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La grande salle de la Maison Saint-Antoine 
était pleine pour entendre Madame Sheila Reyes 
Aguilar  et  le Père  Gérard  Riffard témoigner  de 
leurs actions en faveur des migrants.  
Ce  qui  était  très  intéressant,  c’est  que 
l’action  de  chacun  reposait  sur  deux  points  de 
vue  très  différents :  le  Nicaragua  est  un  pays 
pauvre où les plus courageux doivent s’expatrier 
dans les pays voisins pour gagner leur vie et ap-
porter  un  peu  d’argent  à  leur  famille.  Sheila 
Reyes  s’occupe  donc  de  défendre  les  familles 
ainsi  privées  de  certains  des  leurs…  Alors  que 
l’association 
Anticyclone
  s’occupe  de  suppléer 
aux carences des institutions françaises afin de 
fournir  un  abri,  une  aide  administrative  et  un 
peu de quoi vivre aux migrants venus d’ailleurs 
qui viennent lui demander de l’aide. 
Le  Nicaragua  est  un  pays  dominé  depuis 
des décennies par un dictateur qui n’a pas su lui 
donner  une  structure  économique  viable.  De 
plus, des étés secs ont entraîné la ruine de nom-
breux petits agriculteurs. La seule solution pour 
survivre, c’est que les plus solides de la famille 
aillent cherche du travail dans les pays voisins. 
L’action  de  l’organisation  RED  qu’anime  Sheila 
Reyes Aguilar est double : elle se concerte avec 
des associations de même type dans les pays qui 
accueillent  les  travailleurs  nicaraguayens  pour 
défendre  leurs  droits.  En  effet  pour  gagner  le 
plus  possible,  ces  émigrés  se  laissent  exploiter 
outrageusement  et  subissent  des  conditions  de 
vie et de travail dangereuses pour leur santé. 
Par  ailleurs,  l’association  RED  s’occupe 
d’aider les familles privées de leurs hommes va-
lides. Il faut en particulier encadrer les enfants 
orphelins ou les jeunes pour qu’ils n’entrent pas 
dans  la  drogue  et  le  banditisme.  Cette  action 
nécessaire montre que ce n’est jamais de gaité 
de cœur que les migrants économiques quittent 
leur pays et leur famille. Une action pour le dé-
veloppement économique du pays est bien sûr la 
première condition pour éviter de tels déchire-
ments. 
On  présente  souvent  le  Père  Riffard 
comme un homme entier qui a créé à Montrey-
naud  une « filière »  qui  créerait un  appel  dont 
la ville, submergée par les demandeurs d’asile, 
se  passerait  bien.  En  fait,  tout  son  discours  a 
consisté  à  mettre  les  institutions  devant  leur 
responsabilités  légales :  la  loi  sur  les  réfugiés 
n’est  pas  appliquée  et  il  faut  bien  bricoler 
quelques actions pour que les familles qui arri-
vent à Saint-Etienne trouvent les moyens de sur-
vivre et de défendre leurs droit à l’asile définis 
par  nos  lois  républicaines.  C’est  pourquoi,  un 
hébergement d’urgence est proposé quand il n’y 
a  pas  d’autre  solution.  Gérard  Riffard  a  rendu 
hommage  aux  autres  associations  qui  agissent 
pour donner un toit aux demandeurs d’asile. 
L’asile  politique est une nécessité, car au 
Congo,  par  exemple,  tout  opposant  au  régime 
en  place  doit  souvent  partir    précipitamment 
pour  sauver  sa  peau.  Il  se  trouve  alors,  qu’un 
jour,  certains  de  ces  réfugiés,  après  avoir  été 
près de mourir en maintes occasions, arrivent à 
Châteaucreux.  Africains,  ils  demandent  leur 
chemin à un africain rencontré dans la rue, qui 
l’adresse  souvent  au  Père  Gérard.  Et  alors,  il 
faut  bien  trouver  des  solutions.  Si  les  services 
sociaux  n’ont rien pour  les héberger, ils  reste-
ront sur place. 
Suit ensuite tout  une bataille pour les ac-
compagner  dans  leurs  démarches  administra-
tives et le chemin est long. Et pour 80% d’entre 
eux, leur demande d’asile est déboutée : ils de-
viennent alors des « sans papiers », n’ayant pas 
le droit de travailler, dépendants de l’aide cha-
ritable  et  risquant  d’être  arrêtés  et  renvoyés 
chez eux, autrement dit condamnés à être mis 
en prison  dès leur  descente  d’avion, puis,  sou-
vent, exécutés. 
La parole a été donnée ensuite à l’associa-
tion 
Passerelle
 qui a montré comment elle veil-
lait  à  l’accompagnement  social  des  migrants, 
comme  le  faisait  aussi  Anticyclone.  Une  repré-
sentante de 
Chrétien en action
 a expliqué notre 
action paroissiale à Notre Dame de  la Joie.  Un 
autre    groupe  d’aide  au  logement  d’une  autre 
paroisse a exprimé sa difficulté à faire durer son 
aide. 
En cette année de la miséricorde,  l’église 
nous appelle à nous mobiliser pour l’accueil de 
ces  migrants.  Cela  ne  veut  pas  dire  qu’à  cer-
tains  moments,  il  ne  faut pas  conseiller  à cer-
tains « sans-papier » de rentrer au pays (où leur 
situation serait plutôt meilleure qu’en France). 
Mais les autres, il faut bien les accueillir et dans 
la meilleure humanité. 
Dans le dernier bulletin, il y a eu un appel 
à  cotiser  pour 
chrétiens  en  action 
:  grâce  à 
l’aide  technique  de  la  Passerelle,  ce  groupe  a 
réussi  plusieurs  belles  insertions  sociales.  Pour 
que  ce  beau  travail  continue,  il  faut  que  nous 
soyons  nombreux  à  contribuer  financièrement 
(formulaire  dans  le  dernier  numéro  et  aux  ac-
cueils). 
Pierre