Libération 1944 de la
deuxième guerre mondiale :
Russie et non les États-Unis.
Le Rôle décisif de la Russie et non pas de l’Amérique pendant
les deux dernières guerres mondiales*
L’Europe aime les Russes, mais pas la Russie, en raison de la
propagande américaine, des médias et de deux grands mensonges
historiques. Ce n’est pas l’Amérique, mais la Russie qui a
joué le rôle décisif pendant les deux dernières guerres
mondiales contre l’Allemagne impériale et le nazisme ; Natalia
Narotchnitskaïa l’a rappelé opportunément dans son ouvrage
(1). La Russie est une partie intégrante, souffrante,
sacrificielle, disait même Pouchkine de la civilisation
européenne.
« Les Américains, disait Godard, ont toujours attendu que
l’Europe s’entre-tue pour intervenir ; ils sont venus quand
tout le monde était fatigué, jamais au début, ni en 1914, ni
en 1940. Tout ce qu’ils veulent, c’est envahir ; ils veulent
envahir parce qu’ils n’ont pas d’histoire ; ils ont besoin
d’envahir les gens qui en ont ».
La seconde guerre mondiale a été gagnée par la Russie dont les
sacrifices humains avant, pendant et après Stalingrad ont
permis de vaincre l’Allemagne nazie qui avait lancé le 22
juin1941 à quatre heures du matin l’opération Barbarossa.
C’est à vingt kilomètres de Moscou que des divisions venues de
Sibérie soutenues par le « général hiver » avec une
température de -30°C arrêtèrent pour la première fois le 5
décembre 1941 l’offensive de la Wehrmacht. A Stalingrad
s’affrontèrent dans une bataille acharnée, de juillet 1942
jusqu’à la capitulation du général Friedrich von Paulus, le 2
février 1943, deux armées de plus d’un million d’hommes, avec
une violence qui dépassa toutes celles de la première guerre
mondiale pour chaque maison, chaque château d’eau, chaque
cave, chaque morceau de ruine. Mais c’est l’offensive
allemande manquée de Koursk , le 4 juillet 1943, « la plus
grande bataille de chars de l’histoire » avec trois corps
blindés, soit 2000 chars et deux corps d’armée d’infanterie
sur soixante kilomètres du côté allemand et 20 000 pièces
d’artillerie, trois cent pièces d’artillerie par kilomètre de
front, des champs de mines d’une densité de 2500 appareils au
kilomètre carré, du côté soviétique , qui va permettre à
l’Armée rouge dès le 12 Juillet 1943 de s’engager à fond dans
l’offensive jusqu’à la défaite de l’Allemagne. La Russie a
versé un tribut de 23 200 000 morts civils et militaires sur
l’autel de la guerre totale contre Hitler. La seule URSS a
perdu la moitié des victimes de l’ensemble du conflit de
1939-1945.
Le débarquement de Normandie, en juin 1944, n’est intervenu
que tardivement, alors que les troupes russes avaient déjà
atteint la frontière orientale de l’Allemagne. Le débarquement
allié a eu pour seul et principal effet d’éviter que l’Europe
entière devienne soviétique. Il y avait 26 divisions
allemandes sur le front occidental contre 170 divisions sur le
front de l’Est. Les pertes de l’Amérique en Europe ont été de
182 070 tués pour l’ensemble des campagnes de 1941 à 1945,
alors que pour la seule prise de la ville de Berlin,
l’Amérique ayant préféré laisser faire et agir seule l’armée
soviétique, les Russes ont perdu 300 000 hommes du 25 avril au
3 mai 1945. La Russie a donc eu, pour la prise de Berlin, plus
de tués que les pertes militaires américaines totales (292
000) des fronts européen et japonais de décembre 1941 à août
1945 (2). Que ce soit au Japon avec le lancement de la bombe
atomique en 1945 à Nagasaki et Hiroshima, à Dresde et à
Hambourg avec le lancement de bombes au phosphore sur les
réfugiés pendant la deuxième guerre mondiale, au Vietnam, ou
plus récemment en Irak et en Europe avec les Serbes défendant
leur territoire national , les Anglo-Saxons excellent toujours
à engager l’aviation et à bombarder les populations civiles
pour diminuer le nombre de leurs propres pertes militaires en
hommes.
Mais ce qui est beaucoup moins connu, c’est la vérité
historique sur le triste record des pertes de la Russie de
Nicolas II et de la Russie républicaine qui lui a succédé en
1917. Qu’on en juge : sur les 15 378 000 hommes mobilisés
pendant la période 1914-1917, 6 400 000 furent tués ou blessés
dont 2 700 000 pour la seule année 1916 au cours de laquelle
des offensives de grande envergure furent entreprises par
l’armée russe pour soulager l’armée française engagée à
Verdun, l’armée italienne en déroute dans la région du Trentin
en mai 1916, et l’armée roumaine battue en plusieurs endroits
en août -septembre 1916. C’est à juste titre que le maréchal
Foch pouvait dire : « Si nous avons pu tenir de la Marne à
Arras et finalement à l’Yser, c’est que la Russie de son côté
retenait une notable partie des forces allemandes ». En ce qui
concerne le chiffre exact du nombre de tués, la Russie avec
1700 000 tués eut même davantage de tués que la France saignée
à blanc (1500 000) et légèrement moins que l’Allemagne (1 800
000) contre à peine 100 000 pour les Etats-Unis ! Les pertes
énormes de l’armée russe s’expliquent par le retard de
l’industrie de l’armement et sa capacité de production tout à
fait insuffisante, tous facteurs conduisant à une pénurie
dramatique en armes et en munitions, laissant les troupes
désarmées devant l’artillerie allemande. (3)
Lorsque les Etats-Unis entrèrent en guerre en 1917, l’armée
allemande était dans un état de crise lui laissant peu
d’illusions sur l’issue finale de la guerre. C’est l’une
des raisons qui ont poussé l’état major allemand à permettre
la traversée de l’Allemagne du « wagon plombé » contenant
Lénine et ses bolcheviques qui prirent le pouvoir, à la suite
d’un putsch à Petrograd le 6 novembre 1917, et mirent fin à la
guerre, en ce qui concerne la Russie.
Les Etats-Unis ont fait la guerre pour que l’Europe ne soit ni
soviétique ni allemande et non pas pour défendre la liberté
des Européens.
Les naïfs croient et les médias répètent continuellement que
les Etats-Unis sont venus libérer les Européens en 1944, de la
même façon que Lafayette avait défendu l’indépendance des
Etats-Unis à la fin du XVIIIe siècle. Tout cela est aussi faux
que la propagande médiatique américaine du plan Marshall qui a
été élaboré, selon les dires mêmes du professeur Lodge à
Harvard, non pas pour aider généreusement les Européens dans
leurs efforts de reconstruction, mais tout simplement pour
éviter que l’Europe devienne communiste et soviétique. George
Marshall raisonnait moins en économiste qu’en diplomate et
chef de guerre, soucieux avant tout de contenir l’Union
soviétique ! Le mythe de Lafayette, combattant désintéressé
pour la liberté, et son discours au Congrès en 1824, c’est
également du folklore lyrique pour politiciens démagogues,
oublieux des vérités historiques, de la géopolitique et de la
« Realpolitik ».
« Nous ne sommes pas venus en Europe sauver les Français. Nous
sommes venus parce que nous, les Américains, nous étions
menacés par une puissance hostile, agressive et très
dangereuse… ». C’est d’un opuscule que l’armée américaine
distribua à ses soldats à la Libération que Philippe de Gaulle
tire cette citation, publiée dans son livre « De Gaulle, mon
père ». « Mon père le répétera, ajoute-t-il, les Américains
qui sont morts en libérant la France sont morts pour les
Etats-Unis d’Amérique et pour personne d’autre. De même que
tous les Français qui sont morts sur un champ de bataille, y
compris pour l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, sont
morts pour la France et le roi qui la personnifiait ». La
France de Louis XVI a aidé les Etats-Unis dans leur guerre
d’indépendance non pas pour défendre leur liberté, mais par
simple désir politique de revanche du calamiteux traité de
Paris de 1763, afin de mieux contrer la puissance britannique.
Avec le temps, les Européens deviennent donc de moins en moins
dupes et se demandent à juste titre pourquoi ils devraient
remercier les Etats-Unis ; tout au plus, peuvent-ils les
remercier pour n’être pas devenus communistes, ce qui est par
contre parfaitement exact.
Par Marc Rousset, Auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-
Moscou »–Editions Godefroy de Bouillon-538p-2009
1) Natalia Narotchnitskaïa Que reste-t-il de notre guerre ?
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