intégrale en arabe littéral ou dialectal, - pour des commodités d'usage, - de leurs diverses œuvres littéraires,
exégétiques spirituelles, traités sociologiques, historiques, médicinaux et autres artistiques, etc., extrêmement
variés. Productions de l'esprit qui se sont étalées et affirmées tout au long du cours évolutif de l’histoire du
pays, jusqu'à connaître la consécration hors frontières, sans qu'elles eussent cessé, un jour, d'arborer leur
puissant et fier cachet d'authenticité maghrébo-amazighe, inscrit dans la quintessence enracinée de la
spécificité caractéristique de l'algérianité multimillénaire.
L’avènement de l’islam au Maghreb
“La conquête arabe du Maghreb fut lente et difficile. Les historiens arabes ont souligné l'acharnement de cette
guerre (641- 711). Mais lenteur et difficulté ne s'expliquent pas exclusivement par le refus berbère. Les chocs
décisifs se produisent autour des Aurès et dans la région de Tlemcen, où les Berbères trouvaient une structure
étatique capable de les diriger. Les héros de l'indépendance berbère au moment de la conquête sont Koceila et
la Kahina. Le stratège de la conquête fut sans conteste Oqba Ibn Nafi. La conquête arabe fut d'abord une
reconnaissance de souveraineté. Elle ne signifie ni islamisation ni arabisation qui se feront au cours d'un lent
processus historique.”(1)
L'historien nous apprend que tout le VIIIe siècle fut marqué d'insurrections, les Berbères réagissant contre les
exactions fiscales des Omeyyades. Les soldats débarquant au Maghreb apportaient avec eux leurs schismes et
rivalités (Omeyyades contre Hachémites, Abbassides contre Alides), comptant surtout parmi eux des
Kharidjites. Ces derniers connus pour leur piété stricte, leurs modestes origines des contrées désertiques et leur
désintérêt pour les fastes des villes se répandirent à partir de 741 dans tout le Maghreb central qui affirma ainsi
son autonomie sous l'emblème kharidjite. Schisme qui n'était pas sans exprimer une certaine caractéristique
typique de l'autonomie berbère, selon l'historien Abdallah Laroui qui voit dans l'islamisation submergeant toute
l'Afrique du Nord un acquis précisément de cette autonomie spécifique. C'est ce qui aurait contribué à favoriser
l'extension de l'islam dans l'ensemble de la péninsule maghrébine, et partant la symbiose arabo-berbère. Par la
suite ce sont non seulement les Arabo-Berbères musulmans, mais les Berbères islamisés qui poussent leur
expansion de l'autre côté des eaux méditerranéennes (Tarek Ibn Ziyad), agrandissant ainsi la grande Provence
de l’Ifriqiya de leurs conquêtes hispaniques. C'est l'époque d'une littérature médiévale des premiers écrits en
langue arabe qui fleurissent dans un Maghreb éclaté en multiples royaumes : voyageurs, historiens,
théologiens, juristes, philosophes et grammairiens firent rayonner la contrée à cette période de l'apogée de la
civilisation musulmane, nombre de savants et littérateurs maghrébins allant parfaire leur formation en Orient ou
en Andalousie (comme Ibn Toumert, mahdi almohade qui fonde un nouvel État englobant le Maghreb et une
partie de l'Espagne andalouse) La culture arabo-musulmane privilégiant fondamentalement les sciences
coraniques, juridiques et théologiques, mais la philologie et l'histoire, entre autres, y avaient une large place
tout comme la littérature, qui ne saurait, au moins jusqu'à la période contemporaine, se détacher de l'ensemble
socioculturel qui s'établit naguère des frontières de l'Inde à l'Espagne même géographiquement. Il y a un
perpétuel va-et-vient entre les différentes parties de l'empire. De nombreux savants, hommes de lettres et
théologiens vont se former en Orient et ailleurs, ces écrivains, philosophes, rhéteurs, etc., témoignant de cet
esprit voyageur nomade constituant, dirait-on, une seconde nature caractérisant depuis longue date les
quêteurs maghrébins de savoirs, d'arts divers et d'expériences spirituelles.
L'autre remarque qui s'impose concerne la notion même de littérature, car comme le souligne à juste titre Dr
Azzedine G. Mansour dans son étude sur les littératures maghrébines : “Si l'on s'en tenait à l'acception
européenne du terme on ne retiendrait guère que la poésie et ce serait mutiler gravement la réalité de la
culture arabo-islamique. Celle-ci privilégie fondamentalement des disciplines comme les sciences coraniques,
juridiques, théologiques. La philosophie et l'histoire tiennent une place importante. Poésie et prose littéraire, ce
qu'en somme il est convenu d'appeler les belles-lettres, n'y sont qu'un complément indispensable certes, mais à
quoi un lettré (adib) ne saurait limiter sa formation.” (Encyclopédie Universalis, version interactive 7.0).
Rappelons pour la circonstance que Mohamed Arkoun, l'éminent chercheur en islamologie, disait que le lettré
musulman traditionnel était à la fois un “adib” (littérateur), un “âlim” ( savant linguiste, historien…) et un
“faqih” (théologien, juriste, philosophe), ce qui l'immunisait contre le risque du rigorisme sectaire.