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Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur
Là, je vais vous surprendre : je vais m’arrêter sur le grand absent — apparemment —
de cette histoire : Joseph. Marie n’est rien sans Joseph ! Car celui qui porte la bénédiction confiée à Israël,
et qui rend, par Marie, tout Israël féconde de DIEU Lui-même, c’est Joseph !
Et qui est Joseph ? Il est le juste, dit sobrement saint Luc. Mais plutôt que de déblatérer toutes sortes de
projections gratuites sur cette figure immense, il faut d’abord le voir comme un Maître de la Tradition
d’Israël, un Maître du Targum, bref : un Rabbi de la taille (voire plus immense encore !) d’un Hillel, d’un
Shamaï, d’un Gamaliel, grands Maîtres en Israël... Certes, Joseph est une figure effacée, mais de là à en
conclure qu’il était un faire-valoir, il faudrait que les chrétiens soient logiques avec eux-mêmes : Si Jésus
est le Verbe de DIEU, destiné à nous libérer par la Vérité, alors Joseph devait être le meilleur
éducateur qu’Israël eût porté !
“Mais il n’était que charpentier !”, disent les ignorants... bien entendu ! Les Rabbis devaient travailler
pour nourrir les leurs, et surtout pour que leur enseignement soit gratuit et bénévole... Le métier de
charpentier était l’un des plus hauts métiers à l’époque, des plus savants, au point que lorsque des
rabbins se trouvaient dans l’impasse d’une question difficile, on avait coutume de dire : "N’y a-t-il pas
parmi nous un charpentier, fils de charpentier, pour résoudre cette question ?" [2] Le grand Shamaï était
précisément charpentier ; et Hillel, de son côté, était fendeur de bois !
Ainsi donc, Marie n’est pas Mère de DIEU sans l’Esprit Saint, certes, mais elle ne l’est pas non plus
sans Joseph. De sorte que c’est bel et bien un couple qui, d’une manière unique et prodigieuse,
engendre le Créateur du monde dans la chair, à la fois en lui donnant la chair, mais aussi en l’éduquant
dans la plus grande tradition d’Israël, porteuse de la bénédiction première de DIEU prononcée pour la
première fois à destination d’Abraham. Comme le dira Jésus, Abraham n’a jamais reçu cette bénédiction
pour lui-même. Il l’a reçue pour tout Israël en vue de son accomplissement : “Abraham a vu mon jour et
il s’est réjoui !” (Jn 8,56).
Tant que je ne comprendrai pas que la vocation humaine, par Israël, est porteuse de la
bénédiction de DIEU jusqu’à engendrer DIEU dans la chair pour que la Parole de DIEU soit
absolument marquée de l’épreuve de la Vérité, je ne comprendrai rien à la Maternité divine de
la Vierge Marie. Mais si je comprends que ce mystère me parle de moi, en tant que fils d’homme,
héritier de la bénédiction par le baptême dans le Christ comme nous l’a redit saint Paul, alors je
m’approcherai de cet autel pour communier à ma propre vocation qui consiste à être envoyé dans
le monde pour porter la bénédiction féconde de DIEU, advenue dans le Verbe fait chair afin que
tout homme soit sauvé jusque dans sa chair ! [3].
Cela, Joseph l’avait perçu. Tel un vrai père, il s’est effacé pour que la bénédiction se répande par son Fils,
et c’est là qu’il se révèle comme le Juste par excellence : non pas un faire-valoir de seconde zone, mais le
père par excellence, imprégné jusqu’à l’intime de la sagesse rabbinique la plus féconde, et dont le seul
bonheur est de voir la VIE de DIEU enfin manifestée, par la chair de la Femme, à la face des nations.