Porter la bénédiction de DIEU jusqu`à engendrer DIEU dans la chair

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chair
Porter la bénédiction de DIEU jusqu’à
engendrer DIEU dans la chair
Homélie pour la Solennité de Marie, Mère de DIEU (1er janvier 2012)
samedi 31 décembre 2011, par Père Alain Dumont
• Livre des Nombres 6,22-27
« Que le Seigneur te bénisse et te garde ! »
• Psaume 67(66),2-3.5.6.8
« Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore ! »
• Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 4,4-7
« Dieu a envoyé son Fils ;
il est né d’une femme. »
• Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 2,16-21
« Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur. »
lire l’intégralité des textes de ce jour
Que le Seigneur te bénisse et te garde !
La bénédiction est la promesse qui accompagne le premier appel de DIEU
lorsqu’il crée son peuple avec Abraham : « Pars de ton pays, laisse ta famille et la maison de ton père,
va dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton
nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te méprisera.
En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » (Gn 12,1-3)
La bénédiction n’est pas simplement une "parole qui dit le bien". La bénédiction dit la VIE : elle dit d’où
vient la Vie et où elle se transmet, de sorte que sa trace ne soit jamais perdue d’une génération à l’autre.
De sorte que l’individu ne perde pas la trace de ses racines et puisse faire en sorte que sa propre
vocation devienne porteuse de bénédiction pour les autres : la bénédiction de DIEU, la bénédiction de la
VIE.
Qu’est-ce alors que la bénédiction de la VIE ? C’est la bénédiction qui manifeste la fécondité. La VIE,
la vraie, se reconnaît à sa fécondité, c’est-à-dire à l’ouverture au don de la VIE sans mesure. Et c’est sans
doute par cette dimension de la bénédiction que l’homme découvre le plus profondément comment il est à
l’image de DIEU.
Et voyez comment DIEU permet que s’accomplisse la bénédiction : pour porter la VIE : l’homme doit
passer par la femme. La bénédiction masculine passe par la chair féminine, cette chair qui est
l’épreuve où se vérifie la sagesse de la bénédiction. L’homme est gardien de la bénédiction, c’està-dire de la transmission de la VIE, mais il ne peut vivre cette bénédiction sans la confirmation de la
femme, gardienne de la sagesse à travers qui se dit la fécondité de cette bénédiction. C’est prodigieux
! L’homme et la femme, ensemble, en couple, forment l’image de la VIE de DIEU, de sorte que — ô miracle
—, un jour, DIEU Lui-même, par l’Esprit Saint, vient couvrir de son ombre une vierge de sorte que la
source même de toute bénédiction manifeste l’inimaginable puissance de la Fécondité divine en
engendrant DIEU, en son Verbe, dans la chair !
**
Dieu a envoyé son Fils ;
il est né d’une femme
Étonnante vérité, unique et bouleversante : DIEU Lui-même, en Marie, se soumet
à l’épreuve de la chair ! Repoussant d’un coup toute la déconsidération antique de la chair, DIEU la
porte au sommet inégalé de la fécondité : DIEU prend chair pour sauver l’homme. Pour rappeler la chair
de l’homme à sa première vocation : porter la lumière de toute parole de vérité, au point que DIEU
Lui-même ne craint pas de venir épouser la chair... Et ce faisant, il nous redonne à nous-mêmes la vérité
de notre propre chair : par elle, dans tous les actes de fécondité que nous portons, nous manifestons
DIEU porté, depuis notre baptême, en notre propre chair. La bénédiction trouve là sa fécondité la plus
haute, la plus absolue : elle n’est plus simplement une parole, elle rayonne de tout notre être : corps,
esprit et âme.
Mais nous ne pouvons comprendre cela que si nous tenons la foi de nos Pères : Marie est vraiment la
Mère de DIEU, non au sens de la “mère primordiale” de nos écologistes animistes, la mère de tous les
dieux ou je ne sais quelle autre fable inconsistante [1], mais au sens où elle manifeste la vocation de
toute l’humanité gardienne de la bénédiction divine : porter la chair au paroxysme de sa
vocation : être le lieu où l’homme et DIEU se rejoignent dans une Fécondité, une Lumière
éternelles !
**
Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur
Là, je vais vous surprendre : je vais m’arrêter sur le grand absent — apparemment —
de cette histoire : Joseph. Marie n’est rien sans Joseph ! Car celui qui porte la bénédiction confiée à Israël,
et qui rend, par Marie, tout Israël féconde de DIEU Lui-même, c’est Joseph !
Et qui est Joseph ? Il est le juste, dit sobrement saint Luc. Mais plutôt que de déblatérer toutes sortes de
projections gratuites sur cette figure immense, il faut d’abord le voir comme un Maître de la Tradition
d’Israël, un Maître du Targum, bref : un Rabbi de la taille (voire plus immense encore !) d’un Hillel, d’un
Shamaï, d’un Gamaliel, grands Maîtres en Israël... Certes, Joseph est une figure effacée, mais de là à en
conclure qu’il était un faire-valoir, il faudrait que les chrétiens soient logiques avec eux-mêmes : Si Jésus
est le Verbe de DIEU, destiné à nous libérer par la Vérité, alors Joseph devait être le meilleur
éducateur qu’Israël eût porté !
“Mais il n’était que charpentier !”, disent les ignorants... bien entendu ! Les Rabbis devaient travailler
pour nourrir les leurs, et surtout pour que leur enseignement soit gratuit et bénévole... Le métier de
charpentier était l’un des plus hauts métiers à l’époque, des plus savants, au point que lorsque des
rabbins se trouvaient dans l’impasse d’une question difficile, on avait coutume de dire : "N’y a-t-il pas
parmi nous un charpentier, fils de charpentier, pour résoudre cette question ?" [2] Le grand Shamaï était
précisément charpentier ; et Hillel, de son côté, était fendeur de bois !
Ainsi donc, Marie n’est pas Mère de DIEU sans l’Esprit Saint, certes, mais elle ne l’est pas non plus
sans Joseph. De sorte que c’est bel et bien un couple qui, d’une manière unique et prodigieuse,
engendre le Créateur du monde dans la chair, à la fois en lui donnant la chair, mais aussi en l’éduquant
dans la plus grande tradition d’Israël, porteuse de la bénédiction première de DIEU prononcée pour la
première fois à destination d’Abraham. Comme le dira Jésus, Abraham n’a jamais reçu cette bénédiction
pour lui-même. Il l’a reçue pour tout Israël en vue de son accomplissement : “Abraham a vu mon jour et
il s’est réjoui !” (Jn 8,56).
Tant que je ne comprendrai pas que la vocation humaine, par Israël, est porteuse de la
bénédiction de DIEU jusqu’à engendrer DIEU dans la chair pour que la Parole de DIEU soit
absolument marquée de l’épreuve de la Vérité, je ne comprendrai rien à la Maternité divine de
la Vierge Marie. Mais si je comprends que ce mystère me parle de moi, en tant que fils d’homme,
héritier de la bénédiction par le baptême dans le Christ comme nous l’a redit saint Paul, alors je
m’approcherai de cet autel pour communier à ma propre vocation qui consiste à être envoyé dans
le monde pour porter la bénédiction féconde de DIEU, advenue dans le Verbe fait chair afin que
tout homme soit sauvé jusque dans sa chair ! [3].
Cela, Joseph l’avait perçu. Tel un vrai père, il s’est effacé pour que la bénédiction se répande par son Fils,
et c’est là qu’il se révèle comme le Juste par excellence : non pas un faire-valoir de seconde zone, mais le
père par excellence, imprégné jusqu’à l’intime de la sagesse rabbinique la plus féconde, et dont le seul
bonheur est de voir la VIE de DIEU enfin manifestée, par la chair de la Femme, à la face des nations.
Prodigieux !
Avec mon affection fraternelle,
+ Père Alain
Notes
[1] Inconsistante parce que non vérifiée dans l’épreuve de la chair. Inconsistante parce que
matérialiste en son essence. Inconsistante parce que prête à sacrifier l’homme sur l’autel de Gaïa, la
“Mère nature” qui n’a rien d’une mère, elle que la disparition de l’humanité ne bouleverse rien du
système sur lequel elle règne en bacchante tyrannique.
[2] Ce point est bien développé par David Flusser, Jésus, p. 27-28.
[3] Nous sommes là aux portes du mystère de la Résurrection
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