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CHAPITRE II : QUELQUES ILLUSTRATIONS DE GESTION
DU RISQUE ET DE L’INCERTITUDE
Les marchés financiers et les marchés agricoles sont sujets à une certaine
volatilité des prix, des crises financières et l’apparition de bulles spéculatives.
I.Les marchés financiers et le choix de portefeuille
La finance est souvent analysée du seul point de vue du mécanisme des
marchés, la confrontation des offres et des demandes déterminant un prix
d’équilibre. Comme pour un bien standard, la fonction de demande d’actif
financier serait décroissante avec le prix et la fonction d’offre d’actif financier
serait croissante avec le prix. Or la réalité semble beaucoup plus complexe. Les
marchés financiers renvoient à un ensemble de phénomènes (anticipations,
spéculations, mimétisme, croyances collectives, asymétrie d’informations…)
associés à des situations d’instabilité et à l’émergence de bulles. Par ailleurs,
rendre compte des comportements financiers, passe par la mobilisation de
théories et de modèles rarement discutés.
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A.La finance au prisme des théories financières
Plusisieurs théories tentent d’apporter une réponse à la question de l’évaluation
des cours :
- La théorie des marchés efficients (Robert Merton, Harry Markowicz et Eugène Fama)
se propose d’évaluer la valeur des titres côtés, en s’appuyant sur deux
postulats!: (i) les marchés financiers sont capables de réunir toute l’information
disponible pour permettre aux investisseurs de prendre les décisions qui
s’imposent!; (ii) il est toujours possible de décrire de manière exhaustive tous les
états futurs de l’économie et d’attacher à chacun d’eux une probabilité (De la
Vega, 2009).
De ce fait, elle est incapable de se placer dans un univers incertain et d’expliquer la
vraie nature des crises financières. D’une part, elle considère que l’anticipation
repose sur une seule variable, toute l’information disponible à l’instant t. Ainsi
les opinions personnelles et collectives des agents économiques ne sont pas
prises en compte. D’autre part, la crise serait le résultat de comportements
irrationnels (l’explosion de la bulle financière traduirait le retour à l’équilibre
des marchés, une sorte de purge nécessaire et inévitable pour ramener à la
raison les agents économiques).
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- la Noise Trader Approach (Kyle, 1985!; Black, 1986) postule l’existence
d’investisseurs ignorants sur les marchés financiers. Ces derniers formeraient
leurs anticipations sur la base de bruits ou de faux signaux. Leur présence
suffirait à expliquer pourquoi le prix d’un actif financier tend à s’écarter
durablement de sa valeur fondamentale.
De Long, Shleifer, Summers et Waldmann (1990) ont proposé un modèle dans
lequel les agents rationnels sont amenés à manipuler l’action des investisseurs
ignorants afin de créer une tendance haussière et d’accroître leur rentabilité
financière. Cette approche permet de distinguer les différents agents en fonction
de leur entrée sur le marché.
Dans le cas d’une hausse des cours, il semblerait que les agents les mieux
renseignés (exemple des traders) achètent très tôt et font en sorte de faire
monter les prix afin d’attirer les agents moins bien renseignés (ménages gérant
leur propre portefeuille). Ces derniers attirés par la hausse, achètent les actifs
financiers à des prix très élevés, voire trop élevés, provoquant du même coup
l’éclatement de la bulle.
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- la finance autoréférentielle (Orléan, 1991, 2004) suggère que les investisseurs
doivent se soucier de l’opinion des autres, dès lors que celle-ci reçoit une
adhésion telle qu’elle influence les cours des actifs. Dans ce schéma, les
investisseurs prendraient des positions sur le marché financier en fonction non
pas de leur évaluation personnelle de la valeur fondamentale, mais à partir de
leurs croyances collectives (système d’itérations que l’on retrouve dans la
convention lewisienne!: je crois que tu crois que je crois…).
Cette approche propose une analyse intéressante du marché et de la
détermination du prix des actifs. Elle suggère que le marché financier accèderait
à une vie sociale autonome, obligeant chacun à se positionner par rapport à lui.
En d’autres termes, le marché aurait des capacités cognitives lui permettant
d’acquérir une existence effective et d’influencer les comportements individuels
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Ces trois approches apportent un certain regard sur l’analyse des crises
financières.
La première les relativise en insistant sur les notions de chocs (comportements
irrationnels) et d’autorégulation des marchés (c’est l’image d’une cocotte-minute
sous pression dont il convient de tourner le bouton pour évacuer la vapeur).
La seconde les admet en accordant une place non négligeable aux investisseurs
mal informés. L’existence à la fois d’investisseurs bien informés et
d’investisseurs mal informés, les uns exploitant la faiblesse des autres, serait à
l’origine des bulles financières.
La troisième leur donne une dimension nouvelle. Les marchés financiers seraient
des lieux se côtoient phénomènes de groupe, croyances collectives,
comportements moutonniers, canisme de fiance ou de confiance…
occasionnant des réévaluations successives du cours des actifs.
Au final, ces approches, et notamment les deux dernières permettent de relier les
vagues d’optimisme et de pessimisme présentes sur les marchés financiers à la
stabilité du système bancaire (solvabilité, liquidité). Au fur et à mesure que l’on
se rapproche de l’état culminant de la défiance (éclatement de la bulle), se met
en marche une fuite en avant vers la liquidité à partir d’évènements mineurs ou
de faible ampleur (la rumeur).
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