Pétrographie des roches éruptives Ens : BOUTRIKA Rabah SOMMAIRE Chapitre I 1 NOTIONS DE PÉTROGRAPHIE 1.1 INTRODUCTION ET DÉFINITIONS 1.2 LES TROIS GRANDS GROUPES DE ROCHES ET LEUR CYCLE ÉVOLUTIF Chapitre I 1 NOTIONS DE PÉTROGRAPHIE 1.1 INTRODUCTION ET DÉFINITIONS 1.2 LES TROIS GRANDS GROUPES DE ROCHES ET LEUR CYCLE ÉVOLUTIF Chapitre I 1 Notions de pétrographie 1.1 Introduction et définitions La pétrographie, au sens large, est la science des roches, comprenant leur description (pétrographie au sens strict), leur classification et l’interprétation de leur genèse (Foucault & Raoult, 1995). Au regard de cette définition, on comprend directement que la pétrographie au sens large s‘appuie sur des sciences telles que, pour exemples : la minéralogie (voir chapitre précédent), la lithologie, la stratigraphie, la géodésie, la paléontologie. Il est à noter qu’au terme de « pétrographie », certains lui préfère le terme de « pétrologie ». La roche est un matériau constitutif de l’écorce terrestre, formé en général d’un assemblage de minéraux et présentant une certaine homogénéité statistique ; le plus souvent dur et cohérent (pierre, caillou), parfois plastique (argiles), ou meuble (sable), à la limite liquide (pétrole) ou gazeux (Foucault & Raoult, 1995). En géologie, la notion de roche comprend donc tous les types de matériaux constituant l’écorce terrestre, y compris les sols meubles. Au vu de cette définition, on comprend alors que la nomenclature des roches est encore plus complexe que celle des minéraux, aucun système de classification ne fait l’unanimité chez les Géologues. Les noms donnés aux roches, au cours des développements de la pétrographie, sont relatifs (entre autres) : soit à leur composition minéralogique, soit à leur morphologie extérieure, soit à la région ou à la localité où elles ont été découvertes, soit encore à leur évolution. D’autre part, à la différence des minéraux, les roches ne se développent pas les unes à côté des autres indépendamment, toutes les transitions peuvent exister entre les roches génétiquement voisines. Leur classification et subdivision sont donc des démarches intellectuelles. Le pétrographe, outre l’étude de la composition minéralogique des roches, essaie donc également de démêler l’histoire de la Terre dont les roches sont les témoins. L’étude des roches a permis d’apprendre et de comprendre beaucoup d’aspects : de géographie et des climats du passé, de composition interne de notre planète et des conditions qui y règnent, des formations des continents et leur mouvement, de l’évolution des espèces végétales et animales, en particulier celle de l’homme. Au cours de son évolution, l’homme s’est ainsi adapté à son environnement géologique, au même titre qu’aux différents climats. Le développement d’une culture n’est pas le même dans les plaines alluviales, dominées par des roches meubles sédimentaires, que dans des zones montagneuses, caractérisées par les formations rocheuses dures. D’autre part, l’homme a appris très tôt (âge de la pierre) à se servir des roches, soit comme outil au même titre que l’os ou le bois, soit pour la construction ou pour l’ornementation. 1.2 Les trois grands groupes de roches et leur cycle évolutif On a vu plus haut qu’il existe une notion évolutive dans l’étude des roches et dans leur classification. En pétrographie, la classification fondamentale se base sur l’origine des roches et leur processus de formation (appelé genèse). On peut ainsi classer les roches en trois grands groupes : • les roches magmatiques (encore appelées roches ignées) : qui sont le produit du refroidissement et de la consolidation de bains silicatés en fusion, appelés magmas. Ce refroidissement pouvant se faire soit à la surface de la terre (donnant les roches volcaniques), soit au sein de l’écorce terrestre (donnant les roches plutoniques), • les roches métamorphiques : qui sont formées à partir de roches préexistantes essentiellement par des recristallisations dues à des élévations de température et de pression, • les roches sédimentaires : qui se forment à partir de la désintégration d’autres roches à la surface de la terre, ou à partir de la précipitation chimique ou biochimique de solutions. Les roches proviennent donc toutes à l’origine du magma en fusion et subissent une évolution dans le temps. Ainsi, par exemple, une roche sédimentaire peut être le produit de l’altération de roches métamorphiques, elles-mêmes étant le produit du métamorphisme de roches, soit magmatiques, soit sédimentaires, soit métamorphiques. Les relations et le cycle d’évolution des trois grands groupes de roches sont représentés sur le schéma qui suit (figure 5). Figure 5 : le cycle évolutif des roches (Schumann, 1989) On voit donc que le magma constitue la source primitive de la formation de toutes les roches. Si la composition initiale du magma est importante, les conditions de température et de pression sont fondamentales lors de la cristallisation des minéraux. De même, les phénomènes de recristallisation, de transformation d’un minéral à un autre lors du métamorphisme dépendent étroitement de ces conditions. Comme le magma est l’origine de toutes les roches de la croûte terrestre, les notions de magma et les phénomènes de cristallisation font donc l’objet d’un paragraphe à part entière (paragraphe 2.3). Les proportions respectives des trois groupes de roches au sein de la croûte terrestre sont reprises dans le tableau qui suit (tableau 3). D’autre part, on a vu ci-dessus que l’on définit principalement une roche comme étant généralement le produit de l’assemblage de différents minéraux. Il est donc utile de mentionner également les proportions des principaux minéraux au sein de la croûte terrestre (voir également le chapitre 1, en particulier les points 1.2.1. et 1.3.8.). Proportions volumiques au sein de la croûte terrestre Roches Minéraux Type % volumique Minéral % volumique Magmatiques 65 Feldspaths Plagioclases 39 avec en particulier : Feldspaths Alcalins 12 granites 10 Quartz 12 granodiorites, diorites 11 Pyroxènes 11 basaltes 43 Amphiboles 5 Sédimentaires 8 Micas 5 Métamorphiques 27 Minéraux argileux 5 Olivines 3 Calcite 1 autres 7 Tableau 3 : proportions volumiques des roches et principaux minéraux au sein de la croûte terrestre (Ronov & Yaroshevsky, 1969 - légèrement modifié). Si les roches magmatiques (ou ignées) sont de loin les plus nombreuses, elles sont généralement recouvertes par des roches sédimentaires, que ce soit sur les fonds océaniques ou sur les continents. Mis à part les reliefs, les roches sédimentaires forment donc la « pellicule » de surface de la croûte terrestre, principale partie de la terre concernée par les travaux de l’ingénieur. Ce tableau permet également de se rendre compte de l’importance des feldspaths, du quartz et, dans une moindre mesure, des pyroxènes par rapport aux autres minéraux. Par exemple, on verra ci-après dans ce chapitre que la classification scientifique des roches magmatiques est principalement basée sur l’importance respective de ces minéraux.