COMMISSIONS POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX MONASTIQUE
BULLETIN DES COMMISSIONS FRANCOPHONES
N° 47 - Janvier 2013
1
Editorial
L’année 2012
s’est achevée en France par une mobilisation commune aux quatre grandes
religions : Judaïsme, christianisme, musulmans et bouddhistes concernant un projet de loi.
Nous ne pouvons que nous féliciter de cette avancée du dialogue
50 ans après le concile de
Vatican II. Beaucoup d’activités sont encore en chantier
pour la lutte contre la violence, la
précarité économique grandissante et la bonne entente entre les peuples. Les efforts de nos
commissions du Dim nous encouragent à œuvrer pour la connaissance et la reconnaissance de
nos frères des autres religions. Pour cette année, nos abbayes proposent des programmes de
réflexion et d’enseignement qui s’annoncent prometteurs. Au mois d’octobre prochain, les
moines et moniales du Dim-francophone pourront se rencontrer en vue d’approfondir
et réactualiser notre mission de dialogue interreligieux.
Nous vous souhaitons une belle et fructueuse année 2013
Sr Marie Pinlou - osb - urt
Belgique :
Monseigneur Fitzgerald est passé à l’Abbaye de la Paix Notre-Dame à Liège.
« Je suis arrivé le 25 avril 2006 en Egypte pour y être nonce, et je suis rentré le 23 octobre 2012. »
C’est ainsi que Monseigneur a commencé sa conférence sur l’Egypte.
Généralités
L’Egypte est un des plus grands pays africains, ils sont plus dirigés vers l’Orient que vers l’Afrique. Ils
sont fort tournés vers le Nil, sans lui, pas de subsistance. C’est la seule partie habitée, surpeuplée, plus de
84 millions de personnes dans un espace assez réduit Caire :18 millions, Alexandrie :6 millions, Assur :
2 millions Pour le reste, ce sont surtout des villages, mais de trente mille habitants. L’Egypte rurale est
extrêmement peuplée.
Religion
La majorité sont des musulmans sunnites (les sunnites représentent 90% des musulmans dans le monde),
les chiites ne sont pas reconnus par le gouvernement. L’Egypte a peur de l’influence iranienne qui est
chiite.
Il n’y a presque plus de juifs, ils sont partis après la guerre tripartite, Français, Israéliens, Anglais et
après la nationalisation du canal de Suez.
Il y a peut-être un trentaine de femmes juives au Caire...et pas assez d’hommes pour la prière, ils font
alors venir un Rabbin de Tunis. Il y a aussi une petite communauté de Bahaïes, mais ils ne sont pas
reconnus, ils ne peuvent avoir de carte d’identité ! (2000).
Le nombre de chrétiens ? La réponse varie entre 6 et 20 % de la population (différence : entre 5 et 16
millions !) Il y a, en fait, 8 millions de chrétiens !
La majorité est copte orthodoxe. Il y a le patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique,
église très grecque et missionnaire, qui a porté l’Evangile dans de nombreux pays. Le monastère grec
orthodoxe Ste Catherine est autocéphale, ensuite, l’église arménienne orthodoxe, l’église syrienne
orthodoxe.
Il y a des coptes évangéliques (150 000), assez actifs. Ils attirent par leur liberté dans la prière et la
lecture de la bible.
L’Eglise anglicane était au départ pour les anglais, aujourd’hui de plus en plus arabe, avec beaucoup
d’œuvres pour handicapées
Les 7 églises catholiques ont leur patriarcat avec 7 diocèses, et donc 7 évêques résidentiels, un
évêque émérite.
Combien de coptes catholiques ? 250 000 au maximum. C’est l’Eglise avec le plus grand nombre de
fidèles. Ce sont des Egyptiens de souche, les autres sont des immigrés (de la grande Syrie) : grecs,
maronites, syriaques, chaldéens, chacun ayant son évêque.
L’église latine a un vicaire apostolique qui est à Alexandrie. Il n’a pas de fidèles, car presque personne
n’est de rite latin, mais il y a beaucoup de congrégations religieuses, 50 de femmes, 12 d’hommes.
Il y a les « soeurs égyptienne du Sacré-
Cœur ». Les fondatrices faisaient partie d’une congrégation
libanaise. A un moment elles sont rentrées au Liban, avec les égyptiennes. Mais les jeunes urs
égyptiennes sont rentrées en Egypte et ont fondé une nouvelle congrégation. Et de est née une autre
congrégation copte.
Il y a une difficulté entre le vicaire épiscopal et les religieux et religieuses. Au niveau masculin, ce sont
essentiellement des franciscains. Il y a une province avec une centaine de membres, il y a beaucoup de
EVENEMENTS - RENCONTRES
2
paroisses, ils sont formés pour le rite latin et pour le rite copte.
Et donc nous avons entre 250 et 30 000 cathos, face à 8 millions de coptes. Mais l’église catholique est
très forte et très reconnue, surtout par les écoles, elles ont un prestige ! La plupart des élèves sont des
musulmans et des coptes (qui n’ont pas d’école). L’action sociale, le travail des religieuses sont très
connus et reconnus.
La caritas est reconnue par le gouvernement et est très actif (sida, enfants des rues)
Il existe aussi une association de la Haute Egypte pour l’éducation et le développement, les écoles sont à
peu près gratuites.
L’église copte orthodoxe : on peut la qualifier église des martyrs et des moines. Dès Dioclétien, les
persécutions commencent, puis avec les barbares, les musulmans, etc..Il y a un grand culte des martyrs.
Les saints, martyrs du passé et d’aujourd’hui, sont très présents.
C’est beau, c’est une tradition vivante, mais c’est aussi un complexe de souffrance, de fense : on est
défensif face à la société. Grande différence entre les coptes catholiques et les coptes orthodoxes : l’égli-
se catholique est au service de toute l’humanité, pas seulement des siens, tandis que l’église copte
orthodoxe donne l’impression d’être seulement pour les siens. Ils ont l’école du dimanche, mais pour se
défendre. Le monastère est un petit monde chrétien presque autonome, les fidèles y vont le WE, et y
sont comme chez eux. Ce sont des monastères florissants : il y a jusque 150 moines par monastère. Il y a
eu un renouvellement avec Matta El Maskine, Schenouda. Et ce sont des universitaires, bien souvent, qui
sont dans les monastères ! Certains travaillent aussi dans les paroisses. Le Pape Schenouda qui est
décédé a fait beaucoup pour développer cette église et ses structures, il y a entre 80 et 100 évêques en
Egypte, mais aussi dans la diaspora ! (Amérique, Europe...)
Monseigneur Fitzgerald a voulu vénérer le corps du pape Schenouda, mais c’était impossible, il y avait
un monde fou ! Il a pu y arriver, mais en se battant, ou presque…Les funérailles ont montré l’amour du
peuple pour ce pape, ce fut très émouvant.
Cette église copte orthodoxe se compose de riches et de pauvres. Le plus riche du pays était en larmes !
Il ya des riches donc, mais beaucoup de pauvres.
Les chrétiens sont-ils persécutés en Egypte ?
Non, on est libre d’aller à l’église, mais il y a
une discrimination. Exemple : pour construire une nouvelle église, il faut beaucoup de permissions…ou
de corruption ! Chaque fois qu’il y a une église catholique, on voit s’ériger deux ou trois mosquées !
Discrimination aussi dans les positions d’autorité ! Même dans l’armée, il y a des difficultés pour monter
en grade. Dans les universités, il n’y a aucun chrétien doyen, et pas beaucoup dans la recherche. Mais on
ne peut prouver qu’il y a cause à effet.
« Nos enfants trouveront-ils quelque chose ? » se demandent les chrétiens. Ils sont nombreux dans les
professions libérales, mais n’obtiennent pas de hauts postes.
Il y a une absence de justice pour les chrétiens. Exemple : dans la rue on voit un cortège funèbre
musulman, un jeune-homme chrétien passe, assis sur son âne, et il ne descend pas de son âne, c’est pris
pour un manque de respect ! Et il y a bagarre ! Et puis les musulmans vont brûler les maisons des
chrétiens pour se venger. Ensuite il y a de grandes séances de réconciliation : les victimes sont mis sur le
même pied que les attaquants, par conséquent les chrétiens ont toujours l’impression de perdre.
Avec la révolution, des jeunes ont manifesté…l’armée a pris le pouvoir, elle était bien vue du peuple.
L’armée a changé des articles de la constitution pour des élections…Au premier tour, grande euphorie,
mais surprise, 40 % aux frères musulmans, 20% aux salafistes, plus durs que les frères !. Au 2ème tour,
beaucoup d’abstention, d’où un parlement islamiste ce parlement a élu l’assemblée constituée qui a
choisi ses membres. Il y a eu de longues discussions sur la constitution. L’Assemblée (qui a été
contestée) sera sans doute clarée invalide, mais la constitution sera prête ! Cette constitution doit être
mise à un referendum, il y a des non-islamistes qui s’organisent pour dire non à la constitution : c’est
très grave pour le pays, l’économie est mise en ruine !
Beaucoup de chrétiens, et de musulmans aussi, sont très mal à l’aise, beaucoup pensent à immigrer, mais
on leur donne l’espoir que les islamistes n’auront pas toujours le dessus. C’est le message du synode qui
demande que les chrétiens restent, c’est un message qui passe très difficilement.
3
Les frères musulmans gouvernent le pays comme s’il s’agissait d’une affaire de famille, ils font les
choses entre eux. Des frères musulmans sont placés un peu partout. On parle de « fraternisation » du
pays.
Les salafistes sont plus dangereux, c’est une mentalité islamiste qui ne va pas avec le pays.
Une question sur le rapport entre l’église et l’état a été posée. La ponse fut courte et concise : « les
relations étaient correctes ! »
Lors du discours de Ratisbonne, Mgr Fitzgerald était « personne non grata ». Lors d’un autre discours du
pape qui demandait de protéger les minorités, les égyptiens ont senti cela comme ingérence dans leur
pays.
Du côté musulman aussi, le pape est vu comme étant contre eux ! Il y a souvent un dialogue formel entre
chrétiens et musulmans, ils vivent côte à côte, ils travaillent ensemble mais vivent chacun de leur côté.
Nous sommes tous invités à prier pour l’Egypte, tel a été le mot de la fin.
Nous remercions de tout cœur Monseigneur Fitzgerald de nous avoir transmis, si vite après son retour, la
situation de l’Egypte et de ses habitants et nous lui souhaitons le meilleur pour ses nouvelles fonctions…
qu’ils ne connaissaient pas encore lors de son passage à Liège !
Brève présentation de Monseigneur Michaël Fitzgerald
« En 2002 il est nommé président du conseil pour le dialogue interreligieux. Qu’est ce qui l’anime dans
cette charge ? Quelques convictions de foi : Le Christ n’a-t-il pas été plein d’admiration devant la foi
d’une païenne syro-phénicienne ? (Marc 7, 14-30). Le dialogue entre les religions est tout le contraire
d’une propagande. Nous sommes tous, les chrétiens d’abord, en cheminement de conversion. Il s’agit
donc essentiellement d’une attitude intérieure d’ouverture, d’écoute, de partage issu du silence. Le Christ
n’a pas jugé, et il nous interdit de juger. Par quelle autorité serions-nous habilités à condamner qui-
conque ?
Seule est condamnable la fermeture du cœur sur soi, la surdité délibérée et l’aveuglement sur les valeurs
du Royaume présentes au cœur des pauvres. De la sorte, tous les hommes de bonne volonté peuvent unir
leur force pour construire la Paix. Telle est la grande priorité en ce troisième millénaire. C’est bien dans
ce sens qu’a travaillé Jean-Paul II lorsqu’il a invité à Assise les représentants des religions pour une priè-
re de toute l’humanité. »
(rapport établi par sr Gaëtane-osb- Liège)
4
1 / 32 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !