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Introduction
Du constat de départ à l'objet de la recherche
Les médecins ne sont pas des juristes, les patients qui les consultent généralement pas
non plus. Aussi ont-ils du droit une connaissance profane, même quand il s’agit de Droit
de la Santé.
Mon travail aura pour but de rechercher les représentations qui influencent les positions
des uns et des autres quand ils envisagent l’application des prescriptions légales du
Droit de la Santé. Pour ce faire je prendrai le cas particulier du consentement au
traitement médical, consentement que le législateur veut “libre et éclairé”.
L’objet de ce travail concerne la relation médecin-malade. Elle a déjà été observée par
des scientifiques de différentes disciplines : les médecins eux-mêmes, mais aussi les
sociologues (ce qui a fait éclore les courants de la sociologie de la maladie et de la
sociologie de la médecine), ainsi que par les psychologues (ce qui a donné naissance à
la psychologie de la santé). Des chercheurs d’autres disciplines ont également observé
ce type de relation mais la présentation exhaustive de ces divers courants de pensée
m’entraînerait hors du cadre de ce travail.
L’application du droit dépend de multiples facteurs, le premier est la connaissance que
l'on en a. Mais le savoir se heurte à de nombreuses contingences. Les représentations
que chacun se fait de ses droits et de leur application ne sont pas similaires. Elles sont
influencées par l'appartenance sociale des individus et le statut des médecins est très
souvent éloigné de celui des personnes qui le consultent. Ces constatations m'ont
amené à formuler une première question.
Question de départ
Le questionnement qui guidera ma recherche est celui des représentations qui sont
utilisées par le médecin et par le malade quand ils doivent décider de comment mettre
en œuvre le droit du patient au consentement libre et éclairé. Quelles sont les
représentations des médecins qui influencent leur position face au consentement ?
Quelles sont les représentations des patients? Y a-t-il des types de représentations
propres aux médecins? Y a-t-il différents types de représentations chez les patients
selon leur appartenance sociale? Un haut niveau d’éducation du malade favorisera-t-il
des représentations proches de celles du médecin ? Quelle influence les événements
de vie auront-ils sur les représentations des individus appartenant à un même groupe ?
Forment-ils des groupes ayant suffisamment d’échanges, d’enjeux relationnels en terme
de cohésion et de sources d’information communes pour forger des représentations
sociales ? Les personnes interrogées expliquent-elles spontanément ces
représentations par des facteurs individuels?