Evaluation de la prise en charge de la rhinite allergique en

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UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE
FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL
******************
ANNEE 2010
N°
THESE
POUR LE DIPLOME D'ETAT
DE
DOCTEUR EN MEDECINE
Discipline : Médecine Générale
-----------Présentée et soutenue publiquement le xx xxxxx 2010
à CRETEIL (PARIS XII)
-----------Par Monsieur Gaëtan GUIU
Elève de l’Ecole du Val de Grâce
Interne des Hôpitaux des Armées
Né le 13 mai 1983 à SECLIN (59)
-------------
EVALUATION DE LA PRISE EN CHARGE DE LA RHINITE
ALLERGIQUE EN MEDECINE GENERALE : ETAT DES LIEUX DANS
LE VAL DE MARNE.
DIRECTEUR DE THESE
Madame le Docteur Laurence CALVO
Signature du directeur de thèse
LE CONSERVATEUR DE LA
BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE
u
Cachet de la bibliothèque universitaire
2
A Monsieur le Médecin Général Inspecteur Maurice VERGOS
Directeur de l’Ecole du Val de Grâce
Professeur Agrégé du Val de Grâce
Officier de la Légion d’Honneur
Officier de l’Ordre National du Mérite
Récompenses pour travaux scientifiques et techniques – échelon vermeil
Médaille d’honneur du Service de Santé des Armées
A Monsieur le Médecin Général Jean-Didier CAVALLO
Directeur adjoint de l’Ecole du Val de Grâce
Professeur Agrégé du Val de Grâce
Chevalier de la Légion d’Honneur
Officier de l’Ordre National du Mérite
Récompenses pour travaux scientifiques et techniques – échelon argent
Médaille d’honneur du Service de Santé des Armées
3
A Monsieur le Médecin Général Eric RENOUX
Médecin-chef de l’Hôpital d’Instruction des Armées BEGIN
Chevalier de la Légion d’Honneur
Officier de l’Ordre National du Mérite
A Monsieur le Médecin en Chef Christophe RAPP
Référent pédagogique de l’Hôpital d’Instruction des Armées BEGIN
Chef du service de Pathologies Infectieuses et Tropicales de l’Hôpital d’Instruction des
Armées BEGIN
Professeur Agrégé du Val de Grâce
Chevalier de l’Ordre National du Mérite
A Monsieur le Professeur Claude ATTALI
Coordinateur du Département Universitaire d’Enseignement et de Recherche
en Médecine Générale de la Faculté de Médecine de Créteil PARIS XII
Référent pédagogique de la faculté de Créteil
A Madame le Médecin en Chef Laurence CALVO
Notre directeur de thèse,
Médecin généraliste et allergologue à l’Hôpital d’Instruction des Armées BEGIN
Allergologue attachée au centre de l’asthme et des maladies allergiques de l’enfant de l’hôpital
Armand TROUSSEAU
Chef du service de médecine du Personnel de l’Hôpital d’Instruction des Armées BEGIN,
Vous êtes à l’origine de cette thèse et vous avez toujours su vous rendre disponible,
Nous vous remercions de nous avoir guidés tout au long de ce périple.
Aux médecins du Département d’Epidémiologie et de Santé Publique Nord
De l’îlot BEGIN,
Pour leurs conseils judicieux lors de l’élaboration du questionnaire de notre enquête.
Aux médecins généralistes du département du Val de Marne
Qui ont eu la gentillesse de répondre au questionnaire.
4
A Monsieur le Médecin Chef des Services hors classe CHANUDET
Professeur Agrégé du Val de Grâce
A Monsieur le Médecin Chef des Services hors classe BAUDUCEAU
Professeur Agrégé du Val de Grâce
A Monsieur le Médecin Chef des Services hors classe PONTIES
Professeur Agrégé du Val de Grâce
A Monsieur le Médecin Chef des Services hors classe HORNEZ
A Monsieur le Médecin Chef des Services de classe normale BONNEVIE
Professeur Agrégé du Val de Grâce
A Monsieur le Médecin Chef des Services de classe normale MAYAUDON
Professeur Agrégé du Val de Grâce
A Monsieur le Médecin en Chef TOPIN
A Monsieur le Médecin en Chef de STABENRATH
5
A Claire, ma future épouse,
Notre Aventure ne fait que débuter,
Je te remercie pour ton soutien indéfectible et ta joie de vivre communicative,
Tu représentes beaucoup à mes yeux,
A mes Parents,
Pour vos conseils éclairés et votre relecture attentive,
Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce vous faîtes pour moi
depuis ce fameux vendredi treize,
Merci d’être toujours présents à mes côtés, dans les bons comme les mauvais moments,
A mes sœurs, Emeline et Diane,
Vous êtes toujours prêtes à m’aider et je vous en remercie,
A ma grand-mère,
J’espère que mes petites blagues te feront rire encore longtemps,
A ma « deuxième » famille,
Je vous remercie de m’avoir accueilli à bras ouverts et de m’avoir accepté,
A mes amis,
Jon et Laëtitia, tous les moments passés avec vous sont géniaux, je vous suis reconnaissant de
l’amitié que vous me témoignez, elle est réciproque ;
Damien, Hugues et Bertrand, nous avons partagé beaucoup de fous-rires, je vous remercie de
m’avoir accueilli à la Boâte, de m’avoir transmis les traditions et d’être restés mes amis ;
Jean, mon partenaire de musique, tu es bien plus que cela ;
Cyril, je te remercie de m’avoir guidé pendant plus de deux semestres, dans la bonne humeur
et l’efficacité, j’espère que je garderai en tête tous les préceptes que tu m’as enseignés ;
Timothée, Stan, Michel, Philou, Seb, Maud, Aurore, Wéniko, Célia, Amélie…
A Catherine et Béa,
Je vous remercie d’avoir guidé mes premiers pas en médecine générale,
A Georges,
Je vous remercie de m’enseigner votre savoir,
Aux équipes soignantes du service d’accueil des urgences, du service de cardiologie, du
service de gynécologie-maternité-pédiatrie et du service d’endocrinologie de l’hôpital
Bégin, et du service médical du 2ème GI de la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris,
J’ai beaucoup appris à vos côtés,
Je n’oublierai jamais votre professionnalisme et votre courage,
Merci pour tous ces moments.
A mes Anciens.
6
« L’homme ! C’est magnifique ! Cela sonne… fier !
L’homme ! Il faut respecter l’homme ! Ne pas en
avoir pitié… ne pas l’abaisser par la pitié… il faut
le respecter ! »
M. GORKI, Les Bas-Fonds.
7
EVALUATION DE LA PRISE EN CHARGE DE LA RHINITE
ALLERGIQUE EN MEDECINE GENERALE : ETAT DES LIEUX DANS
LE VAL DE MARNE
T AB L E D E S T AB L E A U X E T D E S I L L U S T R A T IO N S ....................................................................................... 10
A B R E V I A T IO N S E M P L O Y E E S ........................................................................................................................... 11
INTRODUCTION .............................................................................................................. 13
1 E R E PARTIE : LA RHINITE ALLERGI QUE ET L’ARIA .............................. 15
I.
a.
b.
D E F IN IT I O N S ........................................................................................................................................... 15
Rhinite et allergie .................................................................................................................................... 15
Autres définitions .................................................................................................................................... 17
II.
E P ID E M IO L O G IE D E L A R H IN IT E A L L E R G IQ U E ............................................................................... 18
a. Epidémiologie descriptive ...................................................................................................................... 18
b. Epidémiologie analytique ....................................................................................................................... 21
I I I . L E S C O - M O R B ID IT E S ............................................................................................................................. 23
a. L’asthme .................................................................................................................................................. 23
i.
La pathologie asthmatique .................................................................................................................... 23
ii. Les liens entre rhinite allergique et asthme ........................................................................................... 24
1. Epidémiologie. ................................................................................................................................. 24
2. Sur le plan physiopathologique : le lien nez-bronches ..................................................................... 25
3. Sur le plan histologique.................................................................................................................... 27
b. La conjonctivite allergique ..................................................................................................................... 27
c.
Les infections ORL répétées : rhinosinusites et otites. ........................................................................ 28
IV. L E S E T IO L O G IE S D E L A R H IN IT E A L L E R G IQ U E ............................................................................... 28
a. Les allergènes saisonniers : les pollens .................................................................................................. 28
b. Les allergènes perannuels ou domestiques ........................................................................................... 29
c.
Les nouveaux allergènes ......................................................................................................................... 30
V.
L E S E L E M E N T S D U D IA G N O S T IC ......................................................................................................... 30
Les données cliniques ............................................................................................................................. 30
i.
L’interrogatoire ..................................................................................................................................... 30
1. Les signes fonctionnels de la RA et de ses co-morbidités ............................................................... 30
2. Une unité de temps et/ou de lieu ...................................................................................................... 32
3. L’existence d’une atopie .................................................................................................................. 32
4. Autres éléments ................................................................................................................................ 32
ii. L’examen clinique ................................................................................................................................ 32
1. L’examen général ............................................................................................................................. 32
2. L’examen ORL ................................................................................................................................ 33
3. L’examen pulmonaire ...................................................................................................................... 33
iii. Les outils d’aide au diagnostic .............................................................................................................. 33
b. Les données paracliniques...................................................................................................................... 34
i.
Les examens d’imagerie ....................................................................................................................... 34
ii. Les examens biologiques ...................................................................................................................... 35
iii. L’exploration fonctionnelle respiratoire (EFR)..................................................................................... 36
c.
Les diagnostics différentiels ................................................................................................................... 36
a.
VI.
L A C O N F E R E N C E D E C O N S E N S U S AR I A .......................................................................................... 37
8
VII. L A C L A S S I F I C A T IO N D E L A R H IN IT E A L L E R G IQ U E ........................................................................ 39
VIII. P R IS E E N C H A R GE T H E R A P E U T IQ U E .................................................................................................. 41
a. L’éviction de l’allergène ......................................................................................................................... 41
b. Les traitements médicamenteux ............................................................................................................ 42
i.
Les anti-histaminiques .......................................................................................................................... 42
ii. Les corticostéroïdes .............................................................................................................................. 43
iii. Les décongestionnants .......................................................................................................................... 43
iv. Les stabilisateurs de mastocytes ........................................................................................................... 44
v. Les antileucotriènes .............................................................................................................................. 44
vi. L’immunothérapie spécifique ............................................................................................................... 44
vii. Les anticorps anti-IgE ........................................................................................................................... 45
c.
La relation médecin - patient ................................................................................................................. 46
i.
Le rôle du médecin traitant dans la rhinite allergique ........................................................................... 46
ii. Les attentes des patients souffrant de rhinite allergique........................................................................ 47
d. Les résultats de la prise en charge médicale ......................................................................................... 48
2EME
PARTIE :
ENQUETE
D’EVALUATI ON
DES
PRATIQUES
PROFESSIONNELLES AUP RES DES MEDECINS GENERALISTES DU
VAL DE MARNE ............................................................................................................... 50
I.
M A T E R IE L S E T M E T H O D E .................................................................................................................... 51
Le questionnaire ..................................................................................................................................... 51
Les sujets ................................................................................................................................................. 52
i.
Critères d’inclusion et d’exclusion ....................................................................................................... 52
ii. La zone de l’étude ................................................................................................................................. 52
iii. Les sujets et la méthode de sélection .................................................................................................... 52
c.
Description de l’étude ............................................................................................................................. 53
a.
b.
II.
R E S U L T A T S .............................................................................................................................................. 54
a. Données recueillies sur les médecins généralistes ................................................................................ 54
b. Informations sur la patientèle ................................................................................................................ 55
c.
Connaissances des médecins interrogés sur les recommandations ..................................................... 56
d. Le vécu de la RA d’après les médecins généralistes............................................................................. 56
e.
Pratiques professionnelles des médecins généralistes interrogés ........................................................ 58
La prise en charge clinique ................................................................................................................... 58
La prise en charge thérapeutique .......................................................................................................... 59
I I I . D IS C U S S IO N ............................................................................................................................................. 61
a. Présentation des principaux résultats et comparaison à la littérature ............................................... 61
b. Discussion de nos résultats ..................................................................................................................... 64
CONCLUSION .................................................................................................................... 69
ANNEXES ............................................................................................................................. 72
Annexe 1 : Physiopathologie de la RA .................................................................................................................. 72
Annexe 2 : Calendrier pollinique de la région Ile de France ................................................................................. 87
Annexe 3 : Questionnaire d’aide au diagnostic proposé par l’ARIA ..................................................................... 88
Annexe 4 : Questionnaire SFAR « Score for Allergic Rhinitis » .......................................................................... 89
Annexe 5 : Questionnaire pour le diagnostic d’asthme chez le patient rhinitique proposé par l’ARIA ................ 90
Annexe 6 : Score pour la recherche d’asthme ........................................................................................................ 91
9
Annexe 7 : Diagramme diagnostique ..................................................................................................................... 92
Annexe 8 : Diagramme thérapeutique de la rhinite allergique proposé par l’ARIA .............................................. 93
Annexe 9 : Questionnaire réalisé pour notre enquête ............................................................................................ 94
LEXIQUE ............................................................................................................................. 98
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................... 101
10
T ABLE
DES TABLEAUX ET DES ILLUSTRATIONS
Tableaux :
1ère partie :
Tableau 1.1 : Les étiologies des rhinites …………………………………………………... 15
Tableau 1.2 : Les symptômes de la rhinite ……………………………………………….
31
Tableau 1.3 : Les diagnostics différentiels de la rhinite allergique ………………………. 37
Tableau 1.4 : Les modalités de la désensibilisation ……………………………………… 46
2ème partie :
Tableau 2.1 : Les caractéristiques des médecins interrogés ………………………………. 55
Tableau 2.2 : Informations sur la patientèle des médecins interrogés ……………………. 55
Tableau 2.3 : La connaissance de l’ARIA …………………………………………………. 56
Tableau 2.4 : L’impact de la RA ………………………....................................................... 57
Tableau 2.5 : Prise en charge clinique de la RA …………………………………………. 59
Tableau 2.6 : Prise en charge thérapeutique de la RA …………………………………….. 60
Illustration :
Figure n°1: La classification de la RA selon l’ARIA 2001…………...……………………...40
11
A BREVIATIONS
EMPLOYEE S
AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Anti-H1 : anti-histaminique de type 1.
ARIA : acronyme de l’anglais « Allergic rhinitis and its impact on Asthma », la rhinite
allergique et son impact sur l’asthme.
BCR : « B-cell receptor », récepteur membranaire B spécifique des lymphocytes B.
CCR3 : « chemokine (C-C motif) receptor 3 », récepteur de type 3 aux chimiokines.
CD : cluster de différenciation ; protéines exprimées à la surface des cellules du système
immunitaire jouant un rôle dans leur fonction ou leur identification.
CMH : complexe majeur d’histocompatibilité.
CPA : cellule présentatrice d’antigène.
DC : cellule dendritique.
EFR : exploration fonctionnelle respiratoire.
FcεRI : récepteur de type 1 du fragment constant des immunoglobulines E (récepteur de haute
affinité des IgE).
GM-CSF : de l’anglais « granulocytes-macrophages colony stimulating factor », facteur de
croissance des leucocytes.
HAS : Haute Autorité de Santé.
HS1 : hypersensibilité de type I selon la classification de Gell et Coombs.
IgA : immunoglobuline A.
IgD : immunoglobuline D.
IgE : immunoglobuline E.
IgG : immunoglobuline G.
IgM : immunoglobuline M.
IL : interleukine.
ITS : immunothérapie spécifique.
LB : lymphocyte B.
LT : lymphocyte T.
LTB4 : leucotriène B4.
LTC4 : leucotriène C4.
LTCD4 : lymphocyte T présentant le récepteur membranaire CD4.
LTCD8 : lymphocyte T présentant le récepteur membranaire CD8, LT cytotoxique.
MCP-1 : « monocyte chemiotactic protein-1 », protéine chimiotactique-1 des monocytes.
NARES : acronyme de l’anglais « non allergic rhinitis with hypereosinophilia syndrom »,
rhinite non allergique avec hyperéosinophilie.
12
NK : lymphocytes « natural killer ».
OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
ORL : otorhinolaryngologie.
PAF : acronyme de l’anglais « platelet activating factor », facteur d’activation plaquettaire.
PGD2 : prostaglandine D2.
RA : rhinite allergique.
SCF : de l’anglais « Steam Cell Factor », facteur de survie, de prolifération et de
différenciation des cellules souches hématopoïétiques.
SFAR : acronyme de l’anglais « Score For Allergic Rhinitis », score de la rhinite allergique.
TCR : « T-cell receptor », récepteur membranaire T spécifique des lymphocytes T.
Th 1 ou 2 : lymphocyte « T-helper » de type 1 ou 2.
TMA : test multi-allergénique de dépistage.
TNF-alpha : pour l’anglais « Tumor Necrosis Factor alpha », facteur de nécrose tumorale
alpha, appelé aussi cachexine.
VEMS : volume expiratoire maximal en 1 seconde.
13
I NTRODUCTION
La rhinite allergique se définit cliniquement comme une maladie symptomatique du nez
consécutive à l’exposition à un allergène. C’est une pathologie ancienne décrite depuis
l’Antiquité mais pour laquelle l’intérêt médical n’apparait qu’au 19ème siècle avec
l’augmentation de sa prévalence et des connaissances physiopathologiques. La rhinite
allergique est mondialement répandue et sa fréquence est en constante augmentation,
actuellement estimée entre 15 et 25 % chez l’adulte en France. Même si, de prime abord, il ne
s’agit pas d’une pathologie grave, la rhinite allergique a des répercussions individuelles, sur la
santé et le bien-être, et socio-économiques avec des coûts directs et indirects conséquents. Il
s’agit aujourd’hui d’un véritable problème de santé publique dont les phénomènes
physiopathologiques sont bien connus. Par exemple, le lien entre les muqueuses nasales et
bronchiques est désormais accepté par tous, on parle d’ailleurs d’unicité des voies aériennes
avec les implications cliniques et thérapeutiques qui en découlent. Par ailleurs, la rhinite
allergique s’inscrit dans le cadre plus global d’une maladie allergique systémique où elle
occupe la place de facteur de risque d’une autre pathologie, l’asthme allergique.
La rhinite allergique est une pathologie connue de tous ; elle fait notamment partie de
l’enseignement facultaire du deuxième cycle des études médicales. Elle peut se décliner selon
différentes classifications dont la plus commune distingue la forme saisonnière de la forme
perannuelle. En réalité, cette classification donne un mauvais reflet de l’impact réel de la
pathologie. C’est pourquoi une classification plus récente a été développée intégrant d’une part
la notion de sévérité et d’autre part celle de fréquence des symptômes.
Jusqu’à la fin des années 1990, il n’existait pas de recommandations consensuelles sur
le traitement de la rhinite allergique. L’Organisation Mondiale de la Santé a réuni pour la
première fois en 1999 un groupe d’experts afin de faire le point sur les connaissances, d’établir
une démarche thérapeutique consensuelle basée sur des faits et d’orienter différentes
perspectives de recherche. Ce groupe a rédigé un texte à valeur de recommandation d’experts
intitulé « la rhinite allergique et son impact sur l’asthme », dont l’acronyme anglais est ARIA
pour « Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma ». Pourtant, sa prise en charge thérapeutique
et son traitement demeurent difficiles. Ce pour plusieurs raisons : d’une part cette pathologie
reste négligée par les patients, on estime qu’environ 20% d’entre eux ne consultent pas leur
14
médecin, que seuls 30 % des patients pratiquent l’éviction allergénique, ou encore que seuls
30% d’entre eux respectent le traitement prescrit. D’autre part, le traitement médicamenteux
demeure symptomatique et ne répond qu’en partie aux attentes des patients ; il s’avère que la
seule intervention thérapeutique modifiant l’histoire naturelle de la maladie est la
désensibilisation dont les indications sont précises.
La littérature médicale internationale est riche en ce qui concerne la rhinite allergique.
Néanmoins, peu d’auteurs ont étudié les pratiques professionnelles dans ce domaine.
Les objectifs de ce travail sont d’une part de faire la synthèse des connaissances
actuelles sur la rhinite allergique et d’autre part d’évaluer la qualité de sa prise en charge en
médecine de ville et son adéquation aux recommandations de l’ARIA. Pour satisfaire notre
second objectif, nous avons élaboré un questionnaire que nous avons adressé à un certain
nombre de médecins généralistes du Val de Marne.
Notre exposé s’articule en deux grandes parties : dans la première, nous ferons le point
des connaissances actuelles sur la rhinite allergique ; dans la seconde, nous exposerons l’étude
que nous avons menée en médecine générale sur la prise en charge de cette pathologie. Après
avoir décrit nos résultats que nous discuterons, nous les comparerons avec ceux d’autres
données de la littérature.
15
1ERE
PARTIE
:
LA RHINITE ALLERGIQUE ET L ’ ARIA
Dans une première partie, notre exposé s’intéressera à la rhinite allergique afin de cerner
les différents aspects de la pathologie et d’en comprendre les enjeux thérapeutiques. Il
s’organise en neuf points abordant successivement les définitions, l’épidémiologie de la rhinite
allergique, ses co-morbidités, ses facteurs déclenchants, les éléments du diagnostic, la
conférence de consensus ARIA, la classification de la rhinite allergique et, enfin, sa prise en
charge thérapeutique.
I. D EFIN IT IONS
a. Rhinite et allergie
La rhinite est définie comme « une inflammation aiguë ou chronique de la muqueuse des
fosses nasales » [54]. Il s’agit d’une affection symptomatique du nez se manifestant le plus
souvent par des symptômes nasaux mais aussi par des symptômes extra-nasaux.
Parmi les étiologies de la rhinite, rappelées dans le tableau 1.1, l’origine allergique
représente une part conséquente, estimée entre 30 et 50 % des cas [27, 39, 61, 96]. Notre
propos s’intéresse uniquement à cette étiologie allergique.
Tableau n°1.1 : les étiologies des rhinites [19].
Infectieuse
- virale
- bactérienne
- fongique
Allergique
Professionnelle
Iatrogène
- aspirine, AINS
- autres médicaments
Hormonale
Autres
- NARES
- irritative
- alimentaire
- émotionnelle
- atrophique
Idiopathique
16
Les manifestations cliniques de la rhinite allergique (RA) surviennent chez un sujet dit
« atopique » suite à l’exposition à un allergène.
L’atopie correspond à la prédisposition génétique d’un organisme à développer un
asthme, une rhinite allergique, une allergie alimentaire, une allergie médicamenteuse, une
allergie aux venins d’hyménoptères ou un eczéma atopique. Dans le cas des allergies touchant
la sphère respiratoire, cela se traduit par une production persistante d’anticorps spécifiques, de
type immunoglobulines E (IgE), dirigés contre des protéines normalement inoffensives et
ubiquitaires. Il s’agit d’un syndrome multigénique, mettant en cause des gènes différents selon
les individus et les groupes ethniques. La région du génome la plus suspecte est le 5q31,
codant notamment pour la synthèse de cytokines impliquées dans les mécanismes
inflammatoires initiaux [17, 37]. Le risque de survenue de manifestations allergiques chez un
enfant est variable selon le statut des parents : si un seul des parents est allergique, ce risque
est estimé à 30% ; si les deux parents sont allergiques, ce risque atteint 65% [70], voire plus de
80% s’ils présentent tous deux la même manifestation allergique.
L’allergie correspond à l’expression clinique de l’atopie : elle traduit une réaction
pathologique et excessive du système immunitaire à l’encontre d’un allergène.
Un antigène est une substance immunogène, c’est-à-dire capable d’induire une réponse
immunologique spécifique après sa reconnaissance par les cellules de l’immunité spécifique. Il
peut s’agir d’une réponse de tolérance ou d’une réponse effectrice d’élimination. Les antigènes
sont des polypeptides ou des glycoprotéines.
En réalité, seules certaines parties de l’antigène sont reconnues par le système
immunitaire : ce sont les épitopes, les régions immunologiquement actives de l’antigène. Elles
peuvent être situées à la surface de la molécule antigénique (épitope de surface) ou cachées au
sein de celle-ci (épitope cryptique).
Un allergène est un antigène qui induit une réponse immune de type allergique.
Classiquement, deux types d’allergènes sont distingués : d’une part les pneumallergènes,
correspondant aux allergènes inhalés, d’autre part les trophallergènes, correspondant aux
allergènes alimentaires.
17
Dans l’annexe 1, les mécanismes physiopathologiques de la rhinite allergique sont
développés : nous y précisons le rôle important du nez dans la mise en condition de l’air
inhalé, puis les différents acteurs de la réaction allergique avant d’en décrire le déroulement.
b. Autres définitions
La pollinose correspond à l’ensemble des manifestations pathologiques survenant lors du
contact des grains de pollen avec une muqueuse spécifiquement sensibilisée (nasale,
conjonctivale, bronchique). Par exemple, le « rhume des foins » et l’asthme peuvent être des
signes de pollinose [54].
L’allergie croisée : certains allergènes présentent des similitudes au niveau de leurs
régions immunologiquement actives, les épitopes. Ainsi, un sujet sensibilisé à un allergène
donné pourra présenter une réaction allergique lorsqu’il est exposé à un autre allergène
présentant un épitope commun. Il en est de même en cas de conformation antigénique
similaire. C’est ce qui est appelé allergie croisée. En effet, il existe par exemple des épitopes
communs entre certains pollens d’arbres et certains aliments (bouleau et pomme) ou encore
entre certains phanères d’animaux et les acariens.
La notion de qualité de vie a pour objectif de mieux prendre en compte la perception par
le patient de son état de santé. Pour cela, il existe des instruments de mesure qui peuvent être
génériques (qualité de vie globale) ou spécifiques (état mental, état physique, fonction
sexuelle…). La qualité de vie peut être modifiée par la maladie ou ses traitements.
La comorbidité d’une maladie peut être définie par l’existence ou l’apparition d’un autre
trouble quel qu’il soit (psychiatrique ou somatique) au cours de l’évolution de celui pour
lequel un patient consulte ou est hospitalisé.
D’après la Haute Autorité de Santé, une conférence de consensus est un texte de
recommandation élaboré à partir « de l’analyse et de la synthèse objective de la littérature
scientifique, des avis d’experts et de professionnels et d’enquêtes de pratiques » sur un sujet
donné [25]. La rédaction d’une conférence de consensus se justifie tout particulièrement
lorsqu’il existe une controverse professionnelle forte, nécessitant l’exposé des différents points
18
de vue au cours d’un débat et de présentations publiques. La synthèse de toutes ces données
est faite de façon indépendante par un jury de professionnels non-experts [25].
Dans notre second point, nous aborderons les aspects épidémiologiques de la pathologie,
d’un point de vue descriptif puis analytique.
II. E PIDEMIOLOGIE
DE LA R HIN ITE ALLERGIQUE
a. Epidémiologie descriptive
La rhinite allergique est une pathologie mondialement répandue, classée au 4ème rang des
pathologies par l’Organisation Mondiale de la Santé [30, 39]. Sa prévalence actuelle dans la
population générale varie de 10 à 40 % selon les études [18, 27, 51, 70, 90, 94, 97], touchant
près de 80 millions de personnes en Europe [55]. Cette variabilité peut s’expliquer, entre
autres, par une variation de définition d’une étude à l’autre.
La fréquence de la RA est en constante progression sans qu’il y ait d’explication précise
[30, 39, 62, 95]. Pour certains, cela serait lié à une polysensibilisation plus fréquente, une
augmentation de la pollution et l’évolution du mode de vie occidental [55]. Les différents
auteurs s’accordent pourtant sur la probable sous-estimation de la prévalence de la pathologie
[60]. En effet, la RA est sous-diagnostiquée et donc sous-traitée [70, 96, 97], notamment en
raison d’une automédication fréquente des patients et de l’absence de recours à un médecin,
par négligence de la pathologie.
Plusieurs études réalisées en soins primaires ont mesuré l’importance de la RA en
France : les formes modérées à sévères représentent entre 75 et 90 % des cas et les formes
symptomatiques persistantes 48 à 55 % des cas [18, 83].
La rhinite allergique peut se manifester à tout âge, chez le nourrisson comme chez la
personne âgée, néanmoins la rhinite pollinique reste rare avant l’âge de 5 ans [27].
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la pollinose est au moins aussi fréquente dans la
population urbaine que dans la population rurale [50, 90]. Plusieurs raisons sont évoquées : la
pollution automobile et industrielle y est plus importante, les pollens sont anémophiles et
peuvent être transportés sur de très grandes distances jusque dans les villes. Au cours de la
19
dernière décennie, les espaces verts ont également proliféré en milieu urbain (même s’il existe
maintenant des normes de plantation en zone urbaine).
Ainsi, il s’agit d’un véritable problème de Santé Publique dont le retentissement est non
seulement individuel avec un impact sur la santé, la qualité de vie et la capacité de travail,
mais aussi socio-économique avec un coût non négligeable pour la société.
Depuis une vingtaine d’années, l’évaluation de la qualité de vie s’impose
progressivement dans la prise en charge des pathologies chroniques, au rang desquelles figure
la RA. Cela se justifie par l’altération de la qualité de vie souvent rapportée par les patients qui
en souffrent : jusque 90% des patients interrogés estiment que la RA a un impact sur leur vie
quotidienne et plus des deux-tiers estiment leurs symptômes modérés à sévères [18, 21, 48].
Les quatre symptômes occasionnant la plus grande gêne sont la rhinorrhée, l’obstruction
nasale, le prurit nasal et la conjonctivite associée à la rhinite [48]. Ces derniers ont des effets
significatifs documentés sur l’apprentissage, la mémoire et la concentration, la prise de
décision, le bien être mais aussi l’image de soi [21, 48, 73]. Ils génèrent donc un inconfort
physique et psychique à l’origine d’une altération des activités domestiques, professionnelles
et de loisir dans plus de 30 % des cas [8, 21, 39, 48]. Par ailleurs, le retentissement sur la
qualité de vie est d’autant plus important que la rhinite est persistante [18] ou que le patient est
sensibilisé à plus de deux allergènes [29], ce qui illustre par ailleurs le lien entre la sévérité
clinique et l’expression immunologique.
La gêne psychique, recouvrant l’altération du sommeil et de l’humeur, la fatigue, les
troubles de la vigilance et de la concentration et l’altération des activités sociales et cognitives,
est aussi importante au cours de la RA seule qu’associée à un asthme [8, 9, 73]. En revanche,
en ce qui concerne la gêne physique (activités sportives, ménagères, etc…), le retentissement
est significativement plus important si un asthme est associé [61, 73]. Cette gêne ressentie par
les patients souffrant de RA semble mal comprise par ceux qui n’en souffrent pas : ces
derniers la considèrent souvent comme supportable et ainsi la dénigrent [18, 79]. Or sur le plan
psychique tout au moins, la rhinite allergique est au moins aussi gênante que l’asthme. Cela
explique notamment que les symptômes nasaux y soient pour beaucoup dans l’altération de la
vie sociale du sujet asthmatique [39].
Les patients souffrant de RA se disent fatigués (dans plus de la moitié des cas), irritables
(dans un tiers des cas) et tristes [13, 18, 55, 78]. Ces maux sont à rattacher en partie aux
troubles du sommeil, à type de difficultés d’endormissement et de réveils nocturnes qui sont
20
deux fois plus fréquents que dans la population générale [18, 72]. Ceux-ci sont liés
essentiellement à l’obstruction nasale responsable de microréveils et d’hypopnées [48, 55]. Sur
le plan thymique, la pollinose est responsable d’une altération de l’humeur pendant la saison
pollinique ; en revanche, pendant l’hiver, l’humeur des patients souffrant de pollinose est
meilleure que celle de la population générale [78]. Ainsi, même si la rhinite allergique
n’entraine pas d’épisode dépressif, elle pourrait être, en extrapolant, assimilée à un facteur de
risque de dépression [78].
La RA a également un impact sur la fonction sexuelle. Néanmoins, il s’agit d’un
domaine encore peu exploré, puisque nous n’avons trouvé qu’une seule étude sur ce sujet.
Réalisée en 2005 sur des patients souffrant de RA, l’étude de KIRMAZ et al [68] montre
qu’en période symptomatique, l’activité sexuelle est altérée et diminuée : chez la femme, cela
concerne le désir, l’excitation et l’orgasme ; chez l’homme, cela concerne également le désir,
mais aussi l’érection et la satisfaction des rapports. En outre, il apparait que le traitement de la
RA améliore significativement la fonction sexuelle pour revenir à un niveau similaire aux
sujets sains.
Sur le plan économique, les coûts générés par la maladie elle-même et ses comorbidités
sont significatifs et en constante augmentation [21, 93, 96]. En France, pour l’année 1998, le
coût de la RA perannuelle est estimé à 1,44 milliards d’euros [47].
On distingue les coûts directs et les coûts indirects. Les premiers sont engendrés
directement par la pathologie : il s’agit essentiellement du coût des traitements, des
consultations et des hospitalisations. Les seconds sont représentés entre autres par les coûts
liés aux comorbidités et par l’impact de la RA sur la productivité.
Les coûts indirects comptent pour près de la moitié de l’ensemble des coûts liés à la RA
[56]. La diminution des capacités de travail et de concentration, notamment en raison des
troubles du sommeil et des céphalées, est responsable d’absentéisme. A titre d’exemple, aux
Etats-Unis, chaque année du fait de la RA, près de trois millions de journées de travail sont
perdues et environ deux millions de journées d’école sont manquées [21]. Plus de 90% des
personnes souffrant de RA rapportent une diminution de leur productivité au travail comme à
l’école en période symptomatique [21].
Une étude américaine, réalisée en 2006 [71] auprès de plus de 8000 employés de
plusieurs entreprises américaines, a évalué les coûts liés à l’absentéisme et la perte de
productivité engendrés par onze pathologies fréquentes, dont le diabète, l’hypertension
21
artérielle, la migraine et quatre pathologies de l’entourage mobilisant l’employé, dont les
allergies infantiles, les infections respiratoires pédiatriques et la maladie d’Alzheimer. La RA
est classée au premier rang de l’ensemble des pathologies en terme de coûts : les pertes sont
estimées à 953 dollars par employé par an. Cela représente un quart des coûts globaux, loin
devant la migraine, la dépression et les troubles anxieux. Dans cette étude, un employé
souffrant de rhinite manque environ trois jours de travail par an et il est improductif environ
deux heures par jour en période de manifestations symptomatiques de sa maladie.
La RA majore aussi les coûts de l’asthme d’environ 40% [39, 88, 97,107]. Cela
s’explique essentiellement par le recours aux services d’urgences pour crises d’asthme et
l’augmentation de la consommation de médicaments bronchodilatateurs [88].
b. Epidémiologie analytique
Différents facteurs de risque de développer une rhinite allergique ont été mis en
évidence, au premier rang desquels figure l’atopie [96]. Pour un sujet atopique, le risque de
développer une RA est deux fois plus important que pour un sujet non atopique [95]. De plus,
une sensibilisation aux pollens est plus fortement à risque qu’une sensibilisation aux
allergènes domestiques [14].
La prévalence de la RA est plus importante dans les classes socio-économiques élevées,
chez les sujets noirs et en cas de naissance pendant une saison pollinique [96]. Des études
réalisées chez le nourrisson ont montré que le risque de survenue d’une RA est majoré par un
tabagisme maternel important, une exposition précoce aux allergènes domestiques (phanères
d’animaux et acariens), une diversification alimentaire précoce, des taux sériques d’IgE totales
élevés et une atopie familiale.
De nos jours, il apparait que les symptômes de la RA sont plus persistants et plus sévères
[83]. Cette évolution est probablement d’origine multifactorielle impliquant les modifications
de l’environnement et du style de vie [83].
Le rôle de la pollution atmosphérique et industrielle (monoxyde d’azote, dioxyde de
soufre, diésel, ozone, particules volatiles…) est de mieux en mieux défini, notamment en ce
qui concerne l’influence des particules de diésel sur les maladies allergiques respiratoires.
Plusieurs études montrent en effet une association entre l’augmentation de la pollution et la
majoration de la prévalence de la RA [84, 108]. FINN suggère d’ailleurs que la pollinose est
une maladie industrielle en raison, entre autres, de cette augmentation de prévalence depuis la
22
révolution industrielle [52]. Cette hypothèse est étayée par des études menées chez l’animal
qui ont montré que la pollution exerce un effet irritant pro-inflammatoire sur les muqueuses
nasales et bronchiques [55, 70, 80, 90]. Cela augmente l’allergénicité et la pénétration des
pneumallergènes dans les voies respiratoires majorant l’hyperréactivité bronchique chez le
sujet atopique [55, 80]. Par ailleurs, la pollution intervient indirectement par un impact sur le
climat qui modifie le développement de la végétation (floraison et pollinisation) aboutissant à
l’allongement de la durée d’exposition aux pollens [55].
L’environnement domestique et le style de vie se sont également modifiés : le temps
passé en environnement intérieur est nettement plus important qu’auparavant ce qui favorise
en partie l’augmentation de la sensibilisation aux poussières et aux moisissures dont le
développement est favorisé par l’humidité et une faible ventilation de l’environnement
domestique [55, 83]. Par ailleurs, l’exposition chronique aux fumées de tabac entretient
l’inflammation au niveau des voies aériennes.
Tous ces facteurs participent à l’accroissement de la polysensiblisation [29, 39, 55, 83] :
l’étude menée par CIPRANDI en 2007, portant sur cent vingt-trois adultes souffrant d’une RA
persistante, retrouve une sensibilisation à plusieurs allergènes dans près de 90 % des cas, dont
60 % sont sensibilisés à au moins trois allergènes [29]. Les quatre allergènes les plus souvent
en cause sont, par ordre de fréquence, les pollens, les poussières, les phanères d’animaux et les
moisissures [101].
Enfin, les auteurs d’une étude finlandaise réalisée en 2002 [65] ont mis en évidence un
lien significatif entre la survenue d’un événement stressant de la vie comme le décès d’un
proche ou un conflit familial et la survenue d’une rhinoconjonctivite allergique. D’autres
études retrouvent une majoration de la réponse allergique lors de l’exposition itérative à un
facteur plus ou moins stressant (jeu vidéo, sonnerie de téléphone incessante…) [66, 67, 82].
Certains qualifient ce stress psychologique de polluant social [106].
La RA est rarement isolée : elle est volontiers associée à d’autres pathologies dont
l’asthme principalement.
23
III.
L ES
CO - MORBIDITES
a. L’asthme
i. La pathologie asthmatique
L’asthme est une maladie respiratoire chronique caractérisée par la présence d’une
inflammation des voies aériennes à l’origine d’une hyperréactivité bronchique en réponse à
divers stimuli [11]. C’est une pathologie mondialement répandue. Sa prévalence actuelle en
France est estimée à 13 % chez l’enfant de 11 à 14 ans et à 6 % au-delà de 15 ans [11]. Son
impact socio-économique est conséquent avec une morbidité non négligeable.
On distingue d’une part l’asthme allergique qui représente plus de 60% des cas [11] et
dont la manifestation clinique est consécutive à l’exposition à un allergène spécifique
(pneumallergènes domestiques, pollens) et, d’autre part, l’asthme non allergique qui se
manifeste après une exposition à des irritants chimiques, à de la fumée de tabac, à de l’air froid
ou dans certaines conditions particulières (infections des voies aériennes, exercice
physique…). Le lien entre atopie et asthme est fort puisqu’un sujet atopique a trois fois plus de
risques de développer un asthme qu’un sujet non atopique [95].
L’expression clinique et la gravité de l’asthme sont variables. L’asthme se traduit par des
épisodes récurrents de toux, de dyspnée expiratoire sifflante et d’oppression thoracique,
correspondant à une obstruction bronchique réversible soit spontanément soit après la prise
d’un traitement bronchodilatateur.
L’hyperréactivité bronchique (HRB) correspond à la tendance des bronches de certains
individus à réagir de façon plus importante pour un seuil de stimulation plus faible. L’HRB
peut être spécifique ou non d’un stimulus. Elle fait partie de la définition de l’asthme mais ne
lui est pas caractéristique. Par exemple, elle existe aussi au cours des bronchopneumopathies
chroniques obstructives. L’HRB réversible est objectivée par l’épreuve fonctionnelle
respiratoire : le test à la métacholine met en évidence une HRB non spécifique alors qu’un test
de provocation bronchique met en évidence une HRB spécifique d’un allergène. En cas de
fonction respiratoire dégradée (VEMS < 80 % de la théorique), elle est révélée par
24
l’amélioration de plus de 12 % du VEMS et la majoration de plus de 200 ml après inhalation
d’un bronchodilatateur [11].
L’asthme est une comorbidité de la RA mais le lien entre ces deux pathologies est plus
étroit encore, tant sur le plan épidémiologique que physiopathologique.
ii. les liens entre rhinite allergique et asthme
1. Epidémiologie
Tout comme la rhinite allergique, l’asthme a un retentissement sur la qualité de vie en
limitant les activités physiques, mentales et sociales des patients. De la même façon, l’atopie
représente un facteur de risque significatif pour chacune des deux pathologies qui ont des
facteurs déclenchants communs.
Les différentes données épidémiologiques relient la RA à l’asthme de façon étroite : plus
de 30 % des patients souffrant de RA présentent un asthme concomitant [34, 76, 97, 98] et
jusqu’à 80 % des asthmatiques présentent une rhinite allergique associée [30, 34, 39, 73, 74,
76, 93, 97, 98]. Parfois pauci-symptomatiques chez le sujet asthmatique, les symptômes de RA
sont souvent négligés, voire non recherchés car ils sont considérés comme peu importants
[34]. Le plus souvent, la RA précède l’asthme ou se développe de façon concomitante [34, 61,
95, 97]. D’ailleurs, GAGA et al ont montré qu’il existe une inflammation au niveau de la
muqueuse nasale chez l’asthmatique, même en l’absence de plainte fonctionnelle concernant
le nez [53, 98].
La présence d’une RA chez l’asthmatique est un facteur de risque de mauvais contrôle
de l’asthme comme en témoigne l’étude britannique rétrospective de PRICE réalisée en 2005
sur des données issues de la médecine générale [59, 88, 97]. La présence d’une RA chez un
asthmatique entraine une augmentation du recours au médecin traitant ainsi qu’une majoration
de 50 % du risque de consulter dans les services d’accueil des urgences ou d’être hospitalisé
pour exacerbation d’asthme.
Non seulement la RA est un facteur d’instabilité de l’asthme, puisqu’une aggravation
des symptômes nasaux favorise souvent la survenue d’une exacerbation des symptômes
25
bronchiques, mais elle est aussi reconnue comme étant un facteur de risque significatif de
survenue ultérieure d’un asthme, comme l’ont démontré un certain nombre d’études [60, 62,
75, 86, 95, 98]. Celle de SETTIPANE [95] et les données françaises de l’ECRHS, « European
Community Respiratory Health Survey », sont souvent citées. Cette dernière a porté sur 765
sujets dont 35 % souffraient de RA. Un asthme a été retrouvé chez 22,5 % des sujets souffrant
de RA alors que ce taux ne s’élève qu’à 4 % chez les sujets sans rhinite. L’étude de
SETTIPANE est une étude prospective longitudinale réalisée chez des étudiants en première
année d’université. Ceux-ci ont été évalués initialement puis 23 ans plus tard, à la recherche
d’un asthme et d’une rhinite allergique en cas d’atopie déterminée par l’existence de tests
cutanés positifs. Les allergènes testés incluaient les pollens, les phanères d’animaux et les
moisissures. Les données issues de cette étude montrent que le risque relatif de développer un
asthme chez un patient souffrant de RA est multiplié par trois. En revanche, l’asthme n’est pas
un facteur de risque de rhinite [85].
L’association entre RA et asthme est forte, ce d’autant plus que l’allergène en cause est
domestique [3, 14, 50, 74] et les symptômes persistants [41]. Ainsi, une RA isolée survient
plus volontiers en cas de sensibilisation aux pollens alors que son association à un asthme est
plutôt liée à une sensibilisation à un allergène domestique. Cette dernière apparait donc
comme un facteur de risque de développer un asthme chez un sujet souffrant de RA, tout
comme l’existence d’un antécédent maternel d’asthme et la présence d’une hyperéosinophilie
sanguine [76]. La présence simultanée de ces trois éléments permet d’évaluer le risque de
survenue d’un asthme avec une valeur prédictive positive de 70 % [76].
La rhinite allergique et l’asthme sont donc deux pathologies très intimement liées,
témoignant d’une relation étroite entre le nez et les bronches en tant que voies respiratoires
hautes et basses.
2. Sur le plan physiopathologique : le lien nez-bronches
Différentes hypothèses ont été formulées concernant la nature de la relation entre le nez
et les bronches dans la pathologie allergique respiratoire. La seule hypothèse validée à ce jour
est l’existence d’une dissémination systémique des médiateurs de l’inflammation ainsi que la
prolifération et la migration des polynucléaires éosinophiles dans les muqueuses nasales et
bronchiques secondairement à une exposition allergénique [22, 93]. Trois autres hypothèses
26
ont été émises : la première concerne l’existence d’un réflexe naso-bronchique [22, 31, 93,
99]. Elle repose sur l’apparition d’une hyperréactivité bronchique après provocation nasale
spécifique chez les sujets souffrant de RA qu’ils soient asthmatiques ou non. Cependant,
l’existence de ce réflexe n’a été démontrée que chez la souris et reste hypothétique chez
l’homme. La deuxième hypothèse suppose que les médiateurs inflammatoires libérés au
niveau de la muqueuse nasale soient inhalés jusqu’aux bronches : à ce jour, aucune étude n’a
pu le démontrer, en particulier l’étude de BARDIN, utilisant un traceur radioactif, dont les
résultats ne sont pas en faveur de ce lien respiratoire [10]. Enfin, la dernière hypothèse émise
évoque un dysfonctionnement du nez, avec la perte de son rôle essentiel de mise en condition
de l’air inhalé [6, 104].
Ces dernières années ont vu émerger le concept d’unicité des voies aériennes,
aujourd’hui largement validé [39, 46, 93, 98]. Certains parlent de « syndrome allergique
respiratoire chronique » se manifestant à deux niveaux du tractus respiratoire, le nez et les
bronches [98]. Ce concept permet de modéliser la relation entre la RA et l’asthme selon trois
stades de gravité croissante [98] : au premier stade, la rhinite est isolée sans asthme clinique ni
hyperréactivité bronchique. Au stade suivant, la RA est associée à des anomalies
infracliniques des voies respiratoires basses avec une hyperréactivité bronchique mais sans
manifestation clinique d’asthme. Enfin, au dernier stade de cette modélisation, l’atteinte nasale
est plus prononcée et un asthme lui est associé. L’atteinte nasale est donc considérée comme la
manifestation précoce du syndrome allergique respiratoire chronique et peut alors être
assimilée à un signe d’alerte. Ces arguments plaident pour une prise en charge globale et
uniciste de ces deux pathologies.
Il est donc logique dans ce contexte que le traitement de la RA améliore le contrôle de
l’asthme [36, 39, 57, 58, 104, 105]. Il est en effet démontré chez l’asthmatique qu’un
traitement par anti-histaminique de type 1 (anti-H1) administré par voie orale ou par
corticostéroïde nasal réduit la fréquence et la sévérité des exacerbations d’asthme, le recours
aux services médicaux d’urgence et les hospitalisations pour crise d’asthme [1, 33, 36]. Par
ailleurs, l’association thérapeutique d’un anti-H1 par voie orale et d’un corticostéroïde par
voie nasale assure un meilleur équilibre de l’asthme qu’utilisés séparément [33]. Des auteurs
ont montré qu’un traitement par corticostéroïde nasal prévient l’hyperréactivité bronchique et
les symptômes asthmatiques mais permet surtout d’obtenir une diminution plus importante de
27
l’hyperréactivité bronchique que les corticostéroïdes inhalés par voie bronchique [32, 104,
105].
3. Sur le plan histologique
Là aussi, il existe un certain nombre de similitudes de structure entre les muqueuses
nasales et bronchiques. L’épithélium est identique, de type cylindrique pseudo-stratifié cilié ;
il existe une sous-muqueuse contenant des glandes, des vaisseaux sanguins, du tissu
conjonctif, des structures nerveuses et des cellules inflammatoires [93]. Il y a donc une
continuité structurelle de la muqueuse nasale à la muqueuse bronchique.
Néanmoins, des différences notables existent dont certaines rendent compte des
manifestations cliniques propres à chacune des pathologies [39]. Cela est lié aux origines
embryonnaires des 2 muqueuses qui sont différentes : la muqueuse nasale dérive de
l’ectoderme, tandis que la muqueuse bronchique provient de l’endoderme pharyngien [77]. La
vascularisation de la muqueuse nasale forme un réseau sous-épithélial dense de capillaires
artériels et de sinus veineux jouant un rôle majeur dans la congestion nasale. Enfin, la présence
au niveau bronchique d’une couche musculaire lisse périphérique explique le phénomène de
bronchoconstriction [39, 93].
b. La conjonctivite allergique
La conjonctivite correspond à une inflammation de la conjonctive, quelle qu’en soit la
cause [54].
Une conjonctivite est fréquemment associée à la RA, ce d’autant plus en cas d’allergie
aux pollens : on parle alors de rhinoconjonctivite. Cependant, sa fréquence est probablement
sous-estimée par la plupart des études épidémiologiques [19].
Les symptômes oculaires (larmoiement, hyperhémie conjonctivale, prurit oculaire,
œdème palpébral) sont considérés par les patients comme gênants même s’ils ont tendance à
être négligés par le patient lui-même et par le médecin.
Les conjonctivites allergiques plus volontiers saisonnières, liées à l’exposition
pollinique, peuvent tout de même être perannuelles.
28
c. Les infections ORL répétées : rhinosinusites et otites
La rhinosinusite correspond à l’inflammation des sinus de la face qui touche le plus
souvent les sinus maxillaires. Même si dans un certain nombre d’études on retrouve
fréquemment une allergie chez les sujets souffrant de rhinosinusite (50 à 80 % [15, 19]),
aucune association statistiquement significative n’est retrouvée entre la rhinite allergique et la
rhinosinusite.
Les otites moyennes correspondent à une inflammation de la caisse du tympan. Elles
sont fréquemment l’apanage d’une affection nasale, le plus souvent par dysfonctionnement
tubaire. L’allergie en est une cause possible sans en être la principale du fait de la place
importante occupée par les infections.
La rhinite allergique et l’asthme ont en commun de nombreux facteurs déclenchants que
nous pouvons regrouper selon deux grandes catégories : les allergènes polliniques et les
allergènes domestiques.
IV.
L ES
ET IOLOGIES DE LA RHIN ITE ALLERGIQUE
a. Les allergènes saisonniers : les pollens
Ils correspondent aux gamétophytes mâles des plantes permettant la reproduction des
végétaux. Ils sont de taille variable, de 10 à 150 microns, et de forme ovale à ronde. Ils sont
transportés aisément par les vents, ce qui permet leur dissémination. Ils constituent des
pneumallergènes très courants. La pollinisation dépend des conditions climatiques et des aires
géographiques : ainsi, dans le sud de la France, la pollinisation est plus précoce que dans le
Nord d’environ un mois. Des relevés de pollinisation selon les régions sont établis
annuellement et constituent un « calendrier pollinique » (cf. annexe 2).
On distingue classiquement trois grandes saisons polliniques [30, 50]:
- la première est celle des pollens d’arbres : cyprès, genévriers, bouleaux, aulnes,
noisetiers, platanes, frênes…
29
- puis, avec l’été, arrive la grande saison des pollens de graminées, fourragères (la
phléole, le dactyle, l’ivraie, la fétuque et la houlque laineuse) et céréalières ;
- suit la saison des herbacées : les composées comme l’ambroisie, les urticacées comme
la pariétaire, et d’autres plantes comme l’armoise, le plantain…
Certaines plantes sont capables de polliniser plusieurs fois au cours d’une même saison
pollinique.
Les pollens sont responsables de symptômes multiples, témoignant de l’atteinte de
différentes sphères : ORL, ophtalmique et bronchique.
b. Les allergènes perannuels ou domestiques
Ils sont présents toute l’année dans l’environnement domestique : il s’agit des acariens,
des moisissures, des phanères d’animaux (essentiellement le chat puis le chien), d’allergènes
de plantes décoratives (Ficus benjamina par exemple) et d’allergènes de blattes (comme
Blatella germanica).
Les acariens sont les pneumallergènes les plus fréquents. Ils sont responsables de crises
d’asthme et de symptômes de rhinite allergique perannuelle. Ces sont des arthropodes
microscopiques. Ceux le plus souvent en cause dans nos régions sont Dermatophagoïdes
pteronyssinus et Dermatophagoïdes farinae. La chambre à coucher (matelas, draps,
moquette…) constitue leur niche écologique préférentielle : ils y trouvent de la nourriture (les
squames humaines), une température optimale (25°C) et une humidité relative élevée (70%).
Les allergènes majeurs des acariens sont contenus dans leurs particules fécales.
Les moisissures sont également fréquentes dans l’environnement domestique et
prolifèrent dans des conditions similaires (humidité, chaleur et manque d’aération). Les plus
souvent impliquées sont Alternatia alternata, Aspergillus fumigatus, Cladosporium herbarum,
Botrytis.
Les pollens et les allergènes domestiques sont les plus fréquemment mis en cause ;
cependant de nouveaux allergènes font leur apparition dans nos régions.
30
c. Les nouveaux allergènes
De nouvelles espèces végétales et animales sont délocalisées de leurs zones
géographiques habituelles. C’est le cas des nouveaux animaux de compagnie et de certaines
espèces végétales [5, 69, 83]. On assiste ainsi depuis plusieurs années à des modifications de
l’environnement urbain avec l’implantation de cyprès et de thuyas pour clôturer les maisons
dans le Nord de la France ou encore l’utilisation de bouleaux dans le Sud pour des raisons
esthétiques dans des jardins privés ou publics, jusqu’à plus récemment l’importation
d’oliviers. Il s’agit d’une réelle migration d’allergènes [50], que certains assimilent à une
« pollution verte » et dont le développement est favorisé par les modifications climatiques.
Après avoir étudié les caractéristiques épidémiologiques de la rhinite allergique, ses comorbidités et ses étiologies, nous allons aborder les éléments du diagnostic positif.
V. L ES
ELEMENTS DU DIAGN OST IC
a. Les données cliniques
i. L’interrogatoire
L’interrogatoire est un élément clé du diagnostic : il doit être minutieux [70, 94].
Il est souvent difficile de faire le diagnostic d’allergie uniquement sur l’histoire clinique,
cependant, il a été démontré qu’une histoire claire de symptômes de rhinite survenant dans des
circonstances identiques pendant plusieurs années a une valeur prédictive positive de 85 %
pour la RA saisonnière et de 77 % pour le RA perannuelle [35].
L’interrogatoire recherche un certain nombre d’éléments :
1. Les signes fonctionnels de la RA et de ses co-morbidités
-
les symptômes nasaux
La rhinite allergique est un désordre hétérogène se manifestant principalement par un ou
plusieurs symptômes nasaux [19, 26, 39, 42, 50] : une rhinorrhée aqueuse, des éternuements
en salves, une obstruction nasale, un prurit nasal et/ou pharyngé, une hyposmie ou une
anosmie.
31
Tableau n°1.2 : les symptômes de la rhinite.
1. rhinorrhée aqueuse antérieure et postérieure
2. éternuements en salves
3. obstruction nasale
4. prurit nasal et/ou pharyngé
5. anosmie ou hyposmie
Plus de la moitié des patients souffrant de RA présentent les quatre premiers symptômes
sus-cités. Plus de 95 % des patients souffrent d’au moins deux symptômes.
-
les symptômes bronchiques
Les signes d’hyperréactivité bronchique doivent être recherchés systématiquement. Ils se
manifestent par :
- une toux nocturne ou à l’effort assimilée à un équivalent d’asthme,
- des sifflements bronchiques expiratoires,
- une sensation d’oppression thoracique,
- voire de réelles crises d’asthme avec dyspnée expiratoire sifflante.
30 à 50 % des sujets souffrant de pollinose présentent ces symptômes quelques jours
voire quelques semaines après un pic pollinique [30, 50, 94].
-
les autres symptômes
Les manifestations oculaires sont fréquentes, pouvant toucher jusqu’à 45 % des patients
[29, 38, 42, 50]. Elles sont généralement perçues comme gênantes. Il s’agit :
- de larmoiements, l’un des cinq symptômes les plus fréquents dans la RA [42] ;
- de prurit oculaire ;
- de l’hyperhémie conjonctivale.
Les manifestations de la sphère ORL sont la sinusite maxillaire ou frontale [50] et les
otalgies en rapport avec une otite.
Enfin, le patient peut présenter des céphalées ou des troubles du sommeil majorant la
fatigue.
32
2. Une unité de temps et/ou de lieu
Les circonstances de survenue de ces symptômes sont à préciser lors de l’interrogatoire.
En effet, leur apparition répétée et systématique à des périodes identiques de l’année (unité de
temps) ou dans des lieux identiques (unité de lieux) sont des critères d’imputabilité en faveur
d’une origine allergique. L’étude des ces situations permet d’orienter la recherche étiologique
de l’allergène en cause.
Dans la pollinose, les symptômes sont rythmés par les conditions météorologiques, avec
apparition et majoration par beau temps et aussi par les activités, leur présence pouvant être
provoquée par des jeux en plein air, la coupe du gazon ou un séjour à la campagne [30, 50].
En cas de rhinite perannuelle, les symptômes peuvent être exacerbés par un séjour
itératif dans une pièce poussiéreuse ou en cas de présence de plantes ou d’animaux.
3. L’existence d’une atopie
Il faut évaluer le terrain atopique personnel et familial : la coexistence d’une autre
allergie chez le patient ou la présence d’un asthme, d’une rhinite allergique ou d’un eczéma
familial (chez ses grands-parents, parents ou frères/sœurs) plaident en faveur de l’origine
probablement allergique de la RA.
4. Autres éléments
L’interrogatoire précisera l’existence d’un tabagisme (actif ou passif), d’une exposition à
des allergènes professionnels, la réalisation éventuelle d’un bilan allergologique antérieur et
les médicaments pris par le patient qu’ils aient été efficaces ou non.
ii. L’examen clinique
L’examen clinique chez le sujet allergique comporte un examen général, ORL et
pulmonaire.
1. l’examen général
Il recherche une altération de l’état général et des signes d’atopie :

le « salut de l’allergique » : le patient se frotte fréquemment le nez,

une conjonctivite, une sécheresse cutanée, un prurit ORL…
33
2. l’examen ORL
On peut examiner les fosses nasales à l’aide d’un spéculum. En cas d’allergie, la
muqueuse nasale est classiquement de teinte « lilas » ou pâle, mais sans valeur diagnostique
spécifique [27]. Cet examen recherche essentiellement la présence d’une anomalie anatomique
comme une déviation septale ou une hypertrophie des cornets, la présence de polypes et un
écoulement purulent en faveur d’une origine infectieuse, ceci afin d’éliminer les principaux
diagnostics différentiels.
3. l’examen pulmonaire
L’auscultation pulmonaire recherche des symptômes pulmonaires évocateurs d’asthme
(sibilances). Elle est le plus souvent normale en dehors d’une crise d’asthme.
Il faut réaliser une mesure du débit expiratoire de pointe [70].
iii. Les outils d’aide au diagnostic
L’interrogatoire et l’examen clinique peuvent être complétés par l’utilisation de
questionnaires. Leur objectif est d’aider au diagnostic de RA, d’évaluer la présence d’un
asthme ou encore d’apprécier la qualité de vie des patients. Il en existe un certain nombre et
beaucoup d’entre eux ont fait preuve d’un réel intérêt. Néanmoins, nous n’en citerons que
quatre : ce sont des questionnaires simples à utiliser en pratique médicale courante. Ils ont
démontré leur validité à travers des études d’évaluation.
Deux de ces questionnaires ont pour objectif d’évaluer la probabilité du diagnostic de
rhinite allergique [15, 17]. Le premier comporte deux séries de questions (cf. annexe 3). Il
s’agit d’un questionnaire court et rapide réalisable en consultation qui permet d’orienter le
diagnostic vers une RA ou un diagnostic différentiel. Le second comporte dix questions et sa
réalisation nécessite plus de temps (cf. annexe 4). Il s’agit du « Score For Allergic Rhinitis »,
SFAR, qui est un questionnaire quantitatif dont l’usage princeps est surtout épidémiologique
[2]. Il a été élaboré afin d’orienter le diagnostic vers celui de la RA en l’absence de visite
médicale complémentaire. Les différentes questions portent sur les symptômes, les facteurs
déclenchants, l’atopie familiale et la présence de signes évocateurs d’un asthme associé. Ce
questionnaire a une bonne validité interne. Un score supérieur ou égal à 7 permet de poser le
diagnostic de RA avec une sensibilité de 74 % et une spécificité de 83 %. Ainsi, son usage
34
apparait possible comme outil diagnostique tout en sachant qu’il ne peut se substituer à la
démarche clinique.
Les deux autres questionnaires apportent une aide au praticien pour évaluer la présence
d’un asthme associé. Le premier comporte quatre questions fermées dont la réponse ne peut
être que OUI ou NON (cf. annexe 5) ; sa réalisation est très rapide et peut faire aisément partie
de l’interrogatoire. En cas de réponse positive à l’une d’entre elles, il faut rechercher un
asthme. Le dernier questionnaire est le « Score pour la recherche d’asthme » (cf. annexe 6). Il
s’agit d’un auto-questionnaire développé par VENABLES et al. [103]. Il est composé de neuf
questions qui portent sur l’existence de symptômes dans diverses situations (à l’effort, la nuit,
le matin et en cas d’ambiance enfumée ou poussiéreuse). Un asthme est fortement suspecté en
cas de trois réponses positives avec une sensibilité de 78 % et une spécificité de 95 % ; si le
score est supérieur ou égal à 5 réponses positives, la sensibilité et la spécificité se majorent
respectivement à 100 % et 95 %, faisant de ce questionnaire un outil diagnostique très fiable
[41, 44] dans la recherche d’un asthme.
Les données issues de l’examen clinique permettent d’évoquer le diagnostic positif,
d’orienter le diagnostic étiologique et de rechercher d’éventuelles co-morbidités. Pour les
préciser, différents examens complémentaires pourront être réalisés. Nous les détaillerons en
précisant leurs indications et objectifs.
b. Les données paracliniques
Différents types d’examens paracliniques sont disponibles.
i. les examens d’imagerie
La tomodensitométrie des sinus de la face est loin d’être systématique et ne doit pas être
envisagée en première intention en cas de tableau typique de RA [30, 94]. En effet, elle ne se
justifiera qu’en cas de symptômes résistants à un traitement adapté ou en cas de tableau de
sinusite persistante à la recherche d’une autre étiologie ou d’une comorbidité associée.
La radiographie thoracique simple ne présente aucun intérêt dans la RA. La radiographie
des sinus n’a plus de place dans l’exploration d’une rhinite [15, 24].
35
ii. les examens biologiques
Différentes analyses biologiques peuvent être demandées :

la numération formule sanguine : la présence d’une hyperéosinophilie, définie par un
taux de polynucléaires éosinophiles (PNE) supérieur à 500/mm3 constitue un marqueur
d’atopie, sans toutefois en être spécifique, et peut alors représenter un argument en
faveur du diagnostic du terrain atopique. Dans l’allergie, l’hyperéosinophilie est le plus
souvent modérée, inférieure à 1000 PNE/mm3. Il est important d’en éliminer les autres
causes : essentiellement une parasitose et une origine iatrogène ; plus rarement, les
hémopathies
malignes
et
certaines
vascularites
qui
se
traduisent
par
une
hyperéosinophilie plus importante.

les tests multiallergéniques de dépistage (TMA) [40, 89] : ce sont des tests sériques
d’orientation basés sur une technique radio-immunologique ou immuno-enzymatique
dépistant dans le sérum du patient testé la présence d’immunoglobulines E spécifiques
des pneumallergènes les plus courants. Leurs sensibilités et spécificités sont excellentes
puisque supérieures à 90 %, ce qui signifie qu’une allergie est peu probable si un TMA
est négatif, sauf si le patient est allergique à un allergène non testé dans le mélange. La
réponse au test est qualitative et non quantitative ; ils constituent ainsi une première
approche permettant d’orienter le diagnostic vers une allergie ou non (cf. annexe 7). Ces
tests sont réalisables facilement quel que soit l’âge du patient, indépendamment de la
sévérité de la maladie et de la prise de médicaments.

le dosage des immunoglobulines spécifiques [89] : leur présence indique la
sensibilisation biologique du patient à un allergène mais ne signe pas pour autant le
diagnostic d’allergie. C’est pourquoi la prescription d’un tel examen doit être orientée et
ne sera envisagée qu’après une enquête allergologique précise qui ciblera les allergènes
potentiellement en cause. Ce dosage est demandé après la réalisation de tests cutanés et
ses indications sont les suivantes :
-
discordance entre les données cliniques et les résultats des tests
épicutanés ;
-
impossibilité de réaliser et/ou d’interpréter les tests épicutanés : par
exemple, en cas de dermatose évolutive, de dermographisme,
36
d’aréactivité
cutanée
ou
de
traitement
antihistaminique
en
cours impossible à arrêter ;
-
recommandés en complément des tests épicutanés si une immunothérapie
spécifique est envisagée.

le dosage des immunoglobulines E totales [27, 89, 96] : l’élévation des IgE totales est
un marqueur d’atopie chez l’enfant. Néanmoins, au-delà de l’âge de 3 ans, il s’agit d’un
mauvais indicateur car il manque de sensibilité et de spécificité. En particulier chez
l’adulte, sa valeur prédictive positive est mauvaise, ce qui en limite l’intérêt en pratique.
iii. l’exploration fonctionnelle respiratoire (EFR)
Cet examen permet d’analyser les volumes et les débits pulmonaires. Il donne donc une
appréciation de la fonction et des résistances pulmonaires. La mise en évidence d’une HRB
non spécifique pourra nécessiter la réalisation d’un test à la métacholine tandis que la mise en
évidence d’une HRB spécifique nécessitera un test de provocation pulmonaire spécifique.
Ainsi, le résultat de l’EFR peut être en faveur d’un trouble ventilatoire obstructif (réversible ou
non), restrictif ou mixte.
Dans la RA, l’objectif de l’EFR est de mettre en évidence une hyperréactivité
bronchique ou un asthme. Ses indications sont les suivantes :
-
présence de symptômes évocateurs d’asthme ;
-
sujets souffrant de RA persistante ;
-
score évocateur retrouvé aux questionnaires d’aide au diagnostic.
c. Les diagnostics différentiels
Les diagnostics différentiels de la RA doivent être recherchés et écartés. Ils sont
rassemblés dans le tableau 1.3.
37
Tableau n°1.3 : les diagnostics différentiels
de la rhinite allergique [15].
1. Rhinosinusite infectieuse
avec ou sans polypes nasaux
2. Facteurs mécaniques
- déviation septale
- hypertrophie adénoïdienne
- variations anatomiques de l’ostium
- corps étrangers
- atrésie des choanes
- hypertrophie des cornets
3. Tumeurs
- bénignes
- malignes
4. Granulomatoses
- maladie de Wegener
- sarcoïdose
- infection
5. Dysfonction ciliaire
6. Rhinorrhée par brèche ostéoméningée
La RA a longtemps été délaissée mais l’intérêt médical pour cette pathologie s’est
progressivement amplifié au 19ème siècle avec la meilleure compréhension de ses mécanismes
physiopathologiques. Le 21ème siècle et la tendance à l’uniformisation des pratiques
professionnelles ont abouti à la réalisation d’une conférence d’experts sur la prise en charge de
la rhinite allergique.
VI.
LA
CONFERENCE DE CONS ENSUS
ARIA.
L’acronyme « ARIA » provient de « Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma » pour
« rhinite allergique et son impact sur l’asthme ». La réalisation de ce document résulte d’une
prise de conscience de l’impact de la rhinite allergique tant sur le plan socio-économique que
sur le plan de la santé individuelle (impact somatique et psychologique, altération de la qualité
de vie…) et de l’absence de données consensuelles concernant la prise en charge diagnostique
et thérapeutique.
38
L’Organisation Mondiale de la Santé a ainsi réuni en 1999 un panel d’experts
internationaux qui ont réalisé une revue exhaustive de la littérature scientifique internationale
publiée jusqu’en décembre 1999. Ce groupe de travail a rédigé un document de synthèse,
l’ARIA, comportant cent quatre-vingt dix pages, publié en 2001, et s’appuyant sur près de
2770 références bibliographiques validées.
Ce document s’organise en quinze parties : l’introduction et les onze principales
recommandations, la classification de la RA, les données épidémiologiques, les étiologies, la
physiopathologie, une partie sur les rhinites non allergiques et non infectieuses, les
comorbidités et les complications de la RA, les éléments du diagnostic, la prise en charge
thérapeutique, l’éducation, la prévention, l’impact de la RA sur la qualité de vie, l’impact
socio-économique, les recherches en cours et les recommandations pour les pays en voie de
développement [19].
L’ARIA se veut plus une référence scientifique et médicale internationale sur la rhinite
allergique s’appuyant sur les données acquises de la science qu’un document de « prise en
charge standard » [15]. En revanche, il ambitionne de servir de document de base pour établir
des recommandations médicales à l’échelle nationale.
Le principal objectif de l’ARIA est de faire le point des connaissances scientifiques sur
la rhinite allergique, afin d’uniformiser les pratiques concernant la prise en charge
diagnostique et thérapeutique : les auteurs proposent une approche thérapeutique stratifiée
selon la sévérité de la rhinite allergique. Plusieurs nouveautés ont été apportées dans ce
document : les auteurs introduisent une nouvelle classification de la RA ; ils insistent sur
l’impact de la RA sur l’asthme, en détaillant le lien physiopathologique entre le nez et les
bronches et plaident en faveur du concept d’unicité des voies aériennes ; enfin, les auteurs
réalisent une revue critique exhaustive des différents moyens diagnostiques et des différents
traitements disponibles.
Le public visé est assez large : il s’agit aussi bien des médecins spécialistes (ORL,
pneumologues, allergologues…) que les médecins généralistes ou encore de tout acteur de
soins. Cependant, la diffusion d’un tel document a rencontré quelques difficultés : tout
d’abord, l’ARIA est écrit en langue anglaise et n’existe pas en langue française ; le volume du
document n’incite pas à la lecture et les données essentielles pour un usage pratique sont
noyées au milieu d’un nombre conséquent d’informations. Néanmoins, un guide de poche en
39
français d’une vingtaine de pages a été publié [17], résumant les points importants de l’ARIA,
mais là encore, malheureusement, sa diffusion n’a été que très limitée.
En 2008, une mise à jour de l’ARIA a été publiée. Les auteurs ont en effet jugé
nécessaire de faire le point sur les nouvelles données de la science, de nombreuses études
ayant apporté de nouvelles connaissances. Il a s’agit aussi de revalider la classification de la
RA ainsi que son approche thérapeutique.
L’une des nouveautés apportées par l’ARIA est la nouvelle classification clinique de la
rhinite allergique.
VII. L A
CLASSIFICAT ION DE LA RHINITE ALLERGIQU E
Historiquement, les cliniciens distinguaient la RA saisonnière de la RA perannuelle.
Cette distinction reposait sur la périodicité de l’exposition aux allergènes. Sont exclues de
notre propos les rhinites d’origine professionnelle qui surviennent du fait d’une exposition du
fait du travail.
Cependant, cette classification était inadaptée pour plusieurs raisons [19, 20, 28, 38]. De
nombreux patients sensibilisés à un allergène saisonnier se plaignent de symptômes
permanents tandis que certains patients sensibilisés à un allergène domestique ne souffrent de
symptômes que quelques semaines par an. Ensuite, comme nous l’avons vu précédemment, la
fréquence de la polysensibilisation parmi les patients souffrant de RA est très élevée. Enfin,
des allergènes saisonniers dans une région peuvent être perannuels dans une autre, et
inversement [38].
Ces constatations ont motivé la réflexion autour d’une nouvelle classification de la
rhinite allergique (cf. figure 1). Cette dernière intègre deux critères importants : la fréquence
des symptômes (intermittents ou persistants) et leur sévérité (légère, ou modérée à sévère).
Cette classification rend ainsi mieux compte de l’impact de la RA sur la qualité de vie [20].
Certains auteurs incitent à distinguer rhinite allergique modérée et sévère [100], en
tenant compte du nombre d’activités perturbées parmi les suivantes : le sommeil, les activités
sociales ou de loisir, les activités scolaires ou professionnelles, et la présence de symptômes
40
gênants. Si un patient se plaint des quatre éléments ci-dessus, la rhinite pourrait être
catégorisée comme sévère ; dans le cas contraire, elle serait considérée comme modérée.
Cependant, cette distinction n’est pas admise par tous et son intérêt semble en réalité limité en
terme thérapeutique [20].
Figure n°1 : classification de la rhinite allergique selon l’ARIA 2001 [19].
Fréquence des symptômes
INTERMITTENTE
Les symptômes sont présents :
- moins de 4 jours par semaine,
- ou moins de 4 semaines consécutives.
PERSISTANTE
Les symptômes sont présents :
- plus de 4 jours par semaine,
- et plus de 4 semaines consécutives.
Sévérité des symptômes
LEGERE
Aucun des items suivant n’est présent :
- perturbation du sommeil,
- altération des activités quotidiennes, de
loisir et/ou de sport,
- altération des performances scolaires
ou professionnelles,
- les symptômes ne sont pas gênants.
MODEREE à SEVERE
Au moins 1 des items suivants est présent :
- perturbation du sommeil,
- altération des activités quotidiennes, de
loisir et/ou de sport,
- altération des performances scolaires
ou professionnelles,
- les symptômes sont gênants.
La validité de cette classification a été confirmée par une récente étude réalisée par
l’équipe française de DEMOLY et al [38] dont les résultats montrent que 44 % des patients
présentant une RA saisonnière ont en réalité une RA persistante et que 45 % des patients
catégorisés comme ayant une RA perannuelle souffrent en fait d’une forme intermittente.
Cette classification n’a pas pour objet de quantifier le risque de survenue d’un asthme ;
cela explique les résultats de certaines études dont celle d’une équipe italienne [3] qui ne
retrouve pas de corrélation entre la classification et la prévalence de l’asthme. En revanche,
son principal objectif est de catégoriser un patient souffrant de RA selon la sévérité clinique,
ceci afin d’adapter la conduite thérapeutique.
41
VIII. P RISE
EN CHARGE THERA PEUT IQUE
Elle comprend deux volets : l’éviction de l’allergène et le traitement pharmacologique.
Après les avoir exposés, nous tenterons de redéfinir le rôle du médecin traitant et l’importance
de la relation médecin-patient, avant de considérer les résultats de la prise en charge médicale
actuelle de la RA.
a. L’éviction de l’allergène
Il s’agit de la première mesure à mettre en place [55] ; l’éviction allergénique a pour
objectif de limiter au maximum le contact avec le ou les allergènes en cause afin de minimiser
voire de supprimer la symptomatologie : c’est le « traitement étiologique ». Cela implique
l’identification du ou des allergènes.
Les modalités de l’éviction sont différentes selon les allergènes en cause.
1. En ce qui concerne les acariens, au sein du domicile, la chambre à coucher constitue
leur lieu de vie privilégié. Différentes mesures peuvent être mises en place afin d’en
limiter l’exposition [70] :
-
utiliser des housses anti-acariens de qualité médicale pour les matelas, les
oreillers et les couettes ; malheureusement, leur prix peut en limiter l’usage ;
-
il faut favoriser les sommiers à lattes, éviter les matelas en mousse et laver de
façon hebdomadaire couvertures et draps à 60°C ;
-
la chambre doit être aérée chaque jour pour lutter contre les moisissures et
l’humidité ;
-
il est conseillé de remplacer la moquette par du linoléum ou du parquet flottant ;
si ce n’est pas possible, elle doit être aspirée quotidiennement en utilisant
éventuellement un aspirateur muni d’un système de haute filtration des
particules.
C’est l’application de l’ensemble de ces différentes mesures qui permet de réduire le
temps d’exposition aux acariens et non pas l’une ou l’autre.
2. En cas d’allergie aux squames d’animaux, il est déconseillé d’adopter un chat, un
chien ou tout autre animal. Si celui-ci est déjà présent au foyer, en cas de séparation
42
impossible, la solution pourra passer par un compromis visant à limiter les contacts
avec l’animal afin que la cohabitation s’effectue en bonne intelligence.
3. L’éviction des pollens est plus compliquée à réaliser [21, 70]. Un sujet souffrant de
pollinose peut consulter le calendrier pollinique de sa région pour connaitre et limiter
si possible l’exposition à ces allergènes respiratoires en réduisant ses sorties et ses
activités en plein air (cf. annexe 2). Différents conseils doivent lui être prodigués
durant la saison pollinique [30] :
-
aérer la chambre assez tôt le matin, avant le pic de pollens,
-
éviter de sortir l’après midi, et au besoin se protéger les yeux avec des lunettes
et les cheveux avec une coiffe,
-
éviter les activités en plein air…
b. Les traitements médicamenteux
Le traitement pharmacologique a pour objectifs de traiter le symptôme principal et de
favoriser un meilleur contrôle des co-morbidités. Un autre volet du traitement vise à modifier
durablement l’évolution naturelle de la maladie allergique lorsque cela est possible.
La stratégie thérapeutique est définie dans l’ARIA. Il s’agit d’une prise en charge
stratifiée prenant en compte la sévérité et la fréquence des symptômes. Cette stratégie se
résume selon le diagramme de l’annexe 8.
i.
les anti-histaminiques
Les anti-histaminiques de type 1 de deuxième génération (anti-H1) sont le traitement de
première ligne des RA intermittentes et persistantes [8, 39, 49] mais ne font pas partie des
classes thérapeutiques recommandées pour le traitement de l’asthme [39]. Les anti-H1 de
première génération ne sont plus recommandés en raison de leurs effets secondaires
potentiellement graves comme la somnolence. Administrés par voie orale, les anti-H1
améliorent significativement la qualité de vie des patients [8] en restaurant les activités
quotidiennes, la productivité au travail et en soulageant les symptômes. Ils agissent
essentiellement sur la rhinorrhée, les éternuements, le prurit nasal et le larmoiement [8, 21,
40]. En cas de symptômes oculaires, l’utilisation d’un collyre anti-H1 améliore ces symptômes
43
dans 50 % des cas [8]. Un traitement au long cours par anti-H1 permet de diminuer les coûts
de la maladie [7].
Néanmoins, 15 à 30 % des patients ne ressentent pas un bénéfice suffisant avec cette
classe médicamenteuse seule d’où l’intérêt des associations thérapeutiques. Par exemple,
l’utilisation conjointe d’un anti-H1 et d’un antileucotriène chez un patient souffrant à la fois
d’asthme et de RA semble efficace [93].
ii.
les corticostéroïdes
- les corticostéroïdes nasaux sont recommandés en première intention pour la prise en
charge de l’obstruction nasale chez les patients souffrant de RA modérée à sévère [8, 21, 40].
Cette forme galénique entraîne peu d’effets secondaires systémiques aux posologies usuelles :
il s’agit principalement d’effets indésirables locaux à type de sécheresse muqueuse ou
d’épistaxis. Les corticostéroïdes nasaux n’ont pas d’indication dans le traitement de l’asthme,
ils s’y sont cependant révélés particulièrement efficaces. En effet, leur action sur les bronches
est très limitée, néanmoins en calmant la rhinite, les corticostéroïdes nasaux améliorent
l’équilibre de l’asthme et diminuent le recours aux services d’urgences pour crise d’asthme [1,
33, 36].
- les corticostéroïdes oraux sont efficaces sur la RA et l’asthme. Mais les effets
secondaires potentiels d’un traitement de longue durée réservent cette forme galénique aux
épisodes aigus sévères et pour une durée brève [39, 40]. La forme injectable intramusculaire
n’est pas indiquée, voire même est déconseillée, en l’absence d’étude expérimentale ayant
prouvé son efficacité du fait notamment du retentissement au niveau osseux et métabolique
[27, 40].
iii.
les décongestionnants
Ils agissent essentiellement sur l’obstruction nasale [21, 40]. Ce sont des médicaments
vasoconstricteurs dont l’administration peut être nasale ou orale. L’association d’un
décongestionnant
nasal
et
d’un
anti-H1
de
deuxième
génération
majore
l’effet
décongestionnant. Néanmoins, des effets secondaires systémiques et locaux sont possibles
[21]. C’est notamment pour cela que la durée du traitement ne doit pas excéder dix jours, sous
peine d’entrainer une rhinite atrophique [40] ou une accoutumance pouvant rendre difficile
son arrêt.
44
iv.
les stabilisateurs de mastocytes (cromones)
Ils agissent en inhibant la dégranulation des mastocytes. L’administration est
intermittente par voie nasale et/ou oculaire, quatre jours sur sept, au moins pendant deux
semaines pour avoir un effet maximum [21]. Cependant, l’action des cromones est brève et
incomplète [40]. Leur place dans le traitement de la rhinoconjonctivite allergique est
rediscutée.
v.
les antileucotriènes
Ce traitement oral améliore la qualité de vie même s’il demeure moins efficace que les
corticostéroïdes ou les anti-H1 de deuxième génération [8, 21]. Leur effet apparait équivalent à
celui des décongestionnants nasaux [8]. Ils sont efficaces sur la RA saisonnière et l’asthme
[49].
Néanmoins, le traitement symptomatique est insuffisant pour enrayer la « marche de
l’allergie » dont le principal risque évolutif est l’entrée dans un syndrome respiratoire
chronique complexe. C’est une des raisons pour lesquelles l’immunothérapie spécifique trouve
sa place dans la prise en charge thérapeutique de la RA.
vi.
l’immunothérapie spécifique (ITS)
L’immunothérapie spécifique ou désensibilisation consiste à administrer de façon
répétée des doses progressivement croissantes d’extraits d’allergènes spécifiques chez le
patient allergique afin d’induire une « tolérance » du système immunitaire. L’objectif est de
diminuer la libération des médiateurs de l’inflammation et l’activité des cellules
inflammatoires [70]. La voie injectable sous-cutanée est la plus ancienne mais actuellement, la
voie sub-linguale est la plus souvent employée. L’ITS est considérée comme le seul traitement
susceptible de modifier l’histoire naturelle de la maladie en induisant une tolérance vis-à-vis
des allergènes en cause [70, 93] et en réduisant le risque de survenue d’un asthme ultérieur
chez un patient souffrant de RA [58, 70, 81, 86, 87].
L’indication de ce traitement est posée par un allergologue qui établit un protocole
spécifique pour chaque patient. Cette prise en charge doit résulter, idéalement, d’une réflexion
partagée entre le patient, son médecin traitant et l’allergologue [27]. Le patient doit être
informé qu’il s’agit d’un traitement contraignant mais qui sera efficace à la condition d’être
mené correctement à terme. Pour être initiée, l’allergie IgE-médiée doit être prouvée et la
45
durée du traitement est classiquement de trois à cinq ans. Au cours d’une grossesse, la
désensibilisation ne sera pas débutée mais pourra être poursuivie à la dose d’entretien [70].
Le patient doit être informé des modalités d’administration et des précautions d’emploi
de son traitement. L’efficacité de l’ITS [16, 27, 63] est largement reconnue à la fois sur
l’asthme et la RA.
Les indications de l’ITS sont les suivantes :
-
en cas de RA ou rhinoconjonctivite intermittente ou persistante si l’allergène en
cause est un acarien, un pollen, une moisissure ou des squames de chat,
-
si l’éviction est difficile ou inefficace,
-
si la RA ou la rhinoconjonctivite est susceptible de s’aggraver avec le risque de
développer un asthme,
-
si le traitement symptomatique est mal toléré, inefficace ou refusé par le patient.
Les contre-indications sont les suivantes [70] :
-
présence d’un asthme sévère ou instable,
-
polysensibilisation à plus de 3 allergènes,
-
patient souffrant d’une maladie auto-immune, d’un déficit immunitaire grave ou
d’un cancer,
-
patient souffrant d’une cardiopathie sévère ou sous traitement par bêta-bloquant
impossible à substituer,
-
si le patient n’est pas compliant,
-
si l’âge du patient est inférieur à 5 ans.
Les modalités pratiques de l’immunothérapie spécifique sont résumées dans le tableau
n°1.4.
vii.
les anticorps anti-IgE (omalizumab)
C’est un traitement très récent. Dans l’Union Européenne, ses indications sont limitées
pour le moment à l’asthme sévère corticodépendant ou corticorésistant en dehors de toute
comorbidité, chez l’adulte et l’enfant de plus de douze ans. Des études sont encore nécessaires
pour évaluer l’efficacité et l’inocuité de ce type de traitement dans la RA. Il ne peut donc pas
encore être recommandé dans la prise en charge thérapeutique de la RA [15].
46
Tableau n°1.4 : les modalités de la désensibilisation [70].
Lieu de
l’administration
Administrateur
Mode d’administration
ITS voie sublinguale
ITS voie injectable
Au domicile
Cabinet médical / hôpital
Le patient
Gouttes sous la langue
Traitement d’attaque
Quotidien pendant 9 jours
Traitement d’entretien
Quotidien,
ou alterné 3 jours/semaine
Le médecin (initialement
l’allergologue, puis, dans
certains cas, le médecin
traitant)
Injection sous-cutanée
1 /semaine pendant 12-16
semaines en augmentant les
doses
1 injection toutes les 4-6
semaines
3-5 ans ; stoppée si inefficacité au bout de 1 an
 évaluation clinique
Durée
- Surveillance médicale
clinique du patient 30 minutes
après chaque injection ;
Précautions
Aucune
- Avoir une trousse d’urgence
(antiH1, corticoïdes per os et
injectables, adrénaline
injectable, oxygène, le matériel
pour perfuser…)
Comme dans toutes les maladies chroniques, la relation médecin-patient joue un rôle
primordial dans la prise en charge médicale. Cette interaction a pour objectif de soigner le
patient et d’inscrire la prise en charge dans un parcours de soins adapté, cohérent et efficace.
c. La relation médecin - patient
i. Le rôle du médecin traitant dans la rhinite allergique
Le médecin traitant occupe une place centrale dans la prise en charge d’un patient
souffrant de RA [102]. Il est en effet en première ligne : dans 70 % des cas, c’est le médecin
traitant qui est consulté [17, 21, 48]. A ce titre, il joue un rôle de sentinelle puisqu’il fait le
diagnostic, initie le traitement et donne des informations et des conseils adaptés au patient.
D’ailleurs son rôle dans l’éducation du patient est primordial et vise à limiter l’aggravation de
la pathologie, réduire la polysensibilisation et le développement de co-morbidités. Enfin, le
47
médecin traitant connait son patient, ses antécédents, son mode de vie et son niveau de
ressources, autant d’éléments à prendre en compte pour un traitement optimal.
L’écoute est primordiale dans la relation médecin-patient : le médecin traitant doit être à
l’écoute de son patient. C’est la qualité de cette écoute qui guidera les adaptations
thérapeutiques. Malheureusement, encore trop souvent le patient n’est pas entendu. Selon une
étude américaine [21], environ 20 % des médecins traitants ne prennent pas au sérieux les
symptômes de RA et ne comprennent pas la nécessité d’un traitement antiallergique. Dans
près 50 % des cas, il existe un manque de communication entre médecin et patient et un
manque d’explications de la part du praticien. Cela pourrait, en partie, expliquer la mauvaise
compliance, la mauvaise connaissance de la pathologie et de ses causes, ainsi que la fréquente
automédication des patients.
Le travail du médecin généraliste doit s’inscrire dans un « réseau de soins », s’appuyant
sur l’orientation du patient vers les différents acteurs de soins, notamment l’allergologue,
l’ORL, le pneumologue ou le biologiste, afin d’apporter une réponse thérapeutique adaptée et
cohérente. L’allergologue intervient idéalement en aval du médecin traitant. Souvent
d’ailleurs, le médecin traitant aura fait un test multiallergénique de dépistage, motivant cette
consultation. Le rôle de l’allergologue est complémentaire : il effectue une enquête
allergologique approfondie avec réalisation de tests épicutanés, ou « prick-tests ». Ces tests,
réalisables dès l’âge de 6 mois, ont pour objectif de révéler la présence dans la peau de
mastocytes porteurs d’IgE spécifiques à leur surface [40]. Ils pourront être complétés par le
dosage des IgE spécifiques selon les cas.
ii. Les attentes des patients souffrant de rhinite allergique
Selon l’étude de DIDIER et al, 20 % des patients ne consultent pas [48], le plus souvent
parce qu’ils ne ressentent pas de gêne importante (82 %), ils s’automédiquent ou prennent
conseil auprès du pharmacien (58 %) parce qu’ils n’aiment pas prendre de médicaments (49%)
ou en raison du coût des traitements (14 %). Cela signifie que les patients qui consultent sont
suffisamment gênés pour recourir à une aide médicale. Le premier motif de consultation est la
survenue d’une exacerbation : le patient recherche un soulagement rapide sans effet secondaire
[21, 48]. Les principaux symptômes concernés sont l’obstruction nasale, la fatigue et les
réveils nocturnes [48].
48
Ainsi, dès la première consultation, il est important de comprendre ce que le patient
attend de la prise en charge médicale. Il convient de lui expliquer clairement l’origine
allergique probable des symptômes et la nécessité d’une prise en charge sérieuse et adaptée.
Celle-ci doit être non seulement symptomatique mais aussi étiologique en raison des risques
évolutifs potentiels de sa maladie. La RA est une maladie chronique et le patient doit en être
informé. Il s’agit d’un véritable entretien motivationnel qui conditionnera la suite de la prise
en charge.
De façon générale, les patients sont satisfaits de leur relation avec leur médecin traitant
[48]. Celle-ci est au cœur de la prise en charge médicale : l’approche doit être centrée sur le
patient, et le médecin doit s’efforcer d’adapter les recommandations consensuelles à chacun.
d. Les résultats de la prise en charge médicale
L’observance thérapeutique est médiocre, estimée à 30 % [48]. Cela est probablement dû
à une efficacité incomplète des traitements médicamenteux : près de la moitié des patients ne
sont pas satisfaits des résultats et considèrent le traitement prescrit comme inefficace [18, 21,
48]. S’ensuit une « auto-adaptation » du traitement par les patients avec des modifications
fréquentes : un quart des patients essaie des médicaments différents en permanence afin d’en
trouver un efficace [21].
Néanmoins, il semble que les traitements médicamenteux améliorent significativement
les symptômes d’obstruction nasale, les troubles du sommeil et les manifestations oculaires, et
diminuent leur impact sur les activités quotidiennes professionnelles et de loisirs [48].
40 % des patients prennent leur traitement de façon continue sur plusieurs mois [22, 48]
alors que 36 % n’y ont recours que pendant les crises symptomatiques. Le plus souvent il
s’agit d’une bithérapie associant un anti-histaminique oral de deuxième génération et un
corticostéroïde nasal (41 % des cas) ou d’une monothérapie par anti-H1 (36 % des cas). Dans
23 % des cas, le traitement associe 3 médicaments ou plus.
Enfin, 42 % des patients ont des difficultés à s’y retrouver parmi l’ensemble des
traitements disponibles actuellement [21].
49
La rhinite allergique est donc une pathologie d’actualité dont la prise en charge tant
clinique que thérapeutique peut poser problème. Dans une deuxième partie, nous exposerons
l’étude que nous avons réalisée sur la prise en charge de la RA dans le département du Val de
Marne.
50
2 è me
PARTIE
:
ENQ UETE D ’ EVALUATION DES PRATI QUES
PROFESSIONNELLES AUP RES DES MEDECINS GEN ERALISTES DU
DE
V AL
M ARNE
« L'évaluation des pratiques professionnelles mentionnée à l'article L. 4133-1-1 du Code
de Santé Publique a pour but l'amélioration continue de la qualité des soins et du service rendu
aux patients par les professionnels de santé. […] Elle consiste en l'analyse de la pratique
professionnelle en référence à des recommandations et selon une méthode élaborée ou validée
par la Haute Autorité de Santé […]. L'évaluation des pratiques professionnelles, avec le
perfectionnement des connaissances, fait partie intégrante de la formation médicale continue
(FMC) » (décret n°2005-346 du 14 avril 2005 relatif à l'évaluation des pratiques
professionnelles CSP article D4133-0-1).
Depuis 2005, l’évaluation des pratiques professionnelles occupe une place croissante
dans la FMC, avec pour objectif essentiel l’entretien et l’amélioration des compétences des
praticiens. Ainsi, afin d’uniformiser les pratiques professionnelles, des recommandations sont
régulièrement éditées dans tous les domaines médicaux par des experts nommés par la Haute
Autorité de Santé.
En ce qui concerne la RA, la seule recommandation d’experts disponible à ce jour est
l’ARIA. C’est pourquoi la HAS envisage de réaliser ses propres recommandations qui seront
très probablement proches de l’ARIA [45].
L’objectif de notre travail est d’obtenir un aperçu des pratiques professionnelles des
médecins généralistes concernant la prise en charge de la rhinite allergique, plus de 8 ans après
la diffusion de la première version de l’ARIA. Il s’agit d’une étude descriptive transversale
réalisée auprès d’un échantillon de médecins généralistes du département du Val de Marne.
Nous avons élaboré un questionnaire que nous leur avons adressé.
Ce travail n’a pas comporté de questionnaire pour le patient.
51
I.
M ATERIELS
ET METHODE
a. Le questionnaire
Il s’agit d’un questionnaire anonyme comportant trente-cinq questions réparties sur
quatre pages. Un certain nombre de questions est à choix multiples pour lesquelles il suffit de
cocher la ou les case(s) correspondante(s). D’autres questions laissent la possibilité au
médecin de donner une réponse libre (cf. annexe 9).
La réalisation du questionnaire a bénéficié des conseils judicieux du département
d’épidémiologie et de santé publique (DESP) Nord de l’îlot BEGIN à Saint-Mandé.
Les questions sont réparties en cinq groupes selon un thème commun.
Les questions numérotées de 1 à 7 permettent de recueillir des informations au sujet du
médecin généraliste : son âge, l’année de sa thèse et de son installation, l’orientation de sa
pratique (médecine générale et/ou pédiatrie, allergologie, addictologie…), l’existence
d’activités d’enseignement ou encore l’existence d’une compétence en allergologie.
Les questions numérotées de 8 à 11 permettent de recueillir des informations au sujet
de la patientèle : le sex-ratio, le nombre de patients suivis et le nombre de patients consultant
pour un problème de rhinite allergique… Il n’est pas exigé de chiffre exact, plutôt une
estimation.
Ensuite, les questions 12 à 16 ont pour objectif d’apprécier la connaissance de l’ARIA
2001 et 2008 par les médecins, mais aussi du guide de poche réalisé à partir de l’ARIA 2001.
Les questions 17 à 19 concernent le vécu de la RA par les patients. Cette évaluation est
laissée à l’appréciation du médecin. Il lui est demandé, entre autres, de préciser, parmi dix-sept
symptômes (nasaux, oculaires, bronchopulmonaires et généraux), les 5 symptômes auxquels il
est le plus souvent confronté lors d’une consultation pour RA. La question 18 porte sur la
motivation de la consultation par le patient.
Enfin, les questions 20 à 35 concernent les pratiques professionnelles à proprement
parler. Elles abordent successivement la prise en charge clinique et thérapeutique : la
52
connaissance et/ou l’utilisation de questionnaires d’aide diagnostique, la connaissance de la
classification de la RA, la prescription d’un bilan biologique, la demande d’un avis
allergologique, la recherche d’un asthme associé, les différents traitements médicamenteux
prescrits, l’avis du médecin sur l’efficacité de la désensibilisation et l’impact de la RA sur la
qualité de vie.
b. Les sujets
i.
Critères d’inclusion et d’exclusion
Les critères d’inclusion sont : être médecin généraliste, quelle que soit l’orientation de la
pratique professionnelle (pédiatrie, médecine du sport…), homme ou femme, et exercer dans
le Val de Marne. Sont exclus de notre étude les médecins qui n’exercent pas comme médecins
généralistes ou qui exercent en dehors du département.
ii.
La zone de l’étude
Le département du Val de Marne a été choisi afin de situer l’aire géographique de
l’étude de façon précise, d’autant qu’il s’agit du département dans lequel sont situés
l’université de médecine Paris XII et l’Hôpital d’Instruction des Armées BEGIN.
iii.
Les sujets et la méthode de sélection
Dans un premier temps, nous avons établi la liste des médecins généralistes du
département du Val de Marne (94) répertoriés en juin-juillet 2008 dans les pages jaunes de
l’annuaire (version internet, www.pagesjaunes.fr). Nous les avons ensuite classés par ordre
alphabétique dans un fichier Excel©. A chaque nom était associé un numéro. Nous avons ainsi
répertorié 950 médecins généralistes. Nous avons sélectionné un échantillon représentatif de
cette population, dont l’effectif total a été fixé à cent médecins. Pour ce faire, nous avons
procédé à un tirage au sort aléatoire grâce à la fonction aléatoire d’Excel©
(ALEA.ENTRE.BORNES). Nous avons précisé les bornes inférieures et supérieures puis nous
avons effectué cent tirages au sort successifs sur la même liste, chaque numéro ne pouvant être
tiré qu’une seule fois.
53
Enfin, durant la dernière semaine de septembre 2008, nous avons adressé à chacun des
médecins correspondants un courrier contenant : le questionnaire, précédé d’une note
explicative, et une enveloppe-réponse affranchie pour inciter et faciliter le renvoi. La date
limite de réponse a été initialement fixée au 31 octobre 2008.
A la mi-octobre, nous n’avions reçu que douze réponses. Nous avons donc contacté par
téléphone l’ensemble des médecins de la liste afin de les relancer et les inciter à répondre au
questionnaire.
Sur les cent médecins contactés, un quart n’a pas été joignable malgré trois tentatives à
des moments différents. Sur les soixante-quinze médecins joints, trente-deux se sont dits
motivés pour remplir le questionnaire ; certains n’avaient pas encore eu le temps de le remplir
(douze médecins), d’autres ne l’avaient pas reçu ou l’avaient égaré (vingt médecins) mais se
sont dits motivés pour le faire à condition que nous leur envoyions à nouveau le questionnaire.
Parmi eux, trois médecins ont désiré que nous leur envoyions le questionnaire par messagerie
électronique.
Vingt médecins ont clairement refusé de remplir le questionnaire par manque de temps
(neuf médecins) ou par manque d’intérêt (onze médecins). Parmi ces derniers, trois médecins
nous ont déclaré ne plus exercer la médecine générale, leur pratique étant très orientée sans
rapport avec le sujet traité dans le questionnaire. Dix médecins étaient peu motivés pour
répondre au questionnaire. Enfin, douze médecins ont déclaré avoir déjà renvoyé le
questionnaire.
Nous avons ainsi ré-adressé vingt-neuf exemplaires du questionnaire selon les mêmes
modalités que le premier envoi, et trois questionnaires par courrier électronique. La nouvelle
date limite de réponse a été fixée au 07 novembre 2008.
A la fin du mois de novembre 2008, le nombre total de réponses était de trente, dont une
seule a été renvoyée par internet. Soit un taux de réponse de 30 %.
c. Description de l’étude
Il s’agit d’une étude transversale des pratiques professionnelles effectuée à partir de
l’analyse des questionnaires reçus.
54
Il n’a pas été utilisé de critère de jugement. L’analyse statistique est qualitative. Elle
décrit les caractéristiques socio-démographiques des médecins interrogés, la description de
leur patientèle, la description clinique de la rhinite et de son impact sur la vie quotidienne des
patients, les modalités diagnostiques et thérapeutiques prescrites par le médecin. L’analyse
statistique fait appel aux paramètres statistiques suivants : effectif, pourcentages, moyenne et
écart-type.
II.
R ESULTATS
Nous exposerons les résultats selon les 5 groupes de questions du questionnaire :
- les données recueillies sur les médecins généralistes,
- les informations au sujet de la patientèle,
- les connaissances par les médecins des recommandations,
- le vécu de la RA d’après les médecins,
- les pratiques professionnelles des médecins généralistes interrogés.
a. Données recueillies sur les médecins généralistes
Le tableau 2.1 présente les caractéristiques des médecins ayant répondu au
questionnaire. Il s’agit d’une population médicale dont l’âge moyen est de 54 ans, avec plus
d’une vingtaine d’années d’expérience professionnelle en moyenne. Près de 40 % des
médecins généralistes ont une orientation de leur pratique médicale, avec une prédominance
vers la pédiatrie. Seul un médecin a déclaré pratiquer uniquement l’homéopathie.
Quatre médecins (13,3 %) ont une activité d’enseignement, dont deux sont maîtres de
stage en médecine générale ; les deux autres participent respectivement à des enseignements
de médecine du sport et de psychologie médicale. Un seul médecin a une capacité en
allergologie, mais n’a pas déclaré orienter sa pratique vers cette discipline.
55
Tableau n°2.1 : les caractéristiques des médecins interrogés (n=30).
(hormis pour l’âge moyen et les années de thèse et d’installation, les résultats sont
donnés de 2 façons : l’effectif et le pourcentage correspondant)
Age moyen (+/- écart type) en années
Année de thèse (+/- écart type)
Année d'installation (+/- écart type)
femmes
hommes
Orientation de la pratique médicale :
- médecine générale
- pédiatrie
- allergologie
- homéopathie
- mésothérapie
- gériatrie
- médecine du sport
- néphrologie
- autres
Activité d'enseignement
Capacité d’allergologie
Sexe
54, 5 (+/- 7,8)
1983 (+/- 8)
1985 (+/- 8)
n
8
22
%
26,7
73,3
29
6
0
1
1
1
2
1
0
4
1
96,7
20
0
3,3
3,3
3,3
6,6
3,3
0
13,3
3,3
b. Informations sur la patientèle
Le tableau 2.2 présente les données recueillies sur la patientèle des médecins interrogés.
Le pourcentage moyen de femmes est de 55,8 % ; l’effectif de la patientèle est très variable
d’un médecin à l’autre.
Le nombre de consultations tous motifs confondus est en moyenne de quatre cent par
mois. La RA motive la consultation dans 4,5 % des cas, avec une moyenne de dix-huit
consultations par mois.
Tableau n°2.2 : informations sur la patientèle des médecins interrogés (n=30).
Pourcentage moyen de femmes dans la patientèle (+/- écart type)
Nombre moyen de patients dans la patientèle (+/- écart type)
Nombre moyen de consultations par mois (+/- écart type)
Nombre moyen de consultations pour RA par mois (+/- écart type)
55,8 (+/- 10,8)
4466 (+/- 5949)
399 (+/- 159)
18 (+/- 11)
56
c. Connaissances des médecins interrogés sur les recommandations
Les données sont présentées dans le tableau 2.3. Quatre médecins (13,3 %) ont eu
connaissance de la conférence d’experts ARIA ; la majorité d’entre eux connait la mise à jour
de 2008. Parmi eux, deux médecins ont une activité d’enseignement. Un seul médecin connait
le guide de poche réalisé à partir de la version 2001 de l’ARIA, il s’agit du médecin qui a une
capacité en allergologie ; ce dernier connait par ailleurs la conférence de 2001 et sa mise à jour
de 2008.
Trois des quatre médecins qui connaissent l’ARIA adhèrent aux recommandations et les
appliquent. Un seul médecin a déclaré ne pas adhérer aux recommandations, le justifiant par le
fait qu’il ne « pratique que des médecines alternatives ».
Enfin, parmi les médecins qui appliquent les recommandations, l’un d’eux ne connait
pas les recommandations de l’ARIA, mais le justifie par le fait qu’il « traite avec bon sens ».
Tableau n°2.3 : la connaissance de l’ARIA (n=30).
(les résultats sont donnés de 2 façons : l’effectif et le pourcentage correspondant)
Médecins qui connaissent l’ARIA
Médecins qui ne connaissent pas l’ARIA
Médecins qui connaissent ARIA 2001
Médecins qui ne connaissent pas ARIA 2001
Médecins ayant reçu le guide de poche 2001
Médecins n’ayant pas reçu le guide de poche 2001
Médecins qui connaissent la mise à jour 2008 de l’ARIA
Médecins qui ne connaissent pas la mise à jour 2008 de l’ARIA
Médecins qui adhèrent aux recommandations de l’ARIA
Médecins qui n’adhèrent pas aux recommandations de l’ARIA
Ne se prononcent pas
Exercice conforme aux recommandations de l’ARIA
Exercice non conforme aux recommandations de l’ARIA
Ne se prononcent pas
N
4
26
2
28
1
29
3
27
3
1
26
4
0
26
%
13,3
86,7
6,7
93,3
3,3
96,7
10
90
10
3,3
86,7
13,3
0
86,7
d. Le vécu de la RA d’après les médecins généralistes
D’après le tableau 2.4, la prévalence moyenne de la RA estimée par les médecins
interrogés est de 15,2 % ; cependant, sept médecins ne se sont pas prononcés sur cette
question.
57
Tableau n°2.4 : l’impact de la RA (n=30).
Prévalence estimée de RA dans la patientèle en % (+/- écart type)
Ne se prononcent pas
Les motifs de consultation des patients souffrant de RA
- avoir un traitement de fond
- obtenir un soulagement rapide
- être adressé à un allergologue
- connaître l’étiologie de leurs troubles
- autre
Fréquence des symptômes chez les patients consultant pour RA
- éternuements
- rhinorrhée
- prurit nasal/pharyngé
- hyposmie
- obstruction nasale
- sinusite à répétition
- hyperhémie conjonctivale
- larmoiements
- prurit oculaire
- œdème des paupières
- symptômes oculaires (sans distinction)
- sifflements respiratoires
- oppression thoracique
- crise d'asthme
- symptômes bronchiques (sans distinction)
- fatigue
- céphalées
- altération des capacités scolaires/professionnelles
- perturbations des loisirs et/ou des activités sociales
Retentissement de la RA sur la qualité de vie des patients
- peu important
- assez important
- très important
- ne se prononcent pas
15,2 (+/- 10,6)
23,3 %
36,6 %
100 %
30 %
50 %
0
73,3 %
86,6 %
40 %
3,3 %
80 %
23,3 %
13,3 %
53,3 %
80 %
3,3 %
96,6 %
40 %
26,6 %
16,6 %
60 %
53,3 %
43,3 %
20 %
13,3 %
3,3 %
76,7 %
16,7 %
3,3 %
Lorsqu’un patient consulte pour RA, il désire obtenir un soulagement rapide de ses
symptômes dans 100 % des cas. Par ailleurs, un patient sur deux désire connaître la cause de la
rhinite, dans un tiers des cas avoir un traitement de fond, et un peu moins du tiers des patients
désire être adressé à un allergologue.
Selon les médecins, les 5 symptômes les plus fréquents présentés par les patients sont :
la rhinorrhée (86,6 %), le prurit oculaire et l’obstruction nasale (respectivement 80 % chacun),
58
les éternuements (73,3 %) et les larmoiements (53,3 %). Si l’on considère les signes oculaires
sans distinction, ils sont rapportés quasiment systématiquement (96,6 %) avec une
prédominance pour le prurit oculaire et les larmoiements. Les symptômes bronchiques
(oppression thoracique, sifflements respiratoires, crises d’asthme) sont quant à eux rapportés
par deux tiers des médecins.
La fatigue des patients est retrouvée par 53,3 % des médecins ; les céphalées sont
rapportées par 43,3 % d’entre eux.
Enfin, lorsque l’on demande aux médecins d’évaluer le retentissement de la RA sur la
qualité de vie des patients, celui-ci est jugé important (assez et très important) dans 93 % des
cas. Un seul médecin estime que ce retentissement est peu important. Par ailleurs, 20 % des
médecins notent un impact de la RA sur les capacités scolaires et/ou professionnelles de leurs
patients ; de la même façon, 13,3 % d’entre eux estiment que la RA perturbe les activités
sociales et/ou de loisir de leurs patients.
e. Pratiques professionnelles des médecins généralistes interrogés
- la prise en charge clinique
Les données du tableau 2.5 révèlent que seuls quatre médecins interrogés (13,3 %)
connaissent la classification de la RA. 90 % des médecins considèrent que la RA est un facteur
de risque d’asthme. Un peu moins de la moitié des médecins (46,7 %) ne connait pas le
calendrier pollinique de la région, par manque de temps (35,7 %), parce qu’il est considéré
comme inutile (35,7 %) ou encore par manque d’information de la part de la Région (21,4 %).
Uniquement cinq médecins (16,7 %) utilisent un questionnaire d’aide diagnostique,
Score For Allergic Rhinitis (SFAR) ou Asthma Control Test (ACT). Parmi ceux qui ne les
utilisent pas, seuls quatre médecins (16 %) estiment qu’ils sont inutiles tandis que plus de la
moitié d’entre eux (52 %) n’y ont pas accès ; sept médecins (28 %) n’emploient pas ces
questionnaires par manque de temps.
Un bilan biologique est prescrit dans deux-tiers des cas. La plupart du temps plusieurs
examens sont réalisés. Le plus souvent, il s’agit d’un hémogramme et/ou d’un test
multiallergénique de dépistage Phadiatop® qui sont prescrits respectivement par 85 % et 80 %
des médecins. Onze médecins (55 %) prescrivent un dosage d’IgE totales et cinq médecins
(25 %) prescrivent un dosage d’IgE spécifiques.
59
Les médecins ont recours à l’avis d’un allergologue si les symptômes du patient ne
répondent pas au traitement (73,3 %), à la demande du patient (50 %), lorsque le bilan pratiqué
est en faveur d’une origine allergique (33,3 %) ou alors dès que cette dernière est suspectée
(23,3 %).
Tableau n°2.5 : prise en charge clinique de la RA (n=30).
(les résultats sont donnés de 2 façons : l’effectif et le pourcentage correspondant)
Connaissance de la classification de la RA
RA considérée comme un facteur de risque d’asthme
Recherche d’un asthme en cas de RA persistante
Recherche d’une RA chez un patient asthmatique
Prescription d’un bilan biologique
- hémogramme
- dosage des IgE totales
- dosage d’IgE spécifiques
- Phadiatop®
Utilisation de questionnaires d’aide diagnostique (SFAR/ACT)
Motifs de la non-utilisation de questionnaire d’aide diagnostique :
- Inutile
- Inaccessible
- manque de temps
- manque de fiabilité
Indications d’envoi chez l’allergologue
- sur demande du patient
- dès suspicion de l'origine allergique de la pathologie
- si le bilan biologique est en faveur d'une origine allergique
- quand la maladie n'est pas maîtrisable par le traitement
- jamais
Connaissance du calendrier pollinique de la région
Motifs de la méconnaissance du calendrier pollinique :
- absence d’information par la Région
- manque de temps
- ne sait pas où chercher
- inutilité
n
4
27
17
20
20
17
11
5
16
5
%
13,3
90
56,7
66,7
66,7
85
55
25
80
16,7
4
13
7
1
16
52
28
4
15
7
10
22
1
16
50
23,3
33,3
73,3
3,3
53,3
3
5
2
5
21,4
35,7
14,3
35,7
- la prise en charge thérapeutique (tableau 2.6)
Les deux traitements le plus souvent prescrits sont les anti-histaminiques H1 oraux et les
corticostéroïdes nasaux (93,3 % des médecins), suivis par les anti-H1 par voie intranasale
(66,7 %) et les cromones (33,3 %). Les vasoconstricteurs nasaux font partie de l’arsenal
thérapeutique de 16,7 % des médecins tandis que les anti-leucotriènes sont prescrits par
60
13,3 % d’entre eux. Par ailleurs, on retrouve l’utilisation de corticostéroïdes par voie orale
(13,3 % des médecins) et par voie intramusculaire (3,3 %).
93,3 % des médecins prescrivent une association médicamenteuse utilisant les voies
orales et nasales. 80 % des médecins prescrivent à la fois un anti-H1 oral et un corticostéroïde
nasal. Par ailleurs, plus de la moitié des médecins interrogés utilisent d’autres associations
médicamenteuses pour traiter une RA.
En ce qui concerne l’immunothérapie spécifique, deux tiers des médecins ont déjà
pratiqué une désensibilisation ; parmi eux, 55% la juge efficace ou très efficace, contre 45 %
peu efficace mais aucun n’a jugé ce traitement inefficace. 70 % des médecins qui n’ont jamais
pratiqué de désensibilisation la juge efficace.
Tableau n°2.6 : la prise en charge thérapeutique de la RA (n=30).
(les résultats sont donnés de 2 façons : l’effectif et le pourcentage correspondant)
Traitements médicamenteux prescrits
- anti-H1 oral
- anti-H1 nasal
- corticostéroïde nasal
- corticostéroïde oral
- corticostéroïde par voie intramusculaire
- cromones
- anti-leucotriènes
- vasoconstricteurs nasaux
- anticholinergiques nasaux
- association d’une forme orale et d’une forme nasale
- association antiH1 et corticostéroïde nasal
- association antiH1 et corticostéroïde nasal + autre
- associations autres
Médecins ayant déjà pratiqué une désensibilisation
Efficacité de la désensibilisation
- très efficace
- efficace
- peu efficace
- inefficace
Médecins ayant déjà délivré un arrêt de travail à cause de la RA
Durée moyenne de l’arrêt de travail en jours (+/- écart type)
n
%
28
20
28
4
1
10
4
5
2
93,3
66,7
93,3
13,3
3,3
33,3
13,3
16,7
6,7
28
24
3
15
20
93,3
80
10
50
66,6
1
3,3
17
56,7
12
40
0
0
11
36,7
2,7 (+/- 1,7)
61
III.
D ISCUSSION
L’objet de cette étude n’est pas d’évaluer la prévalence de la RA ni ses différentes
formes ou encore ses comorbidités. Elle tente de cerner la façon dont les médecins généralistes
abordent cette pathologie et en assurent la prise en charge.
a. Présentation des principaux résultats et comparaison à la littérature
Prévalence. Dans notre étude, les médecins interrogés sous-estiment la prévalence de la
RA. Selon eux, elle est d’environ 15 % (tableau 2.4), alors que les données de la littérature la
situent plutôt aux alentours de 30 % : elle est de 24,5 % selon BAUCHAU et DURHAM [12]
et les données de l’ECRHS la placent entre 30 et 35 %. La RA représente un peu moins de 5 %
des motifs de l’ensemble des consultations selon les médecins interrogés, avec des résultats
très variables d’un médecin à l’autre. Autrement dit, les médecins généralistes sont confrontés
à un problème de RA au cours d’une consultation sur vingt soit en moyenne une fois par jour
si l’on considère un volume moyen de quatre cents consultations par mois réparties sur cinq
jours par semaine. Il s’agit donc d’une pathologie courante en médecine générale.
Symptômes. Les symptômes les plus fréquemment rapportés sont nasaux (100 % des
médecins) et oculaires (96,6 % des médecins) ce qui est conforme à ce qui est retrouvé dans la
littérature [18, 91], même si les signes oculaires y semblent légèrement moins fréquents (de
l’ordre de 70 % des patients [23, 43]). Les symptômes nasaux prédominants sont la rhinorrhée
(86,6 %), l’obstruction nasale (80 %) et les éternuements (73,3 %). Les signes oculaires les
plus fréquents sont le prurit (80 %) et les larmoiements (53,3 %). Cette évaluation de la
fréquence des symptômes est assez proche des résultats de l’étude ERNANI [42] en ce qui
concerne la rhinorrhée (présentée par 84,5 % des patients), les éternuements (79,5 %), et les
larmoiements (46,5 %). En revanche, il semble que l’obstruction nasale soit sur-représentée
dans notre étude (80 % vs 58,5 % dans l’étude ERNANI), de même que le prurit oculaire
(80 % vs 40,5 % dans l’étude ERNANI). Les données d’une étude internationale menée en
2006 retrouvent également une surestimation par les médecins de l’obstruction nasale et la
sous-estimation de la fréquence des éternuements.
La fatigue des patients est rapportée par plus de la moitié des médecins (53,3 %) et les
céphalées par 43,3 % d’entre eux : ces signes peuvent être rattachés aux troubles du sommeil
très fréquents au cours de la RA [18, 47, 72, 92]. Ces appréciations sont similaires aux
62
données retrouvées dans la littérature : la fatigue concerne 46 % à 63 % des patients [18, 72,
91, 92] et les céphalées entre 26 % et 58 % des patients [21, 23, 48, 91].
Le retentissement sur vie quotidienne. La majorité des médecins interrogés (93 %)
estime que l’impact global de la RA sur la vie quotidienne des patients est important. Pourtant,
ils n’en perçoivent pas les conséquences concrètes sur les activités quotidiennes puisque seuls
20 % d’entre eux sont conscients du retentissement sur les performances scolaires et
professionnelles et 13 % seulement ont noté une altération des activités sociales et/ou de loisir.
Or, dans une étude menée en 2006 [18, 24], les patients rapportaient une perturbation de leurs
performances scolaires / professionnelles dans 79 % des cas et un impact « significatif » sur
leurs activités quotidiennes (loisirs, sociales…) dans 83 % des cas.
Près d’un tiers des médecins (tableau 2.6) ont déjà délivré un arrêt de travail pour la
rhinite allergique (vs 5,8 % dans l’enquête ERNANI [ref 25]) d’une durée moyenne de trois
jours (vs 5 jours dans l’enquête ERNANI) le maximum enregistré dans notre étude étant de six
jours.
Les comorbidités. Une sinusite est retrouvée par 23,3 % des médecins, tandis que des
symptômes bronchiques sont signalés par 60 % des médecins avec une prédominance pour les
sifflements respiratoires. Cette association « RA-symptômes bronchiques » est plus
fréquemment rapportée que dans la littérature [23, 91].
Prise en charge clinique. Dans notre échantillon, peu de médecins connaissent
l’existence des recommandations ARIA ainsi que la classification de la RA (13,3 %) ; un seul
a reçu le guide de poche de l’ARIA 2001 et en connait les recommandations, il s’agit du
médecin ayant effectué une formation en allergologie. Ces résultats sont étonnants notamment
par rapport à l’enquête française ERNANI menée en 2006 dans laquelle environ 46 % des
médecins généralistes interrogés connaissaient l’ARIA [42] ; cependant, l’échantillon étudié
dans cette dernière était plus conséquent (943 médecins vs 30 dans notre étude). Parmi les
médecins qui connaissent l’ARIA, la majorité adhère aux recommandations et les respecte.
La RA est considérée comme un facteur de risque d’asthme par 90 % des médecins
interrogés. Or, seuls 57 % d’entre eux pensent à rechercher un asthme chez un patient
souffrant de RA persistante, et 67 % d’entre eux recherchent une rhinite chez un patient
asthmatique. Ainsi, le lien « RA-asthme » est perçu par la majorité des praticiens, mais il est
encore peu exploité pour optimiser la prise en charge du patient. Cela est regrettable car traiter
63
convenablement une RA chez un asthmatique améliore l’équilibre de son asthme en
permettant une diminution de la fréquence et de la gravité des crises [36]. Par ailleurs,
l’apparition d’un asthme chez le patient rhinitique constitue un tournant évolutif dans sa
pathologie : sa recherche s’avère indispensable afin d’adapter au mieux le traitement.
Dans notre échantillon, deux-tiers des médecins prescrivent un examen biologique à un
patient souffrant de RA. Ce résultat est supérieur à celui de l’enquête ERNANI [42] dans
laquelle 15 % des médecins interrogés prescrivaient au moins un examen complémentaire
(tous examens confondus). Dans plus de la moitié des cas, deux examens sont demandés
(tableau 2.5). Les bilans biologiques les plus prescrits sont l’hémogramme (85 % des
médecins) et le Phadiatop® (80 % des médecins). Le dosage des IgE totales est plus fréquent
parmi nos médecins (55 % des prescripteurs d’examens) que ce qui a été retrouvé dans
l’enquête ERNANI (31 % des médecins prescripteurs). En revanche les médecins de notre
échantillon prescrivent plus d’hémogrammes (vs 25 % dans ERNANI) et de tests
multiallergéniques Phadiatop® (vs 29 % dans ERNANI).
D’après nos résultats, la majorité des praticiens (96,6 %) semble avoir recours assez
facilement à un confrère allergologue soit parce que la symptomatologie ne répond pas au
traitement instauré, soit à la demande du patient, soit pour effectuer le bilan allergologique.
Dans une enquête de DEMOLY et al [43], seuls 42 % des médecins traitants avaient recours à
un avis spécialisé.
Prise en charge thérapeutique. La majorité des médecins interrogés prescrit un
traitement associant les voies nasale et orale (93,3 %). Dans 80 % des cas, il s’agit d’un antihistaminique oral associé à un corticostéroïde nasal. Cette association est plus fréquemment
employée par les médecins de notre échantillon que dans la littérature : 16,5 % des médecins
dans l’étude ERNANI, 30 % des médecins dans une étude de CANONICA et al. en 2006 [23],
43 % des cas dans une étude de BOUSQUET et al. en 2008 [18], et 56 % des médecins dans
une étude d’ANTONICELLI [4]. D’autres associations sont également utilisées par plus de la
moitié des médecins.
Dans la littérature, les anti-H1 oraux occupent également une place importante dans la
prescription pour traiter la RA mais le recours aux corticostéroïdes nasaux y est moins
fréquent et ne concerne que 4 à 20 % des médecins [4, 18, 23, 42, 47]. Les vasoconstricteurs
nasaux sont utilisés par 16 % des médecins (vs 1.7 % dans une étude de DEMOLY en 2006
[41]).
64
La désensibilisation est considérée comme efficace par 60 % des médecins dans notre
enquête. Ce résultat est similaire à celui retrouvé dans une étude de DEMOLY [43] où 65 %
des médecins ont une opinion positive de l’ITS ; dans cette dernière, 93 % des médecins
estiment que la désensibilisation diminue le recours au traitement symptomatique.
b. Discussion de nos résultats
La pertinence de nos résultats peut être discutée essentiellement en raison de la faiblesse
de l’effectif des médecins interrogés. De plus, la formulation de certains items a peut-être
parfois prêté à confusion pour y répondre. Un biais de sélection est aussi possible même si la
méthode de sélection s’est voulue rigoureuse. En dépit de certaines discordances, nos données
s’approchent sensiblement de ce qui est retrouvé dans la littérature française et européenne,
par exemple en ce qui concerne la présentation symptomatique de la RA et certains aspects
de la prise en charge diagnostique et thérapeutique. Plus encore, les médecins de notre
échantillon mettent en évidence la fréquence des symptômes oculaires (tableau 2.5), ce qui
témoigne de l’importance de leur considération dans la prise en charge de la RA.
Dans notre étude, les médecins généralistes semblent sous-estimer la prévalence de la
RA (tableau 2.4). Cette sous-estimation de la prévalence est retrouvée dans la littérature et va
généralement de paire avec une sous-estimation de la gravité de la pathologie et de son
retentissement. Plusieurs hypothèses peuvent être formulées pour expliquer cette sousestimation : un désintérêt des médecins généralistes pour cette pathologie banalisée, ou encore
une négligence des symptômes par nombre de patients : dans une étude de DEMOLY en 2008
[43], 69 % des patients atteints de RA considéraient ne pas souffrir de « maladie » et par
conséquent ne cherchaient pas d’aide médicale. Cette deuxième hypothèse est confortée par la
fréquence importante de l’automédication et de la consommation des médicaments vendus
sans ordonnance. Ainsi, les patients qui consultent sont probablement ceux pour lesquels la
RA a déjà un retentissement et une sévérité marqués depuis quelques temps déjà et consultant
en dernier recours à la recherche d’un soulagement rapide (tableau 2.4). Ils pourraient
représenter la partie émergée de l’iceberg « rhinite allergique ». Les médecins seraient donc
confrontés à une infime partie des malades, probablement ceux les plus gênés.
Le retentissement global de la RA sur la qualité de vie est jugé « important » ou « assez
important » par plus de 90 % des médecins (tableau 2.4). Cependant, l’altération des
performances professionnelles et des activités sociales ne font pas partie des « atteintes »
65
prédominantes notées par les médecins (tableau 2.4) tandis que la fatigue et les céphalées sont
suffisamment importantes pour être signalées respectivement par 53 % et 43 % des médecins.
La formulation de notre question est cependant discutable ; en effet, l’altération des
performances scolaires / professionnelles et la perturbation des loisirs et/ou des activités
sociales ne sont pas des symptômes en tant que tels, mais des données permettant d’explorer la
qualité de vie et la sévérité de la maladie : ce sont des conséquences potentielles des
symptômes de la RA. Ainsi, il aurait pu être plus judicieux de leur consacrer une partie à part
entière. Les résultats concernant ces deux items sont donc discutables.
Un autre résultat marquant de notre enquête est le pourcentage conséquent de médecins
qui n’ont jamais eu connaissance des recommandations de l’ARIA (tableau 2.3). Plus de 85 %
des médecins interrogés n’ont jamais entendu parler de la conférence de consensus ni de la
classification de la RA (tableau 2.5). Il semble difficile d’expliquer ce résultat.
Tout d’abord, comme nous l’avons vu dans notre première partie, le texte de l’ARIA
présente un certain nombre de défauts : la densité importante d’informations de la première
version de 2001, sa rédaction en langue anglaise… et même si un guide de poche a été édité en
langue française à l’intention des médecins, sa diffusion s’est probablement limitée aux
allergologues, aux ORL ou aux pneumologues en oubliant les médecins généralistes alors que
ces derniers sont les principaux acteurs de la prise en charge des patients. C’est précisément là
que les visiteurs médicaux pourraient jouer un rôle important puisqu’ils pourraient assurer la
diffusion des recommandations de l’ARIA et de ses mises à jour.
Par ailleurs, la population médicale ayant répondu au questionnaire est âgée de 54 ans en
moyenne (tableau 2.1). Il y a trente ans, les données sur la physiopathologie et la prise en
charge de la RA n’étaient pas aussi développées qu’actuellement. De plus, même si les
médecins participent à la « formation médicale continue », il faudrait que la RA soit un sujet
traité ce d’autant plus qu’il n’existe pas encore à ce jour de recommandation de la HAS pour
cette pathologie. Ce manque devrait être prochainement comblé puisque la HAS envisage
d’émettre un texte de recommandation [45].
Depuis trois ans, une « journée nationale de l’allergologie » est organisée chaque année
dans différentes villes de France par les allergologues pour rencontrer leurs confrères
généralistes et les patients afin de les sensibiliser aux pathologies allergiques et, ainsi, établir
un lien entre médecin traitant, patient et allergologue. Cette démarche ne peut qu’améliorer les
pratiques médicales grâce à un échange interactif et convivial.
66
Ces chiffres sont étonnants par rapport à ceux de l’enquête ERNANI dans laquelle 46 %
des médecins généralistes déclaraient connaître et appliquer l’ARIA. Il est difficile d’expliquer
un tel écart : il peut s’agir d’un biais d’échantillonnage, notre enquête est peut-être moins
représentative des médecins généralistes que l’étude ERNANI...
Trois des quatre médecins qui connaissent l’ARIA adhèrent aux recommandations ; ce
résultat ne peut être interprété en raison de la faiblesse du sous-effectif. En tout cas, l’adhésion
des praticiens est une notion importante à prendre en compte : certes les recommandations
sont établies par des experts, cependant la prise en compte d’éventuelles remarques des
praticiens vis-à-vis de celles-ci est nécessaire afin d’optimiser la prise en charge des patients.
Certaines études ont mesuré l’adhésion des médecins traitants vis-à-vis de l’ARIA [42], mais
aucune n’a « exploré » l’adhésion aux différentes parties des recommandations (classification,
traitement…). Ainsi, lorsque le texte de la HAS sera publié, il sera intéressant de réaliser une
telle étude.
Même si la plupart des médecins interrogés ne connait pas l’ARIA, elle subodore le lien
RA-asthme (tableau 2.5). Au mieux deux tiers des médecins recherchent une co-existence de
ces deux pathologies ce qui est regrettable car cette pratique simple est recommandée,
optimisant le traitement de la RA, améliore l’équilibre de l’asthme et réciproquement. Il s’agit
là d’un message clé de l’ARIA. La recherche d’un asthme peut-être facilitée par des outils
diagnostiques simples et validés, dont le questionnaire de VENABLES et al [103]. Il semble
pourtant que ce genre d’outil soit peu utilisé par les médecins de notre enquête (tableau 2.5) :
les principales causes rapportées sont l’inaccessibilité de ces questionnaires et le manque de
temps. Il serait pourtant très utile de promouvoir leur usage dont la réalisation est
généralement rapide (quelques minutes). Le problème est sans doute l’existence d’un
« trop » grand nombre de questionnaires n’aboutissant finalement à l’usage d’aucun ; or
certains peuvent s’avérer très utiles dans l’élaboration du diagnostic de la RA ou de l’asthme.
Concernant les examens biologiques prescrits (tableau 2.5), la prescription du test
multiallergénique figure parmi les pratiques courantes devant un tableau évocateur de RA. Il
s’agit d’une pratique recommandée par les experts de l’ARIA qu’il faut inciter contrairement
aux dosages des IgE totales ou spécifiques qui ne sont pas recommandés en première intention
[89] ; alors que ces derniers sont encore trop souvent prescrits (jusque 50 % des médecins
prescripteurs dans notre étude ou 31 % dans l’enquête ERNANI).
67
Les traitements prescrits par les médecins de notre échantillon sont adaptés (tableau 2.5)
avec une utilisation fréquente de l’association anti-H1/corticostéroïde nasal correspondant au
traitement des formes persistantes modérées-sévères selon l’arbre thérapeutique de l’ARIA (cf.
annexe 8). Cela confirme que les médecins de notre échantillon semblent être plus
fréquemment confrontés à des formes sévères. Il apparait alors que les recommandations de
l’ARIA sont peut-être insuffisantes puisque en cas d’inefficacité, l’arsenal thérapeutique est
limité.
Nous n’avons pas exploré la fréquence du recours à un avis allergologique, mais les
raisons qui justifient cette consultation spécialisée (tableau 2.5) : seul un médecin ne semble
pas y avoir recours. Pour la majorité des autres, ils initient la prise en charge diagnostique et
thérapeutique puis adressent leur patient à un confrère allergologue selon les résultats des
examens complémentaires ou en cas d’échappement thérapeutique. Les examens
complémentaires sont appropriés. Cela témoigne de la volonté de la plupart des médecins
traitants de prendre part activement à la prise en charge de la RA jusqu’à un « certain point »,
qui n’est pas formellement déterminé. En trame de fond de notre discussion se pose donc la
question de la « place » des médecins généralistes dans le dispositif diagnostique et
thérapeutique de la RA. Il s’agit là encore d’une donnée sur laquelle les recommandations de
la HAS sont attendues. Dans l’ARIA, le rôle des médecins généralistes est assez obscur ; de la
même façon, les interactions entre le médecin traitant et les « spécialistes » (allergologue,
pneumologue, ORL…) ne sont pas bien précisées.
En ce qui concerne la prescription des arrêts de travail (tableau 2.5), un tiers des
médecins a déjà été amené à en prescrire en cas de RA. Notre questionnaire n’explore pas les
motivations de la prescription d’un arrêt de travail. La durée moyenne n’excède pas en général
trois jours. Ces trois jours correspondent au délai de carence prévu par le Code de la Sécurité
Sociale (articles L.323-1 et R.323-1 du code de la Sécurité Sociale) durant lequel aucune
indemnité n’est versée à l’assuré. Deux explications peuvent être formulées pour expliquer
cette durée moyenne de trois jours : la première est que les patients vus par les médecins de
notre échantillon présentent des symptômes considérés comme « peu gênants », n’entravant
pas de façon durable les performances professionnelles, ce qui corrobore les données du
tableau 2.4 selon lesquelles seuls 20 % des médecins rapportent un retentissement sur les
capacités scolaires et/ou professionnelles de leurs patients. Cette première hypothèse
68
illustrerait la sous-estimation par les médecins de la sévérité de la pathologie et de son impact
socio-professionnel. La deuxième hypothèse est que les patients « arrêtés » sont revus au
troisième jour afin d’évaluer l’efficacité d’un éventuel traitement. Dans tous les cas, les arrêts
de travail, même s’ils sont moins fréquents dans d’autres études [42], et quelle que soit leur
durée, ont un impact socio-économique important (perte de productivité…) et leur prescription
doit être motivée.
Enfin, les futures recommandations de la HAS sur la RA sont très attendues. Il s’agit
d’une aide pour la prise en charge diagnostique, en insistant sur l’interrogatoire, l’examen
clinique, la recherche de comorbidités et les outils diagnostiques recommandés (bilan
biologique, questionnaires d’aide diagnostique, place de l’EFR et des examens d’imagerie).
L’objectif vise à uniformiser le traitement, à donner à chaque intervenant une place active et
valorisante dans la prise en charge dans le but d’apporter une réponse thérapeutique optimale à
chaque patient. Les études des pratiques professionnelles, encore peu nombreuses, pourraient
du fait de discordances éventuelles permettre d’arriver plus rapidement à un consensus de la
HAS afin d’harmoniser les pratiques. Cela devrait favoriser la réduction de la morbidité et de
l’impact socio-économique liés à cette pathologie.
69
C ONCLUSION
La rhinite allergique est une pathologie faisant couramment l’objet d’une consultation en
médecine générale. Elle concerne près d’un individu sur quatre avec un degré de sévérité et un
retentissement socio-professionnel variables. Elle reste cependant une pathologie sous-estimée
tant par les patients que les médecins. Elle est donc très souvent insuffisamment contrôlée.
Nous l’avons comparé à un iceberg dont la partie émergée représenterait les patients qui
consultent car ils sont les plus gênés. Or, il est admis depuis des années que la RA s’inscrit
dans un cadre plus global de maladie respiratoire dont l’asthme est une évolution potentielle.
Pourtant, les symptômes sont acceptés avec résignation par la plupart des patients et sont
souvent négligés par d’autres, bien que leur prise en compte assure à l’asthmatique par
exemple un meilleur contrôle de sa maladie. Les symptômes de RA ont à la fois un impact
individuel car ils sont à l’origine d’une altération de la qualité de vie avec un retentissement
professionnel et scolaire, physique et psychique important que nombre d’études ont mis en
évidence, et un impact collectif car ils sont à l’origine de coûts conséquents en matière de
dépenses de santé.
Afin d’uniformiser et d’optimiser la prise en charge clinique et thérapeutique de la RA,
la conférence de consensus ARIA a été élaborée en 2001 dans sa première version par des
experts internationaux sous l’égide de l’OMS. Malheureusement, sa diffusion s’est heurtée à
divers obstacles et en dépit de mises à jour et de l’élaboration d’un guide de poche en langue
française, sa portée reste encore aujourd’hui limitée.
Notre étude avait pour objectif d’évaluer les pratiques des médecins généralistes dans le
département du Val de Marne afin d’avoir un aperçu de la façon dont ils abordent cette
pathologie et la prennent en charge. Les médecins qui ont répondu à notre questionnaire
avaient en moyenne vingt ans d’expérience professionnelle ce qui rend nos résultats d’autant
plus intéressants, même s’ils ne sont qu’une approximation en raison notamment de la taille de
l’échantillon. Ils ont confirmé que la RA est un problème fréquent en médecine générale, avec
une présentation symptomatique nasale prédominante bien que, dans notre étude, les
symptômes oculaires aient été davantage mis en exergue puisqu’ils sont rapportés par une très
grande majorité des médecins interrogés. Les symptômes bronchiques sont également souvent
retrouvés. Le lien entre RA et asthme est subodoré par la majorité des médecins, mais pour
autant, cela n’entraîne pas la mise en place d’investigations cliniques et paracliniques
70
supplémentaires systématiques. Ce lien RA-asthme est pourtant l’un des principaux points sur
lequel insiste la conférence ARIA. Or, celle-ci n’est quasiment pas connue dans notre
échantillon de médecins, contrairement à ce qui a été retrouvé dans l’enquête ERNANI. Cela
explique la méconnaissance de la classification de la RA et du message clef de l’ARIA
concernant l’importance du dépistage de l’asthme chez un patient souffrant de RA.
Les tests multiallergéniques de dépistage sont utilisés assez couramment, alors que les
médecins de notre étude recourent moins souvent au dosage des IgE, totales ou spécifiques,
que dans d’autres études. Concernant la prise en charge thérapeutique, les médecins associent
volontiers les corticostéroïdes nasaux et les antihistaminiques oraux, ce qui correspond à
l’association thérapeutique la plus efficace pour traiter la rhinite. Les autres classes
médicamenteuses sont peu prescrites dans notre étude. Enfin, l’intérêt de la désensibilisation
est bien compris par 60% des médecins de notre enquête, ce qui est proche d’autres résultats
de la littérature.
Les médecins interrogés semblent avoir du mal à cerner cette pathologie pour laquelle ils
manquent de données objectives sur ses aspects généraux, ses étiologies, les méthodes
diagnostiques appropriées et son traitement. C’est précisément ce que devrait compléter d’ici
peu de temps le texte de recommandation de la HAS. Il devrait par ailleurs préciser la place du
médecin traitant dans la prise en charge de la RA. Celui-ci est un acteur prépondérant puisqu’il
participe au diagnostic, à l’initiation du traitement de la RA et à la recherche d’éventuelles
comorbidités. Pour concourir à la meilleure prise en charge du patient, le médecin traitant doit
solliciter le cas échéant ses confrères spécialistes, en agissant au sein d’un réseau impliquant
des ORL, des allergologues qui ont d’ailleurs une place à part entière dans la prise en charge
de la RA : là encore, il est nécessaire de la préciser. Leurs rôles sont complémentaires qu’il
s’agisse du diagnostic ou du traitement. Afin de faciliter l’étape diagnostique, il faudrait
donner aux médecins généralistes des outils d’aide pour le diagnostique de la RA et de
l’asthme. Pour cela, il faut favoriser la diffusion d’outils adéquats et simples à utiliser au cours
d’une consultation tels que les questionnaires que nous avons décrits dans notre première
partie.
Pour la prise en charge thérapeutique, le diagramme proposé par l’ARIA donne une
réponse graduée adaptée au degré de sévérité de la rhinite ; il présente toutefois des limites,
puisque les patients consultent le plus souvent parce qu’ils souffrent d’une forme sévère pour
laquelle le traitement symptomatique maximal est rapidement atteint. La stratégie
71
thérapeutique et la place de la désensibilisation doivent donc être redéfinies, en faisant
intervenir l’immunothérapie spécifique plus précocement afin de diminuer le risque
d’aggravation de la rhinite et d’apparition d’un asthme.
Ce travail a permis de faire connaître l’ARIA auprès des médecins généralistes qui ont
reçu notre questionnaire. Notre étude s’est voulue la plus objective possible ; il serait
cependant intéressant de la réaliser auprès d’un échantillon plus grand, ce qui permettrait
d’avoir une vision plus juste de la réalité.
72
A NNEXES
Annexe 1 : physiopathologie de la RA.
La compréhension des fonctions du nez et des mécanismes mis en jeu au cours de la
réaction allergique est essentielle pour élaborer une prise en charge adaptée.
1. Les rôles du nez
Le nez est un organe complexe réalisant une barrière physique et immunologique pour
assurer la mise en condition de l’air inhalé. En effet, il effectue le réchauffement de l’air
inspiré grâce à un réseau dense de capillaires et de sinus veineux sous-épithéliaux. Le nez
contrôle aussi l’humidification de l’air grâce à ses innombrables glandes séromuqueuses. Une
autre fonction essentielle est la filtration des particules inhalées qui est réalisée par la
muqueuse nasale et le système mucocilaire [98]. Enfin, la muqueuse nasale produit du
monoxyde d’azote qui joue un rôle de protection pour l’ensemble du tractus respiratoire par
ses propriétés antivirales, bactériostatiques et bronchodilatatrices. Il favorise également
l’oxygénation des tissus [98].
Le nez représente près de la moitié des résistances des voies aériennes supérieures [93].
Deux autres fonctions importantes en sont l’odorat et la participation à la perception du goût.
2. Les mécanismes de la rhinite allergique
La rhinite allergique correspond à une réaction d’hypersensibilité de type 1 (HS1) dite
IgE-médiée, selon la classification de Gell et Coombs. En effet, au cours de cette réaction, ce
sont les immunoglobulines E (IgE), spécifiques d’un allergène, qui activent les premières
cellules de la cascade allergique, les mastocytes. Ceux-ci libèrent, entre autres, de l’histamine,
qui est le principal médiateur de la réponse allergique immédiate ; d’autres médiateurs y sont
également impliqués. Tous ces messagers chimiques participent à une cascade de réactions
complexes dont résultent à la fois symptômes spécifiques et signes d’hyperréactivité non
spécifiques.
Nous étudierons tout d’abord les principaux acteurs de la réponse allergique (cellulaires
et non cellulaires) avant d’aborder son déroulement chronologique à l’échelle cellulaire.
73
A) LES DIFFERENTS ACTEURS DE LA REACTION ALLERGIQUE [19, 37, 64]
1.
Les cellules présentatrices d’antigènes (CPA)
a) Les cellules dendritiques (DC)
i) Origine
Les cellules dendritiques dérivent de cellules souches hématopoïétiques qui se
différencient majoritairement en un précurseur myéloïde (commun aux granulocytes),
aboutissant aux macrophages et aux cellules dendritiques interstitielles et aux cellules de
Langerhans. La voie de différenciation minoritaire est celle du précurseur lymphoïde
(commun aux lymphocytes) qui aboutit aux cellules dendritiques plasmocytoïdes. Ces deux
voies sont influencées par des signaux biochimiques différents.
Encore immatures, Les DC quittent la moelle osseuse pour migrer vers les différents
tissus.
ii) Structure
Ce sont des cellules mononucléées dites dendritiques puisqu’elles possèdent des
prolongements cytoplasmiques appelés « dendrites ». Ceux-ci permettent d’augmenter la
surface de contact avec le milieu extracellulaire afin de capter les antigènes dans les tissus et
de les présenter par la suite aux lymphocytes T (LT).
La structure cellulaire est différente selon l’état de maturation : cette distinction repose
entre autres sur le profil sécrétoire des cytokines, les récepteurs exprimés à la surface cellulaire
et leur fonction.
iii) Activation et rôle dans la réaction allergique
Les DC immatures sont présentes dans tous les tissus et forment un réseau
particulièrement dense au niveau de la muqueuse respiratoire, avec une répartition
décroissante des voies respiratoires supérieures vers les bronches. Elles assurent le rôle de
sentinelle du système immunitaire. Lors du contact avec une substance étrangère ou un agent
infectieux, les DC la captent par phagocytose ou endocytose, puis migrent vers les ganglions
lymphatiques de drainage via les vaisseaux lymphatiques.
74
Au cours de cette migration, elles achèvent leur maturation et participent à la
présentation de l’antigène en présence des molécules du complexe majeur d’histocompatibilité
de type 2 (CMH 2). Les DC matures expriment à leur surface des molécules importantes pour
l’interaction avec les LT puisqu’elles interviennent dans la co-stimulation : il s’agit du CD28,
du B7, du CD40 et de son ligand.
La présentation de l’antigène aux lymphocytes TCD4+ naïfs a lieu dans la zone T des
ganglions. Les DC orientent par ailleurs la polarisation des cellules T spécifiques : soit vers un
profil de sécrétion de cytokines de type Th1, soit vers un profil sécrétoire de type Th2, soit
vers des cellules T dites régulatrices. Au cours de la réaction allergique, les LT activés ont un
profil Th2 ; néanmoins, les mécanismes par lesquels les cellules dendritiques induisent cette
différenciation ne sont pas connus. Plusieurs hypothèses ont été formulées : celle d’une costimulation ou encore celle de l’activation d’une sous-population NK1.1+ des LTCD4+ qui
produisent une quantité initiale importante d’interleukine 4 (IL4).
b) Les monocytes et macrophages
i) Origine
Ce sont des phagocytes mononucléés issus de la différenciation de précurseurs
myéloïdes dans la moelle osseuse. Ils sont présents dans le sang circulant sous forme de
monocytes dont une partie migre dans les tissus où ils se différencient sous forme de
macrophages.
ii) Activation et rôle dans la réaction allergique
Les macrophages jouent un rôle majeur dans l’inflammation. Une fois activés, ils
sécrètent des facteurs de croissance et des cytokines dont l’IL 1, 6 et 8 et le TNF-alpha. Leur
niveau d’activation dépend des LT activés.
Ils peuvent également jouer le rôle de cellule présentatrice d’antigène, dans des
proportions moindres que les cellules dendritiques.
75
2.
Les lymphocytes T (LT)
a) Origine
Les LT dérivent de précurseurs lymphoïdes issus de la moelle osseuse à partir de cellules
souches hématopoïétiques. Ces précurseurs T migrent ensuite vers le thymus où a lieu, au
niveau du cortex, la synthèse du récepteur T (TCR, pour « T-cell receptor »), par
réarrangement aléatoire productif des gènes codants de façon indépendante de tout antigène.
Cela aboutit à des LT immatures exprimant par ailleurs les récepteurs CD4+ et CD8+.
Les LT subissent alors une première sélection dite « positive », nécessitant pour leur
survie la reconnaissance des molécules du CMH par le TCR : en cas de reconnaissance des
molécules du CMH de type 1, les LT deviennent LT CD8+, s’il y a reconnaissance du CMH
de type 2, les LT deviennent LT CD4+. En l’absence de reconnaissance, les LT sont éliminés
par apoptose et phagocytose.
Puis, au niveau de la zone médullaire du thymus, les LT subissent une deuxième
sélection dite « négative » : c’est-à-dire qu’en cas de reconnaissance par le TCR du complexe
CMH-antigène du soi présenté par des CPA, le LT est ou détruit ou anergique devenant alors
un LT régulateur.
Après cette double sélection, les lymphocytes T sont matures et quittent le thymus pour
rejoindre les organes lymphoïdes secondaires : les ganglions et la rate. Ils sont dits naïfs tant
qu’ils ne sont pas activés.
b) Structure
Ce sont des cellules mononucléées dont le principal récepteur est le TCR synthétisé de
façon définitive dans le thymus. Il s’agit d’un complexe fait de 2 parties : Ti, qui reconnait
l’antigène, et la molécule CD3 qui transduit le signal une fois l’antigène fixé.
Par ailleurs, les lymphocytes T expriment des co-récepteurs de type CD4+ ou CD8+
selon le type de lymphocyte. Les lymphocytes TCD4+ assurent la coordination de la réponse
immunitaire et orientent son profil selon les co-stimulations : on parle de cellule « T helper »
soit de type 1 (Th1 : les cytokines produites orientent vers une réponse à médiation cellulaire),
soit de type 2 (Th2 : réponse à médiation humorale). Les lymphocytes TCD8+ sont dits
cytotoxiques.
76
Les lymphocytes (T et B) expriment d’autres récepteurs (CD25, CD45, CCR7…) qui
interviennent dans diverses interactions. Ils ne contiennent pas de granules de médiateurs
préformés.
c) Activation et rôle dans la réaction allergique
Les LT figurent parmi les cellules de l’immunité spécifique.
L’activation du LTCD4+ naïf se fait dans la zone T des organes lymphoïdes secondaires,
essentiellement les ganglions : le récepteur T reconnait le complexe CMH de type 2 – antigène
présenté par une cellule présentatrice d’antigène (cellule dendritique, macrophage ou
lymphocyte B). Un LT ne peut pas reconnaître un antigène soluble seul. Pour ce faire, une costimulation est indispensable ; elle est assurée par l’IL2 qui se fixe sur son récepteur
membranaire de haute affinité, le CD25. Une fois activé, le LTCD4+ naïf devient LTCD4+
effecteur spécifique de l’antigène ; certains deviennent LTCD4+ mémoires.
Au cours de la réaction allergique, les lymphocytes T activés produisent des cytokines,
essentiellement les interleukines 4 et 10, ce qui oriente la réponse immunitaire vers un profil
Th2 favorisant ainsi le développement des lymphocytes B et la synthèse d’anticorps,
principalement des IgE.
3. Les lymphocytes B (LB)
a) Origine
Les lymphocytes B (LB) sont issus de précurseurs lymphoïdes médullaires. A la
différence des LT, ils effectuent l’ensemble de leur maturation dans la moelle osseuse (chez le
fœtus, la lymphopoïèse B se fait également dans le foie). Les cellules stromales de la moelle
osseuse jouent un rôle important aux différentes étapes de la maturation des cellules B
(production de cytokines et de facteurs de croissance). Les LB immatures expriment une IgM
membranaire.
Au cours de la dernière étape de leur maturation, les LB sont sélectionnés en fonction de
leur capacité à reconnaitre ou non un antigène du soi (via l’IgM membranaire) :
- en cas de reconnaissance, plusieurs réactions sont possibles : soit la mort cellulaire par
apoptose, soit l’anergie ou ignorance ultérieure de l’antigène, soit il s’effectue une correction
du récepteur suivie d’une nouvelle sélection ;
- en cas de non reconnaissance, le LB survit et synthétise en plus de l’IgM une IgD
membranaire. Le LB devient alors mature et quitte la moelle osseuse pour rejoindre les
77
organes lymphoïdes secondaires. Ces derniers seront le siège de nouveaux contacts
antigéniques.
b) Structure
Le principal récepteur membranaire est le BCR, « B-cell receptor », assurant une
reconnaissance d’épitopes de surface. Il s’agit d’une immunoglobuline membranaire.
D’autres molécules sont exprimées par les LB en particulier des molécules du CMH de
type 2 ce qui leur permet de jouer le rôle de cellule présentatrice d’antigène pour les LT.
c) Activation et rôle dans la réaction allergique
Les lymphocytes B sont des acteurs de l’immunité spécifique. En l’absence de contact
avec un antigène, ils circulent entre les organes lymphoïdes et la périphérie ; puis, ils meurent
finalement par apoptose.
Le LB mature est capable de reconnaitre un antigène spécifique soluble sans implication
du CMH. Une fois le BCR activé par la fixation de l’antigène, il y a internalisation et
présentation de l’antigène au lymphocyte T spécifique dans la zone T des organes lymphoïdes
secondaires.
Ensuite, le LTCD4+ activé favorise la prolifération, la survie et le développement du
clone B sélectionné. Certaines cellules B deviennent LB-mémoires tandis que les autres
migrent vers les tissus où elles se transforment en plasmocytes. Ces derniers sécrètent des
immunoglobulines spécifiques identiques au récepteur B membranaire.
Une commutation isotypique est possible pour le lymphocyte B mais pas pour le
plasmocyte.
Cela
correspond
au
changement
d’isotype,
c’est-à-dire
du
type
d’immunoglobuline sécrétée. C’est un mécanisme qui se déroule à l’échelle du génome
cellulaire, par réarrangement de gènes et qui est sous l’influence de l’environnement en
cytokines, en particulier les IL 4 et 9.
4. Les mastocytes
a) Origine
Les mastocytes dérivent de progéniteurs hématopoïétiques issus de la moelle osseuse et
circulant dans le sang. Ces précurseurs migrent ensuite dans les tissus où ils se différencient en
78
mastocytes. Ceux-ci s’accumulent autour des vaisseaux et des terminaisons nerveuses sans
migration ultérieure ; on ne retrouve donc pas de mastocytes matures dans la circulation
sanguine. Des cytokines interviennent dans leur prolifération et leur différenciation in situ (IL
3, 4, 9 et 10). Leur durée de vie est de quelques semaines.
b) Structure
La maturation des mastocytes dépend de l’environnement dans lequel ils se trouvent. On
distingue deux types de mastocytes selon leur localisation anatomique, leur équipement
enzymatique et leur profil de sécrétion de cytokines :
Les deux types de mastocytes.
Mastocytes muqueux
Mastocytes séreux
alvéoles respiratoires,
et muqueuse digestive
l’ensemble des autres tissus,
essentiellement le revêtement
cutané et les voies aériennes
Enzymes contenues
dans les granules
tryptase
tryptase, cathepsine G,
carboxypeptidases, chymase…
Profil de sécrétion
des cytokines
essentiellement
IL 5, 6 et 7
essentiellement IL 4
Localisations
anatomiques
Au niveau de leur membrane cytoplasmique, les mastocytes expriment un certain
nombre de molécules leur permettant d’interagir avec le milieu extracellulaire. Entre autres :
- les récepteurs pour les IgE, dont nous détaillerons plus loin les caractéristiques ;
- les récepteurs CD 40, leur permettant une coopération avec les lymphocytes B ;
- les récepteurs CCR-3 qui peuvent recevoir différents ligands dont l’éotaxine et les MCP-1
et 4 qui sont des chimiokines ;
- le récepteur c-kit : c’est une tyrosine membranaire appartenant à la famille des récepteurs
pour facteurs de croissance. Son ligand est le « stem cell factor » (SCF) qui joue un rôle
majeur dans la survie, la prolifération et la différenciation des cellules hématopoïétiques et
des mastocytes. Ce facteur de croissance est produit par différentes cellules dont les
fibroblastes et les mastocytes eux-mêmes ;
- les intégrines : ce sont des molécules d’adhérence par l’intermédiaire desquelles la matrice
extra-cellulaire module l’activité des mastocytes.
79
La microscopie électronique met en évidence des granulations cytoplasmiques qui
contiennent des médiateurs préformés : l’histamine, des cytokines de profil Th2 (IL4, 5 et 13),
des cytokines pro-inflammatoires (IL 6, 8 et 10), le TNF-alpha, des enzymes dont la tryptase
et des facteurs de croissance comme le GM-CSF. L’histamine et la tryptase sont à l’origine
des manifestations précoces tandis que d’autres médiateurs initient la réponse inflammatoire
secondaire, dite retardée, par le biais d’autres cellules effectrices.
La tryptase est retrouvée de façon spécifique dans les mastocytes humains. La détection
de tryptase dans les liquides biologiques témoigne de l’activation mastocytaire.
c) Activation et rôle dans la réaction allergique
Les mastocytes sont les principaux acteurs de la réaction allergique en participant non
seulement à sa phase immédiate mais aussi à sa phase tardive qu’ils initient en tant que
cellules « immunorégulatrices ».
Ils
interagissent
en
permanence
avec
leur
environnement, aussi bien avec la matrice extra-cellulaire qu’avec les différents acteurs
cellulaires.
L’activation des mastocytes peut se faire selon un mécanisme IgE-médié ou
indépendamment des IgE. Cette activation aboutit à la libération rapide du contenu des
granules intracytoplasmiques par exocytose. Au cours de l’activation IgE-médiée, c’est la
fixation sur le récepteur de haute affinité des IgE liées à leur allergène spécifique qui active les
mastocytes. Néanmoins, ces derniers peuvent être activés sans intervention des IgE, par action
directe de certains antigènes ou d’agents pathogènes. Les proportions relatives de chacune de
ces voies d’activation des mastocytes ne sont pas connues.
La libération de cytokines pro-Th2 par le mastocyte oriente la réponse inflammatoire
vers une médiation humorale. La tryptase augmente la réactivité des muscles lisses
bronchiques, participe à l’œdème par exsudation plasmatique et facilite le recrutement des
polynucléaires éosinophiles.
Les mastocytes activés synthétisent et sécrètent des dérivés des phospholipides
membranaires : des prostaglandines, des leucotriènes et des facteurs d’activation plaquettaire
« PAF ». Ceux-ci interviennent dans les phénomènes vasomoteurs initiaux et le
chimiotactisme. Les mastocytes sécrètent aussi des cytokines dont le principal rôle est de
préparer la réponse inflammatoire secondaire. Par ailleurs, il existe un phénomène d’autoentretien puisque les mastocytes libèrent certaines cytokines qui participent à leur stimulation
80
soit directement soit indirectement en favorisant la commutation isotypique des IgM en IgE.
Enfin, les mastocytes peuvent présenter un allergène aux lymphocytes T CD4+ et CD8+ en le
couplant à une molécule du CMH de type 2, devenant ainsi une cellule présentatrice
d’antigène.
5. Les polynucléaires basophiles
a) Origine
Ce sont des cellules qui se différencient au niveau de la moelle osseuse à partir d’un
précurseur myéloïde. Elles circulent à l’état mature dans le sang où elles constituent une
fraction infime des leucocytes. En temps normal, on ne les retrouve pas dans les tissus. En
revanche, en cas d’inflammation, les polynucléaires basophiles s’accumulent au niveau du site
inflammatoire attirés par les cytokines et chimiokines sécrétées. C’est pourquoi ces cellules
sont présentes dans les poumons et les expectorations du patient asthmatique ainsi que dans la
muqueuse nasale et les sécrétions de patients souffrant de RA.
Leur développement et leur survie sont sous la dépendance de différentes molécules dont
l’interleukine 3.
b) Structure
Les basophiles possèdent, entre autres, au niveau de leur membrane cytoplasmique des
récepteurs de haute affinité pour les IgE (FcεRI). Tout comme les mastocytes, ils contiennent
des granules intracytoplasmiques qui renferment des enzymes différentes de celles produites
par les mastocytes (élases, bêta-glucuronidases…), des cytokines et du TNF-alpha.
c) Activation et rôle dans la réaction allergique
Les polynucléaires basophiles du sang circulant sont attirés par chimiotactisme au
niveau du site inflammatoire grâce aux chimiokines libérées par la dégranulation des
mastocytes et grâce à la vasodilatation qui favorise leur migration.
Une fois les récepteurs membranaires de haute affinité des IgE activés, les basophiles
libèrent le contenu des granulations et produisent des cytokines (essentiellement les IL 4 et 13)
qui amplifient la réponse inflammatoire.
81
6. Les polynucléaires éosinophiles
a) Origine
Les polynucléaires éosinophiles sont issus de la maturation de précurseurs myéloïdes,
puis ils migrent dans la circulation sanguine où ils se retrouvent en petite quantité. A l’état
normal, contrairement aux basophiles, les éosinophiles sont présents dans les muqueuses
respiratoires et digestives. Chez les sujets souffrant de RA, on les retrouve en grande quantité
dans l’épithélium et la sous-muqueuse nasale.
b) Structure
Selon leur état d’activation, les éosinophiles peuvent exprimer des récepteurs
membranaires pour les IgE (de haute et de faible affinité). Ils expriment aussi des récepteurs
pour des IgG et des IgA sécrétoires. Les éosinophiles renferment dans leur cytoplasmes des
granules de molécules préformées : elles contiennent des hydrolases, communes aux
polynucléaires et des protéines spécifiques (« eosinophil cationic protein », « eosinophil
peroxydase »…).
c) Activation et rôle dans la réaction allergique
La maturation, la différenciation, l’activation et la survie des éosinophiles sont fortement
influencées par l’interleukine 5. Les polynucléaires éosinophiles peuvent être activés par
d’autres médiateurs comme les anaphylatoxines ou encore des molécules issues de la
dégradation des phospholipides membranaires (leucotriènes LTB4, PAF).
Les éosinophiles sont attirés au niveau du site inflammatoire par l’intermédiaire des
chimiokines dont l’éotaxine ; ils vont y être activés ce qui provoque l’exocytose des granules
puis la synthèse et la sécrétion de cytokines et de chimiokines (IL 1, 3, 4, 5, 6, 10, et 13,
éotaxine…) afin de potentialiser la réponse, de favoriser le recrutement cellulaire et de
pérenniser la réaction inflammatoire.
7. Les principaux médiateurs impliqués et leurs effets
a) L’histamine
i) Synthèse
L’histamine est synthétisée à partir d’un acide aminé, l’histidine, par une réaction de
décarboxylation catalysée par la L-histidine décarboxylase. Il s’agit d’une amine hydrophile
82
vasoactive synthétisée et stockée dans les granulations des mastocytes : c’est un médiateur
préformé qui est quantitativement le principal médiateur libéré après stimulation
immunologique. Au cours de la phase précoce, l’histamine est fournie par les mastocytes,
alors qu’au cours de la phase retardée, sa synthèse est essentiellement assurée par les
polynucléaires basophiles.
Le système histaminergique est complexe. Il fait intervenir 3 types de récepteurs :
- les récepteurs H1, ubiquitaires,
- les récepteurs H2, responsables de la sécrétion gastrique acide,
- les récepteurs H3, présents essentiellement dans le système nerveux central chez
l’homme au niveau pré-synaptique.
ii) Effets
Ses effets s’expliquent par son action sur ses récepteurs spécifiques :
- action sur les nerfs sensitifs expliquant les éternuements et le prurit ;
- action sur les vaisseaux sanguins (récepteurs H1) à l’origine de la vasodilatation, de
l’exsudation et d’effets coronaires (récepteurs H1 : vasoconstriction / récepteurs H2 :
vasodilatation) ;
- action sur la sécrétion des glandes muqueuses expliquant la rhinorrhée ou encore la
sécrétion d’acide gastrique (récepteurs H2) ;
- action sur les muscles lisses (récepteurs H1) avec bronchoconstriction et majoration du
péristaltisme intestinal ;
- action centrale : d’une part sur les récepteurs H1 entraînant une augmentation de la
vigilance et une diminution de l’appétit ; d’autre part sur les récepteurs H3, occasionnant
une diminution de la libération d’histamine au niveau du système nerveux central et
périphérique.
L’histamine
possède
également
des
propriétés
immunomodulatrices
et
pro-
inflammatoires en participant à l’activation leucocytaire. Cela augmente l’expression de
molécules d’adhésion à la surface des cellules endothéliales et des muqueuses nasales et
bronchiques ainsi que leur production de cytokines et chimiokines (IL 6 et 8).
b) Les cytokines
Les cytokines sont des peptides ou des glycopeptides. Elles sont produites par les
cellules en réponse à des stimulations. Il s’agit de médiateurs ayant divers rôles, assurant en
83
particulier la communication et la coordination intercellulaire. Les cytokines interviennent
aussi dans la croissance, la différenciation et la mort des cellules des systèmes
hématopoïétique et lymphopoïétique.
Le groupe des cytokines comprend différentes molécules dont les rôles sont intercroisés:
-
des interleukines (IL) ;
-
des interférons (IFN) ;
-
des chimiokines ;
-
des facteurs de croissance.
c) Les dérivés des phospholipides membranaires
Ce ne sont pas des médiateurs préformés. Leur synthèse est initiée après l’activation des
mastocytes et des polynucléaires basophiles.
Trois types de médiateurs sont synthétisés à partir des phospholipides membranaires :
-
des prostaglandines, essentiellement du PGD2 dont la synthèse est catalysée par la
cyclo-oxygénase à partir de l’acide arachidonique. Cette synthèse n’est effectuée que
par
les
mastocytes.
Les
prostaglandines
ont
un
effet
vasodilatateur,
bronchoconstricteur. Elles facilitent le recrutement des polynucléaires éosinophiles ;
-
des leucotriènes, surtout le LTC4, dont la synthèse à partir de l’acide arachidonique
dépend de la lipo-oxygénase. Cette enzyme est présente dans les polynucléaires
basophiles et les mastocytes muqueux. Le LTC4 a des effets prolongés sur les muscles
lisses bronchiques et les capillaires sanguins. Il est impliqué également dans le
recrutement des éosinophiles ;
-
le facteur d’activation plaquettaire (PAF, « platelet activating factor ») est produit par
les mastocytes et les basophiles à partir des phospholipides membranaires.
8. Les immunoglobulines E (IgE)
a) Les IgE
Leur rôle physiologique reste mal défini en dehors de la défense contre les parasites.
Dans la pathologie allergique, ils sont impliqués dans l’anaphylaxie.
84
Les immunoglobulines E sont principalement produites par les plasmocytes au niveau
des muqueuses. Leur demi-vie est de quelques jours, se majorant significativement après
fixation à leur récepteur de haute affinité (FcεRI). Le taux plasmatique total normal chez
l’adulte est inférieur à 150 ng/ml, avec une augmentation modérée chez la majorité des sujets
atopiques, sans grand intérêt pour le diagnostic.
Leur synthèse est sous l’influence de l’environnement en cytokines : elle est induite par
les lymphocytes Th2 (produisant de l’IL4 essentiellement et de l’IL13) et inhibée en cas de
profil de type Th1 (cytokines, IFN-gamma, TNF-alpha…).
Les IgE participent à l’amplification de la réponse des lymphocytes T à l’antigène en
induisant ou en amplifiant la synthèse de leur récepteur trimérique à la surface des CPA et des
éosinophiles.
b) Les récepteurs à IgE
L’IgE se fixe sur son récepteur au niveau de son fragment constant. Il y a deux types de
récepteurs aux IgE :
- l’un est dit de haute affinité, c’est le FcεRI : il est exprimé à la surface des mastocytes et
des polynucléaires basophiles. C’est un récepteur tétramérique, monovalent, spécifique des
IgE. L’agrégation d’une centaine de récepteurs suffit à activer la cellule. La densité de
récepteurs à la surface de la cellule est régulée par la concentration locale en IgE. Ainsi,
chez le sujet atopique, cette concentration est élevée, les cellules expriment beaucoup de
récepteurs et sont alors plus sensibles et plus réactives pour des quantités moindres
d’allergènes. Ce récepteur existe sous une forme trimérique présente sur certaines cellules
et induite par les IgE.
- l’autre est dit de faible affinité, c’est le CD23 ou FcεRII. Il existe 2 sous-types : le CD23A,
exprimé par les lymphocytes B et le CD23B, exprimé par les monocytes, les plaquettes et
les éosinophiles. Le CD23 capte les complexes immuns circulants contenant des IgE, les
internalise et facilite ainsi la présentation aux LT.
La réaction allergique comporte deux phases : tout d’abord la phase de sensibilisation
qui est infraclinique et aboutit à la synthèse d’IgE spécifiques de l’allergène, puis la phase
effectrice qui est responsable des manifestations cliniques.
85
B) LE DEROULEMENT DE LA REACTION ALLERGIQUE [19, 37, 64]
1. La phase de sensibilisation
Il s’agit de la première étape de la réaction allergique. Elle aboutit à la formation
d’anticorps IgE spécifiques d’un allergène après des contacts itératifs avec un organisme
prédisposé génétiquement. Cette première phase est totalement asymptomatique et silencieuse.
Sa durée est variable d’un individu à l’autre.
Elle commence avec la pénétration d’un allergène habituellement inoffensif dans
l’organisme (par exemple un pollen) et sa capture par une cellule dendritique dans les tissus.
Celle-ci migre alors vers le ganglion de drainage par le réseau lymphatique en achevant sa
maturation. Dans la zone T du ganglion, la cellule dendritique mature présente un épitope de
l’allergène aux lymphocytes TCD4+ naïfs.
Chez le sujet atopique, un clone de LTCD4 reconnait l’épitope présenté, ce qui active le
lymphocyte. Par ailleurs, les DC induisent une différenciation des LTCD4 activés en « T
helper » de type 2 (Th2) ce qui polarise la réponse inflammatoire vers un profil humoral. En
effet, les LTCD4 Th2 activent à leur tour un clone lymphocytaire B et favorisent sa
prolifération et sa survie grâce notamment à la sécrétion d’interleukines 4 et 10. Cela favorise
la commutation isotypique et la production d’une IgE membranaire spécifique de l’allergène.
Les LB activés migrent ensuite vers les tissus où ils se transforment en plasmocytes pour
sécréter des IgE identiques au récepteur membranaire.
A ce stade, le sujet est dit « sensibilisé » à l’allergène en cause, mais ne présente aucune
manifestation clinique.
2. La phase effectrice
La phase effectrice survient obligatoirement chez un sujet préalablement sensibilisé à
un allergène. Elle fait suite à un énième contact avec celui-ci et se déroule en deux temps.
Tout d’abord, les mastocytes sont activés par la fixation d’un complexe de type IgEallergène-IgE sur les récepteurs membranaires de haute affinité FcεRI. Cela provoque leur
dégranulation libérant de façon brutale et massive une quantité importante de médiateurs
86
préformés développés précédemment. L’histamine et la tryptase sont responsables de la
réponse allergique immédiate (ou précoce) qui correspond à des phénomènes vasomoteurs et à
la contraction des muscles lisses responsable de bronchoconstriction. Cela explique les
manifestations cliniques immédiates localisées au niveau du site de la réaction et notamment
les principaux symptômes de la rhinite allergique.
Une fois activés, les mastocytes produisent des dérivés des phospholipides
membranaires (prostaglandines, leucotriènes, PAF) et des cytokines qui entretiennent les
manifestations cliniques et la stimulation mastocytaire.
Parallèlement, d’autres médiateurs (interleukines et chimiokines) libérés lors de la
dégranulation ou néoformés initient la réponse allergique retardée en favorisant le recrutement
de cellules inflammatoires, au premier rang desquelles figurent les polynucléaires basophiles
et éosinophiles. Ceux-ci amplifient la réponse inflammatoire allergique qui aboutira à la
formation d’un infiltrat cellulaire local.
Même si les mécanismes physiopathologiques mis en jeu dans la rhinite allergique sont
complexes, leur connaissance s’avère importante, à la fois pour adapter la prise en charge
thérapeutique et pour comprendre certaines données épidémiologiques.
87
Annexe 2 : calendrier pollinique de la région Ile de France.
D’après une brochure d’information sur le site internet suivant (consulté en novembre 2009) :
www.stallergenes.fr/patient/brochures-d-informations.html. Calendrier établi à partir des
données d’observation du Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA).
88
Annexe 3 : questionnaire d’aide au diagnostic proposé par l’ARIA.
Questionnaire de la rhinite allergique [17]
Question 1 : avez-vous l’un des symptômes suivants ?
Des symptômes nasaux unilatéraux
OUI
NON
Une rhinorrhée épaisse d’allure purulente*
OUI
NON
Une rhinorrhée abondante et/ou un écoulement nasal postérieur*
OUI
NON
Des douleurs faciales*
OUI
NON
Des épistaxis récurrentes
OUI
NON
Une diminution de l’odorat*
OUI
NON
Question 2 : avez-vous l’un des symptômes suivants pendant au moins une heure par jour
(ou la plupart des jours pendant la saison, si vos symptômes sont saisonniers) ?
Une rhinorrhée aqueuse
OUI
NON
Des éternuements répétés
OUI
NON
Une obstruction nasale
OUI
NON
Un prurit nasal
OUI
NON
Des signes de conjonctivite (yeux rouges, prurit oculaire)
OUI
NON
Les symptômes décrits dans la question 1 ne sont habituellement pas retrouvés dans la RA. La
présence d’un ou plusieurs d’entre eux doit amener à rechercher une autre étiologie. Rhinorrhée
purulente, mouchage postérieur, douleurs faciales et hyposmie sont des symptômes évocateurs de
sinusite. Beaucoup de patients souffrant de sinusite présentent aussi une rhinite ; dans ce cas, le
médecin devra évaluer l’éventualité d’une RA (*).
La présence d’une rhinorrhée aqueuse associée à l’un ou plusieurs des autres symptômes décrits
dans la question 2 est évocatrice d’une RA, et doit amener à réaliser des examens complémentaires.
La présence d’une rhinorrhée aqueuse isolée suggère qu’il s’agit peut-être d’une RA.
Si le patient présente des éternuements, un prurit nasal et/ou une conjonctivite sans rhinorrhée
aqueuse, il faut rechercher un diagnostic différentiel, et/ou adresser le patient à un spécialiste.
Si la RA débute tardivement à l’âge adulte, il faut évoquer et rechercher une origine
professionnelle. La rhinite allergique précède ou accompagne le développement d’un asthme
professionnel. [17]
89
Annexe 4 : questionnaire SFAR « Score for Allergic Rhinitis ». [2]
90
Annexe 5 : questionnaire pour le diagnostic d’asthme chez le patient rhinitique proposé par
l’ARIA. [17]
Patient souffrant de rhinite allergique : il faut
rechercher dans l’anamnèse des signes évocateurs
d’asthme.
Pour cela, il faut lui poser 4 questions simples :
- Avez-vous déjà eu des sifflements respiratoires ?
- Avez-vous déjà eu une toux gênante, en particulier la nuit ?
- A l’effort ou lors d’un exercice physique, toussez-vous ou avez-vous des sifflements
respiratoires ?
- Avez-vous déjà eu une sensation d’oppression thoracique ?
Si OUI à l’une de ces questions, le patient est peut-être
asthmatique
EFR à la recherche d’un asthme
91
Annexe 6 : score pour la recherche d’asthme. [41, 103]
Lorsque vous courez ou montez des escaliers rapidement, cela vous arrive –t-il :
- de tousser ?
Oui
Non
- d’avoir des sifflements dans la poitrine ?
Oui
Non
- d’avoir une sensation d’oppression thoracique ?
Oui
Non
- des sifflements dans la poitrine ?
Oui
Non
- du mal à respirer ?
Oui
Non
- des sifflements dans la poitrine ?
Oui
Non
- du mal à respirer ?
Oui
Non
- dans une salle enfumée ?
Oui
Non
- dans une salle poussiéreuse ?
Oui
Non
Etes-vous parfois réveillé(e) au cours de la nuit par :
Etes-vous parfois réveillé(e) plus tôt le matin par :
Vous arrive-t-il d’avoir des sifflements dans la poitrine :
Puis, il faut compter le nombre de réponses positives :
- de 1 à 2 réponses positives, le patient n’est probablement pas asthmatique ;
- de 3 à 4 réponses positives, un asthme est possible ;
- de 5 à 8 réponses positives, un asthme est probable ;
- enfin, si les 9 réponses sont positives, un asthme est quasi certain.
92
Annexe 7 : diagramme diagnostique. [17, 21, 94]
Tableau clinique
évocateur d’une
RA
Eliminer une autre
étiologie :
infectieuse,
hormonale, physicochimique…
Test multiallergénique
de dépistage
TMA négatif
Autre
étiologie ?
Réévaluer
à distance
TMA positif
Envoi chez
allergologue en
fonction :
- du degré de gène,
- de l’âge du patient,
- de l’impression
clinique,
- à la demande du
patient.
1.Eviction + mise en route du
traitement symptomatique ;
2.Envoi chez l’allergologue :
- en cas de traitement
insuffisant/inefficace,
- si symptômes prolongés,
- si nécessité de prise de
corticoïdes oraux,
- si retentissement sur vie
quotidienne,
- recherche étiologique,
- pour évaluer la nécessité
d’une immunothérapie
spécifique.
93
Annexe 8 : diagramme thérapeutique de la rhinite allergique proposé par l’ARIA. [15, 19]
Recherche
asthme si RA
persistante et/ou
modérée-sévère
Diagnostic de RA
Symptômes intermittents
Symptômes persistants
Légère
Modérée
Modérée à sévère
Anti-H1 de 2° génération
oral ou nasal
Anti-H1 de 2°génération
oral ou nasal
En 1ère intention :
+/-
+/-
vasoconstricteur nasal ou
antileucotriène
CS intranasal
ou vasoconstricteur nasal,
ou antileucotriène
Si RA persistante :
Association CS intranasal + antiH1 oral ou antileucotriène
Réévaluer le patient 2-4 semaines
après :
Amélioration :
réduire le
traitement et
poursuivre 1 mois
revoir le patient 2-4
semaines après :
Amélioration :
poursuivre
1 mois
Pas
d’amélioration :
majorer le
traitement
Majorer
la dose de
CS nasal
Pas d’amélioration :
- évaluer la compliance,
- rechercher une infection
intercurrente,
- rechercher une autre
étiologie.
Rhinorrhée :
ajouter
ipratropium
Obstruction
nasale :
- vasoconstricteur
nasal,
ou
- corticothérapie
orale courte
Echec : avis
chirurgical
+ Eviction de l’allergène en cause et des irritants.
+ prise en charge des symptômes oculaires
(anti-H1 oral ou anti-H1 collyre ou cromone
DESENSIBILISATION
: à envisager avec l’allergologue.
collyre
ou sérum physiologique.
Anti-H1 = antihistaminique H1
CS = corticostéroïdes
94
Annexe 9 : questionnaire réalisé pour notre enquête.
Enquête transversale d’évaluation des pratiques professionnelles concernant la prise en
charge de la rhinite allergique par les médecins généralistes dans le Val de Marne.
Informations VOUS concernant :
Q1. Votre année de naissance : ……………
Q2. Sexe :
M
F
Q3. Année de votre thèse de docteur en médecine : …………..
Q4. Année de votre installation : …………..
Q5. Orientation de votre cabinet (plusieurs réponses possibles):
médecine générale
addictologie, tabacologie
homéopathie
pédiatrie
allergologie
acupuncture
autre, précisez : ………………………………………………...
Q6. Exercez-vous des activités d’enseignement ?
OUI
NON : passez à la question Q7
Si OUI, précisez : ………………………………………………………………………………...
Q7.
Avez-vous une formation en allergologie ?
OUI
Si OUI, précisez :
capacité
certificat
NON : passez à la question Q8
autre, précisez : ……………………….
Informations concernant votre patientèle :
Q8. Quel est le pourcentage de femmes dans votre patientèle ? ………………………………%
Q9. Environ combien de patients compte votre patientèle ? …………………………………..
Q10. Environ combien de patients vous consultent chaque mois ? …………………………….
Q11. Combien de patients vous consultent chaque mois pour une rhinite allergique ?
……………………………………………………………………………………
Les recommandations :
Q12. Connaissez-vous la conférence de consensus « La rhinite allergique et son impact sur
l’asthme » (ARIA en anglais, pour allergic rhinitis and its impact on asthma) réalisée en
collaboration avec l’OMS en 2001, concernant la prise en charge de la rhinite allergique ?
OUI : passez à la Q13
NON : allez à la question Q17
Q13.
Avez-vous reçu « le guide de poche – ARIA 2001 » sur la prise en charge de la rhinite
allergique et son impact sur l’asthme ?
OUI
NON
Q14.
Avez-vous eu connaissance des nouvelles recommandations de 2008 ?
OUI
NON
Q15.
Adhérez-vous aux recommandations sur la rhinite allergique ?
OUI, passez à la Q16
NON, pourquoi ?
elles sont discutables
autre, précisez : ………………………………………
………………………………………………
Q16. Estimez-vous suivre ces recommandations ?
OUI, passez à la Q17
NON, pourquoi ?elles sont : (plusieurs choix possibles)
trop contraignantes
inadaptées
inutiles
autre, précisez :
…………….………………………...
………………………………………
95
Les patients et la rhinite allergique :
Q17. A combien estimez-vous la prévalence de la rhinite allergique dans votre patientèle ?
……………………………………………………………………………… %
Q18. Quelle est la demande des patients venant vous consulter pour une rhinite allergique ?
(plusieurs réponses possibles)
avoir un traitement de fond
consulter un allergologue
obtenir un soulagement rapide et immédiat
connaître l’étiologie de l’allergie
autre, précisez : ……………..…………………………………………………………
Q19. Quels sont, parmi les symptômes ci-dessous, les 5 principaux symptômes présentés par les
patients venant vous consulter pour une rhinite allergique ? (numérotez par ordre de fréquence
dans les cases correspondantes)
Symptômes nasaux :
éternuements
rhinorrhée
prurit nasal/pharyngé
obstruction nasale
hyposmie
sinusite à répétition
Symptômes broncho-pulmonaires :
sifflements respiratoires
oppression thoracique
crise d’asthme
Symptômes oculaires :
hyperhémie conjonctivale
larmoiements
prurit oculaire
œdème des paupières
Retentissement sur la qualité de vie :
fatigue
céphalées
altération des capacités professionnelles/scolaires
perturbations des loisirs/activités sociales
La rhinite allergique et vous :
Q20. Connaissez-vous et utilisez-vous les questionnaires « cliniques » suivants :
le score de la rhinte allergique (SFAR)
j’utilise
je connais mais n’utilise pas
je ne connais pas
le test de contrôle de l’asthme (ACT)
j’utilise
je connais mais n’utilise pas
je ne connais pas
si vous en utilisez d’autre(s), précisez le(s)quel(s) :
……………………………………………………………………………................................
Q21. Si vous n’utilisez aucun de ces questionnaires en pratique courante, pourquoi ?
(plusieurs réponses possibles)
c’est inutile
cela prend trop de temps
je n’ai pas accès à ces questionnaires
ils ne sont pas fiables
autre, précisez : …………………………………………………………………………..
Q22. Connaissez-vous la classification de la rhinite allergique ?
OUI
NON
Q23. Selon vous, la rhinite allergique est-elle un facteur de risque d’asthme?
OUI
NON
96
Q24. Quand vous suspectez l’origine allergique d’une rhinite chez un patient, prescrivez-vous un
bilan biologique ?
OUI
NON, passez à la Q25
Si OUI, le(s)quel(s) :
NFS avec dosage des polynucléaires éosinophiles
dosage des IgE totales
dosage d’IgE spécifiques
Phadiatop®
autres, précisez :…………………………………………………….……………………..
Q25. Quand adressez-vous chez un allergologue un patient que vous suspectez allergique ? (plusieurs
choix possibles)
sur demande du patient
dès suspicion de l’origine allergique de la pathologie
quand la maladie n’est pas maitrisable par un traitement symptomatique
si les tests biologiques sont en faveur d’une origine allergique
jamais
j’exerce en tant qu’allergologue
autre, précisez : ……………………………………………………………………….
Q26. Face à un patient ayant une rhinite allergique persistante, faites-vous faire une recherche
d’asthme par exploration fonctionnelle respiratoire ?
OUI, passez à la Q27
NON,
pourquoi ? (plusieurs choix possibles)
inutile
il n’y a pas de signe évocateur
je ne sais pas où le faire faire
autre, précisez : …………………………………
…………………………………..……………
Q27. Sur quels critères faites-vous effectuer la recherche d’asthme (EFR) ? (plusieurs choix possibles)
présence d’une rhinite allergique
oppression thoracique
toux nocturne
dyspnée d’effort
respiration sifflante
autres, précisez :
…..…………………………..................
…………………………………………
Q28. Réciproquement, recherchez-vous une rhinite chez un patient souffrant d’asthme ?
OUI
NON
Q29. Connaissez-vous le calendrier pollinique de votre région ?
OUI, passez à la Q30
NON,
pourquoi ? (plusieurs choix possibles)
j’estime ne pas être bien informé par la Région
je n’ai pas le temps
je ne sais pas où chercher
c’est inutile
je ne sais pas ce que c’est
autre,
précisez :………………………………………..
97
Q30. Parmi les traitements médicamenteux suivants, numérotés de 1 à 9, le(s)quel(s) prescrivez-vous en
1ère intention devant une rhinite allergique ?
1.
2.
3.
4.
anti-histaminique per os
anti-histaminique intranasal
corticostéroïde intranasal
corticostéroïde oral
5.
6.
7.
8.
9.
corticostéroïde intramusculaire
cromones
anti-leucotriènes
décongestionnant intranasaux
anticholinergiques intranasaux
Reportez le(s) numéro(s) correspondant(s) : jusque 5 réponses possibles (par ordre de prescription)
……… , ……… , ……… , ……… , ……… .
Q31. Si vous faites une/des association(s) de plusieurs médicaments, précisez la/lesquelle(s) :
(reportez les numéros correspondants/jusque 4 médicaments associés)
1) ...............+..............+...............+ ................
2) ...............+..............+...............+.................
3) ...............+………..+………...+………….
Q32. Avez-vous déjà pratiqué une désensibilisation ?
OUI
NON
Q33. Quelle est, selon vous, la place de la désensibilisation dans la prise en charge médicale de la
rhinite allergique, en terme d’efficacité ?
très efficace
efficace
peu efficace
inefficace
Pourquoi ? …………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………
Q34. Avez-vous déjà délivré un arrêt de travail en raison d’une rhinite allergique ?
OUI
NON, passez à la Q35
Si OUI, pour quelle durée moyenne ?
Précisez le nombre de jours d’arrêt de travail : ………………………….. jours.
Q35. Quel est, selon votre point de vue et votre expérience, l’impact de la rhinite allergique sur la
qualité de vie ?
peu important
assez important
très important
je ne sais pas
98
L EXIQUE
Allergène : antigène qui induit une hypersensibilité ou des réactions allergiques [64].
Allergie : réaction symptomatique à un environnement antigénique normalement inoffensif.
Elle résulte de l’interaction de l’antigène avec des anticorps ou des cellules T sensibilisées par
des expositions antérieures à cet antigène [64].
Anaphylaxie : augmentation de la sensibilité de l’organisme à une substance étrangère après
que celle-ci y a été introduite. Cet état d’anaphylaxie n’apparait qu’après un certain temps
après le premier contact avec l’antigène […]. Un contact ultérieur avec le même antigène
déclenchera aussitôt, chez le sujet ainsi sensibilisé, des accidents parfois simplement désignés
par le mot anaphylaxie […] [54].
Anergie : disparition de l’allergie et, par suite, disparition de la faculté de réaction vis-à-vis
d’une substance pour laquelle l’organisme était antérieurement en état d’allergie […] [54].
Antigène : toute substance qui, apparaissant dans un organisme qui ne la possédait pas,
provoque chez celui-ci la formation d’un anticorps spécifique avec lequel elle peut se
combiner de façon élective. Un antigène peut aussi induire une réaction d’hypersensibilité
retardée ou une réaction de tolérance immunitaire […] [54].
Apoptose : processus actif d’autodestruction par fragmentation de certaines cellules
aboutissant à leur phagocytose. Cette mort cellulaire, contrairement à la nécrose, n’est pas
consécutive à une agression, mais génétiquement programmée [54].
Atopie : aptitude à présenter, isolées ou associées, un certain nombre de manifestations
cliniques (rhinite allergique, asthme, urticaire, eczéma constitutionnel, allergies alimentaires
etc.) au contact d’allergènes banals, inoffensifs pour des sujets normaux […] [54].
Cellules présentatrices d’antigènes (CPA) : cellules hautement spécialisées qui apprêtent les
antigènes et présentent les fragments peptidiques à la surface cellulaire associés à des
molécules requises pour l’activation des lymphocytes T. Les principales CPA sont les cellules
dendritiques, les macrophages et les lymphocytes B [64].
Cellules souches : éléments les plus jeunes des lignées formatrices des cellules du sang qui se
trouvent normalement dans les organes hématopoïétiques où ils se renouvèlent et se
différencient : dans le tissu myéloïde (moelle osseuse) pour ceux qui vont évoluer vers les
lignées des globules rouges, des leucocytes granuleux, des monocytes et des plaquettes ; dans
les organes lymphoïdes pour ceux qui vont donner les lymphocytes […] [54].
Chimiokines : cytokines produites lors de la réaction inflammatoire et ayant notamment un
rôle chimiotactique (ex. : MCP-1) [54].
Clone : groupe de cellules de même constitution génétique issues d’une seule cellule [54].
99
Complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) : correspond à l’acronyme anglais HLA
(pour human leukocyte antigen). Principal système de groupes tissulaire chez l’homme établi
selon des critères sérologiques et génétiques. Il s’agit d’un système complexe multigénique et
multiallélique. Les antigènes leucoplaquettaires, dont il existe au moins 150 millions de
combinaisons siègent sur la membrane des cellules et dépendent de gènes situés sur la sixième
paire de chromosomees. Le CMH est responsable, en autres, de l’histocompatibilité ; sa
transmission héréditaire est autosomique dominante. Les antigènes HLA sont présentés par
des molécules de classe I ou II du CMH [54].
Cytokine : médiateur glycoprotéique, permettant à certaines cellules de communiquer entre
elles. Contrairement aux hormones, les cytokines, émises par des cellules isolées, ont une
action essentiellement locale de type autocrine ou paracrine [54].
Epitope : site d’un antigène reconnu par un anticorps ou un récepteur à l’antigène ; les
épitopes sont aussi appelés déterminants antigéniques […] [64].
Hypersensibilité : état d’un organisme apte à présenter des manifestations pathologiques lors
d’une rencontre antigène-anticorps ; les termes d’anaphylaxie, d’allergie, d’immunité sont
parfois employés dans ce sens. La classification de Gell et Coombs définit quatre types
schématiques d’hypersensibilités, mettant en jeux des mécanismes différents : le type 1 est
l’hypersensibilité immédiate ; le type 2 est l’hypersensibilité cytotoxique ; le type 3 est
l’hypersensibilité semi-tardive ; le type 4 est l’hypersensibilité retardée, à médiation cellulaire
[54].
Immunité à médiation cellulaire : immunité assurée par les lymphocytes T sensibilisés de
façon spécifique contre un antigène et agissant sur celui-ci à son contact par cytotoxicité ou en
libérant des médiateurs non spécifiques […] [54].
Immunité à médiation humorale : immunité assurée par les anticorps […] sécrétés par les
plasmocytes [77].
Immunoglobuline : nom sous lequel on désigne diverses globulines appartenant au groupe
des gammaglobulines, présentes dans le sérum et dans divers liquides biologiques, douées
d’une activité anticorps et possédant une structure et une activité biochimiques analogues.
Elles jouent un rôle essentiel dans la défense de l’organisme contre les agressions. Il existe
cinq classes d’immunoglobulines : les IgG, IgA, IgM, IgD et IgE […]. [54]
Intégrine : récepteur membranaire […] intervenant dans l’adhérence cellulaire […] [54].
Isotype : immunoglobuline présentant les mêmes caractères spécifiques chez tous les
individus d’une même espèce [54].
Lymphocytes mémoires : lymphocytes dont dépend la mémoire immunologique. Ils sont plus
sensibles à l’antigène que les lymphocytes naïfs et répondent rapidement quand ils entrent à
nouveau en contact avec l’antigène qui les a induits initialement [64].
100
Organe lymphoïde : organes où naissent, mûrissent et se transforment les lymphocytes. On
distingue les organes lymphoïdes primaires (thymus, moelle osseuse) des organes lymphoïdes
secondaires (ganglions lymphatiques, amygdales, plaques de PEYER…) [54].
Phagocytose : absorption de particules solides par une cellule […] [54].
Pneumallergène : allergène capable de déclencher, lorsqu’il est inhalé, des réactions
allergiques au niveau de l’appareil respiratoire [54].
Polysensibilisation : sensibilisation à plusieurs antigènes [54].
Prick-test : test épicutané mettant en évidence une hypersensibilité immédiate. C’est une
variante de la cuti-réaction effectuée en piquant l’épiderme de la face antérieure de l’avantbras avec une aiguille à pointe courbe, à travers une goutte de solution d’allergènes. Test
rapide dont la lecture se fait quinze à vingt minutes après sa réalisation [54].
Trophallergène : antigène absorbé par voie digestive et capable de déclencher une réaction
immunologique [54].
101
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