SOMMAIRE Albert Kahn et son projet humaniste Des jardins à l’image d’un monde en paix Le jardin français Bref historique Petite histoire botanique : le marronnier Quelques plantes Le jardin anglais Bref historique Petite histoire botanique : le ginkgo Quelques plantes La forêt bleue Bref historique Petite histoire botanique : le cèdre bleu Quelques plantes La forêt dorée et la prairie Bref historique Petite histoire botanique : le bouleau Quelques plantes La forêt vosgienne Bref historique Petite histoire botanique : l’épicéa Quelques plantes Le village japonais Bref historique Petite histoire botanique : l’érable Quelques plantes Le jardin japonais contemporain Bref historique Petite histoire botanique : le cerisier Quelques plantes Pavots, pivoines et bleuets près du marais de la forêt bleue, Auguste Léon, juin 1912. Plantes envahissantes et petites bêtes utiles 6 8 11 19 27 35 43 51 59 66 5 et son projet humaniste 7 ALBERT KAHN Albert (Abraham) Kahn est né le 3 mars 1860 à Marmoutier, dans le Bas-Rhin. Sa famille appartient à une petite communauté de commerçants juifs. Son père Louis est marchand de bestiaux. Sa mère Babette, née Bloch, décède quand Abraham n’a que dix ans ; il est l’aîné de quatre enfants. La famille vit un nouveau bouleversement quand, à l’issue de la guerre francoallemande de 1870, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées à l’empire allemand. Comme de nombreux Alsaciens, une partie de la famille Kahn choisit de rester française et s’installe hors des « provinces perdues », à Saint-Mihiel, dans la Meuse. Le jeune homme poursuit néanmoins sa scolarité au collège de Saverne, de 1873 à 1876, puis s’installe à Paris à l’âge de seize ans. Il a adopté le prénom d’Albert. Il débute sa vie professionnelle comme petit employé à la banque des frères Charles et Edmond Goudchaux, parents éloignés. Tout en gagnant sa vie, Kahn reprend ses études, mais il a besoin d’un répétiteur pour le soutenir dans son effort. Il est mis en rapport avec un jeune homme brillant, d’un an son aîné, Henri Bergson, qui vient d’entrer à l’École normale supérieure. Malgré son travail à la banque, Albert Kahn réussit ses baccalauréats de lettres et de sciences, puis obtient une licence de droit. À la banque Goudchaux, il se signale dès l’âge de 21 ans par ses talents. En quelques années, de 1889 à 1893, il bâtit une fortune en spéculant sur les mines d’or et de diamants d’Afrique du Sud. En 1892, il devient associé principal d’Edmond Goudchaux, puis fonde sa propre banque d’affaires en 1898 : la banque Kahn. Celle-ci prospère, collabore avec des établissements financiers bien établis, apparaît dans des syndicats de placement au bénéfice de projets industriels ou d’emprunts internationaux, japonais notamment. Le financier Albert Kahn jouit alors d’une excellente réputation en France comme à l’étranger. Homme mûr, il consacre dès lors sa vie et sa fortune à son idéal de paix universelle. Pour cela, il crée de nombreuses institutions destinées à favoriser la compréhension entre les peuples et la coopération internationale. Albert Kahn sur le balcon de sa banque à Paris, Georges Chevalier, 1914. Les bourses Autour du Monde offrent à de futurs enseignants l’opportunité de voyager et de découvrir les réalités du monde. Les boursiers confrontent ensuite leur expérience avec des personnalités d’horizons divers, au sein de la société Autour du Monde. Membres et invités dans le salon de la société Autour du Monde, 1928, don Jeanne Lamarque. Daminghu, Jinan, Chine, Stéphane Passet, 13 juin 1913. Les Archives de la Planète rassemblent quelque 72 000 autochromes (premier procédé industriel de photographie en couleurs) et une centaine d’heures de films noir et blanc ; elles témoignent de divers aspects des sociétés humaines. Bien d’autres œuvres fondées par Albert Kahn contribuent encore à éveiller la conscience et aiguiser le regard des élites de l’époque. Chartres, le marché aux fleurs, Auguste Léon, 19 août 1922. 9 DES JARDINS à l’image d’un monde en paix En pleine ascension professionnelle, Albert Kahn s’établit dans un quartier résidentiel de Boulogne-sur-Seine, où la prestigieuse famille Rothschild s’est déjà installée. Il bénéficie alors d’un cadre verdoyant : coteaux de Saint-Cloud, bois de Boulogne, promenade plantée le long de la Seine… subtiles transitions évoquant l’entente entre les peuples à laquelle aspire Albert Kahn. Chaque dimanche de 13 h à 17 h, les invités de la société Autour du Monde ont le privilège de découvrir ce jardin d’exception qui fait écho à la diversité planétaire. Roses et clématites en fleurs dans le vergerroseraie, Auguste Léon, juillet 1913. Allée fleurie menant vers le sôrintô du jardin japonais, Georges Chevalier, 25 mai 1915. Vue générale de Saint-Cloud, Auguste Léon, s.d. En 1895, il achète le bel hôtel particulier en brique et pierre qu’il louait depuis deux ans avec promesse de vente et dont il avait fait orner les abords dès son arrivée. À partir de cette date, il acquiert patiemment quelque vingt parcelles pour réaliser un jardin reflétant sa pensée. Vingtcinq ans lui sont alors nécessaires pour illustrer, grâce au végétal, un monde harmonieux. Sur près de 4 hectares, il réunit jardin français, jardin anglais, forêt bleue, marais, prairie, forêt dorée, forêt vosgienne et jardin japonais, formant un univers où l’harmonie est souveraine. Ces multiples scènes paysagères dialoguent par de Déplacement du marronnier dans la forêt bleue, 7 janvier 1911. Mme von Schoen et sa fille, opérateur non mentionné, 1914. Mais, ruiné par la crise financière de 1929, Albert Kahn verra son paradis ouvert au public en 1937, avant de mourir trois ans plus tard. La prairie en fleurs, Auguste Léon, juillet 1913. Grâce au rachat par le département de la Seine en 1936 puis aux restaurations engagées par le département des Hautsde-Seine à partir de 1988, ces divers échos aux courants de l’art du jardin du XIXe siècle se laissent encore deviner aujourd’hui ; le voyage serein à travers cette mosaïque d’ambiances se poursuit. français LE JARDIN E et le verger-roseraie n 1895, Albert Kahn fait appel aux célèbres paysagistes Duchêne père et fils. Ils dessinent alors, selon la mode de l’époque, un jardin « à la française ». Mais, contrairement à la tradition, celui-ci se situe au pied d’une majestueuse serre et non dans l’axe de la demeure du propriétaire. Cet espace reprend le vocabulaire géométrique des jardins classiques du XVIIe siècle. Il est ceinturé par deux rangées d’arbres taillés en rideau et par une ligne de fruitiers ouverte sur le verger-roseraie. Au centre, le tapis vert est toujours encadré de quatre parterres fleuris monochromes ; à l’époque d’Albert Kahn, il était parfois orné de broderies. Une courte terrasse ombragée le domine. Le jardin d’hiver, qui abrite une végétation exotique, comportait aussi, avant 1914, deux serres latérales, en dos d’âne. Des concerts y étaient parfois organisés. Un verger-roseraie prolonge cet espace. Divisé par des cloisons d’arbres palissés, il abrite nombre de fruitiers, sculptés et ordonnés symétriquement. Des arceaux couverts de rosiers forment une tonnelle fleurie. Autrefois, des guirlandes de roses clôturaient ces lieux avec charme. Selon une pratique courante en Angleterre, rosiers et fruitiers s’entrelacent ici harmonieusement, transformant ce jardin d’utilité en jardin d’agrément d’où, au fil des pas, se dégage une atmosphère de plus en plus naturelle. Éclatantes floraisons, illuminations progressives des chemins, potées fleuries subrepticement remplacées par les jardiniers étaient alors autant d’évènements qui participaient à la magie des lieux, car pour Albert Kahn, « les fleurs étaient […] une musique d’accompagnement dont il aimait écrire la partition ». LE MARRONNIER 1 LE JARDIN FRANÇAIS voir plan page suivante Aesculus hippocastanum Marronnier d’Inde, marronnier commun Sapindacées. Sud-Est de l’Europe, Asie Mineure printemps automne (> FB - JA) Le marronnier (Aesculus hippocastanum), communément appelé marronnier d’Inde, fait partie de notre paysage quotidien. À cause de ce nom, il a longtemps été recherché par les botanistes en Inde et dans toute l’Asie, mais c’est dans les montagnes des Balkans qu’il est finalement découvert à l’état sauvage. Il se développe spontanément jusqu’au bord de la mer Caspienne. Originaire de l’Himalaya, le véritable marronnier d’Inde (Aesculus indica) est très peu cultivé en France. Déjà connu dès la seconde moitié du XVIe siècle par certains botanistes, le marronnier est pour la première fois planté à Paris en 1615, par Bachelier. Toutefois, pollens et charbon de bois, découverts lors de récentes recherches archéologiques, indiquent que le marronnier devait être présent en France dès le Moyen Âge, peut-être même plus tôt encore. Il aurait donc été réintroduit au XVIIe siècle. Le marronnier appartenait à la famille des Hippocastanacées, aujourd’hui rattachée à celle des Sapindacées. Le genre Aesculus dont il fait partie compte une trentaine d’espèces originaires de l’hémisphère nord. Celle de notre marronnier est désignée par le terme hippocastanum, qui provient du grec hippos signifiant « cheval » et kastanon, « châtaigne » : d’où le nom de « châtaignier de cheval » qui lui est parfois attribué. Attention, ses beaux fruits ne sont pourtant pas sans danger pour les chevaux ! Il est en effet préférable de leur servir les marrons « broyés, cuits si possible, et toujours mélangés […] à d’autres aliments* », sans dépasser une ration journalière de 2 kg. En effet, selon les quantités ingérées, la chair de ces marrons peut être source d’intoxication, tant pour les bêtes que pour l’homme. Le marronnier peut vivre près de deux siècles et atteindre 20 à 30 mètres de haut. Depuis les grands aménagements urbains du XIXe s., il reste – après le platane – la deuxième essence la plus repré- sentée dans les rues de Paris, malgré la diversification aujourd’hui recherchée. Au parc de la Vallée aux LoupsChateaubriand, un majestueux spécimen, planté par l’écrivain, domine la prairie de la perspective principale. Ici même, dans la forêt bleue, il existe un arbre remarquable qui, du temps d’Albert Kahn, fut déplacé alors qu’il était déjà de belle taille (voir ill. p. 8). Étonnante prouesse compte tenu des moyens techniques de l’époque et des risques encourus par le système racinaire lors de telles transplantations. Espèce sensible à la sécheresse et aux parasites, elle voit ses feuilles roussir et chuter prématurément ces dernières années. Un champignon, Guignardia aesculi, à l’origine de la maladie du Black-rot, et les chenilles du papillon Cameraria orhidella, communément appelées « mineuses du marronnier », sont la cause de ces symptômes. Des recherches pour une lutte biologique sont en cours. Son bois, piètre combustible et de qualité médiocre, n’est guère utilisé, si ce n’est pour fabriquer petits objets ou cageots. Son écorce servait autrefois de teinture noire pour le textile. Ses marrons, broyés en farine, formaient une colle après cuisson et, râpés dans de l’eau, étaient employés comme lessive. Autre petite recette à tester : les marrons éloigneraient les mites… Les substances contenues dans l’écorce ou dans les marrons permettraient de combattre la fièvre, de lutter contre des troubles de la circulation veineuse (varices, phlébites, hémorroïdes, etc.) ou encore de soigner certaines plaies. * Pierre Lieutaghi. Le Livre des arbres, arbustes et arbrisseaux, Arles, Actes Sud, 2004, p. 801. 13 LE JARDIN FRANÇAIS 5 3 d 4 f 6 c 2 b h a k 5 h 6 e d c i j j a 1 f g j 10 Tilia tomentosa Tilleul argenté, tilleul de Hongrie Tiliacées. Balkans, Grèce, Turquie, Ouest de l’Asie automne (> JA) 2 3 11 Cycas revoluta Cycas du Japon, sagou, sagoutier Cycadacées. Sud du Japon jusqu’à Java Dans la serre Araucaria heterophylla Pin de Norfolk Araucariacées. Île de Norfolk, Australie Dans la serre 4 Anthurium scherzerianum Anthurium, flamand rose, langue de feu Aracées. Amérique centrale Dans la serre Strelitzia alba Oiseau de paradis blanc Strelitziacées. Afrique du Sud Dans la serre 15 LE JARDIN FRANÇAIS 7 8 Malus communis Pommier. Rosacées printemps été - automne Pyrus communis Poirier. Rosacées printemps été - automne c b « Belle de Boskoop » Hollande (XIXe s.) « Grand Alexandre » Russie (XVIIIe s.) d e « Conférence » « Williams rouge » Angleterre (XIXe s.) Angleterre (XIXe s.) 9 f « New dawn » États-Unis (1930) printemps - automne « Excelsa » États-Unis (1909) été Palmettes obliques Sphère Dicentra spectabilis Cœur de Marie, cœur de Jeannette Papavéracées. Sibérie, Chine, Corée printemps Rosa Rose. Rosacées i Serpentin g h « The fairy » Angleterre (1932) été - automne « Zéphirine Drouhin » France (1868) été - automne j « Ballerina » Grande-Bretagne (1937) été k « Félicité et Perpétue » France (1827) été DEVINETTES a « Reine des Reinettes » Hollande (XVIIIe s.) Diverses tailles fruitières Quenouille 10 11 Palmettes horizontales Palmettes Verrier Spiraea x vanhouttei Spirée de Van Houtte Rosacées. France, Belgique printemps (> JJC) 1 - Si les tables de résonance proviennent des épicéas, quel arbre sert à fabriquer les touches de piano : a) le poirier, b) le platane, c) le tilleul ? 2 - Quels fruits n’ont jamais servi à faire un succédané de café : a) les pommes séchées, b) les fruits du tilleul, c) les figues séchées ? 3 - L’écorce de tilleul peut servir à fabriquer des cordages. Vrai ou faux ? 17 anglais LE JARDIN D errière le rideau d’arbres du jardin français souligné par une balustrade, s’étend le jardin anglais, parfois nommé « le parc » au temps d’Albert Kahn. À cette époque, nombre de jardins associaient ainsi parties régulières et paysagères. Ce jardin à l’anglaise, aménagé sur une parcelle acquise en 1895, semble aussi être l’œuvre des Duchêne, mais l’hypothèse n’est pas confirmée à ce jour. Une abondante végétation façonne ici l’espace sur un terrain légèrement modelé. Les essences s’y épanouissent librement et leur implantation guide le regard vers les éléments construits de la composition ; la promenade ondoyante qui s’y déroule est alors scandée par des éléments d’architecture ou « fabriques » dont ne subsistent aujourd’hui qu’un cottage, une rocaille et un puits. Le cottage est orné d’une fontaine sculptée évoquant la fable de La Fontaine : Le Renard et les Raisins. Un enrochement artificiel évoquant une falaise surplombe la rivière sinueuse qui s’évase en bassin ; afin d’en accentuer le côté rustique, ses balustrades en ciment simulent des branches d’arbres. Le puits indique l’emplacement d’une laiterie aujourd’hui disparue. Une volière abritant colombes et pigeons complétait ce décor pittoresque. Cottage et laiterie, inspirés de l’architecture domestique, rappelaient les maisons des paysages normands qu’Albert Kahn aimait parcourir. Si de nos jours des nappes fleuries animent ce parc paysager miniature au printemps, il a toutefois été conçu pour ses lumineuses teintes automnales. Jeux d’ombre et de lumière y alternent au fil du temps… LE GINKGO 1 LE JARDIN ANGLAIS voir plan page suivante Ginkgo biloba Ginkgo, arbre aux quarante écus Ginkgoacées. Chine automne automne (> JF) Seul survivant de la famille des Ginkgoacées et de l’ordre des Ginkgoales, le Ginkgo biloba est, comme l’a défini Darwin, un véritable « fossile vivant » ! Il a survécu aux dinosaures et a traversé les plus grands bouleversements planétaires. Il fait ainsi partie des arbres les plus anciens au monde. Cultivé autour des temples d’Asie, le ginkgo est découvert à l’état sauvage dans des vallées au sud-est de la Chine. Quelques spécimens y survivraient… Kaempfer, médecin-botaniste, le remarque au Japon vers 1690. Lors de sa description, une erreur de transcription introduit un « g », d’où son nom actuel de Ginkgo. Au vu de ses feuilles en éventail, échancrées en deux lobes, Linné lui accole, au XVIIIe siècle, le terme biloba. En Asie, ce feuillage particulier lui vaut aussi l’appellation de « patte de canard », tandis que son système reproducteur lui attribue celui d’« abricot d’argent ». Sa croissance lente le fait encore nommer « arbre du petit-fils ». plus vieux ginkgo du département des Hauts-de-Seine se trouve à Ville d’Avray. Peu sensible aux maladies, insectes et pollutions, le ginkgo est fréquemment employé en ville comme arbre d’ornement. Durant la première moitié du XVIIIe siècle, le ginkgo est planté pour la première fois en Europe dans le jardin botanique d’Utrecht, puis introduit à Londres, Vienne, Montpellier et Paris… M. de Pétigny, botaniste amateur de l’époque, s’en procure également pour la somme de 40 écus, d’où l’expression « arbre aux quarante écus ». Son feuillage d’or à l’automne le fait parfois nommer « arbre aux cent ou mille écus ». Le ginkgo est soit mâle, soit femelle et, selon la formule de Jean-Marie Pelt, il « pond des œufs* » ! « Madame » émet donc, avant fécondation, de gros ovules gorgés de réserves pour le développement éventuel d’un embryon. Ces « petites prunes jaunes » dégagent une odeur nauséabonde en se décomposant. Un « noyau » blanchâtre et brillant renfermant une amande apparaît alors. Grillée ou bouillie, cette dernière est comestible et très appréciée en Asie : considéré en Chine comme le « fruit de la félicité », c’est un mets traditionnel servi à l’occasion de grands évènements familiaux. Le ginkgo est un arbre très résistant. Comme d’autres végétaux, il a vaillamment résisté aux radiations d’Hiroshima. Ses plus vieux représentants sur terre auraient plus de 2 000 ans ; « d’aucuns vont même jusqu’à parler de 4 000 ans*». Il peut atteindre 30 à 40 mètres. Au Japon ou en Corée, certains sont même classés « monuments naturels nationaux ». Moins spectaculaire mais plus proche, le Son bois, d’abord employé pour la construction des temples, est toujours utilisé en architecture ou pour réaliser des navires, des objets usuels et des sculptures religieuses, etc. Reconnu pour ses propriétés médicinales depuis 4 700 ans environ, le ginkgo est aujourd’hui utilisé sous forme d’extraits standardisés et cultivé pour l’industrie pharmaceutique, en Gironde par exemple. Il régule la circulation sanguine et son action anti-oxydante semble bénéfique sur le système nerveux et la peau ; il diminue ainsi les troubles liés à la sénescence et entre dans la fabrication de produits cosmétiques. Son efficacité, parfois contestée, se révèlerat-elle essentielle pour lutter contre la maladie d’Alzheimer ? Les recherches sur ses propriétés se poursuivent mais la synthèse d’un de ses composants a déjà fait l’objet d’un prix Nobel de chimie, attribué en 1990 au professeur Elias Corey. Le ginkgo est symbole de longévité, de félicité et de connaissance. Le graphisme de ses feuilles fait souvent l’objet de motifs de décoration. Signe de prospérité, il est l’emblème de la ville de Tôkyô. Goethe, féru de botanique, lui dédia même un poème. *Jean-Marie Pelt. Les Nouveaux Remèdes naturels, Paris, Fayard, 2001, p. 60, 62-63. 21 LE JARDIN ANGLAIS 5 8 7 6 2 9 4 3 Mahonia aquifolium Mahonia à feuilles de houx Berbéridacées. États-Unis printemps 2 3 10 4 1 11 12 Choisya ternata Oranger du Mexique Rutacées. Sud-Est des États-Unis, Mexique printemps - automne (> VJ) Sequoiadendron giganteum Séquoia géant Taxodiacées. États-Unis 23 LE JARDIN ANGLAIS Hibiscus syriacus Ketmie des jardins, mauve en arbre Malvacées. Chine été - automne (> JJC) 7 8 Pterocarya fraxinifolia Noyer du Caucase Juglandacées. Caucase, Iran été automne Robinia pseudoacacia ‘Frisia’ Robinier faux acacia doré Fabacées. États-Unis et Mexique été printemps - été - automne Fritillaria meleagris Fritillaire damier, fritillaire pintade Liliacées. Europe printemps 9 10 11 12 Trachycarpus fortunei Palmier de Chine, palmier chanvre Arécacées. Chine, Birmanie printemps automne 5 6 DEVINETTES Liquidambar styraciflua Copalme d’Amérique Hamamélidacées. États-Unis automne automne Hamamelis mollis Hamamélis mou Hamamélidacées. Chine hiver automne Rhus typhina Sumac amarante, sumac de Virginie, arbre aux queues de renard Anacardiacées. États-Unis été hiver automne 1 - L’hamamélis est-il parfois nommé : a) arbre aux araignées, b) noisetier de sorcière, c) arbre aux doigts crochus ? 2 - Le liquidambar doit-il son nom à : a) ses feuilles, b) ses fleurs, c) ses fruits, d) sa résine ? 3 - Dans certains milieux, le séquoia géant peut-il atteindre plus de : 50, 75, 100 mètres de haut ? 25 et le marais LA FORÊT BLEUE S ur de nouvelles parcelles, essentiellement acquises entre 1896 et 1899, Albert Kahn étend son jardin. Sous ses fenêtres, il aménage la forêt bleue dont le nom se réfère à la couleur des principales essences utilisées : cèdres de l’Atlas et épicéas du Colorado forment une délicate enveloppe bleutée qui abrite, au sein d’une clairière, le marais. Ces espaces évoquent la spontanéité de paysages naturels : ceux de l’Atlas en Afrique du Nord ou encore ceux des milieux humides avec leurs espèces aquatiques. Au pied des grands arbres se développe toute une gamme de végétaux qui transforme les lieux au fil des saisons. Herbacées et vivaces apportent ainsi leurs propres touches naturelles, selon une pratique courante à l’époque dans les jardins anglais. Toutefois ce sont les azalées et les rhododendrons venus d’Asie, qui, par leur éclatante floraison et le jeu de complémentaires – orangés, roses, jaunes, mauves –, illuminent cette scène, formant un saisissant spectacle de sous-bois coloré. Des tableaux éphémères se succèdent et animent ce paysage « jardiné ». Les plantes en provenance de divers continents ici rassemblées font écho au projet si cher à Albert Kahn d’un monde réconcilié. C’est aussi dans cet univers végétal en mouvement que le Dr Comandon poursuivait en laboratoire ses recherches microcinématographiques sur la croissance des fleurs ou la faune des étangs… L’intérêt d’Albert Kahn pour la vie sous toutes ses formes est encore suggéré en ces lieux par la présence des bâtiments du cercle Autour du Monde et des Archives de la Planète. LE CÈDRE BLEU 1 LA FORÊT BLEUE ET LE MARAIS voir plan page suivante Cedrus libanii subsp. atlantica ‘Glauca’ Cèdre bleu de l’Atlas Pinacées. Algérie, Maroc toute l’année (> VJ - JJC - JA) en France dès 1839, par les pépinières lyonnaises Sénéclauze. Pour d’autres auteurs, il est découvert en Algérie et rapporté par un forestier français, au milieu du XIXe siècle. De la famille des Pinacées, il appartient au genre Cedrus, qui ne compte que quatre espèces provenant toutes du bassin méditerranéen, à l’exception du cèdre de l’Himalaya. Le cèdre de l’Atlas, comme le cèdre de Chypre, est parfois assimilé à une sousespèce du cèdre du Liban ; il est alors appelé Cedrus libani subsp. atlantica. Selon ses variantes de port et de couleur, un nom de cultivar peut lui être accolé ; ici, la forme bleutée est désignée par le terme ‘Glauca’. Le cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica) est originaire des montagnes d’Afrique du Nord dont il porte le nom ; il s’y développe naturellement au Maroc comme en Algérie. Selon certains, sa découverte au Maroc, dans les années 1826-1827, est liée à un botaniste anglais. Le cèdre de l’Atlas est ensuite introduit et multiplié Il peut atteindre 40 à 50 mètres de hauteur et vivre plus de 300 ans, parfois même beaucoup plus. Élancé en début de vie, il tend à prendre une forme tabulaire au cours de sa croissance. Le cèdre bleu est une belle essence d’ornement. Dans la département des Hauts-de-Seine, certains spécimens sont remarquables tels le cèdre pleureur planté en 1895 à l’arboretum de Châtenay-Malabry, celui du parc de la Malmaison ou encore celui situé dans le jardin du Trocadéro à SaintCloud, sans oublier la majestueuse allée du parc de Sceaux. Plantés en masse dans le cadre de la loi de 1860 sur le reboisement en montagne, ils forment aussi de belles forêts dans le Midi de la France ; citons notamment la cédraie du Rialsesse dans l’Aude ou celles du mont Ventoux et du Lubéron en Provence. Albert Kahn a-t-il été séduit par la beauté de ces massifs forestiers, lorsqu’il décide d’aménager sa forêt bleue à Boulogne ? L’hypothèse reste posée, car il a pu parcourir ces derniers paysages en se rendant au cap Martin où il acquiert une autre propriété à partir de 1897. De tout temps, le bois de cèdre a été employé en construction et en menuiserie. Son odeur aromatique, réputée pour lutter contre les insectes et les vers, en fait un atout appréciable dans la fabrication de mobilier, d’armoires notamment, mais aussi de petits objets décoratifs. Sa résine très odorante aurait servi à l’embaumement des morts. Aujourd’hui, l’huile essentielle de cèdre est employée pour ses propriétés antiseptiques et diurétiques. Majestueux, le cèdre est un symbole de puissance et d’immortalité. Voué aux dieux dès la plus haute Antiquité, il est aussi cité très souvent dans la Bible. 29 LA FORÊT BLEUE ET LE MARAIS 3 10 11 2 9 1 5 Rhododendron CV Rhododendrons hybrides Éricacées. Hémisphère nord printemps (> JA) Picea pungens ‘Koster’ Épicéa bleu du Colorado Pinacées. États-Unis toute l’année (> VJ - JJC) 3 4 6 2 4 8 7 Rhododendron molle Azalées mollis Éricacées. Chine printemps 31 LA FORÊT BLEUE ET LE MARAIS Ehretia dicksonii Cabrillet à grandes feuilles Boraginacées. Chine, Taïwan été automne hiver 5 6 7 8 Lagerstroemia indica Lilas des Indes Lythracées. Chine été automne (> JJC) Platanus x acerifolia Platane à feuilles d’érable Platanacées. Espagne automne - hiver (> JA) Osmanthus heterophyllus Osmanthe à feuilles de houx Oléacées. Japon automne (> JA - JJC) 9 10 Koelreuteria paniculata Savonnier de Chine Sapindacées. Est de l’Asie été automne hiver Nymphaea CV 11 Nénuphars hybrides Nymphéacées. Hémisphère nord, Tropiques printemps - été (> JJC) DEVINETTES Davidia involucrata Arbre aux pochettes Nyssacées. Chine printemps automne (> JJC) 1 - Parmi ces noms, quels sont ceux attribués au Davidia involucrata, déjà communément appelé « arbre aux pochettes » : a) arbre aux mouchoirs, b) arbre aux colombes, c) arbre aux fantômes, d) arbre aux papillons ? 2 - L’Ehretia appartient-il à la même famille que le myosotis ? Oui ou non ? 3 - Les fleurs d’un seul de ces arbres ou arbustes ne sont pas odorantes. Trouvez l’intrus : a) l’osmanthe, b) l’arbre aux mouchoirs, c) le cabrillet ? 33 et la prairie LA FORÊT DORÉE S ur ces mêmes parcelles, outre la forêt bleue et le marais, Albert Kahn imagine, avec l’aide de ses jardiniers, une prairie que dissimule une étroite forêt dorée. Dès cette époque, il semble concevoir luimême chaque nouvel aménagement. Légèrement surélevé par rapport à la forêt bleue, se découvre d’abord un nouveau voile coloré : au printemps, les jeunes pousses d’épicéas prennent une teinte jaune paille lumineuse ; elles sont relayées, à l’automne, par les étincelantes feuilles d’or des bouleaux. Ces deux évènements saisonniers donnent ici son nom à la forêt dorée. De nos jours, il faut encore un peu de patience avant de baigner pleinement dans l’atmosphère dont témoignent les autochromes de l’époque : le temps que les épicéas grandissent, car ces spécimens, appartenant à une variété peu commune, ont été difficiles à trouver lors de la restauration. Derrière ce rideau, se déroule un autre spectacle surprenant : une prairie avec son foisonnement de fleurs sauvages. Annuelles et vivaces s’y développent librement formant une infinité de tableaux multicolores qui se succèdent au fil du temps. Ces nouveaux paysages où prime la recherche de naturel s’inspirent toujours de mouvements nés en Angleterre à la fin du XIXe siècle. Contrastant par leur simplicité et leur abondance de couleurs avec la rigueur du jardin français aux parterres monochromes, ces scènes paysagères participent ainsi à la richesse de la composition. Entre une forêt bleue « jardinée » et une forêt « vosgienne », cette clairière constitue donc une délicate transition. LE BOULEAU 1 LA FORÊT DORÉE ET LA PRAIRIE voir plan page suivante Betula pendula Bouleau pleureur, bouleau verruqueux Bétulacées. Europe automne Le bouleau verruqueux (Betula verrucosa ou Betula pendula) se développe dans les régions froides et tempérées de l’hémisphère nord. Appartenant à la famille des Bétulacées, le genre Betula comprend une quarantaine d’espèces dont trois sont présentes en France. Si le bouleau nain y est rare, le bouleau pubescent est commun dans les terres humides ; le plus répandu reste toutefois le bouleau verruqueux qui préfère les sols légers. Ces deux derniers ont longtemps été confondus sous le nom de Betula alba. La présence de bouleaux dans les bois fossiles permet de savoir qu’il en existait déjà sur terre il y a quelque cinquante millions d’années. Le bouleau verruqueux doit son nom aux petites verrues de résine qui couvrent ses jeunes rameaux ; ces derniers, souvent longs et fins, sont retombants, d’où son nom scientifique : Betula pendula. Cet arbre ne dépasse guère les 20 à 30 mètres et devient rarement centenaire. En revanche, de croissance rapide, c’est une espèce pionnière capable de coloniser des sols pauvres et dénudés. La décomposition de ses feuilles améliore même la qualité des sols sur lesquels il s’installe. Essence de lumière, le bouleau ne pousse bien qu’à découvert et résiste mal à la concurrence. Il favorise la croissance d’espèces délicates qui, en se développant, lui font alors de l’ombre et l’éliminent injustement. Arbre des landes, il forme toutefois de belles forêts dans le Nord de l’Europe. L’écorce de bouleau est employée à de multiples usages. Ne pourrissant pas, elle est notamment insérée entre planches et gazon pour assurer l’étanchéité des toitures des maisons scandinaves traditionnelles. Roulée, déployée, tressée, tissée, elle peut former bougie, papier, cordage, objets ou vêtements. Son bois, par contre, pourrit facilement ou se rétracte en séchant. Il est surtout déroulé pour la fabrication de contreplaqués, appréciés pour leur légèreté. S’il servait autrefois à confectionner des cuillères, des bobines et des sabots, il était aussi recherché par les boulangers et autres artisans pour son pouvoir calorifique. Ses jeunes rameaux formaient également des balais très résistants. Plante de fourrage ou plante tinctoriale, le bouleau recèle mille et une vertus. Sa sève, légèrement sucrée, peut se consommer comme « eau de bouleau ». Fermentée, elle constitue une boisson pétillante appelée « vin de bouleau ». Elle possède en outre des propriétés diurétiques et dépuratives. Ses feuilles, ses bourgeons et son écorce semblent aussi bénéficier de qualités désinfectantes favorisant le traitement de maladies de la peau. Rayonnant par son écorce blanchâtre, le bouleau est souvent un symbole de pureté et de renaissance. Dans le calendrier celtique, l’année solaire commençait par le mois du bouleau. Il symbolise la connaissance des druides et il est souvent considéré comme « l’arbre de la sagesse », même si parfois ses ramilles ont servi à sermonner les élèves ou encore à « calmer » les fous ! En Sibérie, où il est sacré, le bouleau est l’arbre des chamans. Il constitue le pilier central de leur tente qui, entaillé, évoque l’échelle permettant à leur âme de s’envoler. 37 LA FORÊT DORÉE ET LA PRAIRIE 9 Picea abies 'Argenteospica' Épicéa doré Pinacées. Allemagne printemps 10 7 11 4 3 8 12 6 5 Corylus avellana Noisetier, coudrier Bétulacées. Europe hiver automne 2 3 4 5 Centaurea cyanus Bleuet Astéracées. Europe été 1 2 Malva sylvestris Grande mauve, mauve des bois Malvacées. Europe été - automne (> FV - JJC) 39 LA FORÊT DORÉE ET LA PRAIRIE Aquilegia CV Ancolie hybride Ranunculacées. Europe printemps (> FB) 6 7 8 9 Silene dioica Silène rouge, compagnon rouge Caryophyllacées. Europe printemps - été Leucanthemum vulgare Grande marguerite Astéracées. Europe printemps Papaver rhoeas Coquelicot Papavéracées. Europe, Asie Mineure printemps - été (> FB) DEVINETTES Heracleum mantegazzianum Berce du Caucase Apiacées. Caucase printemps - été Geranium sanguineum Géranium sanguin Géraniacées. Europe été (> FV) 10 11 Knautia arvensis Scabieuse des champs Dipsacacées. Europe été 12 1 - La carotte, le persil et le fenouil appartiennent-ils à la même famille botanique que la grande berce ? 2 - Qu’est-ce qu’une aveline : a) une courte avenue, b) un outil de pêche, c) une variété de noisette ? 3 - L’ancolie est-elle spontanée en Europe ? 41 vosgienne LA FORÊT S ur de nouveaux terrains achetés entre 1897 et 1918, Albert Kahn aménage une forêt vosgienne. Ce nom évoque les grands paysages du massif montagneux qui ont bercé son enfance. Bien qu’originaire des Vosges du Nord, Albert Kahn représente un espace des Vosges du Sud, dites cristallines, où des blocs de granite polis par le temps peuvent former des éboulis rocheux. Afin de suggérer le relief élevé des ballons vosgiens, des remblais surélèvent cette partie du jardin. De nombreux conifères mais aussi des feuillus sont alors plantés. À l’époque, roches et arbres déjà de belle taille, transportés des Vosges par wagons, nécessitent le démontage des fils électriques du quartier pour leur installation ! Aujourd’hui, de rares sapins se fondent au milieu des épicéas. Quelques feuillus, dont des hêtres, sont aussi présents, allusion aux hêtraies d’altitude. Lierre et fougères tapissent le sol, égayé par les fleurs sauvages qui accentuent l’atmosphère forestière des lieux. Depuis peu, au détour des sentiers sinueux, un tapis de jonquilles fleurit au printemps, rappelant la fête traditionnelle qui se déroule dans les Vosges à cette occasion. Suite à la tempête de 1999, un nouvel espace a été aménagé : un paysage des Vosges gréseuses où a grandi Albert Kahn est alors suggéré. Des blocs de grès rose plus cassants, surplombés par des pins, évoquent le relief abrupt du versant alsacien et complètent la douceur du versant lorrain déjà illustrée. Ce panorama vosgien en miniature permet d’oublier la ville et de retrouver l’atmosphère des promenades en forêt. L’ÉPICÉA 1 LA FORÊT VOSGIENNE voir plan page suivante Picea abies Épicéa commun Pinacées. Europe toute l’année Notre sapin de Noël est à tort nommé « sapin », car il s’agit en fait d’un épicéa (Picea abies). En montagne, on le trouve souvent en mélange avec le sapin blanc (Abies alba), mais tous deux appartiennent à des genres distincts, respectivement celui des Picea et celui des Abies. Le nom latin de l’épicéa, Picea abies, indique toutefois une certaine ressemblance avec le sapin, ce qui augmente la confusion. Épicéa signifierait « arbre à poix » (Picea vient du latin pix – picis, désignant la poix, la résine). Le genre Picea comporte une quarantaine d’espèces réparties dans les régions tempérées de l’hémisphère nord ; son seul représentant spontané en France est l’épicéa commun. Il appartient à la famille des Pinacées. Essence montagnarde d’Europe du Nord et d’Europe centrale, il se rencontre de la Scandinavie aux Balkans, de la France jusqu’à la Sibérie. Si, dans le massif des Carpates, certains épicéas mesurent 60 à 70 mètres de haut, dans les Vosges, ils atteignent déjà une cinquantaine de mètres. Mais c’est une essence qui craint les grands vents et la pollution atmosphérique. Les épicéas ne vivent généralement guère au-delà de 500 ans. Toutefois, une récente étude (2008) a révélé qu’en Suède il existait des sujets infiniment plus âgés. L’un d’eux aurait presque 9 550 ans, devenant à ce jour le doyen des arbres de notre planète. Le bois d’épicéa est blanc, mais plus léger que celui du sapin. Il est très employé dans l’industrie pour la fabrication de meubles, de parquets, de boiseries, etc. Outre la menuiserie, il est aussi utilisé sur les chantiers navals et d’aviation. Il permet de réaliser mâts, avirons, poteaux, échafaudages, etc. En altitude, l’épicéa pousse plus lentement et produit un bois plus régulier. Les meilleures billes sont recherchées par les luthiers et les facteurs de piano pour leurs capacités de résonance, tandis que les plus grands sujets produisent des charpentes de grande portée. En plaine, son bois pousse plus rapidement : de moindre qualité, il sert à la fabrication de coffrages, de caisses ou de pâte à papier. Sa résine, reconnue pour ses propriétés antiseptiques et calmantes, était employée pour soigner les affections articulaires ou respiratoires. Clarifiée et filtrée, elle formait autrefois la poix de Bourgogne qui, en dehors de ses applications médicales, servait aussi comme enduit d’étanchéité ou encore à « graisser les voitures » ! Chewing-gum d’autrefois, la résine d’épicéa aurait même été la première gomme à mâcher commercialisée. Distillée, elle fournit une essence de térébenthine. Associé au solstice d’hiver, l’épicéa est déjà un symbole de renaissance chez les Celtes. Au Moyen Âge, garni de pommes rouges, il évoque l’arbre du Paradis lors des Mystères représentés sur les parvis des églises, avant de rentrer peu à peu dans les foyers fêter Adam et Ève. Lors de la Réforme au XVIe siècle, les protestants l’adoptent à leur tour, car ils refusent la crèche pour célébrer la Nativité. Vers cette époque, un véritable « arbre de Noël » est alors mentionné en Alsace. Très vite les décorations se diversifient, puis apparaissent les premiers « sapins » illuminés. Après la guerre de 1870, l’émigration des Alsaciens et des Lorrains diffuse cette tradition qui se généralise alors à travers toute la France. 45 LA FORÊT VOSGIENNE 10 1 9 6 3 Digitalis purpurea Digitale pourpre Scrofulariacées. Europe printemps - été (> FB) 3 4 2 7 5 11 8 2 12 Dryopteris filis-mas Fougère mâle Aspléniacées. Hémisphère nord (> JA - VJ - JJC) 4 5 Abies alba Sapin blanc, sapin commun Pinacées. Ouest de l’Europe toute l’année Pinus sylvestris Pin sylvestre Pinacées. Europe et Asie septentrionale toute l’année 47 LA FORÊT VOSGIENNE Oenothera biennis Onagre, herbe aux ânes Onagracées. États-Unis été 6 7 8 9 Sambucus nigra Sureau noir Caprifoliacées. Europe, Afrique du Nord, Asie printemps été - automne Ficus carica Figuier Moracées. Proche-Orient été - automne 10 11 12 Narcissus pseudonarcissus Jonquille Amaryllidacées. Europe printemps (> JA) Cytisus scoparius Genêt à balais Fabacées. Europe printemps (> JA) DEVINETTES Quercus robur Chêne pédonculé Fagacées. Europe automne Pinus nigra subsp. laricio Pin Laricio de Corse Pinacées. Corse, Sud de la France toute l’année 1 - Les fleurs du figuier se trouvent-elles : a) à la cime de l’arbre, b) dans les figues, c) cachées sous les feuilles ? 2 - Le latex du figuier, suc laiteux contenu dans ses rameaux, peut-il servir à a) faire du chewing-gum, b) coder des messages, c) faire des pneus ? 3 - Qu’appelle-t-on « laine des forêts » : a) les tapis de mousses des sous-bois, b) les lichens pendant des branches, c) une matière obtenue à partir d’aiguilles de certains pins ? 49 japonais LE VILLAGE L orsque Albert Kahn crée son village japonais sur une parcelle acquise en 1897, l’heure est déjà au japonisme grâce aux expositions universelles, mais lui l’aménage au retour d’un voyage au Japon, « pour retrouver cette atmosphère » qui lui est « si familière ». Dans un réel souci d’authenticité, il engage des artistes japonais et fait même importer des végétaux et une collection de bonsaïs. Deux maisons traditionnelles de bois et de papier de riz, à l’origine coiffées de chaume, sont livrées en pièces détachées puis montées selon un savoir-faire ancestral. Leurs portes coulissantes ou shôji mettent en étroite relation espace habité et jardin ; fermées, elles offrent toujours une vue panoramique sur le paysage environnant perçu, agenouillé sur un tatami, à travers un cordon de fenêtres. Cet ensemble bâti est à l’époque complété par une pagode de cinq étages, qui brûle en 1952, et un pavillon de thé, remplacé en 1966. Entouré d’un jardin préparant aux cérémonies, ce dernier est isolé et légèrement surélevé, afin d’évoquer le calme des ermitages de montagne, propice à la méditation. L’accès au village se fait par une porte japonaise près du jardin anglais. Un jeu de plein et de vide sculpte aujourd’hui l’espace tout au long de la promenade, permettant au regard de voyager. Roches et végétaux taillés suggèrent en réduction des paysages du Japon : îles sur une mer de mousses, cascade d’azalées ou rivière sèche se laissent ainsi deviner. Pagode de pierre, lanternes ou bonsaïs rappellent encore les riches collections qui ornaient autrefois ces lieux. LES ÉRABLES JAPONAIS 1 voir plan page suivante Acer palmatum CV Érable palmé du Japon hybride Sapindacées. Japon, Corée printemps automne (> JJC) LE VILLAGE JAPONAIS 2 Acer japonicum CV Érable du Japon hybride Sapindacées. Japon printemps automne (> JJC) Les érables appartiennent à la famille des Acéracées, aujourd’hui rattachée à celle des Sapindacées. Ils font partie du genre Acer qui regroupe plus d’une centaine d’espèces présentes dans les régions tempérées de l’hémisphère nord, principalement en Asie et en Amérique du Nord. Dès l’ère tertiaire, ils sont déjà bien implantés. l’érable de Montpellier ou encore l’érable à feuilles d’obier. Parmi les spécimens « exotiques », les érables du Japon rassemblent une multitude d’espèces qui se déclinent en une gamme étendue de cultivars. Parmi celles parvenues dans nos contrées, Acer palmatum et Acer japonicum figurent au nombre des plus connues. Acer palmatum est ainsi qualifié au vu de la forme palmée de ses feuilles. Il en existe des centaines de variétés. Répandu dans tout l’archipel nippon, il se rencontre aussi en Chine et en Corée. Il est découvert au XVIIIe siècle par Thunberg, botaniste suédois, qui le décrit dans sa Flora japonica parue en 1784, mais les premiers échantillons ne parviennent en Europe qu’au début du XIXe siècle, vers 1820. Ils sont ensuite multipliés puis diffusés par les pépiniéristes hollandais ; de nombreux cultivars sont alors créés. Leur appellation scientifique provient de l’adjectif latin acer, qui signifie aigu, perçant ou tranchant. Dans l’Antiquité, leur bois dur servait d’ailleurs à la fabrication de lances. Hormis les nombreuses essences introduites pour leurs qualités décoratives, quelques-unes se rencontrent en France à l’état spontané comme l’érable sycomore, l’érable plane, l’érable champêtre, Acer palmatum Acer japonicum ‘Aconitifolium‘ Dans les basses forêts de montagne au Japon, Acer palmatum est un petit arbre qui peut atteindre 15 à 20 mètres de haut, tandis que la plupart de ses cultivars ne forment généralement que des arbustes d’une dizaine de mètres. Acer japonicum est lui aussi, comme son nom l’indique, originaire du Japon ; il croît dans les forêts de montagne assez élevées, au nord du pays notamment. À l’état spontané, il mesure parfois 10 à 15 mètres, mais dans les jardins c’est un petit arbre ou arbuste qui ne dépasse guère les 5 à 7 mètres de haut. Également décrit par Thunberg au XVIIIe siècle, il n’est introduit en Europe qu’à la fin du XIXe siècle, en 1864. Les feuilles des Acer palmatum sont généralement plus petites et comportent moins de lobes que celles des Acer japonicum. Ces deux espèces, très recherchées pour leurs couleurs automnales, possèdent de petites fleurs et des samares (fruits ailés) qui participent parfois à leurs qualités décoratives. Baptisés kaede ou encore momiji au Japon, les érables sont traditionnellement célébrés pour leur flamboiement, qui métamorphose les paysages en automne. Momijigari consiste alors à visiter les lieux réputés pour leur splendeur automnale ; véritable « chasse aux érables » et aux couleurs d’automne, cette coutume se pratique depuis des temps très reculés. Les érables japonais sont toujours à l’honneur grâce à l’art du bonsaï et aux nombreux motifs décoratifs qui s’inspirent de leurs gracieux feuillages. Leur bois peut être employé pour réaliser mobilier ou petits objets. Acer palmatum 53 LE VILLAGE JAPONAIS 7 6 12 4 2 10 1 13 5 11 8 9 3 Wisteria sinensis Glycine de Chine Fabacées. Chine printemps automne 4 5 3 Pinus mugo Pin des montagnes, pin mugo Pinacées. Europe 6 Chamaecyparis obtusa Cyprès hinoki, faux cyprès hinoki Cupressacées. Japon Prunus cerasifera ‘Pissardii’ Prunier de Pissard Rosacées. Iran printemps printemps - été - automne 55 LE VILLAGE JAPONAIS Phyllostachys bambusoïdes Bambou géant Poacées, sous-famille des Bambusoïdées Chine, Japon 7 (> JJC - FB) Taxus baccata ‘Adpressa’ If d’Angleterre Taxacées. Europe 8 10 Malus floribunda Pommier à fleurs Rosacées. Japon printemps automne Paeonia suffruticosa ‘Lactea’ Pivoine arborescente Paeoniacées. Himalaya, Chine printemps Magnolia stellata Magnolia étoilé Magnoliacées. Japon printemps automne (> JJC) 11 12 13 DEVINETTES 9 Soleirolia soleirolii Helxine Urticacées. Corse, Sardaigne (> JJC) Meconopsis cambrica Pavot du Pays de Galle, pavot jaune Papavéracées. Europe été - automne (> JJC - JA) 1 - La floraison des bambous a lieu au même moment, sur toutes les plantes d’une même espèce, d’un bout à l’autre de la planète. Vrai ou faux ? 2 - La teneur en taxine, poison contenu dans les feuilles, le bois et les graines d’if, varie-t-elle selon les saisons ? Oui ou non ? 3 - La fibre de bambou a-t-elle une résistance proche de celle : a) de l’or, b) de l’acier ? 57 japonais LE JARDIN E contemporain n 1908-1909, Albert Kahn retourne au Japon lors d’un voyage autour du monde et transpose dans sa propriété un nouveau « coin de terre japonaise ». Il aménage alors un « sanctuaire miniature » ponctué d’éléments en souvenir de ses visites : torii, façade de temple rappelant très probablement celle du Kyomizudera à Kyôto, sôrintô et pont rouge évoquant le site de Nikkô. Cet espace ainsi qu’un jardin rocailleux (dit « chinois » d’après les registres) ont aujourd’hui disparu, remplacés en 1988-1989 par une création contemporaine du paysagiste Fumiaki Takano. Rares témoins du passé avec le pont rouge, le grand cèdre de l’Himalaya et le hêtre pleureur forment l’axe yin-yang, un des trois axes qui structurent ce nouveau jardin. Ceux de la vie et de la mort sont respectivement représentés par des cônes érigés ou creusés dans le sol. Le parcours de l’eau, élément central de cette composition, rend hommage à la vie et l’œuvre d’Albert Kahn : elle jaillit d’un cône de galets pour illustrer sa naissance, avant de s’épanouir en un vaste bassin représentant la plénitude de sa vie. Sur les rives, un muret de galets évoque les collections des Archives de la Planète. Plus loin des éperons rocheux entravent son cours, symbolisant le krach boursier de 1929 qui entraîne la ruine d’Albert Kahn. Pour finir, ce ruban aquatique disparaît dans la spirale de la mort. Des paysages du Japon sont évoqués alentour : montagnes, cours d’eau, rizières et mont Fuji, tandis que les floraisons célèbrent le monde de l’éphémère et le renouveau de la vie… LES CERISIERS d’ornement 1 LE JARDIN JAPONAIS CONTEMPORAIN voir plan page suivante Prunus CV Cerisiers à fleurs du Japon hybrides Rosacées. Japon printemps automne Le cerisier appartient au genre Prunus, comme le prunier, l’abricotier, le pêcher ou encore l’amandier. Il fait partie de la sous-famille des Prunoïdées au sein de la grande famille des Rosacées. Le genre Prunus regroupe quelque 200 espèces – d’aucuns disent beaucoup plus –, qui se déclinent à leur tour en une multitude de variétés et d’hybrides. Ces variétés proviennent pour la plupart des zones tempérées de l’hémisphère nord mais quelques-unes sont originaires des Andes. Si les Prunus sont généralement cultivés pour leurs fruits, certains le sont aussi pour la magie de leurs floraisons. doubles ou multiples, certaines sont légèrement parfumées. Souvent petites et délicates, elles peuvent cependant mesurer 5 à 6 cm de diamètre. Feuillages d’automne et écorces sont aussi souvent très décoratifs. cerisiers sont déjà représentées à l’état sauvage, les jardiniers créent depuis longtemps de nouvelles variétés, mais c’est vers la fin du XIXe s. que de nombreux hybrides voient aussi le jour en Europe. La majorité des Prunus d’ornement, essentiellement découverts par les botanistes occidentaux dès la seconde moitié du XIXe siècle, provient d’Asie et surtout du Japon. Dans ce pays, où treize espèces de Les cerisiers ornementaux peuvent atteindre 20 à 30 mètres à l’état spontané ; cultivés, ce sont des arbres ou arbustes qui ne dépassent guère 5 à 10 mètres. Leur floraison annonce le printemps ; toutefois, certaines variétés fleurissent au cœur de l’hiver (Prunus subhirtella ‘Automnalis’). Leurs fleurs se parent généralement de blanc ou d’une palette de roses mais celles de Prunus serrulata ‘Ukon’ sont jaunes. Simples, Certaines variétés de Prunus subhirtella sont ici représentées. Du latin hirtus signifiant « hérissé », leur nom fait référence aux poils sur la face inférieure des feuilles. Découvert au Japon à la fin du XIXe s., sous sa forme ‘Pendula’, c’est un cerisier qui peut vivre plus de mille ans. Prunus incisa est aussi présent. Il supporte bien la taille. Au pays du Soleil Levant, il peut former des haies ou être cultivé en bonsaïs. D’autres cerisiers, comme le Prunus sargentii, réputé pour ses belles couleurs automnales, sont encore employés. Avec son nombre infini de cultivars, Prunus serrulata est toutefois le plus répandu au Japon. Il y est appelé sakura, « cerisier de village ». Au parc de Sceaux, sa variété ‘Kansan’ à fleurs doubles compose un bosquet majestueux de 150 arbres. Dès le VIIIe siècle, la beauté éphémère des Prunus est célébrée au Japon lors des fêtes d’O-Hanami. La durée et l’abondance des fleurs sont alors signe de bonnes récoltes. La chute des fleurs à l’apogée de leur splendeur est le symbole de l’éphémère pour le bouddhisme et représente la mort idéale pour les samouraïs. Fêtés par les nobles et les guerriers puis par toute la population, les cerisiers sont l’occasion aujourd’hui encore de festivités. L’arrivée du front de floraison est annoncée par les médias. Du sud au nord, les Japonais se pressent pour admirer ces spectacles fleuris. Certains emplacements sont réservés par les entreprises pour leurs employés. Des illuminations invitent aussi à la contemplation nocturne. Ce temps fort marque le début de l’année scolaire et fiscale. Le cerisier est, de même, apprécié en bonsaï ou en ikebana. Son bois entre dans la fabrication de meubles ; son écorce sert de placage. Saumurées, ses feuilles sont utilisées dans la confection de petits gâteaux qui se dégustent au printemps. Certaines fleurs conservées dans du sel servent à préparer une boisson offerte lors d’occasions particulières, comme les fiançailles. Seules les cerises, d’ailleurs souvent importées, ne semblent pas très prisées par les Japonais. 61 LE JARDIN JAPONAIS CONTEMPORAIN 1 7 3 6 5 2 4 9 8 11 10 12 3 Camellia japonica CV Camélia du Japon hybride Théacées. Japon, Corée, Chine printemps (> VJ) 2 4 Bletilla striata Blétilla Orchidacées. Chine, Japon, Vietnam été Rhododendron CV Azalées japonaises hybrides Éricacées. Japon printemps (> VJ) 63 LE JARDIN JAPONAIS CONTEMPORAIN 7 8 Cedrus deodara Cèdre de l’Himalaya Pinacées. De l’Afghanistan jusqu’au Népal Pieris japonica Andromède du Japon Éricacées. Japon printemps Cornus kousa Cornouiller kousa Cornacées. Corée, Japon printemps automne Cercidiphyllum japonicum Katsura, arbre au caramel Cercidiphyllacées. Chine, Japon automne 12 Cryptomeria japonica Cryptoméria, cyprès du Japon Taxodiacées. Japon (> VJ) 9 Anemone hupehensis var. japonica Anémone du Japon 11 Ranunculacées. Chine été - automne 5 6 DEVINETTES Fagus sylvatica ‘Pendula’ Hêtre pleureur Fagacées. Europe automne Ophiopogon planiscapus ‘Nigrescens’ Ophiopogon noir Liliacées. Japon printemps 10 toute l’année hiver 1 - Le thé appartient-il au genre Camellia ? Oui ou non ? 2 - Les fleurs du Cornus kousa sont-elles blanches ou jaune verdâtre ? 3 - Que signifie le terme deodara qui qualifie le cèdre de ce jardin japonais : a) bois parfumé, b) bois qui pique, c) bois des dieux ? 65 et petites bêtes utiles 67 PLANTES ENVAHISSANTES Chaque scène paysagère, invitant le visiteur à un voyage poétique particulier, bénéficie d’un entretien adapté. Cette gestion différenciée favorise ainsi le développement de flore et de faune diversifiées. Toutefois, certaines des plantes décoratives qui participent à ces ambiances spécifiques peuvent devenir envahissantes. Tel est le cas de la berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum). Cette majestueuse ombellifère (p. 48) qui orne la prairie doit d’ailleurs être utilisée avec précaution, car sa sève peut provoquer de graves dermites. L’ortie La vesce D’autres végétaux, présentant des floraisons intéressantes bien que moins spectaculaires, finissent également par être indésirables, comme la gracieuse vesce commune, qui possède pourtant la capacité d’enrichir les sols en azote. La scolopendre De même, la scolopendre, élégante fougère indigène colonisant pierres et enrochements du jardin japonais, se multiplie trop facilement. Il est alors nécessaire d’en réduire le nombre par une sélection manuelle. La ronce Par leurs tiges rampantes, brunelle, ronce, renoncule et chiendent deviennent quant à elles tentaculaires. Afin d’éviter qu’elles n’entrent en concurrence avec les plantes ornementales, un arrachage sélectif et régulier est alors pratiqué. Carex, pissenlit et liseron des champs se ressèment aussi trop rapidement. Ce dernier prospère également par fragmentation de ses immenses racines qui sont ainsi capables de générer de nouveaux plants : c’est ce que l’on appelle le marcottage. Des interventions ponctuelles sont donc nécessaires pour restreindre la propagation de telles plantes indésirables. Le liseron Si certains végétaux nécessitent d’être limités, d’autres subissent diverses attaques. Pour lutter contre les ravageurs, des prédateurs naturels sont appelés au renfort. Bien qu’il se nourrisse de vers de terre essentiels pour l’aération, le drainage et la fertilisation des sols, le hérisson est cependant très utile car il débarrasse le jardin des limaces et des escargots. 68 La coccinelle, autre amie du jardinier, peut, quant à elle, dévorer jusqu’à 100 pucerons par jour et manger aussi des chenilles, des acariens et des spores de champignons. Ses larves, achetées dans de petits sacs poreux, peuvent chacune engloutir jusqu’à 200 pucerons. Vous rencontrerez donc ces précieux sachets suspendus à certains arbres. Bouillies de cuivre ou de soufre permettent par ailleurs de lutter contre les maladies des arbres fruitiers et l’oïdium du rosier. Outre les écureuils espiègles, de nombreux oiseaux évoluent dans les ramures. Le plus spectaculaire est sans doute le héron cendré dont l’impressionnante envergure dépasse 1 m 70 ; se nourrissant pour l’essentiel de poissons, il fréquente les bassins du jardin, mais parfois trop glouton, il ne se contente pas toujours de réguler leur population de carpes koï ! Celles-ci vivent le plus souvent 25 à 35 ans, mais certaines sont centenaires. Très décoratives par leurs infinies nuances colorées, elles sont au Japon de véritables objets de collection.