L'exemple des passériformes
Il s’agit du groupe des passereaux. Le nom « Passériforme » vient de passer domesticus,
nom scientifique du moineau domestique. Immense, ce groupe compte 93 familles pour
plus de 6 000 espèces. Au muséum, les visiteurs pourront ainsi découvrir les corvidés,
dont font partie la pie bavarde ou la corneille noire ; les paridés, avec la mésange bleue
ou la mésange charbonnière ; les fringillidés avec le pinson des arbres ou le chardonneret
élégant, et bien d’autres encore.
Dossier
La nouvelle muséographie est développée autour
des mammifères, oiseaux et crocodiles. Elle est
très largement inspirée des travaux de Guillaume
Lecointre et Hervé Le Guyader**. Ainsi, les animaux
sont présentés par groupe (rongeurs, primates,
gruiformes, passériformes...) selon la classification
moderne des espèces. Pour résumer, les espèces qui
appartiennent à un même groupe ont des caractères
communs, hérités d’un ancêtre commun à toutes les
espèces du groupe et à elles seules.
L’évolution des classifications
Très tôt dans l’histoire il est apparu nécessaire
de nommer et classer les plantes et animaux pour
apprendre à les identifier. Il s’agissait alors de
reconnaître des plantes aux vertus médicinales, des
animaux à chasser ou pêcher...
Dès l’Antiquité, on a tenté de classer
le monde vivant d’après des critères
observables : taille, forme, couleur... pour
rassembler ensuite, dans un même
groupe, des espèces ayant des caractères
communs. Ainsi ont été regroupés
canards, cygnes et oies ayant tous
pattes palmées, corps massif, large bec
aplati et plumage imperméable.
Au 18e siècle, de grands naturalistes tels que
Tournefort, puis Linné, s’appuient sur ce principe
pour déterminer un ordre naturel du vivant qui serait
d’origine divine. Ils organisent le monde vivant selon
un système hiérarchisé : règne, classe, ordre, famille,
genre, espèce...
Après Darwin, la classification moderne des espèces
Au 19e siècle, Charles Darwin bouleverse l’ordre
établi avec sa théorie de l’évolution. On comprend
alors que la ressemblance entre espèces n’est pas
le fruit du hasard ni une volonté divine mais qu’elle
est due aux caractères hérités d’un ancêtre commun.
La classification devient le reflet de l’histoire de
l’évolution du vivant.
Il faudra attendre encore un siècle, avec Willi Hennig
en 1950, avant d’avoir une méthode opérationnelle
pour obtenir des classifications conformes à la théorie
de l’évolution. Hennig a compris qu’il fallait raisonner
uniquement avec des groupes comportant un ancêtre
commun et l’ensemble de ses descendants (et non
seulement une partie de ses descendants comme on
le faisait avant).
En parallèle, la biologie moléculaire connaît son
avènement avec notamment la découverte de la
structure de l’ADN dans les années 1950, puis celle
de son séquençage 20 ans plus tard.
Aujourd’hui, on ne s’appuie plus seulement sur
des caractères observables (forme du bec, couleur,
taille...) pour classer le vivant mais également sur
la comparaison de chaînes moléculaires, traitées
informatiquement, et pour lesquelles on obtient des
informations complémentaires en grande quantité.
Toutes ces avancées récentes, méthodologiques et
techniques, ont conduit à un bouleversement important
des classifications ces trente dernières années. Ce
domaine de recherche encore très actif peut induire
des changements sur nos connaissances actuelles
dans les années à venir.
** Auteurs de Classification phylogénétique du vivant,
aux éditions Belin
Press’Troyes | Janvier 2016 | n°24814
Chardonneret élégant
(Carduelis carduelis)
Le chardonneret se nourrit de graines et apprécie
particulièrement les « mauvaises herbes ».
Il tire son nom de son habitude de consommer,
en été, des graines de chardon.
Épervier d’Europe
(Accipiter nisus)