Résumé
En 2012, le Sénégal a enregistré un taux de croissance de 3,6 %, soit un point et demi de pourcentage
de plus qu’en 2011, mais encore en dessous de la moyenne de 4,5 % atteinte pendant la période
d’expansion 1994-2005. Le taux de pauvreté s’établit 46,7 % en 2011 contre 48,3 % en 2006,
toutefois, en valeur absolue, le nombre de sénégalais vivant dans la pauvreté s’est accrue de 10,6 %
en 2011 par rapport à 2006. De plus, de manière plus préoccupante, la profondeur et la sévérité de la
pauvreté ont plutôt augmenté.
Les ressources naturelles, notamment agricoles, halieutiques et l’eau, exercent une influence
déterminante sur les résultats économiques du Sénégal. Elles constituent encore la base des activités
économiques dont dépendent directement au moins 60 % de la population, notamment, les
nombreuses populations rurales. Elles contribuent ainsi de façon décisive à la sécurité alimentaire, à
l’emploi, à la formation des revenus, et à l’économie nationale.
Or, les pressions exercées sur les ressources ne font que s'accroître au point leur utilisation intensive
menace la sécurité de l’économie. Il est donc important de préserver les écosystèmes qui assurent
l’offre et le renouvellement de ces ressources qui sont essentielles au pays. L’agriculture, la pêche, la
forêt et les ressources en eau ont été ainsi définies comme les secteurs, où non seulement la valeur
du capital naturel devrait être mieux intégrée au marché, mais où une variété de mesures politiques
devrait être mise en œuvre afin de modifier les pratiques et assurer la pérennité des ressources.
Au-delà de l’utilisation intensive du capital naturel, la croissance économique au Sénégal est
actuellement réalisée au moyen de technologies peu économes en carbone. En outre, cette
croissance est autoentretenue en grande partie par des comportements qui engendrent une
accumulation massive de déchets. L’efficacité énergétique et la transition vers l’utilisation d’énergies
renouvelables, ainsi que la gestion des déchets seraient également des secteurs d’action prioritaires
de l’économie verte.
Une utilisation plus efficace des ressources dans le cadre d’une démarche que reconnaît la valeur du
capital naturel et l’intègre aux dynamiques de marché, à savoir l’économie verte, sera déterminante
pour assurer la croissance et l'emploi, et réduire la pauvreté au Sénégal. Une action en la matière, à
travers un investissement annuel de 2 % du PIB national seulement dans la transformation verte de
ces secteurs clés, ouvre d'importantes perspectives économiques, améliorera la productivité
agricole, la couverture forestière et l’offre d’énergie renouvelable, fera baisser les coûts supportés
par l’environnement et stimulera la compétitivité. La nécessité de développer des produits et des
services dans le secteur des énergies renouvelables insufflera un élan supplémentaire à l'innovation
technologique et la création d'emploi. Les investissements verts conduiraient à améliorer l’état
nutritionnel des populations, leur accès à l’assainissement de 10 % à 30 %, et à l’universalisation de la
collecte des déchets, contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie des populations
sénégalaises.
Toutefois, afin favoriser la transition vers une économie verte, l’Etat qui a un rôle financier majeur à
jouer, devrait par ailleurs veiller à la mise en œuvre d’un éventail de politiques et programmes
complémentaires dans les secteurs d’intervention prioritaires précédemment présentés. L’objectif
poursuivi serait de créer les incitatifs requis pour stimuler l’action du secteur privé et le changement
de comportement des populations.
Le Sénégal peut tirer bénéfice des différents instruments et sources ou programmes de financement
initiés ou à venir tant au niveau intérieur à celui international pour mettre en œuvre sa transition
économique verte. En s’attachant en priorité à instaurer un cadre politique cohérent, à augmenter
les investissements verts, à développer les marchés publics des produits verts et à améliorer la
communication avec le public.