PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Optique ondulatoire : Chapitre 3 Présentation de l’interféromètre de Michelson Utilisation avec une source ponctuelle I – Présentation de l’interféromètre 1. Approche historique L'interféromètre de Michelson est un dispositif interférentiel à division d'amplitude. Il porte le nom de son inventeur, Albert MICHELSON (1852–1931, prix Nobel de Physique en 1907), qui espérait, en vain, montrer à l'aide de ce dispositif que la vitesse de la lumière dépend du référentiel dans lequel on l'étudie. Cette expérience, et en particulier l’échec rencontré par Michelson dans son entreprise, fait partie des expériences fondatrices de la théorie de la relativité générale. L'interféromètre de Michelson est aujourd'hui utilisé dans divers domaines de la physique pour réaliser des mesures de grande précision : mesures de distances, contrôles de planéité, spectroscopie, détection d'ondes gravitationnelles… Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 1 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie 2. Description de l’interféromètre L'interféromètre de Michelson, vu de dessus, est schématisé sur la figure suivante : Les trois éléments principaux de l'interféromètre sont : - le miroir mobile (M1) : il est mobile en translation dans la direction de l'axe O1x (vis de réglage 5) et en rotation autour des axes O1z et O1y (vis de réglage 1 et 2) ; - le miroir “fixe” (M2): il est seulement mobile en rotation autour des axes O 2z et O2x (vis de réglage 3 et 4) ; - la lame séparatrice : il s'agit d'une lame de verre traitée pour être semiréfléchissante, positionnée selon la bissectrice des axes Ox et Oy ; elle est associée à une lame compensatrice dont le rôle sera précisé ultérieurement. Les axes (OO1) et (OO2) sont appelés les “bras” de l'interféromètre. Sur certains appareils, un verre anticalorique est placé à l'entrée de l'interféromètre. Celui-ci a pour rôle d'arrêter le rayonnement infrarouge qui pourrait chauffer les différents éléments de l'interféromètre et, par suite, entraîner leur déformation. 3. Observation d’interférences L'onde incidente est divisée en deux ondes secondaires par la lame séparatrice, qui réalise la division d'amplitude : - la première onde secondaire, l'onde (1), est transmise en direction du miroir (M1) ; - la deuxième onde secondaire, l'onde (2), est réfléchie en direction du miroir (M2). Après réflexion sur le miroir (M1), l'onde (1) est partiellement réfléchie vers la sortie de l'interféromètre. On ne se préoccupera pas de l'onde renvoyée vers la source. Après réflexion sur le miroir (M2), l'onde (2) est partiellement transmise vers la sortie de l'interféromètre. On ne se préoccupera pas de l'onde renvoyée vers la source. Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 2 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Miroir (M2) Onde (2) Onde (1) Onde incidente Séparatrice Miroir (M1) En sortie de l'interféromètre, les ondes (1) et (2), qui ont parcouru des chemins optiques différents au sein de l'interféromètre, se superposent au moins partiellement : on observe donc des interférences. La forme des franges d'interférences obtenues dépend du réglage de l'interféromètre. En pratique, on utilisera toujours l'interféromètre de Michelson dans une des deux configurations suivantes pour observer des interférences : 1ère configuration possible : la configuration en “lame d'air” : Les miroirs (M1) et (M2) sont alors rigoureusement orthogonaux aux axes Ox et Oy respectivement mais la distance OO1 diffère de la distance OO2 ; la différence entre ces deux distances est appelée épaisseur de la lame d'air. 2ème configuration possible : la configuration en “coin d'air” : Les miroirs (M1) et (M2) sont alors sensiblement équidistants de la compensatrice ( OO1 OO2 ) mais, en revanche, ils ne sont pas rigoureusement orthogonaux aux axes Ox et Oy. Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 3 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Lorsque les deux miroirs (M1) et (M2) sont rigoureusement symétriques par rapport au dispositif séparateur, on dit que l'interféromètre de Michelson est réglé au contact optique. Dans ce cas, les chemins optiques parcourus par les deux ondes secondaires sont égaux. Sur un écran placé en sortie du dispositif, on observe alors un éclairement uniforme, appelée teinte plate. 4. Intérêt de la lame compensatrice Le dispositif séparateur, qui réalise la division d'amplitude, comprend, en plus de la séparatrice, une lame compensatrice. Il s'agit d'une lame de verre classique, réalisée dans le même matériau que la lame séparatrice, et de même épaisseur que cette dernière. Le rôle de la lame compensatrice est de rattraper la différence de chemin optique qui existe entre les deux ondes secondaires après leur passage “à travers” la lame séparatrice. En l'absence de compensatrice, l'onde (1) traverse trois fois la lame séparatrice alors que l'onde (2) ne la traverse qu'une seule fois (voir figure ci-après). Cette différence de trajet introduit une différence de marche non souhaitée entre les deux ondes secondaires qui empêche d'observer correctement les interférences en sortie du dispositif et qui, de plus, dépend de la longueur d'onde des vibrations. miroir M2 séparatrice miroir M1 En présence de la compensatrice, chaque onde traverse quatre fois la même épaisseur de verre (à travers la séparatrice ou la compensatrice, voir figure ci-contre). miroir M2 compensatrice séparatrice miroir M1 Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 4 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Pour que la compensation soit satisfaisante, il faut réaliser un parallélisme parfait entre la compensatrice et la séparatrice (en agissant sur les vis de réglage 6 et 7). Par la suite, on supposera ce réglage effectué et on modélisera le dispositif séparateur par une lame semiréfléchissante d'épaisseur nulle, orientée suivant la bissectrice des bras de l'interféromètre. II – Schémas équivalents de l’interféromètre de Michelson 1. Position du problème Sur le schéma ci-après, on a représenté la marche d’un rayon lumineux incident à travers l’interféromètre jusqu’à la zone d’observation. miroir M2 O2 O S O1 miroir M1 Comment parvenir à tracer rapidement ces rayons lumineux ? à calculer les chemins optiques parcourus ? 2. Construction Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 5 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie miroir M2 O2 O S O1 miroir M1 Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 6 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie 3. Conclusion Résultats de la construction Du point de vue des rayons lumineux émergents, tout se passe comme si : Schémas équivalents de l’interféromètre Les deux constats précédents permettent de proposer un modèle simplifié de l’interféromètre de Michelson, constitué uniquement des miroirs M’1 et M2, et éclairé par S’. Les sources secondaires de ce dispositif équivalent sont S 1 et S2, respectivement symétriques de S’ par rapport au miroir M’1 et au miroir M2. Cas de l'interféromètre de Michelson réglé en lame d'air Cas de l'interféromètre de Michelson réglé en coin d'air y y S1 S2 S2 S1 O'1 miroir M'1 miroir M2 O2 e (épaisseur de la lame d'air) S' miroir M'1 O'1 ≈ O2 miroir M2 α (angle du coin d'air) S' A l'avenir, lorsqu'on envisagera un interféromètre de Michelson, on raisonnera sur l'un des deux systèmes équivalents représentés précédemment (en fonction de la configuration dans laquelle on utilise l'interféromètre). Remarque importante : Pour la construction des rayons lumineux à l'aide de ces modèles équivalents, on considérera que le miroir le plus proche de la source S' se comporte comme une lame semiréfléchissante et donc “laisse passer” une partie des rayons lumineux qui l'atteignent… Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 7 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie III – Franges d’interférences obtenues avec un interféromètre de Michelson éclairé par une source ponctuelle 1. Non-localisation des franges d’interférences Résultat (admis) Avec une source ponctuelle, les franges d’interférences produites par un interféromètre de Michelson sont non-localisées, c’est-à-dire qu’il est possible de les observer n’importe où en sortie du dispositif avec un contraste maximal (égal à 1). Illustration graphique (exercice) On considère un interféromètre de Michelson réglé en coin d’air, éclairé par une source ponctuelle S. On place un écran d’observation de manière quelconque en sortie de l’interféromètre. y Soit M un point quelconque de l’écran. Représenter les deux rayons lumineux qui interfèrent en M. Conclure. miroir M'1 O'1 ≈ O2 miroir M2 S' écran 2. Forme des franges observées miroir M2 Positionnement de l’écran Quelle que soit la configuration utilisée pour observer des interférences avec l’interféromètre de Michelson, l’écran d’observation est toujours placé en sortie de l’interféromètre, en étant quasi-parallèle au miroir M2. Selon la situation envisagée, l’observation pourra se faire à distance finie ou à l’infini (i.e. dans le plan focal image d’une lentille convergente). S séparatrice miroir M1 écran Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 8 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Conséquence : Forme des franges observées avec un interféromètre de Michelson réglé en lame d’air On reprend le schéma du dispositif équivalent à l’interféromètre de Michelson réglé en lame d’air, en positionnant l’écran d’observation (quasi-)parallèlement au miroir M2. y S1 S2 O'1 miroir M'1 miroir M2 O2 Exemple : La photo ci-dessous représente la figure d’interférences observée en éclairant l’interféromètre de Michelson réglé en lame d’air par une source monochromatique émettant la longueur d’onde λ = 546 nm. L’épaisseur de la lame d’air est e = 0,5 mm. S' écran Conséquence : Forme des franges observées avec un interféromètre de Michelson réglé en coin d’air y On reprend le schéma du dispositif équivalent à l’interféromètre de Michelson réglé en coin d’air, en positionnant l’écran d’observation (quasi-)parallèlement au miroir M2. S2 S1 miroir M'1 O'1 ≈ O2 miroir M2 S' écran Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 9 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Exemple : La photo ci-contre représente la figure d’interférences observée en éclairant l’interféromètre de Michelson réglé en coin d’air par une source monochromatique émettant la longueur d’onde λ = 589 nm (lampe à vapeur de sodium). IV – Description des franges du coin d’air (ou franges d’égale épaisseur) 1. Conditions expérimentales d’observation Pour observer les franges d’égale épaisseur (ou franges du coin d’air), on utilise : Un interféromètre de Michelson réglé en coin d’air (!) ; Une source placée à l’infini, éclairant le miroir M2 sous incidence quasi-normale ; Un écran sur lequel on forme l’image du miroir M’1 à l’aide d’une lentille (on peut également effectuer les observations directement sur le miroir). miroir M2 S f'’ séparatrice lentille convergente Remarque : Les conditions d’éclairage et d’observation seront justifiées dans le prochain chapitre. miroir M1 écran conjugué du miroir M’1 2. Tracé des rayons lumineux Remarque : Pour ce tracé, on considère que l’observation se fait directement sur les miroirs. L’arête des miroirs est ici orthogonale au plan de la figure. Représentons la marche de deux rayons lumineux incidents distincts, arrivant sous incidence normale sur le miroir M2. Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 10 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie y miroir M'1 O miroir M2 x 3. Calcul de la différence de marche en M – Éclairement 4. Étude des franges brillantes Position des franges brillantes Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 11 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Calcul de l’interfrange 5. Évolution de la figure d’interférences suite à une modification du coin d’air Effet d’une augmentation de l’angle du coin d’air Quand on augmente l’angle du coin d’air sans translater le miroir mobile, on effectue les constats suivants : Illustration : Les photos ci-dessous représentent les franges d’égale épaisseur observées avec un laser He-Ne, pour deux valeurs différentes de l’angle du coin d’air. Ce dernier est plus grand pour la photo de droite que pour la photo de gauche. Effet d’une translation du miroir mobile Quand on chariote le miroir mobile sans modifier l’angle du coin d’air, on effectue les constats suivants : Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 12 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie V – Description des franges de la lame d’air (ou anneaux d’égale inclinaison) 1. Conditions expérimentales d’observation Pour observer les anneaux d’égale inclinaison, on utilise : Un interféromètre de Michelson réglé en lame d’air (!) ; Une source placée à distance finie du dispositif ; miroir M2 S Un écran à l’infini (i.e. placé dans le plan focal image d’une lentille convergente). séparatrice miroir M1 Remarque : Les conditions d’éclairage et d’observation seront justifiées dans le prochain chapitre. lentille convergente f'’ écran 2. Tracé des rayons lumineux Représentons la marche d’un rayon lumineux incident arrivant sous l’angle d’incidence i sur les miroirs. y O'1 miroir M'1 e miroir M2 O2 S' lentille de projection i O’ f' écran F’ Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 13 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie 3. Calcul de la différence de marche en M Expression de δ en fonction de i Expression de δ en fonction de r 4. Forme des franges – Courbe d’éclairement Forme des franges Courbe d’éclairement Les deux ondes obtenues en sortie de l’interféromètre ayant la même amplitude, on a (dans l’approximation de Gauss) : 2 i2 E i 2 E0 1 cos 2e 1 0 2 ou encore 2 r2 E r 2 E0 1 cos 2e 1 2 f '2 0 Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 14 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Exemple : Pour e = 100 µm, 0 = 682 nm et f ' = 1 m, on obtient l’allure suivante pour la courbe d’éclairement ainsi que pour la figure d’interférences correspondante : Que remarque-t-on quant à la position relative des anneaux brillants et sombres ? 5. Étude des anneaux brillants Préambule : Évolution de l’ordre d’interférences à partir du centre Par définition, l’ordre d’interférences à la distance r du centre de la figure est donné par : p r r 2e r2 1 0 0 2 f '2 L’ordre d’interférences diminue donc quand r augmente et est maximal au centre de la figure. 2e Sa valeur au centre est a priori quelconque et donnée par p r 0 . 0 Exemple (suite) : Pour e = 100 µm, 0 = 682 nm et f ' = 1 m, on obtient p r 0 293, 25 . L’éclairement au centre est donc intermédiaire entre l’éclairement maximal et l’éclairement minimal. La courbe donnant l’évolution de l’ordre d’interférences en fonction de la distance r est représentée ci-contre. Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 15 PC* – Lycée CHAPTAL FREMONT Emilie Rayon du premier anneau brillant observé Généralisation : Rayon du n-ième anneau brillant observé Exercice : Calcul du rayon du troisième anneau sombre observé 6. Évolution de la figure d’interférences suite à une modification de la lame d’air Lorsque l’on chariote (translate) le miroir M1 de sorte à augmenter l’épaisseur e de la lame d’air, on constate que : Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 16 FREMONT Emilie PC* – Lycée CHAPTAL Illustration : Les photos ci-dessous représentent les figures d’interférences observées successivement en chariotant le miroir mobile. L’interféromètre de Michelson est réglé en lame d’air, de sorte à observer les anneaux d’égale inclinaison, et éclairé par une source monochromatique émettant la longueur d’onde λ = 546 nm. L’épaisseur de la lame d’air vaut successivement 0,25 mm, 0,5 mm, 0,75 mm, 1,0 mm, 1,25 mm et 1,5 mm. Optique ondulatoire : Interféromètre de Michelson Page 17