devoir moral » qui est d’aider à mourir le patient s'il lui en fait la demande. « La
médecine a fait des progrès fabuleux au cours des dernières décennies, des progrès qui
ont allongé de 10,15, 20 ans l’espérance de vie, explique-t-il, mais parfois dans quelles
conditions de vie ? Ma philosophie, ma conviction profonde, c’est que comme c’est la
médecine qui a amené les gens à ce stade-là, c’est à la médecine aussi de prendre ses
responsabilités quand les gens n’ont plus de qualité de vie selon leurs propres
perceptions ou qu’ils n’ont plus de vie du tout. C’est à la médecine de faire quelque
chose et ne pas les laisser se détériorer dans des mouroirs. C’est à la médecine de
s’occuper de ces gens-là et de les accompagner jusqu’au bout. Et le bout, pour tout le
monde, c’est la mort ».
Une loi sous très haute surveillance
Le Docteur L’Espérance croit également que cette loi, très restrictive, devrait à moyen
terme être élargie à d’autres types de maladie en permettant à une personne qui vient,
par exemple, de se faire diagnostiquer avec une maladie dégénérative et incurable -
comme l’Alzheimer, la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaque- de demander
l’aide médicale à mourir quand il a encore toutes ses facultés mentales mais d'en faire
la demande des années plus tard, aux termes de critères soigneusement établis. «
S’assurer que dans l’avenir il va y avoir une ouverture dans la loi pour autoriser ces
patients-là à y recourir », précise le neurochirurgien.
Mais on n’en est pas encore là : la loi sur l’aide médicale à mourir est pour l’instant sous
très haute surveillance. Une commission sur les soins de vie, dans laquelle siègent des
médecins, des infirmières et des pharmaciens, analysent chaque cas de personnes qui
a eu recours à la loi. Cette commission pourra, à termes, soumettre des
recommandations au gouvernement pour revoir la loi ou y introduire de nouveaux
critères.
Une porte qui s’ouvre au Canada ?
L’expérience québécoise, unique en Amérique du nord, est également étroitement
surveillée par les autres provinces canadiennes et d’autres pays dans le monde,
intéressés par ce modèle.
« Je pense que ce qui va être intéressant dans la prochaine année, ça va être de voir le
résultat de la réflexion dans le reste du Canada, la réponse des médecins dans chaque
province du pays et de voir comment va se positionner le gouvernement fédéral, et s’il va
y avoir ou non une loi fédérale du même genre », déclare le Docteur Robert.