L'euphorie décrite classiquement dans la SEP est caractérisée par un état permanent d'optimisme et de
satisfaction malgré un état d'invalidité dont le patient est conscient. Son incidence a été estimée entre 0 et
65 % des cas selon les séries. Elle est plus fréquente dans les stades évolués de la maladie. Il a été
suspecté un lien entre le degré d'atteinte cérébrale (lésions frontales, limbiques et des ganglions de la base)
et l'euphorie. Parmi les autres troubles, signalons le rire ou pleurer pathologique.
Troubles cognitifs
De nombreuses études ont montré que les troubles cognitifs sont fréquents, atteignant, suivant les études,
de 40 à 70 % des cas. Ces troubles intéressent l'attention, la mémoire, le raisonnement, le maniement des
concepts, l'abstraction, la vitesse de traitement de l'information, les fonctions visuospatiales et le transfert
interhémisphérique. Les troubles mnésiques touchent principalement le stockage, mais aussi le rappel
différé. On note une grande variabilité interindividuelle concernant le type et la sévérité de l'atteinte
cognitive. Selon les études, 10 % environ des patients présenteraient un véritable tableau de démence
affectant plusieurs domaines cognitifs alors que la majorité ne présente que des déficits cognitifs partiels
prédominant sur tel ou tel domaine. Il n'existe qu'une faible corrélation des troubles avec le degré du
handicap moteur. Des cas de SEP d'expression purement cognitive sans atteinte neurologique ont été
rapportés et, à l'inverse, des patients très handicapés peuvent avoir un bilan cognitif normal.
Les troubles cognitifs seraient plus fréquents dans les phases avancées de la maladie. Cependant,
certaines études ont prouvé qu'ils pouvaient survenir à des stades très précoces. La pratique de tests
adaptés permet de détecter des anomalies des fonctions cognitives chez la majorité des patients dès le
début de la maladie sans que cela n'ait de traduction clinique significative. Amato et al. [15] ont évalué 50
patients, en moyenne 1 an et demi après le début de leur SEP, qu'ils ont comparés à des sujets sains à
l'aide d'une batterie de tests neuropsychologiques. Malgré le stade débutant de la maladie, les patients
présentaient des déficits de la mémoire verbale et du raisonnement abstrait. Ces auteurs ont testé à
nouveau ces sujets, quatre ans plus tard, montrant une évolution des troubles cognitifs qui était cependant
indépendante de l'évolution des troubles moteurs, mais l'importance du déficit cognitif serait un facteur
prédictif de handicap physique. [15] Quelques études ont été consacrées aux formes progressives de SEP
mais sans faire la distinction entre les différentes formes progressives, ce qui en rend l'analyse difficile.
L'étude européenne MAGNIMS [16] a étudié une population de patients ayant une forme progressive
primaire ou transitionnelle. Une atteinte cognitive significative, définie par l'obtention de scores inférieurs à la
normale pour trois tests, était observée chez près de 30 % des sujets. Les tests les plus fréquemment
anormaux concernaient l'attention, la concentration, et le raisonnement.
Une corrélation modérée mais significative a été établie dans diverses études avec certaines variables
morphologiques mesurées sur l'IRM, la charge lésionnelle, l'atrophie calleuse et le volume cérébral.
L'implication d'une atteinte cérébrale plus diffuse à type de perte axonale, source de déconnection dans la
genèse de ces troubles, a été évoquée. L'utilisation des histogrammes de transfert de magnétisation, qui
permet d'apprécier l'atteinte tissulaire au sein et en dehors des lésions macroscopiques a permis de montrer
que l'atteinte cognitive de différentes formes de SEP dépendait à la fois de ces lésions multifocales et de
l'atteinte diffuse de la substance blanche d'apparence normale (SBAN).
Aphasie. Alexie [20]
Peu de cas d'aphasie ont été rapportés dans la SEP, le plus souvent de survenue aiguë lors de poussées
d'allure pseudovasculaire, après ou à l'occasion de crises comitiales partielles. La localisation de larges
lésions sur les voies de connection entre les centres du langage peut expliquer ces aphasies.
Troubles paroxystiques ; autres troubles [2]
Nous avons déjà évoqué plusieurs manifestations pouvant évoluer de façon paroxystique : la névralgie
essentielle du V, la diplopie paroxystique, le signe de Lhermitte et les crises toniques. D'autres
manifestations peuvent évoluer de façon paroxystique : dysarthrie, ataxie, paresthésies, douleur, en
particulier pelvienne, démangeaisons, incontinence urinaire, akinésie, sensation de chaleur... Curieusement
certains patients décrivent également des améliorations paroxystiques de leurs troubles moteurs. Ces
manifestations durent quelques dizaines de secondes et sont très évocatrices de la SEP. Elles doivent être
distinguées de crises comitiales. La dysarthrie paroxystique est souvent associée à une ataxie et des
troubles sensitifs. La pathogénie de ces troubles paroxystiques est inconnue mais il a été évoqué
l'implication de communications éphaptiques entre fibres démyélinisées.