Lycée René Cassin et l’association C’Possible : un partenariat très étroit
Le lycée René Cassin accueille depuis 5 années l'association C'possible dans le cadre d'un
partenariat, que nous avons voulu officialiser par une Convention signée en 2015.
Notre collaboration n'a cessé de croitre et de se développer au plus grand bénéfice des
élèves et de leurs enseignants.
Nous avons commencé par solliciter l'association C' Possible pour un coaching d'élèves à la
recherche de stages, puis nous avons élargi notre collaboration à d'autres thématiques :
La découverte de l'entreprise, de son fonctionnement et de ses métiers,
l’encouragement à l’entreprenariat à partir des témoignages de femmes et hommes
d’entreprises,
La culture, avec des interventions concernant par exemple ‘’la découverte de la
musique’’, avec Claire de Castellane, ou de différentes expositions de peinture grâce
au partenariat étroit existant entre C’Possible et le Musée du Luxembourg, dans
lequel René Cassin s’est inscrit,
Les ‘’valeurs’’, avec des interventions d’avocats en droit social, tel que Maître
Philippe Raymond, ou celle tout à fait remarquable également de Mme Chantal
Pouméroulie, professeur de philosophie, que je souhaite remercier tout
particulièrement, et qui est saluée ici,
Enfin, la lutte contre le décrochage scolaire avec un suivi individuel rapproché
d'élèves décrocheurs, par des tuteurs de C’Possible, chantier aussi important
qu’urgent !
La qualité des intervenants et l'implication de l'association dans l'accompagnement du lycée,
face aux enjeux que représentent la formation des jeunes et leur insertion dans le monde
professionnel, sont des apports de premier ordre dans la réalisation des objectifs du lycée.
Georges Benguigui
Proviseur
Lycée Professionnel Tertiaire René Cassin
Conférence de Chantal POUMEROULIE, agrégée de philosophie, sur les
"valeurs humanistes"
Du Jeudi 7 Janvier 2016
«Les devoirs envers soi-même représentent la condition suprême et le principe de moralité,
car c’est la valeur de la personne qui fait la valeur morale alors que la valeur de nos habilités
ne sont que contingentes (…) On peut avoir tout perdu dans la vie, on n’en possède pas moins
une valeur intrinsèque. Nous devons dans notre vie être dignes de notre humanité : tout ce
qui nous en rend indignes nous rend incapables de tout et suspend l’homme en nous. » .
Extrait de Leçons d’éthique de Kant.
Introduction
La langue latine avait le mot « dignitas » , sens que notre mot conserve pour partie
aujourd’hui, qui est que la République peut élever un citoyen à une dignité s’il s’est distingué
des autres par ses actes ou œuvres et l’Etat lui en est reconnaissant. Etre élevé à une dignité,
c’est être reconnu pour son mérite et honoré. La dignité est le sentiment de la valeur
intrinsèque d’une personne et qui commande le respect d’autrui.
Développement :
C’est pourquoi, lorsque dans nos sociétés mocratiques, on a évoqué la question de la
« dignité humaine », deux idées avaient émergées :
-La première, c’est l’évidence intellectuelle selon laquelle le mérite, à la mesure duquel une
« dignité » est accordée est juste d’être « humain ». Il faut et il suffit d’être un homme
(génétiquement parlant), pour être distingué, élevé : par rapport à quoi ? Par rapport à
l’ensemble des autres êtres vivants (gorille ou coccinelle).
-La seconde, c’est l’identification de l’être à la valeur. Il suffit à un homme d’exister comme
tel, d’être un homme, pour jouir d’une dignité ; et ici, nous voulons dire que même si les
cyniques disent qu’il n’est pas d’homme qui n’ait son prix, qu’ils ne puissent acheter ou
vendre son âme –comme l’avait fait Faust à Satan- pourvu que celui-ci soit tenté par sa
fragilité, sa fissure intime ; qui parle de dignité humaine veut dire qu’un être humain est
« au-delà » de cela : il n’est pas une chose, il n’est pas un animal, il est un homme .
Homme il est, et cela est bien en soi. Dignité est l’opposé de Prix.
Quelle est la conséquence de cette identification de son être à sa valeur ? C’est que toutes
les figures de l’indignité vont être exprimées en termes d’abaissement. Si je dis à une
personne qu’elle a fait une chose indigne d’elle, je signale qu’elle devrait avoir honte de son
acte : elle s’est dévalorisée elle-même. Si d’autres veulent me faire perdre ma dignité, il leur
suffit de me maltraiter, à savoir de me traiter de façon « inhumaine ».
Une fois, présupposée la dignité humaine, il suit que tout homme a le sentiment de sa
dignité ou le sens de sa dignité. Autrement dit, il sait d’avance qu’il a des devoirs envers lui-
même (être quelqu’un de bien, de propre, de droit), que les autres ont à le respecter c’est-à-
dire à limiter ce qu’ils peuvent penser, dire ou faire à son endroit et que lui-même doit
pouvoir être à même d’accomplir ses devoirs envers autrui : il se vit en homme responsable
en tant qu’il est l’auteur de ses actions et envisage leurs effets sur autrui.
On sait que ce sentiment est indépendant de la richesse ou de la misère, qu’il ne joue pas le
jeu des différentes couches de la société. Ceci est une autre façon de dire que dignité et prix
sont, non seulement opposés, mais transcendants l’un à l’autre : d’un autre registre.
Exemple de Nelson Mandela obtenant un pantalon comme les prisonniers blancs au lieu du
short pour les noirs à la prison de Robben Island. Il refusait un signe vestimentaire
d’humiliation et imposait au directeur de la prison d’être respecté en tant qu’homme (extrait
le chemin vers la liberté). Chacun a en mémoire l’étoile jaune imposée aux juifs durant la
Seconde Guerre Mondiale.
Ces deux exemples historiques montrent combien parfois le cours de la vie, des moments de
l’Histoire le sujet n’est plus celui qui répond de sa propre dignité ; et c’est délicat. Ici,
intervient le droit. En droit, une personne est le sujet qui répond pour son corps, pour sa
conscience, pour ses actions mais si le sujet est trop jeune (bébé) ou trop vieux (vieillard) ou
un adulte en perte des capacités de se prendre en charge (les prisonniers, les juifs durant la
guerre ou les migrants par exemple). C’est un autre, une personne physique ou morale qui se
doit de veiller, à sa place, à sa dignité.
Quand on en arrive aux questions d’éthique pratique, quand il y a des comités d’éthique et
des lois proposées et votées, l’Etat lui-même est une instance qui joue un rôle pas forcément
recommandable, malgré les bonnes intentions affichées. En effet, l’Etat ( le gouvernement
de Vichy par exemple) alors dessaisit les hommes, les citoyens qui vivent sur un territoire, de
leur droit intime de juger ce qui convient ou disconvient à ce qu’ils estiment être leur
sentiment de dignité. En un sens, cette fonction régalienne n’est que traditionnelle. Depuis
l’Antiquité, une puissance souveraine (l’Etat, l’Eglise) s’est sentie dépositaire légitime du
droit de vie ou de mort et en a dépossédé les hommes ou les femmes. Ce n’est donc pas
évident au citoyen d’être sujet au sens moral que nous décrivions c’est-à-dire être celui qui
est responsable de sa dignité, de ses devoirs envers soi , envers les autres et de se
défendre contre ce qui le rend passif et humilié.
Cette dépossession peut prendre une certaine figure ici, une autre là, selon les Etats. C’est
ainsi que Gandhi a pu, en son temps, faire des grèves de la faim pour obtenir la libération de
l’Inde du joug des anglais par exemple.
Conclusion :
A quoi bon avoir une éthique de la dignité humaine partout répétée, si les Autorités
dépossèdent le citoyen, en somme, le sujet humain de la source intime de sa dignité : la
capacité de juger de sa dignité ou de celles des autres en vue de la protéger ?
En effet, il faut bien prendre la mesure que derrière la notion de dignité humaine se trouve
sous-tendue beaucoup d’autres notions fondamentales à l’existence comme celle de liberté,
d’égalité, de fraternité et de solidarité. Socles indispensables de toutes sociétés
démocratiques et républicaines et notamment elle renvoie à notre propre devise française :
« liberté, égalité, fraternité » chèrement acquise.
Compte-rendu effectué en cours de Français de Mme JARNOUIN.
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