Traité de l’Amour – Livre VI – L’économie du Salut : les Sacrements !'!
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Et nous savons que cette envie du Diable a provoqué le péché, ce glissement hors
du Bon Plaisir du Père. Et depuis ce temps-là, depuis le premier choix de l’homme,
l’humanité entière, entraîné dans la même voie d’Adam, subit les sentences prononcées
par la faute : « Tu mourras de mort… Tu enfanteras dans la douleur… Tu mangeras ton
pain à la sueur de ton front… Tu es poussière et tu retourneras à la poussière… »
(Gen.ch.3)
Certes, si la foi eût été parfaite, depuis la venue de Jésus-Christ, la mort ne serait
plus, la vie nous aurait été rendue en plénitude, car le Dessein du Père demeure
éternellement, et ce Dessein est vie éternelle et impérissable. Malheureusement, cet
assentiment parfait aux Paroles et à la Personne de Jésus n’a pas été trouvé sur la Terre :
bien loin de là : le peuple qui devait le recevoir et profiter le premier du Salut, a condamné
et crucifié son Sauveur ! Nous serions en droit de penser que cette méprise coupable a
creusé le fossé qui séparait l’homme de Dieu… Non pas ! car dans son infinie miséricorde,
le Père a décidé de procurer néanmoins la vie à ceux qui s’attacheraient à son Fils, qui
oseraient s’approcher de la Croix, se solidariser avec lui, supporter sa condamnation par
les hommes, et reconnaître sa parfaite justice. Et en attendant que toute conscience
humaine et que la conscience collective de l’humanité entière ait compris et accepté son
Dessein, le Père, le Fils et le Saint Esprit ont ouvert toute grande la Porte de Sacrements.
Ainsi ceux que la Foi justifie peuvent travailler à leur sanctification, non seulement par
l’illumination qu’ils reçoivent des Ecritures, mais aussi par une grâce de rédemption et de
vivification, attachée à certains rites miséricordieux auxquels Dieu lui-même a lié sa propre
puissance. Cette disposition divine miséricordieuse à notre égard est l’Economie des
Sacrements : gouvernement, régime que la Trinité a institués et qu’elle propose aux
hommes en vue de leur Salut.
Sont-ils efficaces ces sacrements ? La question mérite d’être posée. Ne voyons-
nous pas que les chrétiens qui les reçoivent meurent encore comme les autres hommes,
qu’ils n’ont pas retrouvé l’immortalité première, qu’ils n’ont pas accompli les promesses de
Jésus-Christ ? Que de misères, que de maux encore dans le monde ! Ne semblent-ils pas
se multiplier, alors que nous touchons à la « fin des nations » ? Que se passe-t-il donc ?
Avons-nous reçu des sacrements tout le fruit que nous étions en droit d’en attendre ?
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang aura la vie en lui… » disait le Seigneur.
« Celui qui croit en moi, des fleuves de vies jailliront de ses entrailles ». Et cependant, au
cours de l’histoire, la chrétienté n’a-t-elle pas été dévastée par des épidémies effroyables,
déchirée par de guerres sanglantes, affligée de toutes sortes de maux ?... Que dire du
reste de l’humanité, encore plongée dans les ténèbres de l’idolâtrie, et de cette idolâtrie
bien plus redoutable que celle des fétiches grimaçantes ou des pieux sacrés, celle de
l’Argent, celle du profit, celle du matérialisme athée… celle de cette prétendue civilisation
qui ne veut satisfaire que des besoins corporels et économiques et niveler l’homme à lui-
même dans l’aménagement horizontal de Babylone ?...
Les Sacrements n’apparaissent-ils pas aux yeux de nos contemporains comme de
vieilles choses, comme des résidus attardés d’anciennes superstitions. « Eh quoi ! Ne
savons-nous pas que certaines maladies sont provoquées par des microbes, et d’autres
par des virus, et qu’il faut détruire ou rendre impuissants les uns et les autres pour être
guéris ? Que viennent faire, que peuvent faire des gestes et des paroles, des exorcismes
et des bénédictions sur ces êtres infiniment petits qui ne sauraient en avoir la moindre
conscience ?... » Et combien la vanité de notre « progrès », peut-elle formuler d’objections
semblables… Certes, les Sacrements n’ont pas été aussi efficaces que le Seigneur l’avait
espéré, que les paroles rituelles le laissent entendre. Mais nous devons également