Changement climatique et remontées de nappes
La réalité de l'effet de serre et du réchauffement
climatique est établie. Mais quelles conséquences
cela aura t-il sur les remontées de nappes ?
Des modélisations* ont été réalisées par le BRGM
(Bureau de Recherches Géologiques et Minières)
pour rendre compte de l'impact futur du
changement climatique sur les écoulements
superficiels et les eaux souterraines. Ces
modélisations prennent en compte deux variables :
les précipitations et les températures.
Les conclusions sont qu'en France, l'élévation de
la température hivernale serait de 1 à 2 °C, alors
que l'élévation en été et en automne serait
supérieure à 2 °C sur la plus grande partie du
pays.
En ce qui concerne les précipitations, les résultats
indiquent une augmentation des pluies en hiver et
une certaine diminution en été. La quantité d'eau
dans les sols, qui ne dépend pas seulement des
précipitations, diminuerait en été et en automne
sur la plus grande partie du pays.
● Diversité des situations
Toutes les nappes souterraines du territoire
français ne sont pas directement tributaires des
conditions météorologiques, ni également
soumises aux aléas du climat. Certaines sont
sensibles, d'autres résistantes aux sécheresses. Il
en sera de même avec le changement climatique.
Seules les nappes libres du « 1er sous-sol », des
plaines et des plateaux, comme celle de la craie du
bassin parisien, de la Beauce ou de la Brie, et
celles plus pauvres des massifs anciens sont
directement alimentées par les pluies infiltrées, et
leurs rôles régulateurs des débits des rivières sont
très variés, tandis que les nappes profondes et
captives du « 2e sous-sol », subordonnées aux
précédentes, ont un régime invariable et que les
nappes alluviales des vallées sont surtout liées aux
cours d'eau.
● Comment réagiraient les nappes
souterraines ?
Les nappes libres du premier type sont alimentées
essentiellement en hiver, plus ou moins
régulièrement suivant les années (les plus
volumineuses ont souvent un régime pluriannuel)
et leur vidange estivale entretient le débit des
rivières en étiage. Le scénario de croissance des
pluies d'hiver, en intensité plutôt qu'en durée,
devrait donc augmenter un peu l'alimentation de
ces nappes mais non en proportion car le
ruissellement risque d'être plus amplifié que
l'infiltration, compte tenu en outre de l'élévation de
la température, qui augmenterait
l'évapotranspiration potentielle, ce qui pourrait
aussi réduire la période d'efficacité des pluies. Les
niveaux moyens des nappes les plus étendues, qui
ont le plus d'inertie, devraient monter (mais non au
point de provoquer des débordements) et les
débits moyens des sources de celles-ci
grossiraient. L'irrégularité plus accentuée des
apports, entre saisons et années, se répercuterait
sur le régime des nappes locales à faible réserve,
comme celle des massifs, ou de celles à vidange
rapide (karst).
Donc, dans l'ensemble, pas d'appauvrissement de
ressource mais des gains modestes et inégaux et
quelques fragilisations locales. Sans scénario
climatique plus affiné en variabilité et plus
régionalisé, des pronostics quantifiés, à calculer
nécessairement cas par cas sont impossibles.
● Des pressions accrues sur les
ressources ?
Indépendamment de l'évolution intrinsèque des
besoins en eau couverts par l'eau souterraine, le
réchauffement et l'amplification probable des
sécheresses estivales devraient augmenter les
besoins en eau d'irrigation, couverts aujourd'hui à
20 % par exploitation d'eau souterraine,
notamment dans les régions d'extension moderne
de l'irrigation (Bassin parisien, Ouest et Sud-
Ouest).
Dans l'hypothèse d'une politique agricole
européenne inchangée, une croissance des
prélèvements dans beaucoup de nappes
souterraines pourrait se produire, en
contrebalançant et au-delà les gains d'apports
escomptés, avec le risque d'extension des conflits
d'usages locaux entre irrigation, alimentation en
eau potable, préservation des milieux aquatiques...
Ceci pourrait favoriser l'opportunité d'une gestion
plus active de certains aquifères*.
Grenelle de l'environnement et remontées de nappes
Source : notre planète-info
Si l'eau n'a pas fait l'objet d'un groupe de travail
spécifique ni de travaux inter-groupes au sein du
Grenelle de l'Environnement, le thème de l'eau a
toutefois été traité : essentiellement par les
groupes 2 (biodiversité, ressources naturelles) et
4 (agriculture), plus ponctuellement par les autres
groupes.
Plusieurs mesures sont envisagées :
Groupe 1 – Changements climatiques
Le thème de l'eau a été abordé très
ponctuellement sous l'angle de l'élaboration d'un
plan national d'adaptation au changement
climatique :
le volet agricole de ce plan national
comprendrait « l'arrêt des aides nationales et
européennes en faveur de l'irrigation des
cultures intensives dans les régions où elle est
de toute évidence condamnée à court ou
moyen terme, notamment pour des raisons de
disponibilité et de conflits d'usage de la
ressource en eau, voire la pénalisation
économique de cette pratique (taxation) ».
Groupe 2 – Préserver la biodiversité et les
ressources naturelles
Adapter les prélèvements d'eau aux quantités
disponibles ;
Examiner l'intérêt des stockages inter
saisonniers à condition de ne pas nuire au bon
état écologique des rivières et des milieux
naturels, et de faire un usage de l'eau conforme
aux bonnes pratiques agricoles ;
Améliorer la gestion quantitative mais aussi
qualitative des eaux pluviales ;
Développer la lutte contre les gaspillages,
favoriser les systèmes efficaces de
récupération et développer l'utilisation des eaux
pluviales ;
Favoriser, en les encadrant, les techniques
émergentes de réutilisation de l'eau traitée.
Groupe 3 – Instaurer un environnement
respectueux de la santé
Réduire drastiquement l'émission et la
dispersion dans les milieux (eau, air, sols et
sédiments) des polluants connus pour leur
caractère nocif pour la santé ;
Relance de la gestion de l'eau de ruissellement
et développement de nouvelles techniques :
bassins infiltrants, recharge artificielle des
nappes ;
Réduction de la consommation d'eau ;
Stockage et utilisation de l'eau de pluie dans
les bâtiments publics et l'habitat individuel ;
Répertorier et analyser les pollutions
accidentelles des eaux superficielles ;
Poursuivre les efforts d'information, par
exemple sur les rejets.
Groupe 4 – Agriculture, production et
consommation
Mise en place d'un dispositif de quotas
échangeable dans les zones en excédent
(c'est-à-dire, les zones qui dépassent les
normes relatives à l'eau potable et à
l'eutrophisation) et recours à la taxation de
l'azote ou des excédents d'azote ;
Généralisation de la gestion collective de la
ressource introduite dans la loi sur l'eau ;
Mise en oeuvre d'opérations innovantes de
gestion de la ressource (récupération des eaux
de pluie, réutilisation des eaux usées, recharge
de nappe, etc.) ;
Renforcer la diminution de l'irrigation dans
certains territoires à fort enjeu environnemental
; Etablir d'ici fin 2009, sous l'égide des agences
de l'eau, les volumes d'eau maximum
prélevables à l'étiage en eau de surface et eaux
souterraines pour revenir à l'équilibre et les
intégrer dans les SDAGE (une fois ces volumes
connus, faire une répartition entre les différents
usages – priorité eau potable – puis pour
l'irrigation, répartir le volume entre les irrigants
du secteur. Ce travail doit être fait dès la sortie
de l'hiver pour que l'agriculteur puisse arrêter
ses choix culturaux en connaissance de cause.
Dans les zones en déséquilibre, les
prélèvements devront ainsi être réduits) .
Evolution dans les choix de cultures : inciter à
réduire les surfaces irriguées, privilégier les
cultures qui valorisent le mieux l'eau, recourir à
des cultures ou variétés moins consommatrices
en eau ou plus résistantes à la sécheresse,
développer la sélection variétale ;
Lancer dès 2008 des opérations innovantes de
gestion de la ressource (réutilisation d'eaux
usées, recharges de nappes, etc.) ;
Inciter à mieux adapter les cultures aux
quantités d'eau disponibles.
Groupe 5 – Démocratie et gouvernance
Prendre en compte, à l'échelle géographique
adéquate, l'évaluation des risques liés à
chaque usage d'une ressource naturelle (eau,
sol...) pour traiter plus clairement les conflits
d'intérêt entre usagers (pour l'eau par exemple,
Définitions :
Modélisation : conception d'un modèle
Aquifère : couche souterraine formée par les eaux
d'infiltration