Procès en appel sur les Hormones de Croissance Contaminées
Mercredi 3 novembre 2010
MCJ-HCC
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PROCES EN APPEL HORMONES DE CROISSANCE
COUR D’APPEL DE PARIS LE 3 NOVEMBRE 2010
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Journée consacrée à l’audition des témoin et experts
Yves Coquin
Human Rezaï et Joëlle Chabry
Synthèse
Journée intéressante, plein de fraicheur et d’intelligence, avec Human Rezaï et Joëlle Chabry
Témoin,Yves Coquin, 64 ans, Médecin
Il est à la direction de la santé et du médicament en 1981. Après le signalement des cas américains dans le
quotidien du médecin, on lui demande de regarder le processus de fabrication de l’hormone de croissance en France.
Il fera une comparaison entre le système de fabrication dans les laboratoires industriels et à France-Hypophyse.
Sur le papier la récolte semble correcte, la fabrication permettait d’éliminer les virus et conforme aux méthodes.
Malgré tout, les scientifiques ont essayés des choses très différentes et disparate. Avec les produits biologiques
ont est sûr de rien, on ne fait pas tout et n’importe quoi. Un produit biologique n’est pas une molécule seule, ce qui
compte surtout sur le procédé de fabrication.
Experts, Human Rezaï, 39 ans, Directeur de recherche à l’INRA sur les phénomènes d’agrégation du prion.
Joëlle Chabry, Directeur de recherche à Sophia Antipolis, déjà venue en semaine.
Les 2 experts, Human Rezaï cité par les parties civiles, Joëlle Chabry citée par
la défense, sont souvent d’accord, sauf parfois sur des détails techniques.
Parfois les avocats se disputent entre eux, sur la forme, et sur les
relations avec les experts. Ceux-ci se regardent, rient, écoutent. Joëlle Chabry,
fait plus attention à ce qu’elle dit, alors que Human Rezaï est plus spontané.
Il
va faire les remarques suivantes :
Si du prion pathogène est mis dans les colonnes, dans un premier temps celui-ci
est piégé. Si les colonnes ne sont pas changées, le prion est relargué
périodiquement. Donc la technique de séparation par taille ne fonctionne pas.
Mme Chabry confirme et indique que cette spécificité est indiquée par Prusiner dès 1977.
Les prions sont concentrés dans les culots, donc le l’usage des culots P3 est la meilleure façon de trouver du prion
pathogène.
Par contre l’usage du dimère ne semble pas être plus dangereux si il a plusieurs passages dans les colonnes, car le
monomère est déjà dangereux
A l’époque l’absorption sur les colonnes est déjà connu
A l’époque le collage sur les colonnes est déjà connu
A l’époque les méthodes de nettoyage des colonnes est déjà connu, depuis la nuit des temps, il n’a jamais changé.
Lorsque le Président lit la note de Montagnier, H Rezaï le trouve très clairvoyant. J Chabry, pour défendre Dray,
fait remarquer que les précautions sont surtout sur la collecte.
H Rezaï fait remarquer que depuis 1900, pour traquer le prion tout au long de la production, il faut utiliser du
charbon actif. Le prion qui est très collant va venir se fixer dessus.
Acocat Général : Pouvez vous classifier les facteurs de risques en ordre décroissant
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H Rezaï : 1 Pyrogène
2 Culot P3
3 Protéine collante
4 Le dimère
Dray se lève Je veux poser une question. Je ne peux pas attendre
Le président Wacogne : Pourquoi ?
F Dray prendra la parole à la fin
Avant de conclure Me Leclerc demande à l’avocat général de l’excuser des propos tenus.
F Dray précisera que les culots P3 étaient traités à la soude.
M Dangoumeau viendra à la barre, mais ne nous apprendra rien de particulier
Compte rendu détaillé de la journée
Président : Nous vous écoutons.
Coquin : J’étais directeur de la pharmacie du médicament en 81. Fin avril 85, j’ai eu mon attention attirée par
un entrefilet dans le quotidien du médecin relatif aux 3 jeunes américains décédés de la Mcj après un
traitement par hormone de croissance. Je tiens à dire que je connaissais le traitement en France à l’hormone de
croissance extractive. Mais de part ma fonction, je n’avais aucune raison particulière de m’intéresser à
l’hormone. Ces 3 cas américains n’étaient pas une coïncidence, une semaine plus tard environ, j’ai été chargé
d’enquêter sur ces cas américains et sur le traitement de l’hormone en France en général. J’ai donc organisé des
réunions avec l’Uria de Pasteur, mais aussi avec les firmes industrielles, France-Hypophyse et la D.G.S. Cette
enquête a révélé concernant ces 3 cas américains, que ces jeunes avaient été traités dans les années 60 avec
une hormone américaine issue d’un labo américain. France-Hypophyse nous a présenté son protocole sur la
collecte, protocole qui nous semblait correct
( vous a t il parlé des garçons de morgues qui collectaient en
douce les hypophyses, souvent dans des hôpitaux contre indiqués ?).
Nous avons ensuite étudié la procédure
de purification et d’extraction (procédé Lowry). Tout cela nous semblait conforme ! En ce qui concerne l’Uria, il
utilisait des colonnes de concanavaline qui retenaient les glycoprotéines, le étages concernant la dénaturation
à l’urée. Ce procédé avait été validé dans des articles médicaux.
Coquin parle ensuite des essais faits dans ces colonnes pour inactiver l’infectant.
Le résultat était que le produit était exempt de toute contamination (Et les 120 décès ?).
Le résultat a été publié dans le « Lancet ».
Coquin parle ensuite de la nvMcj et des essais qui ont été faits se basant sur ceux effectués pour
l’hormone de croissance, et l’inactivation efficace à l’urée.
Il était impossible de sécuriser totalement la collecte des hypophyses.
Suite à ce rapport, il a été demandé à toutes les firmes produisant l’hormone d’utiliser ces deux nouveaux
procédés concanavaline et urée. J’ai expliqué cela à France-Hypophyse, il n’y a pas eu de remarque particulière.
D’ailleurs, Dray a accepté de retraiter immédiatement un lot qui était près à partir à la PCH. Dormont avait
d’ailleurs accepté de valider cette nouvelle façon de faire. Après l’été 85, je ne me suis plus occu de ce
problème.
Président : La période de mai à juin 85, votre action avec Dangoumeau ?
Coquin : Vous me demandez d’être plus détaillé. Coquin revient sur ses dires et sur la mission qui lui avait été
confiée.
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Les cas américains n’avaient rien à voir avec les enfants traités par France-Hypophyse et Pasteur. Le procédé
Pasteur semblait correct mais il a été décidé quand même d’y adjoindre 2 nouvelles procédures ( concanavaline
et urée). J’ai rendu compte de ma mission au directeur de la pharmacie, et c’est pour cela qu’il y a eu la lettre du
10 juin 85 aux labos et firmes industrielles.
Président : 2 notes l’une du 20 mai et l’autre du 25 mai, note ou vous écrivez « Avec l’hormone de croissance,
on n’a fait n’importe quoi…. ! »
Coquin : Quand on examine les différents procédés, il y avait une recherche assez disparate.
En matière de produits biologiques, on n’est sûr de rien. Mes propos « on a fait tout et n’importe quoi « sont
un peu excessifs.
Président lit une partie du rapport de Coquin en 85. Il parle des doses que Sérono devait reprendre et
retraiter.
Président : L’ont elles é ? Il lit également une déclaration que Coquin a fait à la police comme quoi les
lots Sérono auraient bel et bien été distribués sans retraitement.
Président : L’arrêt du traitement chez les enfants ?
Coquin : Les pédiatres, M. le président, il faut être très clair, il apparaît aujourd’hui que c’était un traitement
de confort ! Mais le nanisme hypophysaire existe bien. Les pédiatres en choisissant ce médicament l’ont fait en
conscience en parfaite connaissance du produit. Ils ont mis en plus une structure permettant de contrôler les
traitements afin qu’il n’y ai pas d’excès. A cet égard, j’ai toujours considéré ce dispositif louable. Aujourd’hui on
sait que l’hormone était contaminée, mais en 85 on l’a pensait sûre. La décision que nous devions prendre devait
tenir compte des données scientifiques de 85 et l’acceptabilité sociale pour les familles à qui on faisait miroiter
Président : L’AMM ? S’il y en avait une, peut être n’ou n’en serions pas là aujourd’hui ?
Coquin : Je pense que la focalisation sur l’AMM est totalement surréaliste. Tous les dicaments de l’époque,
n’avaient pas d’AMM, il y avait des préparations hospitalières sans AMM. Reportons nous en 85 ! De quoi parle t
on ? L’AMM n’existait mais c’était des visas distribués par une commission de visas. J’ai participé à 2 ou 3 de ces
commissions. J’en suis sorti horrifié ! Il suffisait d’un article signé par un grand professeur pour que le visa soit
accordé sans coup férir ! En 78, c’est mise en place une nouvelle procédure bien plus exigeante. L’AMM apporte
une sécurité admirable mais par contre, il ne faut pas croire que cela est absolu. Coquin parle d’un cas de
contamination ou le labo privé Sandoz a retiré tous ces lots (rétro virus).
( Cqfd, il fallait bien retirer toutes
les hormones même celles déjà chez les patients dans leur frigo…)
Il parle aussi de l’héparine (2007) tirée
du foie de cochons chinois contaminés par la fièvre (plusieurs centaines de décès). Voyez, même avec une
AMM, on n’est pas à l’abri…..
Président : Le retrait des lots, vous venez de l’évoquer pour la cas Sandoz ?
Coquin :Voyez la lettre du 10 juin, nous avons demandé que ne soit utilisé sur le territoire national que des
produits retraités. Cette note aurait être transmise aux pharmaciens qui auraient procéder au retrait. La
danger n’apparaît pas dans l’immédiat. Quand on rappelle des produits au domicile des personnes, il faut un
défaut de ce produit ou alors que le produit soit contaminé. Coquin compare alors les hormones aux œufs des
grandes surfaces qu’on ne rappelle pas. Le pharmacien aurait du contrôler le rappel de ces lots.
Le président lit ensuite la lettre adressée aux labos privés et celle écrite à Job.
Coquin : Nous voulions qu’il sursoit à de nouveaux traitements en attendant d’avoir les résultats de nos
analyses. De plus une hormone biosynthétique était en cours d’expérimentation.
A.Général : Pourquoi lorsque vous intervenez dans cette crise, vous focalisez sur la procédure de purification
et non pas la collecte ?
Coquin : Tout d’abord, ce n’était pas une crise ! Tous les produits biologiques sont susceptibles d’être
contaminés et d’être découvert d’être à posteriori ! Coquin parle du cancer du singe (virus SV 40). Je
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reconnais que nous étions loin d’imaginer que les hypophyses étaient collectées de cette façon. Coquin prend
l’exemple d’un individu de 57 ans, en bonne santé, renversé par un véhicule, transporté dans le coma à
l’hôpital ou l’on prélève son hypophyse suite à son décès, sans savoir qu’elle est truffée de prions (Mcj
sporadique). J’ai appris pendant ma carrière médicale d’être extrêmement prudent sur l’avenir !
A.Général : la mesure, non indiquée mais utilisée par Pasteur : le dimère ! Pourquoi cela n’est pas évoqué et
pourquoi son abandon par Pasteur ?
Coquin : J’ai renoncé à me faire une opinion, la question du dimère a bel et bien été discutée. Je n’ai plus en tête
le détail de ce qui s’est dit il y a plus de 25 ans.
A.Général : Cette question a t elle été occultée de votre rapport ?
Coquin : C’est vrai !
A.Général : Pasteur avait une politique discriminatoire, il mélangeait le dimère et le monomère des hypophyses
françaises, mais n’utilisait que le monomère sur les hypophyses bulgares ? Il relit la déclaration de Coquin à la
police judiciaire.
Coquin : On peut considérer que les hypophyses bulgares étaient de 2° ordres
(attention à l’eugénisme,
Monsieur….)
, c’est pour cela qu’on n’utilisait que le monomère.
A.Général : les pyrogènes ?
Coquin : j’ai interrogé là dessus, il peut y avoir des résidus, ces fragments là, on essaye de les éliminer par des
tests. Ces pyrogènes doivent être éliminés. C’est fâcheux, pour autant ils ne constituaient pas un danger. Mais la
présence de pyrogène, ça fait mauvais genre !
A.Général : Vous avez dit que les patients étaient des consommateurs ? Peux t on accepter des pyrogènes dans
des médicaments ?
Coquin : La règle est de mettre sur le marché des produits non défectueux (exempt de pyrogène)
A.Général : les produits avec AMM n’ont pas de pyrogène, cela a donc quand même son utilité ? Vous avez dit la
présence de pyrogène est signe de grand défaut de fabrication, vous ne remettez pas en cause cette
affirmation ?
Coquin : Je ne le nie pas, je veux mettre un bémol : pyrogène = défectuosité !
A.Général : la phase finale de l’hormone était Opodex sous traitant régulièrement contrôlé (salle blanche,
stérilité etc..) ?
Coquin : il est clair que la probabilité d’une contamination vient plus en amont qu’en aval, c’est incontestable, il
faut voir !
A.Général : Voir quoi ?
Szpiner : Les rapports entre la DPMH et France-Hypophyse?
Coquin : rapports classiques entre administration et association. France-Hypophyse voulait que les pouvoirs
publics participent à cette association.
Szpiner : En 85, vous devez éclairer Dangoumeau ? Avez vous assisté à des réunions de France-Hypophyse?
Coquin : Non
Szpiner : Avez vous contacté votre collègue qui y participait ?
Coquin : Oui, elle a d’ailleurs été associée à mon compte rendu
Szpiner : N’était elle pas juge et partie ?
Coquin : Non, elle juste s’assurer que les citoyens ne pâtissaient pas de l’association. Certes, il peut y avoir des
appels du pied, des collusions dangereuses (Coquin tape sur la barre avec son doigt).
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Szpiner : L’AMM, surréaliste selon vous ?
Coquin :J’ai employé ce terme pour expliquer le décalage, le fait que l’hormone ait pu être contaminée avec ou
sans AMM.
Szpiner lit la déclaration de Coquin à la police. Coquin se plaçait dans le cadre d’une AMM. Etiez vous donc
décalé ?
Coquin : Je suppose que l’hormone de croissance n’a pas eu de visa en tant que spécialité pharmaceutique. Donc,
dans l’esprit des fondateurs de France-Hypophyse l’hormone était un médicament d’exception. Je n’ai jamais
remis en cause les vertus de l’AMM.
Szpiner lit une phrase de sa déclaration toujours relatif à l’AMM.
Coquin : La réputation de Job et Royer était elle qu’ils auraient eu une AMM sans coup férir.
Szpiner : Ce n’est pas ma question ?
Coquin hésite à répondre.
Président : Il va peut être répondre.
Szpiner : Vous êtes optimiste, monsieur le président !
Président : toujours maître !
Coquin : Mais de toute façon, l’hormone était un médicament orphelin. Sans aucun doute, Job et Royer auraient
eu ce visa s’ils l’avaient demandés.
Szpiner : Sur la collecte, quelles ont été vos investigations ?
Coquin : Je n’ai pas fait d’investigation, à part de demander le protocole de la collecte au labo. Mon rapport
devait parler de la fabrication.
Szpiner titille l’expert sur les règles de prélèvement (exclusion)
Coquin, genre désabusé lève ses bras en l’air. Il à l’air mal à l’aise.
Honnorat : les procédures de fabrication ?
Coquin : Quand on analyse un procédé, on doit y regarder. Il est vrai qu’on a moins examiné les procédures. On
n’est pas allé très loin dans le détail de ces procédures.
Honnorat : les contrôles qualité ?
Coquin : On a eu les infos par la PCH. Pour l’avoir, je ne me rappelle plus les infos fournies sur les procédures.
Honnorat lit une partie de la déclaration de Coquin sur les BPF.
Coquin : A l’époque, cela n’était pas condamnable, aujourd’hui ?
Mor : Qui était le prescripteur ?
Coquin : Il y avait un prescripteur et un feu vert (France.Hypophyse) qui validait la prescription.
Mor : Quel aurait été ce système avec une AMM ?
Coquin : Les firmes vendaient l’hormone à un certain coût, et il faut beaucoup d’hypophyses pour faire un peu
d’hormone. Ensuite il parle d’un autre cas et de l’hormone synthétique. Plusieurs publications ont affirmé que
l’agent actif de l’hormone bio synthétique pouvait donner des cancers digestifs.
Mor : Vu la notoriété de Job et Royer, ils auraient eu un visa ou une AMM ?
Coquin : Les conditions étaient différentes. L’exigence entre visa et AMM s’est mise en place progressivement.
Aujourd’hui je ne le pense pas. La mise en forme d’un dossier pharmaceutique se fait plus difficilement. Coquin
revient sur son expérience personnelle
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