BIBLIOGRAPHIE - NOUVEAUTÉS par Marie-Laure BAUDEMENT Plaidoyer pour l’écofiscalité de Guillaume SAINTENY Éditions Buchet Chastel Collection Écologie, 2012 ISBN 978-2-283-02500-0 15 x 23 cm, 272 p., 20,00 € Cet ouvrage paru chez Buchet Chastel, dans la collection Écologie, est un livre très documenté avec des sources précises. Composé de 6 grandes parties : Fiscalité et environnement Des définitions, des constats, ce chapitre pose les principes de la fiscalité et montre des exemples dans plusieurs pays, il analyse les diverses actions mises en place. Les cas de l’énergie et du changement climatique La France et sa fiscalité par rapport aux pays voisins quant aux énergies fossiles est décortiquée, une conclusion argumentée sur le fait que notre pays taxe de moins en moins les énergies fossiles. La fiscalité française favorise la dégradation de la biodiversité Notre pays a une politique originale par rapport à l’agriculture, à la création des infrastructures de transport ou encore l’urbanisation des territoires et les produits de notre fiscalité ne sont pas reversés directement aux politiques de gestion et de préservation de l’environnement. La fiscalité favorise des secteurs très impactants sur l’environnement L’auteur prend comme exemple 2 secteurs qui « consomment 75 % de l’énergie et sont responsables de 80 % de l’artificialisation des espaces » : l’Immobilier et les transports. Il indique que les politiques actuelles permettent des prix artificiellement bas qui entraînent des actions préjudiciables à l’environnement. La fiscalité de l’environnement est-elle impossible ? Des expériences ont été menées afin d’introduire de nouvelles taxes ou de modifier celles qui existent afin de les rendre plus intéressantes pour l’environnement. Ce chapitre explique ces tentatives et leur succès ou leurs échecs. Comment réformer ? Ce dernier chapitre propose des solutions, donne des pistes afin d’aider les décideurs à mettre en place des procédures efficaces. Cet ouvrage s’appuie sur des éléments forts et des études très diversifiées, l’auteur ne se contente pas de montrer les erreurs ou de stigmatiser telle ou telle proposition. Avec une argumentation fournie, il fait des propositions. Pour lui, il est essentiel et indispensable de mettre en place des actions de fiscalité vraiment incitative qui obligeront chacun de nous à modifier ses comportements. Cette écofiscalité demande une implication politique forte et pas forcément populaire, du moins dans un premier temps. Ce livre , me semble-t-il, doit être mis dans les mains de nos décideurs politiques. Ardu au départ, le premier chapitre n’est pas forcément évident , il se lit ensuite beaucoup plus facilement. Rev. sci. Bourgogne-Nature - 18-2013 251 BIBLIOGRAPHIE - NOUVEAUTÉS par Patrice NOTTEGHEM Les invasions biologiques Un danger pour la biodiversité de Jean-Claude LEFEUVRE Éditions Buchet Chastel Collection Écologie, 2013 ISBN 978-2-283-02639-7 14 x 20,5 cm, 336 p., 20.00 € Bien que jugé trop tardif par certains acteurs, le lancement par l’Union Européenne, en septembre 2013, d’une nouvelle action visant à protéger la biodiversité contre le problème des espèces envahissantes, devant entrer en vigueur en 2016, témoigne d’une réelle prise de conscience politique des enjeux économiques, sanitaires et écologiques. Avec plus de 12 000 espèces allochtones en Europe, dont environ 1 800 sont jugées envahissantes, le phénomène atteint aujourd’hui un niveau très préoccupant et concerne tous les milieux. L’ouvrage de Jean-Claude LEFEUVRE, scientifique reconnu, dont on connaît les engagements en faveur de la préservation de la nature, arrive à point nommé pour éclairer ceux qui sont déjà engagés et qui auront à s’impliquer davantage encore dans l’avenir dans la mise en œuvre de cette action. Ce livre, d’une lecture claire, sera apprécié des naturalistes et de tous les gestionnaires des milieux naturels comme des espaces voués à la production, souvent concernés, dans certains cas gravement menacés, par des espèces envahissantes. En effet ces acteurs auront à arrêter et argumenter des priorités, à adapter leurs pratiques, mais aussi à justifier leurs choix visà-vis des citoyens. Dans ce contexte, cet ouvrage se révèlera d’un grand recours par la grande richesse des informations qui touchent tous les aspects des invasions biologiques et par la grande rigueur des arguments. La première partie est consacrée à la description et l’analyse du phénomène planétaire des invasions biologiques, qui repose à la fois sur la propension naturelle des espèces à se disperser et sur la multiplication sans précédent des transferts, volontaires ou involontaires, dus à l’homme, notamment du fait du développement des moyens de transports et de la multiplication considérable des échanges intercontinentaux. Cette partie s’achève sur l’évolution du regard, marquée par la prise de conscience de l’importance des dégâts économiques, des risques sanitaires pour les espèces animales et végétales, des risques en matière de santé humaine et de la mise en danger avérée de nombreux écosystèmes. Après cet état des lieux, suit le thème Les scientifiques en actions. Jean-Claude LEFEUVRE, en écologue très au fait de l’actualité en ces domaines, y commente la recherche consacrée aux invasions biologiques. Il montre que celle-ci doit aujourd’hui s’inscrire dans une approche écosystémique, nécessaire en particulier pour établir le niveau de vulnérabilité des milieux récepteurs. Les travaux scientifiques montrent en effet que les espèces invasives sont notablement favorisées par une trop grande fragilité des milieux, du fait d’une richesse spécifique amoindrie, par de trop forts apports en nutriments et d’une manière générale par une anthropisation marquée, ainsi que par le réchauffement climatique. Ce sont là autant de paramètres à intégrer, pour apprécier les risques d’implantation puis d’installation durable d’espèces invasives ainsi que pour appréhender les potentialités en matière de lutte. Les différents aspects de la lutte sont présentés à travers des exemples concrets, qui montrent à quel point on a souvent sous-évalué les risques et tardé à intervenir. Le texte s’achève par la formulation de recommandations qui rejoignent celles de l’UICN et celles formulées récemment par l’Union Européenne. Jean-Claude LEFEUVRE évoque en particulier la nécessité de favoriser la détection précoce et la rapidité d’intervention, mais également celle de redonner aux écosystèmes la robustesse que nos actions leur ont fait perdre. C’est sans doute là une des voies d’avenir pour la gestion de milieux d’autant plus vulnérables, face aux espèces envahissantes, qu’ils sont fragilisés par d’autres perturbations. La richesse de la bibliographie complète la valeur scientifique de cet ouvrage, sans équivalent en langue française, indispensable aux acteurs de la valorisation des services rendus par la biodiversité comme à tous ceux qui se consacrent à la préservation de la nature et à la gestion des milieux. 252 Rev. sci. Bourgogne-Nature - 18-2013 BIBLIOGRAPHIE - NOUVEAUTÉS par Etienne GAUJOUR Gestion forestière et préservation de l’avifaune hors-série n°6 Le cas des forêts de production de plaine Actes du colloque des 4 et 5 novembre 2011 à Velaine-en-Haye Rendez-vous techniques hors-série no 6, ONF, 2012 21 x 29,7 cm, 87 p. Téléchargeable sur le site www.onf.fr et www.lpo.fr Colloque des 4 - 5 novembre 2011 à Velaine-en-Haye Ce numéro hors-série de la revue publiée par l’ONF retranscrit les présentations faites en novembre 2011 pour communiquer et valoriser les travaux menés dans le programme « Oiseaux des bois ». Gestion forestière et préservation de l’avifaune Le cas des forêts de production de plaine Ce programme ambitieux s’est déroulé de 2007 à 2011 et a fait collaborer les gestionnaires forestiers et les protecteurs de l’avifaune, c’est-à-dire des acteurs de l’écologie forestière aux enjeux parfois antagonistes. En effet, la forêt est un espace multifonctionnel – fonction de production, fonction écologique, fonction récréative, fonction cynégétique – où interagissent des acteurs aux objectifs diversifiés. Ce programme a donc été lancé conjointement par l’ONF et la LPO afin d’accroître les connaissances sur l’écologie des espèces d’oiseaux spécialistes des forêts et d’identifier les effets positifs et négatifs des modalités de gestions des forêts sur l’avifaune. Ce travail devait mettre en lumière les modes de gestion à poursuivre et ceux qui devaient, si cela était possible, être améliorés sur la base de 3 sites d’étude (Forêt d’Orient, Forêt domaniale d’Orléans et Forêt domaniale de la Moulière) et 11 espèces patrimoniales de l’avifaune. Ce document de 87 pages débute par des interventions des principaux acteurs du programme pour en décrire le contexte et les objectifs. Des rappels réglementaires sont également mentionnés pour exprimer le cadre contraignant de la gestion forestière, aussi bien en forêt privée qu’en forêt domaniale. Sont ensuite retranscrits dans une seconde partie les résultats obtenus sur les 3 sites. Ces articles décrivent très précisément et avec une rigueur scientifique les travaux menés durant les 5 années du programme. Ils conduisent à l’explicitation des relations complexes entre les modalités de gestion forestière et les dynamiques des communautés de l’avifaune dans chacun des sites étudiés. Enfin, la dernière partie, bilan du travail, met en avant les résultats majeurs obtenus. Le premier est sans nul doute cette collaboration fructueuse entre acteurs forestiers souvent opposés. Cela laisse présager d’ouvrir de tels travaux à d’autres acteurs. Ensuite, ce travail montre que la gestion forestière telle qu’elle est menée actuellement a des atouts majeurs pour la préservation de l’avifaune, tout en mentionnant des améliorations possibles. Enfin, le directeur du GIP « Ecofor » indique la nécessaire poursuite d’acquisition de connaissances pour aboutir à des préconisations directement applicables par les gestionnaires tant la complexité des relations entre gestion et avifaune est forte. Ces préconisations devront faire état de l’équilibre fragile entre les différentes fonctions des forêts. Ce hors-série est une mine gigantesque d’informations à la fois pour les scientifiques, les gestionnaires privés ou publics ou toute personne simplement curieuse de l’écologie forestière approchée par l’avifaune. On y trouve des illustrations graphiques des résultats explicites, accessibles et compréhensibles par la plupart des lecteurs. Rev. sci. Bourgogne-Nature - 18-2013 253 BIBLIOGRAPHIE - NOUVEAUTÉS par Patrice NOTTEGHEM Archéogéographie d’un paysage Concepts et méthode de Joseph DE LA BOUËRE & Jean-Louis MAIGROT Educagri-éditions, Dijon, 2012 DVD, 26 min., 22.00 € C’est à Jean-Louis MAIGROT, pour l’écriture et le scénario, et à Joseph DE LA BOUËRE, pour la réalisation, que l’on doit ce nouveau DVD, édité dans le droit fil de la parution, en 2009 et chez le même éditeur, des deux DVD ayant pour titre Le Paysage, la longue durée et l’espace (Méthode et exemples, pour le premier, Sources documentaires et traitements, pour le second). Jean-Louis MAIGROT, historien et géographe, chercheur associé à l’UMR ARTHEMIS (Dijon), argumente, de manière très convaincante, l’intérêt de la prise en compte de la dynamique de l’espace dans la durée pour une compréhension des paysages d’aujourd’hui, afin d’envisager leur évolution. Joseph DE LA BOUËRE, réalisateur à Educagri-éditions, en a assuré les prises de vues, la prise de son et le montage. Les images filmées, au rythme adapté à la thématique, les allers et retours entre les paysages eux-mêmes et les documents d’archives, mais aussi le recours à des animations infographiques à la fois élégantes et efficaces (dues à Stéphane BARETY) servent avec clarté le propos. Cette production a l’ambition de montrer l’intérêt de la démarche qui fonde l’archéogéographie, en tant que discipline développée à la croisée de l’histoire, l’archéologie, la géographie, l’écologie et leurs techniques associées. La référence aux concepts de l’archéogéographie et la mise en œuvre des outils méthodologiques sont illustrées par une démonstration vivante, appliquée au territoire de la commune de Saint-Martin-du-Mont (Côte-d’Or). La dynamique des trames parcellaires, celle des réseaux viaires, la topographie, les microreliefs, le couvert végétal ou encore les vestiges archéologiques témoignent, de manières complémentaires, de l’évolution de l’occupation de l’espace dans le long terme, depuis l’Antiquité. On sera particulièrement intéressé par le fait que certains éléments du paysage, parfois anodins et discrets (une limite parcellaire, un chemin, un murger ou une haie), soient porteurs d’informations permettant de dessiner les grandes étapes de l’aménagement de l’espace, à la période antique, puis à la période médiévale et son évolution ultérieure. Le naturaliste ne manquera pas de remarquer que ces vestiges, porteurs de sens pour l’archéogéographe, représentent par ailleurs des milieux essentiels pour le maintien de la biodiversité spontanée des espaces de production agricole, en tant que zones refuges pour de nombreuses espèces végétales ou animales et contribuant au maintien des continuités écologiques. Cette convergence entre les valeurs patrimoniales de ces éléments, au plan historique et au plan écologique, est remarquable et appelle les gestionnaires de l’espace à les prendre en compte de manière intégrée, tant dans des perspectives conservatoires que dans des orientations de production. Ce DVD s’adresse à un large public, à des étudiants bien sûr, mais aussi aux acteurs de la gestion des espaces agraires et à tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les paysages, leur évolution, et appréhender leur devenir. Il est une invitation à la lecture des paysages, qui passe par l’observation attentive, le croisement des regards et le recours aux données d’archives. 254 Rev. sci. Bourgogne-Nature - 18-2013