Les Cités Zodiacales
de V.Vallière/revue Réfléchir & AgirN°10 (B)
««
Des esprits remarquables ont, par leurs travaux (et solides preuves à l’appui), révélé
l’existence d’une géographie sacrée que conçurent, voici des millénaires, les peuples
d’Europe. S’appuyant sur la numismatique et tout particulièrement sur les figures
symboliques inspirées par des mythes*, marquant les monnaies*, un auteur comme
Jean Richer a magistralement démontré que les Grecs antiques projetèrent un zodiaque
sur leur territoire. On comptait douze principales cité grecques, chacune placée sous
l’influence et la signification d’un signe astrologique. C’est ainsi que, représenté par
Pallas Athéna, le signe de la Vierge gouvernait Athènes tandis que Sparte, sa rivale, se
plaçait sous les auspices des Gémeaux. Le personnage d’Harmonia, épouse de Cad-
mos, héros civilisateur, apparaissant sur la monnaie de Thèbes, évoquait de par son
nom le signe de la Balance. Et, dernier exemple, Edesse, en choisissant pour son or
l’image de la chèvre Amalthée, nourrice de Zeus* lui-même, se réclamait du Capri-
corne.
Au centre des douze cités, Delphes était vouée au dieu de la lumière et de la perfec-
tion, Apollon*. En traçant une ligne Delphes–Edesse et en la prolongeant vers le nord
on rencontre le mont Olympe, domaine des divinités suprêmes. Cette ligne rejoint le
pôle, exactement comme un méridien. Le pôle, autrement dit, dans l’esprit Grec, l’Hy-
perborée* où, une partie de l’année régnait Apollon. Ainsi, pour la civilisation helléni-
que, le zodiaque prenait corps sur terre en blasonnant les cités. Cette mise en forme
d’une nation se voulait aussi une mise en mémoire de l’ordre que révélait le ciel. Sem-
blablement, Delphes, en se situant sur le même axe que l’Olympe, rappelait que l’apol-
linienne perfection nimbait la supra-humanité des origines.
Centré sur Délos, un autre zodiaque se déployait dans les Cyclades, en mer Egée. En-
fin, pour les Grecs d’Anatolie, existait un troisième cercle de cités dont Sardes occupait
le milieu. Notre auteur, dans un second ouvrage, toujours en s’appuyant principale-
ment sur l’emblématique ornant les monnaies, révèle que les Etrusques* firent de
même avec leurs dodéca
poles. Les Romains suivirent cet exemple et la « ville
éternelle » constitua le moyeu d’un système zodiacal rayonnant sur l’Imperium et sa
« mare nostrum ». Ayant conquis l’Ibérie, ils installèrent un nouveau zodiaque dont
Tolède occupa le milieu. Un autre chercheur, Guy-René Doumeyron, en analysant fi-
nement l’héraldique du pays toulousain, a découvert un zodiaque centré par la ville
rose [wisigothe]
n.
Des figures différentes de ce duodénaire céleste ont été révélées. Ainsi, J
ean Charpen-
tier
a montré qu’une spirale, sorte de gigantesque jeu de l’oie, parcourait la France en
passant par les lieux dont les noms étaient issus de celui du dieu omniscient et lumi-
neux, Lug. Plus récemment,
Robert Maestracci
, nous a proposé une
Géographie se-
crète de la Provence
où l’on voit se multiplier la figure du carré symbolisant la terre
parfaitement ordonnée. »»