve l’acte par lequel Dieu
ressuscite Jésus, réalisant ainsi de manière totale et définitive ce que la vie et la mort de Jésus avaient préfiguré et anticipé : le
salut et la libération des hommes.
Les miracles de Jésus sont caractéristiques par :
- le renvoi systématique à Dieu comme origine du miracle
- l’effet libérateur
- la gratuité de l’intervention
- l’intention exclusivement bénéfique
- la méfiance déclarée de Jésus face aux demande de signes qui viendraient légitimer son autorité ( Mc 6.4...)
Ainsi, Il se présent comme l’Unique Sauveur. Il inaugure le Règne de Dieu. Dieu agit par ses mains.
Les miracles de Jésus et les évangiles.
Les évangiles ne sont pas nous le savons, des biographies de la vie de Jésus. témoignages de la foi, ils veulent nous ouvrir à une
compréhension toujours plus grande du mystère de Jésus, Bonne nouvelle. De même les miracles, qui nous ouvrent à la réalité
du salut.
- chez Matthieu, ils sont comme le sermon sur la montagne une prédication du Royaume. Ces gestes accomplissent l’Ecriture ;
ils entrecoupent les 5 grands discours de Jésus. Mt 11.4. Les miracles montrent que Jésus est Seigneur dans sa Communauté ;
et la foi ne vient pas après le miracle mais le précède. La foi est une participation à la puissance miraculeuse du X ( 17.14 et
21.21 ). Ce que Jésus a fait jadis sur la terre, Il le fait encore dans son Eglise : 9.19 / 14.15s / 17.16
- chez Marc , interrogateurs, ils aboutissent à la profession de foi de Pierre en 8.29. Actes de puissance, ils révèlent quelque
chose de la divinité de Jésus, d’où le secret du début. C’est la croix qui doit révéler l’identité finale du X, et la résurrection. Les
miracles n’en sont que des préfigurations, des signes...
4
- chez Luc, ils sont geste de bonté et de miséricorde d’un Jésus Sauveur ( 2.11 : « aujourd’hui , un Sauveur vous est né » débute
l’Evangile de Luc), qui pardonne. Signes du salut réalisé en Jésus, mais le signe majeur est l’évangile annoncé aux pauvres : Lc
11.30. Ils renvoient la gloire et la louange à Dieu ( 5.26 / 7.16 / 9.43 / 13.17 / 17.16 / 19.37 ...). Comme ds les Actes, ils sont liés
à l’Esprit.
CONCLUSION
Aujourd’hui, les miracles ne sont plus des signes décisifs, et nous sommes plus sensibles aux actes de charité. Cependant ils
demeurent un appel constant à la conversion, et une invitation à la foi en Jésus Christ qui vient instaurer le Royaume de Dieu.
En proclamant ces miracles, nous participons de la destruction de la souffrance réalisée par Jésus ds ses guérisons et
exorcismes, et nous nous ouvrons à sa puissance de libération et à son œuvre de salut. Nous nous engageons à lutter contre
tout ce qui déshumanise l’homme, dans la foi au Christ, vainqueur du mal. Ils nous rappel que nous sommes entrés dans les
derniers temps, qui s’achèveront par la création d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle. Ils nous rappellent que Celui qui est
venu est aussi Celui qui vient pour établir l’homme et l’univers dans l’ordre définitif.
4
« Aujourd’hui, le salut » / thème récurrent chez Luc. Cf. Zachée en Lc 19.9 : aujourd’hui le salut est entré chez moi...
6
Ch 4 . Les Evangiles de l’enfance
Il faut accepter de prendre ces récits pour ce qu’ils sont, en évacuant tout l’imaginaire et le mythique.
Les apocryphes de l’enfance vont développer alors tout ce que les autres ne font pas, mais dans le sens de la curiosité. Comme
des midrashim aggadiques, avec derrière une théologie.
1.Des récits qui posent problème
1.1. Les évangiles de l’enfance et le kérygme primitif
Dans le noyau kerygmatique primitif, ce qui apparaît est le X mort et ressuscité. Paul ne fait qu’une allusion à l’enfance de Jésus
en Ga 4,4 « Jésus, Fils de Dieu, né d’une femme », et Marc, dont l’évangile est antérieur aux deux autres de 15 à 20 ans,
commence au baptême et centre sur la passion.
5
De plus, les incertitudes sont nombreuses. La date d’abord : -4 ou -6 selon l’Histoire, mais selon Luc ( recensement de
Quirinius, après la mort d’Hérode le Grand ), 10 ou 15 ans après. La présentation au Temple : aucune loi de Moïse ne l’exige
exactement ( Lc2.22) : Lev 12.6 et Ex 13.2.
Entre Mt et Lc, 99 % de différences, note Laurentin. Un seul verset commun...
Mt : une généalogie - annonce à Joseph - mages - Hérode - les innocents - la fuite en Egypte.
Lc :
- les 2 Annonciations - Visitation - magnificat
- Nais. JB - circoncision - Benedictus
- nais. Jésus - bergers - circoncision - présentation - nunc dimitis
- recouvrement
annonciation
conception
crèche
visite
Matthieu
à Joseph seul
Bethléem seule
une maison
de mages = riches étrangers païens
Luc
à Marie seule
à Nazareth
précarité du logement
de bergers = pauvres juifs méprisés
=> Chez Luc au contraire, tout est joie et paix : les hymnes, les anges,...seule ombre : le nunc dimitis.
=> Chez Mt, le ton général est celui d’un drame : Jésus est rejeté par les siens et vénérés par les païens.
2. Les récits de l’enfance selon Matthieu
Plan = généalogie + 5 grdes parties toutes conclues par une citation scripturaire
Mt s’efforce de répondre à deux grdes objections :
1- Le Messie doit naître comme fils de David, or Jésus est fils de Joseph
2 - Le Messie vient de Judée, de Bethléem. Nazareth est un bourgade inconnue d’un Galilée méprisée...
La Généalogie : Au retour de l’exil, les généalogies ont été d’une grande importance pour prouver la pureté de sang et
l’appartenance au Peuple d’Israël. Il s’agit bien de montrer la dignité de Jésus. Il vient d’Abraham et de David, et ainsi
récapitule l’Histoire.
- structure mathématique : 3 x 14 ( 14 = DaViD . nombre messianique ).
- la généalogie procède d’engendrant en engendré, jusqu’au 40° usage du verbe « engendrer » ou le verbe est au passif divin et
marque donc une rupture. « Marie de laquelle a été engendré... ».
- Les 4 femmes de cette généalogie : Tamar, Rahab, Ruth et Bethsabée. Pourquoi ?
a/ des pécheresses ? (St Jérôme) peu plausible. Au contraire, Tamar est vénérée comme sainte dans la tradition juive,
Rahab est une héroïne, Ruth aussi...
b/ des étrangères ? ok. Perspective universaliste du salut.
c/ toutes sont caractérisées par une certaine irrégularité des naissances qu’elles donnent
d/ toutes ont un rôle personnel et unique dans la protection du Salut d’Israël. Tamar assure la lignée (Gn 38.15), Rahab
ouvre Jéricho et la terre promise ( Josué 2.1 ), Ruth est aïeule de David, Bethsabée est épouse de David et assure la royauté de
Salomon.
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De sorte que toute préfigure Marie.
La mission de Joseph et le mystère de l’incarnation
Le v18 reprend le v1 mais le passif divin est remplacé par l’ES.
- Pq si Joseph est juste, n’accomplit-il pas la Loi qui lui demande de répudier sa femme ? il n’y a pas de répudiation secrète dans
la loi juive (Dt 24,1 et 22,23). Joseph a compris que cet enfant venait de Dieu et ne voulait pas se l’approprier. Le mot justice
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les recensements créaient des révoltes car leur but était d’organiser l’imposition...
Ce que l’on reproche à Zacharie, c’est de sembler douter alors que on accorde à Marie un acte de foi. Pq ? Parce que tout l’AT est plein de femmes âgées qui
enfantent, alors que de vierges qui enfantent, il n’y en a jamais eu...)
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apparaît 7 fois chez Mt ( 1 seule fois dans le reste des synoptiques ), dt 5 fois au Sermon sur la montagne : « si votre justice ne
dépasse pas... ». La justice va au delà de la simple observance de la Torah.
- les songes de Joseph : très nombreux ( accueil de Marie, fuite (comme Moïse en Madian. Ex 4.19), retour, Nazareth...). Joseph
donne le nom et l’identité à Jésus. - Pb du v 23 : une vierge dit LXX , et l’hébreu dit ALMA , jeune épouse (Is). Double sens : sans
rapports + sans enfants ? comme pour Dina violée (Gn 34.4).
- Emmanuel : comme à la fin de l’Evangile ( « et moi je reste avec vous jusqu'à la fin des temps... »)
- v25 : « il ne la connut pas jusqu'à la naissance de l’enfant... ». Mt ne se préoccupe absolument pas ici de la virginité de Marie
post-nativité. C’est une lecture moderne complètement étrangère à ses intentions. Il souligne simplement la naissance
extraordinaire.
- Mt I : qui est-il ? // Mt II : ou ? quand ? qui l’a reçu ? ( Bethléem en Judée // Michée + ville de David )
Le programme des mages
- rois ? un évangile arménien apocryphe, tiré du proto-évangile de Jacques, en parle et donne leur noms, 3 frères. En 590.
- le mot mage n’est jamais associé à un astrologue, mais plutôt un interprète de songes.
- une comète ? elle est présage de malheur à l’époque...
- l’étoile est souvent associée à la naissance d’un grand personnage ( Balaam en Nb 27.17)
- « Tout Jérusalem est troublé ». La ville qui tue les prophètes le rejette déjà. Ville du rejet, du refus.
- Or et encens : Ps 72.10+ Is 60.1-6. La Myrrhe : utilisée pour l’onction royale. Et l’inhumation...royauté, divinité et humanité
souffrante sont donc derrière ces 3 présents.
La fuite en Egypte
Exil identifié à Os 11.1. une nouvelle appellation : mon fils. Après Sauveur et Emmanuel. Jésus nouveau Moïse va refaire
l’itinéraire de son peuple.
Le massacre des innocents
référence tragique à l’exil en Egypte. Targum de Moïse : Pharaon a la visite de mages venus lui annoncer la naissance d’un roi. Il
fait alors noyer les mâles. Historicité ? il est certain que Hérode était complètement paranoïaque : tue 2 de ses fils, Miriam, les
notables de Jérusalem à sa mort, afin qu’on pleure... Il est du reste assassiné . Archélaus sera aussi violent et exilé par Rome.
3. Théologie et histoire.
- Ces récits sont donc essentiellement théologiques. Il s’agit de répondre au 2 questions : origine davidique et divine . Pq
Nazareth alors ?
- Mt confesse également sa foi. Jésus est Sauveur (1.21), fils de David et d’Abraham (1.1), Emmanuel ( 1.20), roi des juifs (2.1) et
fils de Dieu ( 2.15). tout cela bien qu’étant nazoréen.
- Ce récit est un préfiguration de celui de sa passion et les parallèles sont nombreux. Rejet par son peuple...
- La dimension historique n’est pas niée pour autant, mais reste à sa juste place. Mt et Lc se retrouvent sur l’essentiel : Marie et
Joseph, l’ange, la lignée davidique, la naissance de l’ES, Bethléem et Hérode, sauveur...
- Enfin, si Mt s’inscrit dans la tradition midrachique, la différence essentielle est que maintenant , on ne sert plus l’Ecriture mais
on se sert d’elle, la référence étant devenue jésus lui-même...
Ch 5 . Les paraboles
- Elles sont un trait distinctif de la prédication de Jésus. On en compte 43 différentes.
- ce sont des petits récits imagés que Jésus emprunte à la vie quotidienne et récurrente de son temps : fêtes, semailles,
vendanges, bergers, ouvriers agricoles, différents entre créanciers et débiteurs... ( ce qui nous indique le statut particulier qu’a
la vie quotidienne dans le Christianisme...). La parabole est simple. Elle vit d’être simple. Ni érudite, ni esthétique.
- inspirée de la culture juive, elle est aussi pétrie de ce que vit Jésus au moment où il l’a donne. Le comportement de Jésus
concrétise ce que dit la parabole, tandis qu’en retour la parabole éclaire la signification des gestes de Jésus. Il est ainsi le vrai
commentaire des paraboles, le sujet autant que l’objet.
- elles touchent l’auditeur par ce qu’elles évoquent ou suggèrent plus que par ce qu’elles disent. A un moment, l’auditeur y
devient acteur. Ex : la brebis perdue de Lc 15 et Mt 18 (face aux pharisiens qui reprochent à Jésus d’accueillir des pécheurs...)
- contemplative et non moralistes : elles ne sont pas faites pour donner des leçons de morale mais pour évoquer le Royaume
de Dieu ou débloquer des situations conflictuelles... Elles ne dictent pas un savoir, ou une conduite à tenir, mais donnent à
penser ou invitent à réagir. Il s’agit soit de conduire vers un ailleurs, soit de renouer un dialogue interrompu.
- Jésus y parle de son Père, et donc de Lui... Les paraboles nous renvoient à Celui qui est la Parabole même du Père. Les
chrétiens ont très vite christologisées les paraboles ( le berger = l’époux = Jésus...).
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Les paraboles font parties du patrimoine de l’humanité car elles sont appropriées à ouvrir l’auditeur sur les réalités
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religieuses, par leur style ou leur contenu... ex : soufisme, litt rabbinique ( stéréotypées - rapport roi/serviteurs, maître/fils...et uniquement pour expliquer la Loi, approfondir la Torah...), l’AT (Nathan et David, 2S12,1.7...)... Jésus n’intègre pas la
parabole au commentaire de la Loi. Il l’arrache même au cadre du débat d’école pour en faire un moyen de communication
populaire...
On retrouve ces paraboles dans 3 grands contextes :
1- les situations conflictuelles ou d’incompréhension. Lc 15, Lc 7.36 , Mt 21.33
2- les enseignements, où il s’agit de conduire son auditoire à une meilleure compréhension de qui Il est ou ce qu’Il doit
faire.
3- Le Royaume de Dieu. Jésus ne dit jamais ce qu’est le Royaume mais Il dit ce à quoi il ressemble. Plusieurs types :
a- celles qui insistent sur l’irrésistible croissance du Royaume de Dieu ( le levain, la graine de moutarde,...). Le
royaume est tout proche, et il croît irrésistiblement.
b- les paraboles de crise ou d’extravagance, paraboles insolites : quand le Royaume intervient, il bouscule les
conceptions traditionnelles de la Justice, de la rétribution des mérites ou du travail,... (les ouvriers de la 11° heure, le fils
prodigue, les remises de dettes, le festin des exclus...). Au milieu d’un scénario connu et fréquent, l’un des acteurs ( le maître,
le père...) n’agit plus comme on s’y attendrait, brise la logique humaine, bouleverse l’ordre établi...La parabole vit d’une fissure
entre l’histoire quotidienne et l’histoire possible. Le monde quotidien est pénétré par un autre monde, possible, à portée de
main...Elle est un langage voilé qui parle de Dieu mais sans le nommer. Elles témoignent d’un Dieu qui se dérobe à qui voudrait
le dire dans le langage...
c- les paraboles du Jugement qui invitent à veiller et prier ( les vierges folles, le voleur...). 3 traits en
ressortent : l’irruption du jugement dans le quotidien (Lc12.16-21, 16.19-31 , Mt 24.45 ), l’intensité de l’appel et la totale
surprise (Mt 25.1-13)...
elles nous disent la proximité et la nouveauté du Royaume de Dieu. Splendeur attendue d’un tout petit
commencement. En disant le Royaume, elles l’instaurent. Langage sur le Royaume, elles sont langage du Royaume... Les
paraboles ne sont pas simplement la manière d’enseigner de Jésus. Elles auraient alors disparu avec Lui. Mais la Tradition a
tissé un lien entre elles et Lui :
- elle a d’abord compris qu’à travers ses paraboles Jésus enseignait le Règne de Dieu
- en confessant Jésus mort et ressuscité, ils ont ensuite découvert en Jésus la Présence Transformante, proche et cachée, de ce
règne de Dieu annoncé par les paraboles.
- en écrivant les évangiles, ils ont enfin christologisé les paraboles. Et d’émetteur de la parabole, Jésus s’est retrouvé figure du
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récit. « Jésus proclamait Dieu en paraboles, mais l’Eglise primitive a proclamé Jésus comme Parabole de Dieu » . Jésus est
Parabole de Dieu : à travers ses paroles, ses actes et son enseignement, s’est manifestée, proche et voilée, la présence de Dieu.
Les paraboles nous conduisent donc au Père. Aujourd’hui, comme hier, elles font surgir la proximité du Règne de Dieu.
Proximité dont le Christ est partie intégrante, car Il est bien la Parabole de Dieu.
LES PARABOLES DANS LES SYNOPTIQUES
7 seulement des paraboles sont communes aux 3 évangiles. 17 sont propres à Luc
Voyons comment chacun explique le pourquoi des paraboles :
MARC 4,10 « Quand il fut à l'écart, ceux de son entourage avec les Douze l'interrogeaient sur les paraboles. Et il leur disait:
"A vous le mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais à ceux-là qui sont dehors tout arrive en paraboles, afin qu'ils aient beau regarder
et ils ne voient pas, qu'ils aient beau entendre et ils ne comprennent pas, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné »
Les paraboles sont un moyen d’enseignement + à la fois un moyen de discrimination, un langage employé pour cacher,
pour aveugler. Le sens des paraboles n’est pas évident, il reste bien souvent impénétrable tant que Jésus n’en a pas ouvert la
compréhension. Elles disent en effet le mystère du Règne de Dieu, à la fois présent et caché dans la personne de Jésus. Les
paraboles cachent ce qu’elles racontent. Elles sont un langage ouvert à tout homme mais un langage voilé. Seuls ceux à qui le
mystère a été révélé peuvent accéder à sa pleine compréhension. Encore faut-il qu’ils soient prêts à écouter. Marc est le « ivre
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des épiphanies secrètes » . Pour J. Dupont , « c’est Dieu, qui accordant aux disciples la révélation du Royaume, la refuse à ceux
du dehors ; l’enseignement parabolique de Jésus est le moyen par lequel Dieu exerce son jugement contre ce peuple qu’il veut
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aveugler » . Marc souligne le souci de Jésus de faire taire ceux qui l’ont reconnu, démons ou miraculés ; l’économie de son
évangile est centrée sur l’enseignement progressif des disciples ; certaines vérités sont révélées aux disciples mais cachées à la
foule, etc...
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Yohanam Ben Zakkaï, dans la Michna ( Yehuda Ha Nassi, fin II)
J.D. Crossan, In Parables
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Martin Dibelius
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Etudes sur les Evangiles Synoptiques
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MATTHIEU 13,10-17 « Les disciples s'approchant lui dirent: "Pourquoi leur parles-tu en paraboles" -- "C'est que, répondit-il,
à vous il a été donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, tandis qu'à ces gens-là cela n'a pas été donné. Car celui qui a, on lui
donnera et il aura du surplus, mais celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé. C'est pour cela que je leur parle en paraboles: parce qu'ils
voient sans voir et entendent sans entendre ni comprendre. Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Isaïe qui disait: « Vous aurez beau
entendre, vous ne comprendrez pas; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C'est que l'esprit de ce peuple s'est épaissi: ils se sont
bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur esprit ne comprenne, qu’ils
ne se convertissent, et que je ne les guérisse. » Quant à vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient; heureuses vos oreilles parce qu'elles
entendent. En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que
vous entendez et ne l'ont pas entendu !»
Il ne s’agit plus du but des paraboles mais de leur motif. Et rapporté à la foule, ie ceux dont on va voir qu’ils ne
comprennent pas et qu’ils ne peuvent pas comprendre. Jésus parle en parabole parce que les gens ne sont pas capables de
comprendre. Contrairement à Marc, non seulement ils ne comprennent pas mais ils ne sont même pas capables de voir ou
d’entendre réellement. L’aveuglement du peuple est bien la cause des paraboles et non son effet : Cf. la citation d’Isaie. Dès
lors, la connaissance des mystères du Royaume est accordée aux disciples en raison des dispositions naturelles qui les rendent
aptes à recevoir la révélation (v16). Les paraboles de Mt 21,28 à 22,14 confirment cela : toutes les trois ( les fils qui dit oui et
celui qui dit non, les vignerons homicides, le festin) déploient une fresque de l’histoire du salut, sous l’horizon de l’échec et du
refus d’Israël ; les chrétiens sont appelés à traduire leur foi en fidélité active sous peine de subir le même désaveu divin. Pas
d’assurance quiète du salut pour l’église... Donc : lecture de l’histoire du salut, sous l’horizon de l’échec d’Israël + exhortation
éthique, soutenue par l’évocation du jugement.
LUC 8,9-10 « Ses disciples lui demandaient ce que pouvait bien signifier cette parabole. Il dit: "A vous il a été donné de
connaître les mystères du Royaume de Dieu; mais pour les autres, c'est en paraboles, afin qu'ils voient sans voir et entendent sans
comprendre. »
Ne concerne que la parabole citée auparavant. On retrouve le privilège des disciples et l’aveuglement des autres, mais
Luc en atténue l’aspect négatif. Il ne suffit pas d’écouter la parole de Dieu et d’y croire si l’on a pas la constance suffisante pour
lui faire porter du fruit à travers toutes les difficultés de la vie. C’est la manière d’écouter qui compte plus que le contenu
compris.
Les paraboles jouent un rôle très important chez Luc : elles sont un modèle de réflexion ou de comportement à imiter (Cf. le
samaritain, les veilleurs, la 1° place à table, la tour,...). Il s’agit pour Luc de « recomposer l’échéance eschatologique dans le
cadre du quotidien. C’est aujourd’hui ( 19,5.9) chaque jour ( 9,23 ; 11,3 ), face à la mort ( 12,20 ; 16,22 ) que la conversion doit
se faire et inaugurer un programme de changement. D’où le réalisme prononcé des paraboles lucaniennnes. D’où cette
attention au niveau social et économique où doit s’inscrire la fidélité à Dieu. D’où l’appel à la persévérance dans la prière : la
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décision de foi, pour rester vraie, doit tenir dans la durée »
- Deux exemples chez MATTHIEU
1 - La parabole des vignerons homicides : Mt 21.33 / Mc 12.1 / Lc 20.9
La théologie qui est derrière est celle de Matthieu : il présente la parabole comme étant toute l’histoire d’Israël, c’est à dire
l’histoire d’un refus, d’un rejet, d’une désobéissance en pleine conscience ( v45). Israël tue ses prophètes.
Mt insiste sur le « propriétaire » qui veut qu’on lui livre « ses » fruits. Il insiste sur la répétition de envois de serviteurs, de plus
en plus mal traités. Puis « son » fils.
L’appel est un don qui va de pair avec l’obéissance du peuple de Dieu. L’acte d’obéissance est la dimension essentielle de tout
appel. Etre juste , chez Mt = accomplir la volonté de Dieu. C’est également une mise en garde pour l’Eglise, le nouveau peuple
qui doit être vigilant à être obéissant, à livrer les fruits en leur temps... ( Mt 3.8-10 ; 7.16 ; 12.33 ; 21.19...) . Plane sur l’Eglise le
jugement de Dieu. Mt 25
2 - La parabole du Festin nuptial et des invités qui se dérobent... (juste après chez Mt)
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Là encore, Mt insiste sur la grande générosité du roi , face au fort refus des invités. Mépris humiliant de l’invitation par le
peuple de Dieu. D’autres « bons et mauvais » ( universalité de l’Eglise) seront invités et viendront. Mais là encore à condition
de porter l’habit de noce ( robe baptismale pour participer au festin eucharistique, disaient les Pères ; ou simplement symbole
de l’acceptation du don, et de sa responsabilité...)
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D. Marguerat, Cahiers Evangiles 75
contxt de festin messianique : Is 25.6 ; Ps 22.27
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Ch 6 . Les évangiles et le Jésus de l’Histoire.
Un peu d’histoire
La foi ne va pas à l’encontre de l’Histoire. Jusqu’au 18°siècle, l’authenticité historique des évangiles n’est pas discutée.
Le premier à opposer le Jésus de l’Histoire et le Christ des évangiles est :
- H.S. Reimarus, Le dessein de Jésus et de ses disciples ( 1774-1778). Jésus n’a rien fait de surnaturel. C’était un messie politique
qui voulait affranchir les juifs des romains. Echec. Ses disciples déçus ont inventé sa résurrection et les miracles.
- H.E.G. Paulus (1828), Vie de Jésus rationaliste. Explique rationnellement les miracles (coma sur la croix...)
- D.F. Strauss (1835), Le hiatus entre le Jésus de l’Histoire et le X tient à un « mythe » ( une idéalisation) des premiers chrétiens.
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- l’Ecole Libérale et E . Renan. La Vie de Jésus . (1863) Convaincu qu’il est possible à partir de sources « historiquement
pures » (Marc et source Q) de rejoindre le Jésus de l’Histoire. Libérer le Jésus de Galilée du X des dogmes et du kérygme.
- W. Wrede. Le secret messianique chez Marc. Ce secret est une création de l’Eglise primitive.
- M. Kähler, Le soi-disant Jésus historique et le X historique et biblique. (1892). C’est le Jésus prêché par ses disciples qui
compte, le X confessé par la Foi.
- A. Schweitzer, (1906) De Reimarus à Wrede, Histoire de la recherche sur la Vie de Jésus : « Il n’y a pas d’entreprise plus
personnelle que d’écrire une vie de Jésus » on projette sur Jésus l’image que l’on se fait de Lui : génie des lumières,
romantique, ami des pauvres, politicien...
- R. Bultmann : Jésus ( 1926). S’intéresse aux genres littéraires. « Nous ne pouvons rien savoir de la vie et de la personnalité de
Jésus. Les sources chrétiennes très fragmentaires et envahies par la légende ne s’intéresse pas à cela. Et il n’y a pas d’autres
sources. » La foi n’a pas d’autres justifications que la foi elle-même.
- E. Käsemann, dans une conférence en 1953, marque un tournant. « séparer le X du kérygme du Jésus de l’Histoire, c’est
courir le risque de transformer le X en mythe. Sans recherche historique, on ne peut plus reconnaître comme X de foi le Jésus
terrestre. » Je ne peux connaître le X de la foi que si j’y introduit le Jésus de l’Histoire. Sinon je suis dans le mythe. On ne peut
saisir Pâques sans le Jésus terrestre et inversement.
- Aujourd’hui,
- la 3° quête, américains. Jésus sans le regard des scientifiques et exégètes : un paysan galiléen...
- John Paul Meier, A Marginal Jew ( très bien ) . Jésus échappe à tous les clivages de son temps. Caractère unique de
sa personnalité. Il est inclassable et échappe à ttes catégories. C’est cela qui le spécifie
Critères d’authenticité historique des évangiles.
1 - Critères d’attestation multiple
On peut considérer comme authentique un donné évangélique solidement attesté dans toutes les sources, ou la plupart des
évangiles, ou autres écrits du NT. Les éléments communs sont historiques.
Ex : la sympathie et la miséricorde de Jésus pour les pécheurs, les paraboles, les disciples...
2 - Critère de discontinuité
On peut considérer comme authentique un donné évangélique irréductible soit aux conceptions du judaïsme, soit aux
conceptions de l’Eglise primitive.
Ex : par rapport aux juifs,
- quand Jésus dit Abba ( on ne voit pas pourquoi les disciples auraient inventés une telle familiarité...).
- L’autorité que Jésus revendique face à la Torah : l’unique interprète ( judaïsme : pluralité des interprètes...)
- Le Royaume où grandeur et humilité se rejoignent. Le Messie attendu est glorieux et puissant
par rapport aux chrétiens,
- le baptême le range comme < à JB ou comme pécheur...
- Jésus donne l’ordre de ne pas prêcher aux païens et aux samaritains. C’est exactement ce que feront ses disciples...
- la compagnie des femmes
- les défauts, incompréhensions et chutes des apôtres... ( Judas et surtout Pierre ! )
3 - Le critère de conformité
Ne pas faire de Jésus un marginal, atemporel, coupé de son temps... Est authentique une parole ou un fait conforme à
l’époque et au milieu de Jésus, et surtout intimement cohérent avec le cœur du message de Jésus. ( ex : les thèmes des
paraboles....)
4 - Critère d’explication nécessaire
Devant un grand nombre de données éparses, une explication claire les harmonisant est authentique.
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3 temps : la Galilée idyllique, la désillusion et l’amertume, la tragédie...
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Ex : Le discours de Jésus sur la Loi, les Ecritures...n’a de sens que si on admet une personnalité unique et transcendante de
Jésus.
AUJOURD’HUI
De plus en plus les critères de discontinuité et de conformité sont retenus.
De plus, s’y ajoute le critère du rejet et de la condamnation à mort de Jésus par les religieux. Ce fait, personne ne le nie. Or à
partir de lui se déroule tout le reste. Pourquoi est-il condamné ? Non sans raisons. A cause de ce qu’il a dit sur la Loi, le
Temple, les pécheurs, les femmes,... Sa condamnation prouve la réalité de ce qu’on lui reproche : ses faits et paroles, sa place,
son unicité, sa notoriété, sa popularité... On n’aurait pas crucifié un fou, un marginal poète, un paysan pacifiste...
Conclusion
L’affirmation de Bultmann n’est plus tenable. On sait beaucoup sur Jésus de Nazareth. Les préjugés systématiques de suspicion
se démontent. Les évangiles sont dignes de confiance, et non des écrits de propagande. Même si prudence et nuance sont
nécessaire.
- La grande partie du matériel évangélique est réhabilité.
- on revient de plus en plus au Jésus juif
- les grandes lignes de sa vie se dessinent : né vers -5 ou - 6 . Mort le 7 avril 30 à cause des sadducéens, qu’il menaçait. Vie
publique d’automne 27 à avril 30. Style de prédication par parabole, guérisons et exorcismes, miracles comme signe du
Royaume, proximité pour les petits et les humbles, rapport unique au Père... Jésus échappe aux courants religieux de son
temps.
Il faut trouver un juste équilibre entre la recherche sur le Jésus historique et la contemplation du X ressuscité ? On risque
d’oublier le Seigneur de l’Histoire à trop insister sur le Jésus de l’Histoire. Sa Bonne Nouvelle est pour nous aujourd’hui. Et ne
pas oublier non plus la réalité historique de son message. S’il y a une continuité historique et théologique entre Jésus et le X,
nous ne pouvons oublier qu’il y a aussi au cœur de notre Foi une rupture, une discontinuité, un hiatus car le X ressuscité n’est
plus le Jésus de l’Histoire.
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