photo Elisabeth Carecchio
OPÉRA
Thanks to my eyes
Oscar Bianchi & Joël Pommerat
du 6 au 12 mars 2012
Représentations : mardi 6, mercredi 7, vendredi 9, samedi 10 et lundi 12 mars à 20h30,
relâche jeudi 8 et dimanche 11 mars
Tarifs : 22 / 15 / 11 / 9
Réservation : sur place ou par téléphone au 01 41 32 26 26 / du mardi au samedi de 13h à 19h
ou billetterie@tgcdn.com et en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com
Service de presse :
Théâtre de Gennevilliers Philippe Boulet 01 41 32 26 10 boulet@tgcdn.com
T&M Opus 64 Claire Fabre 01 40 26 77 94 c.fab[email protected]
OPÉRA
Thanks to my eyes
Oscar Bianchi & Joël Pommerat
du 6 au 12 mars 2012
opéra dʼOscar Bianchi
livret de Joël Pommerat
dʼaprès sa pièce Grâce à mes yeux (éditée chez Actes Sud-Papiers, 2003)
traduction de Dominic Glynn
Commande de T&M-Paris/Réseau Varèse et du Festival dʼAix-en-Provence
direction musicale, Franck Ollu
mise en scène, Joël Pommerat
scénographie et lumière, Eric Soyer
costumes, Isabelle Deffin
dispositif électro-acoustique, Dominique Bataille
collaborateur artistique à la mise en scène, Philippe Carbonneaux
collaboration artistique au livret, Marie Piémontèse
avec
Hagen Matzeit, Aymar
Brian Bannatyne-Scott, The Father
Anne Rotger, The Mother
Keren Motseri, A Young Woman in the Night
Fflur Wyn, A Young Blonde Woman
Antoine Rigot, The Man with Long Hair
et lʼOrchestre des Lauréats du Conservatoire de Paris
spectacle en anglais surtitré
durée : 1h15 sans entracte
Création le 5 juillet 2011 au Festival dʼAix-en-Provence
Editeur de la partition : Durand Salabert
production, Festival dʼAix en Provence,
coproduction, T&M-Paris, Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine, Théâtre Royal de la
Monnaie Bruxelles, Musica Strasbourg.
avec le soutien de la SACD et du Fond de Création Lyrique.
reprise de la production en tournée : T&M-Paris avec le soutien du Réseau Varèse (subventionné par le Programme Culture de la
Commission Européenne), et de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture.
avec le soutien de la RATP
Le Théâtre de Gennevilliers est subventionpar le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Gennevilliers et le
Conseil Général des Hauts-de-Seine.
Une épopée intérieure
Sur une fable de Joël Pommerat aussi belle quʼarchaïque, lʼépopée intérieure
dʼun fils qui résiste à son père et sʼefforce de comprendre lʼexistence, Oscar
Bianchi compose une musique de chambre sans cesse inventive, qui
cherche à épouser toutes les intensités de lʼapprentissage.
En 2002, Joël Pommerat mettait en scène lʼune de ses pièces, Grâce à mes yeux,
dont lʼargument rejoignait lʼévidence dʼune fable archaïque : un fils doit répondre à
lʼinjonction paternelle, celle de devenir comme lui un grand comique, et cʼest bien
sûr lʼinverse quʼil se sent être, lui si attiré par la nuit mélancolique. La pièce est la
parfaite histoire dʼun apprentissage. Aujourdʼhui donc, en 2012, survient un
nouveau lancé de dés où la pièce, transformée en livret dʼopéra, est donc devenue
sa propre ligne de crête (elle a été réduite par 8) que la musique aura à charge
dʼintensifier pour ne pas dire dʼincarner. Le compositeur Oscar Bianchi, de son
propre aveu, ne voudrait se priver de rien mais créer ce florilège dʼintensités qui
recouvriront, dévieront, sillonneront le cours des affects filiaux, où la musique,
fresque à sa manière mais fresque mouvementée, voudrait exposer ce quʼaucun
discours ne saurait faire : les replis de lʼâme, les colères et les dépits, et
accompagner le héros, le soutenir peut-être, à cette échelle si tellurique de soi-
même, échelle où la musique, ici portée par un orchestre de chambre, devient un
langage à part entière. Oscar Bianchi a 36 ans. Ce nʼest pas quʼil faille en tirer des
conclusions dʼordre générationnel, mais il y a quelque chose de plein, de
décomplexé, dʼouvert, dans cette musique, comme si une certaine défiance vis-à-
vis de la création sʼétait estompée et quʼon pouvait désormais, comment dire,
recharger la scène.
Tanguy Viel
en tournée :
le 16 mars 2012 Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines (avec lʼOrchestre des Lauréats du Conservatoire de Paris)
du 3 au 11 avril 2012 Théâtre National/La Monnaie Bruxelles Belgique (avec lʼOrchestre de la Monnaie)
les 18 et 20 mai 2012 Fondation Gulbenkian, (Teatro Maria Matos) Lisbonne Portugal (avec lʼOrquestra Utópica)
les 7 et 8 juin 2012 Operadhoy, (Teatro de la Zazuela) Madrid Espagne (avec lʼOrquestra Utópica)
le 28 septembre 2012Festival Musica, (La Filature) Mulhouse (avec lʼEnsemble Modern)
A lʼorigine du projet…
Cʼest en découvrant Matra, sa cantate créée au Festival Musica 2007 à Strasbourg, que jʼai suggéré à Oscar
Bianchi de réfléchir à un premier opéra. Cette musique puissante et inventive laissait immédiatement entrevoir un
potentiel dramatique réel, une capacité à composer pour la voix dʼune manière véritablement imaginative, à
affronter le genre lyrique avec personnalité, à développer un format sur la durée dʼune soirée.
Un temps a passé jusquʼà ce que je mʼen entretienne avec Joël Pommerat dont jʼadmire par ailleurs le travail
intimement mêlé dʼécriture et de mise en scène et que, après sa première réaction positive, celui-ci puisse à lʼété
2009 rencontrer Oscar. Joël Pommerat a offert de lire plusieurs de ses textes quʼil pourrait adapter pour ce projet.
La lecture a porté notre choix, unanime, sur Grâce à mes yeux, écrit et créé au Théâtre Paris-Villette en 2002. Il y
avait sans doute une sorte dʼévidence dans ce que cette pièce ouvrait dʼhorizons musicaux, dans la manière dont
elle distribuait ses personnages, dans les vides et la concision de la langue qui pourraient être habités par la
composition dʼOscar.
La réaction de Bernard Foccroulle a été elle aussi enthousiaste, à la lecture du texte autant quʼà lʼidée quʼOscar et
Joël sʼassocient pour un projet dʼopéra. Nous avons ainsi décidé de réunir les forces de T&M-Paris et du Festival
dʼAix-en-Provence pour que cet ouvrage voit le jour en 2011 et soit largement diffusé en Europe.
Antoine Gindt, mai 2010
T&M-Paris
Structure de création dédiée aux nouvelles formes de théâtre musical et lyrique, T&M fait fructifier lʼhéritage de
lʼAtelier Théâtre et Musique (Atem) fondé par Georges Aperghis en 1976. Depuis 1998, plus dʼune trentaine de
spectacles (opéra, théâtre musical) ont été produits et présentés par T&M, selon des choix artistiques qui ont
véritablement fondé un répertoire. Créer de nouvelles oeuvres grâce à des commandes (Bianchi, Dillon, Donatoni,
Dusapin, Goebbels, Lorenzo, Pesson, Sarhan…), promouvoir des répertoires originaux grâce à des mises en
scène singulières (Sciarrino, Kurtág, Mitterer, Janá!ek, Stravinsky …), poursuivre une réflexion permanente sur les
pratiques du théâtre et de la musique et leurs développements pédagogiques sont les principaux objectifs de
T&M.
En 2011-2012, T&M-Paris présente Thanks to My Eyes, premier opéra dʼOscar Bianchi, mis en scène par Joël
Pommerat, et Ring Saga, de Richard Wagner (version de 1990 de Jonathan Dove et Graham Vick), mis en scène
par Antoine Gindt.
Directeur : Antoine Gindt
Administratrice : Anouck Avisse
Chargée de production : Dominique Bouchot
Directeur technique : Laurent Cauvain
Entretien avec Joël Pommerat (extraits)
Vous nʼaviez jamais fait dʼopéra avant. Pourquoi avez-vous accepté cette proposition aujourdʼhui ?
Je mʼétais dit que je ne ferais pas dʼopéra classique. A priori, cʼest une chose qui ne mʼattire pas. Au théâtre non
plus dʼailleurs. Je ne monterai jamais de «répertoire ». Ce nʼest pas mon entrée dans le théâtre, qui est vraiment
liée à la notion de création, dʼimagination, de recherche de formes. Il était évident que je ne serais pas devenu un
« metteur en scène dʼopéra». Tout comme devenir un « metteur en scène de théâtre » ne mʼintéresse pas.
Antoine Gindt mʼa abordé sur un projet de création. Et surtout, sur un projet qui pouvait inclure le théâtre. Les
premières discussions avec Antoine portaient sur la possibilité quʼil y ait vraiment une théâtralité, telle que moi je la
pratique. Par ailleurs, les quelques réticences que jʼavais concernant lʼopéra venaient du fait que jʼai une
compagnie, des gens avec qui je travaille, et quʼa priori, je nʼai pas envie de me disperser. Or, le travail avec ma
troupe était proposé ici.
Je suis donc rentré dans la proposition dʼAntoine pour toutes ces raisons. Et puis il y a eu assez rapidement lʼidée
que je travaillerai sur mon écriture. On ne lʼa pas abordé tout de suite avec Antoine, mais je mʼétais dit que si un
jour jʼabordais lʼopéra, ce serait parce que je pourrais lʼaborder comme jʼaborde le théâtre, cʼest-à-dire en tant
quʼauteur. Et bien sûr, avec la collaboration essentielle dʼun autre partenaire, le compositeur, qui nʼexiste pas au
théâtre.
(…)
Vous dites que vous nʼécrivez pas des pièces mais des spectacles. Vous prolongez dʼailleurs souvent
lʼélaboration de lʼécriture pendant les répétitions. Or, la question du livret impose quʼil soit arrêté et
finalisé avant de passer à lʼécriture musicale. Comment cette contrainte a-t-elle modifié votre travail
dʼécriture ?
Ce qui était plus simple, là, cʼest que jʼabordais un texte déjà existant. Mais cʼest vrai que jʼaime faire violence
pour être dans un rapport strictement textuel, un rapport de moi à lʼordinateur, sans passer par le biais du plateau,
ce qui est ma façon de pratiquer lʼécriture. Cela étant dit, nous avons quand même pu nous rapprocher de ma
manière habituelle de procéder puisque nous avons organisé des sortes de mises en espace, avec des
comédiens, à des étapes intermédiaires du livret. Ce qui a permis de se rendre compte de la temporalité de cette
écriture. Et pour moi, de retoucher, réajuster les choses. Cʼétait un moment très important pour Oscar aussi, pour
entendre et comprendre certaines choses de ce texte.
(…)
Si le livret devait être finalisé pour passer à lʼécriture musicale, il devait aussi être plus court que la pièce.
Quels ont été vos choix pour condenser cette écriture ?
Cet aspect était la grande gageure de lʼécriture. Avec Oscar, dès le début, on voulait une oeuvre dense et courte,
dʼune durée dʼ1h 1h10. Cʼest la limite quʼon sʼétait fixée. Ça voulait dire quʼil fallait beaucoup moins de mots, de
développements. Mais le travail ne pouvait en aucun cas consister à opérer des coupes, parce que réduire
cinquante pour cent, voire plus, ça veut dire toucher à des équilibres, à des partis pris de lʼécriture. Ça veut dire
quʼil faut mettre le texte tel quʼil existe de côté et se remettre dans la position de départ. (…) Je savais quʼil me
fallait beaucoup de temps pour faire cet élagage, sans couper lʼarbre. Jʼai souvent employé cette comparaison
avec eux1 : tailler les feuilles mais sans atteindre le tronc. Il fallait que ça continue à se tenir droit. Cʼétait un travail
très minutieux, qui mʼa demandé beaucoup dʼénergie, plus que je ne lʼaurais imaginé. Mais, finalement, je pense
que jʼai appris, que jʼai progressé. Quelque part, ce travail a été formateur pour moi, riche dʼune expérience
particulière et intéressante, pour mon travail dʼécriture en général.
in Revue « Théâtres & musiques » n°6, « Comme si lʼécriture se prolongeait, pour aller plus loin ou ailleurs »
Propos recueillis le 27 novembre 2010 à Paris par Dominique Bouchot
1 Oscar Bianchi et Antoine Gindt
1 / 12 100%