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Hasard, besoin, désir : voilà le modèle dont chacun de nous peut, me semble-t-il,
s’inspirer pour retrouver les différentes étapes de sa rencontre avec la médecine et avec la
psychanalyse. Que l’on soit ou non médecin, chacun peut, je crois, y découvrir les sources
de son intérêt et éventuellement les mesures de repli qu’il ou elle impose à son désir pour
faire prévaloir le besoin de soigner, quitte à oublier le hasard qui mène jusque-là.
Du côté des patients maintenant, à un premier niveau, celui des faits, on sait que la
découverte de la maladie comporte toujours une part de hasard, quels que soient les progrès
de l’épidémiologie ou des facteurs prédisposant. Le besoin de soins est alors évident et il
organise la relation entre le médecin et son malade. La place à accorder au désir, et plus
particulièrement aux désirs inconscients est plus subtile. Disons qu’ils s’avancent masqués
dans le besoin de soins. L’irrationnel qui caractérise les manifestations du désir inconscient
est déjà perceptible à ce moment-là. On en découvre les indices dans la multiplicité des
réactions des patients aux effets des traitements. N’oublions pas que le traitement est
l’attribut du médecin, son accessoire principal de sorte que sa mise en cause par le patient,
même lorsqu’elle est justifiée par des malaises ou par des intolérances, traduit une demande
adressée à celui qui l’a prescrit et dont la bienveillance et bienfaisance sont ainsi
soupçonnées. Que me veut-il ? du bien ? du mal ?
C’est sous la rubrique : hasard, besoin, désir que je souhaite poursuivre et vous
présenter le parcours de notre association la société Médecine et Psychanalyse au sein
duquel mon parcours personnel trouve évidemment une place. En matière de psychanalyse
comme en matière de médecine d’ailleurs, il est tout à fait important d’examiner comment
ces trois registres s’imbriquent et se recoupent. D’une certaine façon, c’est ce qui guide les
travaux de thèse à l’université où j’ai pu faire habiliter un centre de recherches qui s’appelle
CRPM et qui permet à des psychologues de terrain ou à de jeunes psychologues de venir
élaborer des thèmes de recherche théorico-cliniques.
Dans un premier temps, pour faire évoluer une collaboration sur le terrain, à l’hôpital
ou dans les cliniques, il faut accorder beaucoup d’attention à la demande d’aide des
médecins, surtout si elle est soutenue par un sentiment d’impuissance ou de malaise dans la
relation avec leurs malades. Telles furent les circonstances qui ont présidé à ma rencontre
avec la pédiatrie dès les années 70, et qui ont guidé mes travaux dans le service de
cancérologie de l’enfant de l’Institut Gustave Roussy.