1 I. Différents troubles : L’anorexie et la boulimie A. Introduction Dans les pays développés où en principe chacun sait manger à sa faim, est-il possible que certaines personnes se privent des repas alors que ailleurs dans le monde, il y en a qui meurent de faim ? La norme aujourd’hui en matière de masse corporelle voudrait que l’on soit mince, avec une taille de mannequin. Les producteurs des biens et services, en matière de publicité ne disent pas autre chose : consommer light pour réduire votre poids ou pour ne pas en prendre ; habillez-vous svelte pour être « tendance ». Pour ne pas être en marge de la société, les jeunes filles de moins de 20 ans, abonnées de la mode, subissant cette dictature de la minceur à tout prix se retrouvent pour finir victimes de l’anorexie. Dans le sens inverse, c’est la boulimie. Les jeunes femmes surtout, les hommes aussi d’ailleurs, basculent dans un excès de consommation qui les plonge en situation de surpoids. Comment est-il possible qu’un être humain puisse manger au point de ne pas s’arrêter ? Depuis les années 90, ces deux maladies alimentaires très graves, l’anorexie et la boulimie, commencent à toucher de plus en plus de personnes. On en parle, certes, mais pas assez. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 2 B. Historique Définition du groupe de maladie L’anorexie et la boulimie font partie du groupe de maladies relevant du « trouble du comportement alimentaire ». Ce type de trouble correspond à un ensemble de symptômes précis. Ces derniers sont spécifiques à chacun des troubles répertoriés. Par exemple, le refus de s’alimenter et le désir de maigrir sont propres à l’anorexie et ne se retrouvent pas dans la boulimie. De la même manière que l’on ne parle pas d’angine à chaque fois qu’un enfant a mal à la gorge. On ne parle pas aussi du trouble de comportement alimentaire de manière aléatoire. Ce n’est qu’une fois que l’ensemble des symptômes de l’angine ont été identifiés, que l’on peut poser le diagnostic et prescrire le traitement adéquat. Il en va de même pour les troubles du comportement alimentaire dont le diminutif est le « TCA ». Ce n’est pas parce que votre enfant saute un repas, ou qu’il mange tout un paquet de gâteaux au moment du goûter, qu’il est pour autant anorexique ou boulimique. Les troubles du comportement alimentaire sont l’expression d’un mal-être et les résultats dramatiques de ce qui n’était au départ qu’un petit régime amaigrissant. Cela se manifeste par un trouble du comportement alimentaire qui commence bien souvent par un régime. Ce n’est pas seulement une histoire d’alimentation mais surtout, c’est à cause de la société qui formate les gens à ressembler à des modèles. La problématique a deux aspects dont le premier est basé sur le mental et le second touche à la nutrition. Le « TCA » a un manque de confiance en soi et une perte de volonté progressive. Il a le sentiment de vouloir à la fois obtenir un résultat sur une durée très rapide et dans des manières assez radicales. En prenant l’anorexie, nous constatons que certaines femmes visent à ressembler à un modèle bien précis. Ce modèle peut être, par exemple, un mannequin pour laquelle elle aurait une admiration excessive. Ce que ces femmes ignorent, c’est l’écoute du cœur et du corps. La plupart des régimes établis se font dans des conditions radicales et extrêmes. Des régimes qui paraissent très simple à première vue, mais l’envie excessive et pressante du régime provoque un dérèglement du processus. Pour parler de troubles du comportement alimentaire, il faut préalablement s’assurer que : Toute maladie organique a été éliminée. Ceci se justifie aisément lorsqu’on sait qu’en cas de fortes fièvres, par exemple l’appétit est altéré. Les symptômes se répètent et durent. Si votre enfant refuse de manger, cela ne signifie pas nécessairement qu’il souffre d’anorexie ; La rupture de comportement habituel de votre enfant a une incidence sur son développement. Il arrive que certains enfants perdent leur appétit en grandissant et deviennent des petits mangeurs, sans que cela n’affecte pour autant leur 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 3 développement. Alors, il continue de grandir et de s’épanouir normalement. Ce changement de comportement ne s’inscrit pas dans le cadre d’un trouble du comportement alimentaire. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 4 C. Définition du trouble 1. Définition des maladies L’anorexie et la boulimie sont des troubles du comportement alimentaire dont les bases physiologiques sont la volonté de maigrir et la mise au régime hypocalorique, souvent trop sévère. a) L’anorexie1 L’anorexie se définit comme un besoin de maigrir à tout prix, alors même que le poids corporel est normal ou déjà bas. Ce besoin ne répond pas à une stratégie de séduction, mais à une position de repli liée à la peur et au refus de grossir par risque d’être grosse, obèse. Il se transforme en angoisse et s’associe à une hyperactivité physique qui est, en fait, plus une agitation, une excitation qu’une véritable activité sportive. Souvent, les malades ont tellement peur de grossir, qu’elles se voient automatiquement grosses, même si elles se savent maigres. La plupart du temps, elles luttent contre la faim : ce qui n’est pas considéré comme une vraie anorexie. Il ne s’agit pas d’une maladie mentale mais bien d’un trouble du comportement. Sur dix cas d’anorexie, neuf sont des femmes célibataires, âgés de 15 à 30 ans, issues de classes sociales moyenne et supérieur. b) La boulimie2 La boulimie se définit comme une ingestion, en dehors des repas, d’une quantité importante d’aliments ni choisis, ni désirés, donc sans plaisir et sans faim, chez quelqu’un qui a un souci extrême de minceur. Pendant la crise, le malade a le sentiment de perdre tout contrôle, cette personne en souffre et fait souffrir aussi son entourage. 1 RIGAUD Daniel, Anorexie, Boulimie et d’autres troubles du comportement alimentaire, Lieu : France, Ed : Milan Eds, Dt : 2002, Col : Essentiels numéro 209, Pg : 64 pages MAINE Margo, Anorexie, boulimie, Pourquoi ? Troubles de la nutrition et relation père-fille : Faim du père, soif de contact, Lieu : France/Paris, Ed : Souffle d’Or, Dt : 1997, Col : Parole, Pg : 305 pages 2 RIGAUD Daniel, Anorexie, Boulimie et d’autres troubles du comportement alimentaire, Lieu : France, Ed : Milan Eds, Dt : 2002, Col : Essentiels numéro 209, Pg : 64 pages Site web : http://www.webchercheurs.com/61/388-fr-définition-et-symptomes-de-la-boulimie.html, page consultée le 19 novembre 2011. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 5 La boulimie est faite de crises effrayantes où l’on engouffre tout ce qui se mange et où l’on rejette l’horreur dans un vomissement salvateur. Comme il est crucial pour ce genre d’individus de ne pas grossir, ceux-ci vont utiliser des stratégies pour maigrir : vomissements volontaires et involontaires, laxatifs, prise de divers médicaments, hyperactivité physique mais tous les boulimiques ne se font pas vomir. On constate que ce phénomène n’est pas simplement une histoire de grignotage ni de gourmandise. Les personnes souffrantes de boulimie ne le font pas exprès, elles sont certes bien incapables, malgré leur souhait de s’en sortir. Chez une personne boulimique, il existe trois crises ● La pré-crise : Sentiment de tension pénible ; Excitation préalable teintée d’angoisse et d’irritabilité ; Etat de manque et recherche de nourriture. ● La crise en elle-même : Perte de contrôle ; Absorption de milliers de calories en un minimum de temps ; Sensation de malaises corporels, notamment au niveau abdominal ; Vomissements et soulagements « teintés » de honte. ● La post-crise : Sentiment de honte, de culpabilité et de regrets ; Volonté d’arrêter de manger mais le malade ne peut pas car ses crises sont devenues habituelles. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 6 D. Symptôme ( DSM IV-R) 1. Anorxie a) Les symptômes de l’anorexie DSM IV-R Manque d’appétit ou refus alimentaire ; Amaigrissement ; Hyperactivité et résistance à la fatigue ; Aménorrhée chez la femme post pubère Refus de l’individu à reconnaître sa maigreur ; Mensonges pour ne pas prendre les repas en famille ; b) Signes cliniques anorexie (Bergeret) Les principaux signes cliniques de l'anorexie sont : Restriction alimentaire (réduction de l'apport calorique, élimination des hydrates de carbones, des graisses, des protéines, ... planification de régimes très stricts), Amaigrissement (perte de + de 15% du poids initial), Aménorrhée. Mauvaise perception de son image (diminution de son estime de soi). activité physique croissante et surinvestissement celle-ci. Situation de conflits avec l’entourage familial, en d’autres termes, l’anorexique recherche l’affection mais en même temps, combat pour avoir une identité autonome. pensée dichotomique “tout ou rien” On parle de la "triade" des 3A, c’est-à-dire, l’anorexie, l’amaigrissement, l’aménorrhée qui s'installe progressivement. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 7 2. Boulimie a) Les symptômes de la boulimie DSM-IV La boulimie débute généralement plus tard que l’anorexie, avec un pic de fréquence vers 1920 ans. Son diagnostic repose sur l’association des critères suivants : Frénésies alimentaires, pulsions incontrôlables ; Répétition d’épisodes boulimiques, c’est-à-dire une consommation rapide d’une grande quantité d’aliments ; Sensation de perdre le contrôle de la prise de nourriture lors des épisodes boulimiques ; Moyenne hebdomadaire d’au moins deux épisodes boulimiques et ce depuis au moins trois mois ; Utilisation régulière de moyens destinés à prévenir la prise pondérale ; Intérêt exagéré porté à sa corpulence et à son poids. L’estime de soi est influencée de manière excessive parle poids. b) Signes cliniques (Bergeret) Les signes cliniques de la boulimie sont Episodes récidivants de gavage ; Sentiment de perte de contrôle du comportement alimentaire ; Purges fréquentes ou restrictions alimentaires sévères ; Préoccupation excessive au sujet du poids et de l'apparence ; sentiment de honte, de dévalorisation, de culpabilité et de dégoût profond. La peur morbide de devenir gros est la préoccupation psychologique principale 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 8 E. Prévalence L’anorexie mentale au sens strict est un trouble essentiellement féminin. Dans neuf cas sur dix, la victime est une jeune fille. Les données épidémiologiques sont encore rares en France. Aux États-Unis, où l'anorexie mentale est la troisième maladie chronique chez l'adolescente après l'obésité et l'asthme, la prévalence serait de 0,48 % dans la tranche des 15-19 ans. La prévalence vie entière est estimée à 0,5 %. Une éventuelle augmentation de l'incidence dans la population générale n'est à ce jour pas démontrée pour les anorexies cliniquement caractérisées comme telles (et non les simples restrictions alimentaires)3. Incidence annuelle de l’anorexie: 1 à 15 ,100 000 (fille) et 1.8 / 100 000 (garçon) Prévalence: 0.5% des jeunes filles Début à l’adolescence classique: 14-18 ans Sexe féminin dans plus de 90% des cas. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 9 F. 6. Etiologie 1. Trois facteurs à l’origine des « TCA » Pour que se développe un « TCA », il faut la réunion de trois facteurs qui sont les suivants : La pression sociale (Facteurs socio-culturels) De nos jours, les troubles du comportement alimentaire sont de plus en plus médiatisés. Sujet à la mode, il inspire et il fascine. Une véritable pression sociale s’exerce sur la forme, le poids et l’alimentation comme des graisses meurtrières, des produits allégés, des édulcorants, la sculpture d’un corps… Parallèlement à cela, nous assistons à un véritable culte pour les mannequins brindilles aux courbes longilignes et aux courbes inexistantes. A côté du corps « à façon », la société nous décline un contexte sur la maîtrise de l’environnement et la maîtrise de soi ainsi que sur la minceur. C’est ainsi que dans notre société, l’obésité et le surpoids sont très mal vus. Par ailleurs, l’acte de manger n’est plus quelque chose que l’on fait avec plaisir en savourant chaque bouchée mais plutôt sur le mode de la culpabilité, en songeant à toute ces calories qui devront être éliminées lors d’une séance de gymnastique par exemple. En réalité, on rejette l’obésité, on prône la minceur et on tolère la maigreur Un corps désirable est un corps dont le poids et les formes sont parfaitement contrôlés et la minceur sans cesse plus flagrante. La recherche de la minceur devient donc, pour la femme surtout, un moyen de s’exprimer, de forger son identité. Des rapports distants avec les proches (Facteurs familiaux) Le contexte familial peut aussi être très influent. Des dysfonctionnements au sein de la cellule familiale sont récurrents. Il peut parfois y avoir eu inceste, maltraitance, alcoolismes d’un des parents… Les parents des anorexiques sont souvent décris comme sévères et très rigoureux avec leurs enfants, leur donnant des repères de perfections. Les parents des boulimiques sont parfois décris comme absents et/ou en conflit. Le manque de confiance en soi (Facteurs psychologiques) Ce facteur est toujours présent ! La personne a peu confiance en elle, n’est jamais sereine et se sent terriblement seule malgré son opposition et sa détermination poussée jusqu’à l’extrême limite. Souvent, elle déprime et a tendance à réagir sur un mode du « tout ou rien ». 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 10 Souvent, elle a des problèmes de communication et de relations avec les autres et a surtout un besoin d’affection. Il existe en général des facteurs déclencheurs comme la perte d’une personne proche, de nouvelles exigences sur le plan scolaire ou professionnel, entreprise d’un régime, un vécu de la sexualité au moment de la puberté ou encore une remarque humiliante au sujet du poids. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE 11 G. Traitement possible 1. Le traitement de l’anorexie Ce type de traitement comprend deux parties bien distinctes 2. La reprise alimentaire Elle peut se faire en milieu familial, mais il vaut mieux l’effectuer en milieu hospitalier. Dans un premier temps, on effectue la réalimentation par voie veineuse. Ensuite, la reprise des repas se marque par l’abaissement défensif du malade. A ce moment-là, Il est bénéfique et habituel d’interdire toute visite familiale. 3. La psychothérapie La psychothérapie est en réalité, le seul vrai traitement de l’anorexie mentale. Elle est longue et doit déboucher sur une véritable reconstruction mentale de la malade. De plus en plus, des séances communes avec les parents sont organisées afin que ceux-ci soient partie prenante au conflit de leur enfant et doivent en accepter les origines. 4. Traitement de la boulimie Le médecin doit déterminer s’il s’agit d’un épisode provisoire, d’ordre réactionnel, ou d’un problème de fond qui touche la structure de la personnalité. Selon la réponse, il prescrira un bref traitement associant de façon variable des tranquillisants, des antidépresseurs et des coupe-faim ou prescrira une psychothérapie qui est considérée comme la seule solution des problèmes de la DES personnalité. 3ème BAC Educ. Spec. , I.P.F.C. Nivelles WWW.VINCENTPIRENNE.BE