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est souvent bon signe.
Il faut dire que mon caractère y est pour beaucoup. J’ai cultivé, en une
dizaine d’années
de
publication (L’impureté de Dieu parut en 1991), ces trois
qualités qui selon Chateaubriand définissent l’homme d’honneur: la pauvreté, le
combat, l’indépendance.
Je me souviens de la voix pointue de cet éditeur, à l’époque où je tentais
désespérément de faire publier en revue mes pauvres productions, m’expliquant
au téléphone que son comité avait du mal à cerner ma personnalité. Ce qui
justifiait un refus me sembla un grand compliment. J’ai toujours pris garde,
depuis, à demeurer hautement indiscernable.
L’autre raison de l’inimitié que suscitent manifestement mes textes tient, à
l’évidence, aux éloges répétés et circonstanciés que j’ai faits du judaïsme.
En France, la pensée juive reste mal vue.
En 1866, Arsène Darmesteter constatait:
« Rien n’égale l’importance du Talmud, si ce n’est
l’ignorance où l’on est à son égard. Que connaît-on généralement
de ce livre? Le
nom,
tout
au plus. On sait vaguement que c’est
une œuvre immense, étrange, bizarre, écrite dans un style plus
bizarre encore, où l’on voit amassées, dans l’incohérence du plus
complet désordre, toutes sortes de connaissances plus ou moins
exactes, de rêveries et de fables. »
Cela demeure valable après un siècle et demi. Il existe pourtant
d’excellents textes d’initiation, à commencer par les lectures talmudiques
d’Emmanuel Lévinas, certes tirées du côté de sa propre méditation éthique, mais